Le temps passait, et l’acuité visuelle précise et entraînée de l’elfe ne faiblissait pas. L’attention était toujours présente, tant sur l’arcade de pierre que sur la route où ses compagnons tardaient évidemment à arriver. Avec une bande de nullissimes voyageurs comme eux, même lui qui n’était auparavant jamais sorti de la prison aux barreaux d’or de Tulorim se débrouillait mieux. Il suffisait qu’une pensée les concernant frôle doucement la grandeur vertigineuse de son esprit alambiqué pour que cela le frustre et l’irrite moralement. Comment avait-il pu se laisser embarquer dans une telle aventure avec des compagnons si lamentables ? À commencer par ce Jakadi dernièrement arrivé, et qui se comportait après deux jours à peine comme le meilleur ami de tous, hormis de l’elfe, qui voyait clair en son jeu fourbe et disgracieux. Il fallait veiller sur ce petit Sekteg méprisable, pour ne pas qu’il commette d’impair. Alors que les autres n’étaient que normalement inférieur à Lindeniel, ce gobelin, lui, était presque considéré comme un ennemi. Les compagnons d’infortune auraient dû le laisser macérer dans son sang jusqu’à ce que sa lente agonie mille fois justifiée l’emporte à jamais dans le pays des rêves dont ils tentaient de se débarrasser. Voilà, il y pensait, et cela hérissait la peau satinée de l’Hiniön pur. Il soupira lentement, chassant un trait d’air entre ses lèvres fines…

Et ses yeux noirs s’agrandirent dans une expression de surprise. Un mouvement avait mis ses sens aiguisés en alerte : sur l’arcade, une silhouette ombrageuse était passée sous l’arcade pour escalader la paroi rocheuse, rejoignant un poste d’observation, point de vue certainement unique sur la région déplorable. Homme, elfe, cet individu n’était ni un gobelin petit et chétif, ni un orque massif et guerrier. L’ombre resta là, assise, et les yeux de l’elfe se plissèrent pour étayer force détail dans son apparence lointaine…

Mais sa concentration fut mise à mal par un autre de ses sens : l’ouïe. Sur le chemin, un bruit de voyageurs peu soucieux d’avancer sans bruit avait fait frémir son tympan : l’équipée fantastique allait bientôt être sur place, et il fallait bien vite prévenir ces empaffés que le silence, en ces lieux de mort, était de rigueur. Mais avant un dernier regard sécurisant vers la silhouette, pour s’assurer de son immobilité… Et là, effarement, surprise et sombre sentiment : elle avait disparu. Était-ce par la faute de la discrétion incroyable des trois ahuris qui se déplaçaient à couvert comme s’ils étaient en vacance ou simplement un tour de garde terminé ? Il ne sut que penser, et se retourna d’un air sombre, toujours dissimulé, vers les méprisables alliés qui arrivaient en clopinant.

À leur tête, la rousse fébrile à l’esprit dérangé montrait sa cachette du doigt, alors que les deux abominables peaux-vertes suivaient en ahanant sous le poids de leur bêtise. Le mage bleu semblait avoir disparu, lui aussi, comme s’il avait trépassé à une sordide manipulation d’évincement du traitre sekteg… Lindeniel ne sut pas si c’était un bien ou un mal, ça faisait un bouclier en moins, et puissant qui plus est, pour un bruyant et méprisable compagnon… Le poids de la perte était-il aussi positif que négatif ? Il en doutait, surtout s’il devait considérer le gobelin comme un ennemi…

Las, il décida de sortir lentement de sa cachette pour aller à leur rencontre sur le chemin, discret et félin dans sa démarche. Il s’arrêta à quelques mètres d’eux, fixant la rousse de son regard noir. Les autres : le parjure vert et l’abominable cerné de noir, ne méritaient pas tant d’attention... C’est d’une voix sifflante qu’il s’adressa au groupe…

« Cessez de faire autant de bruit alors que chaque pas vous mène en terre hostile. Le danger rôde, par devant. Une arche de pierre se dresse sur la montagne, au nord, et les environs sont gardés par un ou plusieurs guetteurs. C’est un miracle si l’un d’eux ne vous a pas déjà repéré. Nous devons rester sur nos gardes, discrets. Il y a peu, une armée d’orque est passée par ici, accompagnée d’hommes et de… gobelins… »

Son regard noir et se fixa sur l’être le plus méprisable de l’expédition : le couineur famélique.

« Les traces qu’ils ont laissées sont évidentes, tout comme celles que laissent tous ceux de vos races… »

Une humaine, un orque et un gobelin… Toute notion de hasard était parjure à son dieu : ça ne pouvait être que le Destin qui avait fait assembler en ces lieux tant de ces peuples. Il serait l’équilibre dans cette marée mixte et basse, c’était son rôle, la raison pour laquelle Zewen le grand l’avait envoyé là.

« Et dites-moi où est le mage. ‘Nous’ ne serons pas trop de cinq pour affronter cette armée… »

Le ‘nous’ était clairement biaisé dans cette phrase : Ils affronteront pour Lindeniel ces pourritures infâmes, et lorsque tous auront péri, il achèvera les survivants pour s’assurer une place évidente dans la réussite de cette entreprise…

Jakadi me rendis mon sac et lança :

« De rien va ! Entre bratty, c’est la moindre des choses, non ? Je sais pas ce qui lui a pris, il était comme fou… il m’a dit de lui rendre son anneau magique sinon il « m’effacerait de la surface de cette terre ». »


Puis il secoua la tête et ajouta :

« Enfin bon, continuons pour le moment et espérons qu’il nous rejoindra ! »

Et il partit rejoindre Glaya qui était déjà un peu en avance, j'étais désolé pour lui, il faut dire que ce faire attaquer par deux membres du groupe dans la même soirée c'est dur à vivre. Mais finalement il ne laissa pas transparaître une trop grande affliction.
En regardant dans leur direction je pus voir que le soleil avait finalement dépassé les montagnes et que le chemin qui menait aux montagnes était illuminé par ses rayons.

(Bénie soit-Tu, si tu existe, Père des Garzoks, de m'avoir fait résistant à cet astre malveillant.)

Il devait certainement existé un Père des Garzoks mais je n'étais pas certain qu'il se soit élevé au rang de Dieu.

(Bah ! Je l'apprendrais sûrement un jour.)

Me mettant en marche, j'appréhendais le contact avec la lumière cruelle, non pas pour la douleur qu'elle allait m'infliger vu que je m'étais suffisamment habitué à ce "mauvais moment", mais parce que je ne savais pas comment réagirais l'Esprit de la Dague.
Avant de pouvoir chercher une réponse et ne pouvant pas m'arrêter de peur de perdre mes deux camarades, j'entra dans cette zone que tout être de ma race considèrerais mortelle. Et là je sentis bien fort la douleur qui prenait toute ma peau exposée, me retenant de crier mais gémissant sous la torture, prêtant peu d'attention au décor environnent qui n'était que pierres et rochers sans intérets. Le démon ne fit aucun signe d'activité, que ce soit par perte de puissance ou pour se renforcer grâce à ma faiblesse, je ne savais pas. En tout cas les premières minutes de marches durant lesquelles Jakadi remercia et réconforta Glaya me parurent bien longues, j'étais même tenté de marcher à reculons pour exposer une nouvelle partie de mon corps au rongeur de chaire éthéré.

(Non, c'est idiot, ma peau doit s'habituer, si je n'arrête pas de tourner je vais souffrir du début à la fin.)

Et donc, résolus de souffrir, sans en parler, je continuais à marcher et farfouilla mon sac pour passer le temps et penser à autre chose.

(En plus si Jakadi à fait tomber un truc, vaut mieux que je le sache.)

