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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Jeu 23 Juil 2009 05:37 
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Rosie écouta avec attention les paroles de l’assassin en essayant de bâtir une image précise de toutes les contraintes et possibilités que l’homme énonçait. Elle fut surprise de comprendre que l’orc surveillait le coffre, mais qu’Anarazel pouvait s’en approcher tout de même.

( Anarazel, c’était donc ça son nom. )

En fait, peut-être était-ce lui le traitre qu’elle essayait de démasquer depuis son réveil. Il avait donné son âme aux pirates après tout. Rosie ne s’attarda par contre pas trop longtemps sur cette pensé afin d’être sûre de ne pas manqué le reste des informations que formulait le tueur. Il finit son rapport avec une question que la jeune fille redoutait, mais qu’elle avait sentit venir dangereusement.

« Avez-vous un plan, demoiselle ? »

Un plan? Pourquoi le demandait-il à elle alors que c’était lui le véritable expert? Elle n’avait jamais été très forte à ce jeu là, elle. Déjà, lors d’une de ses missions de milice, c’était Larc qui avait trouvé la stratégie à adopter contre les gobelins alors qu’elle n’avait rien à offrir. Même chose lorsque le bateau pirate s’approchait d’eux de façon trop menaçante, c’était qui Mathis avait trouvé une solution. Elle, elle s’était contentée de regarder les autres faires. Non pas qu’elle n’avait rien tenté. Elle y avait réfléchit elle aussi, mais réfléchir ce n’est pas trouver.

Cette fois, il semblait qu’elle devait faire un effort supplémentaire surtout que trois paires d’yeux la fixaient en l’attente d’une réponse. Elle avait beau chercher, d’un regard suppliant, un peu d’aide de la part de l’un d’entre eux, personne n’ouvrait la bouche. Soit ils étaient tous en pane d’idée et qu’il lui remettait tout entre les mains, soit ils attendaient qu’elle fasse ses preuves. Peu importe ce qu’il en retournait, pour l’instant, la seule chose qui comptait c’était de faire germer une tactique et vite.

« Un plan… »

Il était pratiquement facile de s’approcher de quelque chose qui n’avait pas vraiment d’importance ou tout simplement de quelque chose dont l’ennemi ne pensait pas qu’on voudrait atteindre, mais lorsqu’il s’agissait d’un objet que l’on tentait de protéger à tout prix, le niveau de difficulté augmentait considérablement. Les choses se compliquaient tout comme la stratégie qu’il fallait mettre en place. La jeune fille, pensive, regarda ce qui trainait tout autour sans y trouver quoi que ce soit de vraiment intéressant.

( En fait, ce qu’il nous faudrait c’est de faire diversion afin de limiter le nombre de regard. )

C’était plus simple à dire qu’à faire. Il lui fallait trouver quelque chose d’assez distrayant pour attirer le plus de tête possible. L’attention de quelques pirates était loin d’être suffisant, il fallait principalement celle du capitaine, de l’orc, d’Anarazel, bref ceux qui étaient trop près des coffres. Il y avait des limites à être invisible. Pour réussir ce coup là, il fallait voir grand.

Puis Rosie repensa au rêve qu’ils avaient tous fait la nuit précédente et un éclair de génie lui traversa l’esprit. De génie ou de folie, c’était toujours à déterminer, mais c’était bien la seule chose qu’elle avait trouvé. Elle leva les yeux vers ses alliés avec un regard empli de fierté.

« Je crois avoir une idée… »

Elle s’approcha d’eux et adopta un ton de confidence comme si elle craignant que d’autre puisse l’entendre malgré le fait qu’ils étaient apparemment seuls.

« Il faudrait créer une diversion afin d’accéder plus facilement au coffre en étant sûr de ne pas être vu. »

Elle se tourna vers l’humain et le drow.

« Vous allez monter avec nous jusque dans la cabine du capitaine. Vous surveillerez l’entré, caché de chaque côté de la porte, vous assurant que personne n’y aille au cas où il serait au courant pour le passage. Si quelqu’un entre, vous vous en débarrasser… »

Elle regarda l’elfe droit dans les yeux.

« …discrètement. »

La jeune fille avait fait exprès d’appuyer sur ce dernier mot. Elle savait qu’il n’y avait pas de soucis à se faire avec l’humain, mais pour ce qui était du drow, elle avait encore quelques doutes quant à sa capacité à ne pas attiré l’attention et ce, avec raison.

« Il faut absolument éviter d’alerter qui que ce soit. De la, vous serez plus accessible pour nous afin de vous remettre les masques. »

Puis elle donna toute son attention à l’assassin.

« Vous vous occuperez d’aller chercher les masques puisque vous êtes à priori le meilleur ici pour passer inaperçu. Inutile de prendre tout le coffre, cela n’en serait que trop encombrant et surtout beaucoup moins subtile. Mais attendez que je fasse diversion surtout. »

Elle se pencha un peu plus vers eux, et leur expliqua ce qu’elle tenterait de faire. Elle n’aurait su dire qu’elle expression marquait leur visage mais c’était tout ce qu’elle avait à proposer pour faire un effet monstre. Elle se redressa tout en arborant un sourire peu convaincant. Il faut dire qu’elle n’était pas vraiment sûre quant à la réussite de son entreprise.

« Vous en pensez quoi? »

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Rosie Skufita
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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Jeu 23 Juil 2009 22:03 
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Mathis :

La montagne de muscles grogne un instant en te reluquant et en marmonnant quelque chose d’incompréhensible, puis t’affirme de sa voix rauque et sourde :

« Mouais, toi passer… »


Même sous contrôle d’Anarazel, il faut croire que Burgh garde une stupidité exemplaire ! Tu peux donc désormais t'approcher du coffre noir, même si Anarazel est penché au dessus, dernier rempart qui te sépare de ton but...

Rosie :

Les trois mâles écoutent avec attention l’entièreté de ton plan, et leurs hochements de tête approbateurs révèlent leur accord implicite pour cette façon de faire. L’assassin en tête, ils se dirigent donc, sans un mot de plus, vers le passage indiqué par l’homme sombre. Chacun a bien compris son rôle, et Ruméus semble se porter garant de la discrétion du drow dans les exécutions des importuns curieux. Il ne te reste plus qu’à les suivre et à mettre ton plan à exécution…

Le couloir derrière les caisses mène à une pièce remplie de tonneaux de Rhum, elle-même raccordée à un escalier menant directement dans la cabine du capitaine, par un passage dissimulé derrière une étagère. La porte de la cabine, menant directement sur le pont, possède de petites vitres, mais leur propreté nettement douteuse ne permet pas de voir aisément à travers… Surtout si on est à l’extérieur et qu’on n’y prête pas attention.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Ven 24 Juil 2009 16:44 
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Inscription: Jeu 18 Déc 2008 03:51
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Rendu à la hauteur du colosse, je l’entends émettre une sorte de grognement sourd. J’hésite un peu, puis j’arrête momentanément ma progression, déglutissant difficilement et ne quittant pas le coffre des yeux, comme si le fait de le regarder fixement m’aiderait à m’en approcher. Sans un regard vers le géant, j’attends, essayant de contrôler ma peur en effectuant de longues inspirations silencieuses. Après avoir marmonné quelque chose qui ressemble plus à des balbutiements qu’à des mots, il prononce d’une voix enrouée, mais un peu plus intelligible:

« Mouais, toi passer »

Ces trois mots sont d’un soulagement extrême. Pendant un court moment, j’ai cru que j’allais subir le même sort qu’une poupée de chiffon dans la gueule d’un affreux et gigantesque cabot. Je m’empresse donc de reprendre mon avancement sans émettre de commentaires.

J’approche enfin de mon but : Anarazel me tourne le dos et est penché sur le coffre. Je franchis avec hâte les quelques pas qui me séparent de la boîte tant convoitée et de son mystérieux contenu. Bien que je sois à présent à côté de lui, l’elfe sans nez ne semble pas avoir remarqué ma présence, trop concentré à observer le seul masque de la caisse de bois. L’individu du rêve avait fait mention qu’il y en aurait six, alors que je n’en vois qu’un accompagné cependant de cinq petits paquets opaques, chacun muni d’une petite protubérance noire. Me réjouissant d’avoir un peu plus de cervelles que le titan aux canines inférieures prédominantes, je me saisis de l’une des cavités et l’examine attentivement.
Avant de presser sur qui semble un bouton qui déclenchera l’ouverture du cocon, je jette un œil sur celui qu’Anarazel a déjà déballé. Alors que les masques que j’ai eu le loisir de voir lors des fêtes de ma ville étaient fait de bois, ce dernier semble fait d’os. J’ai l’impression qu’il s’agit d’un crâne duquel on aurait gardé que le facies et sur lequel on aurait ajouté un nez et une bouche pulpeuse. D’ordinaire, j’adore les visages féminins, mais celui-ci me semble trop osseux.

(Cet objet ne peut qu’améliorer le visage de ce démon, le munissant de l’organe qui lui fait défaut.)

Je me garde de bien de lui transmettre ma pensée, j’ai besoin de lui; je ne peux me permettre de l’insulter et de me le mettre à dos. De mon côté, ça m’ennuie grandement de camoufler ainsi mes jolis traits. Je devrai par conséquent me résoudre à porter cet objet qui diminuera ma beauté. C’est un sacrifice qu’il me faudra pourtant consentir afin de m’éviter la noyade. Je vais par contre retarder au possible le moment de l’enfiler.

