L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 2 Juin 2009 18:44 
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Décidément, quelle bonne ambiance à bord de ce radieux navire que je ne regrette pas d’avoir choisi par rapport à ses homologues peut-être plus puissamment bâtis et mieux armés, mais sans nul doute pas d’une telle splendeur lorsqu’il s’agit de glisser sur l’eau comme un patineur adroit sur un pan de glace, toute autre embarcation paraissant agitée d’embardées incontrôlées en comparaison avec la Vaisseau-lune qui bondit gracieusement sur les flots, aussi léger qu’une plume et d’un confort incroyablement comparable qui ne dépareille pas avec l’élégance de son bâti, la surface entière de bois blanc s’avérant aussi proprement lisse et bien polie que si elle était faite de quelque cristal précieux. D’accord, pour autant, ça ne veut pas dire que je ne dois pas me cramponner pour ne pas risquer de me retrouver les quatre fers en l’air sur le pont, étant un archer et non un marin, mais bon, il reste que l’on peut avoir une assise relativement confortable et profiter des embruns salins à la senteur piquante si particulière sans se voir secoué comme un prunier : tel ne doit pas être le cas de cette espèce de monstre de métal suant et crachant piloté par les torkins qui arrive contre toute attente à nous tenir la jambe, car si avec une masse telle que la sienne, les passagers ne doivent pas être incommodés par les remous, ils doivent être loin de pouvoir profiter du bon air avec cette fumée noire, véritable intoxication. Je suis aussi favorable au progrès que n’importe qui d’autre, et je dois certes avouer qu’un bateau –ou plutôt une forteresse flottante- qui fonctionne au moyen de quelque machinerie hors du commun au lieu de voiles ne manque pas de m’ébahir, mais si c’est pour nous retrouver un jour avec un ciel envahi de nuages aussi crasseux et des océans réduits à une soupe dégoûtante, je crois bien que je saurai m’en passer ! Enfin bon, je dois sûrement et heureusement me faire des idées : après tout, ce géant tout bardé d’acier est l’unique en son genre que j’aie jamais pu voir, et son espèce ne devrait en toute vraisemblance jamais se démultiplier à un tel point que ses rejets atteignent une proportion si incommensurable qu’ils envenimeraient tout Yuimen… brr, rien qu’à l’idée de cette vision qui tient du cauchemar pour un disciple des voluptés aériennes comme moi, j’en frissonne ! Là, tout ne serait qu’enfer, ténèbres, gouffre sulfureux, incendie, bouillonnement, infection ! Fi, fi, fi ! Pouah ! Pouah ! … Donne-moi une once de suavité, bon équipage, pour parfumer mon imagination !

Justement, en comparaison ce cet hideux pachyderme grinçant et toussant, l’aldryde que j’ai devant les yeux est une véritable bouffée d’air rafraîchissant : quelle légèreté il semble incarner avec son corps gracile équipé uniquement des matières les plus naturelles qui soient comme un puissant mage druidique, impression renforcée par son visage chaleureux qui a de quoi mettre du baume au cœur à quiconque ainsi que par le timbre légèrement aigu de sa voix pareille aux trilles d’un oiseau, et encore plus évidemment par cette majestueuse paire d’ailes que l’on devine duveteuses comme celles d’un industrieux moineau sous la protection qui les recouvre. C’est de bon cœur et sans me forcer aucunement que je lui rends son sourire, toujours aussi favorablement impressionné que tout à l’heure de voir avec quelle mesure il prend son succès : sans s’en gonfler la tête, il ne manque pas de reconnaître que celle-ci est loin d’être vide, la gratifiant de petites tapes comme pour démontrer qu’elle ne sonne pas creux. Ah ça, un petit génie, c’est même carrément un prodige pour avoir réussi du haut de sa petite taille ce qu’aucun d’entre nous n’aurait très vraisemblablement pu mettre en œuvre, et s’il continue dans cette voie, qui sait où le cheminement de sa vie qui sera certainement faite d’entreprises bien souvent couronnées de succès le mènera ? C’est bien simple, si à un âge aussi peu avancé que le sien –même si cette notion est toute relative avec des êtres d’une autre race-, il est capable de déchaîner l’emprise du froid sur un maillon de chaîne aussi épais, en accumulant de l’expérience, il en viendra à avoir la puissance nécessaire pour congeler le monde entier ! Hé hé, bien évidemment, je plaisante, car le jour où quelqu’un avec une bouille qui respire autant la bonté, l’innocence et le courage que lui réduira Yuimen à un désert de glace, je peux carrément dire qu’il me sera poussé des ailes et que je serai capable de voler comme un aigle !

Suffit les fantasmes sans fondement donc : justement, après m’avoir retourné le compliment (Fichtrement bien éduqué décidément ! Ça change de butors comme l’autre elfe qui se plaignait tout à l’heure et qui s’est d’ailleurs volatilisé dès qu’il a fallu mettre la main à la pâte) que je reçois avec un profond hochement de tête obligé de même que sa proposition de discuter un peu de nos vies respectives, il suggère d’aller nous en verser à la capitaine au sujet de ce que nous allons bien pouvoir devoir faire pour cette chasse au trésor ; et c’est qu’il a cent fois raison nom de Rana, car malgré les ordres assez explicites qu’elle contenait, la missive de Pulinn restait –de son propre aveu- passablement floue sur les tenants et les aboutissants d’une pareille entreprise, aussi maintenant qu’il me le rappelle, je serais moi aussi bien curieux d’en savoir davantage !

« Vous êtes la voix de la sagesse ! » Lui réponds-je donc sans ambages avant de poursuivre, m’avisant qu’avec une forme comme la sienne, il courrait fâcheusement le risque de se retrouver en très mauvaise posture à arpenter un plancher peuplé de jambes dont le poids pourrait d’avérer fatal pour quelqu’un à l’ossature visiblement si chétive. « Permettez-vous que je vous fasse le transport ? Vous devez être plutôt fatigué après avoir autant dû voler. »

Joignant le geste à la parole, je lui tends ma main droite de manière à ce qu’il puisse avoir là un support confortable sur lequel s’installer alors que nous irons nous entretenir avec Aëlwinn, espérant au passage qu’il ne prendra pas mal mes offres de service tant il est vrai que ça ne doit pas être facile tous les jours de faire avec un monde qui semble être fait pour des créatures dix fois plus grandes que vous, et que ma courtoisie pourrait ainsi passer pour de la condescendance même si j’y ai mis les formes à mon avis nécessaires pour être le plus aimable possible. D’ailleurs, à ce que je sache, nous ne sommes pas dans un salon en pleine cérémonie du thé, alors j’estime qu’il n’est nul besoin de nous fendre sans cesse de mile politesses : sans jouer les rustauds, nous pouvons faire preuve de davantage de camaraderie étant donné que nous sommes partis pour vivre d’autres aventures pendant encore un bon bout de temps, et que plus nous serons proches les uns des autres, plus cela aidera à ce que nous coordonnions nos efforts !

« Au fait, n’hésitez pas à me tutoyer : nous sommes dans le même bateau après tout, pas vrai ? »

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 2 Juin 2009 22:13 
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Il est vrai que nous sommes polis, il est vrai que nous sommes agréables l'un à l'autre, mais pour ma part, nulle fausseté ou nulle hypocrisie dans mon attitude chaleureuse à l'égard du jeune homme se tenant devant moi. Léonid, dont les manières semblent égaler sans problèmes celles de tous les humains que j'ai rencontrés jusqu'ici, ne se départit pas d'une fraîcheur et d'une sympathie revigorantes, qui donne envie de sourire à chaque détour de phrase, à chaque recoin de réplique. Un juste équilibre, une harmonie peut-être trouvée entre l'enthousiasme dynamique de Dôraliës, qui d'ailleurs entreprend avec passion la Rapière, et entre la distance timide installée entre Maelan et le restant de l'équipage.

(Pas de doutes, je l'aime bien, cet humain. Tu en penses quoi, toi?)

(Ma foi je dois dire qu'il a l'air bien sympathique! Et puis, si jamais ça tourne au vinaigre dans le coin, un allié ne sera pas de trop! Sans vouloir dénigrer tes merveilleux talents de mage, bien sûr...)
(Il n'y a pas de mal, ne t'inquiètes pas. C'est sûr que ce n'est pas avec mes vingts centimètres que je risque de maîtriser une colère d'Ergoth! Tu l'imagines en colère, toi? Brr...)
(Je ne préfère pas!)
Nous rions gaiement dans mon crâne à l'idée d'assister à une colère puérile d'un tel mastodonte monstrueux. Ou peut-être est-ce nerveusement.

C'est donc sans me départir de mon sourire que je le regarde d'un air peu amène lorsqu'il en vient à me qualifier de "voix de la sagesse". Amusé, je lui réponds légèrement:
" Allons bon, la voix de la sagesse... Je n'en suis pas encore là, cependant j'admets que peut-être, dans quelques années... "
Je conclue avec un clin d'oeil malicieux. Pas de doutes, cet humain a la même capacité que Kiana ou Aurore à réveiller mon côté facétieux. Somme toute, une influence positive, et un contact agréable. D'ailleurs, Léonid qui semble être prévenant au possible, me propose sans guère plus de civilités de m'escorter et de me transporter pour atteindre la capitaine, et de la cuisiner sans autre forme de procès quant à notre devenir dans cette aventure. Je lui réponds d'un joyeux " Perspicace et prévoyant! ", avant de sauter dans sa paume tendue, ou je me reçois sans trop de problèmes. Si je me cogne assez cocassement le postérieur sur sa main, j'évite cependant la chute, ce dont je me félicite! Le Vaisseau-Lune a beau être esthétique au possible, il ne l'est pas au point d'avoir envie d'en racler le pont avec les dents.
Eh bien, grâce à Léonid et à Dôraliës, il semble que mes déplacements sur ce navire vont être grandement facilités! Il serait tellement dommage que je meure étouffé sous un rouleau de corde. Ou pire encore, écrasé par un pied maladroit. Et même encore pire: mourir écrabouillé sous le menton proéminent de la galoche. Bon d'accord, l'hypothèse semble assez farfelue, mais on n'est jamais trop prudent.