Et je fus très surpris de trouver ma hache dans le sac. Incrédule, je retirais l'arme Torkin et vérifiais bien que c'était la mienne.

(Frakuk ! J'ais dus la laisser tomber dans la cabane lorsque l'Esprit avait pris le contrôle de mon corps. J'allais partir sans arme !)

Oublié mon sac n'était pas vraiment une grande bévue, ça arrive à tout le monde et je ne suis pas vraiment réputé pour mon sens de l'ordre et du rangement. Par contre oublié son arme aurait été pour moi, guerrier Garzok, une honte monumentale. Seul Jakadi était au courant, il fallait absolument qu'il ne l'ébruite pas ou ma réputation en prendrais un coup plus dur encore que le fait d'être possédé.

Je profitais que Glaya partit en avant après avoir, sois-disant, aperçus Lindeniel. Ne voyant personne au loin je me suis dit que je pouvais en profiter pour aborder le Sekteg. Me mettant à son niveau je mis une main sur son épaule et dit d'un ton qui se voulait sans réponse :

"J'aimerais que tu garde pour toi le fait que ma hache se trouvait dans la cabane. J'imagine que tu sais pourquoi et cela m'éviterait beaucoup de problème…"

Puis, ne voulant pas paraître trop dur dans mes propos, je rajoutais :

"… s'il te plait."

J'avais confiance en lui et je n'avais pas besoin de réponse. Nous avons donc continué à avancer jusqu'à ce que, effectivement, Lindeniel se montra et marcha vers nous d'un pas vif et silencieux. Lorsqu'il nous rejoignit il avait l'air énervé.

« Cessez de faire autant de bruit alors que chaque pas vous mène en terre hostile. Le danger rôde, par devant. Une arche de pierre se dresse sur la montagne, au nord, et les environs sont gardés par un ou plusieurs guetteurs. C’est un miracle si l’un d’eux ne vous a pas déjà repéré. Nous devons rester sur nos gardes, discrets. Il y a peu, une armée d’orque est passée par ici, accompagnée d’hommes et de… gobelins… »

Il jeta un regard sur Jakadi :

« Les traces qu’ils ont laissées sont évidentes, tout comme celles que laissent tous ceux de vos races… »

(Bon, je commence à avoir l'habitude de ces manières hautaines à force. En plus il a raison, on va devoir être plus silencieux à partir d'ici.)

« Et dites-moi où est le mage. ‘Nous’ ne serons pas trop de cinq pour affronter cette armée… »

Le 'nous' qu'il prononça sonnait aussi juste qu'un instrument fabriqué à partir de morve de Troll. Il fallait s'y attendre bien entendu mais je ne m'attendais pas à ce que cet Hiniön soit aussi sûr de lui qu'il nous avoua presque en face ses intentions : laisser les gros bras faire le travaille dangereux et dire ensuite que c'est son stratagème qui a fonctionné, pas nos muscles.
Mais ça ne m'empêchas pas de lui répondre :

"Kerk est partit dans le village après une petite altercation. On est tous à cran après une nuit pareil et lui plus que nous tous je pense, il va sûrement se remettre les idées en place et revenir plus tard. Au pire, on peut considérer qu'il garde nos arrières."

Ce n'était pas très sain de changer une fuite en acte plus considéré mais je n'aurais pas aimé discréditer Kerkan, surtout devant Lindeniel.

Haha ! Admirez l’artiste quand même, là je crois que je mérite quelques applaudissements pour ma performance dont je laisse le spectateur avisé juge : Glaya qui, depuis notre première rencontre, n’avait pas desserré les mâchoires pour faire autre chose que crier son effroi ou des ordres, et encore moins afficher ne serait-ce que l’ombre d’un sourire, se met, sous mes propos enjoués, à afficher la susdite expression ! Bon, d’accord, c’est loin d’être l’extase qui se lit sur ce joli minois fort vilainement noirci par le poids des évènements passés et à venir, mais je considère ça comme un premier pas, et la preuve que notre paladine de service n’est pas autant une dame de fer qu’on aurait pu le croire, prouvant par là qu’il ne faut pas se fier aux apparences et prendre la peine de gratter un peu la couche superficielle qui recouvre les gens avant de se prononcer sur eux : j’en connais certains qui feraient d’ailleurs bien de finir par se mettre ça dans le crâne s’ils ne veulent pas risquer d’aller de déceptions en déceptions au cours de leur existence… mais bon, je ne vise personne, suivez mon regard, et plutôt que de ressasser les évènements du passé, tournons-nous vers l’avenir, c'est-à-dire vers cette route qui s’étire sous nos pieds, promesse d’aventures trépidantes ; promesse de mille dangers aussi, mais allons, on n’a rien sans rien alors haut les cœurs et que la grande marche des aventuriers se poursuive ! Malheureusement, si le cœur est quelque part, ce semble devoir être au bord des lèvres de la rouquine qui, sans autre forme de procès qu’un blanchissement du visage d’une telle rapidité qu’on dirait qu’elle s’est injecté de la farine sous la peau, nous annonce tout de go qu’il y aurait eu comme une hécatombe pas loin.

(Elle déraille celle-là. Comment elle pourrait le savoir ?
- T’as déjà oublié le moment où vous êtes arrivés devant la grotte et qu’elle s’est mise à parler des esprits des sektegs morts ?
- Ah oui, c’est vrai, au temps pour moi.)

Bon, alors pour ça, d’accord, j’imagine que si on a des tas de fluides de lumière qui tourbillonnent dans le corps, ça finit par vous chambouler le ciboulot et qu’à force d’être en phase avec ces énergies de la guérison et de la vie, on voit des morts ou je ne sais trop quoi, mais pour le coup du « Voilà Lindeniel ! », qu’on me passe l’expression, je tombe sur le cul : c’est pas possible, j’ai beau zieuter comme pas possible, je vois autant d’hiniön à l’horizon que de troupeaux de phacochères roses ! Je veux bien reconnaître qu’il se soit planqué, et j’admets au passage que quand il s’agit de se terrer dans son trou, cette fiente de moineau géante ambulante a l’art et la manière, mais sur ce coup-là, les capacités de perception de Glaya me dépassent complètement : moi qui croyais avoir les meilleurs yeux pour voir les problèmes arriver, me voilà recalé comme si de rien n’était par une humaine qui passe plus de temps à contempler les âmes des défunts que ce qui l’entoure. J’ai vieilli de dix ans, et je vous jure qu’à l’échelle d’un sekteg, ça fait beaucoup, mais pour l’occasion, je n’en reviens vraiment pas, à un tel point que je reste là à gober les mouches sans me rendre compte de l’approche de Krochar dont la présence ne me saute aux yeux qu’au moment où l’une de ses larges paluches griffues se pose sur mon épaule, me faisant faire volte-face en reculant instinctivement à la pensée que l’esprit pourrait avoir repris le dessus et se sente l’envie de réellement faire du ragoût de Jakadi une bonne fois pour toute histoire de m’apprendre les bonnes manières pour lui avoir tenu tête précédemment. Heureusement, je suis vite rassuré sur ce point en voyant l’air tout ce qu’il y a de plus bienveillant qu’il aborde, mais en revanche, ce qui m’inquiète, c’est le souci qui se lit sur ses traits, comme s’il avait quelque chose de la plus haute importance au sujet duquel m’entretenir : zut alors, est-ce qu’il aurait grillé quelque chose au sujet de l’anneau ? Décidément, entre Kerkan qui veut ma mort pour lui avoir chapardé ce stupide bibelot et le tollé qui s’est fait autour de celui de mithril qui va peut-être bien encore une fois m’attirer des ennuis, il faut croire que je suis maudit des anneaux : manquerait plus que j’en trouve un qui me rende complètement gaga et me transforme en humanoïde difforme pour me laisser finir à peine vêtu d’un pagne à reluquer mon précieux bien à longueur de journée !