«Reste à voir si ce paquet renferme un masque identique à celui déjà ouvert. »

Cette remarque, bien qu'énoncée à voix haute, je l'ai fait plus à moi-même et je n'attends pas vraiment de réponse de l'être sans nez.
Je prends donc une grande respiration, jette un dernier regard vers Anarazel. Le paquet dans ma main droite, je dépose ma main gauche ouverte sur le soi-disant dispositif d’ouverture, ferme mes yeux et appuie fermement.

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Dernière édition par Mathis le Lun 3 Aoû 2009 15:32, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Sam 25 Juil 2009 09:29 
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Mon sourire s’était élargit devant la réaction de Pragatt’ envers mon présent, dont je lui laissais la propriété malgré tout. J’avais dans mon sac quelques objets ayant la même utilité mais qui prenaient moins de place alors mieux valait laisser aux pirates leurs attributs et me contenter des miens.

La première réaction du blondinet avait sonné comme une distraction à ce qui allait suivre, mais était très vite retombée à l’observation d’une statue. Il ne discuta d’aucun des termes du contrat que lui avait exposé le capitaine et pire que de se taire il semblait être habité par une capacité d’attention assez particulière. Par deux fois il était venu nous adresser son avis pour s’en aller la seconde suivante sans un mot, comme s’il ne faisait que répondre aux divagations d’un esprit qui aurait du mal à se focaliser sur une chose assez longtemps pour ne serait-ce que se souvenir qu’il était déjà passé par là.

Je gommais vite l’intérêt de ce dernier échange et m’inclinai devant Pragatt’. Il n’y a rien de mieux qu’une occupation précise pour ne pas s’embrouiller dans des réflexions qui, à ce stade de la partie, n’avanceraient à rien. D’un signe de la tête, j’invitais Glenor à me suivre, me demandant toute fois si le fait d’aller les enfermer à une mort lente n’allait pas contre ses principes.

Arrivés près de la porte en proue, j’appuyais sur la clenche mais elle ne s’ouvrit pas. Malgré plusieurs coups d’épaules la porte restait bloquée de l’intérieur. Tout un engrenage se mit à nouveau en marche, tel une araignée déployant ses pattes vers une cible pourtant déjà sous on emprise.
Machinalement, je me tournai d’abord vers Glenor :
- Vous pouvez essayer ? Avant de me reculer pour lui laisser la place si tant est qu’il veuille aller jusqu’au bout. - mais si c’est fermé de l’intérieur, c’est qu’ils sont déjà sortis de leur cage. Celui qu’on a jamais trouvé a peut être eu dans l’idée de sauver sa peau en les aidant pour pas finir désigné d’office comme traître à laisser sur place.

Mes ordres n’étaient pas de chercher absolument une réponse à ce genre d’ennui, et là où je me serais contentée de vérifier leur présence avant de les enfermer … ne pouvais-je pas tout simplement être sûre qu’ils ne puissent plus sortir par là quoi qu’il arrive.

J’attrapais par la manche un marin qui poussait un tonneau pour barricader la porte comme prévu :
- La porte est fermée de l’intérieur, va prévenir le capitaine qu’on peut s’attendre à une entourloupe …. Et surtout, protéger le coffre.

Soudain, la pénombre dans laquelle nous nous installions peu à peu troubla ma vue. Derrière moi, je vis une masse de nuages noirs remplacer l’horizon presque paisible jusque là.
Le temps ressemblait de plus en plus à un trésor que chacun allaient tenter de s’approprier, mais se sentiment d’urgence n’avait rien d’encourageant. D’autant que je n’avais pas envie de perdre des minutes à chercher le noiraud et la rouquine ; je sortis de sous ma veste mon sifflet attaché autour du coup et tant pis pour la discrétion.
Je soufflai un grand coup quitte à faire sursauter tout le monde autour de moi, après tout on était plus à quelques mesure de prudence prêt. Les prisonniers s’étaient en parti échappés, les nuages apportaient avec eux le glas pour l’un d’entre nous … que nous n’avions toujours pas désigné. Je cherchais encore le nom de la rouquine dans mes souvenirs quand le sifflement stoppa …

- DRAAST !! Criais-je pour me faire entendre dans tout l’avant du bâtiment. Allez, on se bouge l’arrière-train ! Tout le monde sur le pont, le capitaine attendra pas plus longtemps.

Je pris l'une des poutres apportée par un marin pour bloquer l’entrée, et si Glenor ne parvenait pas à la forcer, nous aurions au moins une difficulté de moins à gérer.
Je baissais le ton avant de lui parler, m’étonnant de ne l’avoir pas entendu jusqu’à maintenant, malgré son attitude nerveuse depuis le matin. J’essayais de me mettre à sa place, tentant de comprendre son état d’esprit pour poser les bonnes questions.

- Avez-vous une idée de qui est derrière tout ça ? Si vous aviez su avant de venir, seriez-vous des nôtres ? … à n’être qu’un pantin qu’on oblige à sacrifier ce que vous sauvez à longueur de temps ?

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Madoka


Dernière édition par Madoka le Mar 4 Aoû 2009 11:47, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Dim 26 Juil 2009 12:09 
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Un masque. Un masque cadavérique, où seule la chair semble manquer. Une bouche sensuelle, et... Un nez.

Le démon resta figé un instant durant lequel le temps même sembla s'arrêter, et le présent s'échouer sur les plages de l'avenir. Il aurait pu rester ainsi durant une éternité, s'il n'y avait eu les tentacules visqueuses et inaliénables qui entraient par ses oreilles : elles jaillissaient des bouches des marins, des aventuriers, vibrant dans l'air en sons déformés.

Qu'avait espéré le démon, en ouvrant la petite boite? Il ne s'expliquait pas lui-même ce soudain élan intérieur, cette glace de la volonté. Les danses de sa Sombres Déesses s'étaient arrêtées, et une musique nouvelle au goût du mystère l'enfermait. Et il se souvint.

Il se souvint de sa propre nature immonde, de son sermon. Il se souvint de son premier rêve, de sa sœur morte-née, de sa captivité. Avant d'être un aventurier, il était un descendant d'Ellhar - chose qu'il semblait avoir oublié, tout comme il avait l'impression d'avoir enflammé sa raison par sa folie...

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Vous, démons de la paix intérieur, vous êtes déjà glacés, figés dans la prison de votre calme.
Moi, philosophe de la déchirure, je redoute et désire votre paix. Il m'en existe deux; l'une d'elle est un calme profond et sûr, où se baignent les nymphes de la tristesse du renoncement amer et accepté. L'autre est plus froid: c'est la paix de la stupeur, qui gèle les os et les chairs, jusqu'à l'univers même - un champ de lames, sur lesquelles brillent en lettres dorées les mots de la révélation soudaine.

"- Moi, ami d’Anarazel" , dit un être dans mon dos, me rappelant à la réalité. C'était Mathis, qui tentait d'apprivoiser l'énorme bête de muscles que j'avais chargé de ne laisser personne approcher.

Mon attention – qui reprenait petit à petit de sa vigueur – se reporta sur le masque. Étaient-ils tous pareils, ou chacun en avait un qui lui correspondait? Le premier cas, auquel pouvait s'ajouter quelques subterfuges magiques, me sembla le plus plausible. Ainsi, personne ne pouvait être mis de côté des spéculations des autres, la boucle était bouclée pour que seule la confiance, l'appréciation et l'inertie des groupes désignent les traitres, à moins que ceux-ci se révèlent eux-mêmes par la force de leur stupidité.

"- Mouais, toi passer." Mon garde du corps improvisé semblait s'être attendri devant le beau visage du blond. Ce dernier arriva à ma hauteur, et se saisit également d'une boite. Il enfonça le bouton.

"- Reste à voir si ce paquet renferme un masque identique à celui déjà ouvert," souffla-t-il. Je retrouvai mon sourire en coin; le feu de ma haine nourricière dont je tettais les mamelles depuis plus d'un siècle retrouvait un peu de sa puissance. J'avais devancer Mathis.

"- Il me paraît que oui," soufflai-je à voix basse. "Si chacun avait son masque propre, il serait trop facile de désigner les traites, ou de disculper certains. Mais ouvre-le."

Je fis disparaître celui que je portais dans les plis de ma toge, dont les mouvements furent accueillis par un bruit de verre cassé. Quelques débris de la lanterne y restaient toujours accrochés.

Je me retournai vers l'orc immense, qui n'avait pas bougé. Il était temps de reprendre les choses en main...

"- Mon ami," lui criai-je. "Ne laisse plus personne approcher, même pas d'autres de mes amis."
Puis mon attention se reporta sur Mathis, dont je ne pus m'empêcher d'observer le nez. Il ne restait rien de sa récente cassure, il avait même désenflé. Un sourire malicieux se découpa sur mon visage, et je posai ma main sur mon cœur, comme j'aimais le faire, en symbole du plus grand respect.

"- Mathis," lui soufflai-je à voix basse en jetant des regards furtifs aux feux rougeâtres vers les marins. "Ne croyes-tu pas qu'il serait temps de prendre ses masques et de rejoindre les aventuriers prisonniers? As-tu une idée de la nature du traître?"

