Lillith a écrit:
J’avais pris un peu trop d’enthousiasme, car après quelques mètres à fouler les herbes bordant la plage, j’entends derrière moi Bogast qui explique le déroulement de l’exploration. Je reviens discrètement sur mes pas pour écouter les instructions. Il nous met en garde une fois de plus et je commence à me demander pourquoi il s’inquiète autant. En tout cas, il laisse entendre que nous devons protéger les cartographes à tout prix, au péril de nos vies même.
(Nous ne sommes que de la chair à canon, des boucliers pour ceux qu’ils comptent ramener vivants de l’expédition. Mais je ne laisserais pas ma vie partir aussi facilement. Je les servirais, puisque c’est ma tâche, mais d’autres personnes comptent bien plus à mes yeux, je ne partirais pas sans les revoir.)
Ruminant mes sombres pensées, je n’écoute pas la suite et me rends compte de mon étourderie quand Fizold parle de tour de garde. Je n’ose pas demander à ce qu’ils répètent.
(Je n’ai qu’à suivre la marche et je verrais bien. En imitant les autres, je m’en sortirais.)
La randonnée démarre, en file indienne. Je prends le pas docilement, alors que Bogast, en tête de file, supplie Rana de nous protéger des dangers. Une pensée me vient envers Lallydir.
(Que peut-elle faire en ce moment. Intrépide comme elle est, elle doit avoir trouvé une autre aventure à faire, à moins qu’elle n’ait choisit de retourner au temple perdu de Yuia. J’espère que non, l’endroit devait être trop dangereux pour que l’un de nous y aille seul… et encore.)
Pendant quelques nous marchons sur la plaine, tranquillement. Je préfère garder le silence pour économiser ma salive et m’étonne de certains compagnons qui discutent presque à gorge déployée. Le soleil culmine à son zénith, mais la plaine plate et sans obstacle nous amène des vents frais que je déguste à saveur. Nous finissons par nous arrêter pour faire une pause et manger. Je remarque qu’un des aventuriers, que j’avais vu jusque là avec une capuche cachant son visage, est enfin tête nue, laissant apparaître une peau noir comme de l’ébène et des cheveux blancs comme les nuages.
(C’est… ce doit être un elfe noir !)
Une vague de terreur m’envahit, repensant aux quelques légendes que mes parents contaient au coin du feu, parlant parfois d’elfes maudits, noirs comme leurs coeurs, vivants dans les ténèbres des entrailles de la terre pour mieux cacher leurs crimes odieux. Et les nuits où la lune brillait de son éclat le plus pâle, ils sortaient de trous cachés dans le sol, visitant les villages pour enlever les enfants imprudents et les torturer dans leurs caves inondés de sang. Parfois, ils ne contentent pas de simples enfants et sont responsables d’atrocités que les villageois découvrent au réveil en pleurant. Bien que ce soit des légendes, je ne peux m’empêcher d’y apporter un peu de crédit.
(Jusque là, je pensais aussi que l’existence d’elfes noirs était une légende, alors pourquoi pas leurs mœurs ? En même temps, celui-ci ne parait pas agressif ou sournois. Comme bien des choses que je découvre, je devrais éviter de juger trop vite sur mes maigres connaissances.)
Je décide de calmer mes frayeurs, restant seulement attentif au comportement de l’elfe noir, autant pour m’assurer qu’il n’est pas un danger que pour apprendre plus sur son peuple. Mais j’estime plus prudent de rester à l’écart de lui pour l’instant.
Je grignote un morceau de pain, avec une tranche du fromage de chèvre que j’ai emporté, ainsi qu’un morceau de viande séché. Un maigre repas, mais je préfère économiser les provisions, surtout si l’on ne trouve rien d’autre à manger sur l’île. Je vois revenir Lothindil qui s’était éloignée avec une enfant un peu plus tôt. Au loin, on aurait dit qu’elles fouillaient par terre. Me rappelant la spécialisation des druides, je suppose qu’elle a cherché quelques plantes comestibles ou tout simplement inconnues pour agrandir ses connaissances.
Nous repartons et très vite, la forêt s’offre à nous. Elle est sombre et dense, nous apportant des difficultés à continuer la marche. Bien que je pensais m’y retrouvais plus au frais, je découvre que la pénombre des feuillages n’empêche pas une chaleur suffocante, très humide, comme si le dessous des arbres emmagasinait la chaleur des rayons solaires sur les feuilles au sommet de la forêt. Je respire difficilement et lutte contre une envie furieuse de me mettre à nu pour me soulager ((())), mais la pudeur et les moustiques envahissants me dissuadent de succomber à la tentation. Je pense même commencer à avoir des hallucinations quand je remarque une liane verte remuer le long d’un arbre. En passant devant, je comprends alors vite que ce sont en réalité des fourmis, une file de fourmis qui grimpe sur le tronc, portant chacune une petit morceau de feuille. Surpris, je reste quelques secondes à les regarder, prenant un petit retard que je me hâte de rattraper une fois sortie de ma contemplation.
Quelques heures plus tard, nous faisons une autre pause, que j’emplois avidement à me rafraîchir comme je peux. Puis, remuant ma gourde d’un air gêné, je commence à me demander comment l’on va pouvoir remplir nos réserves d’eau. Nous n’avons vu aucun ruisseau dans la plaine et ce qui nous reste nous permettra à peine de tenir jusqu’à demain midi. Je décide de surveiller les alentours pendant la suite du voyage, jusqu’à ce que le soleil se couche, pour entendre même un faible tintement clair d’un torrent jouant sur les rochers ou apercevoir la moindre trace d’eau. Car même si une eau stagnante est imbuvable et dangereuse pour la santé, elle est souvent signe d’un cours d’eau à proximité.
(((Bon, je ferais le campement du soir demain en fin d’après-m. Sinon, j’aimerais bien savoir avant de la part de gm 13 si je trouve un ruisseau ou autre, pour l’intégrer ou non dans mon rp. )))