Beuh, j’aime pas ça là, j’aime vraiment pas ça ! Toutes ces anfractuosités montagneuses qui sont autant de cachettes potentielles desquelles un saligaud mal intentionné pourrait jaillir à tout moment, ça me fiche sincèrement les jetons : on peut me traiter de parano, mais foi de Jakadi, y’a vraiment quelque chose de pas chouette dans l’atmosphère, et ça me met les nerfs en pelote ! Le seul point positif avec ça, c’est que je n’ai au moins pas trop besoin de faire d’efforts pour avoir l’air d’un larron crochu et fouineur avec mes yeux sans arrêt en mouvements et ma tête que je ne peux empêcher de laisser se tourner dans tous les sens, croyant à chaque moment voir une tête dépasser ou une lame étinceler. En plus, combiné avec le manque de repos qui m’empêche de voir aussi clairement que d’habitude, mon imagination est d’autant plus exacerbée, et si je n’avais pas la présence à la fois rassurante et menaçante de Krochar à mes côtés, je me demande si je ne serais pas déjà sorti de mes gonds !
(Calme toi Jak’, on dirait un rat névrosé ! - Calme toi, calme toi ! C’est facile à dire ça ! Cet endroit me fiche les jetons ! - Hé bien justement : ce n’est pas en montrant que tu as peur que ça s’arrangera. Prends sur toi !)
« Et si t’es pas content, c’est pareil » quoi. Pas super réjouissant comme perspective, mais il faut reconnaître que Minil’ a une fois de plus raison : ça ne sert à rien de s’épuiser à détecter des menaces inexistantes, alors autant que je fasse de mon mieux pour faire bonne figure plutôt que de me pisser dessus de trouille ! Mais bon, quand même, je crois que même l’aventurier le plus expérimenté ne pourrait pas considérer notre parcours comme une promenade de santé : ne l’oublions pas, nous approchons de la Porte des Rêves, une espèce de machin (je sais, c’est très clair) aux pouvoirs inconnus où on ne sait pas ce qui pourra bien nous tomber dessus ! En plus, le soleil levant jette sur le peu réjouissant paysage des ombres inquiétantes, et la nature qui commence à s’éveiller fait bruire les environs de divers sons. Ceux-ci, loin de paraître rassurants, m’apparaissent comme la rumeur d’un monde que nous sommes en train de quitter pour en rejoindre un autre aux lois oniriques démentielles, la nature elle-même semblant se transmuer devant l’édifice incroyablement massif qui se profile devant les deux cafards que nous sommes en comparaison. Par Yumni, c’est pas possible qu’un édifice d’un tel gabarit ait été mis sur pied par des torkins : on dirait plutôt que c’est le fait une race de géants de plusieurs mètres de haut qui se seraient mis en tête de construire une belle allée pour marquer l’entrée de leur territoire. Je vous jure, même la porte fait une taille pas possible, le machin étant suffisamment haut pour accueillir au bas mot cinq sektegs juchés sur les épaules les uns des autres ; c’est dément ! Au moins, moi qui voulais m’ouvrir à d’autres horizons en quittant les cavernes glauques de mon enfance, on peut dire qu’en voilà qui me sont servis sur un plateau d’argent, et il faudrait à la longue voir à ce que je ne subisse pas une indigestion de nouveautés à force !
Mais tout à coup, un bruit qui sort de l’ordinaire me surprend à un tel point que je suis agité d’un sursaut si violent qu’on pourrait croire que mes os vont tout à coup jaillir de ma peau sous le choc, éventualité morbide qui ne se produit bien évidemment et heureusement pas. De son côté, mon gatch bratty se montre beaucoup plus placide, se contentant d’observer une immobilité réflexive, ses sourcils froncés en signe de perplexité alors que je me tords le cou aux quatre points cardinaux dans le but de détecter l’histrion qui nous déclame ainsi sa poésie, mes rechercher rapides se concluant hélas par un échec catégorique, me contraignant ainsi à me tenir sage pendant que les vers s’enchaînent. Pas des très beaux vers d’ailleurs. Ça rime peut-être, mais le nombre de pieds de vers en vers n’est même pas le même, les sonorités ne vont pas très harmonieusement les unes avec les autres, et les rimes ne sont rien d’autres que des rimes simples. En un mot comme en cent, je suis sûr que j’aurais pu faire mieux !
(Redescends sur terre grand ménestrel, et sers toi de ta tête.)