Sans attendre sa réponse, j'appuyai sur les autres boutons.

(((Je voulais faire plus grand, mais je sais pas quoi rajouter. Correction sous peu)))

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Ecrire, c'est tuer, prier, délirer. Pour combler l'écart. Abolir l'Entre. Et n'y parvenir jamais. [Michèle Mailhot]


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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 14:03 
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Madoka :

Glenor te suit sans rien dire et te scrute de son œil unique lorsque tu tentes vainement d’ouvrir la porte. Quand tu lui proposes d’essayer à son tour, il envoie une bourrade de l’épaule dans le panneau de bois, sans résultat, puis s’arme de son marteau, maugréant quelques jurons torkins, avant de se raviser…

« Oh… non, je ne peux fracasser cette porte sans danger pour moi-même ! Le Rubis Sanglant est ainsi fait, si on doit croire le cap’tain. Boah, qu’à cela ne tienne, ils mourront enfermés dans leur propre piège ! »

Alors que le marin que tu as chargé d’un message court prévenir le capitaine, Glenor s’empare d’une seconde poutre pour la disposer face à la porte, pour bloquer celle-ci.

« Qu’ils essaient de passer, maintenant ! »

Il se tourne alors vers toi pour répondre à ta question, alors qu’au dessus du pont, les nuages se font de plus en plus menaçants, ne laissant désormais plus l’once d’une trace bleue dans le ciel grisâtre…

« Qui ? Ma foi, j’en sais rien de plus que vous, j’imagine. Je ne suis un pantin qu’en apparence, ce démon ne jouera pas longtemps avec moi ! Dès qu’il sera à portée, c’est mon marteau qu’il recevra dans la tête, cet ennemi invisible ! Vous savez des choses, vous ? »

Anarazel et Mathis :

Une fois que Mathis appuie sur un des boutons, la cavité s’ouvre et laisse apparaitre à son tour un masque identique à celui qu’Anarazel a découvert, tout aussi osseux, portant le même nez et la même bouche pulpeuse. Un masque glauque, s’il en est…

Suite à ça, Anarazel appuie successivement sur tous les boutons qui restent, et à chaque fois, un petit déclic se fait entendre pour dévoiler un nouveau masque par cavité… Vous êtes hélas trop absorbés par cette tâche et ces apparitions pour voir surgir à toute vitesse un rapace vif et rapide, dont les serres acérées s’emparent prestement de l’un des masques disponibles dans le coffre et mis à jour par le Démon sans nez…

Ce rapace n’est autre que le majestueux aigle d’Hallena, et celui-ci ne tarde pas à la rejoindre, tout en haut du mât, sur son épaule, lui faisant don de sa chasse miraculeuse… De sa position avantageuse, il sera rude de lui reprendre, si telle est l’intention de quiconque…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 18:17 
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Cela pris quelques secondes à Rosie avant de reprendre ses esprits. Elle avait cru, un seul instant n’être que dans un rêve terriblement réaliste comme cela avait été le cas de celui avec le visage étrange qui prétendait la présence d’un traitre, mais plus elle attendait plus elle réalisait que tout était vraiment réelle. C’est juste qu’elle n’en revenait tout simplement pas qu’on aille si facilement accepter son plan, sans remarque, sans désaccords ni réticence. Les trois hommes n’avaient fait qu’acquiescer sans dire un seul mot et s’exécutaient maintenant en silence et en ordre. Ils se faufilèrent derrière les caisses, là où l’assassin avait affirmé avoir trouvé un passage laissant là Rosie qui n’avait aucunement bougée, pratiquement sous le choc. Tout en les regardant disparaître dans les ténèbres, elle revint lentement à la réalité et sentit brusquement poindre en elle le sentiment merveilleux qu’est la fierté. Cette sensation lui fit énormément de bien, plus qu’elle ne l’aurait cru. Curieusement, elle avait enfin l’impression de servir à quelque chose, sentiment assez rare chez elle, bien qu’elle était loin d’être aussi inutile qu’elle le croyait. Cette confiance assez soudaine et emplie d’optimisme lui fit rapidement comprendre qu’ils allaient peut-être réussir à se sortir de ce mauvais pas finalement.

À cette pensée, la jeune fille se réveilla enfin. La partie n’était pas fini, le gros du travail demeurait à être accompli. Si elle voulait la victoire, elle se devait de faire comme les trois autres et exécuter sa part du plan c’est à dire : faire diversion. Ce n’était certes pas une tâche facile, mais elle préférait de loin faire ce qu’elle avait à faire plutôt que de devoir se faufiler parmi leur ennemi sans être vu et subtiliser, par la suite, des masques sous leur nez. Déjà fallait-il encore qu’il passe l’immense orc qui veillait à ne laisser personne approcher, lui ainsi que le capitaine pirate aux aguets. Il y avait aussi Anarazel qui avait rejoint les pilleurs des mers. Rosie, malgré cela, garda espoir quant à la possibilité qu’il soit toujours de son côté. Cela ferait un être de moins à devoir berner et sincèrement, elle ne se faisait pas à l’idée qu’il ait si peu d’honneur pour servir des pirates qui ont fait la peau à tout leur équipage et ce, sans le moindre scrupule. Bien qu’elle ne le connaisse que très peu, elle pouvait difficilement s’imaginer qu’il soit désormais un ennemi alors qu’il était au départ, un allié de qualité pour l’Échangeur, le second. Mais pour l’instant, elle n’avait pas le temps d’y réfléchir de façon approfondie, elle avait un devoir à accomplir. Elle aura bien le temps de régler cette histoire un peu plus tard, si plus tard il y avait pour la semi-elfe.

Sans se casser la tête plus longtemps, elle passa les caisses et s’enfonça à son tour dans le passage. Elle n’eut pas à aller bien loin pour atteindre une salle emplie de tonneaux dont le contenu était évident. Quel marin peut se passer de rhum sur un bateau? Il y en avait assez pour combler la soif de tout l’équipage… cinq fois. Avec cette quantité phénoménale, faire exploser ce navire pourrait être chose facile pour un suicidaire, mais Rosie avait un autre plan en tête. Mourir ne faisait pas partie de son horaire, du moins, pas aujourd’hui.

Elle entreprit donc de monter les escaliers, la seule issue apparente. Là haut, l’adolescente aboutit dans ce qui ressemblait à un bureau, les quartiers du capitaine Pragatt’ pour être plus précis, comme l’avait indiqué l’assassin. Justement, il était là, accompagné du drow et de l’humain. Ils étaient près à passer à l’action. Il ne fallait pas trop tarder car plus le temps avançait, plus les choses se compliquaient. S’il fallait que les soupçons commencent à se manifester sur le pont, les pirates pourraient venir à découvrir leur évasion et ce ne serait qu’une question de temps avant qu’on ne les retrouve. En pleine mer, il est dur de partir loin et disparaître à jamais.

N’osant plus parler, de crainte que l’on puisse les entendre à l’extérieur, Rosie hocha lentement de la tête afin de faire comprendre aux autres qu’elle était prête à passer à l’action. Les trois hommes firent de même, affirmant qu’ils étaient tout aussi parés. Ça y était, la partie commençait. L’elfe noir et l’archer au casque se positionnèrent près de la porte comme la demi-elfe leur avait indiqué de faire dans la cale. Avant de partir, elle aurait bien aimé connaître leur nom, juste au cas, mais l’heure n’était plus aux présentations, elle devait s’en passer. Avant de partir, elle leur adressa un regard brillant en guise d’encouragement bien qu’elle sentait qu’ils n’en avaient pas vraiment besoin. Ils semblaient savoir ce qu’ils faisaient. Rosie respira un bon coup.

(Vas-y ma grande, tu en es capable.)

Elle par contre, avait besoin de ces encouragements. Elle ouvrit la porte menant à l’extérieur de façon à ce qu’il n’y ait qu’une fente juste assez large pour qu’elle puisse bien voir tous ceux présent sur le pont. Apparemment, personne ne semblait regarder dans leur direction, sois captivés par la présence des caisses, sois par l’orc gardien, sois par le capitaine. C’était le moment idéal pour y aller. Dans un mouvement rapide, l’adolescente ouvrit la porte et la referma derrière elle dans le plus complet des silences. Seul un léger grincement retentit, mais vu les nombreuses présences sur le pont, le bruit ne parvint pas aux oreilles des pirates. Profitant de sa chance, Rosie ne tarda pas plus longtemps et entreprit de marcher d’un pas léger et rapide vers l’Échangeur qui était toujours bien collé contre le navire pirate. Dès qu’il lui était possible de s’arrêter derrière un objet pouvant lui servir de cachette, elle le faisait volontiers, ne boudant jamais la moindre possibilité de se cacher, lui donnant ainsi la capacité de pouvoir analyser l’évolution des membres de l’équipage. Elle se devait de surveiller chacun des mouvements de chaque individu présent afin d’être bien sûr de ne pas attirer leur regard ou bien de ne pas se faire surprendre. Si on la voyait, tout tombait à l’eau. Par chance elle arriva enfin tout près du navire de Tulorim et ce rapidement. La distance à parcourir ne fut pas bien longue quoi qu’intense. Pour l’instant tout ce passait sans anicroche. Si cela pouvait se poursuivre ainsi, ce serait pour le mieux.

