Lelma a écrit:
C'est à peine si je m’aperçois que Seyra s'en va, elle me glisse à l'oreille qu'elle rejoint l'abri avec Lothindil, comme j'ai convenu avec elle avant que les autres rentrent. Le froid est mordant, je suis emmitouflé sous plusieurs couches de couvertures qui me maintiennent tout juste à une température correcte. Je n’ai aucune vision de l'extérieur et mes oreilles sont aussi couvertes. Je suis donc inutile à la garde.
Une éternité semble passer, l'Ynorien ne dis plus rien. Un silence de plomb règne, à peine dérangé par le bruit du vent. Je ferme les yeux, mort de fatigue.
(Surtout ne pas dormir !)
(Je... ne peux pas!)
(Ouvres les yeux, ne dors pas ou tu meurs !)
(J'ai... si froid.)
(Non tu es chaud ! Tu es une flamme, mordante, rongeante, brûlante, une flamme qui chauffe et réchauffe. Ton corps est une flamme et ton corps est chaud.)
Bizarrement les pensées d'Aakia coulent en moi, donnant l'impression que mon sang se réchauffe. De mon coeur part le précieux liquide chargé de braise ardente. Petit à petit mes extrémités regagnent en chaleur, ma fatigue est refluée.
(Voila, chauffe petite flamme, deviens incendie ! Petite étincelle devient brasier ! Chauffe et brûle Lelma, tu es chaud maintenant !)
Quelle sensation étrange ! Tout mon corps semble brûler, mais sans douleur, juste du bien-être. Un bien-être que l'on a lorsqu'on lézarde au soleil, ou qu'on est proche du feu dans la cheminée. Un bien-être proche du bonheur et acquis seulement par des mots. Fantastique Aakia, tu es une grande magicienne !
(Je n'ai rien fais que te dire ce que tu es. C'est ton corps qui a bien réagit, ne jamais se laisser aller, toujours se battre et surmonter les épreuves une à une !)
(Mon corps peut faire ça, tu n'as rien tenté donc ?)
(Je ne peux rien tenter, je n'ai aucune magie de la sorte !)
(Le corps est incroyable ! Je suis si surpris ! Je n'ai plus froid, je produis ma chaleur, juste parce que je le veux ! Extraordinaire !)
(Bien entendu ça ne marche pas très longtemps, quand tu n'auras plus de quoi produire de la chaleur ça s'estompera, mais tu as le temps et compte pas sur moi pour te laisser dormir !)
(Mais à quoi bon garder vu que je ne vois pas ?)
(Je t'ai déjà dit que moi je voyais et que par mes sens tu peux voir !)
(Comment on fait ?)
(Concentre ton esprit sur un point, ferme les yeux...)
(Ah tu viens de dire de ne pas les fermer !)
(Oui, pour pas que tu dormes ! Mais là tu ne vas pas dormir !)
(Bon d'accord, voila ils sont fermés et maintenant ?)
(Concentre ton esprit en un point, plus que ça, aller !)
(Je fais ce que je peux !)
(Voila, maintenant je vais capter cette zone d'esprit et y brancher le mien. Normalement c'est au maître de venir chercher le raccord avec l'esprit de sa faera, mais comme tu ignores encore ce qu'il en est je vais faire ce travail pour toi !)
(Il vaut mieux, j'y comprends rien !)
(Je te rassure très peu de maîtres savent cette méthode et encore moins la maîtrise !)
Je reste perplexe, certes mon esprit tentait de se représenter un point unique, situé vers le milieu du front entre les deux yeux, mais nulle image n'apparaît.
(Attends soit pas pressé !)
Je me concentre encore d'avantage, régulant mon énergie par la respiration. Petit à petit le point rétréci. Soudant à la place se fond une image. Je vois. Je vois là où nous sommes, un peu au dessus de moi et les alentours, le cryomancien et le reste du camp. Oh l'image était encore imparfaite et très sombre mais ça marche !
(Mais j'y pense, l'autre humain ne te voit pas là ?)
L'image disparue immédiatement.
(Ne te déconcentres pas ! Non il ne me voit pas, je ne suis qu'une tache noire, une autre de mes formes. Je suis un merle.)
(Tu m'étonneras toujours !)
(Concentres-toi !)
A nouveau je reprends ma respiration, petit à petit la sérénité gagne mon corps et le point devient de plus en plus petit. Puis à nouveau sans prévenir l'image envahit mon esprit. Je vois le camp, soudain une personne semble venir vers nous, une grande personne.
"Ca va, rien à signaler ?"
J'ouvre les yeux et perd l'image. Ma propre vision est inférieure à celle du lien avec Aakia mais je reconnais la druide.
"Vous êtes déjà debout ? Seyra dors bien ? Non rien à signaler, il n'a rien sauf ce froid mordant !"