Loin de s'emporter, il s'accroupit face à moi et souleva doucement mon menton pour que je le regarde dans les yeux.

« Ce sera plus facile si tu es à mes côtés. Les pierres blanches n’auraient été qu’un risque supplémentaire. Si nous n’avions pas pu résister, comme juste avant avec la migraine initiée par Crean… tout aurait été fini. Là, nous avons une chance. Minime peut-être, mais je ne la laisserai passer sous aucun prétexte. La force que nous donnait ce collier n’était qu’illusoire. Un artifice. Nous n’en avons pas besoin. Ni toi, ni moi, ni ces esclaves se battant pour leur liberté. La seule force dont nous devions nous soucier ici, c’est celle présente là. »

A ces mots il posa sa main sur mon coeur, comme pour sentir ses battements. C'était impossible sous la soie, le cuir et le mithrill. Et pourtant, il battait tellement fort, je doutai qu'il ne l'eut senti. Je restai pétrifiée jusqu'à ce qu'il se relève et me tendit une main pour m'aider à faire de même.

« Je ne laisserai pas ces gens que j’ai libéré mourir. Ils me font confiance, pour les libérer. Et je vais honorer cette confiance. Si tu as peur, reste là. Mais si tu y crois aussi, si tu daignes m’accorder ta confiance, alors suis-moi, et libérons ensemble cette île de tout le mal qui y a été déversé. »

Il n'y avait nulle rancoeur dans son ton. Si je l'avais déçu, il le cachait bien. J'avais honte de ma faiblesse, mais chacun avait ses vices. J'avais peur, mais je savais d'expérience qu'il valait mieux se battre que rester à l'écart. Il n'y avait qu'en donnant tout ce qu'on avait que l'on pouvait échapper aux remords. J'avais déjà abandonné trop de gens, je ne pouvais pas reculer. Et après tout, Cromax était d'une puissance impressionnante, même sans l'effet du collier. A nous tous, nous avions une chance... Il fallait la tenter.

« Soit. » répondis-je tout en acceptant sa main tendue pour me lever. D'un signe de temps je lui confirmai que j'étais prête et me saisis de mon arc, raffermissant la prise de mes mains tremblantes.

Je la sens hésiter, face à mes propos. Je sens, peut-être, de la perplexité face à mes gestes et à mes décisions. Et pourtant, elle finit par se relever avec l’aide de la main. Elle me fait signe qu’elle est prête, et emporte son arc avec elle, déterminée, bien qu’encore tremblante. Je pose une main sur son épaule. Une main de soutien. Elle a pris la bonne décision, et je lui en sais gré. En me faisant confiance, elle a gagné la mienne, et je la soutiendrai dans cette épreuve qui s’annonce.

« Profitons de la cacophonie de la bataille pour aller dans la maison de Crean sans nous faire trop remarquer. Si tu vois ce sergent qui t’a forcée à m’embaucher, fais-lui un signe pour lui signifier que j’ai accepté. Nous y allons, mais pas non plus comme des animaux. De la finesse, de la ruse. Pénétrons sa maison, et allons-nous présenter à Crean. Et là, il faudra l’immobiliser pour lui mettre la couronne. »

Je lui tends à nouveau celle que je lui avais montrée.

« Prends celle-là, j’en ai d’autres avec moi. Nous ne serons pas trop de deux à tenter… »

Et là, mes espoirs se reposent sur l’orque et son potentiel chaotique pour détourner au maximum l’attention de ces candides ennemis juchés sur les toits. Et sur les esclaves libérés et leur hargne à vaincre pour renforcer cette impression de non-contrôle. Notre objectif est clair, à l’elfe blanche et moi : pénétrer la maison de Crean Lorener.

Il posa une main sur mon épaule.

