Au moment où Depheline touche la couronne de métal, elle ressent un fourmillement dans la main, fourmillement qui n'est pas sans rappeler celui du collier s'incrustant dans sa peau quand elle l'avait accepté. Et pour cause, il s'agit ici du même métal symbiotique. Il ne faut guère de temps pour qu'il s'accroche à ses nerfs pour lui faire fléchir le bras vers la tête. Si elle veut contrer cet effet, c'est maintenant ou jamais.

Serpent haletais comme un coureur des bois. Ses muscles lui faisait mal, on aurait dit qu'ils étaient entourés de fils barbelés. La brutalité de ses coups et ses déplacements explosif avait mis sa féline carrure à rude épreuve. De plus, la chaleur étouffante qui régnais au dessus des terrasses lui donnait soif.

Il jeta un œil sur les esclaves imperturbables et les apostropha:

"Barrez vous ! Ils sont morts! Vous êtes libre !"

Les hommes semblaient ne rien entendre et poursuivaient mécaniquement leur besogne au rythme des coups de bêches. Le barde ne comprenait plus rien, il avait fait fuir leurs gardiens et pourfendu leurs bourreaux. Qu'elle sortilège pouvais bien encore maintenir ses pécores dans cet état de soumission totale ?

Serpent s'approcha du plus proche et après avoir bougé les mains devant les yeux secs et morne de l'esclave pour s'assurer du manque de réaction, il constata l'étrange couvre chef que le pauvre portait.

"Qu'est ce que c'est que ça?" marmonna t'il en tentant d'enlever la couronne de cuir de l'esclave.

La magicienne fut pris de légère convulsion dans le bras en sentant la magie du métal s'infiltrer en elle et venir tenter de se loger dans ses nerfs. Elle eut tôt fait de faire le rapprochement avec le collier qu'elle portait autour du cou. Initialement, elle s'était sentie comme contrôlée par ce dernier, néanmoins, elle avait pu garder son libre arbitre depuis le début des aventures. Le choix était rude et pendant que Depheline réfléchissait encore pour prendre une décision, elle ne put que constater que ce lien entre elle et le métal se renforçait. Par crainte, elle retira donc brusquement sa main et ne put que se résoudre à laisser de côté ces objets forts attirants du fait de la magie qu'ils émanaient, mais bien trop dangereux aussi.

Faisant demi-tour puisqu'il n'y avait plus rien à retirer de cette fouille, et après avoir bu une dose de potion de soin, elle se dirigea donc en hâte vers son ami Serpent, plus loin, entrain de tenter de réveiller les ouvriers. Elle ne put que constater qu'eux aussi portaient des couronnes, bien que de plus mauvaise facture, et se félicita de ne pas avoir cédé à l'appel de ces objets magiques.

"Et maintenant ?", déclara-t-elle en regardant tout autour d'elle, et surtout en direction du volcan qui grondait. Elle songea également aux individus agonisants accrochés aux poteaux.

"Je sais, on va déjà essayer de voir si on peut faire quelque chose pour eux. Mais quoi ? Les libérer, ou abréger leurs souffrances ?"

Elle fit donc le tour pour voir dans quel état étaient les malheureux et attendit la réaction de son compatriote.

Quand Serpent ôte la couronne de cuir de l'esclave, celui-ci sembla reprendre conscience, un peu comme quelqu'un qui sort d'un mauvais rêve.

L'esclave se retourna vers son "sauveur" et lui répondit avec un sourire franc :
"Ce sont des couronnes d'esclavage."

Il regarde le collier du ménestrel :
"Vous savez donc ce que c'est que d'être esclave d'une volonté qui n'est pas la vôtre ? Les couronnes sont du même type, mais elles effacent juste qu'à notre volonté individuelle."

Quant à Depheline, elle vit que sur les 15 malheureux accrochés aux poteaux, cinq étaient pour ainsi dire mort, le regard vide, la respiration presque inexistante. Cinq étaient dans un état critique, respirant avec difficulté, le regard empreint de la souffrance de l'agonie et les cinq derniers ne parvenait pas à tenir debout, mais pourrait sans doute s'en tirer, avec du temps, du repos et des bons traitements.

L'un d'eux agrippa la robe de la magicienne et la supplia de les achever, pour qu'ils ne souffrent plus, pour que cela ne recommence plus jamais. Certes, physiquement, il pourrait survivre, mais dans ses yeux, ne se voyait que le désespoir de celui qui a vécu peut-être trop d'horreur pour sourire à nouveau...

(((Depheline : pour avoir été voir les esclaves attachés et avoir résisté au métal symbiotique : +1xp
Serpent pour avoir délivré un esclave et appris le lien entre les couronnes et l'attitude des esclaves : +1xp)))

Serpent fut surprit de constater le revirement d'attitude de l'homme qui tantôt ne décrochais pas un tic facial. Le voilà soudain plein de vie et volubile au sujet de l'artefact qu'il tenait entre les mains. la couronne était donc un annihilateur de volonté ? Ecœuré, le ménestrel balança la chose au sol et la piétina virulemment; avant de se retourner vers l'esclave affranchi.

"Tu es on ne peut plus libre à présent, libère tes amis et rejoins la côtes ouest il devrait y avoir un navire la bas, de type elfique. Le capitaine vous aidera surement." lança le Kendran avec amabilité, mais sans trop de chaleur.

