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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 5 Juil 2009 18:43 
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Inscription: Sam 3 Jan 2009 13:20
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Localisation: Quête 26 - Cellule n°5
Si Léonid réagit à ma petite boutade, je n'en ai absolument aucune conscience, car en un seul instant, alors que je luttais plus ou moins efficacement contre un insidieux épuisement, ayant trouvé un équilibre plutôt fragile, une étrange onde de sommeil s'abat brutalement sur moi, et brise, broie et balaie toute résistance de ma part. C'est comme si j'étais en train de maintenir au-dessus de ma tête un immense seau d'eau qui s'était rempli au cours de la journée, et qui d'un coup aurait été submergé d'un raz-de-marée de lassitude, me faisant instantanément fléchir les genoux, et tomber à quatre pattes sur l'épaule de mon ami humain. J'ai l'impression d'être tout bonnement écrasé par le sommeil, qui prend peu à peu possession de mon être. Je m'alourdis. Mes paupières s'effondrent, je me voute progressivement, mes bras se mettent à trembler sous le simple effort de me soutenir, ma mâchoire se décroche littéralement en un immense bâillement. Mes ailes se replient, échappant à mon contrôle, obéissant à une nécessité vitale et inexorable: dormir.

Pire encore que la décrépitude soudaine de mon corps débile, mon esprit lui aussi tourne au ralenti, s'enfonçant dans une douce torpeur. Je constate d'un oeil vitreux que la puissante envie de dormir ne se contente pas de m'assommer: comme un seul homme, l'équipage se traîne pour installer diverses petites couches un peu partout sur le pont, où chaque elfe s'effondre tour à tour. Un reste d'esprit critique me pousse à me demander:
(Mais... Kiana ne dormait pas vraiment... Les elfes... Aurore. Les elfes ne dorment. Pas, si?)

C'est seulement alors que je me rends compte qu'Aurore me vrille la cervelle à coups de cris alarmés, d'exhortations à résister à cette nouvelle magie qui nous frappe.
(Sil'!! Sil'!! Silmeï nom d'un bouloum ne t'endors pas!! Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais ce n'est pas un sommeil naturel qui est à l'oeuvre! Je n'aime pas ça... Je n'aime pas ça!!)
(Mais... Tu dois avoir... Raison.)
Impossible de me ressaisir. Je suis même incapable de secouer ma caboche pour me remettre les idées en place. Nom d'une foutue Akrilla, ça sent mauvais. Encore plus mauvais que l'haleine de ce sale nain. Autant dire que nous sommes fichus!

Esprit diminué emprisonné dans un corps aussi dynamique que celui d'une larve, j'assiste à l'endormissement de tous mes compagnons. D'abord le Teigneux qui s'écroule dans un fracas de quincaillerie assourdissant, puis la Rapière qui s'endort sur un petit matelas, aux côtés de Maelan, puis Ergoth qui réussit à faire prendre corps à l'expression "une histoire à dormir debout". Puis la Galoche, suffisant même en pionçant comme Gleol. Puis la belle Aëlwinn, couchée près du gouvernail, en bon capitaine.

Ca y est. Mes yeux ont définitivement tiré leur révérence, et mes paupières se scellent. Dans un dernier sursaut d'énergie, je noue mes bras autour du cou de Léonid, m'étalant sur son épaule. Les cris d'Aurore semblent s'éloigner progressivement. Sa détresse est peu à peu masquée par le brouillard impénétrable du sommeil.

Je succombe.

_________________


Dernière édition par Silmeï le Mar 7 Juil 2009 11:49, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 7 Juil 2009 04:22 
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Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
Messages: 102
De toute évidence, mon souteneur du moment précédent a assez vu de torkin pour aujourd’hui car, sans attendre la réponse de celui dont il est question, le sylvain s’en va reprendre possession de son matériel éparpillé sur le pont du bateau qui, avec le roulis de la mer, s’en est allé ça et là, me laissant donc seul avec mon interlocuteur. Celui-ci, décidément bien peu disposé à fumer le métaphorique calumet de la paix, ne fait aucun effort pour se montrer plus agréable, son regard étant toujours aussi chargé de dédain et de méfiance qu’au début. Faisant ton sur ton avec son air revêche, ses propos sont également loin d’être des exemples de cordialité où même d’intelligence, messire Mirr’Brathass –puisque c’est ainsi qu’il se nomme- en ayant de toute évidence bien davantage dans les biceps que dans le crâne : désespérant de voir que ce qui vient de lui arriver n’a même pas pu lui inculquer la moindre once d’honnêteté ou d'humilité…
Enfin bon, j’imagine que c’est ainsi qu’est son caractère, et puisqu’il a l’air disposé à être relativement coopératif quant à la suite des évènements, autant ne pas chercher à faire d’histoires et répondre le plus aimablement possible, même si j’aurais davantage envie de l’envoyer sur les roses ! Malheureusement, Silmeï qui s’est juché sur mon épaule de manière à me laisser les mains libres ne m’est pas d’une grande utilité dans mon entreprise, puisque sa réplique chargée de taquinerie à l’égard du rustre nain ne manque pas de me faire pouffer de rire, manifestation d’hilarité que je déguise piteusement en un bâillement de manière à ne pas jeter de l’huile sur le feu de la mauvaise humeur du guerrier caparaçonné. C’est en espérant ne pas m’être trahi que je m’efforce de reprendre avec un aplomb et un sérieux exemplaire :