Houlà, je divague moi, et d’ailleurs, je m’en fais trop, car à peine les premières paroles prononcées par l’imposant garzok, je dois me retenir pour ne pas lui éclater de rire au nez, ce qu’il prendrait sans doute fort mal, et masquer mon hilarité en un sourire confiant : c’est qu’il a l’honneur sensible mon gatch bratty, et j’imagine que pour un guerrier, oublier son outil de travail, c’est comme un voleur qui laisserait des empreintes partout en quittant les lieux de son méfait ; c’est la honte intégrale ! Etant donne que de mon côté, je suis loin d’être un guerrier, j’arrive pas trop à comprendre vu que pour moi, laisser du matos derrière ce serait tout simplement chiant et non pas déshonorant, mais bon, chacun sa façon de voir les choses, et si ça peut lui faire plaisir, je ne vais pas me montrer mesquin en braillant l’objet de sa crainte sur tous les toits ! De toute façon, semble satisfait de l’air qu’il a dû voir sur ma trombine, car sans même attendre de réponse de ma part, il va sur ces entrefaites rejoindre le duo de la gente dame et du perfide persifleur qui justement nous crache pour une énième fois son venin dessus pour nous donner une leçon de discrétion que j’ai pour ma part apprise depuis mes trois ans, nous gâtant une fois de plus les oreilles en nous cornant insupportablement sa science dessus. Une fois de plus, je serais bien tenté de lui mettre une bonne tatane dans le biniou histoire de le faire descendre de son perchoir, ou au moins de l’engueuler histoire qu’il se taise pour changer, mais non seulement il ne voudrait très probablement rien y entendre, mais en plus ça ne ferait qu’accroître nos chances de voir notre position révélée par ces guetteurs que Lindeniel qui aura au moins servi à quelque chose pour l’occasion mentionne.

Sachant faire preuve de sagesse, Krochar passe outre les commentaires désobligeants de cette grande endive pour lui réponde de la manière la plus consensuelle possible en ce qui concerne l’absence inopinée de notre aquamancien, et, prenant sur moi, je tâche de l’imiter, ne prêtant pas attention aux pépiements désagréables de ce drôle d’oiseau blanc pour mieux me concentrer sur ce qui nous attend : entre ce soleil qui est bien peu pratique pour progresser à couvert en plus d’être pénible pour quelqu’un de sensible à la lumière comme moi et ce paysage rocailleux qui offre trop peu d’abris, ça ne va pas être du gâteau que de se frayer un chemin sans alerter les sentinelles du coin ! Cela dit, à part ce chemin là, y’a pas trente-six solutions à part de creuser un trou pour passer de l’autre côté, et pour ne pas laisser l’occasion de se remettre à jacasser à l’empêcheur de tourner en rond de service, je m’empresse de partager mes observations avec les autres afin de faire le point et aviser sur la marche à suivre vite fait bien fait :

« Bon, vu qu’il va bien falloir qu’on passe d’une manière ou d’une autre, vous voulez y aller franco ou tâcher d’être discrets sachant que ça va être tendu pour passer ça sans se faire remarquer ? »

Pour ma part, on se doutera bien que je préfèrerais faire ça en finesse pour éviter que d’autres ennuis nous tombent sur le poil alors que les effectifs de notre équipe se font de plus en plus réduits, mais bon, avec notre guerrier à la hache qui, va sans aucun doute se faire remarquer avec cette chape d’ombre autour de lui et Glaya qui, avec tout le respect que je lui dois, risque bien de faire une bourde qui révèlerait notre position, je me dis que ce serait à la limite plus simple de ne pas y aller par quatrechemins et de foncer en ligne droite sans tergiverser inutilement. Enfin bon, ne soyons pas médisant ; peut-être mes coéquipiers ont-il des ressources insoupçonnées en matière de discrétion, et de toute façon, vu la distance relativement faible que nous allons avoir à parcourir, le résultat de notre entreprise se révèlera bien vite !

Kerkan :
Helce semble vraiment heureux de te revoir et il fête vos retrouvailles par quelques glapissements et des pas pressés qui pourraient ressembler à une danse.

Au bout d'un moment, il ploie ses pattes, t'invitant à monter sur lui, comme au bon vieux temps.



Les autres :
Je vous laisse conclure à votre plan (ou absence de plan).

Glaya est plutôt silencieuse et regarde souvent à coté de vous ou au loin. Elle opine lorsque Jakadi suggère de foncer dans le tas.

Helce glapissait comme lorsque nous nous étions sortis des pires moments de notre vie. Les souvenirs atroces de la Wiverne vinrent me hanter, je me revoyais suspendu dans les airs sur le point d'être dévoré par un terrifiant dragon... Cette sensation était insoutenable car au fond de moi, la situation n'avait pas vraiment progressé, je me trouvais toujours dans une sorte de boucle infernale qui me poussait soudainement au suicide... ou au meurtre... Je me devais de rejoindre les autres membres du groupe pour en finir une bonne fois pour toute avec cette crise interne qui s'apitoyait sur les rêves suaves des gentilshommes. J'étais l'élu et mes fonctions m'obligeaient à réduire à néant cette menace imminente qui m'horripilait. Pourtant, je n'avais qu'une seule envie au fond de mon cœur : partir loin d'ici et apprendre à me servir complètement de mes sortilèges. Mais, si j'avais été choisi par les forces divines c'était certainement que je possédais des capacités que personne ne devait avoir. Était-ce ma candeur ? La magie qui coulait dans mon sang ? Ou alors une tare héréditaire que je n'avais pas mérité ? Non ! Tout ceci devait avoir un rapport avec mon caractère profond, celui caché par les voiles de mon âme sombre. Je sentais pointer le nez des énigmes imagées, utilisant métaphores et comparaisons pour se libérer dans une tempête de sens extraordinaire.

(Ce n'est pas possible ! Arrête de larmoyer sur ton sort minable !)

Je pleurnichais comme une vieille femme qui tentait de retrouver le bonheur des jours passés, de sa jeunesse, de ses amis oubliés et morts ! Non ! Un sentiment bien plus vigoureux et chaotique était né en moi : la vengeance. Cette virulente demoiselle m'avait pris dans ses beaux bras parfumés, je la sentais autour de moi, m'enveloppant dans ses chaînes qui ne me laissaient pas le moindre répit. Ô que tout cela était bon ! Des entraves perfides étaient en train de se rompre, dévorant mon altruisme et ma bienséance pour m'amener vers d'autres lieux plus sombres. Cependant, je devais résister à la tentation, le démon n'était pas ce que l'on pouvait qualifier d'honorable et je ne voulais pas me frotter à lui. Néanmoins, un nouveau glapissement du Griffon me ramena à la réalité ; j'étais toujours blotti contre lui mais, il se libéra et se mit à effectuer une danse mystique que seuls les membres de son espèce pouvaient comprendre. Apparemment, il me faisait fête, tout heureux de me revoir, il vacillait, sautillant d'une patte à l'autre ! Il était marrant et m'arracha un rire de bienêtre.
«Oh ! Coquin va ! Je ne pensais pas t'avoir autant manqué... D'ailleurs, je ne pensais pas avoir manqué à qui que ce soit... En tout cas, c'est une bonne surprise ! Ta présence m'est si réconfortante, je suis désolé que nous t'ayons plus ou moins abandonné, tu ne mérites pas tout ça...»

