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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 18 Juil 2009 20:19 
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Inscription: Sam 3 Jan 2009 13:20
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Je suis relativement satisfait de la réponse de l'elfe bleu. Relativement, car apparemment mon coup d'éclat lui a rabattu un peu le caquet, et il semble s'être un peu calmé. Mais relativement parce qu'il ne démord pas de son idée de retrouver ce fichu traître, probablement imaginaire. Dans un discours moins enflammé que précédemment, Dôraliës m'explique qu'il faut dénicher ce traître parmi nous dès maintenant, afin d'avoir l'esprit tranquille, et qu'il se soucie peu du sort dudit traître, à partir du moment où il ne peut plus nous nuire. Il est certain que le Taurion fait preuve d'une prudence et d'un instinct de préservation pleins de bon sens, je doute que nous mettre tour à tour à la question pour déceler une traîtrise soit la bonne solution.

D'autant plus que cette histoire de traître est bien floue. S'agit-il d'un allié du Visage? Que serait-il prêt à faire pour nous nuire, s'il existe? Et pourquoi ce Visage nous demanderait de les chercher pour les tuer? Une onde d'effroi me transperce brièvement: et s'il n'était même pas conscient d'être "le traîîîîître"? Et puis surtout, en montant sur ce bateau, mis à part un serment oral à la va-vite, nous n'avons absolument rien promis. Et personnellement, je ferai tout mon possible pour amener le Vaisseau-Lune à la victoire, et je porterai assistance à mes compagnons sans aucune hésitation. Cependant, si jamais ma liberté ou ma vie venaient à être menacées, et que mes intérêts divergent de ceux du Vaisseau-Lune, les choses sont très claires pour moi: c'est ma peau d'abord, et les autres ensuite. De cela, je suis froidement certain, et parfaitement résolu. Ainsi donc, je pourrais parfaitement me transformer en traître par la suite. Ce qui montre bien que toute cette histoire peut très bien n'être qu'une mascarade ayant pour but de torturer nos pauvres et pitoyables petites méninges.

L'elfe finit son discours en proposant de sonder les esprits de chacun, afin de tester notre sincérité, notre allégeance. Et là, je reste figé quelques instants de stupeur et d'horreur. J'essaie de me représenter la chose que serait l'intrusion d'un esprit étranger et hostile dans les recoins secrets de mes pensées. Ce serait la forme de viol la plus atroce et immonde qui soit. Et moi vivant, mon esprit sera mon sanctuaire. Seule Aurore est autorisée à y pénétrer. C'est donc encore accusant le coup que je réponds à l'elfe d'une voix distante:

" Dôraliës, mes talents de mage se limitent à manipuler la glace, dans une modeste mesure. Je suis parfaitement incapable de pénétrer l'esprit d'autrui. Peut-être que, vous, Capitaine, vous le posséder. Mais sachez qu'il est purement et simplement hors de question que je laisse quelqu'un violer mes pensées. " Je halète, réellement retourné à cette idée. Puis je reprends d'une voix dure: " Alors je vous suggère de trouver une autre idée, si vous tenez tant à poursuivre ce traître, dont -je le répète- je doute de l'existence. "

Je me retourne vers Aëlwinn, pour me remettre à son jugement:

" Capitaine, nous attendons votre décision. Partirez-vous en chasse de ce traître? Dans tous les cas, je demande l'autorisation d'aller examiner les masques. "

Vraiment, très las.
(Sil', ta détermination me surprend.)
(Petit et puissant, pas vrai?)

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Dernière édition par Silmeï le Mar 28 Juil 2009 21:02, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 20 Juil 2009 00:04 
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Aëlwinn suit l’échange, nerveuse, bien que digne dans sa posture. Suite aux derniers mots de Silmeï, elle se lève néanmoins pour dominer l’assemblée. Une lueur enflammée brille dans son regard émeraude, lorsqu’elle s’exclame d’une voix autoritaire :

« Personne ne s’approchera de ces masques, ni de ce coffre, jusqu’à ce que la seconde version du Vaisseau-Lune soit achevée. Après seulement, nous verrons pour le reste, cette réunion placée sous le signe des accusations et des méfiances n’a que trop duré ! Calmez et recentrez vos esprits pendant le montage. Le premier qui s’approche, j’enflamme le coffre ! »

Le nain s’interpose dans la discussion, bravache et tonitruant :

« Et toi t’pourras prendre un masque pour t’assurer ta place en vie pendant qu’on se crèvera, j’imagine ? »

Et cette fois, c’est Eleth qui prend la parole, d’un ton plus posé, médiateur…

« Maître nain, j’accorde ma confiance à Aëlwinn pour protéger de chacun ce coffre. Il ne sera donc dans l’intérêt de personne de l’approcher pendant un temps. Si jamais elle s’en approche, Sire Silmeï n’aura qu’à lui geler les mains… bien que je ne pense pas que cela sera nécessaire. Prenons un temps pour se calmer, discuter posément en petits groupes sans se monter les uns contre les autres, et exposons le fruit de nos pensées lorsque la réplique sera construite. Le temps n’est pas en notre faveur, aussi devons-nous nous hâter de trouver une solution, traître ou pas traître. »

Un moment de silence s’installe alors, alors que Maelan opine du chef, et que Valor se renfrogne dans un mutisme sévère. D’un mouvement de la capitaine, l’équipage se met en mouvement, avec précision et vitesse, sans hâte, pour apprêter tout le matériel nécessaire à la construction d’une réplique du vaisseau elfe. Ergoth se joint bien sûr à eux, dans leur chorégraphie étudiée et précise. En quelques minutes, des tas de planches, de cordages, de tissus et de clous sont disposés sur le pont, prêts à servir. Et sans attendre, les marins poursuivent encore et encore cet inlassable ballet constructeur…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 20 Juil 2009 08:09 
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Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
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Ah, mais nom d’une bourrasque, ce n’est pas humainement –ni elfiquement d’ailleurs, pour ce que je peux en dire- pas possible d’être aussi empoté que ce tartuffe de Dôraliës qui, loin de faire montre de l’attitude pacifique que les dehors doux et bienveillants sous lesquels il s'était montré jusqu’ici auraient pu faire attendre de sa part, en vient à se faire un véritable avocat de Thimoros ; ou plutôt du Machin qui nous oppresse manifestement depuis le début de notre épopée bien encombrée d’embûches. En effet, comme un pet malodorant et bruyant lâché à dessein au beau milieu d’une conférence de la plus haute importance, les paroles de l’inconscient résonnent discourtoisement au sein de l’atmosphère difficilement instaurée de discussion à l’amiable. Non mais je vous jure, en parlant de « créature aussi bête », en voilà un qui ferait bien de se regarder dans un miroir avant de vitupérer aussi étourdiment à l’égard d’autrui.
Je lui rabattrais bien son caquet à cet impudent, mais de peur de provoquer d’autres remous qui seraient tout sauf bénéfiques à notre entreprise, je garde la bouche close, ravalant le fiel qui me pourrit le palais, n’ouvrant la bouche que pour inspirer aussi calmement que possible et y faire pénétrer un peu d’air frais. D’ailleurs, puisque je mentionne la fraîcheur, voici que son messager prend la parole, ramenant la conversation à un niveau beaucoup plus élevé lorsqu’il prouve que, loin de tenir rancœur à Gleol de l’avoir traité avec dédain lors de leurs premiers contacts, il est tout à fait prêt à fumer le métaphorique calumet de la paix en sa compagnie. Voilà une attitude qui me ravit au plus haut point, et même si je ne vais en aucun cas me mettre à jouer au maître d’école distributeur de bons points à coups de sourires, je ne peux m’empêcher d’avoir l’esquisse de l’expression faciale en question alors que je hoche la tête dans la direction du sagace aldryde.

