Vous retrouvez petit à petit la vue et ce que vous pouvez voir est loin de tout ce que vous auriez pu imaginer. Vous êtes entourés d'étranges arbres verts et plats. Il y en a des centaines tout autour de vous et les rayons du soleil ont du mal à filtrer. Ringo est allongé sur un énorme dalle de pierre irrégulière aux côté d'Elina, Isaac, et Imaro alors que Miha a eu moins de chance. En effet, la semi-elfe est en train de se noyer dans une immense marre de boue. Seul le moine est éveillé pour le moment.

Je ne sais toujours pas ce que j’aurais fait entre tomber dans les pommes et me cacher derrière Allen si l’Ogre s’était retourné. Je ne le sus jamais. Arrivée aux portes de la grande cité blanche, une forme ressemblante à une silhouette humaine apparut devant notre groupe. Je n’eux pas le temps d’en discerner plus sur cette ombre, une lumière éblouissante nous aveugla.

Sans rien pouvoir distinguer, je savais que je m’enfonçais dans une substance pas tout à fait liquide ni solide. Le flash de lumière y était surement pour quelque chose, il devait être magique. Était-ce le mage qui cause la famine qui nous l’avait envoyé? Je n’avais pas le temps de me poser trop de questions, ni d’admirer l’étrange paysage qui entourait la marre de boue dans laquelle j’étais en train de me noyer. Me débattant dans cette boue pour essayer de m’en sortir, j’appelais à l’aide espérant qu’il y ait quelqu’un dans les parages pour me secourir.

La boue m’envahissait, me faisant couler un peu plus chaque instant. Une voix retentit, quelqu’un venait à mon secours. J’aperçus d’où cette voix provenait, c’était l’homme avec la Phalange de Fenris, mais elle n’était plus sur son dos et je ne la voyais nulle part. Le moine entreprit de briser un arbre de ses mains et de ses pieds, il me sortirait de là en me hissant avec le long bout de bois. Je continuais de m’enfoncer, j’avais cessé de me débattre malgré la panique en voyant qu’en faisant cela je m’enfonçais d’avantage vers le fond de cette marre.

« Faite vite, je coule! »

La matière dont l'étrange est fait semble bien plus souple que prévu et Ringo ne parvient pas à briser le végétal, mais son tibia est sauf. Miha est toujours en train de se noyer et risque de ne plus en avoir pour longtemps, c'est alors qu'Isaac se réveille et vient vers Ringo une corde à la main.

"Je m'occupe de sortir le demoiselle de là, pouvez vous aller voir comment vont les deux autres ?"

Il fait un signe de tête à Ringo pour lui montrer les corps inertes d'Elina et Imaro et après avoir jeter la corde à Miha, la sort, grâce à sa puissante musculature, de la mare de boue.

"C'est pas le moment pour un bain de boue jeune fille."

Et Isaac éclate d'un rire fort et franc.

Malgré ses efforts pour me sortir de là, le moine ne parvint pas à briser l’étrange arbre élancé. Je m’enfonçais encore dans cette boue qui allait m’engloutir définitivement. Je sentais mes forces se dissiper, ainsi que l’oxygène qui me restait pour respirer. Il ne m’en restait que très peu, à peine pour rester consciente. C’est fou la vitesse à laquelle nos pensées défile dans notre tête quand le temps qu’il nous reste à vivre est compté. Je n’entendais plus rien, juste des bruits sourds et le battement de mon cœur. Seule ma main se trouvait par-dessus la gadoue. Quand je croyais que c’était fini et que mon sauveur ne pouvait plus rien pour moi, quelque chose heurta ma main. Je m’empressais d’agripper cette chose et de ne plus la lâcher. Ç’aurait put être un serpent que mes doigts ne se seraient pas décrispés de cette chose qui était en fait une corde.

C’est l’homme aimé du peuple qui me sortit de cette mare de boue qui avait bien faillit m’avoir. Respirer à nouveau fut un soulagement immense, je ne sus pas combien de fois je remerciais cet homme après avoir repris mon souffle. Le peuple le considérait comme une sorte de héro, ça devait faire partie des raisons qui le poussait à le voir ainsi. Isaac, je me rappelais ce que la foule avait clamé avant notre départ, fit une plaisanterie sur les bains de boue et se mit à rire. Pour ma part je ne voyais pas ce qui avait de drôle, je venais presque de me noyer dans cette substance qui salissait mes habits, mais je fis un effort pour m’extirper un petit rire forcé et un sourire.

