Ruine et châtiment - Chapitre VRuine et châtiment
Chapitre VI
Mercurio laissa alégrement Heartless se dépatouiller avec les autres.
Kurag n'avait quant à lui pas l'air d'être vraiment intéressé par l'évènement et d'être surtout pressé d'explorer ce qu'il restait des ruines. Ce grand bâtiment semblait en effet plus épargné que les autres. Quelqu'en fut la raison, c'était bon pour eux. Il restait peut-être quelquechose à piller.
Alors qu'il n'était plus qu'à quelques pas du temple, la troupe fut figée. Figée par la vision d'une lance venue du ciel. Du ciel, ou plutôt de cette absurde créature qui se tenait dans les hauteurs du temple. Un de ces cadavres se tenait là, debout, comme s'il n'eût jamais quitté le monde des vivants. Il sembla les toiser de haut. Il était toujours là, toujours présent. Dans la vie comme dans la mort, il défendait son territoire. Eux, ils n'étaient qu'une autre vague d'envahisseur dont il fallait se défaire, qu'il fallait condamner à la même mort pour faire grossir leurs rangs.
Et alors que l'humoran restait bouche bée à la découverte de ce macchabée irréel, sa surprise n'en fut que plus grande lorsqu'il le vit sauter tout en bas de l'édifice. Ses os brisèrent ce qu'il lui restait de chair sur les genoux dans un craquement ignoble. Mais aucune réaction de douleur, aucun signe de faiblesse. Mercurio recula d'effroi devant ce spectacle macabre, en tomba sur son postérieur sans que son regard n'en bouge pour autant. Il était subjugué.
Soudain, il entendit un craquement derrière son dos. Il se leva d'un bond.
La créature était très près et aggripa sa patte. De ces jambes, il ne restait rien. Son corps s'arrêtait à ses côtes. Elle rampait, sans arme autre que ces mains et sa machoire saillante prête à mordre. A cette vision d'horreur, il n'eût d'autre réflexe que d'agiter sa jambe comme s'il eût s'agit d'un petit chien trop collant. Mais le monstre s'accrochait. Mercurio s'agenouilla et, dans un rugissement, il arracha alors sa tête du reste de son corps. Seulement à ce moment, son emprise coriace lâcha.
Trop pris par ce combat, il n'avait fait attention à ce qu'il se passait autour de lui et enfin il les entendit. Des bruits que l'oreille maladroite aurait pu prendre pour celle d'une averse. Mais il n'en était rien. C'était le son des os qui s'entrechoquaient. A chaque pas, à chaque mouvement, la carcasse de ces squelettes ambulants claquait. Les mâchoires contre les crânes, les fémurs contre les tibias se heurtant eux-même aux bassins. Les vertèbres glissaient l'une contre l'autre dans des bruits secs. Les phalanges mouvantes ne cessaient de battre des percussions morbides. Cette horde cacophonique noircissait l'horizon.
Il ne s'égara pas. Il fallait survivre. Au temple, l'équipe s'était rassemblé et Heartless gueulait des ordres. Il les rejoignit rapidement, se faufilant avant qu'on n'eût scellé les barricades en construction.
A peine entré, le pirate vint le trouver. Il était dépassé par la situation.
"Qu'est-ce qu'on fait ? Y'en a trop, on peut pas se protéger comme ça ! Cette bonne femme fait n'importe quoi !"Mercurio était aussi perdu que lui, et voir un homme aussi confiant que Heartless totalement paniqué n'arrangeait rien.
Il essayait de chercher vainement des solutions. Il regarda autour de lui, regarda le trou béant dans le toît. Mais uniquement des idées confuses et idiotes. Il était là, la bouche ouverte, comme voulant sortir une phrase qui ne faisait que tarder. Le pirate le fixait sans comprendre. Peut-être avait-il l'impression de le perdre. Soutenir le regard du pirate le déconcentrer. Il se détourna et vit le reste de l'équipe en train de se débrouiller comme ils pouvaient pour bloquer les possibles entrées au maximum.
L'humoran se dit qu'ils étaient foutus. Ils ne pourraient jamais tous les empêcher de passer. C'est alors qu'il eût une idée. Une idée ressortie d'un vieux souvenir. De ces jours de docker.
Il existait des tensions entre l'équipe dont il faisait parti avec ses collègues et l'équipage d'un galion de pirates un peu trop magouilleurs. Un jour, le patron et plusieurs collègues, enragés par le comportement du chef pirate et de son équipage, allèrent chercher l'affrontement. Ils allèrent chercher le reste des dockers et se réunirent devant la porte du bar où tout l'équipage pirate était aller s'imbiber. Il fallait oser, car ils étaient nombreux alors qu'eux ne dépassaient pas la vingtaine. Mais le patron tenait bon. Il ordonna alors à plusieurs dockers d'aller tenir la porte, de relâcher juste suffisament pour laisser passer quelques uns d'entre eux alors que les pirates enrageaient de sortir. Ceux qui sortait étaient battu par l'ensemble des dockers. Certains y laissèrent la peau. Et ils continuèrent ainsi, les laissant passer petit à petit et sans jamais être submergé. La bataille dura longtemps, mais le résultat était là. Un équipage entier de pirate en train de ramasser leurs dents et une vingtaine de docker en forme exhibant au mieux quelques cocards ou ecchymoses.