Hélas, trois fois hélas, « dans la queue le venin » comme le veut le proverbe, car à peine le petit être volant a-t-il fini son discours réconciliateur que le vil sifflement vitupérateur du flûtiste se fait entendre, la langue trop longue et venimeuse ayant vite fait de gâter la beauté des propos de Silmeï, sans oublier d’en remettre une couche au sujet du sire Fein qui ne finit décidément pas d’en prendre pour son grade. Encore une fois, l’envie d’épingler ce drôle comme un gros papillon bleu à la pointe d’une belle paire de flèches me démange, mais étant donné que je suis on ne peut plus conscient que beaucoup n’apprécieraient pour le moins pas une telle chose, moi le premier, je réfrène une fois de plus mes envies de meurtre pour me concentrer plutôt sur des aspects plus constructifs de nos palabres que des chicaneries dignes de mioches chahuteurs. « C’est lui qu’à commencé », je crois que nous avons tous plus ou moins connu, et je crois tout autant que nous sommes tous un peu trop avancés en âge pour nous livrer à des gamineries d’un acabit aussi bas et aussi peu constructif.
Et sur ce point, si la réponse de l’histrion aux cheveux bleus ne nous avance pas beaucoup –si j’étais mesquin, je dirais que ça ne m’étonne pas vraiment-, celle du cryomancien miniature ne manque pas de pertinence. C’est on ne peut plus vrai que le Machin est tout sauf une entité du genre accommodant, et malgré l’effort que le mage des glaces fait pour balayer les inquiétudes qu’il a fait naître en mentionnant cette éventualité, on sent bien qu’il ne peut s’empêcher de laisser de tels soucis peser sur lui ; ces mêmes soucis qui m’agitent à présent à la pensée de voir tout l’équipage de ce valeureux navire abîmé dans les fonds marins par la faute de l’égoïsme cruel et perversement joueur d’un affreux personnage. Ah, si nous pouvions nous mesurer à lui les armes à la main au lieu que cela soit par des manœuvres viles et détournées, le voilà qui ferait certainement moins le malin, pris en étau entre ne serait-ce que Gleol et Ergoth !

Mais bon, ce ne sont là que chimères, et je me vois forcé de les évacuer d’un soupir qui, je ne m’en aperçois que maintenant, résonne dans un vilain vide creusé par un silence dont la source pourrait bien ne pas s’avérer à mon avantage. En effet, généralement, pour que toute une table soit frappé d’un pareil mutisme, il faut soit que le sujet soulevé soit si génial que personne ne puisse y trouver quoi que ce soit à redire, soit qu’il soit d’une telle absurdité crétine qu’il laisse muet de stupeur ; et je croise mentalement les doigts pour que ce soit la première éventualité plutôt que la seconde. C’est en effet le cas, la plus haute autorité du bord le prouvant en s’adressant dans un premier temps à moi d’une manière qui aurait bien pu me faire rougir de plaisir si un tel éloge n’avait pas immédiatement après été tempéré par des objections certes parfaitement légitimes et logiques, mais pas pour autant plus faciles à encaisser.
Hé oui, j’avais un peu follement espéré que nous pourrions jouer sur les mots au point d’ignorer les implications véritables du mot « vaisseau » en sabordant en guise de simulacre une vulgaire coque de noix, mais malheureusement, il est vrai que le Machin ne l’entendra très vraisemblablement pas de cette oreille.

Jusqu’à ce point, je suis à peu près, mais ensuite, on concevra que la suite des opérations nécessite un bel effort d’imagination, même pour un luron comme moi qui a plus souvent la tête dans les nuages qu’il n’a les pieds sur terre ! Imaginez un peu quoi : voguer sous les flots, cela semble une manière de voyager tout simplement issu des contes de fée les plus fantastiques, et pourtant, ce point est abordé en la circonstance de la façon la plus sérieuse du monde.
Cela me laisse rêveur, mais je subis bien vite un dégrisement accentué d’un léger agacement lorsque Aëlwinn me fait la remarque qu’un navire elfe ne possède par définitions pas de dispositifs tels que des canots de sauvetage. « Oui hé bien désolé, mais je n’ai jamais dit que j’étais expert en navigation elfique ! » ai-je bien envie de lui envoyer à la figure avec ironie sous le coup de la pointe d’indignation que je ressens, mais je m’en prive bien évidemment –pas fou !-, réduisant mon élan à une moue pincée qui a tôt fait de se transformer en cercle de stupeur. Décidément, en l’espace d’à peine quelques secondes, voilà que je suis à plusieurs reprises ballotté entre les fantasmes les plus mirifiques et les désillusions les plus ennuyeusement raisonnables, ma tête étant en ce moment même envahie d’une image complètement irréaliste mais aguicheusement plaisante d’un jumeau du Vaisseau-lune se matérialisant comme par enchantement.

Toutefois, je reviens bien vite sur Yuimen au moment où la conversation en revient aux funestes masques et à leur utilité supposée, la capitaine confirmant qu’ils auraient bien comme propriété de nous permettre de respirer sous l’eau à la manière de poissons… alors que nous circulerions dans un bateau sous-marin ! Tout cela pourrait bien s’apparenter à quelque chose de fantastiquement merveilleux si toute cette superbe grandeur n’était pas issue, ainsi que la pyromancienne le fait très justement remarquer, d’un sortilège des ténèbres. Gloups, si je puis me permettre.
Mais, encore une fois, à l’instar d’une machine dont certaines pièces seraient fâcheusement irrémédiablement disjointes et se démettraient par conséquent de temps en temps avec une pénible régularité, voilà que notre difficile entente cordiale fiche à nouveau le camp sous les coups de boutoir verbaux de la grande gueule teintée de noblesse qui ne manque une fois de plus pas de faire entendre sa voix haut perchée, exigeant que nous passions par le fil de l’épée le contrariant Dôraliës : en voilà un qui n’y va pas avec le dos de la cuillère ! C’est sûr qu’il mériterait bien une torgnole histoire de lui apprendre les bonnes manières et de lui remettre les idées en place, mais de là à le faire passer de vie à trépas, il y a là un fossé que je ne m’aventurerai certainement jamais à franchir, pas plus qu’un quelconque autre membre de l’équipage à mon avis ; aussi peut-il se fourrer ses exigences dans un endroit que la décence interdit de mentionner.