Maintenant que ma vie n’était plus en danger, j’admirais ce paysage étrange qui nous entourait. Une flore curieuse avec ses arbres élancés, tous collés les uns contre les autres qui ne laissaient que de minces rayons de soleil pénétrer entre leurs branches. Cette verdure était la seul chose que je voyais tellement il y en avait, à l’exception de cette flaque de boue. Juste en y pensant je grimaçais. Il y avait aussi autre que le paysage, le grand Isaac, l’homme à la petite louve blanche, la femme peu vêtue et l’homme-loup. Ou était passé les autres? La fillette de Fenris, l’aldryde, l’homme des sabres, Gurth? … La perte du dévoreur d’enfants ne me déplaisait pas, mais Allen manquait à l’appelle. J’avais sa main dans la mienne quand la lumière nous avait aveuglées, il n’avait pas pu aller bien loin. A moins que non, je n’osais pas y penser. Je commençais à paniquer plus que quand j’étais prise sous la boue à l’idée qu’il y soit lui aussi. Je l’appelais et voyant que mais seule réponse était le silence, je demandais aux autres s’il savait où il était en leur faisant part de mon inquiétude qu’il soit dans la mare. Si c’était le cas, je craignais qu’il fût trop tard pour lui et ma gorge se nouait. Je ne voulais pas qu’il parte et espérais qu’il était simplement avec les autres manquants. Je me demandais également ou étions-nous et comment nous nous étions retrouvés dans cette forêt, était-ce la faute de cette lumière? Un mauvais sort qu’on nous aurait jeté pour nous empêcher d’atteindre notre but, par cette ombre qui avait surgit avant de nous retrouver perdus ici.

L’immense oiseau, à la tête blanche et à l’énorme bec recourbé, continua paisiblement son chemin sans se préoccuper de la créature verte qui essayait par tous les moyens d’échapper à sa prise.

Cela faisait déjà un bon moment que l’aigle arpentait le ciel. Ils avaient quitté la forêt d’Ynorie et même Oranan et ils s’étaient rendus jusqu’aux portes de la cité blanche. L’oiseau, sans doute un peu fatigué du voyage, amorça alors sa descente. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres du sol lorsqu’un phénomène étrange se produisit. Une dense lumière éblouissante apparu devant eux et aveugla tant l’oiseau que Virina. Les serres du volatile s’ouvrirent alors enfin et notre guerrière fut libérée de cette douloureuse emprise. Elle chuta dans le vide et l’oiseau, pour sa part, déguerpit sans demander son reste.

L’atterrissage fut moins abrupt qu’elle l’avait anticipé. Elle eut à vrai dire l’impression de tomber non pas sur la terre ferme, ni dans une étendue d’eau quelconque, mais plutôt dans une matière se situant entre les deux, un sorte de liquide épais. Il s’agissait tout simplement de boue, mais Virina ne l’identifia pas immédiatement car il ne lui était jamais arrivé d’en voir en si grande quantité.

De prime abord soulagée de ne plus sentir les serres dans son dos, la guerrière aux cheveux gris entreprit de se lever debout. Ce qui fut peine perdue. Ce qu’elle avait pris tout d’abord pour une petite flaque s’avérait être une importante mare, si profonde en fait, que même si elle avait réussi à se tenir debout, ses pieds n’auraient pas touché le fond, malgré son mètre quatre-vingt cinq.

De tempérament combattive, Virina ne perdit pas son sang froid pour autant, ne pouvant marcher, elle essaya de nager, en vain encore une fois. Et pire encore, elle commençait à s’enfoncer. Sans perdre courage, elle continuait à se débattre, ramant des bras et des pieds pour demeurer à la surface. Sa vie avait toujours été un combat, et elle savait depuis belle lurette que c’est au cours d’une lutte qu’elle allait mourir. Elle ne serait jamais douté par contre que c’est dame nature qui aurait été son dernier adversaire. C’est ainsi qu’à peine quelques minutes après sa chute dans ce bassin démesuré, on ne vit plus que le haut du visage de l’orque au-dessus de la boue. En regardant attentivement, on pouvait par contre apercevoir des remous dans ce liquide visqueux, démontrant hors de tout doute que la vieille orque se démenait encore et qu’elle n’avait par conséquent pas encore déclaré forfait.

Ringo parvient à voir quelques bribes d'image en ce concentrant(((MP envoyé))), mais rien de bien précis malheureusement. Pendant ce temps, alors que Miha sort de la mare de boue, une garzok tombe du ciel, venue de nulle part et vient atterrir dans la dite mare.