Cette technique, c'était celle qu'il fallait utiliser !
Il se retourna vers Heartless, cherche rapidement une manière d'articuler sa pensée et enfin s'exprima :
"Faut pas qu'on barricade ! Faut... Faut qu'on leur fasse comme un couloir, un truc étroit. Faut qu'ils passent l'un après l'autre. Dès qu'un de ces truc arrive au bout, on le bute !"Très content de son idée, Mercurio alla l'hurler aux autres.
"Quoi ?", dit Liniel.
"C'est complètement idiot ! Non, il faut qu'on s'enferme !""Et après quoi ?!", répliqua Farion.
"Non, on ne pourra pas se cloitrer indéfiniment.L'elfe prit alors soudainement la position de chef de groupe et organisa le plan.
"Faites un chemin avec tout ça, assez haut pour qu'il ne l'emjambe pas. Là, les bibliothèques sur les murs, on les emmène ici. Les rochers par terre, ça peut aider. On se dépêche, ils arrivent. Allez, vite !"Mercurio fit sa part. Rapidement, de véritables murs de débris traçaient un chemin étroit. Farion s'approcha alors de Kurag et lui dit :
"Kurag, écoute-moi bien. Ctte horloge doit aller au bout de notre côté du chemin. Quand je te dirais de tirer, tu la tires vers toi et tu laisses passer quelques uns de ces monstres et tu pousses aussi vite que possible. Les autres, mettez-vous en demi-cercle et préparez-vous à l'affrontement !""Je n'ai pas d'arme !" dit Mercurio, paniqué.
L'elfe lui jeta sa hache, que l'humoran, surpris, rattrapa d'un geste brusque.
La tension était à son comble. La horde dehors continuait son concert de percussion osseuse et le bruit de rapprochait. On les savait proche. Trop proches. Mais on ne les voyaient plus. Ils s'enfonçaient dans le couloir. On les entendait se heurter sur les côtés des murs, on voyait des armes dépassaient du haut, par-ci par-là. Si ses jambes n'étaient pas paralysés par la peur, l'humoran les auraient bien prises à son cou. Farion ne flanchait pas. Il attendait de les entendre cognait contre l'horloge.
Enfin, le bruit. La pendule de l'horloge avait été frappé, sonnant l'heure du combat.
"Tire !", hurla-t'il à Kurag.
Kurag s'executa et tira l'horloge.
Les morts-vivants se ruèrent alors vers le passage, se poussant au passage, certains perdant l'équilibre et tombant au sol. Le bruit de leur armure rouillée tombant contre la pierre ne faisait que rajouter de l'horreur au chaos sonore ambiant.
"Pousse ! Pousse !", hurla-t'il encore.
Une dizaine de créatures étaient passé. C'était déjà trop. Ca y était. Ils devaient frapper. Suivant ses équipiers, Mercurio alla au choc contre l'une d'elle dans un nouveau grognement pour se donner du courage. Il frappa le torse avec la hache, fit s'envoler quelques côtes, se reprit, et lui enfonça dans le crâne qui s'arrache de sa tête. Dans la foulée, un autre, au sol, qui portait plastron et casque. Il essayait tout de même de le planter de sa lance. L'humoran lui trancha le bras au niveau du coude et laissa la hache plantée au sol. Avant que le mort-vivant n'ait eu le temps de comprendre, il le plaqua au sol en lui écrasant le casque. Il la leva à nouveau et lui écrabouilla ce qu'il restait de son cou d'un coup de patte. Puis d'un autre, et encore d'une autre, et encore d'un autre. Mercurio était emporté par la folie du combat. Il s'en serait fait saigné le pied qu'il n'aurait pas eu de douleur. Et il se met à terre et, encore une fois, lui prive son corps de sa tête.
Lorsqu'il eût fini, il vit que les autres n'avaient pas non plus faillit à la tâche.
Kurag et Farion reprirent alors leur rôle alors que le bruit à l'intérieur du couloir improvisé s'était fait plus agité encore et que le pendule n'en cessait plus de sonner depuis qu'elle avait été remis à sa place.
"Tout le monde va bien ?! Oui ?! Alors en place !"Mercurio récupéra la hache et se remit en position. Il regarda les autres comme jamais auparavant. Il venait de trouver un sens à l'expression "frères d'armes".
Ruine et châtiment - Chapitre VII