La femme se tourne alors vers toi, terrifiée. Te prenant les épaules et t’agitant comme un prunier, elle te dit d’un ton paniqué :

« Elle ne veut pas partir, elle veut te parler ! Elle ne veut pas comprendre ! Mais il ne faut pas…non…surtout pas ! Les morts ne doivent pas parler ! »

Relâchant ton étreinte, la femme se tourne vers le coté sud de la route, puis tend ses mains comme si elle voulait relancer un sort.

(Voilà autre chose, elle parle aux morts maintenant.)

Je ne sais trop quoi penser. Est-ce qu'il y a vraiment un mort qui parle dans les environs, ou est-ce une invention ?
Je n'aime pas du tout cette sensation de ne rien contrôler, je ne peux pas me battre contre quelque chose que je ne vois pas. Dans ces cas là, il n'y a qu'une seule solution, la fuite. La belette l'a bien compris elle.

La femme s'apprête à relancer un sort sur je ne sais quoi. Sur un mort, ou plutôt une morte, qui veut me parler. Mais pourquoi moi ?...

Le choc m'assome presque. La pensée qui vient de me traverser l'esprit me laisse abasourdi une fraction de seconde. Puis je réagis d'un seul coup, sans réfléchir. J'attrape la femme fermement et la pousse vers son cheval en criant presque.

« Laisse-moi lui parler ! »

Je m'approche alors lentement de l'endroit où la cavalière tendait ses mains. Peu importe ce qu'il peut m'arriver, si j'ai une chance de pourvoir leur parler, je compte bien la saisir...

Le ciel commence à s’assombrir et tu décèles comme une aura magique inquiétante, bien que tu ne saches d’où elle sort. Tu sens alors monter en toi une étrange tristesse, mais ce n’est pas la tienne, comme lorsque Inn t’insuffle des sentiments.

La femme te tire soudainement le bras pour te ramener près du cheval.

« Non, il ne faut jamais écouter les morts ! Ils sont dangereux ! Ils vous manipulent ! Ils n’ont rien à faire parmi les vivants ! »

La folle concentre à nouveau de l’énergie magique dans ses mains, qui commencent à irradier une lumière blanche, de plus en plus intense.

« Retourne au royaume de Phaïtos ! »

Si triste...je me sens si mal tout d'un coup. Non, ce n'est pas ça que je voulais. Pourquoi je ne peux pas leur parler ?...Je voudrai tant que ce soit l'une d'elle...Mes amours...perdus...
Mais si les morts peuvent parler, je dois pouvoir les retrouver, il faut que je sache comment. Submergé par l'effroyable sentiment que me proccure cette pensée, je manque de m'affaler au sol. La voix de la cavalière n'est qu'une gène que je ne veux pas entendre.

Alors que je me laisse aller à ma tristesse une colère qui n'est pas la mienne me fait l'impression d'une giffle. Je reconnais Inn tout de suite et je sens sa colère se battre en moi contre cette mélencolie que je ressentais juste à l'instant...Mais c'est contre moi que je suis en colère...

(Elles sont mortes...mortes...Je ne les reverrai jamais un point c'est tout.)

La réalité est si difficile a accepter...
Je sors lentement de ma torpeur pour m'appercevoir que la folle est toujours en train d'essayer de chasser le mort. La colère d'Inn m'emplie. Je crie.

« JE NE VEUX PAS...TE...PARLER »

Ma respiration s'accélaire alors qu'une envie de frapper n'importe quoi s'empart de moi.

Au moment où tu prononces ces paroles, le ciel s’illumine de nouveau et les ombres disparaissent tandis que le vent tombe petit à petit. La femme retient alors son énergie magique dans ses mains, abandonnant le lancement de son sort. Elle tombe alors à genoux et se remet à sangloter…

« Ils me suivent…Ils me suivent car je les entends…Jamais il ne me laisseront en paix… »

Le froid et la tristesse s'estompent. Ma colère s'apaise un peu, mais je m'en veux toujours. Cette femme a raison, les morts n'ont rien a faire parmis les vivants. Je n'aurai pas du agir ainsi...mais j'aurai tant voulu leur parler, encore une fois...
La lumière disparaît alors que je secoue imperceptiblement la tête pour chasser les pensées que je ne voudrai pas avoir. Inn s'est calmé elle aussi. Je la remercie mentalement, sans elle je n'aurai pas pu réagir ainsi. Elle existe vraiment au moins, et elle est toujours avec moi.

J'écoute la cavalière qui se met à sangloter.
(Si ce qu'elle dit est vrai, il y a effectivement de quoi devenir fou...)
Et d'après ce que je vois elle ne ment pas. Je ne peux pas croire qu'elle ai créé cette ambiance malsaine elle-même. Et elle a vraiment l'air affectée.

(Mais pourquoi j'ai accepté de la suivre ?...)

Je retourne vers la femme. Je n'ai pas la moindre envie de rester dans les parages, il faut avancer. Quand je m'adresse à la cavalière ma voix est plus froide que je ne l'aurai voulu.
« Aller vient, on ne va pas rester ici. Je vais marcher un moment pour que ton cheval se repose. »

Sans plus attendre je me mets en route vers Yarthiss.