"Et bien! Il pleut des garzoks maintenant! Quel monde!"

Le bruit occasionné par la chute de la créature verte a au moins eu le mérite de réveiller les deux compagnons encore dans les vapes. C'est d'ailleurs Imaro, qui, plus pour répondre à la question de Miha que pour sauver Virina, est le plus prompt à réagir. Il se relève et tend les bras devant lui.

"Un monde inconnu, une femme en détresse. Un amour perdu, une nature vengeresse."

C'est alors que, du fond de la mare de boue, surgissent des piliers de terre et sur l'un d'eux, une créature verte à la crinière grise est allongée, mais aucune trace d'Allen.

" Votre amour au fond de cette mare n'est point, mais rassurez vous il n'est surement pas loin. De votre cœur chassez angoisse et effroi, car bientôt j'en suis sûr, il réapparaitra ."

A bout de force, la géante s’était évanouie. Elle avait lutté jusqu’à ce que son corps affaibli abandonne la partie. Inconsciente, l’orque se fit engloutir entièrement par cette impressionnante mare de boue qui allait vraisemblablement devenir son tombeau.
C’était sans compter l’aide in extrémis de valeureux inconnus qui se trouvaient à proximité et qui eurent la bonté de vouloir l’aider, geste que Virina n’aurait jamais accomplie pour qui que ce soit. Ayant probablement été témoin de cette amerrissage en catastrophe, un bratien à la robe grise fut le premier à réagir. Bras tendus vers la boue mangeuse d’orque, il récita quelques vers brefs mais efficaces. Aussitôt qu’il eut prononcé la phrase salvatrice, quelques piliers de terre surgirent de la mer de boue. Gisant sur l’un deux, on put distinguer une grande créature verte exténuée.
Virina n’avait pas échoué dans un lieu désert, dénué de toute forme de vie. Au contraire, entourant cet énorme étang de boue on pouvait apercevoir de gigantesques feuilles plates et filiformes qui pliaient au gré du ment. A cette étrange végétation voisinait une énorme roche plate.

Les yeux à présent ouverts, Virina jaugea les gens qui l’entouraient. En les examinant et en faisant un rapide inventaire de leurs armes et équipements, elle en vint vite à la conclusion qu’elle n’était pas apte à s’attaquer à eux. Ils étaient trop nombreux et puis surtout contrairement à elle, ils n’étaient pas épuisés. Toujours couchée sur cet îlot artificiel, Virina jugea qu’elle devait éviter les hostilités ou du moins tenter de les écarter pour l’instant.

C’est ainsi qu’à contrecœur, elle choisit de vider son sac, de faire un long discours pour expliquer en détail ce qui venait de lui arriver, espérant gagner leur sympathie, ou tout au moins lui donner un moment de répit, le temps qu’elle reprenne des forces. Elle ne connaissait que trop la réputation qui était imputable à sa race; de grosses brutes sans cervelle.

Après avoir laissé échapper un long soupir résigné, elle prit enfin la parole :

«Je suis Virina. Un aigle géant m’a enlevé alors que je livrais combat à un immense squelette. »

Et voilà qu’en quelques secondes elle avait prononcé plus de mots qu’elle avait coutume de le faire en une journée entière.

Après avoir fait ce gros effort de volubilité, elle attendit la suite des évènements. La vieille dame n’avait guère eue le temps de recouvrer ses forces. Cependant, même si elle savait pertinemment qu’elle n’était pas de poids contre les cinq adversaires qui se tenaient là et que se défendre serait peine perdue, elle ne se laisserait pas tuer ainsi tout bêtement sans riposter. Elle combattrait sans relâche jusqu’à son dernier souffle. Et puis combattre, c’était toute sa vie et s’était ainsi qu’elle s’imaginait mourir : en plein champ de bataille.

Un bruit surgit avant que la réponse à ma question ne fut donnée, il m’était familier, puisque c’était le son d’une personne dans une flaque de boue. Je me retournais prestement vers cette fameuse mare dans l’espoir d’y voir patauger Allen. La déception que je ressentis quand je vus que ce n’était pas lui, mais une créature verdâtre qui était tombée dans la boue me serra le cœur. J’avais peur pour lui, peur de ne pas le revoir. Ce n’était pas le moment pour être mélancolique, mais je pensais aussi à Isaak et Luen, que j’avais laissé sans rien dire. J’avais peur de ne plus les revoir tous. Secouant la tête, je chassais cette idée, je ne devais pas être pessimiste. Je cherchais à savoir d’où venait cette créature, on ne tombe pas des cieux sans raison. Je levais les yeux vers le ciel, cela semblait impossible que la créature verte soit tombée de si haut. Je ne distinguais pas non plus le bleu tellement la végétation était dense.