Pendant que nous parcourons les quelques mètres nous séparant de la capitaine, moi confortablement installé dans la salvatrice paume de l'archer, il m'est loisible d'observer un peu ce monstre flottant qui arrive à suivre l'allure de notre vaisseau. Comment diable un tel... machin (!) peut égaler la célérité d'un chef-d'œuvre d'architecture navale tel que le Vaisseau-Lune!? Son avancée me semble cependant laborieuse, et les obscurs panaches de fumée noirâtre qu'il vomit par torrents n'augure rien de bon quant à son mode de fonctionnement. On dirait qu'un dragon (un moineau, géant, et qui peut cracher du feu. Pire qu'un moineau-garou. Je sais, ça fait peur.) sue sang et eau là-dedans, crachant un brouillard d'encre pour protester devant sa captivité, et son exploitation éhontée par des personnages au moins aussi sombres que les particules se dégageant de l'engin.

A l'instant où je m'apprête à interroger Aurore sur la réflexion murmurée dans mon esprit pendant que j'observais le bateau nain ("Déjà?"), Léonid me propose de le tutoyer à l'avenir. Me voilà ravi de voir une complicité s'installer si rapidement, je pouffe joyeusement de rire devant sa petite boutade, et je m'empresse d'acquiescer d'un visage rayonnant légèrement nuancé de timidité:

" Ma foi, je suppose que vous... tu as raison, Léonid! Bien sûr, tu peux évidemment me tutoyer à ton tour, j'aurais l'impression d'être une Akrilla despotique et glacée, sinon! "

L'ombre esquissée rapidement dans mon regard à la brève évocation d'une de mes folles geôlières, disparaît tout aussi soudainement, car nous voilà déjà arrivés devant Aëlwinn, concentrée sur le cheminement du Vaisseau-Lune, manœuvrant d'une main ferme et assurée le gros disque bardé de bois qui lui sert à diriger le navire. Légèrement hésitant, je m'éclaircis discrètement la gorge, cherchant la puissance nécessaire pour être entendu. Et puis de me lancer:

" Excusez-moi, Capitaine? Mon compagnon Léonid ici présent et moi-même voudrions vous poser quelques questions sur notre aventure. En effet, les annonces dans Kendra-Kâr étaient plus qu'évasives, et je dois dire que je n'ai absolument aucune idée de ce qui nous attend! D'autant plus que les évènements sanglants du Port semblent signaler cette course comme un quelque chose de primordial... Un trésor fabuleux? Des combats épiques? La découverte de nouvelles terres? "

Avant de me laisser emporter sur une envolée lyrique à propos de nos potentielles épiques péripéties, je me tais, attendant la réponse d'Aëlwinn, ou bien l'intervention avisée de mon "hôte" provisoire, qui lui aussi doit avoir quelques questions à poser.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 2 Juin 2009 22:16 
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L'Elfe sylvain ne tint pas compte de mes bêtises, acquiesçant gentiment à tout ce que j'avais dit. Selon lui, ce devait être les passagers du vaisseau blindé qui étaient en train d'étouffer à cause de la fumée qui pénétrait dans leurs poumons afin de les détruire de l'intérieur. Cette mort atroce m'arracha un regard éberlué comme celui d'une petite fille à qui on avait retiré sa sucette au doux goût sucré. Je n'aurais jamais cru qu'une si grande cruauté habitait Eleth... Mais, que dire ? Après tout, il n'avait pas tort, c'était soit la nature soit leurs petites personnes mesquines et franchement, leur disparition n'était pas une grosse perte pour l'humanité... Par contre, je ne réalisais pas forcément l'ampleur de ses paroles, cet homme était un véritable fanatique de la nature. Même si je vénérais la beauté des somptueuses prairies, des bosquets enchantés et des rivières cristallines, je ne pouvais tout de même pas souhaiter la mort de créatures pensantes... Je ne partageais pas la même vision que cet Elfe, nos positions divergeaient et ne se caresseraient peut-être jamais plus.

(On ne va pas l'attaquer sur sa façon de penser, il a le droit après tout.)

Bien que la violence de ses propos ait été libérée, je désirais toujours en apprendre un peu plus sur ce jeune homme. Après avoir jeté un rapide regard vers le bateau des nains, il commença à me conter sa vie forte intéressante. Je compris qu'il avait passé la majeure partie de sa vie dans les forêts à travers tout le continent ce qui m'éberlua sur le coup. Cette personne avait dû découvrir de nombreuses choses au cours de ses longs voyages excitants alors que moi tout ce qui m'était arrivé était cet horrible aventure aux côtés de ce marchand mystérieux qui n'arrêtait pas de me cacher des choses... J'espérais que les mercenaires qui nous avaient attaqués ne m'avaient pas suivi jusqu'ici ! Je ne désirais pas me retrouver avec une flèche entre les deux omoplates. Toutefois, je continuais d'écouter Eleth et je compris rapidement pourquoi il rejetait violemment la pollution des nains. La description qu'il me fit des nombreuses forêts fut merveilleuse et j'aurais adoré me retrouver dans un de ces mondes enchantés, hantés par de nombreux animaux.
«Vous en avez de la chance ! J'aurais bien aimé avoir une vie comme la vôtre... Mais, le destin en a voulu autrement... J'ai longuement vécu à Lùinwë et c'est à peine aujourd'hui que j'ai décidé de prendre ma vie en main. Je suis donc parti en compagnie d'un vieux marchand qui m'a caché beaucoup d'éléments et nous sommes tombés sur deux mercenaires qui voulaient dérober un objet précieux à mon compagnon de voyage... Enfin ! J'ai réussi à le laisser sur la route et je me suis donc retrouvé à Kendra Kâr où j'ai vu qu'une chasse au trésor allait commencer ! Et me voilà sur le bateau ! J'ai tellement envie de découvrir le monde, faire de nouvelles rencontres et accroître mes connaissances sur tout ce qui m'entoure. Je crois que j'ai fait le tour de ma vie médiocre qui pourtant ne m'a jamais déplu...»

Il y avait un certain temps que je n'avais pas pensé à ce sale marchand qui m'avait fait tomber dans une embuscade. J'espérais ne jamais recroiser son chemin, il m'avait trop porté la poisse comme ça ! Laissant ces sombres pensées où elles étaient, je voulus savoir si Eleth pouvait m'en apprendre un peu plus sur ce voyage qui se révélait déjà passionnant ! Peut-être que la Capitaine possédait une carte au trésor tracée par un vieux pirate sur le point de rendre son dernier souffle ? Ou bien tout était prévu depuis le début et tout ce que nous avions à faire c'était de suivre un chemin prédéfini ? Cela commençait à devenir si croustillant !
«Mais dites-moi ! Savez-vous comment va se dérouler cette chasse au trésor car pour l'instant j'ai plus l'impression que nous sommes dans une course poursuite qu'autre chose. Est-ce normal ? D'ailleurs, où nous dirigeons-nous ?»

J'étais en train de me rendre compte que je me trouvais sur un navire, et que je ne savais pas du tout où je me dirigeais...

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Dernière édition par Dôraliës le Mer 3 Juin 2009 20:44, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 3 Juin 2009 16:18 
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La Capitaine Aëlwinn regarde arriver le duo épique avec un sourire en coin, tout en menant fermement son navire enchanté. C’est sans quitter l’horizon des yeux qu’elle répond à la question de l’aldryde, soudainement plus grave.

« C’est tout naturel de se poser ces questions, nous nous les posons, tous, à différents niveaux, je le crains. Je dois vous prévenir, je n’en sais pas beaucoup plus que vous, mais je vais tenter d’éclairer votre lanterne le mieux possible… Cette course est en effet une chose primordiale. Le ‘trésor’ à la clé serait une arme puissante qui assurerait la préservation de sa patrie à qui la possèderait… Hélas je ne sais pas plus vous en dire sur cette arme, et ne sais quelle forme elle prend : terres stratégiquement bien placées, secrets arcaniques puissants et anciens, artefact enchanté, armée dissimulée… Avec la mobilisation des espèces à laquelle nous assistons, cet événement ne peut-être que crucial. Ce qui est étonnant, c’est… la présence d’aventuriers à la place de soldats. Le nombre réduit de navire, quant à lui, est aisément explicable : Quel capitaine sensé enverrait son navire dans une aventure inconnue en tout point ? Et quelle nation risquerait toute sa flotte dans une telle entreprise irréaliste ? Les capitaines adverses ont quelque chose à prouver, ou sont totalement inconscients, voire fanatique à leur patrie. En ce qui me concerne, j’ai toujours aimé l’aventure, et je n’ignore pas que je passe pour une originale parmi mes supérieurs hiérarchiques, à Luinwë. Tout ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que nos adversaires seront prêts à tout pour s’emparer de ce ‘trésor’ avant nous, et c’est ce qui fait leur force. Pour le bien et la sauvegarde de tous les peuples sous la bannière de la paix, nous avons comme mission de trouver ce trésor, de se l’approprier pour le dissimuler aux yeux de tous, voire le détruire pour que personne ne l’utilise. Un instrument de destruction d’origine inconnue n’est jamais bon à utiliser… Me suivrez-vous dans cette voie, aventuriers, moi qui ai été franche et directe avec vous ? Qu’importe ce qui nous attend, combats épiques, sanglants ou aventures périlleuses, nous devons parvenir à ce but, coute que coute… Pour le bien de tous… »

De son côté, l’aventurier Eleth écoute le récit de Dôraliës avec attention.

