Haha ! Admirez l’artiste quand même, là je crois que je mérite quelques applaudissements pour ma performance dont je laisse le spectateur avisé juge : Glaya qui, depuis notre première rencontre, n’avait pas desserré les mâchoires pour faire autre chose que crier son effroi ou des ordres, et encore moins afficher ne serait-ce que l’ombre d’un sourire, se met, sous mes propos enjoués, à afficher la susdite expression ! Bon, d’accord, c’est loin d’être l’extase qui se lit sur ce joli minois fort vilainement noirci par le poids des évènements passés et à venir, mais je considère ça comme un premier pas, et la preuve que notre paladine de service n’est pas autant une dame de fer qu’on aurait pu le croire, prouvant par là qu’il ne faut pas se fier aux apparences et prendre la peine de gratter un peu la couche superficielle qui recouvre les gens avant de se prononcer sur eux : j’en connais certains qui feraient d’ailleurs bien de finir par se mettre ça dans le crâne s’ils ne veulent pas risquer d’aller de déceptions en déceptions au cours de leur existence… mais bon, je ne vise personne, suivez mon regard, et plutôt que de ressasser les évènements du passé, tournons-nous vers l’avenir, c'est-à-dire vers cette route qui s’étire sous nos pieds, promesse d’aventures trépidantes ; promesse de mille dangers aussi, mais allons, on n’a rien sans rien alors haut les cœurs et que la grande marche des aventuriers se poursuive ! Malheureusement, si le cœur est quelque part, ce semble devoir être au bord des lèvres de la rouquine qui, sans autre forme de procès qu’un blanchissement du visage d’une telle rapidité qu’on dirait qu’elle s’est injecté de la farine sous la peau, nous annonce tout de go qu’il y aurait eu comme une hécatombe pas loin.
(Elle déraille celle-là. Comment elle pourrait le savoir ? - T’as déjà oublié le moment où vous êtes arrivés devant la grotte et qu’elle s’est mise à parler des esprits des sektegs morts ? - Ah oui, c’est vrai, au temps pour moi.)
Bon, alors pour ça, d’accord, j’imagine que si on a des tas de fluides de lumière qui tourbillonnent dans le corps, ça finit par vous chambouler le ciboulot et qu’à force d’être en phase avec ces énergies de la guérison et de la vie, on voit des morts ou je ne sais trop quoi, mais pour le coup du « Voilà Lindeniel ! », qu’on me passe l’expression, je tombe sur le cul : c’est pas possible, j’ai beau zieuter comme pas possible, je vois autant d’hiniön à l’horizon que de troupeaux de phacochères roses ! Je veux bien reconnaître qu’il se soit planqué, et j’admets au passage que quand il s’agit de se terrer dans son trou, cette fiente de moineau géante ambulante a l’art et la manière, mais sur ce coup-là, les capacités de perception de Glaya me dépassent complètement : moi qui croyais avoir les meilleurs yeux pour voir les problèmes arriver, me voilà recalé comme si de rien n’était par une humaine qui passe plus de temps à contempler les âmes des défunts que ce qui l’entoure. J’ai vieilli de dix ans, et je vous jure qu’à l’échelle d’un sekteg, ça fait beaucoup, mais pour l’occasion, je n’en reviens vraiment pas, à un tel point que je reste là à gober les mouches sans me rendre compte de l’approche de Krochar dont la présence ne me saute aux yeux qu’au moment où l’une de ses larges paluches griffues se pose sur mon épaule, me faisant faire volte-face en reculant instinctivement à la pensée que l’esprit pourrait avoir repris le dessus et se sente l’envie de réellement faire du ragoût de Jakadi une bonne fois pour toute histoire de m’apprendre les bonnes manières pour lui avoir tenu tête précédemment. Heureusement, je suis vite rassuré sur ce point en voyant l’air tout ce qu’il y a de plus bienveillant qu’il aborde, mais en revanche, ce qui m’inquiète, c’est le souci qui se lit sur ses traits, comme s’il avait quelque chose de la plus haute importance au sujet duquel m’entretenir : zut alors, est-ce qu’il aurait grillé quelque chose au sujet de l’anneau ? Décidément, entre Kerkan qui veut ma mort pour lui avoir chapardé ce stupide bibelot et le tollé qui s’est fait autour de celui de mithril qui va peut-être bien encore une fois m’attirer des ennuis, il faut croire que je suis maudit des anneaux : manquerait plus que j’en trouve un qui me rende complètement gaga et me transforme en humanoïde difforme pour me laisser finir à peine vêtu d’un pagne à reluquer mon précieux bien à longueur de journée !