Pauvre créature qui s'était attachée à nous, il devrait retourné vivre avec ses congénères dans les hautes montagnes. Après tout, ce n'était pas un animal domestique, il lui fallait de grands espaces dans lesquels il pourrait facilement évoluer. Je ne savais pas si notre rencontre lui avait été bénéfique, sa personnalité sauvage avait été paralysée par l'entourage humain... Cela me faisait de la peine, je venais de blesser un Griffon à jamais et ceci me donnait quelques frissons dans le dos. Mais, bon, je ne pouvais nier que sa présence m'était favorable, sans lui, je me serais certainement transformé en chasseur de prime, chose qui aurait été plutôt ennuyeuse... Enfin ! Il était arrivé juste à temps, volant gracieusement dans les airs, il avait entendu mon appel de désespoir. Au moins, depuis quelques minutes, mes larmes se tarissaient et mes pensées ne vagabondaient plus dans les chemins sinueux de la détresse. J'étais sur la voie de la guérison !

(Suis-je bête ! J'aurais dû utiliser mon sortilège, cela m'aurait permis de me calmer rapidement... Enfin ! J'étais tellement perdu que la magie ne m'aurait pas été d'une grande aide...)

Mais, avant que je n'aie pu reprendre mon chemin pour récupérer mon bien et affronter l'obscurité, Helce s'abaissa comme s'il désirait que je grimpasse sur son dos ! Nom de Moura ! Il était toujours opérationnel pour faire un petit voyage dans les cieux ! Génial ! Cela me changerait les idées, je ne pouvais pas rester ici à attendre le déluge... Ce Griffon était vraiment merveilleux et prenait des décisions exceptionnelles. Sans espérer un signe divin, je chevauchai le volatile magnifique qui me mènerait vers des aventures sûrement incongrues.
«Où veux-tu me mener comme ça ? Tu sais que j'ai une mission à accomplir et un voleur à remettre sur le droit chemin... Enfin ! Je suis tout à toi, j'ai tellement envie de me retrouver seul en ta compagnie !»

Maj pour Kerkan : http://www.deezer.com/track/3190881

Ces ahuris se révélaient être encore plus inaptes à l’aventure que Lindeniel ne se l’était imaginé : Krochar révéla à l’elfe que le mage d’eau avait décidé sur un coup de tête de partir en arrière, divisant encore davantage ce groupe déjà épars et décimé. Le jeune humain à la toison bleue avait certainement perdu l’esprit, tout comme les autres incapables qui l’avaient laissé partir avec négligence sans le retenir. À moins bien sûr que tout ceci fut une machination liguée entre l’orque démoniaque et le gobelin pernicieux pour tromper un par un chaque membre de l’équipe, profitant de l’absence de l’elfe et de la naïveté navrante de la paladine rousse. Lineniel devait faire attention, sans doute était-il le prochain sur la liste, de par son intelligence et son sens de la logique, il passerait sans doute avant la folle qui ne s’apercevrait même pas de la tromperie…

Lindeniel ne répondit donc rien à l’orque, se contentant de son air froid et condescendant, avant de se tourner vers le verre de terre vert qui couinait encore de sa voix déplaisante à souhait, arguant que pour rejoindre l’arcade de pierres, il fallait soit utiliser la force, soit la discrétion, bien que cette demi-portion semblait préférer la première solution, qui amènerait l’équipe à se faire descendre par une volée de flèches avant même d’avoir pu faire dix mètres. L’humaine survivante du groupe opina gravement du chef, comme pour donner son accord à cette idée fantasque et suicidaire. Lindeniel, lui, ne marchait pas du tout dans les pas de cet abominable petite vermine sans intellect, et une idée germa dans son esprit tortueux. Une idée moins risquée pour lui, et qui pouvait même plaire à ces abrutis primaires assoiffés de sang et de violence.

Il jeta un œil discret vers l’arche, au loin, et adressa alors son plan à ses compagnons de route, parlant bas, mais pour se faire entendre sans trop s’approcher de ces êtres impurs…

« Nous n’avons pas l’avantage du nombre, petite créature. Une attaque frontale signifierait pour nous un échec probant, et sans doute une mort honteuse et douloureuse. Notre but final ne serait pas accompli, et nous ne pouvons nous permettre cela… »

Il lança un regard à Glaya, pour déceler un mouvement d’approbation, puis poursuivit pour les trois, les regardant tour à tous de son regard noir…

« C’est la ruse que nous devons utiliser dans le cas présent. Et mon esprit vif a déjà trouvé un plan. Le voici : Krochar et éventuellement Jakadi, vous allez faire une diversion. De par votre race, il ne se méfieront peut-être pas, et pourront croire que vous faites partie de leur camp. Votre but sera d’attirer l’attention sur vous, sans qu’ils vous prennent pour des ennemis… Glaya et moi, nous devrons emprunter un trajet plus furtif, couverts par votre diversion, et nous tenteront de discerner les cachettes de nos ennemis. Nous les prendrons alors de revers, et là, vous pourrez agir avec toute la barbarie qui semble tant vous plaire. C’est une solution bien moins suicidaire. Jakadi et Krochar, décidez entre vous si vous faites une diversion à deux, ou si Krochar y va seul et Jakadi prendra un autre chemin furtif. Glaya, si vous voulez bien me suivre… »

Il n’était plus temps de polémiquer, il fallait agir, désormais, et vérifiant que Glaya le suivait bien, il retourna se cacher derrière ses rochers le temps que les deux autres lascars se décidaient…

Le reste du groupe ne protesta pas sur ma façon de voir la cavale de Kerk dans les ruines Torkins, et je leur en fut très reconnaissant. Jakadi passa donc à un sujet plus important pour le moment :

« Bon, vu qu’il va bien falloir qu’on passe d’une manière ou d’une autre, vous voulez y aller franco ou tâcher d’être discrets sachant que ça va être tendu pour passer ça sans se faire remarquer ? »

(Effectivement, on a déjà fait plus discret comme groupe.)

L'idée de faire le bourrin qui rentre dans le tas me semblait alléchante mais je dus rapidement calmer mes instincts en me souvenant que je n'étais plus invulnérable comme contre les guerriers Garzoks. De plus si nous devions combattre des Sektegs je devais faire attention à ne pas frapper Jakadi sans faire exprès.
Lindeniel ajouta encore une autre raison pour tenter l'approche discrète :

« Nous n’avons pas l’avantage du nombre, petite créature. Une attaque frontale signifierait pour nous un échec probant, et sans doute une mort honteuse et douloureuse. Notre but final ne serait pas accompli, et nous ne pouvons nous permettre cela… »

(Il doit avoir une idée en tête.)

J'avais raison et il prouva une fois de plus que ses méninges fonctionnaient plus rapidement que les miennes :

« C’est la ruse que nous devons utiliser dans le cas présent. Et mon esprit vif a déjà trouvé un plan. Le voici : Krochar et éventuellement Jakadi, vous allez faire une diversion. De par votre race, il ne se méfieront peut-être pas, et pourront croire que vous faites partie de leur camp. Votre but sera d’attirer l’attention sur vous, sans qu’ils vous prennent pour des ennemis… Glaya et moi, nous devrons emprunter un trajet plus furtif, couverts par votre diversion, et nous tenteront de discerner les cachettes de nos ennemis. Nous les prendrons alors de revers, et là, vous pourrez agir avec toute la barbarie qui semble tant vous plaire. C’est une solution bien moins suicidaire. Jakadi et Krochar, décidez entre vous si vous faites une diversion à deux, ou si Krochar y va seul et Jakadi prendra un autre chemin furtif. Glaya, si vous voulez bien me suivre… »

Le plan était fait mais il ne me semblait pas vraiment très bien réfléchi, en tout cas il ne m'inspirait pas du tout confiance.

(C'est casse-gueule son truc, si on se fait repérer c'est foutu, on se fera liquider. Enfin, j'imagine que ça compteras quand même comme une diversion dans sa tête d'aristocrate. Il doit bien s'en foutre qu'on crève du moment que son objectif à lui est atteint. Milparda ! Je regrette d'avoir prêté serment sur mes ancêtres de le servir.)
(Je n'ais fais aucun serment ni aucun vœu moi, laisse-moi sortir cinq minutes et ton problème partira loin d'ici, six pieds sous terre très exactement.)
(La ferme !)