Ainsi, c’est sans surprise que sa proposition délirante rencontre sur le champ un tollé aussi fougueux qu’incisif de la part d’un bonhomme courageux et volontaire qui n’est pour le coup pas moi mais Silmeï, lequel amorce sa leçon de choses d’une manière que je lui reprocherais bien d’avoir calqué sur la mienne si je n’étais pas à ce point intéressé par la manière dont il va se mettre à agencer ce discours, ce génie en herbe. Et messieurs dames, ça commence avec en guise de début un petit apéritif bien aigre comme il faut d’agacement relevé d’ironie croustillante qui consiste en une pique… ou plutôt un roc, un pic, un cap, que dis-je, une péninsule, envoyée en plein dans la figure de fat pour bien lui enfoncer le clou histoire qu’il la boucle et laisse des gens avec plus de plomb dans la cervelle que lui s’exprimer convenablement.
A cet énoncé, un sourire narquois s’installe irrésistiblement sur mon visage, pour partir aussitôt alors que l’aldryde poursuit, s’auto-dénonçant sans autre forme de procès comme étant LE traître, celui pour lequel tout l’équipage est sur les dents depuis ce matin ! Pendant un moment qui paraît s’étirer durant l’infini, un ange –un ange noir- passe, et je me demande si tout le monde ne va pas soudainement se ruer sur le coupable auto-désigné pour l’estoquer sans plus attendre et satisfaire aux exigences du Machin, mon visage s’étant déformé d’un sourcil hautement levé en signe d’intense perplexité tandis que les pensées défilent à une allure folle dans ma tête incrédule. Heureusement, la canaille ailée révèle bien vite qu’une semblable révélation n’était en réalité qu’un artifice rhétorique en étendant sa délation à l’ensemble des aventuriers, nous faisant tous ses complices de crime fictifs en dévoilant au grand jour nos théoriques alibis respectifs.

Bien joué mon ami, très bien joué, et si ça ne faisait pas assez tache, j’applaudirais bien de bon cœur une oraison aussi bien menée parce que franchement, sur ce coup, c’était un joli, un très joli coup d’orateur qui mériterait bien que je lui tire mon casque puisque je n’ai pas de chapeau. Sa démonstration finie, le mage au gabarit réduit reprend une certaine contenance et en revient à des préoccupations plus modestement techniques sans se douter à ce qu’il apparaît qu’il est couvé par un regard à la fois bienveillant et admiratif –indice : le mien-, se préoccupant à nouveau du sujet à propos duquel il s’était enquis auprès d’Aëlwinn.
Et à ce moment, comme n’importe qui l’aura deviné, paf, ça ne rate pas, voilà que quand ce n’est pas le triste sire Fein, c’est Dôraliës qui retourne rapidement à la charge pour jeter de l’huile sur le feu, se montrant absurdement rétif à l’idée de ne pas passer au crible le groupe entier que nous constitutions de manière à en retirer le mouton noir pour l’exposer sur la place publique de notre indignation. Mais il ne comprendra donc jamais rien, peu importe le nombre de fois qu’on prendra la peine de lui répéter qu’il fait fausse route ? En plus, voilà qu’il s’enfonce encore davantage en lançant une suggestion encore plus délirante qui serait de se servir de la magie pour lire les pensées des gens et ainsi découvrir le supposé coupable.
Voilà qui est de la dernière imbécillité car, même si je ne suis pas mage, ça m’étonnerait fort qu’un sort d’une ampleur aussi incroyable existe ; et ça m’étonnerait encore plus qu’un cryomancien puisse s’insinuer dans le crâne des gens autrement qu’en leur gelant le cerveau. En plus, du point de vue moral, il est parfaitement inacceptable de déchirer ainsi de toutes pièces le voile de l’intimité de qui que ce soit pour lui sonder l’esprit de la même manière qu’on peut voir parfois un ours démolir toute une ruche pour un peu de miel, aussi ce projet restera lettre morte tant que je vivrai… et tant que Silmeï vivra si on en juge par la rebuffade qu’il lui envoie.

Mais soudainement, comme si toute éventualité de calme devait à jamais être bannie de l’enceinte du Vaisseau-lune, quelles que fussent les circonstances, voilà que la manipulatrice des flammes se montre beaucoup plus ardente que d’habitude, menaçant tout contrevenant à la règle du pas-touche-au-coffre d’incinération pure et simple de l’objet de ses convoitises. Sur le coup, telle est la présence que la capitaine a et si menaçant est l’accent qui perce dans ses paroles tranchantes comme de l’acier chauffé à blanc que je prends par réflexe l’aldryde qui a provoqué son coup de gueule au creux de ma main, protection certes dérisoire et d’ailleurs impromptue qu’il risque de ne pas apprécier, mais bon, j’ai réagi sans réellement réfléchir, alors maintenant que je me suis à nouveau fait son transporteur, il va falloir qu’il passe l’éponge sur mon égarement.
Cependant, voilà qu’un inconscient se désigne volontaire pour encourir le courroux de notre redoutable commandante du bord, le fou en question s’avérant être, sans grande surprise, Gleol le téméraire, le hacheur faisant irruption du haut de son même pas mètre et demi pour remettre en cause l’honnêteté de la meneuse de notre équipe, lui qui avait justement pourtant été mis au pas par ces mêmes flammes dont elle menace tout fauteur de trouble. Fort heureusement, quand la voix de la raison n’est ni celle d’Aëlwinn, ni celle de Silmeï, ni la mienne, c’est celle du sylvain au nom qui m’est toujours inconnu, remettant les pendules à l’heure d’une façon certes un peu précipitée et maladroite (qu’est-ce que c’est que cette histoire barbare de « geler les mains » ?), mais décidée et intelligente, fixant une ligne de conduite au sujet de laquelle personne ne paraît avoir à redire puisque le silence se fait.

Cependant, ce silence est vite rompu par une rumeur d’abord faible puis grondante pour devenir en fin de compte véritablement rugissante, rumeur digne d’une charpenterie en pleine activité qui provient de l’équipage qui bourdonne d’une véritable frénésie organisée de fourmilière en plein ouvrage, les marins agissant avec une habileté et un esprit de concert à couper le souffle, secondés si efficacement par l’invincible géant elfique que la besogne semble véritablement pouvoir être achevée en un tournemain, aussi aisément que s’il s’était agi de faire un simple petit bateau en papier alors que c’est à une exacte réplique du Vaisseau-lune que nous aurons affaire en fin de compte… proprement ahurissant. Et au milieu de ça, nous autres sommes là comme des inactifs à attendre que le travail se fasse, ce qui ne convient pas du tout aux directives que nous nous sommes données : pendant que les bras travaillent, que les langues s’agitent et mettent les détails en place !
Pour moi, le plus important à déterminer est de savoir qui voudra bien ne pas participer à l’expédition sous-marine et réintégrer la civilisation en compagnie des non-aventuriers du fait de l’insuffisance de masques pour la compagnie toute entière. Si l’on dresse un court récapitulatif, celui-ci excepte sur le champ Aëwlinn qui préfèrera mourir par le feu que se défiler ainsi qu’Ergoth qui lui a juré une fidélité indéfectible, Gleol qui ne démordra pas de ses envies de vengeance et moi qui me sens trop motivé par tout cela malgré le danger pour faire demi-tour maintenant. Ça nous laisse cinq personnes : Dôraliës, Silmeï, Sire Fein, le Sylvain et l’Archer. Décidant de ne pas y aller par quatre chemins, je rejoins les deux derniers mentionnés, l’aldryde siégeant toujours au creux de ma paume, et me positionne face à eux pour leur faire part de mes réflexions :

« Excusez moi si j’aborde le sujet un peu brusquement… » Accosté-je le duo avec l’air le plus avenant qu’il m’est possible de montrer. « … mais comme vous le savez, il reste la question de savoir qui parmi nous neuf voudra bien assumer le rôle du « traître » et faire demi-tour. Je vous le demande donc sans ambages pour que ce soit fait : est-ce que l’un de vous deux voudrait se porter volontaire ? »

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 20 Juil 2009 19:57 
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Tant Eleth que Maelan semble pris de court par ta proposition pour le moins surprenante, presque offensante. Le premier à répondre est l’elfe sylvain, qui lève un sourcil d’incompréhension.

