Lillith a écrit:
J'ai du m'endormir rapidement car je ne me souviens même pas d'avoir entendu et senti Lelma entrer. Mais Lothindil arrive et nous réveille, car c'est déjà l'aube. Engourdi par le froid, je peine à bouger. J'ai l'impression qu'un troupeau de bouc est passé sur ma tête tant mes idées sont embrouillées.
Je me relève avec difficulté, presque aussi fatigué que la veille. Une fois dehors, les rayons du soleil m'assaillent et m'aveuglent. Je mets un moment à m'habituer aux lumières de l'aurore, resplendissantes sur la neige immaculée.
(Enfin, presque immaculée, notre passage n'est pas sans conséquence...)
En effet, on pouvait voir facilement la trace de nos pas, profilant des ombres qui forme un long lacet noir dans la pente. Et les traces du camp, avec une neige boueuse ou pire, souillée par nos propres rendus, se teintant d'une couleur jaune malsaine.
Je vais remercier Lothindil de son aide, car finalement, malgré un air fatigué qui se doit juste au réveil, je me sens bien mieux et le repos m'a redonné quelques forces. Puis je me hâte de manger pour reprendre ensuite la route. Je remarque alors une drôle de silhouette blanche dans le campement, immobile. Je comprends assez vte que c'est une sculpture de neige, sûrement faite par la druide pour s'occuper pendant la garde. Je souris en faisant le parallèle avec quelques jeux d'enfants s'en rapprochant. Je vois ensuite sur les flancs des petites cheminées de pierres doù sort une fumée qui ne me dit rien de bon.
(Comment ont-elles pu apparaître, il n'y a eu aucune secousse... Un tel phénomène ne serait pas passé inaperçu...)
Je finis mon repas et me lève, pour dégourdir mes jambes et ramasser mes affaires. Bogast nous mène vers le Nord où s'étale un manteau blanc jusqu'à l'horizon. La marche commence, longue et exténuante. Le froid consumme tout notre énergie et laisse sa trace sur nous, crispant les visages, faisant grincer les dents et mordant nos blessures datant de quelques jours, les rouvrant si un efort se fait dessus. La randonnée devient une lutte effrénée pour survivre dans un enfer blanc et je découvre toute la puissance des glaces, se révélant à moi, impitoyable et infinie, imposant son jugement impartial sur les pauvres êtres de chair que nous sommes.
(Yuia, je saurais me montrer digne de toi un jour, digne de pouvoir diriger tes glaces. Je contrôlerais ma magie à son point culminant, je t'en fais la promesse solennel.)
Pensant cela, je ramasse une poignée de neige pure et la porte à ma bouche, autant pour me désaltérer que pour ne faire qu'un avec mon élément cabalistique. En fondant, les flocons diffusent un froid doux mais cruel, coulant dans ma gorge pour envahir mon corps.
La plaine enneigée est si longue que la journée complète suffit à peine à la parcourir. Nous établissons le campement quand le ciel s'assombrit en passant par des couleurs couleurs pastels qui teintent la neige d'or et de bronze alors que nous nous dépêchont de nous coucher. C'est la deuxième nuit sans feu et nous n'avons pas le temps de faire des igloos aussi travaillés que ceux de la veille. J'essaye de fabriquer des abris sommaires avec le peu de temps qu'il nous reste, mais j'arrive juste à bloquer le vent sur les cotés, sans pouvoir couvrir le tout.
Bogast et Seldell sont de garde et je file vite dans un recoin protégé du vent pour m'assoupir le plus tôt possible, enroulé dans le plus de couverture possible.