À peine es-tu sorti qu'une femme pâle accompagnée d'un homme encapuchonné s'approchent de toi.



"Ainsi, tu as traversé les épreuves de Yuimen... mais traverseras-tu celles de Phaïtos ? Nous verrons bien. Le château d'Endor t'attend... La dame Kadria veut te voir."

Elle semble préoccupée, comme la tête ailleurs, notamment en mentionnant la requête de Kadria.

Je n'ai fais que quelques mètres en direction des chaînes montagneuses qui abrite le castel d'Endor qu'une femme à la peau lunaire s'approche alors, ses yeux à l'instar de son teint opalescent sont des puits d'ébènes. Son visage n'exprime rien d'autre qu'un sens du devoir accru. Un encapuchonné s'avance en même temps et va se placer aux côtés de la femme.

Elle prend la première la parole et me déclare qu'après avoir triomphé des épreuves de Yuimen, il me faut maintenant triompher celle de Phaïtos, puis elle ajoute que je suis attendu au castel d'Endor par Dame Kadria. Elle me semble quelque peu distraite, quant à l'homme qui l'accompagne, il ne bouge pas, se contente de m'observer en silence.

Je suis ravi de voir que je ne ferais pas le voyage seul, le temps passant plus vite quand l'on discute. Je m'avance à mon tour de quelques pas, un sourire illuminant mon visage scarifié.

"Bien le bonjour ! Je ne sais ce que vous entendez par les épreuves de Phaïtos mais il est mon dieu et je ne crains pas sa volonté, je m'y soumettrais avec joie. Quant à Dame Kadria, je devais lui parler de toute façon alors c'est parfait ! Ne perdons pas de temps, nous aurons le temps de converser en route." dis-je avec assurance avant de les rejoindre et de les dépasser, avançant d'un pas rapide.

Elle hocha la tête en souriant :

"L'épreuve de Phaïtos n'est autre que la vie elle-même. On finit toujours par la perdre, mais en attendant de rencontrer notre dieu, on fait de notre mieux. Peut-être mourras-tu demain ? Ou peut-être pas. C'est ainsi. Suis-moi. Nous avons un long trajet et, si tu as des questions, je pourrais sans doute y répondre."

L'homme marmonna :

"Et puis, depuis le temps qu'on attend ici, ça fait du bien de bouger un peu..."

La femme dont la clarté cadavérique m'inspire des poèmes lugubres sourit, dévoile des dents opalines puis me conforte dans mon idée. Elle m'explique que cette épreuve n'est rien d'autre que celle de la vie elle-même. Elle me convie alors à la suivre quand j'entends l'homme qui l'accompagne grogner de contentement, somme toute ravi de pouvoir bouger après un si long temps d'attente.

Mon visage oblique vers le sien, et avec un petit sourire malicieux je lui confie :

"Il fallait venir à l'intérieur ! Maître Vahalat... est très social !"

Je me tourne ensuite vers la femme :

"De moi vous semblez connaître mon nom, ce qui n'est pas mon cas. Quel est donc le vôtre, charmante Dame ? Et il va me falloir faire un passage chez un boutiquier magique, j'ai des emplettes à faire !" dis-je avec excitation quant il est question d'achat.

J'ai toujours adoré faire des achats et cela doit se ressentir. Pouvoir acheter, regarder, puis finalement refuser, choisir un autre produit, et ainsi de suite... Tout en attendant sa réponse, je me prends à l'observer plus en détail et lui découvre une certaine... beauté. Son fin nez aquilin, ses yeux en amandes, sa bouche légèrement pincée... Cela a du charme et ne manque pas de m'émoustiller. Cela a peut-être un mien avec le fait que je n'ai rien pu faire depuis longtemps maintenant mais... mais je sens qu'une approche frontale n'est pas souhaitable.

Ce genre de femme doit d'abord être conquise, séduite. Si je me tente à une approche maintenant, je suis presque certain d'être refoulé instantanément. Pourtant je ne m'en fais pas, si ce ne doit pas être elle, peut-être en trouverais d'autres en chemin. Malgré mon visage scarifié, je suis certain de pouvoir encore séduire, et s'il le faut, bien que cela gâche quelque peu l'attrait du jeu de séduction, je sais pouvoir influencer l'esprit de ma proie, la tendre à un aspect plus charnel de la chose, à condition que la dite personne soit encline à le faire et n'éprouve pas de dégoût vis à vis de moi.

Elle hocha la tête :

"Oh oui, bien sûr. De toute façon, j'avais moi-même une affaire à régler."

Avec un sourire heureux, quoique légèrement distant, comme la tête ailleurs, elle déclara :

"Je suis Merilian, principale nécromancienne de l'ordre des messagers du corbeau et gardienne du culte. Et vous devriez ménager vos compliments, mon fiancé pourrait en prendre ombrage..."

Elle désigna avec un petit rire coquin l'homme en noir qui restait silencieux.

A ma proposition, la femme se contente de hocher de la tête tout en m'affirmant avoir elle aussi des babioles à acheter. Son visage se pare alors d'un éphémère mais doux sourire, plein de vie et de joie quand elle me rétorque que je dois faire attention car son fiancé pourrait mal prendre mes flatteries.

Un fin sourire naît aux commissures de mes lèvres et j'adresse un clin d’œil à l'homme, toujours silencieux tout en l'assurant de mes bons sentiments :

"Je ne vous connais pas et ne souhaite pas vous courroucer, ces quelques paroles envers votre dame sont sincères mais dénuées du moindre intérêt dissimulé, de cela je puis vous assurer !"

La femme reprend alors la parole, se présentant sous le nom de Merilian, gardienne du culte et principale nécromancienne. Ces dires éveillent en moi une curiosité que je m'attelle aussitôt à abreuver.

"Gardienne du culte ? Vous êtes donc chargée de maintenir l'ordre et le respect des préceptes du divin Phaïtos si je ne me trompe guère ? N'est-ce pas une tâche ardue ? Quant à votre rôle de nécromancienne, je dois vous avouer n'en avoir jamais rencontré en personne... êtes-vous donc capable de faire revivre quelqu'un ? Pour combien de temps ? Et peut-il encore penser par lui-même ou n'est-ce plus qu'une enveloppe charnelle... dénuée d'âme autant que de sentiments qui vous obéit aveuglement ?"