(Tu es presque arrivée.)

Rosie sauta volontiers le bord qui séparait le bateau pirate de l’Échangeur. Mais dans son empressement, elle se prit un pied dans la rampe et chuta lourdement sur le pont du bateau aux voiles noires et blanches. Le fracas que cela produit vint abattre l’adolescente qui crut bien sentir arrivé la fin de son existence. Par la force du désespoir, la jeune fille ne prit même pas la peine de se relever complètement et se jeta carrément, à plat ventre derrière quelques tonneaux vides entassés là. Elle se recroquevilla dans sa cachette, le cœur se débattant rageusement dans sa poitrine comme s’il voulait absolument en sortir. Une voix grave et rauque retentit non loin :

« Vous avez entendu?»

Terrorisée, Rosie attendit la réponse de ces congénères pirate, la main plaqué contre sa poitrine comme si elle tentait de faire taire son cœur, ce puissant muscle qui alors battait si fort que la jeune fille craignait que les autres puissent l’entendre se déchainer, aussi loin puissent-ils être. Alors que tous affirmaient n’avoir rien entendu, la première voix ce fit plus insistante et s’approchait dangereusement d’elle

« Je suis sûr d’avoir entendu quelque chose. Je vous rappelle qu’il y a un homme qui nous a filé entre les doigts un peu plus tôt. Il ne peut pas s’être envolé. Il est encore ici. »

La semi-elfe tressaillit. S’il fallait qu’ils se mettent tous à sa recherche, elle était fichue. Non elle n’était pas l’assassin, mais l’équipage pirate savait tout de même très bien qu’elle avait été faite prisonnière. Si on la trouvait là, en dehors de la cage et de la cale, s’en était fini d’elle. Elle ne faisait pas le poids seule contre plusieurs.

« Ouais ben, t’es le seul à avoir entendu. »

Malgré les dires des autres, l’homme ne cessa pas d’approcher de l’endroit où Rosie se terrait, se refusant d’ignorer le bruit lourd qu’il avait perçu par là. Une goutte de sueur roula doucement sur la tempe de Rosie alors qu’elle tentait de s’écraser le plus possible contre le tonneau le plus près d’elle avec l’espoir d’échapper au regard de l’humain. Il était maintenant pratiquement à sa gauche. Quelques pas de plus et il ne lui suffirait plus que de tourner la tête vers sa droite pour apercevoir la jeune fille, maintenant tremblante. Les yeux écarquillés, elle suivit avec angoisse l’évolution du pirate. Elle ne pouvait pas se laisser faire avoir aussi rapidement et surtout aussi facilement. Elle avait une mission à accomplir. Des gens comptaient sur elle et attendaient qu’elle fasse ce qu’elle avait à faire afin de passer à l’action. Dans un geste désespéré, la semi-elfe agrippa sa bourse, l’ouvrit, plongea sa main moite et tremblante à l’intérieur et en sortit une dizaine de Yus, tous enfermés dans son poings. Avec une force insoupçonnée, elle jeta les pièces le plus loin possible d’elle et des autres pirates, de l’autre côté du tonneau. L’effet fut immédiat, l’homme qui menaçait de la voir d’un instant à l’autre, se retourna vivement et marcha vers le lieu où avait retenti le tintement des Yus .

«Vous avez entendu cette fois!»

Reprenant du courage face à cette légère réussite, la jeune fille se remit sur pied, prête à partir de nouveau. La porte menant aux entrailles du navire n’était plus bien loin maintenant. Elle entreprit de courir le plus rapidement possible, tout en surveillant soigneusement là ou elle mettait les pieds afin d’éviter une nouvelle chute. Une fois devant l’entrée de la cale de l’Échangeur, Rosie se glissa à l’intérieur sans perdre une seule seconde. Elle referma derrière elle, soulagée et s’adossa un instant contre la porte, se permettant de souffler un peu. S’il avait fallu que ce soit elle qui avait eu comme mission de s’emparer des masques, elle n’aurait sûrement jamais survécue et elle en était désormais persuadée. Elle qui au début avait vu d’un mauvais œil l’arrivée de l’assassin dans la cale du bateau pirate, était maintenant heureuse de l’avoir eu. Bien qu’il ne fallait pas crier victoire trop tôt, l’adolescente était certaine que cet homme en noir allait y parvenir, mais encore fallait-il qu’elle fasse ce qu’elle était venu faire ici avant tout. Il attendait après elle.

Il faisait affreusement noir et Rosie n’y voyait tout simplement rien dut tout. Heureusement, la elle n’eut pas à se poser longtemps des questions et sortit sa lampe à fée, afin de s’éclairer. Les petites créatures scintillantes virevoltaient joyeusement entre les verres, apparemment enchantées de sortir un peu. Elles éclairèrent les marches que l’adolescente n’hésita pas à descendre silencieusement et elle eu tôt fait de rejoindre un couloir qui se perdait, à son extrémité, dans les méandres des ténèbres. Elle s’y aventura mais réalisa rapidement qu’elle empruntait le mauvais chemin, ne trouvant rien qui puisse ressembler à une ouverture menant à la cale. Elle regretta amèrement de ne pas avoir visité les profondeurs de la bête, elle n’aurait pas tourné en rond de la sorte. Furieuse contre elle-même, la demi-elfe revint sur ses pas et remarqua enfin qu’elle pouvait contourner facilement les escaliers. Derrière, elle reconnue ce qui devait être le dortoir à en juger par les couchettes et hamacs qui occupaient le lieu. Étrangement, elle avait l’intuition qu’elle était sur la bonne voie cette fois. Elle traversa en courant le dortoir, au grand déplaisir des petites fées et arriva dans une grande pièce où d’énormes tables vissées au sol patientaient. Puis…

« Enfin…»

Essoufflée, Rosie reprit sa course. Elle avait aperçu, non loin, l’escalier qui menait tout en bas : la cale. Ignorant ses craintes face au gouffre dans lequel elle allait s’enfoncer, elle dévala les marches avec empressement. Elle avait cette impression désagréable que cela faisait une éternité qu’elle était partie et elle détestait cette idée. La dernière chose qu’il fallait c’était que ses complices croient son échec et tente le tout pour le tout sous elle. Elle n’avait toujours pas échoué, ils devaient se montrer patients.

En bas, dans ce qui devait être la cale de l’échangeur, la jeune fille fut surprise d’être en mesure d’y voir plus clair. Une douce lumière était filtrée par un grillage qui perçait tout là haut, le pont. L’endroit était étonnement grand. Des tonnes de tonneau avaient été entreposées là en vu d’un long voyage. Dommage que tous ces préparatifs avait été vains en fin de compte. Mais comment auraient-ils put prévoir seulement les évènements à venir.

« On n’en serrait pas rendue là si on avais tous su à l’avance la tournure que prendrait les choses.»

Mais ce n’était pas le cas et qu’elle ne le veille ou non, Rosie devait faire face à ces situations assez exaspérante. Fascinée par la hauteur des lieux, elle s’avança entre les fines lignes de lumière qui perçaient de leurs longs doigts fins, les ténèbres des lieux, les chassant dans les coins. Puis, le cœur battant, la jeune fille baissa les yeux au sol pour y voir le plancher sombre, ce dernier obstacle qui la séparait encore des eaux froides et profondes. N’en ayant plus vraiment besoin, l’adolescente rangea sa lampes non sans avoir remercié ses petites amies à l’intérieur pour leur aide. C’est maintenant que tout allait se jouer. Les yeux toujours posés sur son objectif, elle agrippa solidement sa hache dont, pour une fois, elle était heureuse de posséder. Elle ne savait peut-être pas se battre correctement avec, mais pour ce qu’elle entreprenait de faire à l’instant, c’était l’outil le mieux désigné. La demi-elfe recommença à trembler, mais pas de peur ou d’angoisse cette fois, mais bien d’excitation. Cette joie intense de sentir tout près l’aboutissement de son travail. Elle écarta les jambes, leva son arme au dessus de sa tête à deux mains et haletante, regarda fixement le sol.

« 1…2…»

Trois. Tout en prononçant ce dernier chiffre, elle abattit sa hache contre le bois sombre. À peine si sa lame s’enfonça dans le plancher. L’arme toujours planté au sol, la jeune fille vérifia les dommages. Pas grand-chose en fait. Pantelante, elle resta là un instant, complètement immobile, toujours penchée sa hache à la main. Un doute s’empara d’elle quant à ses chances de réussir. Percer un bateau n’était pas une tâche aisée.

Rosie se redressa lentement tout en retirant son arme, légèrement enfoncé. Le silence régnait dans ce lieu malgré toute l’agitation qui se faisait à l’extérieur. Seul le son de sa propre respiration brisait ce calme presque effrayant.

(Aller…encore une fois.)

