L’homme qui avait demandé le silence sortit nonchalamment de l’une des treize maisonnettes de pierres. L’ouïe de Virina ne l’avait pas trompée, il s’agissait de Crean, celui qui l’avait dominé sur le plancher du navire et qui lui avait mis le collier de force. Virina ne pouvait oublier le visage de celui qui l'avait privé de sa liberté de pensée. Cette peau blanche, ces yeux rouges, ces cheveux noir corbeau, tous ces traits étaient bien enregistrés dans le cerveau de la garzok, elle ne l’oublierait pas tant qu’il vivrait.
Elle n’avait qu’une envie, celle de sauter sur cet homme tout habillé de noir et le transpercer de sa lame affûtée. Ce dernier, calme et serein, ne semblait aucunement intimité par les quatre ennemis qui lui faisaient face. Toujours aussi arrogant, il répondit à l’elfe gris qu’il n’avait aucune raison d’obéir à des esclaves, puisque c’est ce qu’ils étaient pour lui.
(Esclave, jamais ! Plutôt mourir !)
Pour prouver ses dires, il rappela à l’elfe gris que si ce dernier avait retiré le foulard de la garzok, c’était bien parce que c’est lui qui l’avait ordonné. Cette révélation contraria amèrement la guerrière. Rien n’était plus précieux pour cette dernière que sa liberté d’agir et de penser. Cependant, elle comprit que son idée de cacher le collier n’avait pas plu à cet homme maudit puisqu’il avait fait en sorte que le foulard soit retiré.
Virina n’était pas portée à riposter par la parole, mais même si l’envie lui avait pris de le faire, cela n’aurait pu être possible. Prouvant leur ascendant sur eux, il leur donna l’ordre de fuir, leur précisant qu’un esclave non-obéissant était puni. Et cette punition ne tarda pas à venir. Sans qu’elle en comprenne la raison, Virina fut envahie d’une colère soudaine envers ses nouveaux compagnons de route et d’une envie de quitter cet endroit au plus vite. Et comme si cela ne suffisait pas, des maux affreux lui martelaient la tête.
Voulant échapper au plus vite à cette douleur atroce qui lui causait des étourdissements, les deux mains posées sur sa tête, elle obéit aux ordres s’éloignant aussitôt des maisonnettes afin de poursuivre le chemin jusqu’à la grande terrasse comme lui avait conseillé l’esclave un peu plus tôt.
Tout en s’éloignant de Crean, elle avisa un cadavre de sentinelle à sa droite. Sans même s’arrêter, elle se pencha et déchira en toute hâte un bout de tunique du soldat décédé. Sans cesser de marcher, elle enroula une fois encore le bout de tissu autour du collier tout en marmonnant aux autres .
« Cachez la pierre »
Une fois de plus Virina agissait pour ses propres intérêts. Si elle voulait que ce Crean la perde de vue, elle devait s’assurer que les pierres de vision de ses compagnons soient également camouflées.
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Dernière édition par Virina le Mer 12 Mar 2014 03:32, édité 1 fois.
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