« Je vous demande pardon ? Si je me suis engagé sur ce navire, c’est pour y vivre l’aventure, qui fait toute ma vie. Il n’y a aucune raison pour que je sois le laissé pour compte dans cette histoire ! Je ne désire pas renoncer à cette histoire épique, surtout qu’elle semble bien plus complexe que celles qu’il m’a déjà été donné de vivre. »

À son tour, Maelan réplique, beaucoup moins assuré qu’Eleth, ses hésitations et expressions faciales et corporelles exprimant clairement la peur d’être abandonné.

« Je… non je ne veux pas être laissé seul en arrière. Je veux rester avec vous, pas avec des marins qui ne savent pas se défendre… je… je n’ai pas encore fait mes preuves, c’est ça ? Vous ne me jugez pas assez bon pour continuer, c’est pour ça ? Détrompez-vous, je peux être… très utile, oui. Ne me laissez pas… »

Son ton est presque suppliant. Visiblement, l’idée de se retrouver seul avec les marins elfiques l’effraie, à moins que ça ne soit parce qu’il serait hors de votre protection sécurisante…

Quoi qu’il en soit, Eleth reprend la parole d’un ton paisible.

« Je ne pense pas, sire Archevent, que vous trouviez quiconque qui veuille revenir en arrière, arrivé à ce point de l’aventure. Si on vous le proposait, à vous, accepteriez-vous ? Chacun est ici pour une raison, et un demi-tour mettrait à mal cette raison. S’embarquer dans un tel périple demande une raison plus que valable, hélas… je le crains. Demandez-donc au Sire Fein s’il est prêt à trahir sa parole envers la Reine, ou à Ergoth d’abandonner Aëlwinn… »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 21 Juil 2009 12:04 
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Si une telle force de caractère ne me surprend pas de la part de la flamboyante dirigeante de notre navire, je sursaute néanmoins devant la réponse brutale et enflammée qu'elle lance à la figure de l'équipage au complet, nouvelle vague d'autorité déferlante. Je plante quelques instants mon regard dans le sien, légèrement penaud. Mes lèvres remuent faiblement, comme si des paroles d'excuses voulaient se faufiler hors de mes mâchoires sans pouvoir y parvenir. Zut alors, j'espère que je ne l'ai pas vexée. Et d'ailleurs, je ne dois pas être le seul surpris par ce vif coup d'éclat, car à peine ai-je le temps de sursauter que je sens une main familière se refermer prestement sur moi, dans un geste protecteur, pour me ramener contre un Léonid inquiet. Attention à ne pas me tordre les ailes, mon grand! Enfin bref, passons, il ne pensait pas à mal de toutes façons.

(Si c'est pas mignon de voir un si grand garçon comme lui jouer à la poupée!)

(Poupée? Qu'est-ce que c'est que ce truc, encore?)
(Rien, rien, écoute un peu ce qui se passe sur le pont au lieu d'écouter mes...)
(Âneries?)
(Non! Mes remarques d'une finesse et d'une subtilité telles qu'elles échappent complètement à ta compréhension atrophiée de rustre inculte.)
(C'est bien ce que je dis!)
La Faera éclate d'un rire mi-joyeux mi-agacé dans mon esprit; ce doux son me réchauffe le coeur, et me fait oublier l'espace d'un instant béni le climat tendu à l'extrême régnant en impitoyable maître sur le Vaisseau-Lune.

Et justement, comme par hasard, s'il y en a un à qui la réplique d'Aëlwinn n'a pas rabattu le caquet, c'est bien notre compère nain, qui, avec son éloquence et son élégance coutumières, émet des doutes sur la confiance qu'on peut accorder au capitaine. Il aurait pu bruyamment éructer, ça aurait été la même chose. Avec un soupçon de cachet en plus. Enfin bref, cette fois-ci, le courageux qui s'attèle à la lourde tâche de rabrouer le Torkin se trouve être la Rapière, qui lui indique d'un ton posé que la méfiance envers notre bien-aimé capitaine n'est pas nécessaire. Je sursaute une nouvelle fois (je deviens décidément aussi peureux qu'un fichu bouloum) lorsque j'entends mon nom, sans pour autant oublier de remarquer avec une touche de malice satisfaite qu'on m'a appelé "Sire". Hé hé. Et aussi qu'on m'a prêté des pouvoirs que je n'ai pas. Du moins, pas encore. De toutes façons, nul doute qu'un affrontement magique entre la capitaine et moi provoquerait un bref chaos, se soldant par ma crémation pure et simple. Et le seul souvenir que je laisserais sur cette terre serait un petit tas de cendre, tout juste bon à servir de litière au chat de Dôraliës...

A partir de la réplique de l'elfe sylvain, un long silence s'installe sur le pont, seulement troublé par les discrètes allées et venues des marins, qui se mettent à entasser sur le pont diverses poutres et matériaux de construction, avec une rapidité et une efficacité témoignant d'un entraînement parfaitement rodé. Ce silence me fait tout d'un coup remarquer que mon ami humain est resté muet pendant l'échange de piques entre Dôraliës, la Galoche et moi. Nul doute qu'un tel étalage de fiel a dû l'exaspérer, mon sagace porteur. Et justement, comme en réponse à mes interrogations sur sa soudaine inactivité, ce dernier se lève, m'embarquant avec lui, pour se placer en face de Maelan et d'Eleth, ces derniers le regardant s'approcher avec circonspection. Puis il leur demande le plus naturellement possible s'ils accepteraient de faire demi-tour. Et heureusement que j'étais confortablement calé dans sa paume, parce que j'en serais tombé par terre! Du coup, seulement ma mâchoire s'effondre. C'est vrai, après toutes les tuiles qui nous sont tombées au coin du nez, comment pourrait-on se résigner à abandonner l'aventure?! Pour ma part, il est clair qu'il est hors de question que je laisse ce bateau. Tout d'abord parce que j'ai hâte d'aller dire deux mots à notre cher commanditaire. Enfin, plus que lui dire deux mots, j'ai hâte de lui faire payer les morts qu'il a provoquées, et les tourments qu'il nous a faits (et compte nous faire) subir! Et puis, quelque chose me dit qu'aller au bout de cette épopée me permettra de me renforcer, de gagner en puissance.

