Nul mortel, sinon ce chanteur, ne me paraît digne d'être associé à des maîtres tels que ceux que je vois ici assemblés. Le singe se mire dans l'orbe d'un fessier et s'écrire : "voilà le miroir qui convient à mon visage !" Ainsi donc la marmite a trouvé son couvercle !
Il a tout juste repris son souffle qu'il repart à l'assaut.
- Et cet autre là-bas , quel peut-il bien être ? Ses belles qualités, par Dieu, sont autant de flèches qui percent les coeurs ! Ah, que Dieu lui accorde longue vie ! Par celui qui sort vivant de la tanière du lion, que le voici affamé, maigrelet, épuisé, décavé ! Que Dieu le couvre avec le voile de toutes les personnes ici présentes ! Je le confie à la protection du ciel !
C'est un pot de chambre de Damas, forgé d'une pièce, anses comprises. C'est un sexe de chien qu'on aurait mis à mariner dans du lait. C'est un déchet qui a fréquenté pendant soixante dix ans le trou des latrines. C'est un étron de chien arrosé d'urine de chienne, cueilli sur la décharge d'immondices d'un fils de libertine. Oui, par Dieu, cet individu a été huilé par la sanie que laisse couler l'oeil ; il est le cadeau qu'a déposé quelque part un fondement. Je ne sais ce qu'il faut admirer en lui, de ses oeillades ou de son comportement général de giton. Dois le traiter comme un ornement décoratif ou comme un objet d'usage commun ? ... je l'ignore.
Il peut avoir son utilité
dans le coin des latrines :
façon commode d'inviter les cloportes
à déguerpir, à prendre le goût du voyage.
Abou-Moutahhar al-Azdi, Vingt-Quatre Heures de la vie d'une canaille