« 1…2…»

Trois. De nouveau son arme vint percuter le sol, mais cette fois, elle s’y acharna, en donnant plusieurs coups. Essoufflée, la semi-elfe contempla son travail. De l’eau se mit à jaillir abondamment par les faille et ce, assez rapidement, mais pas assez au goût de la jeune fille. Oui le bateau finirait par sombrer dans l’océan, mais trop lentement pour servir efficacement de diversion. Il ne manquait néanmoins plus grand-chose, avant que le sol ne cède. Elle devait agrandir la brèche et ce, avant que trop d’eau s’accumule dans le fond, ralentissant ses gestes. Déjà, la situation se faisait pressante, la mer s’emparait peu à peu du navire. Elle leva les bras de nouveau et pour une dernière fois, sentant sous ses pieds la pression énorme que l’eau exerçait sur la faille afin de la franchir. La structure en était fragilisée. Sans compter cette fois, elle abattit sa hache tout en poussant un cri qui témoignait tout l’effort qu’elle porta dans son dernier coup. L’arme traversa le sol comme dans du beurre et cela aussitôt fait, Rosie sentit ses bras comme tirer vers le haut par une force ahurissante. Elle se retrouva assise dans l’eau qui s’accumulait à une vitesse fulgurante, devant ce qui pouvait être comparé à un geyser d’eau qui vrombissait avec force vers le ciel avant d’aller s’écraser dans le fond de la cale. Mouillée de la tête au pied, la jeune fille débarrassa son visage d’une mèche de cheveux collé à sa joue alors qu’elle regardait d’un air hagard le résultat. L’eau franchit l’espèce de soupirail qui plus tôt, permettait à la lumière de passer. Une fontaine géante se dressait avec puissance.

« C’est… incroyable.»

Alors là, si ça, ça ne pouvait faire diversion, qu’est ce qui le ferait. Rosie se releva alourdie par ses vêtements détrempés, fière d’elle. Mais cette sensation de victoire fut de courte durée, rapidement remplacé par la peur.

« Je dois sortir d’ici! »

Elle regarda la mer qui s’engouffrait rapidement dans l’Échangeur. Le temps lui était compté.

« Et vite!»



(((Toutes les actions effectué lors de ce poste ont été tirés au dé par nul autre que Gm9 et ce, par mp. Merci!)))

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 19:51 
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Après que j’ai appuyé sur le bouton noir, aucun bruit ne se fait entendre. Pris de curiosité, j’ouvre les yeux pour constater que le bouton clignote. Quelques secondes s’écoulent, puis après un léger déclic, la cavité s’ouvre pour faire place à un masque identique à celui d’Anarazel. Ce dernier, sourire en coin, m’en a fait d’ailleurs la remarque juste au moment précédent son ouverture. Comme il me l’a mentionné, il aurait été trop facile de démasquer le traître si chacun avait un masque propre à son visage. De plus, ce geste aurait été stupide de la part de l’être diabolique.

Alors qu’Anarazel range son masque dans sa tunique, je place le mien bien en sécurité dans mon sac qui installé en bandoulière ne peut pas être l’objet d’un vol.

L’être sans nez s’adresse à l’orque, mentionnant à ce dernier qu’il ne devrait plus désormais permettre le passage à qui que ce soit, même les amis. Je reste perplexe, je ne réussis pas à saisir la raison de la soumission de ce géant envers Annarazel. Je m’apprête à le questionner à ce sujet, mais il me devance en prenant lui-même la parole.

" Mathis," me dit-il tout bas. "Ne croyes-tu pas qu'il serait temps de prendre ses masques et de rejoindre les aventuriers prisonniers ? As-tu une idée de la nature du traître ?"

C’est le temps de dévoiler ce que je sais. À nous deux, on va peut-être en arriver à des conclusions satisfaisantes. J’ouvre la bouche pour parler, mais je suis momentanément distrait par les clignotements multiples, suivies des déclics successifs: tous les masques sont à présent ouverts, Anarazel s'en est chargé.

Retournant mon attention vers l’être sans nez, je lui réponds :

« Les aventuriers sont enfermés dans la cale et encore vivants, mais peut-être pas pour longtemps. Pragatt vient d’envoyer la pirate au regard meurtrier accompagné du nain pour qu’ils s’occupent des prisonniers. Ce vil capitaine veut garder l’Échangeur intact et s’en servir pour ramener à bon port son équipage une fois le Rubis-Sanglant coulé. Ce qui nous cause problème, puisque le rêve était clair sur ce point : nous devons faire sombrer l’Échangeur, c’est la seule façon d’assurer notre survie. »

Je prends une pause, lui donnant ainsi le temps d’assimiler ce que je viens de lui dévoiler. Puis après un soupir, je poursuis mes explications :

« Les seuls dont je sois certain de leur innocence sont Rosie et …toi. »

Bien que d’aspect redoutable, peu enviable et même repoussant, je ne peux me résoudre de voir un traître en lui. Il n’en a pas l’attitude ni la personnalité. Je ne l’imagine pas agir en douce dans le but de trahir. Il nous l'a démontré à plusieurs reprises depuis notre départ du quai, plutôt impulsif voire même tête brûlée, il aime agir avec éclat; tout le contraire de l’image que je me fais d’un traître.

« Nous ne sommes pas encore de véritables amis selon mes propres critères sur l’amitié, mais ça ne saurait tarder. Je vous….te fais confiance. »

Je me sens un peu mal à l’aise comme si je lui avais fait une déclaration d’amour, alors que je n’ai que simplement dit ce que j’éprouvais sincèrement. Les sentiments même les plus fraternels ne sont jamais faciles à exprimer. À la longue, nous pourrons probablement devenir de bon amis, si nous nous en sortons vivants bien sûr.

« Hum…, j’ai échangé quelques mots avec Hallena. Bien sûr, sa beauté m’a séduit, mais ne m’a pas aveuglé, elle est peut-être le traître, je n’en sais trop. Cependant, je doute fort qu’elle tente de prendre un masque. Elle est, selon moi, trop attachée à son aigle et ne pourra se résoudre à s’en séparer pour s’immerger dans les profondeurs de l’océan. Et puis, elle semble préférer la nature aux biens matériels, les animaux aux hommes. Je soupçonne plus fortement l’assassin. »

Je viens à peine de terminer de prononcer ces paroles que je crois percevoir un léger courant d’air. Trop tard hélas, lorsque je me retourne vers la source de ce mouvement, l’aigle, avec un masque dans son bec, est déjà auprès de sa compagne, tout là-haut dans le grand mât.

Ahuri, surpris, la bouche grande ouverte, je fixe le nid de pie sans pourvoir émettre un seul son. Je ne comprends pas les agissements de cette femme, ils ne correspondent pas, à mon avis, à sa nature. Agit-elle pour son compte ou pour celui d’un autre?

Je n’ai pas le temps d’en faire la remarque à mon ami qu’un autre événement se produit. Du pont de l’Échangeur, jaillit tout à coup un puissant jet d’eau qui semble provenir de la cale. Cet éruption est si soudain qu’il capte l’attention de tous. Cette fois, je ne peux me tromper, il ne peut s’agir de l’acte des pirates, ils tenaient à conserver ce bateau intact.

« L’assassin !»

C’est sans doute lui le responsable du sort de l’Échangeur, il est le seul, à part moi et Anarazel, à jouir de sa liberté. Il aura au moins une fois fait un geste qui nous sera profitable.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Mar 28 Juil 2009 11:50 
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Un masque en tout point similaire au premier se découvrit de sa prison noire, visage blafard qui rappelait un rêve passé. Un rêve, et une voix aussi profonde que la mer. Être un patin dont les fils étaient tirés par un mage sombre, percuta enfin la lame acérée de ma raison.
Mais peu importait : je n'avais mieux à faire que de quitter cette situation maudite, où j'étais membre d'un équipage dont je me revendiquais capitaine, et voulant par la même en protéger un autre.

Cependant je ne pus m'empêcher un petit ricanement de satisfaction. Une fois de plus, j'avais vu juste. Les masques étaient tous les mêmes. Les boites noires s'ouvrirent avec des bruits feutrés.

Je me redressai, contemplant ces sinistres visages, où la mort elle-même semblait se refléter en entier, comme sur la blancheur des os. Les deux rubis sanglants encastrés dans mes orbites profondes se plissèrent, telles des entailles dans la froideur de ma peau.

J'assimilais. Mathis me parlait de la situation, du présent qui s'était échoué en passé révolu lorsque je gelais sous les astres de ma stupeur.

"- Les seuls dont je sois certain de leur innocence sont Rosie et …toi", acheva-t-il d'un souffle chuchoté.

Mon sourire en coin s'intensifia vite. Mathis et Rosie étaient les deux aventuriers que je connaissais le mieux sur cet océan de mystères; et en réalité j'espérais pouvoir compter sur eux et sur leur confiance plus que de coutume. Mathis me surpris :

"- Nous ne sommes pas encore de véritables amis selon mes propres critères sur l’amitié, mais ça ne saurait tarder. Je vous….te fais confiance."

Le sourire au coin de ma bouche sans lèvres apparentes perdit un peu de sa puissance. Cet humain ne comprenait-il pas que, amitié ou non, seuls les groupes pourraient survivre? Les marginaux s'érigeaient trop facilement en bouc-émissaires. Peut-être était-ce là, d'ailleurs, dans un jeu des plus sordides, que se cachait la vérité. Ce casse-tête visait avec un peu de malchance qu'à nous diviser, à nous déchirer, nous, aventuriers, au bon plaisir d'un être si puissant qu'il s'insinuait dans nos songes...

