La mine élégante et l’allure soignée, Carmine d’Ith possède les traits et les manières de l’aristocratie marchande de Tulorim. La stature haute et le bon équilibre du cadet de la maisonnée supposent une enfance passée non loin du port ou à bord de navires destinés au cabotage. Ses traits plutôt fins s’endurcissent d’une barbe à pointe taillée alors que sa coiffure, cédant à la mode de cette année, assume un catogan élégant.

Elevé selon les us et coutumes plutôt agitées de Tulorim et promis à un avenir dans la marine marchande, Carmine rencontre son avenir dans les traverses du grand théâtre. Lecteur assidu, érudit notable, metteur en scène à parfaire et comptable adroit le cadet de la fratrie d’Ith se consacre à l’élaboration de spectacles et à la recherche de textes anciens ou de dramaturgies nouvelles. La lecture de textes rares, suspectés d’être impies, ont aussi porté une influence néfaste sur l’état d’esprit du dramaturge. Avide de « plus » et du rare, c’est avec un entrain morbide que le jeune homme s’abime actuellement dans le déchiffrage d’édiles anciens relatifs à Phaïtos et Thimoros.

Cadet d’une maisonnée marchande de Tulorim le cadet de la famille d’Ith reste proche de sa lignée. Eduqué pour devenir l’un des capitaines marchands de la cité, c’est avec une grande circonspection que son père accepte qu’il remette à d’autres temps son enrôlement en tant que capitaine de la marine de commerce. Rencontrant un succès financier autant que d’estime, le patriarche autorise son fils à officialiser sa charge au bout de deux saisons et à acquérir des patentes régulières auprès du théâtre du renouveau.

Friand de textes anciens et rares, c’est finalement deux ouvrages retors qui scelleront sa chute. A sa manière les « Chants des Dholes » auraient pu passer pour d’antiques recueils de poésie mais aux yeux du dramaturge les vers se trouvaient trop répétitifs pour ne pas masquer quelques anormalités. Révisant quelques strophes et dépouillant quelques rimes, c’est un authentique témoignage du temps des nécromants que le jeune homme révèle puis révère.

Pris sous l’influence néfaste du recueil, le poète devient insatiable. Poésie baroque ou insane, récits des confins des temps ou du monde, rien n’abreuve l’insatiable. Même les mystères de Phaïtos et de Thimoros, dans leurs versions sacrées de culte ou démentes et orgiaques, ne retiennent son attention que l’espace de quelques mois.

L’arrivée d’un second ouvrage, rabattu par un de ses limiers mandatés pour faire l’acquisition de ce type d’ouvrage en sous-main, scelle ses projets. Le « peuple sous le Monolithe » consacre ses appétences pour la chose non-morte et c’est sous les traits d’un homme de théâtre que le jeune homme désormais approfondit sa connaissance de bien mornes secrets.