Anastasie Terreblanc a écrit:
Caabon a écrit:
Ca ressemble à un... EFFET EMERGENT !!!!!!!!!!
Un concept pour lequel j'ai un coup de coeur.
Je dois me faire chier à chercher sur Google ou cette fois tu vas m'expliquer ?
Tu appelles acquérir des connaissances vachement cool te faire chier ?
Un effet émergent, c'est quand l'agrégation de comportements plus ou moins rationnels visant une fin particulière ne donne pas, collectivement, l'effet voulu par les individus.
Tu vends tes actions en bourse, c'est cool.
Tout le monde vend ses actions en bourse, en même temps, ça donne un truc moins cool. Mais le vendeur, il a pas anticipé.
Tu changes de file pour doubler une voiture un peu lente, ralentissant les autres par ton mouvement, c'est cool pour toi.
Tout le monde le fait, ça donne des bouchons.
Un type accoste une femme dans la rue, ça peut être cool.
Il est le cinquième aujourd'hui, les quatre autres se sont comportés comme des mufles, demander l'heure sera perçu comme agaçant. Le harcèlement se définit, je crois, en partie par la répétitivité des actions. A priori, un individu seul peu harcelé, bien sûr.
Le problème c'est quand le harcèlement est vécu du fait d'un collectif défini par les harcelées (les harceleurs de rue) et peut-être d'un effet émergent. Et quand la condamnation tombe sur des individus qui eux ne se reconnaissent pas comme membre d'un collectif dans lequel on les assigne directement.
Je me casse la tête sur cette question du harcèlement de rue. Ca m'intéresse de plein de point de vue.
Et je crois que tant que ces problèmes basiques de changement d'échelle, d'étiquetage, d'effet émergent et d'intentions individuelles ne seront pas posés, il n'y a aucune possibilité de discussion constructive (sauf à dissiper empiriquement le malentendu) entre :
- des femmes qui vivent un agglomérat d'actions comme un harcèlement (et j'ai recueilli des témoignages de femmes dont je ne remettrai pas en question la parole, et j'ai accompagné des femmes dans des journées en ville, et c'est hallucinant les tournures que ça peut prendre) et tendent à assigner la responsabilité à des individus (toi, à qui je m'adresse, d'autant plus facilement que les médias employés notamment le net facilitent cette interpellation) pour un problème collectif ;
- des individus qui se voient faire des procès d'intention pour des actions d'un collectif auquel ils ne s'identifient pas, et se sentent ainsi victimes d'une injustice.
Acquérir des connaissances cool c'est pas se faire chier. Chercher un article un minimum détaillé pendant 10 minutes ça l'est moins.
Et oui, ça me paraît assez juste comme analyse. Mais il y a deux problèmes qui n'ont pas besoin de résoudre cette équation pour se poser.
1) Un acte social aussi basique que demander l'heure, une direction, une cigarette ou parfois simplement engager une conversation sans arrière pensée ne devrait pas pouvoir être considéré comme du harcèlement, simplement parce qu'il ne suit en rien l'un des actes incriminés dans ce harcèlement, qui vient d'une répétition. Or ces actes sont parfois considérés comme tel.
2) Un certain groupe social a le monopole de ce qui est considéré ou non comme du harcèlement dans le cas du harcèlement de rue envers la femme, un groupe social qui est parfois parfaitement décrié par les supposées victimes de ces harcèlements de rue. Si certaines femmes considèrent que demander l'heure ne devrait pas être socialement permis, d'autres considèrent, alors même qu'elles sont les principales concernées, qu'il n'y a rien de mal à ce qu'un homme tente sa chance même pour l'inviter à boire un verre. Les "victimes" du "harcèlement", qu'elles ne considèrent pas comme tel, deviennent alors victimes de la nouvelles pression sociale, qu'elles n'ont pas choisi et qui a été imposé par un autre groupe d'individus.