« Profitons de la cacophonie de la bataille pour aller dans la maison de Crean sans nous faire trop remarquer. Si tu vois ce sergent qui t’a forcée à m’embaucher, fais-lui un signe pour lui signifier que j’ai accepté. Nous y allons, mais pas non plus comme des animaux. De la finesse, de la ruse. Pénétrons sa maison, et allons-nous présenter à Crean. Et là, il faudra l’immobiliser pour lui mettre la couronne. »

Il me donna la couronne de cuir qu'il m'avait montrée un peu plus tôt. Je la rangeai rapidement dans ma besace.

« Prends celle-là, j’en ai d’autres avec moi. Nous ne serons pas trop de deux à tenter… »

Pénétrer la demeure de Crean, seuls... Je pris une grande inspiration et passai à nouveau la tête au coin de la bâtisse. Je ne voyais plus Nilhal.

« Alors inutile de se cacher. Il me tardait de te convaincre. J'aurais eu grand hâte de lui annoncer que des porteurs pouvaient d'ores et déjà être libérés. »

Hâtivement je réajustai la pièce de tissu sur mon collier, pour cacher l'absence de la perle.

« Tu devrais en faire autant. Inutile de dévoiler toutes nos cartes. »

Puis je sortis à découvert et tentai de rejoindre la demeure de Crean. Fermant mon coeur aux glapissements de douleur et à l'odeur de la sueur et des entrailles, je tentai de contourner autant que possible le mêlée. Je cherchais du regard la gamine - le capitaine, pour lui faire comprendre que j'avais convaincu le Sindel et que nous allions voir Crean. Après tout, que pouvait-il craindre, face à seulement deux des nôtres...

Elle prend la couronne, et me somme d’ajuster le foulard sur mon collier. De fait, si son but était initialement de couvrir la bille bleue, elle n’a pas tort de vouloir aussi cacher l’absence de la blanche, même si je doute que Crean soit dupe. Au moins ses sbires pourront l’être, s’ils nous voient. Nous passons ensemble le coin de la bâtisse où nous nous abritions, et tentons de rejoindre la maison de Crean, non sans que j’ai à mon tour replacé correctement le bout de tissus au-dessus de mon collier. Et nous traversons le champ de bataille vers la porte, évitant au possible les esclaves libérés, bien qu’ils me suivraient sans hésiter. Ils sont de toute façon trop occupés avec les quatre petites…

Jour 2 : 9h

@Virinia : Virina parvient à escalader la bâtisse pour rejoindre la petite. Celle-ci l'attend patiemment, assise sur les tuiles, accoudée à la cheminée. Quand la Garzok tente de l'empaler elle esquive d'un bond, sans la moindre difficulté.

"T'aurais pas dû ôter la pierre blanche. Ca t'aurait donner une chance au moins."

Elle ne cherche néanmoins pas à t'attaquer.


@Cromax et Siiwih : Tandis que vous approchez de la maison, une voix vous interpelle :
"Vous fuyez ? Le combat, il est derrière vous, hein !"

Pas besoin de lever la tête pour identifier la voix, la petite fille l'ayant émis vient tout juste d'atterrir devant vous, sans sa capuche bleue à fourrure.



Vous êtes au coin de la maison de Crean, à quelques mètres à peine de la porte.

Alors que nous approchons de la porte de la maison du tortionnaire, une petite voix nous arrête dans notre élan. Une voix nous accusant de fuir le combat. Une des quatre petites, descendue de son toit, nous a vu œuvrer, et se dresse maintenant contre notre progression, la tête dénudée de sa capuche bleue.

« Si je dois m’allier à Crean, je dois lui prêter allégeance en personne, et recevoir mes ordres de lui, et non de ses subordonnés. »

Je pose une main sur le manche de ma rapière, arborant ostensiblement le symbole de Phaïtos.

« Votre maître serait déçu que je change d’avis par votre faute. Alors laissez-nous passer, et occupez-vous de vos affaires. Car comme je vous vois là, vous fuyez le combat davantage que nous. »

- Vous fuyez ? Le combat est derrière vous !

