Et ce mot de "guerre", alors, tant qu'on y est ? Mon dictionnaire définit la "guerre" comme un "conflit ouvert, armé, entre deux parties, nations ou Etats." Dès lors, larguer des bombes, protégé par l'altitude, sur une population déjà en difficulté, aux infrastructures ruinées par des années de sanctions et vivant sous la coupe d'un régime oppressif, ce n'est pas une "guerre". C'est du tir au pigeon.
Mais la violence faite à la langue est probablement le prix qu'il nous faut payer pour avoir de l'essence bon marché.
Le langage est censé rendre les idées claires, et compréhensibles pour tout un chacun. Mais quand des politiciens tels que Colin Powell, Geoge W. Bush et Tony Blair s'emparent de la langue, leur but se situe généralement à l'opposé. Ils s'en servent comme d'une arme pour nous persuader de prendre au sérieux des concepts grotesques, comme l'idée même de "guerre au terrorisme". On peut faire la guerre à un autre pays, ou à un groupe social à l'intérieur de son propre pays, mais il est impossible de faire la guerre à un substantif abstrait : comment saura-t-on qu'on a gagné ? Quand le terme en question aura été supprimé du dictionnaire peut-être ?
Lorsque ceux qui ont le pouvoir cherchent à entraîner leurs peuples dans une aventure honteuse, néfaste et destructrice, la première victime est la langue. Ca n'aurait que peu d'importance si c'était la seule victime. Mais, s'ils continuent à pervertir notre vocabulaire et à déformer notre grammaire, le résultat, sera, à la lettre, une sentence de mort pour de nombreux vivants.