« Oh je raffole des récits d’aventure comme celui-ci. Et il est certains que sur ce navire, nous vivrons des aventures dignes des plus grandes légendes ! Mais… J’ignore tout autant que vous où nous allons et pour quelle raison… J’avoue que… tout ceci me fait aussi l’effet d’une course. Sans doute devons-nous trouver ce trésor avant les autres pour nous l’approprier… Il serait tellement plus simple de se le partager, vous ne trouvez pas ? »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 3 Juin 2009 21:47 
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Eleth avait l'air d'être intéressé par le récit de ma vie et de mes récentes aventures, peut-être cherchait-il à voir de quel bois j'étais fait, à moins que ce ne soit juste un moyen de découvrir des recoins cachés de mon âme que je ne connaissais pas moi-même... En tout cas, je n'avais pas trop envie de m'attarder sur les péripéties de mon terrible voyage. J'entendais encore les mots du guerrier résonner dans mon esprit, tout son racisme qu'il avait vomi sur ma personne d'une manière peu ragoûtante. Ce genre d'êtres m'écœuraient, à vrai dire, ils ne méritaient qu'une seule chose : brûler sur un bûcher et sentir la caresse des flammes sur leur si charmante peau. Oui ! Il n'y avait que ça qui pouvait les empêcher de se moquer de moi, j'étais peut-être bleu, mais je n'avais rien de très amusant ! Toutes ces paroles qui m'avaient blessé par le passé remontaient à la surface comme si un volcan entrait en éruption. La colère était sur le point de laisser place à la rage, à un sentiment qui n'était qu'une transe irrévérencieuse que je ne pouvais renier. Pourtant, je n'avais pas le droit d'exploser car les membres de l'équipage n'auraient pas compris cette haine soudaine envers les êtres violents qui m'avaient tant détruit à l'intérieur... Tout ce que je pouvais faire était de garder bonne figure et de ne pas trop diverger dans mes propos :
«Si vous voulez je peux vous donner quelques détails sur mon voyage. C'est mon père qui m'a présenté à ce vieil elfe et il a rapidement accepté que je l'accompagne jusqu'à la Grande cité des humains... J'aurais dû me méfier, d'ailleurs à présent je sais à quoi m'en tenir, je ne ferai plus preuve de naïveté ! Ensuite, dès la première journée, les deux mercenaires nous sont tombés dessus, mais, bien entendu, je n'étais au courant de rien, tout ce qu'il m'avait dit c'était qu'il transportait une cargaison d'oignons pour Kendra Kâr... Autant dire qu'il m'a pris pour un débile car j'ai rapidement appris qu'il transportait une relique assez précieuse. Enfin, nous avons retrouvé un guerrier qui nous a amenés jusqu'à l'entrée de la ville humaine sans encombre... Mais, ce nouveau compagnon était raciste et me méprisait complètement à cause de ma couleur bleue... J'ai vraiment passé un très mauvais moment en leur compagnie et cette nouvelle aventure était le moyen de me réconcilier avec les missions dangereuses.»

Je pensais avoir fait un exposé plutôt honorable de cette petite épopée sur le continent de Nirtim. Bien sûr, je ne pouvais pas être totalement neutre dans mes dires étant donné que je ne m'étais pas réellement senti à mon aise tout au long du voyage. Mais, à travers ces petits détails, j'exhibais ma personnalité et rendait compte de mes goûts à ce Sylvain. Par contre, lui était aussi perdu que moi et ne semblait pas s'inquiéter du bon déroulement des événements. Apparemment, tout ce qui l'intéressait c'était le butin qui avait l'air d'être plutôt attirant, même si aucun de nous ne savait ce qu'il représentait... Mais, d'un autre côté, si autant de personnes luttaient pour découvrir le trésor, il devait être vraiment somptueux !
«Je suis si impatient de me trouver face à face avec les autres équipes, cela me met en effervescence ! Une fois que nous serons au coude à coude avec eux nous verrons de quoi ils sont capables et cela nous permettra de leur montrer que le peuple elfe est et restera à jamais le plus puissant ! Enfin, je ne dis pas ça pour nos deux coéquipiers un peu différents car je suis sûr qu'ils sont faits de la même étoffe que les membres du navire ! Mais dites-moi, connaissez-vous un peu le monde de la magie car j'ai l'impression qu'il a l'air assez présent sur le bateau et je dois bien avouer que j'ai rarement été confronté à ce genre de choses. Vous savez dans ma jeunesse j'avais plus l'habitude de m'amuser dans le merveilleux jardin de la Cité plutôt que d'enflammer des végétaux d'un simple regard... Est-ce dangereux d'après vous ?»

J'allais peut-être en apprendre un peu plus sur toute cette partie du monde qui m'était complètement inconnue. Ma famille et mon meilleur ami n'étaient pas doués de pouvoirs surnaturels qui leur permettaient de déplacer des montagnes en claquant des doigts...

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 4 Juin 2009 01:43 
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Ha ha ha, quel allant vraiment, quel réservoir de vie contenu dans un si petit corps que celui de Silmeï, dont la pétulance ne va pas sans me rappeler celle de cadets de ma famille comme Lewis ou Igawa qui, à l’instar de la créature ailée, ont toujours su faire preuve de cette invincible confiance, non seulement en soi mais en les autres aussi, qui permet de garder en permanence la tête haute en toute situation pour faire face aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer et jouer des pieds et des mains pour trouver une solution à tout moins un échappatoire. Je fais la comparaison sans aucune condescendance, et au fond, c’est véritablement un compliment, car en grandissant, tout le monde perd de cette magie de l’enfance qui fait qu’un être d’âge avancé finit en général toujours plus ou moins par tout voir d’une manière pince-sans-rire selon des leçons de pragmatisme qui excluent toute magie de ce qu’il peut croiser sur son chemin droit et inexorablement adulte… et justement, puisqu’on parle de magie, y aurait-il ainsi pu avoir de caractère plus adapté que celui d’un garçon bouillonnant de vitalité pour ce cryomancien aux talents multiples qui restent sans doute encore à être développés mais qui ont prouvé qu’ils sont déjà considérables ? D’ailleurs, il fait bien de lui-même reconnaître ses talents innés qui ne demandent qu’à être portés à maturité, se vantant des germes de son génie tout en conservant cette modestie espiègle qui se manifeste par le clin d’œil complice et empli de promesses d’avenir par lequel il clôt sa phrase laissée à dessein inachevée : décidément, à moins que cet aldryde ne soit un prodige de machiavélisme qui dissimulerait une personnalité roublarde et pernicieuse sous un masque bon enfant –hypothèse peu probable, on en conviendra-, je sens que nous sommes faits pour nous entendre, et dès que nous aurons fini de satisfaire notre grande curiosité à tous les deux, il faudra que nous conversions plus longtemps afin de mieux nous connaître l’un l’autre de manière à développer les prémices d’une amitié que je prévois d’ici fructueuse !

Mais en attendant, avec de nouveaux compliments qui ponctuent mon sourire d’un petit rire obligé, le voilà qui se met à cheval sur la paume de ma main, celle-ci recevant le marquant personnage avec autant de facilité que si son corps entier était fait de plumes. Dans mon enfance, Lewis, puis, récemment, Keynthara, et maintenant Silmeï… décidément, si je continue à faire des rencontres de cet acabit dans mon existence, il faut croire que j’ai une carrière de porteur toute tracée ! Comme quoi, le proverbe peut bien dire qu’on a toujours besoin d’un plus petit que soi, mais en attendant, dans le cas présent, c’est lui qui est loin d’être contre qu’une personne de taille supérieure lui porte assistance, supériorité physique dont je ne me glorifie nullement, me doutant bien que si nous devions arriver à combattre –à nouveau, hypothèse peu probable, mais je l’envisage pour le développement de mon point-, j’aurais sans doute bien du mal à estoquer ou percer un grand papillon pareil tandis que lui n’aurait aucune peine à me mettre en joue pour me refroidir au sens le plus littéral du terme !
Sans avoir peur de sauter du coq à l’âne en mentionnant l’aniathy, je me demande ce que peut devenir cet être étonnant à l’humeur justement si enfantine, de même d’ailleurs que tous ces aventuriers émérites des Sept sabres : Lillith, Cromax, Filgaren, Phanie et… Atanya, je me demande bien quels chemins leurs existences respectives ont bien pu prendre, et si je les reverrai d’ailleurs un jour…

Allons, ce n’est pas le moment de se laisser aller à une nostalgie qui ne peut que nuire à ma bonne concentration : après tout, je ne dois pas l’oublier, je ne suis pas là en touriste, ni même vraiment en raison de l’attrait de l’aventure même si celui-ci joue grandement dans mon engouement, mais parce que j’ai été mandé par le Temple, aussi pour ne pas démériter de cette fonction à l’importance qui est loin d’être moindre, gardons les yeux et les oreilles ouverts ! Gardons aussi le pied alerte et une main toujours prête à me rattraper, car si, dans le cas d’une chute, j’encaisserais sans doute sans difficulté, tel ne serait vraisemblablement pas le cas de mon comparse qui, sans être en porcelaine, risquerait fort de se casser un os à tomber d’aussi haut pour sa taille ! J’aurais bien ajouté la bouche à la liste, mais à ce niveau, mon auxiliaire ailé et zélé me semble bien être suffisamment compétent pour se passer de mon concours, n’omettant d’ailleurs pas de répondre à ma proposition de tutoiement avec la même spontanéité que jusqu’alors, me retournant au passage l’offre alors que nous approchons du poste de la capitaine, offre que je n’ai pas le temps d’accepter verbalement avant que l’intéressée ne se tourne vers nous avec une expression bienveillante à laquelle je ne peux m’empêcher de trouver quelque chose de maternel qui me ferait rougir si je ne prenais pas sur moi pour paraître plus digne que ça.
Au passage, je me demande bien évidemment ce qu’est une « Acrila » (une question de plus à lui poser sur ses origines !)… cela reste à préciser, mais d’après les termes employés, ça indique probablement une mégère dans le folklore des aldrydes. Mais maintenant que nous sommes en face de la plus grande autorité à bord, que je ne reste pas là à remuer mes réflexions sans grand intérêt sans doute, et que je porte plutôt mon attention sur le visage altier d’Aëlwinn à laquelle Silmeï adresse la parole du haut du trône que je lui fournis en le portant au niveau du visage de son interlocutrice, présentant notre requête d’une manière sur laquelle je n’ai rien à redire même si j’aurais sans doute procédé de façon différente.

