Bölin s'étant armé du pignon se prit pour passion d'user avec habile raison l'objet dans sa base initiale et, quand icelui se mit à l'action, son art se révela avec noble abnégation devant les yeux fatigués d'un elfe oscillant par-delà la lumière et les ténèbres et un humain fort de son charme et aussi droit que l'épée qu'il avait à la ceinture. Ne disons-nous pas que le plus savant bretteur est celui dont on ne voit jamais la lame dégainée ? Méfiance et confiance, là était la question sur laquelle il fallait méditer. La machine rassasiée, ses deux chaînes tels deux serpents ayant vu le ratissa rentrèrent dans le corps de la statue ; leurs bruits strident quoique fort calme laissait planer un sentiment de mystère quant à ce qu'il allait se passer en suite. L'horrible scène, le bien sanglant spectacle qui s'abattit devant leurs yeux ébahies car sanglant était bien le mot ; le sang coula à flot des orifices ou feu les chaînes. Par chance, les deux 'grands', à l'aide des capes solaires, purent sans mal évité l'insane pluie ; il y avait même mieux: le sang qui arrivait sur les capes étaient absorbés, ou alors on ne les voyait plus à cause de la couleur desdits artefacts magique. Un petit je ne sais quoi était tombé de la marre de sang, cette fois-ci pas devant notre ami Bölin mais devant Amaryliel. Cette petite chose était une clé magnifiquement ouvragée où un rubis était incrusté à l'intérieur, une belle pièce assurément mais où allait-elle ? Pertinente question qu'Amaryliel posa d'une autre manière.
« Nous avons la clé mais pas la solution. »
Arrêtons-nous là, juste un instant, s'il vous plait. Avoir la clé, ce n'était pas avoir la solution ? Amaryliel tenta quelque chose qu'il n'avait jamais osé en presque quatre vingt dix ans d'existence... de l'humour. Mais soit, lui même ne rit point à sa remarque et se contenta de poursuivre son discours de manière plate et stoïque.
« La clé est bien petite, vous ne trouvez pas ? Oh, peu importe. Nous avançons, c'est le point essentiel. »
Après s'être rassuré lui-même et avoir informé de manière officielle ses deux compères sur la clé, il se rallongea un instant vers la statue – le sang avait déjà disparu aux alentours de l'homme-statue -, il y posa la tête de manière négligé car il avait un soupçon, il avait entendu quelque chose après l'opération du nain. (Cet édifice vivrait-il ?), la supposition venait de sa pensée ; le sang-mêlé se demanda si la statue vivait car il y entendit des roulements, des craquements ainsi que d'autres bruits suspects. C'était bien évidement les mécanismes qui s'étaient réactivés grâce au pignon et au bon soin du nain ; mais ne détruisons pas la partie magique de notre elfe et laissons-le penser que l'homme-statue vit.
Cornélius l'avait compris car à peine le sang ayant fini de couler, l'humain était déjà devant les menottes pour les tirer. Certaines choses ne se disaient pas dans le groupe, cependant, il y régnait une sorte d'harmonie de fortune car dès qu'un des droits découvraient quelque choses, il y avait et avec peu de mots les deux autres qui s'afferraient à une application liée à la trouvaille. Cornélius aux menottes, Bölin à la machine et Amaryliel... à l'écoute de celle-ci.
Le premier essai débutait, Cor' tira soignement la manivelle droite et... dans un bruit sourd ou le métal rencontra la pierre, il ne se passa rien. Rien de surprenant, la menotte reprit sa place initiale ; Bölin n'avait rien à faire, il voyait les rouages tournant de la même manière. Amaryliel lui par contre, entendit une sorte de bruit bizarre, un sifflement venant de l'interieur ; il se chargea de le dire aux autres. Ainsi, notre humain continua avec la menotte droite pour avoir la confirmation dudit bruit que le sindel avait entendu. Même opération, même bruit, même réaction. Il fallait essayer avec la menotte gauche maintenant. C'était ce que Cornélius fit ; il l'empoigna avec force et tira contre lui-même l'objet en question. Tous s'attendaient à un bruit différent, une opération différente mais rien n'y fit: c'était la même chose. (Je... je demande encore une écoute je pense, j'ai peut-être mal entendu.) La pensée tourna en parole car c'est ce que Amaryliel dit. Cornélius s'éxecuta sobrement pour la deuxième tentative pour la menotte gauche ; avec la même habilité, il tira sur la chaîne et cette fois-ci une autre chose se produisit. Côté Amaryliel d'abord : l'elfe entendit un bruit différent, une sorte de « tac » très faible puis après l'arrêt complet du mécanisme que Bölin admirait, d'ailleurs, le nain voyait aussi le pignon tombé vers lui. Cornélius, quant à lui, vit - ou plutôt ne vit pas – la chaine remontée vers la bouche ; celle-ci restait pendante et même si l'on tirait dessus, rien ne la faisait changer de statut.
Bölin eut la sagesse de remettre le pignon à sa place et par miracle – ou juste par pure réinitialisation – tout fonctionnait de nouveau comme avant le « tac » ; les trois ne prirent pas beaucoup de temps avant de comprendre que l'arrêt complet de la machine était une « erreur à ne plus commettre ». Et Amaryliel commença à cogiter sur le mode opératoire et sur la réponse à la potentielle énigme que le « défi des menottes » pouvait être ; il pensa donc à l'ordre où la machine ne s'arrêta pas.
( Deux fois à droite et une fois à gauche, si ce n'était à gauche la seconde fois, c'était donc à droite.)