« Je me bats lorsqu’il le faut, pour protéger ce qui m’est cher, et non par pl- »

Je suis interrompu au beau milieu de ma réplique par une espèce de barrissement sonore soudainement émis par Gleol que mon discours ennuie à ce qu’il semble au plus haut point pour qu’il me mugisse ainsi à la figure… et surtout pour qu’il s’effondre d’un bloc avant de se mettre à pousser des ronflements digne du poêlon le plus bruyant ! Nom de Rana, je sais bien que je ne suis pas l’orateur le plus captivant qui soit, mais tout de même, de là à endormir quelqu’un par le simple pouvoir des mots, il faut qu’il y ait de l’inhabituel, pour ne pas dire du surnaturel dans l’air pour que les évènements prennent une telle tournure ! D’ailleurs, en parlant d’inhabituel, j’entends sur le plancher des bruits de cet acabit et, tournant la tête, je peux voir que la capitaine et son acolyte colossal sont en train de mettre en place une literie décente sur le pont de manière à ce que chacun puisse s’en aller dans les plus brefs délais dormir du sommeil du juste. Pour ma part, je me sens encore assez vif et éveillé pour ne pas vouloir aller rejoindre le royaume des rêves tout de suite, aussi je crois que je vais plutôt…
Bâiller… nom d’une tornade, qu’est-ce qui est en train de m’arriver ?! Moi qui, il y a quelques secondes, me sentais tout ce qu’il y avait de plus frais et dispos, voilà que c’est comme si je sortais tout à coup d’une marche de plusieurs kilomètres ! Je sais que la journée a été plutôt éprouvante, mais jusqu’ici, j’accusais plutôt bien le coup ; je n’avais pas la bouche pâteuse, les paupières lourdes et les membres pesants comme c’est désormais le cas ! En tournant mollement la tête, je peux voir que mes compagnons de voyage, qu’ils soient aldrydiques ou elfiques, sont manifestement saisis d’une torpeur similaire, la preuve en est de la façon dont chacun s’étend à gestes lents sur une paillasse, à l’exception d’Ergoth qui prend une posture littéralement statuesque en guise de position de sommeil.

En découvrant cela, la panique me rend un instant les idées plus claires, et je secoue la tête pour m’aider à reprendre mes esprits et me sortir de la léthargie qui commençait à se saisir de moi telle un insidieux poison. Effrayé, horrifié presque, il me saute vite aux yeux qu’apparemment, à part moi, Aëlwinn et Silmeï qui commence déjà à tourner de l’œil, tout le monde s’est abandonné à l’étreinte du sommeil. Aussitôt, je cours vers ce dernier bastion de résistance auprès duquel je devrais trouver assistance qu'est la pyromancienne ; ou plutôt, j’aimerais bien courir, mais mes jambes sont tellement lourdes sous moi que tout ce que je parviens à esquisser sont des enjambées maladroites dignes d’un zombie, rester debout me coûtant trop d’effort pour que je puisse observer une allure plus sportive. Plus j’avance, et plus je ralentis, si bien que mon parcours jusqu’à la commandante du bord me paraît prendre une éternité, et lorsque je suis enfin à ses côtés, elle s’est déjà étendue sur sa couche, me tournant le dos.

« Capitai-aiiiiihh… » C’est là le son plaintif et vain que j’émets pour m’efforcer d’atteindre les oreilles elfiques, mon appel ayant tôt fait de se muer en un nouveau bâillement qui me laisse titubant sur le pont.

Pendant une poignée de secondes, j’oscille comme un culbuto sur la surface immaculée du Vaisseau-Lune, les paupières à moitié fermées, la réalité se faisant de plus en plus incertaine dans l’obscurité ambiante à peine troublée par quelques impuissants rayons lunaires. Mes perceptions de même que mes pensées sont très floues, et lorsque les petits bras de mon compère juché sur mon épaule se referment autour de mon cou, je ne sais pas trop s’il s’agit du petit humanoïde ailé ou de Hachi, notre bon chat de famille. Autour de moi, le bruissement du vent et le chuchotis de l’océan qui clapote innocemment contre la coque du navire m’apparaissent comme une entêtante berceuse pareille à une de celles que Maman a pu m’avoir chantées durant ma petite enfance. Tout est si paisible… pourquoi est-ce que je ne me laisserais pas moi aussi aller au lieu de lutter contre l’inévitable ?
Non ! Non, non, non ! Je dois tenir jusqu’au bout pour faire en sorte de remédier à ce qui est en train de nous tomber dessus : rien qu’à la pensée qu’il pourrait s’agir d’un sortilège du même genre que celui qui a poussé tout le monde à s’entretuer sur le port de Kendra Kâr, un grondement s’extirpe de ma gorge alors que je m’assène aussi fort que possible une gifle de façon à me redonner un coup de trique. Malheureusement, c’est comme si je prenais une goulée d’air désespérée au cœur d’un irrésistible siphon d’endormissement, et je me rends aussitôt compte qu’il va s’agir là de mon baroud d’honneur avant que je ne m’en aille rejoindre mes camarades. Sur un troisième bâillement fatidique, mes jambes se dérobent sous moi, m’envoyant tomber à genoux devant Aëlwinn dont la silhouette ne se résume plus qu’à quelques tâches colorées floues dans mon champ de vision.