Et c’est la réponse extensive de l’aimable elfe qui, en faisant preuve d’une étonnante cordialité qui, loin de faire preuve de fatuité ou même d’impériosité, adopte le ton de la confidence, fait de son mieux pour répondre à notre curiosité juvénile, abordant le sujet de long en large et en travers de façon à se montrer le plus explicite possible, me laissant au fur et à mesure la bouchée si bée que, si son élongation était proportionnelle à mon étonnement, elle toucherait en ce moment même le plancher blanc. Ca peut paraître exagéré, mais nom de Rana, qui ne se sentirait pas un tant soit peu mal à l’aise de savoir que nous sommes lancés tous autant que nous sommes en direction d’une sorte de ruée vers l’or d’un calibre proprement effrayant puisque la régate qui vient dans le fond à peine d’être lancée avec frénésie depuis le port de Kendra Kâr a pour objet de ses recherches quelque chose qui pourrait bien changer la face de Yuimen si l’on se fie à la puissance que les rumeurs qui courent sur lui lui prêtent ? D’accord, comme le fait remarquer la dame aux cheveux ardents, tout ce que nous pouvons avoir comme informations ne sont que des bruits qui peuvent à bon droit paraître chimériques, dignes d’affabulations inventées pour calmer des gamins trop turbulents, mais tout de même, pour qu’une telle armada ait été lancée, il faut bien qu’il y ait une part de vérité un tant soit peu importante !

Mais voilà justement qu’elle embraye sur une préoccupation dont l’affirmation me fait vibrer la poitrine en harmonie avec les intonations fortes mais mesurées de ses paroles qui ne peuvent que renfermer la vérité : moi-même, je serais tenté de me servir d’une telle chose pour sauvegarder mon Ynorie chérie des raids orques qu’elle subit de manière quotidienne, mais le fait est que recourir à un pareil remède pourrait s’avérer pire que le mal, car les convoitises qu’un tel artefact attirerait s’avèreraient, j’en suis sûr, plus périlleuses pour mon pays natal que toutes les attaques que les armées d’Oaxaca ont pu lancer sur lui jusqu’à présent, sans compter qu’il ne serait pas impossible que l’usage s’en retourne contre ses utilisateurs, faisant ainsi revenir à la case départ, et même pire ! Si Rana est la déesse tutélaire d’Oranan, elle est avant tout la pourvoyeuse d’universelle sagesse, et c’est avec cette vertu au fond du cœur qu’Aëlwinn nous exhorte à suivre ses recommandations, la disciple de Meno ne se montrant pas bouillante et emportée à la façon d’un incendie de forêt ravageur comme on aurait pu s’y attendre, mais plutôt chaleureuse et éclairante de la même manière qu’un feu de cheminée ou une lanterne. En tout cas, la flamme qu’elle instille en cet adorateur de la déesse des vents n’est pas éteinte par l’air qui gonfle son pectoral, mais bien vivifiée, car elle fait écho à ses propres convictions d’harmonie universelle, projet certes fantasmagorique, mais qui ne pourra dans tous les cas jamais être mené à bien si nous ne faisons pas des efforts tels que ceux que propose la pyromancienne.

« Pour le bien de tous, oui ! » Réponds-je en écho à ses derniers mots. « Vous avez raison : trop de sang a déjà coulé, et si ce que nous trouverons au bout du chemin représente vraiment un tel danger potentiel, il est notre devoir absolu de faire en sorte qu’il ne puisse tomber aux mains de puissances néfastes, et vous avez mon concours absolu pour cette entreprise. Je renie Rana si j’ai menti ! »

Et sur cette formule, je me serais bien frappé le côté gauche de la poitrine du poing droit si cela n’avait pas broyé le pauvre Silmeï, mais qu’importe, je crois que mes paroles ont été suffisamment éloquentes pour démontrer ma conviction et que le regard qui ne cille pas avec lequel je rive mes yeux dans ceux de la capitaine indiquera que je ne prends pas ce que je dis à la légère.

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 6 Juin 2009 11:37 
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Le regard amusé sinon affectueux avec lequel le capitaine nous couve ne manque pas de me faire monter le rouge aux joues, et c'est déjà dans mes petits souliers que j'écoute avec attention la réponse de l'elfe flamboyante. Et quelle réponse! Pendant son long discours, prononcé à la fois simplement et sagement, sur le ton de la confession honnête, je me trémousse à califourchon sur la paume de Léonid, tandis qu'une foule de pensées m'assaille de toutes parts.
Tout d'abord, nom d'une Akrilla, je me rends compte que la capitaine du navire ne sait même pas vers quoi elle vogue toutes voiles dehors! Si son air rêveur et passionné, renforcé par ses paroles directes, témoigne de son goût certainement immodéré pour l'aventure, la découverte, les épopées inconnues, il n'en reste pas moins qu'elle est probablement en train de nous envoyer au casse-pipe. Génial. Et en plus, comme si l'inconnu n'était pas déjà assez teinté de dangerosité, Aëlwinn nous apprend que l'enjeu de toute cette course est tel que absolument tous les concurrents sont prêts à tuer pour gagner.
Mes réflexions s'égarent quelques instants sur la fameuse "récompense" qui pourrait assurer la sauvegarde d'un espèce entière. Ou bien de l'extinction. Dangereuse pente, l'Aldryde. Je me demande bien combien de temps cela me prendrait pour châtier toutes ces folles, aidé par cette arme inconnue. Certainement pas plus longtemps que la durée d'un bon cri de souffrance. Un hurlement pour payer un siècle de silence hurlé. Mais quel hurlement! Ce serait le crachat de la peur d'une communauté entière, un unisson démoniaque et charmeur. Unisson que je reprendrais alors, chantant ma vengeance enfin accomplie, et me baignant dans le sang de mes semblables, comme lors du jour de ma libération...
Pendant que j'échafaude mille plans pour m'emparer de cet instrument de vengeance assuré, Aurore observe un silence terne dans mon esprit. Mais tout à ma soif de douleur réveillée, je ne m'en que vaguement compte. Que disais-je déjà? Ah oui, les tuer. Toutes, jusqu'à la dernière. Pas de doute: la blessure qu'elles m'ont infligé au plus profond de mon âme ne cessera de suinter le pus et le venin jusqu'à être cautérisée de la manière la plus brutale qui soit. Etrangement, j'ai l'impression d'être déconnecté de mon corps. D'un côté, j'entends les paroles de l'elfe, et je sens la chaude paume de Léonid sous mes jambes. Mais d'un autre côté, mon esprit semble happé dans une spirale noirâtre, un tunnel sanglant au bout duquel se trouve une lumière inaccessible. Cette partie de moi, la partie joyeuse réveillée par les bons soins de personnes comme Kiana ou Aurore, la partie encore un peu rouillée par un siècle de solitude folle, semble s'écouler dans ce tunnel, et retourner dans les limbes de mon inconscient.

(Sil'!)

Cri d'espoir fulgurant. Aurore. Aurore? Ma Faera emplit mon esprit, inquiète:
( Silmeï, à quoi tu joues?!)
(Euh. Je... Je partais. Je crois...)
(A l'avenir, tu éviteras ça, l'Aldryde. J'ai eu l'impression d'être dans l'esprit d'un zombie, là. Et c'est vraiment désagréable. Alors secoue-toi!)

Je ne bégaie rien. J'essaye de retracer le fil de mes pensées, ce fil qui m'a conduit droit dans un trou puant. Quête, récompense, arme, vengeance. Soudain reconnecté à mon entourage, je me rends compte que la capitaine a terminé de parler, en concluant son laïus par une requête sincère d'aide: trouver cette chose, quelle qu'elle soit, et la détruire. Pour éviter que des fous comme moi mettent la main dessus, certainement... Je dois me ressaisir. A défaut de m'ébrouer physiquement, je me secoue les pensées pour déloger les plus sombres.

J'écoute, attentif, Léonid assurer son aide pour atteindre cet objectif pour le moins altruiste. Quelque chose dans son empressement à répondre me fait suspecter quelque évènement douloureux dans son passé, qui fait qu'il se sent directement concerné par cette récompense merveilleuse et mystérieuse. Pas de doutes, je suis tombé sur un bateau noble. Ce n'est pas plus mal, je suppose.

(Et je te conseille de suivre le mouvement, l'Aldryde. Je n'ai pas envie de te voir transformé en monstre moi.)


Je médite ces paroles quelques instants, et me rendant compte que c'est à mon tour d'intervenir, après le discours d'Aëlwinn, je parle à mon tour, assurément moins convaincu que mon compère humain:

" Oui, vous avez raison, ce genre de chose n'est pas à mettre entre toutes les mains. Mieux vaut éviter de faire couler le sang à nouveau. "

Avec une brève inclination de tête, j'ajoute à l'adresse des deux géants:
"Je suis honoré de côtoyer une telle sagesse. Espérons que chacun ici saura faire preuve d'une telle mesure, le moment venu. "
Qui sait si cette dernière phrase ne s'appliquera pas à moi...

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 6 Juin 2009 13:55 
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Eleth, une nouvelle fois absorbé par les paroles narratives de Dôraliës, l’écoute sans l’interrompre raconter ses aventures. Visiblement, le maître musicien sait comment faire pour attirer l’attention d’un auditoire ! à moins que l’aventurier des bois ne soit un public facile… Quoi qu’il en soit, il semble partager sa rancœur contre les individus racistes envers les elfes, et opine du chef pendant que l’elfe bleu parle. Quand il termine en abordant le monde de la magie, Eleth répond en haussant les épaules et les sourcils.

« Hé bien j’avoue ne pas maîtriser de tels dons, moi non plus, même si j’ai déjà maintes fois été confronté à des mages, qu’ils soient mes alliés ou mes ennemis, druides, pyromanciens, aquamanciens et autres manieurs des éléments. Ils ont certes des pouvoirs fort impressionnants et dangereux, mais le chant d’une lame bien maniée l’est tout autant ! Enfin… Tout dépend leur niveau de maîtrise, c’est évident. Je fais confiance en les mages de ce navire, ils ne semblent pas emplis de mauvaises intentions, et nous ne pouvons que nous féliciter de les avoir de notre côté, et non face à nous. Et puis si vous faites référence à cet instrument fabuleux que la Capitaine Aëlwinn vous a donné, je dois admettre que vous avez eu une grande chance : c’est un objet puissant que vous aurez surement à user pour préserver notre voie loin de tous les tracas de la violence… »

De son côté, Aëlwinn reçoit la réaction des deux aventuriers avec un sourire protecteur, visiblement touchée par leurs mots.