L'homme blond achevait son monologue lorsqu'un étrange souffle vint secouer les pans déchirés de ma tunique: un aigle venait de plonger, emportant dans un panache de plumes sombres l'un des masques. Je levai doucement les yeux, pour apercevoir la silhouette aux courbes plaisantes, en haut du mât de misaine.

"- Elle vient d'en prendre un," soulignai-je l'évidence d'une voix éteinte, légèrement tendue. "Mais si ce que vous avancez est vrai, lorsque les navires sombreront dans les ténèbres des eaux, alors elle n'aura d'autre choix que de révéler sa véritable allégeance."

Mon menton se rabaissa une fois de plus, et il était possible de voir les muscles de ma mâchoire saillirent sous mon cuir quasi transparent. Je me retournai vers Mathis, mettant le coffre entre nous deux tandis que l'orc nous tournait autour dans un souci de vigilance, l'œil stupide.

"- Mathis, sache que je crois ta sincérité," repris-je plus durement, mais quelques tons en-dessous. "Il est certain que, étant donné les circonstances dans lesquelles nous nous sommes rencontrés, nous ne pouvons douter de l'intégrité de l'autre dans cette quête." Ma voix marqua une pause, pendant que je rassemblais mes mots : "Mathis, j'aimerais te demander une faveur : les aventuriers de l'Echangeur ne savent pas ce qui c'est passé hier soir entre Pragatt' et moi. Je voudrais que tu expliques en cas de besoin que je ne les ai pas trahis."

Soudain, ce fut un fracas monumental qui cassa le tumulte des discussions et des silences : une gerbe d'eau s'écrasa sur le pont de l'Echangeur, provenant des cales de celui-ci. Et deux mots se matérialisèrent dans la masse qui brûlait mon crâne : sabordage, enfin.

"- L’assassin!" souffla alors Mathis d'une voix étonnée.

Dans les pans de ma tunique sombre, je resserrai mon bras contre le masque que je sentais tout contre ma poitrine, jusqu'à faire s'enfoncer un peu plus les derniers éclats de verre de la lanterne dans ma chair. Il n'était pas question de le perdre. A aucun prix.

"- Les ennuis commencent," dis-je d'un air grave. "Prenons ces masques, et filons libérer les autres."

Et je tendis lentement, prudemment, une main cicatrisée aux ongles sales, pour m'emparer des visages couchés dans le coffre...

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Mar 28 Juil 2009 14:56 
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Sur le pont du Rubis Sanglant, l’effervescence est à son comble lorsque, surgissant de la cale de l’Echangeur, une gerbe d’eau jaillit des profondeurs de la mer pour se répandre sur le pont du navire Tulorain. Ainsi, Glenor se tourne brusquement vers le spectacle, interrompant sa discussion avec Madoka, pour s’insurger de l’événement en jurant dans sa barbe blanche :

« Par mon marteau ! »

L’orc est lui aussi complètement captivé par le spectacle, et reste pantois face à ce déchainement inexpliqué, se sabordage secret que personne n’a vu venir. Les marins, eux aussi, sont absorbés et surpris par la diversion d’envergure causée par un inconnu invisible, et même le Capitaine Pragatt’ observe l’eau jaillir sur le navire qu’il pensait s’approprier, un rictus haineux collé aux lèvres. Dans le tumulte marin, il hurle à son équipage :

« Trouvez-moi le responsable, que je l’étripe de mes propres mains !!! »

Il n’en a pas moins baissé sa garde, puisque sa patte de bois reste flanquée sur le coffre noir destiné aux pirates, et que nul d’entre eux n’a encore ouvert… Mais en protégeant le coffre, il a négligé la protection de l’entrée secrète de la cale, dans sa cabine. Il a seulement eu le temps d’envoyer deux pirates monter la garde dans sa cabine… Deux pirates qui ne sont plus désormais que deux cadavres exsangues morts sans un bruit sous les coups précis d’un drow et d’un Ruméus embusqués à l’entrée de la loge du capitaine… Seul le sang s’écoulant lentement entre les planches du pont témoigne de leur mort… Et au vu de l’incident de l’Echangeur, nul ne pense à reluquer le sol…

Et toute cette diversion a été créée dans un seul but : permettre à l’assassin d’atteindre le coffre tulorain, proche de Mathis et d’Anarazel, ce qu’il a effectué avec brio, puisque lorsque l’être sans nez se baisse pour ramasser les masques restants, il n’aperçoit qu’à ce moment l’assassin se pencher pour les ramasser dans un geste simultané. Et même s’il est interrompu dans son geste, l’homme en noir n’abandonne pas là sa tâche. Dégainant un poignard affuté, il le laque contre le dos d’Anarazel en attrapant celui-ci par la gorge, par derrière, puis lui murmurer rapidement et sèchement :

« Dis à ton ami blondinet de ramasser le coffre et de l’amener devant la cabine du capitaine, ou tu perdras la vie. Et ordonne à cet orque sous ta volonté de faire barrage pour qu’il ne nous arrive rien. Nous deux, on suit le blondinet sans un mot… »

Ça n’est visiblement pas une proposition, mais plutôt un ordre clair et net, doublé d’une menace claire à la vie d’Anarazel. À part Mathis et l’être sans nez, nul ne semble avoir fait attention à l’Assassin, trop absorbés par l’Echangeur qui commence lentement à s’enfoncer dans les flots…

Dans la cale de l’Echangeur, justement, Rosie savait qu’elle ne pouvait pas traîner là sans masque, en voyant l’eau s’engouffrer dans la cale avec une vitesse vertigineuse. Il fallait agir, prendre une décision, et vite…

À l’extérieur, les premières gouttes de pluie perçant des nuages commencent à tomber sur les deux navires attachés… L’heure approche où le chaos règnera sur les mers…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Mar 28 Juil 2009 18:54 
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Un froid nouveau : c'était la morsure de l'acier contre la peau blanche de mon être sans nez. La lame était là, pôle de tension prêt à se déchirer. Il ne restait que l'impulsion, la divine impulsion de savoir qui allait mourir, ou vivre...
Mais ce n'était pas moi qui tenait le poignard...

"- Dis à ton ami blondinet de ramasser le coffre et de l’amener devant la cabine du capitaine," fit un souffle à mon oreille, que seul Mathis pouvait entendre. "Ou tu perdras la vie. "

En écouter plus ne fut pas nécessaire. En écouter plus, c'était perdre du temps. Surtout pour une tâche que j'allais accomplir de bon gré.

Un chaos était né sur le pont du Rubis-Sanglant. A son côté, l'Echangeur s'enfonçait doucement vers les abysses, happé par la noirceur des eaux, reflets mouvants de la tourmente naissant dans les cieux. Déjà les premières gouttes vengeresses de l'énergie du ciel s'échouèrent sur mes cheveux sombres, battants dans le vent, telles les tentacules flasques de mon esprit tiraillé.
Ce fut un iceberg qui s'enfonça dans mon dos, et seul la sueur froide que crachaient les pores de ma peau en était physique. Le reste, c'était de la frustration.

Pas n'importe quelle frustration : celle d'avoir été pris par surprise; celle des malentendus, et de la non confiance. Et elle se déchargea d'un coup. Sèchement, brusquement, tandis qu'elle taillait ses sillons sanglants dans mon masque de volontés tissées.

"- L'orc, tu assures nos arrières," ordonnai-je avec tous les sombres battements de ma Déesse Haine éveillée par ce contact froid contre mon dos.

Et ce n'était pas moi qui tenait le poignard...

Le pont du Rubis-sanglant fut parcouru par un étrange cri, long et sinistre, comme si le bois soupirait d'être tendu. Et pour cause : les amarres entre les deux navires le tiraient vers le fond. Sans doute céderaient-elles rapidement sous la tension immense d'un bateau entier sombrant dans les abysses de Moura.

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Au milieu des éléments chargés d'une colère peu coutumière, un équipage s'étendait en panique. Un jet d'eau monumental sortait de la coque sombre d'un navire souillé du sang de ses marins.

Sur le pont, le capitaine criait ses ordres, crochet tendu, œil unique écarquillé sous la surprise. Et le blanc de son regard se colorait de rouge, du sang de la colère, de la haine.
Sa jambe de bois gardait un coffre.

Et un autre, similaire en tout point, était soulevé par un aventurier blond. Près de lui, un être sans nez, au ton blafard, presque cadavérique, avait un bras sous la gorge et un couteau dans le dos. Un couteau prolongé d'un bras : celui d'un assassin...

"- N'avez-vous pas entendu ce que je viens de dire?" Se risqua le démon, sur un air de défi, alors que, prenant l'initiative avec un manque de prudence certain, il tenta de se diriger conformément aux directives de celui qui tenait les ciseaux sur le fil de sa vie. "Que croyez-vous que j'ai fait, durant tout ce temps sur le pont? J'ai essayer de sauver la vie des aventuriers de l'Echangeur!"

Les deux rubis rouges de ses yeux, où des dards sombres semblaient être lancés, montrèrent le rubis encastré dans l'épaule du Sang-mêlé.

"- Regardez ce qu'il m'en a couté," acheva-t-il, avant de se tourner vers l'homme blond, le vousoyant à nouveau : "faîtes ce qu'il vous dit - c'est ce qu'il veut, et ce que nous voulons! Donnez ces masques aux aventuriers de l'Echangeur!"