Alors que je m’affaisse irrésistiblement, mon ultime geste, qui sape mes dernières forces, est de cueillir l’aldryde tout amorphe qui repose sur mon épaule et de le prendre dans mes mains contre moi de manière à ne pas l’écraser en tombant. Puis, mes paupières se ferment définitivement, et c’est vaguement emmitouflé dans ma cape que je m’étends dos à dos contre la capitaine, ce contact étant la dernière information que mes sens me communiquent avant que je ne sois parti pour de bon. Malgré tout notre allant, malgré la résolution donc chacun a pu faire preuve, malgré le danger qui nous pend toujours au nez, chacun n’a pu s’empêcher de céder à ces injonctions de repos de toute évidence magiques que nous avons subies, mais cela a bien peu d’importance pour moi dont l’esprit est déjà bien éloigné de tels soucis.

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 9 Juil 2009 15:35 
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Inscription: Mar 23 Déc 2008 19:03
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Le soleil continuait sa lente progression vers un sommeil discret et manipulé par les désirs de l'astre lunaire aux pâles rayons déconcertants. Santias s'amusait toujours avec moi, sautant sur mes jambes dans des bonds qui auraient pu faire frissonner la moindre petite créature tant il était vif et plein d'entrain... Ce félin carnivore n'aurait fait qu'une bouchée du petit Silmeï si jamais ses ailes l'avaient mené dans ce coin du bateau... Non ! Il n'y avait pas à dire ce chat ne partageait pas les mêmes opinions que moi en ce qui concernait la protection de la nature profonde. Manger, détruire, déchiqueter étaient pour lui les maîtres mots qui régissaient la totalité de ses actes, l'avidité, le chaos et l'explosion le portaient vers la puissance ultime qui permettrait de lui faire croire qu'il était un véritable tigre. Au fond de moi, je ne désirais pas réduire ses rêves à néant, pourtant, la petite voix de ma conscience m'intimait de le ramener à la réalité.
«Allez petit coquin ! Calme-toi un peu, tu vas finir par faire le grand plongeon si ça continue... Je ne pense pas que la Capitaine s'arrêterait juste pour toi.»

Le temps passait, j'étais toujours absorbé par l'infini océan sur lequel nous glissions à une allure redoutable. Ce voyage était une longue poésie qui m'aurait poussé à écrire un petit chant ayant pour seul but de nous purger des immondes sentiments qui nous avaient été imposés par les êtres aux forces abruptes. Où était ce sombre navire qui nous avait tous devancés pour voguer vers le trésor à une vitesse incommensurable. Moi aussi, je désirais avoir ma part et je ne comptais pas me laisser abattre par les forces obscures qui voulaient nous transformer en nourriture pour les poissons ! Je pouvais peut-être paraître cupide, mais, il était hors de question que je risque ma vie pour repartir la queue entre les jambes avec un bonbon aux fleurs des champs dans la bouche ! Non ! Je voulais quelque chose d'utile qui pourrait m'aider lors de mes prochaines aventures. Je sentais que le sombre Valor était sur la même longueur d'onde que moi de ce côté là... Enfin ! Il ne me semblait pas que cet elfe idiot voulait prendre des risques pour trouver l'objet tant convoité... S'il croyait pouvoir nous manipuler pour le récupérer, il allait se rendre compte que Dôraliës et Santias seraient là pour lui bloquer le passage !

(Quel mauvais stratège !)

Mais, mes réflexions commencèrent à se dissiper comme si quelqu'un tentait justement de me les arracher soudainement. J'avais l'impression de ne plus pouvoir penser, les idées fuyaient mon contact mental, me laissant seul avec un vide indescriptible. Seule une substance lacunaire restait à mes côtés, caressant ma conscience encore alerte malgré la lassitude extraordinaire qui frayait en moi pour engendrer de nouveaux êtres mesquins aux envies plus qu'étranges... Santias était tombé comme une mouche, le gros dormeur n'avait pu résister à cette vague de sommeil, même le fracas du nain ventru ne put le ramener à la vie... Autour de nous, Aëlwinn se dépêchait d'installer des lits improvisés sur le pont, destinés aux membres de l'équipage dont je faisais partie à présent. J'avançai vers une paillasse toute proche de Maelan et m'allongeai comme une loque, jetant un dernier regard au monde qui semblait se détruire devant mes yeux. Notre puissant garde du corps Ergoth s'était changé en statue et dormait debout alors que la Capitaine continuait toujours d'aligner des paillasses pour le reste de l'équipage. Mes yeux ne purent rester ouverts plus longtemps et ce fut le joli minois de Santias que je vis en dernier.

_________________

Maître musicien pour vous servir...


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