Une jeune fille se dressa devant nous. Sa chevelure auburn tombait négligemment sur la fourrure brune du col d'un ample manteau bleu nuit. On aurait pu croire une demoiselle de bonne naissance. A son attitude, je compris immédiatement qu'il s'agissait d'un autre des capitaines de Crean. Quelques pas seulement nous séparaient de la maison.

- Si je dois m’allier à Crean, je dois lui prêter allégeance en personne, et recevoir mes ordres de lui, et non de ses subordonnés, répliqua le Sindel. Votre maître serait déçu que je change d’avis par votre faute. Alors laissez-nous passer, et occupez-vous de vos affaires. Car comme je vous vois là, vous fuyez le combat davantage que nous.

- Je tiens mes ordres de Nilhal, ajoutai-je avec empressement. Deux jours pour rallier les six plus puissants d'entre nous. Elle confirmera.

Nous n'avions pas de temps à perdre et mon empressement était celui de quelqu'un qui a deux jours pour sauver trente vies.

Simple, clair et sans ambiguïté, voilà ce qui caractérisait le plan de Virina. Mais ce n’est pas la simplicité d’un plan qui en garantit la réussite.

La première phase fut exécutée avec une relative facilité. Robuste, forte, et agile malgré son âge avancé, la vieille orque grimpa sur un versant assez pentu, contourna les outeaux pour atteindre le toit de la petite maisonnette sans trop de difficulté. Une fois debout sur le faitage, l’orque ne donna aucun avertissement à la jeune demoiselle. Armée de sa rapière, elle se précipita sur la petite bien décidée à lui trancher le cou. L’enfant, assise sur les tuiles le dos bien calé contre la cheminée, regardait la guerrière foncer sur elle et ne l’esquiva facilement qu’au dernier moment.

Avec arrogance, cherchant de toute évidence à provoquer la barbare, la petite insinua qu’en détruisant la pierre blanche, la barbare s’était enlevée des chances de bien figurer au combat. Difficilement intimidable, puisque comprenant à moitié les doubles sens, la guerrière répliqua calmement :

« Bleue pour la vision, rouge pour la puissance et blanche pour la soumission. »

Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, ces paroles étaient brèves, mais limpides. La vieille garzok savait qu’elle avait fait le bon choix.

Ne voulant point entamer une longue conversation, Virina émit quelques grognements sourds avant de s’élancer à nouveau vers la petite. À présent armée de sa masse d’armes, elle ne songeait qu’à assommer son adversaire, peu importe sa frêle constitution.

Jour 2 : 9h du matin

@Cromax et Siiwih :
"Jayal, Laisse-les, elle est à mes ordres !"

La petite à capuche bleue lance un regard meurtrier vers la nouvelle arrivée puis, d'un seul bon, saute sur le toit avant de retourner vers le combat.

"Déjà ? Plutôt efficace, j'avoue ! Et bonne nouvelle pour vous, le Shaakt et le mage de feu sont avec Khynt. Il ne manque plus que le pirate et la Hafiz. Le pirate se dirige droit vers Khynt et la Hafiz devrait pas tarder à rejoindre le combat, je viens de l'apercevoir !"

Après avoir transmis sont messages, Nilhal lâche un grand sourire à Siwiih et Cromax et d'un bon elle aussi, rejoint le toit pour rejoindre le combat, vous dégageant le chemin vers la porte de Crean; porte qui est ouverte d'ailleurs, sans doute Nilhal en sortant tout à l'heure avait oublié de la refermer,...

Derrière la porte, vous voyez une salle, vide. Si vous regardez par la fenêtre qui est entre vous et la porte, vous voyez Crean, assis à un bureau devant un tas de parchemin écrit dans une langue bizarre, un verre d'alcool -malgré l'heure- à la main, de l'alcool fort, vous pouvez le sentir à travers le trou sans vitrage; et un repas, encore intacte à coté de lui.


