Anastasie Terreblanc a écrit:
Je vais pas resortir mes faux calculs vaseux, mais encore une fois y en a un qui frappe et tous les autres regardent sans sourciller, ils vont même jusqu'à l'aider, et pas un ne s'interpose. On peut dire ce qu'on veut mais quand t'as trente gars qui regardent un collègue faire une bavure et qui ont l'air de s'en contrefoutre, ça me donne pas envie de leur témoigner le moindre respect.
Je ne demanderai jamais à personne de les respecter. Le respect est une chose qui se mérite, c'est une notion qui a été bien trop dévoyée selon moi par tous ceux qui avaient à coeur d'effacer les règles minimales et réciproques de civilité du bien-vivre ensemble (politesse par exemple), au profit d'une idée plus forte, en troquant une construction contre un dû.
Si tu trolles sur ton étonnement face à un acte de violence perpétré par un CRS sur un adolescent, j'en déduis que pour toi, cet acte relève de la normalité ; aussi ai-je perçu ton message comme une déclinaison de la vieille rengaine : police/gendarmerie/CRS/armée = violence injustifiée. Avec une belle ambiguïté sur l'éventuelle assimilation de chaque membre des ces organisations au tout, et à la violence que celui-ci véhiculerait.
C'est ton droit le plus strict de perpétuer un tel discours. Fondé, je n'en doute pas.
Si cet état de violence que tu constates te convient, voire t'intéresse - dans un projet révolutionnaire par exemple -, je t'encourage à poursuivre dans ce sens d'ailleurs, il me semble que c'est particulièrement efficace.
Si selon toi cet état de fait doit cesser, je t'invite à considérer comment une construction réciproque d'un sentiment d'insécurité et de non-légitimité de l'action, des deux côtés de la barricade, peut conduire à une exacerbation d'une haine réciproque, et à des actes de violence sans cesse en croissance.
Je veux bien admettre qu'il est des cas où il est nécessaire de lutter contre l'armée, la police, et tout ce que tu veux de "forces de l'ordre", lorsque c'est la seule issue. Selon moi, nous avons encore la chance de nous trouver en deçà d'un degré où le seul échange avec les forces de l'ordre sera celui des coups et du sang. Autant lutter pour ne jamais y arriver, plutôt que de forcer l'issue.
Et là, ma vision des choses diffère de certains de mes contemporains : les formes d'expression sont utiles, mais lorsqu'elles ne s'accompagnent pas d'action, elles sont, selon moi, vaines ; pire, elles sont l'aveu d'une faiblesse lorsque l'action est réclamée chez ceux que l'on ne reconnait pas comme légitimes en protestant contre eux.
"Bonjour, vous êtes des connards inconséquents, vous faites de la merde, nous ne sommes pas contents, nous ne vous manifestons aucune forme d'estime ; par contre, nous attendons de vous que vous agissiez comme on vous le demande, voire comme on le veut, sans vous dire comment faire. Par contre, si vous écoutez une autre masse populaire à peu près aussi conséquente que nous, nous ne serons pas content, et nous accuserons les autres en face de populisme, voire de totalitarisme."
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4