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Dernière édition par Anarazel le Lun 3 Aoû 2009 11:07, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Mer 29 Juil 2009 15:01 
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Sourire figé sur le visage, je contemple l’océan prendre lentement possession du vaisseau qui jamais plus ne voguera sur les flots. Ce sabordage est en fait une bénédiction, l’Échangeur coulé, plus rien ne peut nous empêcher de respecter les clauses énoncées dans ce rêve qui nous a tous tant troublés.

Mon enthousiasme n’est pas partagé par tous les marins et encore moins par le capitaine du Rubis-Sanglant. Hors de lui, il a perdu toute sa contenance et n’affiche plus la même assurance. Ses plans ont été déjoués, il ne pourra utiliser le bateau du capitaine Khamsin, belle prise remportée à l’issue d’un combat sanglant, pour ramener la marchandise volée et ce qui reste de son équipage. Non loin de moi, je l’entends rugir. S’étant fait lui-même prisonnier de ce coffre de bois puisqu’il ne veut s’en éloigner, il est rouge de colère et n’arbore plus cette imposante allure fière qui m’a intimidé un peu plus tôt. Pris par l’immobilité, par souci de garder le coffre fermé, par crainte de perdre son contenu tant convoité et surtout par un manque flagrant de confiance envers ses pirates, il se contente d’hurler des ordres et de menacer le responsable de la destruction du navire de Tulorim:

« Trouvez-moi le responsable, que je l’étripe de mes propres mains !!! »

Si ce responsable est l’assassin et bien mon plaisir sera redoublé de le voir se faire torturer sans pitié par ce capitaine enragé. Du coup, le nombre de masque sera suffisant et il ne sera plus nécessaire de sacrifier un aventurier. Pour ce qui est de la présence d’un traître, s’il existe vraiment, je me plais à penser qu’il s’agit de cet individu perfide, de noir tout habillé.

Sentant poindre une lueur d’espoir, le regard triomphant, je me détourne de cet unijambiste pitoyable pour reporter mon attention sur mon compagnon et le coffre à ses pieds.

(Il est grandement temps de profiter de ce moment inespéré de diversion pour fuir avec le coffret et libérer les autres aventuriers.)

Anarazel ayant apparemment lu mes pensées me lance gravement :

« Les ennuis commencent. Prenons ces masques, et filons libérer les autres. »

J’acquiesce avec un petit sourire de satisfaction, il s’avèrera en effet plus facile d’apporter les masques sans s’embarrasser du coffre. Ces objets pourront se camoufler facilement dans nos vêtements. Le contenant noir pourra toujours servir de leurre, espérant que les pirates ne s’apercevront pas immédiatement qu’il est vidé de son contenu.

Anarazel n’attend pas mon consentement pour passer à l’action. Penché sur le coffre, la main tendue, il s’apprête à se saisir des affreux visages osseux. Malheureusement, il n’est pas le seul, l’assassin telle une vipère, venue dont ne sait où, s’est sournoisement faufilé sans bruit et est apparu à nos côtés, aspirant lui aussi s’approprier du butin.
En moins de temps qu’il ne le faut pour cligner des yeux, Anarazel se retrouve accolé au poitrail de l’homme meurtrier, une dague dans son dos et maintenu immobile étranglé par un bras musclé. Ce que je lis dans les yeux rouges du démon, ce n’est pas la peur, bien au contraire, mais plutôt une sombre colère.

(L’assassin a dû profiter de la distraction pour s’approcher... Mais si lui est ici, qui a fait couler le navire ? A-t-il des complices ?)

Je n'ai pas le temps de poursuivre plus à fond mes réflexions, le serpent noir siffle ses ordres à l’oreille du sang-mêlé:

« Dis à ton ami blondinet de ramasser le coffre et de l’amener devant la cabine du capitaine, ou tu perdras la vie. Et ordonne à cet orque sous ta volonté de faire barrage pour qu’il ne nous arrive rien. Nous deux, on suit le blondinet sans un mot… »

Je déteste cet assassin qui impose sa présence au moment les plus inopportuns. D’un air suffisant, il intervient toujours pour contrecarrer nos plans. Je le fixe d’un regard froid et dur, lui signifiant ainsi qu’il ne m’intimide pas.

«Le blondinet a saisi ! Cette menace avec votre arme n’est pas nécessaire, Anarazel n’est pas un traître, mais un partenaire précieux »
Je m’approche un peu du fourbe individu et le dardant de la façon la plus dédaigneuse qui soit, je rajoute : «Lui affronte l’adversaire et, contrairement à vous, ne file pas lorsque le danger survient.»

Je me saisis alors sans effort de la boîte noire et regarde fixement l’être sans nez, attendant le consentement de ce dernier pour avancer. Un fois le signal donné, je me dirige vers la cabine désignée.
Le temps est désormais couvert. Les nuages noirs qui se voulaient menaçant se sont approchés. Déjà, quelques gouttes de pluie mouillent ma chevelure blonde, ce qui ne me gêne aucunement, celle-ci maintenant bouclée par l'humidité n'en est que plus séduisante.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Mer 29 Juil 2009 20:29 
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Les choses se faisaient pressantes dans la cale de l’Échangeur. Le navire allait être engloutit cruellement par la mer désireuse de reprendre le peu d’espace que le bateau lui avait volé. En bas, l’eau avait déjà atteint les genoux de Rosie qui, de nouveau envahit par la peur, marchait vers les escaliers. Elle aurait bien aimé courir, mais alourdi par ses vêtements et ralentit par l’eau qui s’accumulait, il lui était tout simplement impossible d’aller plus vite qu’elle ne l’allait déjà. Pressée, elle pestait à chacun de ses pas alors qu’elle remarquait une nette progression de l’océan dans le navire. Bientôt, elle y passera elle aussi si elle n’atteint pas bientôt la sortie.

( Qui a eut cette merveilleuse idée? )

La jeune fille savait très bien qui avait monté ce plan. La seule personne à reprocher pour la situation dans laquelle elle se trouvait c’était elle-même, malheureusement. C’est toujours plus réconfortant de pouvoir jeter le blâme sur quelqu’un d’autre, toutefois pour ce qui était de Rosie, cela lui était impossible car cette stratégie c’était elle qui l’avait montée et elle s’était elle-même attribuer le rôle de faire couler le navire. C’était de sa faute.

Bien que désespérée elle n’en était pas moins motivée et après avoir trébuché plusieurs fois sur des objets camouflés par les flots et d’avoir pris quelques gorgée d’eau salée au passage, elle atteint enfin les escaliers. Après un bref regard en direction de son œuvre, elle monta les marches sans la moindre hésitation et entreprit de courir avant que l’océan ne la rejoigne. Elle refit le trajet contraire, retraversant le dortoir et grimpa le dernier escalier plongé dans la noirceur qui menait au pont. Tout en haut, elle fut confrontée à une porte. Une porte derrière laquelle des tas de pirates se dresseraient furieux et d’autant plus meurtrier. Rosie déglutit. Elle n’avait pas songé au fait qu’il fallait bien qu’elle revienne. Après ce qu’elle venait de faire, on se mettrait à la recherche d’un éventuelle coupable. Et si, ils surveillaient tous avec impatience sa sortie? La jeune fille soupira. Elle ne connaissait pas d’autre façon de rejoindre le navire pirate que par cette porte et le pont.

« Si je m’en sors vivante, je jure que je… »

Elle s’arrêta. Un craquement long et sinistre avait retentit à l’extérieure de façon inquiétante. Curieuse, la jeune fille ouvrit doucement la porte ne lui laissant qu’une petite ouverture pour jeter un œil dehors. Un courant d’air froid entra et la jeune fille se mis à grelotter. C’est qu’il faisait vraiment froid dehors, la sensation chez elle étant amplifier dû au fait qu’elle était complètement trempé. La lèvre tremblante elle comprit que l’Échangeur tirait vers le fond le navire pirate y étant encore solidement accroché. Les yeux de Rosie devinrent ronds comme des soucoupes. Il ne fallait plus tarder. Si les pirates décidaient de détacher le bateau de Tulorim du leur, elle n’aurait peut-être pas la chance de traverser.

D’un coup, elle ouvrit la porte et courut aussi vite que ses muscles gelés lui permirent d’aller et sauta sur le navire pirate et ce, sans trébucher cette fois. Elle n’était pas bien loin du bureau du capitaine. Elle se jeta derrière un mat et demeura immobiles les yeux rivé sur la porte avec l’espoir que l’assassin s’y trouvait avec les masques. Il y avait tellement de gens sur le pont derrière, elle n’osait pas faire un seul mouvement se retenant même pour ne pas claquer des dents.