@Virina : Très vite le combat repart, mais ton instinct de guerrière sent quelque chose ne va pas, la petite se contente d'esquiver et de te regarder, cherchant un point fort ou autre chose. A aucun moment elle ne semble vouloir se servir de sa masse pour te porter un coup.

Tu en es là quand une nouvelle ombre apparaît sur le toit, une femme à la peau noire d'ébène, très souple et... porteuse d'un collier intact.


"A'sharia'."

Tu ignores si c'est une présentation, un juron ou tout autre chose.

"Quel ordre a-t-elle reçue ? Pas de tuer, sinon tu serais morte !" te demande-t-elle en regardant la petite avec un faux air de panthère.


(((Siiwih et Cromax : Pour avoir déjoué les petites : +1 xp chacun. Pour vos interactions : +2xp chacun en prime
Virina : pour tenir tête à une lieutenante de Crean : +0,5 xp)))


edit :

Plan de la maison de Crean.

En brun sur le bord, c'est la porte; en bleu sur les bords, les fenêtres
en rose, avec le nez qui pointe, c'est Crean
La sphère bleue est une sphère de ce genre-là blanche.
Les tâches blanches et bleues sur la table du fond, ce sont les jumelles des pierres blanches et bleues des colliers.
Les portes donnant aux trois salles du fond sont fermées.

Notre subterfuge fonctionne sans peine, surtout grâce à l’intervention d’une petite tierce que j’imagine comme étant Nilhal, le contact dont l’elfe blanche m’a parlé. Celle-là affirme que Sinaëthin est sous ses ordres, et congratule ma compagne de sa rapidité d’action, précisant la situation d’autres aventuriers de l’île. Et j’ai du mal à dissimuler ma déception tant ces nouvelles sont dégradantes pour la liberté commune et la volonté de ces soi-disant héros. Un elfe noir et un pyromancien se sont ralliés à Khynt. Le modifié. Le créateur d’êtres synthétiques. Je me rappelle avec une rancœur certaine les araignées de cet être abject qui attendaient de me cueillir avant que j’arrive dans la grotte de l’Oubli, dans les Bois Noirs d’Omyre. Seul un pirate, un esprit libre, et une Gardienne de Yuimen, peuple connu pour sa ferveur à servir le bien et à s’allier contre Oaxaca, restent libres.

(Que d’esprits faibles, que de lâches !)

(A moins qu’il ne s’agisse, comme dans votre cas, que de leurres.)

Le doute est posé, mais je l’ai mauvaise de me décarcasser pour préserver leur vie. Déçu des autres, finalement, j’œuvre avant tout pour ma propre liberté, ma propre sécurité. Et celle de ceux qui ont encore une lueur d’honneur personnel, dans cette histoire.

Les deux petites finissent par bondir sur les toits, nous laissant le libre accès à la maison de Crean. La porte est restée ouverte, et je lance un regard satisfait à l’elfe blanche. Nous allons pouvoir mettre le plan à exécution. Sans plus tarder, je pénètre l’édifice en premier. La salle où nous entrons est vide de toute âme. Le mobilier, sobre, est composé de deux tables. Un renfoncement dans le mur de droite indique une ouverture vers une autre pièce, alors que sur le mur d’en face, une porte nous barre la vue. Fouillant dans mon sac pour en sortir une couronne de cuir, je m’approche de l’ouverture, tout doucement, évitant de faire le moindre bruit. Je passe un œil par l’ouverture, et aperçois ma cible, Crean, attablé à un bureau parsemé de pierres bleues et blanches.

Une sorte d’orbe brille en suspension au centre de la pièce. Je n’ai jamais rien vu de tel. Je me tourne vers l’elfe, et pose un doigt sur ma bouche, pour lui indiquer de faire silence. Crean est de dos, et ne sait apparemment rien à notre présence, trop absorbé par son verre d’alcool et, sans doute, la surveillance des aventuriers ne s’étant pas débarrassés de la pierre bleue.

