La réaction du géant à ma question fut plus qu'étrange, elle était totalement irréaliste. Les esclaves qui pendaient à ses arbres étaient en réalité les esclaves de Sisstar, Aerq et autres lieutenants d'Oaxaca.
(Par Sithi, nous avons atterri sur une île contrôlé par Oaxaca et les 13 !)
(J'ai le droit de dire qu'on est dans de beaux draps ?)
(Légitimement !)
Le géant attacha son paquet à une branche toute proche avant de m'inviter à torturer son occupant, lui montrer comment on devait faire.
- "Mais avec plaisir."
Je ne montrais pas qu'en réalité je n'avais absolument pas envie de m'abaisser à son niveau et pourtant je m'y étais engagée. En voyant qui était l'esclave, ce fut d'autant plus difficile. C'était un elfe, pas un sindel, un hinion. J'aurais de loin préféré torturer un elfe noir, nos sinistres ennemis. Je ne portais pas pour autant les elfes blancs dans mon coeur mais disons pour faire simple que je ne les aimais pas spécialement.
(Pourrais-je savoir pourquoi ?)
(Ce serait trop long à expliquer, plus tard tu veux bien.)
Malheureusement pour moi mes réserves magiques étaient quelque peu épuisées, je ne pourrais pas faire ce que j'avais en tête à fond. Mieux valaient commencer par ma lame et voir par la suite. Je dégainai mon épée et m'avançai de cet imprudent. En approchant, je pus constater qu'il avait déjà été victime de mauvais traitements, ma conscience s'allégea quelque peu, un peu plus ou peu moins, il ne m'en tiendrait pas rigueur, surtout si je mettais un terme à sa vie.
- "Que la leçon commence !"
Il était la tête en bas, je pouvais abréger ses souffrances très vite ou bien faire durer le suspense afin de faire parler le géant. La deuxième option était de loin la plus intéressante dans cette histoire. Un coup d'oeil en arrière me permit de voir qu'Ilmryn et Elrym étaient restés spectateurs. J'eus un regard désolé envers Elrym car j'allais torturer un de ses frères de sang mais j'espérais qu'au plus profond de moi il comprenne que je faisais cela pour notre bien à tous.
Du plat de ma lame, je m'amusai d'abord à repasser sur toutes ces cicatrices pour voir si certaines étaient plus douloureuses que d'autres et à son regard, j'avais fait mouche. Une blessure fraîchement refermé lui tira un sale rictus de douleur. Je décidai donc de commencer par rouvrir cette plaie.
- "Il faut toujours leur rappeler que nous avons le pouvoir sur eux et que nous pouvons à tout moment leur rappeler de douloureux souvenirs."
D'un coup sec de ma lame, je coupai ca cicatrice occasionnant un cri strident de sa part. Je n'en attendais pas moins de lui, les elfes blancs étaient tous des mous du genoux, des incapables qui prônent la puissance de la magie et qui vivent souvent reclus. Je continuais de faire le tour de ce corps et ouvrit une à une toutes ces anciennes blessures. A chaque fois, nous avions le droit à un nouveau cri de douleur.
Le géant me voyant faire commencer à se montrer loquace. Parfait, je devais continuer sur cette voie là mais il fallait aussi que je me montre inventive. L'hydrocution aurait été idéale mais je n'avais pas d'eau à disposition. Mieux valait continuer avec la lame en commençant à séparer des parties du reste de son corp. Le géant m'appris que cet elfe s'était retrouvé ici parce qu'il avait essayé de crocheter la porte de l'un des treize. Je me mis à la hauteur de sa tête afin de lui parler.
- "C'est très mauvais de s'en prendre à plus fort que soit"
Je me relevai et attrapai sa main avant de la trancher. Il hurla toute sa douleur avant de se mettre à pleurer comme un bébé à qui on aurait enlevé la sucette. Pathétique !
(Comment tu réagirais si on te coupais la main ?)
(Je crierais, je pense, enfin je crois.)
(As-tu perdu ton coeur ?)
(Ce que je viens de dire est si terrible ?)
(Ecoute toi parler bon sang !)
(C'est cette île et l'air nauséabond du lac qui a du me monter à la tête. Mais de toute façon, je n'ai pas le choix si je veux sortir de cette île vivante.)
Le géant continua son petit discours tout en me regardant faire. Il m'expliqua qu'il y avait 40 juges sur cette île, 3 par lieutenants et dernier qui était un délégué d'Oaxaca. Il était d'ailleurs le seul à avoir le droit de vie ou de mort sur les créatures qui ne sont pas des esclaves ici. Afin de faire durer un peu la torture, je pris son autre main et entrepris de casser ses doigts un à un, histoire qu'il ne se vide pas de son sang trop vite.
Il ajouta par la suite que les différents esclaves étaient soit des humains soit des elfes. Ils étaient selon lui trop fous pour défier les 13, et fatalement, à la moindre incartade, il finissait dans ce bois, pendus. Le géant spécifia que certains des esclaves portaient des colliers identiques au mien ou bien des colliers de soumission à pointes.
(Des esclaves avec des colliers de pouvoir !)
(Ca t'étonne à ce point ?)
(A vrai dire, je me demande s'ils ne les portent pas pour une bonne raison : faire de gros travaux ou pire devenir une armée toute puissante...)
(Et c'est à quel moment qu'on s'inquiète ?)
(Lorsqu'on en saura plus.)
Il termina son propos alors que je venais de casser le petit doigt de la main restante me disant qu'il y avait trois bourreaux sur cette île, lui et ses deux frères. Je finis par laisser tranquille ce pauvre hinion qui n'avait pas demandé de servir de cobaye pour ma démonstration. Je m'approchai doucement du bourreau.
- "Ainsi donc tu as remarqué les colliers à nos cous. Sais-tu pourquoi nous avons été choisi pour les porter et si leur pouvoir est différent de celui que les esclaves portent ?"
Je me retournai vers l'esclave dont le corps exprimait clairement un profond malêtre et une profonde douleur.
- "Je n'ai pas forcé mon talent, j'aurais pu être plus abjecte mais malheureusement, je suis fatiguée."
C'était vrai, je n'avais pas fermé l'oeil depuis un bon moment, un peu de repos me ferait le plus grand bien mais pour le moment, je devais tenir pour mes compagnons de route.