L’homme qui m’avait sorti de la flaque émit une remarque. Il jouait avec l’humour, mais ses mots ne me soutiraient pas un sourire. Une orque était dans le même pétrin que moi plus tôt, elle se débattait pour se sortir de là. Seule sa tête recouverte d’une longue tignasse grisonnante était encore hors de la gadoue, mais elle l’engloutit entièrement malgré ses efforts. Sa fin était proche, je le sentais et mon cœur se serrait à nouveau. Cette créature discriminé pour être sauvage et sans pitié, tombait du ciel et achevait sa vie dans la terre, comme un châtiment ou un sacrifice donné à Yuimen.

Ce fut le bratien au pelage gris qui réagit en premier, l’air dramatique avec ses bras tendus devant lui, il récita ou plutôt il établit notre situation en quelques mots. Comme s’ils étaient enchantés, la boue s’éleva, formant des colonnes qui soulevèrent la garzok des profondeurs de la terre. Encore de la déception quand je vus qu’il n’y avait que la créature évanouie sur les piliers de terre. Au moins celle-ci était sauve grâce à l’homme-loup et ses pouvoirs poétiques. J’aimais bien le sens poétique que donnait Imaro à ses phrases en s’exprimant. Ce qu’il répondit par la suite me soulageait, je lui adressais un sourire que la timidité imbibait et bafouillais que ce n’était pas ce qu’il croyait. Nous le retrouverions il en était sûr, je l’espérais aussi. Penser qu’Allen n’était pas bien loin était rassurant et je pus me concentrer sur la situation actuel. Nous étions perdus, notre groupe était divisé et une garzok reposait sur une colonne de terre.

L’orque attira mon attention en prenant la parole. Virina était le nom de cette femme verdâtre, elle racontait s’être fait capturer par un aigle géant en combattant un monstre en os. L’oiseau l’aurait lâché en plein vol, voilà pourquoi elle était tombée du ciel. La chute n’avait pas dû être très agréable et l’atterrissage encore moins, bien que la boue l’ait amortit. La femme ne semblait pas vouloir s’en prendre à nous, sinon elle ne se serait pas présenté. Pour une fois je prenais les devants et je m’avançais de quelques pas vers la garzok toujours sur l’un des piliers en faisant bien attention de ne pas mettre les pieds dans la mare, cela m’étonnai également de constater que je n’avais pas perdue mes chaussures dedans. La distance ne m’empêchait pas de distinguer les traits durs qui caractérisaient son visage, ainsi que ses petites prunelles d’un bleu rivalisant avec les pierres précieuses. Je ne sus pas si cette prise en charge était relié au fait que cette créature et moi étions toutes les deux recouvertes de boue.

« Je suis Miha. Au portes de la cité blanche, nous nous apprêtions à partir enquêter quand une lumière nous a éblouit et nous a transporté ici, dans cette forêt des plus étranges. »

Je m’arrêtais là, réalisant que peut-être j’en disais beaucoup. Trop parler n’est jamais bon. Je jetais un bref coup d’œil aux autres pour voir leurs réactions, en particulier celle d’Isaac… S’il se voyait comme le chef du groupe, il n’apprécierait pas que je parle à sa place.

Ringo semble subir le contrecoup de sa méditation et reste là, sans bouger, totalement imperméable à ce qui se passe autour de lui. De leur côté, les membres du groupe se présentent un à un à la nouvelle arrivante.

"Et bien je suis Elina, enchantée !"

La jeune femme arbore un grand sourire franc et semble garder une grande quantité de bonne humeur et d'optimisme malgré la situation. Le suivant à se présenter est le compagnon d'Elina.

"Imaro tel est le nom, de votre nouveau compagnon."

Et pour finir, c'est le "géant" à la hache qui se présente:

"Je suis Isaac Enghrim, mercenaire Kendran et vous êtes maintenant perdue dans ce monde étrange comme nous. D'ailleurs quelqu'un a une idée ? Il faudrait d'abord retrouver le reste de nos compagnons."