« Sieur Archevent, je ne vous demande aucune promesse de fidélité. Je vois en vous la bienveillance de votre cœur, et cela me suffit à croire que vous m’épaulerez dans la tâche que nous devons accomplir. Petit Silmeï, je ne peux qu’espérer une telle chose, en effet… Bien que je craigne que nos ennemis ne partagent pas l’avis du pacifique peuple elfe… »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 6 Juin 2009 17:23 
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Eleth m'écoutait sans jamais me couper la parole, cet homme savait vraiment se montrer agréable tout comme les autres personnes qui se trouvaient sur le navire, je n'en doutais pas. Pourtant, mes paroles n'avaient rien de très intéressantes, il devait certainement aimer les récits épiques qui avaient eu lieu dans le monde entier... Mais, peut-être ? Était-ce un scribe qui écrivait les histoires contemporaines pour les remettre entre les mains d'une personne compétente qui travaillait dans la bibliothèque de Cuilnen ? Oh ! Il était possible que je sois en train de devenir une vedette et je l'ignorais totalement ! En outre, cela paraissait de plus en plus plausible étant donné que nous étions en train de vivre une aventure incroyable qui méritait d'être inscrite dans les livres d'Histoire ! J'étais persuadé que nous allions devenir de véritables héros aux yeux du monde elfique !

(Pourquoi pas ? Par contre, il n'a aucune raison de cacher une telle activité, surtout qu'il a l'air d'être libre comme l'air !)

Je devais certainement me tromper, mais l'idée me plaisait bien et il était clair que Santias aurait lui aussi apprécié devenir un personnage épique ! Enfin, à sa hauteur bien sûr car sa présence n'avait rien de très utile et je ne doutais pas qu'il me causerait quelques petits problèmes si la situation devenait dangereuse... Je verrai bien lorsque cela se présentera, pour l'instant le voyage était plutôt calme si on exceptait la petite péripétie qui avait failli causer notre perte... Toutefois, nous étions toujours là et nous n'allions pas nous laisser abattre par ce petit contre-temps ridicule ! D'ailleurs, de cette manière nous avions la possibilité de nous découvrir sans encombre, tout ceci était finalement bien amusant !

(Tant qu'on ne meurt pas, la quête me plaît !)

Le Forestier semblait être sur la même longueur d'onde que moi car je compris qu'il trouvait le racisme inacceptable et il avait bien raison ! En y réfléchissant bien, j'aimerais devenir une sorte de vengeur masqué qui combattrait tous les problèmes sociaux qui ne faisaient que détruire l'âme des personnes sensibles... Cela était une bonne idée ! Mais, d'un autre côté cette métamorphose me transformerait en une sorte de fanatique potentiellement stupide ! Non, je ne pouvais pas me changer en ce genre de personnes, ça ne m'intéressait vraiment pas... Le monde était bien trop dangereux pour un être aussi faible que moi, je n'aurais pas tenu plus de deux jours sur les chemins arpentés du continent de Nirtim... Déjà que j'avais failli décéder deux fois en moins d'une semaine, je ne préférais pas tenter Païtos, ce Dieu me semblait plutôt lugubre, même si en réalité la mort n'était qu'un nouvel événement déplaisant de la vie... Et encore cela dépendait certainement du point de vue de chacun...

(Je crois que c'est un problème existentiel que je ne suis pas en mesure de résoudre avec mes maigres capacités de réflexion...)

La mort ? Il faudrait que j'arrête d'y penser sinon je vais l'attirer comme l'aurait fait un aimant sur un bout de métal. Pour l'instant, je me devais de boire les paroles d'Eleth qui me paraissaient plutôt excitantes. Je compris que je n'avais rien à craindre des puissantes forces que maîtrisaient mes nouveaux coéquipiers, ce n'étaient apparemment que de simples capacités comme la force ou la dextérité... Mais, en tout cas, ces personnes avaient été touchées par la grâce divine et cela me faisait affronter la dure réalité en face... Je n'étais qu'une créature dépourvue de tout intérêt... Après tout, il fallait être rationnel, je ne savais pas très bien me battre et lorsque je manipulais un arc, la probabilité que je reçoive ma propre flèche dans l'abdomen était disproportionnée par rapport à celle qui m'aurait permis de trouver une bourse remplie de diamants dans la rue... Enfin ! J'excellais quand même dans les arts musicaux ce qui me permettait d'avoir une certaine fierté...
«Je suis d'accord avec vous, les aventuriers de ce navire ont l'air de savoir ce qu'ils font et cela me rassure car je ne suis pas très doué dans l'art du combat... Au moins, ils compensent mes piètres aptitudes ! Quant à la flûte enchantée, je dois bien avouer que si elle peut nous aider alors je serai heureux de l'utiliser le plus souvent possible ! Espérons qu'elle puisse nous éviter des combats inutiles... Par contre, il me semble que nous avons perdu quelqu'un, je ne me souviens plus exactement de son prénom, mais c'était un elfe blanc plutôt prétentieux, envoyé par la Reine de l'Anorfain pour nous chaperonner dans notre aventure... Comme si on ne savait pas se débrouiller tout seul. Enfin ! Tant qu'il ne commence pas à nous donner des ordres auxquels je me sentirais obligé de désobéir, il ne me gêne pas. Mais bon, sa couardise ne nous servira pas énormément... Attendons de le voir à l'œuvre, il possède peut-être des qualités cachées ?»

Mais, où avait-il bien pu passer ? Je préférais l'avoir à l'œil celui-là, il ne me disait rien qui vaille et il aurait pu être une source de problèmes plutôt embêtante. Devrais-je partir à sa recherche pour l'espionner ? Hum... Vu que j'étais aussi discret qu'un troll en rut, je préférais rester sur le pont et continuer de papoter avec ce si charmant adorateur de la nature !

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 7 Juin 2009 17:12 
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Une fois encore, Aëlwinn montre que la chaleur est son élément en gratifiant Léonid et moi-même d'un regard protecteur et reconnaissant devant notre promesse de faire au mieux. Je ne peux m'empêcher d'être légèrement mal à l'aise devant cette confiance sereine qu'elle semble placer en nous, de la manière la plus simple qui soit -et en cela, je l'estime beaucoup, car elle est loin de la fausseté des manières des géants de d'habitude-, car mes pensées se sont égarées dès l'évocation de cette puissante récompense dans des recoins sombres et peu recommandables de mon esprit, mettant violemment au rebus toute mesure, prudence, ou pitié.
De toutes façons, je suppose qu'avec Ergoth à ses côtés, et ses talents de pyromancienne hors pair, elle ne doit pas craindre grand monde ni grand chose...

Les pensées un peu plus claires, après cette accès étrange de léthargie vengeresse, je me rends compte que malgré le caractère franc et développé de la réponse de l'elfe, je ne sais toujours pas nous voguons. Un trésor, d'accord, mais où?! C'est bien beau de vouloir arriver le premier pour se servir, encore faut-il savoir où se diriger! Je jette un coup d'oeil dubitatif à la grande roue servant de gouvernail au navire, qui tourne plaisiblement entre les mains assurées du capitaine.

(Tu crois qu'elle sait où on va, toi?)
(J'espère que oui! Je ne tiens pas à m'éterniser en mer, moi!)

La confiance de l'elfe semble se fissurer très finement lorsqu'elle me répond, formulant le voeu que chacun sur ce bateau choisisse la voix de la sagesse lorsque l'insidieuse tentation se présentera. Et une insondable tristesse paraît voiler son regard, lorsqu'elle évoque nos ennemis. Ces ennemis que j'ai du mal à imaginer en bêtes sanguinaires et avides de gloire, prêtes à tuer père et mère pour des yus.
(Et de la bière!)
(De la quoi?)
(Non, rien, continue.)
Bon d'accord. Etrange de se dire que ces aventuriers que nous avons croisé sur le port se sont transformés en ennemis mortels à partir du moment où ils ont choisi un autre navire que nous. Mais en même temps, les terribles évènements du port ont mis tout le monde au parfum: quoiqu'il arrive, il y aura du sang. Je n'ose d'ailleurs même pas imaginer l'état de mes camarades si la cinquième version du Vaisseau-Lune s'était écrasée sur les quais!

Je laisse quelques instants mon regard parcourir le pont étincelant du navire. Ici, Dôraliës et la Rapière en grande conversation, leurs visages chaleureux concentrés sur les paroles de l'autre. Là, Maelan scrutant l'horizon, l'air renfermé (surprise!). Et là, Ergoth de nouveau statufié à l'avant du bateau. Et enfin Léonid, cet humain si agréable. Qui sait ce qui va arriver à chacun d'entre nous avant la fin de cette aventure? A bien y réfléchir, les paroles du capitaine ne sont pas, mais alors vraiment pas rassurantes. Enfin bon, si jamais une trop grosse tuile nous tombe sur le coin du nez, on pourra toujours sacrifier Santias. Ou bien utiliser la Galoche comme appât. Niark.

Revenant à ma principale préoccupation de l'instant, j'interroge à nouveau la majestueuse Aëlwinn, qui semble décidément parfaitement à sa place sur le pont magnificent du Vaisseau-Lune:

" Et où voguons-nous exactement? Avons-nous une chance de rattraper les navires devant nous, notamment ce bateau noir et macabre qui est parti du port le premier, ses voiles comme gonflées par les soupirs et les hurlements des mourrants? "

J'ignore Aurore qui pouffe de rire dans mon esprit en entendant mon bref mais intense accès de lyrisme larmoyant.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 8 Juin 2009 14:47 
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Héla, un peu de calme archer Oranien ! A voir la fougue dont j’ai fait preuve en déclamant mon serment si ardemment, on aurait dit que c’était moi qui suis parcouru d’une magie de feu et non Aëlwinn étant donné la manière dont elle conserve un sens de la mesure exercé en comparaison de moi qui me suis peut-être laissé emporter un peu facilement par mes convictions… non pas qu’il y ait réellement quelque chose de mal à ça, mais bon, il faut savoir garder la tête froide si l’on veut mener la barque de sa vie avec la même maestria que notre capitaine qui nous conduit à travers les flots en tenant la barre aussi aisément que si elle avait entre les mains les rênes d'un animal de bât docile, ayant tout juste besoin de lui imprimer une poussée de temps à autre pour que l’imposant mais gracieux édifice de bois blanc suive sans broncher. En tout cas, Silmeï s’est peut-être montré moins bouillant que moi dans son affirmation, comme si une telle conclusion lui avait coûté face à la tentation d’avoir une telle puissance à sa disposition pour régler quelque noir problème issu de son passé, mais il n’a pas manqué de faire preuve de sagesse dans ses propos, cette même sagesse dont il nous félicite, et cela suscite chez notre interlocutrice un nouveau sourire qui pourrait nous assimiler moi et l’aldryde à deux écoliers en face d’une institutrice bienveillante si nous ne nous contrôlions heureusement pas mieux que ça afin de faire preuve de plus de dignité que des gamins dont le Vaisseau-Lune n’aurait certainement pas besoin : pour le moment, l’ambiance est plutôt bon enfant, surtout avec l’allégresse de notre délivrance, mais je présage qu’à l’avenir, il nous faudra faire preuve de davantage de sérieux si nous voulons être capables de garder la tête sur les épaules.

