Lothindil a écrit:
J'ai du mal à dormir, seule dans mon igloo. Mon regard inlassablement détaille le toit de glace au-dessus de moi. Un fin vent glacial vient rafraîchir le petit abri déjà pas bien chaud.
Seyra fini par me rejoindre, laissant son père et le cryomancien faire leur garde.
(Deux humains... Ils ont besoin de dormir, ils ne tiendront pas une nuit sous des conditions particulières.)
(Bah y a les elfes dans deux heures.)
(En espérant que les autres se bougent...) pensé-je bien décidée à rester dans la chaleur relative.
En frissonnant de la tête au pied, je sens la petite s'endormir près de moi. Je plonge tardivement dans un sommeil fragile entendant la jeune humaine claquer des dents dans son sommeil. Mes réveils sont nombreux, dû au froid et aux plaintes de l'Ynorienne dans son sommeil.
(Je vais pas réussir à me reposer comme ça.)
(T'as qu'à la réchauffer.)
Le froid est mordant, mais je sais que je résisterais mieux qu'elle de toute façon. De plus, je doute parvenir à me reposer convenablement avec ce petit être frigorifié. Je me décide donc à sacrifier un peu de mes couvertures et à la réchauffer au maximum, quitte à rejoindre les deux veilleurs au pire. Sans attendre donc, je la réveille doucement avec un sourire.
"Seyra, laisse-moi te réchauffer, tu es glaciale."
"Non, ça va... j'ai pas froid."
Malgré une bravoure honorable, elle ne parvient à réprimer ni les frissons, les claquements de dents, ni même ses lèvres bleutées.
"Jeune humaine..." Dis-je à mi-voix en soupirant. "Laisse-moi quand même te réchauffer, ça ne te fera aucun mal."
Vu la pudeur de la jeune fille, j'ai vite renoncé à lui faire changer de vêtement, le père sera plus doué que moi pour cela. Mais à défaut, des couches en plus aideront. Je lui demande d'ôter juste la vieille cape humide de mon père ce qu'elle accepte de faire. Je l'enroule alors dans sa couverture la plus sèche, puis la seconde puis enfin d'un de mes couvertures, de manière à l'isoler presque entièrement, à part la tête, des courants d'air. Pour finir, je lui remets la cape de mon père et enfile aussi le capuchon de manière à isoler la nuque et la tête. La voilà emballée de la tête au pied, au maximum à l'abri du vent.
Je peux enfin m'endormir serrant la cape du prêtre de Yuimen et pestant intérieurement contre ses couvertures de taille humaine ne me permettant pas de m'abriter totalement. La cape semble malgré tout plus chaude que prévu et je m'endors, mes armes à portée de mains, mon armure en guise d'oreiller.
Je me réveille plusieurs fois tandis qu'un fin courant d'air pénètre entre les fines briques de glace. Seyra est venue se coller à moi, cherchant sans doute ma chaleur ou tout simplement un abri contre le vent qui vient me glacer le dos.
(Vous êtes mignonnes... on dirait un ...)
Je n'ai pas entendu la suite, m'étant déjà rendormie. Je parviens enfin à avoir mon comptant de sommeil et reste allongée à attendre l'aube et le soleil qui nous réchauffera tous un peu. Voyant de fines lumières se glisser par les interstices, je soupire, sachant qu'il est encore tôt, peut-être même pas minuit. Je regrette alors amèrement d'être une elfe et non une humaine capable de dormir une nuit complète. Je me rappelle alors ce que me disait mon père à ce sujet quand j'étais petite:
"Ca date d'avant les étoiles dans le ciel. A cette époque-là, Ithil, notre créatrice, se sentait seule et s'est créé des compagnons à partir de ses rayons: les Sindeldi."
"Oui, mais y a des étoiles maintenant."
"Mais Ithil aime toujours notre compagnie c'est pour ça que la partie d'elle qui est en chacun de nous s'envole vers le ciel pour devenir une étoile."
"Nous devons être un peuple vieux pour avoir donné naissance à autant d'étoiles."
"Oui... mais Ithil aime aussi les vivants, c'est pour ça que nous vivons aussi de nuit."
L'histoire avait dû me marquer pour rester ainsi dans mon esprit, prête à ressurgir n'importe quand, pourtant je devais être jeune, 25 ou 30 ans maximum.
Je décide après ce bref souvenir de me lever et de reprendre courageusement la garde des deux humains. Jetant ma dernière couverture sur la fille de Lelma, je sors en finissant de lacer mon armure. Une fois dehors, je raccroche la cape et mets le capuchon pour me protéger du froid.
"Ca va? Rien à signaler?" Demandé-je aux deux humains toujours réveillés.