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Rosie Skufita
Une Coureuse des plaines semi-elfique accompagnée par l'ours Mérové
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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Jeu 30 Juil 2009 12:00 
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[Pour plus de commodités, je prendrai ici les absents annoncés en PNJ ‘suiveurs’]

Sur le pont du Rubis Sanglant, la pluie est désormais forte, et le tonnerre se fait entendre autours des deux navires, qui se voient secoués par la mer qui commence à se déchainer. Les premières cordes retenant l’Echangeur au navire pirate commencent à céder dans des claquements violents, et alors que Mathis, Anarazel et l’assassin se rapproche de la cabine du capitaine Pragatt’, l’homme en noir s’écrie, faisant fi de toute discrétion, et à l’attention de tous les rescapés du navire de Tulorim, tant le drow et Ruméus que Rosie, qui vient de refaire son apparition, et d’Hallena, sur son nid de pie :

« Sur l’Echangeur, vite ! Sur l’Echangeur !! »

Sa sommation est logique : s’ils restent sur le bord pirate, une guerre intestine les tuerait tous à petit feu, tulorains contre forbans, alors qu’en respectant les paroles du visage, chacun serait sur son navire… Aussitôt, Ruméus et le Drow sortent en trombe de la cabine du capitaine, sous l’œil estomaqué de celui-ci (si tant est qu’un œil puisse être estomaqué.) pour se précipiter vers la carcasse en perdition du navire qui fut le leur. Du haut de son mât, Hallena agrippe une corde et effectue un saut digne d’un homme de la jungle (le cri en moins) pour rejoindre le nid de pie de l’Echangeur, dernier point qui sera atteint par les flots salés…

Anarazel presse le pas pour suivre à son tour Ruméus et le drow. L’assassin, lui, agrippe Rosie par la manche :

« Allons-y ! »

Il l’entraîne alors vers l’Echangeur dans une course effrénée, mais soudain, une secousse terrible le stoppe dans sa course. Une hache immense vient de se ficher dans son dos, et dans un cri étouffé, il s’écroule sur le sol, à genoux, tandis que Burgh, obéissant aux ordres de son maître momentané, couvre les arrières de celui-ci… Il récupère sa hache et la lève pour donner le coup final qui achèvera l’homme en noir. Celui-ci n’a le temps que de prononcer des paroles que seule Rosie entend :

« Fuyez, vous avez désormais un nombre de masque suffisant… »

Et d’un coup sec, sa tête est tranchée par l’arme puissante du barbare orque, dont le visage écumant de bave blanche rappelle celui d’un animal enragé. Mais il ne peut s’en prendre à la semi-elfe en rouge, car une flèche vient se ficher dans son épaule, le faisant reculer sous le choc. Cette flèche provient directement du mât de l’Echangeur, de l’arc d’Hallena…

Pragatt’ n’en croit pas son œil, et hurle sa rage à son équipage.

« Tuez-les !!! Tuez les tous !!! »

Mais les marins n’interviennent pas, s’interrogeant sur la bizarrerie de sa requête. À quoi bon tuer des aventuriers qui se sont jetés sur un navire qui coule ? Ils ne savent pas ce qui les attend…

D’un geste brusque, alors que le pont du Rubis Sanglant est presque inondé de pluie, il ouvre le coffre, pousse sur un des cinq boutons présents et revêt le masque terrible qu’il contient. Un masque aux traits démoniaques et diaboliques… L’heure est à la survie…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3 : Le Rubis Sanglant
MessagePosté: Jeu 30 Juil 2009 21:36 
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Rendu à proximité de la cabine, je constate la présence d'une Rosie toute mouillée sur le pont. Trempés, nous le sommes tous, un puissant orage s'abat maintenant sur les navires, mais cette jeune semi-elfe l’est plus que nous: ses vêtements sont entièrement imbibés. Seule la pluie, même intense, ne peut l’avoir mise dans un tel état. Soulagé qu’elle soit libérée, je ne peux d’avantage m’expliquer comment elle y est arrivée et encore moins admettre que le tueur noir en soit le responsable.

(Je dois cesser de me tracasser avec les « pourquoi » et les « comment », elle est libre et c’est ce qui importe.)

Tout à coup affolé, comportement contrastant avec son calme habituel et ses chuchotements, l’assassin nous ordonne, oubliant toute discrétion, de retourner sur l’Échangeur. D’abord perplexe, je le fixe songeur pour finalement en déduire son probable raisonnement : C’est le seul endroit où les marins n’oseront nous poursuivre. Et puis, si nous croyons notre songe collectif, nous ne courons aucun risque puisque ces objets osseux nous préserverons de la noyade.

Suite à ce commandement, les deux autres aventuriers, libres eux aussi, sortent hâtivement du cagibi du capitaine. Que de questions qui se bousculent alors dans ma tête, questions que je dois taire pour l’instant, le moment étant à l’action. Sans attendre d’avantage, Ruméus, le drow et Anarazel partent de l’avant et je les suis en emportant le coffre.

Incrédule, Pragatt hurle : « Tuez-les, tuez-les tous »

Ce capitaine d’un égocentrisme bien supérieur au mien somme à ses hommes de nous massacrer au lieu de leur suggérer de récupérer une chaloupe pour sauver leur vie. Heureusement, ces marins trop ahuris par notre comportement apparemment suicidaire ne font rien pour nous entraver le chemin. Je sais bien que ces bandits m’auraient tué sans scrupules lors de la bataille, mais la situation a changé, c'est pourquoi, sans m'arrêter course, je leur crie:

« Marins, préparez les chaloupes et mettez-les à la mer ».

Ces mots me furent soufflés par ma maîtresse la plus précieuse: la Bilbliothèque de Kendra Kâr. Cette phrase n’est en fait qu’une de mes citations préférées tirée d’un livre racontant les péripéties de pirates légendaires.

(Et pourquoi ils m’écouteraient alors que leur bateau ne semble courir aucun danger et que je suis moi-même un de leur adversaire ?)

Continuant ma course, ma tête toujours tournée vers l’arrière, maudissant intérieurement ce capitaine qui aurait dû être décapité à la place de ce brave Khamsin, je fonce tête première sur un matelot qui comme les autres observait l’Échangeur sombrer doucement dans les profondeurs de l’océan; ce qui arrive lorsqu’on ne regarde pas devant soi.
Le hasard qui répond parfois à des désirs insoupçonnés cachés dans notre inconscience me fait heurter un pirate bien particulier. En fait, il s’agit de Syllie, ce magnifique petit bout de femme aux cheveux d’ébène et au regard perçant, contre qui j’ai livré un corps à corps durant la bataille qui opposait nos deux navires. Cette même femme que j’ai tenue fermement dans mes bras et qui m’a mordu.
Secouée par cette boîte noire qui lui a percuté le dos, elle se retourne vivement, sabre dégainé, prête à frapper. Je me dépêche de lui débiter précipitamment mon boniment :

«L’assassin a saboté votre bateau, il va exploser, prenez un canot de sauvetage et filez vous aussi.»

Ces propos mensongers au sujet de l’assassin n’ont pas pour but d’incriminer celui-ci, mais seulement de prévenir Syllie du danger éminent. Elle est trop mignonne, sa vie doit être épargnée. Et puis, je n’ai pas le temps de lui expliquer d’avantage et pas plus le goût de donner un coup de main et mettre ainsi ma propre vie en jeu.

(Ma survie d'abord !)

La seule aide que je peux lui apporter, c’est de lui prodiguer ce conseil et espérer qu’elle le suivra.

Profitant de mon bref arrêt, Pirate, le chat mâle tricolore aux yeux marron, d’un saut agile bondit sur le coffre que je tiens alors à deux mains. Désignant le félin d’un signe de la tête, je lui souffle d’un trait :

« Ramasse-le, veux-tu, je dois continuer mon chemin, j’ai déjà trop tardé. »

La pluie a plaqué ses cheveux courts contre sa tête, mais elle n’en demeure pas moins ravissante. Lorsqu’elle se rapproche de moi pour prendre le chat, je sens mon cœur palpiter et ma gorge se serrer; jamais plus je ne la reverrai. Sous cette pluie, je ne peux sentir son doux parfum, mais je me noie dans ses yeux d'un bleu si profond et je meurs d'envie de goûter à cette bouche si appétissante. N’écoutant que mes pulsions masculines et conscient du risque de me faire gifler, j'approche mon visage du sien, l’effleure d’abord, puis en douceur, je colle mes lèvres entrouvertes sur les siennes brûlantes plus pulpeuses, savourant cette délicieuse chaleur qui contraste avec cette eau froide qui coulent sur nos visages. Grisé par ce doux moment, je m’éloigne enfin, non sans lui jeter un dernier regard. Surprise et confuse, elle n’a pas bougée. Je n’avais pas embrassé de femme depuis mon départ de Kendra Kâr, je n’ai pu résister. Sans dire un mot, je repars satisfait du souvenir voluptueux que j’apporte avec moi.

Il ne me reste que quelques pas à franchir pour me rendre au bastingage du Rubis-Sanglant. Ceci fait, je dépose la boîte à mes pieds, ouvre le coffre et me saisis en hâte des trois masques restants pour les camoufler sous ma chemise. Les deux mains libres, je saute par-dessus la balustrade pour atterrir plus bas sur le pont de l’Échangeur ou ce qui en reste, puisque l’eau est maintenant à la hauteur de mes genoux.
M’empressant de retirer les masques de mon chemisier, je m’adresse à Ruméus et au drow agressif:

« Voici, messieurs, les masques si précieux. »

Je ramasse le mien, caché dans mon sac et l’enfile sans hésiter. Je tiens fermement entre les mains celui de Rosie que je lui remettrai dès qu’elle arrivera.

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Dernière édition par Mathis le Lun 24 Aoû 2009 12:33, édité 21 fois.

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