Virina n’eut pas à attendre longtemps, sitôt qu’elle se fut présentée, les autres gens qui l’entouraient firent de même. Tous sauf un. En effet, un peu à l’écart, agenouillé près d’une roche plate, se trouvait un charmant jeune homme au teint halé qui était demeuré immobile, une main sur la pierre, les yeux fermés comme si il était en communion avec cette roche plate.

La première à se manifester fut une petite demoiselle aux cheveux blonds et dont les yeux bleus révélaient une certaine candeur. Celle-ci s’approcha sans crainte apparente de la vieille orque qui, méfiante, se leva aussitôt. Miha, qui était couverte de boue elle aussi, expliqua qu’ils se trouvaient près de la cité blanche, lorsqu’une lumière les aveugla. Ces révélations firent froncer les sourcils de l’orque. Il semblait donc qu’ils avaient subi le même type d’aveuglement, ce qui était pour le moins étrange. Virina avait beau se creuser la tête, elle ne réussissait pas à trouver l’origine, ni la cause de cette insolite lumière qui les avait apparemment tous éblouis.

Et puis, ce fut au tour d’une autre demoiselle de se présenter, cette dernière, une blonde aux yeux bleus tout comme Miha, se présenta tout aussi gentiment. Alors que toutes les femmes coquettes auraient remarqué la mignonne broche en forme de papillon qui ornait la tête de la jeune humaine, Virina, quant à elle, avisa la dague attachée à sa ceinture.

Les femmes présentées, ce fut au tour des mâles de faire de même. Notre guerrière était loin de se douter que ce bratien aux allures frêles qui disait s’appeler Imaro venait de la sauver d’une mort certaine. Ainsi, elle ne se méfia pas de lui, le considérant, à tort il est certain, comme une proie facile. De plus, la façon qu’il avait de parler tout en rimes agaçait légèrement la verte créature bornée.

Pour terminer, le plus grand et le plus vieux de tous, se nomma de façon assez conventionnelle pour ne pas dire militaire.

Virina n’avait rien de commun avec cette troupe et elle en était bien consciente. De plus, elle venait d’apprendre qu’ils étaient encore plus nombreux puisque d’autres compagnons se trouvaient probablement à proximité. Ce qui déplu grandement à notre vieille dame boueuse qui préférait la solitude à la compagnie et surtout aux conversations qui finissaient toujours par l’étourdir.

Elle jaugea quelques instants l’homme aux tempes grises qu’elle considéra comme étant le chef du groupe. Ce dernier s’enquit des idées des autres afin, sans doute, de trouver un moyen d’échapper à ce lieu. Cette proposition inquiéta Virina, cette dernière qui n’était pas disposé à consulter, discuter ou encore pire argumenter. Elle avait toujours fait ce qui lui plaisait sans demander l’avis de qui que ce soit et elle avait bien l’intention de continuer ainsi. Elle n’avait à présent qu’une seule idée en tête, celle de déguerpir afin de retrouver un peu de tranquillité et de silence.

C’est ainsi que sans prendre le temps de se débarrasser de toute cette boue qui la recouvrait, elle enjamba une à une les petites îles de terre pour arriver finalement à la roche plate. Décidée de fausser compagnie à ce petit groupe pourtant bien aimable, elle grimpa sur la dalle minérale pensant ainsi améliorer sa vision et éventuellement s’orienter. Malheureusement, elle ne vit que ces immenses arbres filiformes. Aucunement découragée, elle releva la tête et renifla bruyamment. Ce geste était loin d’être élégant, mais Virina ne s’en préoccupait guère. Plaire à autrui était bien le dernier de ses soucis.

La créature verte et boueuse se releva prestement quand je me présentais à elle, se méfiant de moi et des autres qui se présentèrent à leur tour. Seul le moine qui avait tenté de me venir en aide resta à l’écart sans se présenter à Virina, il ne semblait pas se rendre compte des évènements qui se déroulaient autour de lui. Je ne cessais pas de regarder la grande orque, sa stature était impressionnante pour une femme de la mienne. Imposant le respect ou la crainte chez les autres que cette garzok croisait, elle ne devait pas avoir beaucoup de soucis. Pour le moment elle était coincée avec nous dans cette forêt à la végétation serrée, donc avait le même problème que nous.

