Caabon a écrit:
Humbert Helboldt a écrit:
Je n'ai jamais lu Flaubert je crois bien. Mais je me rassure en me disant que j'ai encore le temps.
De manière générale, aucun auteur n'a fait que des œuvres géniales à tous points de vue. Il y a toujours des passages barbants. Mais au vu de la notoriété de Madame Bovary, c'est peu probable que ce ne soit pas intéressant... à condition d'avoir tous les éléments en main pour comprendre le texte comme la personnalité de l'auteur, le contexte et quelques autres trucs, justement.
Ça me fait penser que j'ai raté mon quatrième carré. C'est pas grand-chose, mais je dois guetter le cinquième. Oui, c'est tout à fait hors-sujet.
Ben y'a des trucs qu'ont de la notoriété qui sont chiants, mais chiants... (De mon point de vue. Mais je suis un connard partial, j'assume.) L'accessibilité devrait être un critère d'évaluation. Pas le seul, mais y'a de quoi y songer. Y arrive un degré d'hermétisme où faut se poser cinq minutes la question de savoir si ça vaut le paluchage intellectuel (y'a qu'à voir Yves Bonnefoy qui se retrouve comme sélection de nos futurs enseignants, et à qui ça n'a pas porté chance...).
Tous les éléments en main pour comprendre le texte, c'est bien. Il aurait fallu attendre que je sorte du système éducatif pour les avoir, en ce qui concerne Madame Bovary, c'est un peu triste. J'ai l'impression (mais je suis peut-être pessimiste, aveuglé par des mauvaises expériences scolaires) que le rôle de l'enseignement des lettres est de magnifier une certaine idée de l'Auteur (génial, omniscient, conscient de tout, idée qui sous-tend un peu l'explication de texte sans toutefois vraiment le dire). Et que combiné à un souci d'exemplarité de l'école (est-ce qu'on peut, à des collégiens, à des lycéens, parler des frasques sexuelles orientales d'un Auteur en restant crédible ? ou tout simplement les ouvrir à ce qui pourrait s'apparenter à de la pornographie, mais sans étiquetage -18, publiée dans des collections grand public - Folio pour ne pas la nommer), un temps restreint de l'étude des oeuvres (y'a un programme à tenir, tudieu !), tout cela parvient à faire passer le monde à côté du sel d'une oeuvre, dont le côté éminemment subversif est tellement daté, décalé, qu'il peut être difficile à faire comprendre à d'autres générations (sauf à faire un crochet par les frasques racontées par l'Auteur dans le détail à ses amis, dont les évocations pourront peut-être en faire rougir encore quelques-uns, ou tout du moins ricaner, et les amener à penser que le reste est du même calibre).
Le fait est que j'ai plutôt de la chance avec mon professeur de français de cette année (eh oui, je suis encore au lycée...) C'est un avis partagé par beaucoup d'élèves : ses cours sont clairs et bien présentés, avec des explications concrètes du pourquoi, du comment de l'œuvre, des procédés d'écriture et de leurs effets ainsi que quelques fois des liens avec la propre vie de l'auteur.
Cependant, si je regarde les œuvres françaises que j'ai lues au collège... même avec des professeurs que j'appréciais, il y avait des œuvres que je ne mesurais sans doute pas à leur juste valeur. L'exemple le plus flagrant pour moi est Le vieil homme et la mer, que j'avais lu en 4e - qu'est-ce que je l'avais trouvé long et inintéressant ! - alors que, ayant pris le risque de le relire il y a quelques mois, je l'ai dévoré.
Tout ça pour dire que, bien souvent, il n'y a pas que le professeur qui est en tort. Le programme même fait qu'il faut étudier tous les mouvements littéraires de la 6e à la terminale (dans le système éducatif français), ce qui n'est pas possible à moins d'ignorer le désintérêt profond de certains pour ladite œuvre.
Je me plains, je me plains, mais j'estime tout de même avoir eu de la chance dans mon éducation littéraire, du fait des compétences de certains de mes professeurs. Tous n'ont pas cette chance, sans doute, et il est bien dur de renouer avec quelque chose qui nous a fait languir d'ennui pendant de longues heures de notre enfance.
Sur ce, bonne nuit Yuimen.