Je mis un petit peu de temps pour voir le problème sous tous ses angles et j'en vins à la conclusions suivantes : de toute façon je n'ais pas le choix, il n'y a pas vraiment d'option possible si des ennemis préparent une embuscade, seul moi et Jakadi pouvons passer sans trop de risque si on fait semblant d'être dans l'autre camp. Il suffisait de trouver un moyen d'expliquer notre présence ici.

(De toute façon ce nigaud c'est déjà barré avant qu'on en discute.)

En effet l'Hiniön, certain de la sagesse de sa décision, était déjà partit en demandant à Glaya de le suivre. Me tournant vers Jakadi je lui expliqua ce que j'avais imaginé comme méthode d'approche :

"Bon, si tu viens avec moi, il faut y aller ensemble et paraître plutôt décontracté. On va essayer de se faire passer pour des gars de l'arrière-garde. Si jamais tu remarque qu'ils trouvent ça bizarre qu'on fait le voyage ensemble – parce qu'on ne sait jamais, ils ont peut-être l'habitude de travailler séparément – t'auras qu'à dire qu'on t'a envoyé me chercher pour que je fasse mon rapport.
Ca te va ?"

Gna gna gna gna gna gna gna, cause toujours tête blanche, tu m’instruis ! C’est quand même assez formidable comme capacité qu’il a notre ami Lindo là : loin de s’habituer à sa morgue qui suffirait à faire perdre patience à un saint, le temps passé avec lui ne fait que renforcer l’agacement que l’on éprouve à son égard, comme une incitation toujours plus insistante à le faire passer à la première occasion de vie à trépas, éventualité très tentante que je ne peux m’empêcher de caresser un moment avant de la repousser. Krâml quoi, je ne suis pas comme lui, et même si je sens que ça s’avèrerait difficile au point que je risquerais bien de changer d’avis le moment venu, il ne faudrait pas que je m’abaisse à son niveau en refusant de lui prêter main forte des fois que le moment viendrait où ce corniaud confit d’orgueil se retrouverait dans une panade tellement noire qu’il aurait besoin de l’aide de la « petite créature » pour s’en sortir. La petite créature s’efforce justement de ne pas regarder dans sa direction de peur que ce visage hautain ne lui fasse perdre ses moyens et ne déclenche instinctivement chez lui une gifle magistrale que cet ahuri n’oublierait pas de sitôt. Enfin bon, c’est pas le moment pour les chicaneries, et de plus, faut avouer que même s’il est insupportable comme pas possible, l’autre imbécile n’est pas dénué d’une certaine intelligence qui me pousse à écouter son plan qui… quoiiiiii ?!

Non mais il déraille, il délire, il déconne, il extravague, il se sent plus, il est fou… en un mot comme en cent, il a perdu son « esprit vif » pour nous proposer un plan aussi foireux : ah le vil, ah l’ordure, ah l’eraemski nmolen, il a bien calculé son coup et ses intentions sont aussi transparentes que de la rosée ! Il faudrait vraiment être un demeuré au dernier degré pour ne pas se rendre compte que tout ce qu’il a l’intention de faire, c’est de nous laisser nous prendre la merde en pleine figure pour ensuite passer tranquillement une fois qu’on se sera chargé du plus gros ; pincez-moi, dites moi que je rêve ! Aïe !

(Ça va pas non ?!
-C’est toi qui l’as demandé.
-Hrumph… ça fait mal une morsure d'araignée !
-Tu t’en remettras. Ne fais pas attention à ce qu’il dit et réfléchis plutôt à ce qui serait le mieux pour tous.)

Encore une fois, cette chère Minil’emnil prouve qu’elle est le voix de la sagesse, et même si ses propos emprunts de bon sens ne m’empêchent pas de fulminer à juste titre contre notre pseudo-chef autodésigné, ils m’aident au moins à me retenir de me jeter sur lui pour lui arracher les yeux avant de le balancer en pâture à ces races qu’il juge inférieures mais qu’il ne craint pourtant pas moins pour la férocité dont leurs représentants savent faire montre. Ahlala, je vous jure, il a beau jacasser pour appuyer la véracité de son plan –d’ailleurs je ne l’écoute même plus- et s’arroger un beau rôle, les faits sont là : une fois encore, c’est le sekteg de la bande qui va devoir prendre les devants pour affronter les plus gros risques et couvrir ses compagnons d’infortune. De la part de quelqu’un qui se fait traiter de tous les noms, tous en rapport avec la couardise, la fourberie et la lâcheté, c’est plutôt pas mal comme états de service, non ? Évidemment, comme le suggère Visage-pâle, je pourrais simplement laisser Krochar aller joyeusement dans la mouise et prendre de mon côté un « chemin furtif » ainsi que cette périphrase désigne si joliment le fait de ramper à terre pour ne pas se faire remarquer, mais il ne sera pas dit que le chatchy bratty et le gatch bratty ne s’épauleront pas une fois de plus comme ils l’ont fait jusqu’ici ! Pour autant, je suis quand même d’humeur massacrante, et c’est donc d’un ton pestant bien qu’avec une franchise de bon aloi que je me tourne vers Glaya qui s’est montrée jusqu’ici toujours honnête à défaut d’être fiable, pour l’avertir :

« Je vous fais confiance Glaya, d’accord ?! »

Que cela soit bien pris en note, je me suis spécifiquement adressé à la paladine pour montrer que ce n’est pas le cas par rapport à Lindeniel, lequel se voit pour sa part gratifié de quelque chose de beaucoup moins laudatif mais d’au moins aussi éloquent : c’est le majeur dressé bien en évidence que je le fixe pour lui transmettre mes bons sentiments, et même si je ne peux pas être certain que ce geste ait la même signification pour un hiniön, je m’en remets à l’intelligence si fabuleuse de notre bon sire elfique pour qu'il en décrypte le sens profond.

(C’est le cas de le dire !
-Ouais, héhé.)

Mais allons, finis les enfantillages, car désormais, le temps va passer à l’action, une action que notre bon guerrier s’empresse de mettre en place, échafaudant sur le vif une ligne de conduite qui me paraît bien pensée : c’est vrai que si on met suffisamment de conviction dans notre rôle, ça peut passer inaperçu vu que ça m’étonnerait qu’avec le nombre qu’ils doivent être, chacun puisse reconnaître les autres du premier coup d’œil. Quant à un uniforme, n’en parlons pas : si on me présente un corps d’armée sekteg qui prend la peine de couvrir les membres de sa troupe de costumes, je veux bien me retrouver changé en lapin après avoir ri un bon coup devant l’aspect comique qu’une pareille scène doit avoir. Non, au pire, on aura affaire à un genre de signe de reconnaissance qu’il suffira de singer pour faire comme si de rien n’était, et même notre équipement pour le moins hétéroclite ne devrait pas attirer l’attention plus que ça tellement les gaillards de notre acabit sont réputés pour ne pas se priver de faire main basse sur tous les trucs intéressants sur lesquels ils peuvent tomber au cours de leurs maraudages.
C’est l’air grave que je hoche la tête, pleinement conscient que nous allons marcher sur des charbons ardents, et que si nous ne jouons pas suffisamment bien la comédie pour nous fondre dans la masse des loups dans la gueule desquels nous allons nous jeter, nous allons prendre sacrément cher. Poussant en soupir résigné, je fais face à la route en apparence dépourvue de toute présence et qui pourtant paraît prompte à une embuscade à chaque mètre que nous allons avoir à parcourir, crachant un bon coup au sol pour évacuer la bile de nervosité qui m’est montée dans la gorge, prévenant Krochar d’un ton mi-figue mi-raisin avant de me mettre en marche d’un pas à la limite de la fébrilité, arborant un air le plus chafouin possible qui devrait seoir à merveille à ma fonction d’emprunt :

« Tâche de pas avoir l’air trop intelligent. »

Glaya se résigne au plan, presque déçe de pas être une garzok pour être en première ligne. Elle répond à Jakadi d'un sourire positif, voir joyeux.