(Et de la puissance, j'en aurai besoin, pour me venger.)

C'est donc sans réelle surprise que je vois les deux elfes signifier leur refus, de manière plus ou moins ferme. La Rapière fait d'ailleurs judicieusement remarquer que certainement aucun d'entre nous n'acceptera de revenir en arrière. Nous sommes tous trop impliqués, désormais. D'ailleurs, préférant l'énoncer clairement moi aussi, je prends fermement la parole pour m'adresser à l'humain:

" Inutile de me demander, Léonid, je ne compte pas abandonner cette aventure. "

J'espère juste qu'avec leur grande taille, ils ne vont pas décider de m'attacher au mât du jumeau du Vaisseau-Lune, et de me renvoyer d'où je viens de force! Ca risquerait de barder, dans ce cas. Non mais. Néanmoins légèrement inquiet à cette idée, je me trémousse dans la paume de Léonid.

Préférant orienter la conversation dans un autre direction (de toutes façons, leurs réponses ont été données.), je m'adresse aux trois géants d'une voix énergique:

" Bien, allons voir à quoi nous pouvons être utiles dans la construction du nouveau navire, qu'en dîtes-vous? "

N'attendant guère leur réponse, je me dégage doucement de la paume de mon compagnon, lui pressant amicalement le pouce en guise de remerciement, et m'envole à tire-d'aile en direction du Capitaine. Heureusement pour moi, je me suis envolé assez vite, et le Vaisseau ne progresse pas trop rapidement, et j'atteins sans trop de difficultés Aëlwinn. Par contre, c'est plus ardu d'arriver à me maintenir à la hauteur de son visage, j'y parviens néanmoins au bout de quelques secondes durant lesquelles je tangue ridiculement. Légèrement essoufflé par l'effort, je demande rapidement :

" Capitaine, je peux faire quelque chose pour aider à la construction du nouveau Vaisseau-Lune? Malgré ma petite taille, bien sûr... Sinon, je vous demande l'autorisation d'aller m'exercer quelque peu dans le maniement des fluides. "

(Tu peux toujours occuper le chat!)
(C'est ça, rêve toujours la Faera!)

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 22 Juil 2009 17:16 
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La capitaine Aëlwinn te regarde avec un sourire absent, témoin de son cœur lourd, de son tracas pour l’aventure et la survie de son équipage, mais tentant néanmoins de rester positive, pour ne pas miner le moral de tous…

« N’ayez d’inquiétude, Maître Cryomancien. Mes marins sont exercés au mieux pour cette tâche, et chacun sait ce qu’il doit faire, au moment où cela doit être fait. De nombreuses années d’entraînement ont été nécessaires pour arriver à cette perfection et… »

Une ombre de tristesse passe dans son regard, et elle baisses ses yeux émeraude.

« …Nombre d’entre eux sont âgés de plusieurs siècles, et voguent en ma compagnie depuis de nombreuses décennies. En ma compagnie plus que sous mes ordres, car j’ai appris à les connaître chacun et à les apprécier pour leur valeur… »

Elle redresse vers toi un visage éploré, empli de tristesse, et pousse un soupir en tentant vainement de refaire un sourire…

« Ne m’écoutez pas, petit Sire Silmeï, la peur déforme mes pensées et mes mots… Allez donc entraîner votre magie, elle nous sera utile, en bas… »

Soudain, de lourds nuages apparaissent à l’horizon, des nuages noirs, menaçants… L’heure arrivera vite…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 22 Juil 2009 22:46 
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Lorsque je vois la peur et la tristesse griffer atrocement les traits d'ordinaire si fiers d'Aëlwinn, une brève onde de désespoir me submerge: comment lutter, si une femme aussi puissante et déterminée qu'elle perd pied? Je ressens aussi un puissant élan de chagrin et de compassion pour cette Capitaine qui laisse apparaître sa vulnérabilité, malheureusement à un très mauvais moment. Cependant je me ressaisis vivement, étrangement stimulé par cet accès de détresse: il faut absolument que nous restions maîtres de nous-mêmes, si nous tenons à vaincre le Visage. Lui donner la leçon qui lui est due.

(Lui régler son compte. Le tuer. L'étrangler. L'étriper. Lui arracher les boyaux pour les lui faire avaler...)

(Oui oui ça va, je connais la chanson!)
Je pouffe de rire, puis demande, réellement intrigué:
(Mais... Comment on pourrait faire manger ses boyaux à quelqu'un? C'est dégoûtant en plus...)
(Qu'est-ce que j'en sais, moi? Je me suis laissée emporter par l'inspiration macabre du moment, voilà tout.)

Redoublant d'efforts pour contrôler mes ailes et ma trajectoire, je me rapproche laborieusement de l'elfe à la crinière rousse, et pose une petite main, que j'espère réconfortante, sur son épaule. Puis je m'adresse à elle, d'un ton doux et ferme:

" Je ne peux vous dire de ne pas vous inquiéter, cependant ne doutez pas que nous allons tout mettre en oeuvre pour sauver la vie de vos compagnons." Après un bref silence, je rajoute avec un petit rire : " Après tout, ils travaillent eux-mêmes à leur salut ce moment-même! "

J'exerce une dernière pression compatissante sur son épaule, puis reprends (non sans un juron étouffé devant la difficulté de l'entreprise) ma position initiale. J'inspire longuement, me massant la tempes de mes paumes ouvertes, avant de reprendre la parole, d'un air que j'essaye de débarrasser de sa lassitude:

" Je vais aller m'entraîner. Si le coeur vous en dit... Parler fluides et sortilèges, peut-être que cela vous changerait les idées... "

Je m'interromps, attendant la réponse à mon audacieuse (après réflexion) question, et je fixe d'un air morose et méfiant les nuages noirs et menaçants qui semblent se regrouper à l'horizon, avec des airs de conspirateurs qui ne me plaisent guère...

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 23 Juil 2009 20:23 
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Aëlwinn a un sourire sincère à tes paroles, bien que peu prononcé. Elle tourne la tête de gauche à droite pour décliner gentiment ta proposition.

« Je vous remercie, petit Sire aldryde, mais mon cœur ne saurait tenir de conversation légère alors qu’il se meurt d’inquiétude. Allez donc vous entraîner, cela s’avérera nécessaire. Si vous avez néanmoins la moindre question sur l’utilisation des arcanes, des demandes ou autres inquiétudes, n’hésitez pas à m’en faire part, je vous y répondrai. Pour l’heure, je veille à ce que la réplique du Vaisseau-Lune soit efficace sur les mers… pour une échappatoire heureuse… »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 25 Juil 2009 22:44 
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Je dois avouer que l'insondable tristesse d'Aëlwinn ne me laisse pas indifférent. Elle m'ébranle sérieusement, en fait. Quand je vois l'affection que je ressens pour Kiana, alors que j'ai passé à peine 3 jours en sa compagnie, je n'ose imaginer l'attachement que doit éprouver cette elfe qui traversé mille aventures avec ses compagnons, des siècles durant. Ni l'atroce peur de les perdre. Ni l'étouffante peine de les savoir condamnés. Car je ne fais guère d'illusion sur le sort de ceux qui resteront sur le Vaisseau-Lune lors de la séparation: m'est avis que notre cher Visage ne manquera pas d'exercer sa noire cruauté, et les réduira à néant. Mais essayons de positiver, du moins pour l'instant. Je prends exemple sur la belle Hinion, qui malgré sa douleur, garde la tête haute et veille à garder un relatif contrôle de la situation.