Pour en revenir à notre discussion, l’amène pyromancienne s’empresse de tempérer mes excès sans pour autant dénigrer mes paroles, signe là d’une reconnaissance sincère mais modératrice que je ne peux qu’approuver bien que le « Sieur Archevent » me déstabilise toujours autant : décidément, je crois que je ne m’habituerai jamais à des appellations pareilles, surtout à ce stade de ma vie où mon parcours est encore bien trop modeste pour mériter en tel respect, et d'autant plus de la part d’une commandante de navire elfique doublée d’une magicienne de calibre supérieur ! Mais bon, il ne faut pas que je laisse les compliments et les appellations polies me monter à la tête, car l’heure n’est pas à l’enorgueillissement mais à la circonspection : comme la dame aux cheveux de feu le rappelle, nous ne sommes pas les seuls en lice, et il ne s’agit de toute évidence pas là d’une épreuve sportive faite de règles et de principes de probité mais d’une chasse au trésor digne d’un récit de pirates où tous les coups sont permis ; pas étonnant que l’un des bateaux à quai de tout à l’heure répondît justement à une telle affiliation ! Le pacifique peuple elfe, voilà un adjectif que je ne rechignerais aucunement à m’arroger moi-même, et espérons d’ailleurs que lorsque le moment malheureusement sans doute inévitable à long terme viendra où il faudra se confronter aux autres participants, tout le monde ici à bord s’avèrera habileté à mettre ses adversaires hors combat sans pour autant les faire passer de vie à trépas !

L’instant viendra où la pertinence d’un tel souhait se vérifiera, mais en attendant, le temps des questions ne paraît nullement être écoulé, pas pour Silmeï en tout cas qui se révèle d’une curiosité insatiable bien que tout à fait légitime en ce qui concerne les tenants et les aboutissants de notre mission. Au passage, en parlant de mission, je me demande toujours bien en quoi celle qui m’a été confiée par la Dame Blanche peut bien consister, car son message passablement flou ne faisait état d’aucun objectif à suivre en particulier à part celui de se joindre à l’expédition en tant que membre. Se fierait-on à moi pour que je rafle ce qu’il y aura en bout de parcours afin que je le rapporte au Temple ? Ça m’étonnerait qu’on attende quelque chose d’une telle ampleur de moi, mais d’un autre côté, c’est vrai que le capitaine Tiercevent a été envoyé lui aussi, et pour qu’un personnage aussi expérimenté que lui ait été semblablement mandé, il faut vraiment qu’il s’agisse d’une tâche de grande ampleur, et je dois dire que cela ne fait rien pour me rassurer. Bah, je suppose que faute de mieux, j’aviserai au fur et à mesure que les évènements se profileront, et dans le cas présent, il est préférable de ne pas cesser de prêter une oreille attentive à l’obligeante Aëlwinn qui s’avère de plus en plus être une obligeante mine de renseignements en plus d’une manipulatrice des flammes de choc et de charme.

« Et à propos de nos « ennemis », vous êtes sûre que la compétition prendra une ampleur aussi impitoyable ? Non pas que je sois incapable de me battre mais… vous comprendrez que l’idée de nous entretuer me met pour le moins mal à l’aise. »

Hé oui, tout de même, si je me revendique pacifiste, ce n’est pas pour me donner un genre, mais parce que je suis véritablement convaincu qu’il est préférable de laisser quelqu’un finir ses jours dans la tranquillité d’une mort paisible que par la pointe de sa lame, et même si de telles aspirations sont depuis longtemps reconnues comme chimériques (si les Oraniens y avaient cru jusqu’au bout, notre belle capitale aurait été depuis longtemps rasée par les orques !), cela ne m’empêche pas de vouloir y croire et faire tout mon possible pour les mettre en application si l’occasion vient à se présenter : un bon coup du plat de la lame pour assommer plutôt qu’estoquer, ou des flèches dans les jambes pour handicaper et réduire à la reddition sans trucider, voilà qui me paraît une ligne de conduite plus avisée à suivre que de se ruer les uns sur les autres comme si nous étions pris de folie furieuse, cette même folie furieuse ayant survenu sur le port et que je ne désire pas avoir à constater à nouveau pour le restant de mes jours !

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 11 Juin 2009 13:43 
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Petit à petit, les couleurs du ciel se teintent de tons témoignant du proche crépuscule de cette sanglante journée. Le soir ne va pas tarder à arriver, et sur le Vaisseau-Lune, rien n’est à déplorer puis l’incident du port. Il file toujours bon train, très bon train même, et est toujours acculé par l’Eclair de Roc, crachant toujours volutes noires et épaisses par ses cheminées incorporées aux mâts.

Eleth répond à Dôraliës après avoir scruté un instant le pont, constatant lui aussi la disparition de l’elfe blanc.

« Vous avez raison, le Sieur Valor Fein semble s’être éclipsé depuis l’histoire de la chaîne… Sans doute s’est-il trouvé un coin à l’ombre dans ce navire, il ne semble pas habitué à passer de longues journées sous le soleil marin. Allons le chercher, si vous le voulez, il ne doit pas avoir disparu ! »

Et avec entrain, Eleth t’entraine vers la porte unique jouxtant le pont du Vaisseau-Lune.

Pendant ce temps, la Capitaine Aëlwinn répond au petit mage de glace et à son ami soldat.

« Si je ne connais pas notre destination, je peux au moins préciser notre position globale. À en juger par le cap que nous maintenons et notre vitesse, nous devons nous trouver à égale distance de Nirtim et de l’Imiftil, au sud-ouest de notre ville de départ. Le seul problème, c’est que… nulle île n’est répertoriée, dans les environs, proche ou lointaine… En ce qui concerne les autres navires, si nous maintenons cette allure, nous les rattraperons sans soucis. Ils ne sont pas mus par les puissances magiques, comme nous… Quand au navire noir, je ne sais vous préciser sa position, mais quelque chose me dit qu’il n’a plutôt pas intérêt à trop s’éloigner des autres concurrents… »

Elle se tourne alors vers Léonid, arborant un air grave :

« Vous n’êtes pas seul à vous poser ces question, jeune humain. Et le malaise que vous ressentez envers les combats sanglants qui peuvent accabler notre route pèse aussi sur mon cœur. Vous connaissez l’ambition des hommes, des nains ou des créatures de l’ombre. Chacun voudra utiliser le pouvoir du trésor à son avantage, alors que la seule chose à faire est de le détruire. Vous ne semblez heureusement pas aussi corruptible que vos semblables. Puisse cela perdurer… »

C’est alors qu’un bruit fracassant envahit l’air. D’un coup, des détonations sourdes parcourent la coque interne du navire nain derrière le Vaisseau-Lune, et elles vont crescendo, augmentant toujours en puissance. Bientôt, des flammes violentes apparaissent en une nouvelle explosion sur le pont, et maints Torkins plongent éperdument dans l’océan, coulant bien vite sous le poids de leur armure, et par leur incapacité à nager. C’est alors qu’une explosion plus violente encore, véritable cataclysme sur les mers, fait intégralement exploser l’Eclair de Roc. Des débris sont projetés dans tous les sens, bois et métal. Un souffle brulant parcoure le pont du Vaisseau-Lune, et les débris sont projetés jusqu’à vous. Fort heureusement, aucun d’entre vous n’est touché par ceux-ci, et tous ne peuvent que constater avec impuissance le naufrage étrange du navire nain… C’est alors qu’un bruit sifflant se rapproche. Bien vite, quelque chose, un débris plus imposant que les autres, atterrit sur le pont. C’est la silhouette d’un nain qui déboule et roule sur le pont elfique en hurlant de terreur avant de s’immobiliser, sur le dos… C’est un nain tout en armure, avec une barbe rousse épaisse et un casque à cornes… Il reste là, immobile, visiblement inconscient… Seul rescapé de l’équipage de l’Eclair de Roc…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 11 Juin 2009 19:18 
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Inscription: Sam 3 Jan 2009 13:20
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Décidément, même si chaque réponse de la capitaine est d'une franchise à toute épreuve, elle ne manque pas de m'obscurcir encore plus les pensées, et de m'amener à me poser toujours plus de questions. Si Aëlwinn ne sait pas où exactement elle se dirige, comment diable fait-elle pour maintenir son cap? Et puis, quelle est donc cette puissance magique qui nous permet d'avancer si vite? Comment se fait-il que je n'arrive pas à la détecter? Et surtout, quelle est cette histoire à propos du navire noir, qui ne pourrait pas s'éloigner trop des autres concurrents? Toutes ces questions tournent furieusement dans ma caboche, sans parvenir à trouver le chemin de mes lèvres, afin que je les pose à l'elfe flamboyante. Cette dernière répond d'ailleurs à Léonid, mon gentil porteur, d'un air grave.