Rhalala, oui bon, ce n’est pas de ma faute si c’était très mal fait, et le pire, c’est que c’est dans cette production d’écrivaillon que se trouve la solution pour notre billet d’introduction à travers ce portail dont la taille dépasse l’imagination, tout comme sur ce chemin avant le village des nains, où la résolution de notre immobilisation se trouvait dans le fond de vers à la con ! Décidément, pour un peuple aussi rustre, les torkins ont l’air d’avoir la rime plutôt facile, et ça m’énerve : que Thimoros emporte quiconque a inventé ce couplet, et que la foudre de Valyus s’abatte sur le petit malin qui nous les a sortis, bien à l’abri au sein des roches sans rien avoir à craindre de nous qui sommes trop occupés à nous creuser la cervelle pour nous préoccuper de nous livrer à une fouille en règle des environs, d’autant plus qu’il n’est pas improbable qu’un mouvement suspect de notre part nous attirerait vite fait une embuscade !
« M’omnk. » (((Moi non plus.))) Marmonné-je lugubrement en réponse au grommellement de mon compagnon qui partage le même état d’esprit que moi quant à notre situation emplie de complications.
Ahr, c’est vrai quoi, j’ai beau me retourner le cerveau encore et encore sous mes réflexions, je n’arrive à rien trouver de probant qui puisse coller au descriptif de ce curieux élément que nous devons apparemment deviner pour pouvoir poursuivre notre avancée sans danger. Je me dirais bien que tout ça n’est que foutaises de petits malins qui n’ont pour unique but que de nous casser les pieds, mais après avoir vu ce que j’ai vu ces derniers jours, on comprendra que je veuille prendre ce qui m’arrive avec des pincettes histoire d’éviter de me prendre une énième catastrophe sur le coin de la figure. Décidément, à force d’aller de position épineuse en position épineuse, notre quête m’apparaît davantage comme une mésaventure que comme une aventure, et une fois que tout ce bazar sera fini, j’espère que je pourrai voguer vers des cieux plus cléments que cette série de casse-tête entrecoupés d’épreuves de force bien ardues à supporter pour moi ! Mais bon, pour l’heure, revenons-en à l’énigme : « suis facile à briser », « Je suis source de lumière, Mais je peux vous occire »… pfou, je sais pas pour vous, mais le mieux que je puisse trouver pour ça, c’est le verre. Je sais, ça ne colle pas du tout, et si c’est la bonne réponse, je suis un hiniön, mais je ne suis pas un érudit moi, les questions aussi alambiquées, c’est pas mon truc ! Je suis un gars simple, avec des goûts simples, des objectifs simples et des idées simples, et même si je ne suis pas non plus un butor complètement dénué de culture, c’est loin d’être moi le plus indiqué pour résoudre ce genre de cas !
Ah mais kswi, si on n’arrive pas à le résoudre, ça veut dire qu’il va falloir demander de l’aide à Glaya (ça encore ça va, même si je ne suis pas sûr qu’elle pourrait se montrer bien plus brillante que moi), mais surtout à Lindeniel que je ne pourrai pas supporter d’entendre à nouveau caqueter pendant trois plombes avant de se décider à faire quelque chose d’utile ! Ah non, non, non, vraiment, maintenant qu’on a pu mettre un peu de distance entre nous et lui, il faut faire de notre mieux pour la conserver, et dans ce but, trouver la réplique à cette poésie de malheur ! Mais alors que mon cerveau s’agite à un tel point qu’on doit pouvoir en percevoir les mouvements sous mon crâne, voilà que la lumière se fait au sein des ténèbres de l’indécision, celle-ci provenant, par un intéressant paradoxe, de l’être qui est justement entouré d’obscurité, et dont la conclusion est d’une brillante simplicité que je le fixe avec un air d’incrédulité peint sur le visage. Bon sang de bonsoir, le bougre a mis exactement dans le mille, car si l’on reprend chacun des vers, sa réponse colle le plus parfaitement du monde, et il ne fait pas l’ombre d’un doute que c’est la solution attendue ! Hé ben, dire que les garzoks ont une réputation solidement ancrée de cogneurs sans cervelle, en voilà un qui démontre que ces tristes ragots ne sont que foutaises sans fondement pour avoir dégoté la clé du problème en quelques minutes à peine !
« C’est génial ! » Lui réponds-je avec un sourire suffisamment large pour avaler une tortue tout rond en m’approchant de lui pour le féliciter d’une bonne tape dans la main, faisant fi des longues griffes qui ornent celle-ci. « C’est exactement ça ! Allons y mais soyons toujours prudents. »
Et sur ces mots subrepticement glissés, je repars derechef en direction de la grande porte, un air d’insouciance ravie peint sur mes traits afin de tromper des ennemis si ennemis il y a, agitant les mains en rythme alors que je fredonne une comptine improvisée pour délivrer la fruit des réflexions de Krochar, sans bien sûr cesser d’avoir les yeux et les oreilles aux aguets ; on ne me la fait pas à moi !
« Ruez, battez, cognez, enragez, vous ne ferez que l’encourager, car loin de l’amenuiser, vous allez le galvaniser. Le Rythme ! »
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
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