Dissimulant sous la tunique usée la couronne de cuir, dans mon dos, je décide de m’approcher, le plus silencieusement possible, de l’humain. Il n’a pas l’ouïe des elfes, et j’en ai la légèreté et la grâce. J’ai mes chances. Mon but est simple : déposer la couronne de cuir sur la tête de Crean sans qu’il s’en aperçoive. Ou en tout cas pas avant qu’elle ne soit posée. Alors, il sera à ma merci, et je pourrai lui ordonner ce que bon me semble, grâce au fouet roulé dans mon autre main.

S’il m’aperçoit avant que j’arrive sur lui, au moins mes intentions seront dissimulées, et un autre jeu, de théâtre, cette fois, pourra commencer. Les rôles que nous nous sommes fixés, l’elfe et moi, sont, je crois, suffisamment convainquant. Mais d’abord, espérer éviter de les utiliser…

(((Finalement je passe mon tour, je laisse la MAJ se faire pour avoir la réaction de Crean et je poste derrière avant Cromax, ça me semble pas mal.)))

Une fois de plus l'arme de la guerrière ne frappa que du vide, la jeune demoiselle s'était déplacée rapidement évitant facilement l'attaque de la guerrière. Le plus surprenant n'étant point la facilité avec laquelle les coups étaient esquivés, mais plutôt l'absence de riposte de la part de l'adversaire.

Virina observait le collier de la fillette se demandant si elle devait le briser lorsqu'une autre femme telle une ombre les rejoignit sur le toit.
Les yeux sombres, la peau noire presqu'entièrement exposée, en position de défense, celle-ci laissa échapper un son:
"Asharia"

Un cri de guerre ? Un appel aux renforts ? Ou tout simplement une présentation ? La vieille orque n'avait aucune idée de ce que voulait dire la jeune femme et encore moins pourquoi elle les avaient rejoints sur le toit. Dans le doute, la barbare demeura silencieuse attendant la suite. La nouvelle venue ne tarda d'ailleurs pas à se manifester de nouveau, demandant quel ordre la demoiselle avait reçu, prétextant que si elle avait voulu la tuer, Virina serait déjà morte.

Écoutant avec attention, mais ne faisant aucun commentaire, la tête légèrement penchée sur le côté, la garzok examinait la femme à la peau noire dont le collier était intact.
La guerrière confiante en ses talents au combat ne partageait pas nécessairement l'opinion de sa vis-à-vis. Posséder de la puissance était une chose, savoir esquiver une autre, mais bien que dotée de ces deux talents, rien ne garantissait que la jeune demoiselle maîtrisait l'art du combat. Mais d'une autre côté, la petite n'avait tenté aucune attaque, ce qui remettait en doute la conviction de Virina.

Son regard ne pouvant se détacher du collier de la femme noire, Virina lui répondit enfin:

"Aucune idée. Mais toi, quelle ordre as-tu reçu ? "

Jour 2 : 9h du matin

Jet d'approche : réussite
Jet pour poser la couronne : réussite
Jet de soumission à la couronne : échec critique

Le plan du maître d'arme se déroule parfaitement sans accroc. Crean, somnolant à moitié sous l'effet de son alcool, ne se rend compte que trop tard qu'il était piégé. La pierre blanche de la couronne agit directement, mais Crean cherche manifestement à résister à son effet. Sans doute sans l'alcool l'aurait-il déjà fait...


@Virina

"Aucun. Je suis mon propre maître."

Elle sort de sa poche une seconde pierre blanche.

"Vous faire taire. Voilà mon ordre !"
Elle semblait manifestement agacée de la situation, esquivant une attaque de la femme à la peau noire.

Déchirant un morceau de sa tunique, elle s'apprête à le porter à son visage.
"Baillonne-toi la bouche. Elle ne s'occupera plus de nous !"