Je m'efforce donc de me ressaisir, me secouant aussi bien physiquement que mentalement. J'adresse à mon interlocutrice bouleversée un dernier regard compatissant, avant de hocher doucement la tête. Mes ailes ne tenant plus, je descends plus brusquement que prévu par terre, et me réceptionne douloureusement sur le pont. J'entends presque mon pauvre dos soupirer de soulagement lors que je touche terre (enfin plutôt, "touche bois"). Je pose une main pensive sur mon sac qui pend sur ma hanche, tout bringuebalant, tandis que mon regard parcourt le pont à la recherche d'un coin tranquille pour pouvoir m'atteler consciencieusement à la tâche sans être dérangé. Ca ferait tellement de peine de devoir geler les moustaches de ce chat... Hé hé.

Tiens, je repère à la proue, non loin d'Ergoth un espace dégagé amplement suffisant. D'un pas prudent -il ne faudrait pas qu'un fichu marin m'écrabouille-, je m'y rends derechef, pressé de découvrir les sorts que contiennent mon sac.

(Tu me feras la lecture, hein?) demandé-je à Aurore, légèrement inquiet.
(Mais oui, ne t'en fais pas!)

Je savoure un court instant l'afflux d'air marin, frais et salé, qui m'ébouriffe les cheveux, tandis que je vois les lames courir sur l'océan, et se fracasser avec grâce et puissance sur la coque du Vaisseau-Lune. Cette étendue bleutée, toujours en mouvement, est proprement fascinante, et carrément terrifiante. Invariablement devant cette immensité, le vertige me serre les entrailles. Et tout ce plat à perte de vue... Voilà qui change de la forêt de Cuilnen, où le champ de vision est constamment encombré par mille troncs. Pouvoir distinguer l'horizon... Ici l'expression "à perte de vue" prend tout son merveilleux sens. Ivresse de liberté et sentiment de vulnérabilité mêlés. J'exhale un long et profond soupir, qui s'envole droit vers cette ligne à l'infini, en emportant avec lui, je l'espère, cette fichue lassitude qui semble peser sur chacun des muscles de mon corps.

Allons-y. Fébrile, ma main droite plonge dans mon sac en bandoulière, farfouillant dans tout mon fatras à la recherche des précieuses petites fioles, contenant les fluides. Un contact froid, une surface dure et courbe. Je ramène vivement ma main contre ma poitrine, serrant fermement le trésor. Je reste figé ainsi quelques instants, les souvenirs de ma première absorption de fluide voltigeant doucement dans mon esprit, comme une fantasque bulle dérivant au gré joueur du vent. Le maelström d'émotions que j'avais ressenties ce jour-là revient avec force dans mon coeur, rebondit avec puissance et chaleur dans chaque recoin de mon corps, et me provoque un léger frisson, tandis que malgré moi, les coins de ma bouche s'étirent en un sourire illuminé. Mes yeux se sont fermés d'eux-même. Si quelqu'un m'avait vu à ce moment-ci, je pense qu'il aurait douté de ma santé mentale. Mais passons.

Je fixe attentivement la fiole, en tous points identique à celle qui trônait sur la table de la cabane. Bon allez, je ne vais pas jouer ma vierge effarouchée cette fois-ci, et c'est donc avec une assurance nonchalante que je me saisis du bouchon et tire... Et tire!... C'est avec assurance que je tire!... Non d'une Akrilla, elle va s'ouvrir cette fichue et foutue fiole?! Avec un soupir excédé, je coince le bouchon dans l'étau de mes mâchoires, et tire d'un coup sec sur la bouteille. Enfin cette demoiselle consent à perdre la tête, ce qui ne manque pas de faire tourner la mienne brusquement vers l'arrière. Maudissant ma gaucherie (non! non! Maudissant ma malchance!), je crache le bouchon que j'ai été à deux doigts d'avaler. C'est que ce contretemps a bien failli me faire rater l'exquis spectacle du fluide se glissant majestueusement hors de son contenant! Comme la dernière fois, les volutes azurées de pouvoir s'échappent délicatement du goulot pour se rassembler une sphère presque parfaite, lévitant à quelques centimètres de mon visage émerveillé.

Je ferme les yeux et me concentre. Je pars à la recherche de l'écho provoqué par la proximité du pouvoir aux confins de mon âme. Rompu à cet exercice (hé hé!), je mets bien cinq minutes à localiser la cristalline sensation, que je m'empresse d'amplifier pour "appeler" ce fluide. Ce dernier, bien dressé, semble répondre illico à mon sifflet magique, car il se met à scintiller plus intensément, pour se rapprocher doucement de ma poitrine, qui d'ailleurs se soulève et s'abaisse de plus en plus rapidement. Au bout de quelques secondes, le fluide pénètre ma poitrine se creuse un accès direct à ce recoin profond de mon âme où rugit tranquillement ma magie de la glace. Mon corps est à nouveau parcouru d'intenses frissons, tandis que la chaleur de la magie côtoie le froid de la glace. Ces sensations thermiques contradictoires se mêlent dans un tourbillon hurlant qui agite de soubresauts ma poitrine essoufflée. Et je reste tout tremblant, ainsi, pendant des minutes tout bonnement géniales.

Puis telle l'eau qui s'écoule dans un trou, mon essence absorbe le fluide à proprement parlé. Et tout s'arrête. Enfin, vous m'avez compris. A nouveau, un sourire est littéralement gravé sur mon visage, et mes zygomatiques sont pétrifiés. J'en tombe sur mon séant, tiens. Et dire qu'il m'en reste un dans mon sac... Hé hé.

D'ailleurs, autant en remettre une couche immédiatement. Je farfouille à nouveau dans mon sac pour en sortir une seconde fiole, légèrement plus volumineuse que la précédente: un fluide plus puissant? C'est ce qu'on va voir! Je vous fais grâce de la version longue et détaillée ce coup-ci: je le résumerai en disant que j'ai suivi la même procédure, et que tout a été pareil si ce n'est que le fluide était plus puissant. J'ai donc exulté sacrément plus longtemps! On passera aussi sur le fait que j'ai dû quasiment fracasser par terre la fiole pour ôter le bouchon. En bref, c'était encore mieux que mieux.

Se termine ainsi la partie "plaisante" de l'entraînement, puisque c'est maintenant que je vais devoir bosser pour apprendre un nouveau sort. Je consulte mon assistante en pensée, qui d'ailleurs est restée étrangement silencieuse pendant l'opération:

(Aurore, tu crois que je suis capable de maîtriser une nouveau sort rapidement?)