« Monsieur Cornélius, à droite la prochaine fois. Si nous résumons, l'ordre devient deux fois à droite, une fois à gauche puis une fois à droite. Espérons que nous aurons pas à agir ainsi tout le temps. Inutile de vous dire ce que vous avez à faire, vous l'aviez certainement déjà deviné. »
Après son hochement de tête, Cornélius répéta la manoeuvre. Tout se passa correctement pour les trois premiers mouvements et à la venue du quatrième tout le monde retint son souffle, tous désiraient une bonne action de la part de la machine. Les coeurs tremblaient dans le désespoir d'une perte certaine, se dégageant des sarments de la terrible peine qu'aucune réponse ne tomberait du ciel artificiel. Par chance, nulles blessures, nuls pièges, nuls parjures, point de « tac » non-plus mais une sorte de « tic » se fit entendre après que Cornélius en eut fini avec la menotte qui se scella encore plus rapidement dans le sol ; chose étrange, les bigarrés rouages s'étaient arrêtés aussi. D'où venait donc le bruit ferme qu'était le « tic » ? Cornélius l'avait devant les yeux. Toutes la finesse de la phrase se tenait dans le « devant les yeux », il avait devant ses yeux des yeux ouverts dont un, le gauche, possédait une fente où l'on pouvait y insérer...
« La clé. » Dit froidement Amaryliel en ouvrant la paume de sa main. Il sortit le bel objet et s'adonna à la mise en place de celle-ci dans sa fente – enfin, ils l'espéraient tous. -. La clé s'emboita à merveille et pénétra sans bruit l'orifice de la statue-homme ; Amaryliel la tourna doucement et avec délicatesse. Rien d'extraordinaire, par contre, on ne pouvait plus la retirer. Qu'avait-elle actionné, la porte ? Non, elle ne bougea pas d'un cil. La clé enclencha une autre porte, très petite vis à vis de celle que nos compagnons voulaient ouvrir, la porte du coeur de l'homme-statue.
Les trois regardèrent avec le même oeil que la dernière fois la zone en attendant qu'un des trois y place la main ; piège ou non, notre elfe s'opéra de cette tache car dans le coeur de l'édifice, gisait un morceau de papier qu'il ouvrit délicatement et se mit à lire sans difficulté avec sa petite voix:
« Mes félicitations. Mais vous n'avez strictement rien fait. Lisez donc ceci et vous obtiendrez la solution à vos malheurs.
« Quoiqu'il arrive cette porte restera fermée, vous êtes condamnés après lecture de ce parchemin. Cependant, vous avez le droit à une dernière faveur avant que la porte ne soit scellée. Si votre parole s'avère judicieuse vous rentrerai chez vous, si celle-ci est fausse, vous resterez à vie coincé ici. »
Attention, après la lecture de ce parchemin, la première phrase sera exécutive. »
Qu'est-ce que tout cela voulait bien dire ? Ils avaient travaillé pour rien du tout, ou presque car leur destin reposait sur une phrase. De plus tout leurs efforts furent vains ! Les trois se regardèrent de façon acide ; qui allait prononcer leurs châtiments ? Amaryliel replia avec distinction le parchemin, son regard n'avait pas changé même vis à vis de cette parole... malgré la gravité de la situation, il y avait une faille et il mit tout en œuvre pour la trouver. Tout les trahirent, la voix, les yeux calme mais en feu. L'espoir n'était presque plus, il régnait un sentiment d'échec ; ils fuyèrent la violence pour se retrancher dans un silence mélodieux et, tous se souvinrent avec quelle foi ils furent engagés dans ce périple odieux. Amaryliel se lança calmement devant la porte et s'inclina dans le vide, il se mit à genou et commença à bouger les lèvres sans parler.
(Moi, Amaryliel. Ai-je ma place ici ? Protégez-moi, vous qui êtes plus que ma chair, plus que mon sang, plus que mon âme. Nous sommes des pantins mais tant que nous ne daignons pas à voir les fils au-dessus de nous, nous pouvons lutter. Tu es trop calme pour être normal, tout le monde est calme... maintenant brillons !)
Il inspira profondément en se levant puis leva la main gauche en direction de la gigantesque porte, une petite lueur brilla dans le fond de son oeil mauve puis il narra une simple phrase.
« Nous resterons à vie ici. »
Les deux le regardaient d'un air de mépris ou plutôt interprétant son geste comme de la folie pure. Après, s'être retourné devant les deux, Amaryliel expliqua rapidement son geste.
« Voyez-vous. Quoi qu'il arrive, nous resterons ici. La chose censé serai certainement de demander grâce à cette Oaxaca pour que nous soyons renvoyé chez nous. Mais j'aime les défis, j'aime trouver les failles chez nos adversaires et surtout chez nos « employeurs ». Nous sommes là pour du spectacle et pour nos vérités, non ? Bien, je m'explique: voyez-vous, la seule faille dans ce système est de dire que nous allons être coincé ici pour l'eternité car c'est illogique et c'est la solution qu'avait prévu les organisateurs de ce jeu ou de ce message. Alors pourquoi ne pas le dire ? »
Amaryliel sourit puis eut une sorte de rire bizarre, l'accumulation de toute une émulation, une excitation fantasque où il avait dans ces mains la vie de deux inconnus et surtout une décision à prendre, une solution à donner. Il s'inclina devant Cornélius et Bölin et reprit en direction de la porte.
« Ouvrez-nous maintenant. »
On ne savait pas si c'était le fait qu'il ordonna gentiment à la porte son ouverture que celle-ci le fit mais en tout cas, c'était réussie. Les grosses chaines descendirent des bras et comme un système complexe celle-ci s'ouvrit terriblement dans un fracas à faire glacer le sang.
(Et encore... je sens que ce n'est que le début... si j'ai bien compris.)
_________________ Valla-Meär Amaryliel Il Alamitz
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