Houlà, je divague moi, et d’ailleurs, je m’en fais trop, car à peine les premières paroles prononcées par l’imposant garzok, je dois me retenir pour ne pas lui éclater de rire au nez, ce qu’il prendrait sans doute fort mal, et masquer mon hilarité en un sourire confiant : c’est qu’il a l’honneur sensible mon gatch bratty, et j’imagine que pour un guerrier, oublier son outil de travail, c’est comme un voleur qui laisserait des empreintes partout en quittant les lieux de son méfait ; c’est la honte intégrale ! Etant donne que de mon côté, je suis loin d’être un guerrier, j’arrive pas trop à comprendre vu que pour moi, laisser du matos derrière ce serait tout simplement chiant et non pas déshonorant, mais bon, chacun sa façon de voir les choses, et si ça peut lui faire plaisir, je ne vais pas me montrer mesquin en braillant l’objet de sa crainte sur tous les toits ! De toute façon, semble satisfait de l’air qu’il a dû voir sur ma trombine, car sans même attendre de réponse de ma part, il va sur ces entrefaites rejoindre le duo de la gente dame et du perfide persifleur qui justement nous crache pour une énième fois son venin dessus pour nous donner une leçon de discrétion que j’ai pour ma part apprise depuis mes trois ans, nous gâtant une fois de plus les oreilles en nous cornant insupportablement sa science dessus. Une fois de plus, je serais bien tenté de lui mettre une bonne tatane dans le biniou histoire de le faire descendre de son perchoir, ou au moins de l’engueuler histoire qu’il se taise pour changer, mais non seulement il ne voudrait très probablement rien y entendre, mais en plus ça ne ferait qu’accroître nos chances de voir notre position révélée par ces guetteurs que Lindeniel qui aura au moins servi à quelque chose pour l’occasion mentionne.
Sachant faire preuve de sagesse, Krochar passe outre les commentaires désobligeants de cette grande endive pour lui réponde de la manière la plus consensuelle possible en ce qui concerne l’absence inopinée de notre aquamancien, et, prenant sur moi, je tâche de l’imiter, ne prêtant pas attention aux pépiements désagréables de ce drôle d’oiseau blanc pour mieux me concentrer sur ce qui nous attend : entre ce soleil qui est bien peu pratique pour progresser à couvert en plus d’être pénible pour quelqu’un de sensible à la lumière comme moi et ce paysage rocailleux qui offre trop peu d’abris, ça ne va pas être du gâteau que de se frayer un chemin sans alerter les sentinelles du coin ! Cela dit, à part ce chemin là, y’a pas trente-six solutions à part de creuser un trou pour passer de l’autre côté, et pour ne pas laisser l’occasion de se remettre à jacasser à l’empêcheur de tourner en rond de service, je m’empresse de partager mes observations avec les autres afin de faire le point et aviser sur la marche à suivre vite fait bien fait :
« Bon, vu qu’il va bien falloir qu’on passe d’une manière ou d’une autre, vous voulez y aller franco ou tâcher d’être discrets sachant que ça va être tendu pour passer ça sans se faire remarquer ? »
Pour ma part, on se doutera bien que je préfèrerais faire ça en finesse pour éviter que d’autres ennuis nous tombent sur le poil alors que les effectifs de notre équipe se font de plus en plus réduits, mais bon, avec notre guerrier à la hache qui, va sans aucun doute se faire remarquer avec cette chape d’ombre autour de lui et Glaya qui, avec tout le respect que je lui dois, risque bien de faire une bourde qui révèlerait notre position, je me dis que ce serait à la limite plus simple de ne pas y aller par quatrechemins et de foncer en ligne droite sans tergiverser inutilement. Enfin bon, ne soyons pas médisant ; peut-être mes coéquipiers ont-il des ressources insoupçonnées en matière de discrétion, et de toute façon, vu la distance relativement faible que nous allons avoir à parcourir, le résultat de notre entreprise se révèlera bien vite !
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
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