(Je suppose que si tu t'appliques, oui!)
(Parfait dans ce cas! Je remercierai mon talent plus tard, hé hé.)
(Tu ME remercieras, oui!)
(Mais oui, ne t'inquiète pas! C'est juste que si je devais te rappeler à chaque fois à quel point tu es merveilleuse, tu finirais forcément par prendre la grosse tête!)
(Hum. Excuse acceptée. Vil petit flatteur, va!)
Malgré ce pied-de-nez mental, je sens à quel point je lui ai fait plaisir avec cette sincérité spontanée. Et je n'en suis que plus heureux.

Bon ça va cinq minutes le mièvre, on repasse au choix du sortilège de glace. Mortel, si possible. Je repars à la pêche dans mon sac, qui s'allège de plus en plus, et en retire un rouleau de parchemins.


Je pose brièvement le regard sur l'amas gigantesque de nuages noirs qui converge vers le Vaisseau. Un mauvais pressentiment me souffle que le pire est à venir, qui plus est, imminent. Je prends donc la sage décision d'économiser mes forces, sachant pertinemment que mon endurance est loin d'être celle d'un mage de haut niveau. Si durant une bataille -car je ne me fais guère d'illusions- j'en viens à ne plus pouvoir utiliser mes pouvoirs, je deviens un pitoyable bouloum apeuré, tout juste bon à être piétiné. Je transmets cette résolution à Aurore, qui m'approuve chaudement.

(Hum... J'aurais besoin d'un sort pas trop gourmand en énergie. Offensif, de préférence. Et si je pouvais éviter de me jeter dans la mêlée...)
(Déroule-moi ces parchemins que je te dégotte ça!)
Je m'exécute de bonne grâce, et défais la liasse de parchemins, pour les parcourir un à un de mon regard aveugle. Je tiens fermement la bride à mon amertume. Aurore est là, c'est tout ce qui compte. L'opération nous prend quelques minutes à peine,c'est-à-dire une vraie éternité pour mon impatience, et Aurore reprend enfin la parole:

(Celui-là devrait faire l'affaire. Le froid perçant. Le troisième parchemin.)

Je me saisis vivement dudit parchemin avant de remettre les autres bien en sécurité dans mon sac.
(Je suis tout ouïe.)
(C'est une attaque de glace à portée moyenne. Concrètement, c'est un jet d'un trait de glace sur un adversaire. Relativement simple à exécuter, je suis sûr que tu vas le maîtriser rapidement!)
(Eh bien c'est ce qu'on va voir! Que dois-je faire?)
(Ben, commence par saisir ton pouvoir!)

Ah. Je le savais. Trop facile. Je plonge donc illico presto en quête des fluides glacés bien planqués au fin fond de mon être. Une fois arrivé dans le fameux recoin, avec une main experte et assurée, je me saisis des fluides et les ramène à la surface. Immédiatement, les torrents brûlants et gelés de mon pouvoir coulent dans mes veines frémissantes, les grisant et les meurtrissant à la fois. Mon corps est parcouru de profonds frissons, tandis que je m'échine à concentrer des parcelles de cette énergie dans mes bras. Je constate avec satisfaction que l'opération est de plus en plus aisée, même sans utiliser l'aiguille de pin, qui pend actuellement sagement à mon côté. Et maintenant?

(A présent, il faut que tu concentres ton pouvoir dans une main. Puis tu dois projeter un fluide d'un coup au travers de ta paume, en essayant de l'entortiller sur lui-même. Oui je sais c'est bizarre. Et si tu as réussi ton coup, tu verras jaillir à toute vitesse de ta main une flèche de glace acérée.)
(Bien chef!)

Entortiller un fluide? Bizarre, bizarre... Enfin bon, essayons! Je transfère donc tout mon pouvoir dans ma main droite, que je tends devant moi, en acheminant tous les torrents vers mon petit membre. Quelques secondes, et ma main devient douloureuse et tremblotante. J'entrouvre les yeux, et je constate que celle-ci brille d'un éclat magique intense. Commence alors la partie délicate. Je concentre toute ma volonté sur une seule chose: pousser le plus puissamment possible hors de ma paume cette énergie glacée. Evidemment, je rencontre une fichue résistance. Comme si ma peau était un écran imperméable aux fluides. Je redouble d'efforts. Et à force de pousser, pousser, pousser, je sens que la résistance s'effiloche brusquement, et d'un coup le fluide fuse de ma paume tremblante. Ah flûte. Il faut "l'entortiller" aussi. Bon ben trop tard, je suis bon pour recommencer.

C'est reparti. Concentration de pouvoir dans ma main droite. Intense poussée mentale. Je brise plus rapidement l'équilibre des forces, et un nouveau fragment de pouvoir jaillit. Immédiatement, je tente de me représenter en esprit le fluide en train de se torsader, et de l'appliquer à la réalité. Le fluide en question semble d'abord se plier à ma volonté, et commence à s'enrouler. Mais dès que je constate cette évolution, je perds ma concentration et le fluide s'échappe sous sa forme première. Fichtre et foutre. Rebelote. Concentration, accumulation, expulsion. Encore raté.

Je ne sais depuis combien de temps je m'échine à former cette fichue flèche de glace, mais je sens déjà mes forces bien entamées, et j'ai le visage en sueur. La crispation, c'est mauvais pour le teint.
Allez, nouvelle tentative. Les exhortations enthousiastes d'Aurore me donnent des ailes. Je tente une nouvelle approche: plutôt que de balancer à toute vitesse mon projectile sans avoir le temps de le travailler, je vais plutôt tenter de le faire sortir plus lentement, et de l'entortiller en même temps. C'est parti. Je vaincs la résistance sans trop de problèmes, mais cette fois-ci, plus en subtilité: au lieu de pousser comme un sanglier acharné dessus, j'opère des coups légers et précis à l'endroit qui me semble le plus faible. Quelques secondes, et j'ai pratiqué "une ouverture", ce qui me permet de laisser délicatement s'échapper le fluide. Au prix d'un énième effort de volonté (on m'applaudira plus tard), au moment où le fluide sort de ma paume, j'imprime une légère torsion mentale, ce qui me permet de le torsader enfin de manière appropriée.

Je n'ose pas sourire de peur de perdre ma concentration. Une fois le fluide complètement sorti de ma paume, et bien "entortillé", il reste inerte, flottant tranquillement devant ma main tendue. Bon ben, reste plus qu'à le balancer. Je m'approche de la rambarde. Prudemment. Manquerait plus que je tombe à la flotte, tiens. Je glisse ma main "chargée" entre deux piliers de bois, et de toutes mes forces psychiques, j'envoie ma flèche de glace le plus loin possible. Je vois avec satisfaction mon projectile (qui fait approximativement ma taille) se solidifier dès qu'il s'éloigne, et filer à une bonne quinzaine de mètres, pour finir sa course en un gracieux plongeon dans l'onde tumultueuse.

(Hip hip hip...)

(Hourra!!)