"Ne vous inquiètez pas. Même si ma magie est épuisée, mon épée les occira par dizaines avant qu'ils ne vous touchent !"

Après quelques mouvements d'épées effrénés, elle rengaine la lame et rejoint Lindeniel. Elle s'approche courbée et chuchote.

"Alors, par où on passe ?"


Pendant ce temps, Krochar et Jakadi démarre une longue marche... C'est un peu la brute et le truand, mais ils sont tous les deux bons... (((faut que j'arrête les vieux jeux de mots))). Le garzok auréolé de son démon et le segtek chétif avançait donc sur le chemin qui le menait sûrement à un piège. Mais en tout cas, ce piège n'est pas dans la première dizaine de mètres.



Kerkan : Bon, vraie mise à jour :
Une fois que son cavalier est bien en selle, le fier griffon s'élança dans les airs. Tu peux penser au début qu'il t'emmènes au sud, dans la forêt aux centaines de pins sombres, mais il finit par changer pour monter bien haut, passant même quelques nuages pour contempler un peu mieux un soleil ardent. Il virevolte ensuite en descendant vers le sol, allant de ci de là.

En fait, il s'amuse simplement.

Mon mal intérieur était en train de s'évader pour aller côtoyer de nouvelles âmes meurtries par des actes inconsidérés. Cependant, tant que cette mélancolie s'évanouissait, je ne pouvais que me porter mieux ! La vie était bien plus difficile que je ne l'aurais cru, mais je n'avais pas le choix, je devais faire avec et vivre avec cette torture affligeante qui avait élu domicile au sein de mon cœur. Ô Gaïa ! Pourquoi ton père avait-il choisi de me créer ce destin si complexe ? Où était la part de facilité qui aurait pu me transcender pour m'envoyer dans des lieux de bienêtre sans danger ? Peut-être que ce genre de choses n'existait pas... J'avais été choisi pour affronter des forces qui me dépassaient et à présent, j'allais devoir faire face à un cleptomane sans cœur. Hé bien soit ! Je ne reculerais pas face aux forces maléfiques qui régnaient en ces contrées maudites, je n'étais pas un lâche, maintenant je le savais ! Jamais plus je ne ferais demi-tour lorsque les événements ne me conviendraient pas, l'élu ne pouvait fondre comme une femmelette ! De plus, mon frère avait besoin de moi, il fallait que je le retrouvasse pour lui inculquer la voie de la sorcellerie et de la lumière.

(Tout ce que j'espère c'est qu'il ne me prendra pas pour un fou...)

Néanmoins, Helce décolla de manière plutôt rustre, faisant rebondir mes fesses sur un des ses os pointus... Cela n'avait rien de très excitant et c'était même plutôt douloureux, mais tout ce que je pouvais faire c'était serrer les dents et ignorer ce petit événement désagréable... Pauvre Griffon ! Il n'avait pas l'habitude de porter quelqu'un sur son dos alors comment connaître ce qui était agréable ou pas pour son monteur ? Dans tous les cas, je ne lui en voulais pas, je n'étais pas aussi bête pour croire qu'il avait fait exprès et d'ailleurs j'étais certain que ce n'était pas sa faute. Mais je pus m'apercevoir de quelque chose... La malchance ne m'avait toujours pas quitté et dès que je repris l'aventure une tuile me tomba sur la figure ! Oh ! Cela commençait à bien faire, une fois que toute cette mascarade sera terminée, je me précipiterai chez un puissant magicien pour repousser cette poisse destructrice !

(Avec un peu de chance, le shamane pourra m'aider dans mon malheur... Oups, j'avais oublié que le mot chance ne faisait plus partie de mon vocabulaire depuis que j'étais né... On fera sans !)

Le Griffon se dirigea vers le sud, une forêt dense se trouvait sous le corps du puissant animal... Les cimes des pins s'élevaient comme des aiguilles aiguisées, prêtes à nous piquer dans le but de nous assassiner dans d'atroces souffrances. Je me mis à me cramponner aux plumes de la créature, je frissonnais à l'idée de plonger dans une chute infiniment longue. Toutefois, Helce ne prit pas la peine de continuer dans cette direction et s'envola bien plus haut pour côtoyer les nuages. La température diminua même si ma sensibilité au froid s'était nettement affaiblie depuis que j'avais absorbé le fluide de glace mêlé à celui de Moura. Cela n'était pas pour me déplaire vu que la fraîcheur s'intensifiait à mesure que nous avancions dans les cieux environnants. Puis, oubliant ce petit problème, je me mis à rêvasser de ce voyage aérien, explorant les portes que cela m'ouvrait... Pouvais-je fondre sur le Gobelin et le démanteler à l'aide du Griffon ? Non ! Il ne me suivrait pas dans cette revanche absolue et d'ailleurs, je n'aurais pas apprécié cette vengeance. À vrai dire, je ne voulais pas que l'on me privât du bonheur d'utiliser mes dons sur ce résidu de l'humanité... Mais, d'un autre côté l'atterrissage aux côtés du Griffon aurait pu donner une certaine ampleur à ma personne ce qui pouvait être appréciable en cas de problème...
«Tu montes bien haut ! Où comptes-tu aller comme ça ?»

Puis, il fondit en piquet, pensant qu'il allait se jeter sur une proie en partie cachée par les arbres environnants. Je m'agrippai à lui, ne pouvant chasser de mon esprit l'horrible vision dans laquelle je pouvais examiner mon corps écrasé sur le sol... Je voyais la terre se rapprocher de moi à une vitesse extraordinaire, j'avais l'impression que toute ma vie défilait devant mes yeux. Toutefois, j'aurais dû faire bien plus confiance en Helce qui remonta vers les nuages avec une grâce extrême. Après tout ce que nous avions vécu ensemble, j'arrivais encore à douter de lui, j'étais vraiment si stupide ! Je m'en voulais tellement que j'aurais pu demander à quelqu'un de me flageller pour mon ignorance !
«Je suis désolé de ne pas te comprendre entièrement... Ma bêtise est incroyablement immense !»

Toutefois, le Griffon ne sembla pas tenir compte de ce que je venais de dire étant donné qu'il se mit à virevolter dans les airs... Je n'avais pas l'impression qu'il se souciait des terribles événements qui se déroulaient dans ces montagnes. Son insouciance m'exalta, j'aurais tant aimé avoir cette liberté qui avait fondu comme neige au soleil lorsque mes parents avaient été tués... Bref ! Je n'avais pas réellement envie de m'étendre sur ses actes douloureux car le moment était venu pour que je rejoignisse les autres... Même si l'idée ne m'enchantait pas trop, la Dame des rêves avait besoin de moi et de mes pouvoirs, je n'avais pas le droit de l'abandonner de la sorte !
«Helce, il faudrait que je retourne vers les mines... Qui sait dans quel pétrin les autres se sont encore mis ? Bien que je n'en aie pas vraiment envie, malheureusement, j'ai des devoirs...»

Mon chatchy bratty hocha la tête et pris un air sérieux, un air de baroudeur qui a fait du chemin dans sa vie et qui va s'asseoir à la taverne, un air de mercenaire qui en a vu. Il crache même par terre, comme pour se mettre encore plus dans la peau du personnage. Il m'incita en plus à faire comme lui par cette simple phrase :

« Tâche de pas avoir l’air trop intelligent. »

(C'est une blague ou quoi ? Moi j'ai naturellement la tronche d'un guerrier sans cervelle, pas besoin de faire des grimaces.)