Manifestement, la Hafiz avait une certaine connaissance du mode de pensée des jeunes filles, parce que dès son baillon posée, la jeune à la masse, se tourne vers toi. Celle-ci dresse d'ailleurs son marteau, prête à lancer sa première attaque.



@Serpent et Depheline :
Le village avait peut-être l'air calme, de loin, mais une fois passé la muraille qui l'entoure, rien n'est moins faux. Vous assistez à une véritable bataille rangée opposant pèle-même des gardes à un mélange confus d'esclaves en loque armés pour la guerre, de gardes, de serviteurs et de trois petites, la quatrième étant sur un toit en compagnie d'une orque et d'une femme à la peau noire.

Les esclaves, malgré leurs loques, ne portent plus de couronnes de cuir et, au sein des gardes, quelques-uns portent des colliers à pierre blanche.

Derrière vous, une partie des esclaves que vous avez libéré vous ont suivi, armé de leurs bêches, pelles et autres outils de jardinage.

(((Cromax : pour l'approche en toute beauté et l'accomplissement de la phase critique du plan : +3 xp
Siiwih : pour avoir permis la base de l'approche : +1 xp -posts précédents-
Virina : pour avoir occupée une des treize et appris comment Asharia s'était libérée : +2xp
Serpent : pour avoir libéré les esclaves des champs : +2xp
Depheline : pour avoir libéré les esclaves des liches de leurs tourments : +2xp)))

D’un pas de velours, je m’approche de ma cible. Je remarque alors que Crean dodeline un peu de la tête, comme s’il somnolait. Pas qu’il soit endormi, mais sa veille mêlée à l’alcool l’ont sans doute privé de toute la concentration et la vivacité d’un être reposé. Tant mieux, ma tâche s’en avère du coup bien plus aisée, et moins risquée. Doucement, avec une délicatesse semblable à une caresse tendre sur la cuisse d’une femme, je pose la couronne de cuir sur le chef du sergent d’Oaxaca, qui se rend alors seulement compte de ma présence. Il n’a le temps d’articuler le moindre mot que je sens le pouvoir de la couronne s’activer en lui, sans qu’il puisse rien faire pour le contrôler. Il se retourne vers moi, les yeux épris de colère, et je lui lance un regard de défi. Un regard vengeur, finalement, alors que je déroule le fouet de cuir pour le faire claquer d’un coup sec dans la maison, annonçant à voix haute l’ordre que je lui réserve. Celui qui nous libèrera tous.

« Ordonne à tous les porteurs de collier de briser la pierre blanche de celui-ci. Que cette expérience cesse, que ces manipulations mentales finissent à jamais ! »

Qu’il ne tente pas de résister à cet ordre, car le suivant sera plus rude encore, s’il y parvient. Je sais, maintenant, comment ces pierres fonctionnent, pour l’avoir moi-même vécu. Pour appuyer la pression, et augmenter le stress et la déconcentration qui lui seraient nécessaires pour refuser l’ordre, je dégaine ma rapière pour la pointer vers sa gorge. Qu’il tente quoi que ce soit contre moi, et je le transperce sans le moindre remords…

Nilhal en personne intervint.
- Jayal, laisse-les, elle est à mes ordres !
La dénommée Nilhal nous lança un regard assassin, clairement vexée de ne pas avoir eu l'autorisation de se battre contre nous. L'instant d'après elle avait déjà disparu. Je la retrouvai perchée sur le toit de la demeure puis elle bondit au cœur de la bataille et je la perdis de vue pour de bon.

Nilhal reporta alors son attention sur nous.
- Déjà ? Plutôt efficace, j'avoue ! Et bonne nouvelle pour vous, le Shaakt et le mage de feu sont avec Khynt. Il ne manque plus que le pirate et la Hafiz. Le pirate se dirige droit vers Khynt et la Hafiz devrait pas tarder à rejoindre le combat, je viens de l'apercevoir !