(Plus ça va, plus j'ai un mauvais pressentiment, Aurore... Tu crois que tout se passera bien?)
Je ne peux m'empêcher d'éprouver cet insidieux sentiment qui jusque là m'avait laissé en paix: la peur. La merveilleuse, magnifique, euphorisante liberté dont je suis le bénéficiaire me comble tellement, me fait tellement haïr ma captivité première, que pour la première fois dans mon existence, j'ai peur. Peur pour ma vie, peur de perdre cette liberté chérie. Peur de perdre la seule chose de valeur que j'ai jamais eue. Nul doute que d'être enfermé à nouveau me ferait perdre la raison. S'il y a bien une seule chose dont je peux être certain, c'est qu'un nouveau confinement m'animerait d'une folie bestiale, et me rendrait plus sinoque que dément.
(Ne t'en fais pas trop, Sil'... Nous sommes petits et puissants! Et puis regarde un peu nos compagnons: ils ont tous l'air redoutable, et respectable. Assurément des aides précieuses en cas de problème! Et puis je suis là aussi!)
(Merci la Faera... D'ailleurs, tu sais ce que sont "Nirtim" et "Imiftil"?)
(Ce sont des continents de Yuimen!)
(Des quoi? De quoi?)
(Euh... Le monde où nous vivons s'appelle Yuimen, Sil'. Et Nirtim et l'Imiftil sont des morceaux immenses, qu'on appelle "continents". D'énormes îles, en somme.)


Je n'ai guère le temps de me répandre en commentaires sur ces termes étranges, car une vraie pétarade assourdissante emplit l'air, et nous fait tourner la tête en direction du mastodonte qui sert de navire aux nains, comme un seul homme. De véritables coups de tonnerre résonnent avec fracas sur l'étendue d'eau et le pont silencieux, et me vrillent douloureusement mes sensibles tympans. Et à ce concert d'explosions s'ajoutent d'immenses flammes, qui envahissent d'un coup le pont du navire nain. Les grossiers personnages de tout à l'heure, qui riaient allègrement, se retrouvent à sauter par dessus bord, pour couler à pic, et ne plus jamais reparaître. Impuissants, nous assistons à la mort violente d'une centaine d'être vivants. Et tandis que les nains pleuvent, les explosions s'intensifient, de plus en plus retentissantes. A chaque nouvelle détonation, je plisse les yeux de douleur, et me crispe de plus en plus sur la paume de Léonid. Et enfin, le paroxysme est atteint, et dans une déflagration d'une violence inouïe, le navire nain qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de nous se meut en une boule de feu rugissante qui éclaire le ciel désormais sombre, tandis que les nains meurent en hurlant, que des éclats et des débris pleuvent sur l'océan, et qu'une onde de choc brûlante balaye le pont du Vaisseau-Lune, interdit.

C'en est trop pour mes oreilles douloureuses, qui en guise de protestation, se mettent purement et simplement en grève: je ne m'entends même pas m'écrier: " Hélà! " quand le souffle de l'explosion me décroche de la paume de Léonid pour m'envoyer faire un vol plané assez violent. Je l'aperçois du coin de l'oeil lancer sa main à toute vitesse pour tenter de me rattraper, mais tel un grain de poussière, je m'envole à toute vitesse sous la violence de la bourrasque. Ah, toujours aussi prévenant, ce jeune humain... Avec une trajectoire courbe proprement magnifique, je pars m'écraser dans une corde enroulée, ce qui heureusement amortit un peu le choc, sourd (lui aussi, oh oh.). Avec un gémissement de douleur, je me dépêtre tant bien que mal du rouleau de corde. Je constate avec soulagement que mes ailes n'ont pas l'air endommagé, et mis à part un postérieur lancinant, je m'en tire plutôt bien.
(Génial, je vais être incapable de m'asseoir pendant une semaine!)

Sonné, je me hisse hors du rouleau de corde, et me laisse rouler sur le sol.
(Pitié, que personne ne passe dans le coin...)
Tout s'est passé tellement vite que mon coeur n'a même pas eu le temps de s'affoler, et la peur a à peine eu le temps de pointer le bout de son nez crochu que j'ai été envoyé valser par terre.
Je m'adosse à la corde, et dirige mon regard vers le centre du pont, où converge étrangement l'attention générale. Nom d'une Akrilla barbue! L'un des petits personnages de l'énorme navire, qui taquine désormais les poissons, est étendu, apparemment inconscient, en plein milieu du pont. Seul survivant de la catastrophe, il a dû être projeté par l'explosion de l'engin directement sur le Vaisseau-Lune. Il a eu de la chance dans son malheur, celui-là! Curieux, je me relève et m'approche timidement du corps massif et caparaçonné , encore fumant. Enfin, "difficilement" aurait mieux convenu, car le tangage du navire ne manque pas de faire tomber sur mes fesses déjà endolories plusieurs fois. Foutu bateau.
(C'est un Torkin! Il a l'air mal en point...)
(Un quoi?)
(C'est le nom de ce peuple de petits personnages! Ils ne sont pas très amis avec les elfes...)
Décidément, cette Faera n'arrêtera pas de mettre en relief mon ignorance déjà abyssale.
Tout le monde semble figé sur le pont, stupéfait et surpris par la disparition tragique et subite des nains, et l'apparition tout aussi subite du dernier Torkin parmi nous. Décidant de motiver un peu la cantonade, je mobilise toute la puissance de ma voix pour m'écrier:

" Eh ho, je crois qu'il a besoin d'aide! Il m'a l'air sonné! On ne va pas le laisser mourir sur le pont, tout de même! "

Allez, compères elfes, venez mettre en oeuvre les idées altruistes d'Aëlwinn, et venez porter secours à un représentant d'une race que vous n'appréciez pas.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 11 Juin 2009 21:23 
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La journée se passa sans encombre, nous continuions de voguer sur les flots à une allure tout à fait honorable, suivis de près par l'énorme navire renforcé appartenant au petit peuple des profondeurs. Les rayons du soleil étaient moins intenses, on sentait bien que la nuit s'approchait à grand pas et que l'après-midi touchait à sa fin. L'orbe enflammé déclinait à une vitesse redoutable, bientôt nous serons plongés dans un univers sombre et obscur dans lequel plus rien ne nous serait familier. Mais, un Elfe manquait à l'appel et nous ne pouvions le laisser se perdre dans les méandres du Vaisseau-lune... Cet homme semblait plutôt vicieux et je ne désirais pas devenir le fruit d'actes inconsidérés qui nous pousseraient à nous entretuer. Quant à Eleth, je ne sus s'il se doutait du double jeu que jouait ce Valor, mais, il me proposa de partir à sa recherche avec lui ! Cela m'enthousiasma au plus haut point ! Nous allions devoir partir en mission pour notre propre compte afin de découvrir ce que tramait cet être présomptueux. Alors là ! Il était hors de question que je refuse une telle offre !
«Allons-y ! Je récupère mon matou et je vous suis ! Je ne veux pas qu'il soit sans surveillance alors que Silmeï se trouve dans les parages, je ne voudrais pas qu'ils se battent...»

Santias paressait sur le pont du bateau, il n'avait pas l'air de comprendre ce qui se passait autour de lui et il ne s'en souciait guère... Ce chat était trop prévisible, tout ce qui l'importait était de dormir, de se reposer et de reprendre ses forces... Ah non ! J'allais oublier, il mangeait aussi... Ça vie se partageait donc entre la nourriture et un coin douillet où prendre du bon temps, il faudrait que je m'occupe de son cas un de ces jours ! Lorsque je l'attrapai, il ne produisit aucune résistance et se frotta contre ma poitrine, il semblait plutôt content de se coller à moi. Ah Santias ! Il était si câlin, je n'avais jamais croisé une créature aussi aimante et attachante, que ferais-je si jamais il lui arrivait quelque chose ? Rien... Je ne pourrais pas retourner dans le passé pour réparer mes erreurs commises. Mais, je n'avais pas le temps de réfléchir à toutes les péripéties qui pourraient se réaliser durant ce genre d'aventures. Je me dirigeai donc vers Eleth qui m'emporta vers une porte qui était sur le point de nous amener vers les tréfonds du navire splendide des elfes.
«J'espère que vous connaissez un peu le bateau, je ne voudrais pas m'y perdre.»

Nous commencions donc à avancer dans les couloirs qui se trouvaient sous le pont, où pouvait bien se cacher cet elfe conservateur ? Mais rapidement, des bruits suspects éclatèrent à l'extérieur, on aurait dit qu'un terrifiant orage s'abattait sur notre navire. Des tonnerres retentirent violemment, il devait certainement y avoir des éclairs démentiels qui allaient bientôt nous propulser tout droit dans les bras de Phaïtos ! À moins que ce ne soit une attaque engagée par nos ennemis les nains qui commençaient à nous trouver un peu trop envahissants ou alors nous avions rattrapé des concurrents qui n'acceptaient pas que l'on avance plus vite qu'eux ! Non ! Aucune arme n'aurait pu faire autant de bruit, quant à la magie cela me paraissait peu probable étant donné que deux puissants magiciens nous protégeaient de leurs dons. Par contre, Santias n'avait pas l'air d'apprécier toutes ces déflagrations vu qu'il s'accrocha à moi et se mit à bouger comme une anguille. Je fis tout mon possible pour le retenir, mais, cela me donna quelques difficultés dont je me serais bien passé... Enfin ! Quand on aime, on ne compte pas ! Si je devais me battre contre lui pour éviter qu'il ne parte dans un monde qu'il lui était inconnu alors je le ferais !
«Eleth que se passe-t-il ?! On nous attaque ! Remontons et tentons de surprendre nos ennemis ! On s'occupera de Valor plus tard, il a dû se terrer comme une fouine s'il est toujours sur le bateau bien entendu.»

Je fis demi-tour, attrapant mon sécateur au cas où un marin grotesque se jetterait sur moi. J'avançais prudemment vers la porte que nous venions de traverser. J'étais sous pression, la guerre était proche et je ne savais pas vraiment me battre... Hé bien ! J'allais devoir improviser contre nos agresseurs ! Tout à coup, un bruit sourd retentit, mais cette fois il semblait bien plus puissant, j'avais l'impression que quelque chose venait littéralement d'exploser à quelques mètres de nous ! Je m'accroupis sur le sol, serrant Santias contre moi, tout était perdu, nous étions sur le point de couler dans les profondeurs sous-marines ! La peur me frappa au visage, ce coup de poing incongru m'assomma en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Je tremblais comme une feuille, mes membres étaient paralysés, je pensais à la mort qui s'approchait à pas de loup. Je regrettais d'être monté sur ce vaisseau, cela était en train de causer ma perte, dans quelques minutes je servirai de nourriture aux poissons !
«J... je ne v... veux pas m... mourir ! Santias... j... je t'aime !»