J'en venais à m'insulter moi-même, Jakadi avec quand même un don pour mettre de l'humour dans les pires moments. Mais je ne voulais quand même pas laisser la phrase sans réponse pour autant :

"De toute façon, ils ne verront rien avec mon… Frakuk ! J'avais oublié l'aura noire ! Saleté d'Esprit de glovté !"

(Je ne vois pas en quoi je suis responsable de tes sauts de mémoire.)
(Ne fais pas l'innocent, je sais pertinemment que tu influence mes pensées, tu veux que j'oublie cette aura comme ça je t'oublie toi aussi. Tu tente ainsi de repousser le moment où je vais décider de te faire disparaître pour de bon ! Arrête tout de suite, cela nous peut nous mener à notre perte à tout les deux !)
(Premièrement tu ne peux pas me faire disparaître, sauf si tu te rends chez Oaxaca et deuxièmement ce n'est pas en faisant résonner ton crâne de tes pensées ou de tes insultes que je changerais de façon de faire. De toute façon je ne risque rien ici.)
(Ca, ni toi ni moi ne le savons vraiment, rien ne te dis que ma mort n'entraîneras pas la tienne.)

Il se tut ensuite, sûrement piqué par ce que je venais de révéler. J'avais semé le doute dans celui-là même qui voulait semer le doute en moi. L'ironie du sort est vraiment étrange.

"Bon, si jamais on rencontre des Garzoks ou des Sektegs, on leur dit que tu es venu me chercher de l'arrière-garde et que tu m'avais trouvé dans cet état, je leur raconterais bien un petit bobard pour qu'on nous laisse tranquille."

J'étais soulagé de m'être rendu compte de l'oubli avant que nous ne soyons partit mais en même temps je m'inquiétait : si l'Esprit continuait d'altérer mes pensée cela pourrait rapidement devenir dangereux.

(Je ne te ferais plus oublier que tu a mon aura, dans mon intérêt bien entendu.)

La nouvelle me surpris mais je ne voulais pas lui répondre, il y avait plus urgent. Je commença donc à avancer sur le sentier, cherchant des yeux un mouvement trahissant l'endroit où l'embuscade présumée aurait lieu. Rien d'alertant ne vint troubler notre ascension sur les premiers mètres en tout cas.

Bien… Ces ignorants de peaux-vertes avaient accepté sans geindre le plan de l’elfe, qui bien entendu leur faisait risquer un peu de leur vie, voire même beaucoup, mais n’était-ce pas de leur ressors de se sacrifier pour une cause commune ? Non bien entendu, ces êtres n’avaient rien d’altruiste, et si des milliers d’orcs et de gobelins mourraient sous les ordres d’Oaxaca, ça n’était pas par esprit de sacrifice, mais bien par peur, par crainte de cette puissance démoniaque. Ces races étaient couardes et faibles psychiquement. C’étaient des peuplades tribales qui ne reconnaissaient rien d’autre que la loi du plus fort, le joug d’un chef sur les autres… Et celui qui s’était montré le plus fort, le plus ambitieux, le plus parfait, le plus efficace jusqu’ici, c’était bel et bien Lindeniel. Il détenait moult informations dont ces crétins ne se doutaient même pas. Il avait su éclairer leur route et les prévenir d’un danger latent, il avait survécu seul dans les montagnes et avait réussi à les rattraper alors qu’ils pataugeaient minablement en s’entretuant lamentablement. C’était à Lindeniel que revenait le statut de chef. Il avait déjà scellé un pacte avec le Garzok, et celui-ci tenait aux liens du sang plus qu’à sa vie, probablement, puisqu’il n’avait jamais mis sa parole en doute, et cela même cerné de son aura démoniaque.

Le selteg en revanche était encore trop libre d’action. L’elfe blanc espérait qu’il se ferait massacrer rapidement par les guetteurs embusqués. Même si le petit geignard avait du se résoudre à accepter le plan de l’elfe, par manque de jugeote ou de réflexion pour en trouver un autre, il gratifia Lindeniel d’un geste pour le moins déplacé et outrageant, qui fit gronder l’esprit vif et acéré de l’Hiniön précieux.

(Crève, gobelin… Tu ne mérites même pas que ma lame s’abatte sur ta carcasse immonde…)

Son regard noir sur l’être vert reflétait on ne peut plus clairement le fond de sa pensée : il le détestait, et ne souhaitait qu’une chose : le voir mort. Qu’importe ce que cet imbécile brailleur aurait choisi comme voie, cachée ou découverte, Lindeniel aurait espéré qu’il soit assez malhabile pour se faire descendre sans avertissement.

Krochar fut donc suivi de son ‘mini-moi’ atrophié, et Lindeniel put enfin respirer autre chose que leur puanteur vomitive. La présence de l’humaine était presque un réconfort face à ces deux erreurs de la nature. Presque, cependant, puisque seul Lindeniel était capable de se satisfaire lui-même, les autres n’étant que d’abjects outils à son service. La rousse le rejoignit donc dans sa cachette, et chuchota un mot à l’attention de l’elfe blanc. Celui-ci ne se tourna même pas vers elle : son regard était dardé sur les deux incapables qui s’avançaient… Il répondit néanmoins à la demoiselle d’une voix impérieuse.

« Pour l’instant, nous n’allons nulle part. Laissons les avancer un peu pour créer la diversion, il n’est pas temps de nous faire repérer. Observons les avancer, et lorsqu’ils seront suffisamment écartés de nous, nous pourrons avancer à couvert. »

Il tourna la tête vers elle un instant pour voir si elle avait tout compris de ce qu’il avait dit, puis se reconcentra sur le chemin des deux bougres et sur l’arcade de pierre. Il ne pouvait louper le moindre mouvement, là-haut…

Mais en attendant, rien ne lui empêchait de parler à la paladine. Ça lui éviterait peut-être de trop penser. Et il avait tant de choses à lui dire…

« Écoutez, Glaya. Il me faut vous faire part de quelque chose. Vous voyez le petit Jakadi ? Il ne paie pas de mine, n’est-ce pas… Et pourtant, je suis intimement persuadé que cet être est maléfique en tous points. Voyez ça comme une intuition due à ma race, ou un signe que Zewen, mon dieu, me fait : ce petit nous causera des soucis, je le sens. Il est fondamentalement mauvais… »

L’elfe se tourna vers la rousse pour la percer du regard…

« Pas comme Krochar. C’est un bon bougre, pas très malin, mais utile. Son aura n’est que malédiction sur son être. Il n’est pas foncièrement mauvais. Mais le sekteg, lui… il prépare quelque chose. Il a déjà l’orque sous sa bannière, et visiblement, le magicien a été sa première victime. Faites attention à vous, Glaya, je vous en conjure. Et souvenez-vous de mes mots, je ne veux que votre bien… »

Un sourire glacial illumina le visage parfait de l’elfe blanc, qui reprit son observation.

