Lillith a écrit:
Après mon séjour dans l’eau si agréable, je reviens aider les autres à installer le camp. On a néanmoins largement le temps, vu que la nuit n’est pas pour tout de suite.
Durant le reste de l’après-midi, je regarde Seyra qui s’entraîne avec Cromax. J’admire la grâce de leurs mouvements, voyant ça comme une danse. C’est très différent de ce que je pouvais entrapercevoir des combats que j’ai vécu, où tout était chaos, souillure et mort. Ici, seule la beauté du mouvement compte. Les gestes sont calculés, organisés.
(Moi je ne pourrais jamais m’en sortir ainsi. J’ai toujours été lent dans mes mouvements et peu adroits. Mon père n’a cessé de le déplorer pendant mon enfance, mais je ne peux pas dire qu’il avait tort. Par contre, j’ai trouvé un autre moyen de faire mes preuves, avec ma magie)
Leur entraînement fini dans une lutte complètement déloyale menée par Seyra. Leurs éclats de rires me donne envie de partager cette joie, mais me ramène surtout à ma solitude.
(Hammith… Je n’ai jamais pu jouir de ta présence… Il reste toujours un trou dans mon cœur depuis ton départ)
Nous mangeons le dîner à base de restes de coyotes en contemplant la coucher de soleil, plongeant dans la mer à l’horizon. Toujours aucun signe du bateau et de Lelma, mais c’est bien trop tôt pour vraiment en attendre. Il devrait passer 2 jours pour traverser les lieux si il n’a aucun problème, ce dont je doute fortement. Le temps que le bateau arrive, il faudra encore compter au moins une demi-journée. Demain sera donc une journée d’attente, tout comme une bonne partie du surlendemain. A moins que…
Je vais voir Bogast pour lui en parler. Espérant qu’il me prenne un peu plus au sérieux que dans la matinée. J’avais évité consciencieusement de ne pas lui parler dans la journée et c’était assez facilité par le fait qu’il semblait faire tout pour ne pas avoir à m’adresser la parole aussi. Mais bon, il faut bien briser la glace.
« Bogast, J’aimerais vous parler de quelque chose. »
(Cela semble parti comme si j’allais m’excuser… Mais il n’y a pas moyen que je le fasse, il y a encore trop d’ombre sur notre histoire !!)
« Voilà, je ne sais pas ce que vous avez prévu pour demain. Euh… Je ne veux surtout pas discuter vos ordres ou quoique ce soit, mais il me semble que Lelma va mettre un moment à atteindre le bateau, et il faudra encore attendre que celui-ci nous rejoigne. Et… »
Je jette un coup d’œil autour, pour m’assurer qu’aucune oreille ne traîne, surtout pas celle de Seyra. Je crois voir un moment une sorte de fil couleur chair serpenter sur le sol, mais ce n’est qu’un éclat du au feu de camp. Je baisse cependant la voix.
« Et malgré la confiance que vous portez en chaque membre de l’équipée, il y a toujours le risque qu’il n’atteigne pas le bateau. Si nous attendons trop longtemps son arrivée et que nous devons finalement rejoindre le bateau nous-même, les provisions vont manquer et nous courrons à notre perte. Je… je pense que nous pourrions continuer à longer la côte. Si Lelma trouve le navire, il pourra nous repérer sur la rive. Si ce n’est pas le cas, et j’espère bien que non, nous allons finir par retourner au bateau par nous-même. »
Je ne sais pas si il va prendre en compte mon avis, mais j’aurais eu le mérite de l’exposer. J’ai un peu honte de mettre une note défaitiste et fataliste dans l’ambiance pour la suite, mais je songe avant tout à assurer nos arrières, puisqu’il est trop tard pour ceux de Lelma.