Je ne pouvais plus rien faire, la peur m'avait envahit, le monde n'était plus qu'un vaste souvenir qui dansait devant mon regard pétrifié de terreur. Je n'avais pas le courage de remonter sur le pont et de regarder les visages terrifiés de mes coéquipiers qui sombreraient dans les eaux à mes côtés. Non ! Je voulais passer ce dernier instant seul !
«Eleth, j'ai peur ! Je ne désire pas mourir !»

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 12 Juin 2009 03:20 
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Décidément, après mon enthousiasme ardent quant à la non-violence et à l’altruisme que notre chère capitaine nous enjoignait à suivre, on ne peut pas non plus dire que c’est la douche glacée, mais en tout cas, j’ai de quoi réfréner mes ardeurs de foudre de paix lorsque je peux m’apercevoir de plus en plus qu’il ne va de toute évidence pas s’agir d’une de ces quêtes que l’on peut trouver joliment rendues dans de beaux livres et qui décrivent de vaillants héros affrontant des hordes d’ennemis maléfiques sans jamais abandonner mais d’une chasse au trésor dans toute son acceptation la plus prosaïque : à moins d’être hypocrite, on ne peut pas dire qu’il y ait des gentils et des méchants, car chacun a au fond ses buts plus ou moins égoïstes et plus ou moins valables, et est prêt à plus ou moins de sacrifices et de remises en causes de sa moralité pour parvenir à ses fins. Moi-même, même si je suis quelqu’un qui peut se revendiquer à bon droit comme étant une personne bonne, j’accomplis ce que je fais par une sorte d’appât du gain venu de la curiosité que le Temple a suscitée en moi : face à quelqu’un qui aurait par exemple entrepris cette aventure comme une dernière chance de redresser une situation désastreuse, quel poids auraient mes propres impératifs ? Je dois toujours garder à l’esprit qu’au fur et à mesure que nous progresserons, ce ne seront pas des êtres issus de quelque fantasmagorie littéraire que l’on peut estoquer sans états d’âme auxquels je me retrouverai confronté mais bel et bien des personnes de chair et de sang qui auront aussi peu envie de mourir que moi… et pourtant, qui peut dire si, une fois que de fort possibles hostilités auront été lancées, je ne me retrouverai pas pris de cette même frénésie guerrière cruelle qu’au moment où j’ai combattu ces orques au commencement de mon voyage d'Oranan jusqu'à Kendra Kâr ?

C’est là un grain à moudre qui résonne amèrement dans mon esprit, et dans lequel je me retrouve à ce point plongé que je ne prête qu’une oreille distraite à la réponse qu’Aëlwinn fait à Silmeï, me contentant d’en retenir que nous allons à bonne allure et que même si notre destination est plus ou moins nébuleuse, nous sommes sur le bon cap et finirons par y parvenir ainsi que par rattraper nos concurrents malgré leur avance considérable du fait de notre handicap de départ. Ainsi, c’est presque en un sursaut que je me tourne vers elle lorsqu’elle en vient à ma question, ne tardant pas à retrouver une sérieuse fermeté d’esprit devant celle dont elle fait preuve : je m’étais attendu à ce qu’elle me rembarre en me taxant de lâcheté pour ce qui aurait pu sembler une manière diplomatique de me défiler, et au lieu de cela, elle fait preuve d’une empathie qui me donnerait bien envie de la serrer dans mes bras si ce n’était pas un geste qui pourrait être fort mal interprété en plus d’écraser le pauvre aldryde contre le dos de l’elfe. Toutefois, même si je suis touché par le compliment qu’une figure aussi éminente me fait quant à la pureté de mes intentions, je ne peux m’empêcher de me rembrunir lorsqu’elle mentionne diverses races en exceptant soigneusement de l’énumération celle dont elle fait partie. Tout de même, c’est un peu abusif, car je ne crois pas que les hiniöns soient aussi blancs –sans mauvais jeu de mots- qu’elle le veut laisser croire, ceux-ci étant justement réputés pour l’arrogance dont ils font trop souvent preuve envers les autres ; et qui m’a élevé en m’entourant de préceptes aussi honorables que ceux que je m’efforce de suivre sinon un humain ? Non vraiment, je ne suis pas d’accord, et même si je ne vais pas me mettre à m’insurger violemment, je ne peux pas laisser passer une telle remarque aussi facilement :

« Vous n- »

Le reste de mes paroles est noyé non pas par des phonèmes humains, mais par une sorte de rugissement assourdissant qui fait craindre quelque nouvelle catastrophe d’une ampleur cette fois-ci toute autre ; et effectivement, c’est littéralement la fin du monde, mais pas pour nous, pour les torkins qui après avoir fait les gros malins et avoir sans doute forcé la puissance de leur machine infernale, ont fait exploser celle-ci comme un ballon, l’édifice gigantesque et monstrueux se retrouvant secoué de soubresauts d’agonie alors que des explosions le secouent tel un dragon dont les flammes se seraient retournées contre lui. C’est dans un premier temps avec un amusement sadique que je contemple le spectacle malgré mes tympans qui me vrillent douloureusement, mais mon visage se transfigure très vite d’horreur au moment où je m’aperçois que ce n’est pas une scène de comédie mais de tragédie que j’ai sous les yeux : véritables acteurs d’un cauchemar cataclysmique, les membres d’équipages sautent sans réfléchir à qui mieux mieux dans les flots, et par conséquent à leur mort certaine, ces imbéciles caparaçonnés n’ayant pas la moindre chance de s’en sortir tellement ils sont lestés de métal. Horrifié, je hurle qu’on vienne les aider, et je m’apprête à me précipiter vers la rambarde, mais mes cris sont étouffés dans le tumulte assourdissant, et il est de toute manière évident que je serais incapable de déployer la force nécessaire pour sauver ne serait-ce que l’un d’entre eux, ainsi je me vois forcé par ces constats ainsi que par la grêle de projectiles divers provoquée par le souffle des éclats furieux de rester en retrait, rentrant la tête pour éviter de me prendre un mauvais coup, serrant les dents pour ne pas me mettre à pleurer devant un désastre d’une telle ampleur.

Je voudrais bien me boucher les oreilles, mais mes mains sont bien évidemment occupées à assurer la protection du cryomancien miniature, l’une le maintenant bien à cheval sur son siège de chair tandis que l’autre, dressée devant lui, le préserve de toute atteinte de ces débris qui prennent une toute autre ampleur pour un être de son gabarit. Malheureusement, je ne couvre pas assez bien ses arrières, et c’est cet oubli qui fait que dans un « Silmeï ! » inaudible prononcé par moi, l’intéressé s’en va valdinguer cul par-dessus tête vers des horizons inconnus, sa chute s’achevant par bonheur sur un support relativement confortable qui a en tout cas le mérite de le préserver de membres cassés ainsi que le prouvent ses gesticulations vives. Mais à peine le temps de mettre mon bras en travers de mon visage de façon à ne pas me retrouver aveuglé que dans une ultime langue de feu digne d’une manifestation divine de Meno lui-même, l’ouvrage des nains se retrouve définitivement une épave en morceaux qui signe la fin totale et dramatique de tous compétiteurs à son bord sans exception.
Tous ? Non, car un irréductible petit bonhomme résiste encore et toujours aux épreuves que peut lui infliger Zewen, la preuve en est de ce missile hors du commun qui jaillit dans notre direction comme un envoyé du ciel : est-ce un oiseau ? Est-ce une machine volante ? Non, c’est un torkin qui exécute un vol plané que l’on pourrait qualifier de splendide s’il ne s’achevait pas aussi lamentablement sur le pont du Vaisseau-lune en un terrible roulé boulé ponctué de cris qui font plaisir et peur à entendre en même temps avant que sa course ne s’achève pour le laisser inerte face au ciel, sa posture signant un calme bien étrange après tout le boucan abominable des dernières secondes.

Manière bien originale de jouer les passagers clandestins, mais nous nous chargerons des formalités de transport plus tard, puisque pour le moment, nous avons devant les yeux un miracle sous la forme de ce bonhomme tombé des nues au sens littéral du terme : il pleut des nains, alléluia ! Vite, vite, je me précipite sans réfléchir vers ce rescapé, ne me souciant guère de m’effondrer au passage sur le pont en raison de mes sens tourneboulés par les sons précédents d’une intensité dévastatrice : qu’importe, je continue à quatre pattes, m’acheminant tant bien que mal jusqu’à lui, rejoignant ainsi Silmeï qui n’a justement pas attendu pour aller voir ce qu’il en est et qui est en train de s’égosiller pour appeler des renforts, sa faible voix perçant malheureusement à peine la chape de surdité qui recouvre mes oreilles.
De plus près, si ce n’était son équipement clinquant résolument militaire auquel vient s’adjoindre une impressionnante toison faciale couleur rouille telle que peuvent l’affection bien de ses semblables, on pourrait presque le croire un enfant endormi en plein mauvais rêve avec ses traits déformés par la terreur et la souffrance : de fait, quand il reprendra conscience –car il reprendra conscience !-, ce sera un sacré choc pour lui, mais pour l’instant, occupons nous de sa santé physique avant de se soucier de celle mentale. Vite, vérifier le pouls qui, je le constate non sans être impressionné par la vitalité de cet être, bat toujours avec une force impressionnante, après quoi je me tourne vers l’équipage, et vers la capitaine en particulier, pour les héler aussi fort que je peux afin de les encourager à faire bouger les choses :

« Il est vivant ! Il lui faut un médecin, vite ! Faites venir un médecin ! »

Le temps qu’une personne plus compétente que moi vienne à notre aide, je ne me prive pas d’appliquer les gestes de premier secours, car si je ne suis en rien aussi compétent que mon père, je connais tout de même deux ou trois trucs sur les réflexes à avoir devant une personne aussi atteinte que l’est notre invité surprise, me mettant dans le cas présent à lui donner quelques claques à la puissance soigneusement mesurée –pas la peine de lui déboîter la mâchoire non plus- pour le faire reprendre conscience, l’appelant :

« Réveillez-vous monsieur ! Monsieur, vous m’entendez ? Réveillez-vous ! »

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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