« Me comprenez-vous, humaine ? »

Et voilà que le duo des brattys est courageusement parti en éclaireurs pour déblayer le terrain et jouer possiblement les chairs à canon si la situation dégénère pendant que la paladine en puissance –si ce n’est en fait- et le trou du cul blanc restent sur le bas-côté pour se faufiler bien tranquillement : ah tout de suite, les peaux-vertes n’ont pas le mauvais rôle comparé à ces autres races soi-disant plus pures et plus élevées qui trouvent en réalité un bien triste représentant en la personne de Lindeniel le pleutre orgueilleux. Pour Glaya, je crois qu’on peut en revanche se montrer plus clément et dire que la bougresse qui n’est pas une mauvaise bougresse agit principalement en étant motivée par l’idée de bien commun et n’hésiterait certainement pas à se précipiter à notre rescousse le sabre au clair si jamais les choses devenaient un peu trop chaudes pour les pauvres hères vaillants mais las que nous sommes, contrairement à l’hiniön qui se gausserait joyeusement de nous voir passer de vie à trépas sous ses yeux chafouins d’infâme crapule crapuleuse.
Enfin bon, faisons contre mauvaise fortune bon cœur plutôt que de s’apitoyer sur son sort ; mieux vaut assumer bravement la fonction ingrate à laquelle moi et Krochar avons bien dû nous soumettre pour que ce qui reste de notre équipée ait des chances d’arriver jusqu’à cette fichue Porte des Rêves de mes deux en un seul morceau histoire qu’on puisse mettre un terme à toute cette mascarade de cauchemars à la noix ! Et pour cela, rien de plus adapté afin de progresser sans nous faire flécher à vue que de revêtir les habiles masques d’une paire de beaux abrutis en grimant notre excellence naturelle de manière à nous fondre dans la masse des armées de la Catin Noire dont les effectifs ne doivent pas briller par leur intelligence si je me fie à ma propre expérience.

Mais voilà que mon coéquipier musculeux, à peine notre entreprise commencée, arrête tout pour porter à mon attention une donnée que j’aurais en réalité bien été en peine de ne pas remarquer tant cette chape de ténèbres dont il est recouvert est visible à cent lieues à la ronde, raison pour laquelle je n’ai d’ailleurs pas fait de remarques quant à sa participation à la marche en première ligne : non seulement il n’aurait très probablement jamais voulu rester en tant que vulgaire observateur pendant que d’autres se coltineraient les risques, mais en plus, il n’aurait pas été d’une discrétion exemplaire pour se couler dans les ombres à l’instar des deux autres. Ce n’est pas pour rien que je n’ai pas mentionné cette complication, car même si on venait à nous poser des questions sur un bazar pareil, il suffirait d’inventer une histoire, même une histoire à deux balles. Par exemple qu’il serait tombé sur une espèce d’artefact contenant cet esprit qui l’aurait possédé ; d’ailleurs, on pourra même dire qu’on retournait au bercail pour voir ce que les autres pouvaient faire quant à cet état certes sacrément avantageux physiquement –mes côtes s’en souviennent encore !- mais diablement préoccupant.
Quoi qu’il en soit, je le fixe sans faire montre de condescendance ou d’agacement prétentieux puisque je ne m’appelle pas Lindeniel, écoutant attentivement le prétexte dont il pourrait avoir l’idée de son côté pour nous innocenter aux yeux des troupes ennemies que nous viendrons à rencontrer. Et effectivement, l’idée n’est pas trop mauvaise : encore une fois, c’est à moi de me coltiner le gros du travail dès que les ennuis arrivent, mais bon, que voulez vous, c’est ça quand on est un parangon d’astuce ; tout le monde en vient à se reposer sur vous !

« Ça marche ! T’inquiète, avec le bazar qu’on a sur nous, on aura bien l’air du genre à tripoter tout ce qu’on trouve alors ça fera crédible ! » Lui réponds-je à vois basse avec un clin d’œil confiant histoire de le mettre un peu en confiance même si je ne suis pas follement enthousiaste de mon côté. « Allez maintenant, on se met dans le rôle ! »

Et pour lui montrer la marche à suivre, j’adopte une démarche précipitée, prenant l’air de quelqu’un auquel il manque une case et qui n’est pas capable de se tenir tranquille (oh, pas difficile à faire alors), surtout quand il est enquiquiné par des interférences mentales indésirables (tss), de manière à avoir parfaitement l’air du parfait stéréotype d’un sekteg abruti, pleutre et à fleur de peau. C’est évidemment assez triste que je doive me donner une apparence pareille alors que mon plus cher désir est justement de briser de telles conceptions que d’autres pourraient se faire, mais il faut bien faire quelques sacrifices pour une bonne cause : après tout, ce n’est pas maintenant que je me suis trouvé deux personnes amicales à mon égard que je vais me priver de leur montrer de quel bois un gars de ma trempe est fait en me mettant à faire la mauvaise tête et à les laisser tomber !
Cela dit, j’ai beau me montrer optimiste, c’est vrai que je ne suis pas rassuré vu qu’avec ce qui nous est tombé dessus jusqu’ici niveau emmerdes naturelles et surnaturelles, je m’attends à tout et n’importe quoi au niveau de ce qui pourrait surgir de ces reliefs accidentés alentours pour nous réduire en charpie : et si les sektegs et autres espèces diverses qui abondent dans les parages se montraient d’entrée de jeu hostiles et nous sautaient dessus à bras raccourcis pour taper d’abord et parler ensuite ? Et s'ls avaient été supprimés par autre chose, comme ces créatures infernales mentionnées dans le journal intime sur les funestes évènements ayant frappé le village que nous venons de quitter ? Et si… et si j’arrêtais de penser à tout ça de façon à éviter de me faire une névrose et que je me concentrais davantage sur la fausse identité que je me dois de me construire le plus habilement possible afin que je puisse au moins me targuer d’avoir bien suivi le plan en vigueur si jamais nous en venions à nous retrouver dans le pétrin ? Ouais, allez, courage Jakadi, et si jamais les grands méchants se mettent à faire du vilain, moi et Krochar saurons dûment les recevoir pour leur montrer de quel côté ceux qui vont l’emporter se trouvent !

Krochar et Jakadi :
Le trajet se déroule tranquillement et l'arcade se présente au loin, comme sculpture brute qui jaillit de la montagne. Aucune présence ne se fait ressentir avant que vous ne soyez à une vingtaine de mètres de l'arcade. Vous pouvez voir que plusieurs pas au delà de l'arcade se trouve une porte de pierre aux dimensions illustrant le paradoxe entre le savoir artisanal des nains et leur taille. Elle est couverte des gravures vieillies par le temps et érodées par la pluie, mais la majesté de l'ouvrage se ressent d'ici.

Mais plus qu'une porte, c'est une voix qui vous surprend. Dans ce chemin aux creux des montagnes, une voix au timbre résolument humain déclame une étrange poésie.

"Je me fais battre sans céder
Et suis facile à briser

Je suis source de lumière
Mais je peux vous occire
Si tu ne tire pas ça au clair,
tu as intérêt à me tenir."

Avec les échos et les rochers offrant de nombreuses possibilités de cachettes, il est dur de savoir où se trouve la personne.


Lindeniel :
Glaya manque de couper la parole à Lindeniel quand il parle de rester sur place, mais son discours impérieux l'incite à se taire en attendant la fin. Elle suit donc les instructions en un premier temps, guettant le moment de sortir de l'ombre. Elle écoute alors de manière distraite les explications de l'elfe sur Jakadi, mais l'avalanche d'arguments (fondés ou non) la noie dans une perplexité qui se ressent dans une expression d'indécision et de stupidité qui flotte sur son visage à la suite de ces réflexions.

"Je sais pas, il n'a pas l'air méchant, mais c'est vrai que ceux de sa race sont très prompts aux mauvais coups. Je ferais attention."

Puis d'un air énervé, elle se met en marche, courbée, pour rejoindre les rochers du Terril et les escalader pour rejoindre les autres en passant par en haut.

"Ils sont assez loin, allons-y."

C'est à peu près à ce moment que l'écho du poème étrange parvient à vos oreilles, même si il est bien plus faible que ce qu'a entendu Jakadi et Krochar.


Kerkan :
Helce, semblant comprendre tes paroles, se laisse guider et par tes gestes, il s'approche du chemin que les autres avaient pris. Au loin, tu aperçois deux silhouettes verte et noire proches d'une arcade, mais tu es encore loin et haut, si bien que tu ne sais pas trop ce qui se passe.