Mon principal souci avec les sondages réside peut-être dans le fait qu'il s'agit à mes yeux d'un indicateur, très imparfait - et puis j'ai horreur de ce genre d'outil qui fournit une information dont je ne sais pas comment elle a été construite ni d'où elle vient - , mais qu'il est tout de même bon de prendre en compte, qui n'a pas valeur de levier majeur dans la prise de décision ou dans l'inflexion d'une stratégie en cours. Cependant, il me semble que la manière dont ils sont présentés, organisés, intégrés dans divers discours, à commencer par les discours émanant de médias à vocation d'information, tend à leur donner un pouvoir d'influence, ou à réclamer pour eux une valeur influence, disproportionnée. Parfois, lorsque j'entends le commentaire d'un sondage, c'est à croire que le peuple gronde sous les fenêtres d'untel ou de la société X, et que l'impératif sous-jacent est : "écoutez la foule qui gronde : NEUF FRANCAIS SUR DIX ! VOUS DEVEZ AGIR POUR LES CONTENTER ! VOUS NE POUVEZ PAS LES IGNORER SANS ETRE UN CONNARD CONDESCENDANT TOTALITAIRE QUI N'A QUE FAIRE DE LA DEMOCRATIE" (Oui, il y a l'air d'avoir un postulat selon lequel ne pas faire ce qui est réclamé, c'est ignorer ce qui est réclamé).
Peut-être n'est-ce qu'une impression, une paranoïa légère mais tenace.
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4