Ashen Hródvitnir a écrit:
Je serais très curieuse de connaître le cheminement de ces pensées et leur aboutissement.
Je pense qu'une grande partie des questions ont pour réponse la pression sociale et la confiance en soi, ou du moins l'acceptation de soi.
J'ai pour ambition de mettre ça en forme. Après, c'est une ambition. Pour l'instant, je me gave, je fais le tri, j'essaye de trouver des récurrences, de tester des hypothèses, de faire des liens, de débrouiller toutes les questions, toutes les entrées.
N'ayant plus le nez dans les bibliothèques universitaires et n'ayant plus accès librement à CAIRN, j'ai du mal à faire l'état de la littérature, mais je pense qu'il y a une partie du sujet déjà traité sur ce que tu évoque : la confiance en soi, la pression sociale, l'acceptation. Peut-être en psychologie en plus (vaste domaine que je ne touche que de loin).
Un auteur que j'apprécie beaucoup, tant pour ses travaux que pour ses écrits sur la manière de présenter les travaux, Howard Becker, a écrit un bouquin qui s'appelle Les ficelles du métier, et qui rassemble tout un tas de truc, d'astuces diverses et variées - ce qu'il appelle des ficelles - que l'on ne voit pas, dont on ne parle pas, la tambouille du métier de sociologue, et plus largement de celui de chercheur.
Dans ce livre, il explique qu'un gros piège quand on veut savoir "pourquoi", c'est de demander aux gens "pourquoi vous avez fait ça" : parce qu'ils pensent qu'il y a une bonne réponse, parce qu'ils veulent se justifier, pour plein d'autres raisons qui peuvent potentiellement induire des biais. Son astuce en la matière, c'est de demander "comment" : comment êtes-vous devenu médecin ? comment en êtes vous arrivé là ? etc.
C'est ce qui m'intéresserait dans l'analyse de ces vidéos : comment ? Comment vous maquillez-vous ? Comment vous coiffez-vous ?
"Pourquoi" faire tout ce travail peut avoir pour réponse : être "belle" (ou perçue comme belle, ou penser correspondre à un canon répandu de beauté, etc. ce qui serait encore un gros travail de définition) permet de se sentir mieux dans sa peau, de répondre à une pression sociale, les choses que tu as énoncé.
L'entrée par le "comment" m'amène à me poser une autre question : maîtriser un certain nombre de compétences, de savoirs complexes, de pratiques, de codes pourrait-il entrer en ligne de compte, autant, qu'être "belle" ?
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4