J'ignorais toujours ce qu'était un Hafiz mais face au sourire complaisant de la jeune fille je ne jugeai pas utile de le lui préciser. Quant au Shaakt et au mage de feu, j'espérai seulement qu'ils s'étaient alliés à Khynt dans le même genre d'optique que nous, et non pleins de bonne volonté. D'un bond Nilhal nous quitta elle aussi pour rejoindre les gardes. La porte était restée ouverte. Pourquoi ne l'aurait-elle pas été ? La voie était libre. Cromax me lança alors un regard tout aussi satisfait et sur un signe imperceptible, nous entrâmes tout deux dans la maison.

Nous arrivâmes dans une salle qui ne contenait qu'une table, une console, n'avait qu'une fenêtre sur le mur de gauche et aussi nue qu'un nouveau né. L'endroit ne devait pas servir beaucoup, ou Crean avait déjà vidé le lieu de ses affaires en prévision. En prévision de quoi, ça c'était une autre histoire dont nous n'avions pas la clé si histoire il y avait bien. Cromax sortit de sa besace la fameuse couronne de cuir et s'approcha du coin opposé à nous de la pièce. Du fond à droite une faible lueur nous parvenait. Le mur était ouvert et devait mener sur autre pièce.

Je le suivis précautionneusement, en tâchant de rester hors de sa portée pour ne pas le gêner. Nous devions avoir l'air dégagé, dans le cas où nous tomberions face à Crean, mais nous devions aussi être aussi silencieux que des ombres, dans le cas où nous aurions eu la possibilité de le surprendre.

Le Sindel fit une pause à l'entrée. Je m'arrêtai. Lorsqu'il se décida à entrer, je pu moi aussi passer le pas de la porte et embrasser du regard la scène qui s'offrait à nous. La pièce était aussi nue que la première mais une bibliothèque meublait le mur sur notre droite. Au centre de la pièce, un orbe de lumière blanche aux volutes hypnotiques flottait à quelques centimètres au-dessus d'une colonne. Et derrière... Derrière se tenait Crean. Dos à nous. Assis à une table couverte de parchemin et de pierres blanches et bleues semblables aux nôtres, il tenait un verre d'alcool à la robe couleur d'automne. Il était immobile. Était-ce bien Crean ? Peut-être un piège ? C'était trop facile... Je retins mon souffle et me figeai tandis que Cromax s'approchait encore de la silhouette amorphe.

Délicatement, il posa la couronne. Dame. Il avait réussi. Je restai pétrifiée. Crean bredouilla en se retournant. La stupeur laissa place au bouillonnement. Il eut certainement hurlé de rage, estomaqué par l'affront qui venait de lui être fait, quand Cromax fit claquer son fouet.
- Ordonne à tous les porteurs de collier de briser la pierre blanche de celui-ci. Que cette expérience cesse, que ces manipulations mentales finissent à jamais !
A ces mots, il dégaina sa rapière et la pointa sous la gorge de Crean, ajoutant la menace de sa lame à celle du fouet de la couronne.

- Toutes les pierres, repris-je comme je m'approchais de Cromax. Toutes les pierres doivent êtres brisées.
Nous devions agir intelligemment, pas question de négliger certains détails dans notre hâte de libérer tout le monde.
- Mais ne devrions-nous pas d'abord les rassembler ? Réunir tout le monde au même endroit. Si nous pouvions rencontrer ces autres porteurs... Et Khynt ? Et s'il y en a d'autres ? Quel est ton plan ?
J'avais besoin de savoir.
- Et nous devrions profiter de cette occasion pour lui soutirer un maixmum d'informations, ajoutai-je en chuchotant à l'oreille du Sindel si bas qu'une oreille humaine n'eu pu l’entendre. Je frissonnai. Le pire était derrière nous mais nous étions dans une situation encore plus délicate...