L’humaine part à tes côtés vers la ville sans un mot. Mouche lui, fait maintenant le fou pour se défouler. La monture te montre un petit spectacle de cabrioles, ruades, piaffers* et des départs aux galops d’un seul coup. Vous marchez pendant trois quarts d’heure, tranquillement, sans un bruit. Le soleil, lui, arrive au zénith quand vous arrivez à Yarthiss.

(((piaffiers* : air de haute école. Cette figure relever qui est faite a partir du trot même. Le cheval avance très peu... On peut dire qu'il danse)))

Le voyage vers Yarthiss se déroule sans autre incident. Je finis par enlever mes griffes, un peu avant d'arriver en ville. Ce qu'il s'est passé dans la forêt ne cesse de me trotter dans la tête. Que va-t-il se passer à Mertar ? Est-ce que je vais encore devoir faire face à ce genre de danger que je ne peux ni voir ni comprendre ?...

Quand nous arrivons à la lisière de la forêt, Inn s'arrête et reste à couvert des arbres. Mais je la sens toujours dans mon esprit et je sais qu'elle me rejoindra à la première occasion. Le soleil est maintenant haut dans le ciel. Il reste assez de jour pour bien entamer la route vers Yarthiss. Mais après tout, je ne sais pas quelle route compte prendre la cavalière.

Alors que nous entrons en ville je demande :
« Il faut s'arrêter où nous pouvons continuer tout de suite. »

La femme scrute les rues comme si elle y cherchait quelque chose, tandis que Mouche se rue vers une petite fontaine pour s’abreuver bruyamment.

« La ville est sûre, les esprits n’aiment pas se manifester dans les foules. Mais les hommes sont dangereux aussi. Puis n’oublie pas qu’elle nous observe. »

Toujours aussi anxieuse, ta compagne de route semble bien reconnaître le quartier et se dirige d’un pas sûr vers l’auberge.

« Mouche nous retrouvera à la sortie de la ville. Il a peur des étrangers. »

Le lieu est fort animé, et vraiment bondé. Un troubadour joue de la viole en chantant gaiement, tandis qu’une quinzaine de clients, dans des états plus ou moins imbibés, boivent et mangent en parlant fort. Une table est encore disponible au fond près de la pièce d’aisances.

La cavalière ne répond pas explicitement à ma question mais quand elle prend le chemin de l'auberge je comprends vite qu'elle compte s'arrêter un moment en ville. L'auberge bonder ne m'inspire pas le moins du monde et je préfèrerai pouvoir partir le plus rapidement possible d'ici.

« Tu as vraiment envie de manger ici ? »

En disant cela je pense à la viande fumée et aux baies qui se trouvent dans ma besace. Je peux tout à fait me passer d'une halte en ville.

La jeune femme te regarde et te dit :

« Je vais prendre quelques chose à manger que je peux emporter et nous repartirons… Hum… Tu veux quelque chose ? »

Elle se dirige vers la bar de l’auberge et demande à l’aubergiste du pain et de la viande fumée. Celui-ci va dans la cuisine et ramène un verre de vin à l’humaine. Après quelques minutes, il revient et donne ce que la jeune femme lui avait commandé…

Je crois que c'est la première fois depuis que j'ai rencontrer cette femme que je lui trouve une attitude plutôt normal. Quand elle me demande si j'ai besoin de quelque chose je réponds négativement. J'ai dans ma besace assez de nourriture pour trois jours.
Quand elle reviens avec ses provisions je demande :

« On peut y aller ? »

La femme te regarde dans les yeux quelques instants de ses grandes mirettes brunes ornées de cernes, comme si elle lisait quelque chose en toi…Sans mot dire, elle sort alors de l’auberge , tremblante comme une feuille. Une fois dehors, elle commence à sangloter comme d’accoutumée, restant de dos par rapport à toi.

« Désolée…je ne savais pas… »

Mais sans te laisser répondre, elle change en une seconde d’attitude et se remet à marcher vers la sortie de la ville en te lâchant laconiquement :

« Partons »

Quand elle me fixe j'ai la désagréable impression qu'elle peut lire en moi. Presque comme Elle. La cavavalière recommence alors à trembler, comme dans la forêt. Qu'a-t-elle vu ? Un autre esprit rôde dans les parrages ? Mais c'est sa réflexion que je ne suis pas sûr de comprendre...A moins que je n'ai pas envie de comprendre. Elle s'adresse a moi.

(Est-ce ce qu'elle aurait vu en moi qui la met dans cette état ? Peut-elle vraiment voir en moi ?...)

La perspective de voyager avec une personne capable de voir ce que je pense ne m'inspire guère. Mais si je voulais réagir c'est trop tard. Elle a déjà changé d'attitude et annoncé le départ. Je la suis donc vers la sortie de la ville, sans prononcer un mot...

(J'ai trop de morts dans la tête...)

(((Rp libre)))

Vous repartez de Yarthiss (12h30), toi et Glaya, et vous vous dirigez vers Tulorim. L’humaine souhaite arriver sur Tulorim avant la fin de la nuit en fonçant au galop.

(Pour toute réaction de Glaya, Mouche ou de la mystérieuse sacoche, à demander aux GM’s)