Soudain, une pensée traversa l'esprit de Serpent et l'instant lui parut soudain d'une clarté incroyable. Qu'est ce qu'il fichait encore ici nom d'un chien? Il était venu sur cette île poussé par une volonté inébranlable et à présent il se posait franchement la question. Quel était la raison de sa présence ?

Ces pensées perturbantes furent brisés par Depheline qui lui demandait la suite des évènements et ce qu'ils allaient faire pour les esclaves agonisants.

"Par Rana... je.. je n'en sais rien. Autant pour nous que pour eux.". Dit l'homme en observant les sacrifiés, de la pitié dans son regard et une boule dans la gorge car au fond de lui, un pragmatisme sec lui soufflait la vérité. Il pris un moment puis répondit à Depheline autant qu'à l'homme libre:

"Laisse a leurs compagnons ce choix... mais je vais d'abord le dire pourquoi, personnellement j'opterais pour une mort rapide" Il prit une longue inspiration. "Les terres alentours sont dangereuses et sauvage, un volcan menace de se réveiller et les gardes que nous avons chassé pourrait revenir une fois leur frousse passée. Ces hommes là ne sont plus en état de se défendre, de courir ou même marcher sans l'aide de quelqu'un d'autre. Bref... Ils mourront quoiqu'il advienne. Si on les libères cela les fera souffrir plus longtemps et mettra la vie des valides en dangers... a vous de voir."

Il mis la main à son sac et chercha fébrilement une potion de soin.
"J'ai besoin de récupérer... ensuite nous irons voir ce village" dit le barde en désignant les maisons plus loin.

Depheline avait attentivement écouté les propos du travailleur libéré comme par enchantement par Serpent, et du Ménéstrel lui-même, déchirée intérieurement par l'envie d'aider tout le monde. Elle ne parvenait cependant plus à se réjouir de la survie de ces travailleurs contrôlés par les couronnes.

Pour autant, elle ne rajouta rien à ce qu'elle venait d'entendre et se saisit de la dague de Serpent restée à sa ceinture et se dirigea vers les survivants cloués aux poteaux. La mort planait dans le regard des plus épargnés et elle ne put que trop savoir ce qu'elle avait à faire, venant confirmer les propos de son ami. Ils ne pourraient pas les sauver. Les aventuriers n'en avaient pas le temps, les victimes n'en avaient plus envie.

Ainsi, dans une rage adressée au Mal qui parcourait la terre entière, elle se redirigea vers les prisonniers et ôta les derniers élans de vie que restaient à ces individus qui la suppliait de les achever. Depheline n'avait jamais autant pris conscience de la libération que pouvait procurer la mort qu'en cet instant funeste.

"Repose en paix !", leur avait-elle à tous souhaité, après leur avoir fermé les yeux d'un geste tendre de la main accompagné de la froideur salvatrice de la lame.

En elle, la rage avait alors fait place à un désert aride et infini, où rien ne semblait plus jamais être capable de combler le vide de l'incompréhension qu'elle ressentait à présent. Elle tomba alors à genoux et fondit en larmes.

La potion de soin fit son œuvre et atténua douleurs et brulure sur l'instant. Depheline prit la mission d'achever les sacrifiés et l'esclave affranchie s'empressait de libérer ses compatriotes. Serpent se détourna de l'exécution salvatrice, il savait à quel point ce genre d'horreur pouvait empoisonner le cœur. La mage de feu vida ses larmes dans la poussière et le sang, le ménestrel crache un glaviot sanguinolent par terre et détourne la tête, gêné, vers le village.

Il semblait régner un calme étrange la bas, le jeune homme s'attendais pourtant à y voir moult agitation. Il s'essuya la joue noircie de suie et de poussière du revers de la main, puis lentement se redressa. Il lança à sa camarade effondrée quelques paroles réconfortantes.

"Pleure...c'est ce qui nous différencie des monstres, lorsque l'on tue un homme..."

Une boule douloureuse au niveau de la gorge, il tapota l'épaule de Depheline et l'exhorta à se diriger avec lui vers le village.

[Vers le village]

La magicienne resta de longues secondes d'éternité à pleurer ces êtres qui n'avaient rien faits pour mériter leur sort.

"Au moins, ils sont morts dignement, avec considération et respect...", sanglota-t-elle suite au commentaire réconfortant de Serpent. Non, ils n'étaient pas des monstres, et jamais ils ne le deviendraient, malgré toute la puissance magique que mettrait le contrôleur des maudits colliers soudés à leur cou.

"Plutôt mourir que de laisser souffrir des innocents et de faire le Mal autour de soi.", lâcha-t-elle entre ses dents, alors que la colère et la haine lui revenait.

Se relevant tant bien que mal, elle regarda dans la direction que prenait son ami prestement. Le temps allait leur manquer pour fuir s'ils ne se hâtaient pas. En écho aux paroles de Serpent, la magicienne cria à travers toute la zone, à l'attention des anciens esclaves en train de se libérer les uns les autres et qui retrouvaient leur esprit :

"Rendez-vous au bateau côte Ouest n'oubliez pas ! Dites que vous venez de la part de Depheline et Serpent ! Nous allons voir s'il n'y a pas d'autres esclaves à libérer !"

Et ils achevèrent de disparaître de la vue de tous, après avoir été bien attentivement écoutés et remerciés par les paysans libres.