Je me retournais vers le mercenaire de Kendra-Kâr, qui s’était présenté en dernier nous demandait si l’un d’entre nous avait une idée. Il donna la sienne avant de nous laisser répondre. Certes, retrouver le reste de groupe semblait la chose la plus logique à faire et donc, j’appuyais son projet d’une voix moins assurée. Si nous retrouvions les autres nous retrouvions aussi Gurth l’ogre… Cette idée ne me plaisais pas et je l’affichais d’une moue dédaigneuse. Penser qu’avec eux se trouvait un séduisant voleur me fis abandonner cette figure et j’adoptais de la positivité. Pas autant qu’Élina le laissait paraître, mais c’était mieux que rien.

La créature verte descendit de son perchoir boueux pour s’en trouver un meilleur. Là elle renifla sans gêne l’air de la forêt, j’aurais aimé pouvoir utiliser mes sens comme elle le faisait même si l’élégance de la chose n’y était pas, mais je n’avais aucune expérience dans la faune sauvage. Mon domaine étant les villes, les odeurs n’y sont pas pareilles. L’air y était plus pur qu’en cité et mon odora tout chamboulé par ce changement. Je regardais Virina faire, me demandant si elle voyait ou sentais quelque chose. Je m’approchais doucement de la femme et m’arrêtais à quelques pas d’elle.

« Vous sentez quelque chose? » Demandais-je doucement.

Je scrutais aussi les bois, plissant les yeux sans rien distinguer de plus que des silhouettes allongées et du vert et tendais l’oreille. Nos compagnons devaient sans doute faire un peu de bruit et s’ils n’étaient pas à des kilomètres peut-être que nous les entendrions.

Jet de perception Virina : Réussite
Jet de perception Miha : Echec Critique

Alors que Virina renifle bruyamment, une odeur étrange vient lui titiller les narines, une fragrance qui s'apparente au "parfum" des...Excréments. Il lui est pourtant impossible d'affirmer que c'est bien l'odeur de quelques déjections animales...Ou humaines. De son côté, Miha ne perçoit rien, pas le moindre bruit, à vrai dire, elle n'entend vraiment plus rien. (((Miha est frappée d'un étrange maléfice et elle sera complètement sourde pendant une durée indéterminée)))

La belle Elina n'attend pas plus longtemps et s'empresse de se ranger du côté d'Isaac.

"Isaac a raison, il faudrait que nous retrouvions les autres au plus vite, même si le gros Gurth ne sera pas la meilleure des compagnies...Il ne peut pas être si méchant n'est-ce pas ?"

Sur ces mots, elle affiche de nouveau un grand sourire franc, preuve de son optimisme débordant. Imaro, hausse les épaules pour réponse et le grand Isaac arbore juste un petit sourire en coin mais ne dit mot.

Pendant que Virina se concentrait pour détecter des odeurs particulières, la jeune femme blonde s’en était approchée tout doucement. Alors que la guerrière tentait de percevoir des fragrances, à ses côtés, essayant apparemment de l’aider, Miha quant à elle s’appliquait à tendre l’oreille. La vieille orque avait été chanceuse de tomber sur ces gens qui semblaient honnêtes et prêts à faire équipe pour s’en sortir tous vivants.

Aucun d’eux ne se ressemblait et c’est ce qui faisait leur force. C’est en exploitant leurs différences et leurs talents bien particuliers et propres à chacun qu’ils allaient pouvoir sortir de ce monde étrange dans lequel ils étaient atterris. C’est sans doute ce que pensait le grand homme d’âge mûr nommé Isaac. En fait, lui et Elina voulaient tout d’abord trouver les autres.

Mais Virina ne l’entendait pas ainsi. Elle n’avait jamais fait partie d’un clan et elle ne pensait pas commencer aujourd’hui. Si des bêtes avaient rôdé aux alentours, elle aurait sans doute pensé autrement, étant assez intelligente pour comprendre que dans certaines situations les autres pourraient lui être de quelconque secours.

Malgré son désir de quitter ses nouveaux compagnons de route et de retrouver la quiétude de la solitude, la guerrière daigna répondre à la dame qui l’avait gentiment questionnée.

« Ça sent la décomposition par là. »

Du doigt, elle indiqua l’endroit où lui semblait provenir cette odeur nauséabonde. S’approcher de cette senteur ne plaisait pas tant que ça à la créature verte, mais celle-ci croyait que l’odeur la guiderait peut-être vers quelque chose de plus tangible.

Ces gens avaient été bien aimables avec elle et elle se doutait bien qu’ils étaient sans doute responsables de sa sortie de la boue. C’est ainsi que voulant leur montrer à sa manière sa reconnaissance, elle jugea opportun de les informer de son intention.
« Je m’en vais par là ! » dit-elle en pointant de nouveau le même endroit.