J'irradie la satisfaction. Hé hé. Bon, maintenant que je sais comment faire, il ne reste plus qu'à améliorer ma rapidité! Et c'est ce à quoi je m'applique consciencieusement une bonne heure durant, saisissant sans relâche mes fluides de glace, et les projetant avec une vélocité croissante. Bon, pour la précision, on verra plus tard, mais au moins, je pourrai tenir à distance quelques ennemis...

Fatigué mais heureux, je me pose par terre quelques instants, le regard tourné vers notre cap. Et je me relève d'un coup: tous les nuages menaçants se sont sacrément rapprochés! Et beaucoup trop à mon goût. Alarmé, je me hâte d'aller retrouver notre capitaine, toujours à superviser la construction, pour lui poser quelques questions:

" Capitaine! Navré de vous déranger à nouveau, mais nous allons tout droit vers une.. tempête! Où en est la construction du second navire? "
Je jette un coup d'oeil autour de moi, et vois toujours les marins s'agiter gracieusement en tous sens, mais rien de me renseigne là-dessus.
Je me rapproche et me place à hauteur de son visage, malgré les protestations outrées de mes ailes endolories, et lui chuchote:

" Avez-vous des soupçons à propos d'un aventurier? Car traître ou pas traître, l'un d'entre nous devra rester en arrière. " Avec un frisson et un coup d'oeil vers la catastrophe en approche, j'ajoute, sombre: " Très prochainement. "

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Dernière édition par Silmeï le Mar 28 Juil 2009 22:14, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 26 Juil 2009 23:49 
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Le ciel s’obscurcit de plus en plus, et de plus en plus rapidement, pour ne plus présenter désormais qu’une masse grise et noire de menaçants nuages remplis de pluie. La mer, elle, semble étrangement calme, sans aucune vague, ce que d’aucun appellerait le calme avant la tempête… Aëlwinn corrige tes mots avec une expression angoissée dans son regard vert :

« Ce n’est pas nous qui allons à la tempête, c’est elle qui vient à nous…Nous ne pouvons y réchapper, elle est de nature magique. »

Elle jette un dernier regard sur la construction de jumeau du Vaisseau-Lune avant de détendre un peu ses traits…

« Au moins, nous sommes prêts à l’affronter : Petit Sire, je vous présente la face cachée de la lune de ce navire : voici le petit frère du Vaisseau-Lune. Mes marins viennent de le terminer… »

Ergoth se dresse désormais de nouveau sur la proue du Vaisseau-Lune, alors que l’équipage se répartit sur les deux navires pour garder une vitesse constante malgré leurs amarrages l’un à l’autre.

« Quant au traître, je ne saurais me prononcer. Je ne peux accorder ma confiance qu’à Ergoth, sur ce navire. C’est le seul que je connaisse suffisamment pour lui ôter toute suspicion. Les autres… le Seigneur Fein ne m’est connu que de réputation auprès de son altesse, mais je ne l’avais jamais rencontré auparavant. Eleth se dit aventurier des sylves de Yuimen, mais comment en être sûre ? Maelan, je ne connais rien de lui, pas même ses motivations pour s’être embarqué ici, pas plus que Léonid, Dôraliës ou vous-même… Avez-vous des doutes sur quelqu’un, vous ? »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 05:24 
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Allons bon, à peine ai-je exposé le sujet de mes préoccupations que je me fais rembarrer par mes deux interlocuteurs comme si je venais de leur proposer de se jeter à la mer pour nous épargner le dilemme d’avoir à décider de manière plus complexe de nous séparer de l’un d’entre nous. Bon, d’accord, étant donné ce qu’on peut supposer du tempérament du Machin au niveau clémence, c’est vrai que la personne qui déciderait de faire demi-tour en compagnie des autres marins risquerait bien de s’exposer à l’injuste fureur de cette entité perversement retorse et cruelle, mais il ne faut pas perdre de vue que repartir vers d’autres horizons plutôt que de se plonger dans le creux des flots vers on ne sait quels périls serait aussi une échappatoire de bon aloi pour éviter de se retrouver pris dans une aventure qui pourrait bien être fatale aux aventuriers en question que nous sommes.
Cependant, il est bien connu que le danger est un excitant comme un autre, et je dois moi-même avouer qu’en dépit de tout ce que se lancer dans quelque chose de pareil implique comme imprudence, la curiosité me ronge le bon sens et m’incite à aller de l’avant comme ce doit être le cas pour les deux elfes qui me font face ; sans parler du désir de rendre justice qui m’incite à me tenir bien préparé pour montrer à notre manipulateur onirique de quel bois se chauffent ceux qu’il croit visiblement tenir dans le creux de sa main. J’ai beau savoir que je risque bien d’y laisser beaucoup, je ne peux m’empêcher de ressentir de l’engouement à l’idée de ce que nous allons vivre, et c’est pourquoi je ne m’emporte pas en essuyant la rebuffade du sylvain, concevant bien l’attrait que ce qui est à suivre doit exercer sur lui.

Pour autant, cela ne veut pas dire que l’amertume ne naît pas en moi à entendre les paroles outrées par lesquelles le bretteur des bois réplique tant je me serait attendu à quelque chose de moins guindé de la part de celui qui s’était jusqu’ici montré aussi enthousiaste et sympathique. D’accord, c’est vrai que j’aurais pu faire preuve de plus de subtilité et de diplomatie au lieu de leur décocher tout de go ce que je viens de leur dire, mais –sans mauvais jeu de mots-, nous sommes tous dans le même bateau, alors j’estimais qu’on comprendrait que la situation presse et que ce n’est pas le moment de tergiverser ! Manifestement, les autres ne l’entendent pas de cette oreille, car voilà que l’un monte sur ses grands chevaux en arguant qu’il a bien l’intention d’être de la partie, prenant manifestement ma question tout à fait neutre comme une injure personnelle.
Voilà qui me paraît bien peu professionnel de la part de quelqu’un censé avoir de l’expérience dans le domaine des aventures, et qui se rapproche fâcheusement d’une conduite d’enfant égoïste : moi qui avais cru qu'il prendrait mes préoccupations par le bon bout pour m’apporter une réponse constructive, me voilà déçu ! Enfin bon, ce n’est pas une raison pour que je me mette à lui répondre sur le même ton et risque ainsi d’envenimer l’atmosphère déjà trop pesante, aussi le laissé-je achever son plaidoyer sans broncher autrement que par un pincement agacé des lèvres.

Une fois que l’homme aux yeux marron a fini de s’exprimer, son homologue aux pupilles d’un bleu éclatant prend la suite, beaucoup plus troublé que je n’aurais pu m’y attendre par l’éventualité d’être laissé pour compte dans l’affaire, la membrane de sa réserve se perçant pour laisser échapper en un sifflement plaintif une crainte maladive. Encore une fois, c’est un comportement qui, bien que compréhensible, n’est pas sans dénoter une certaine puérilité, et s’il ne me viendrait jamais à l’esprit de tirer parti d’une telle faiblesse, je suis tout de même étonné qu’une personne auparavant aussi digne se comporte avec dans son ton un bégaiement craintif empli de servilité latente qui me ferait bien douter de l’intégrité de cet archer. Enfin bref, quoi qu’il en soit, il est évident que lui aussi ne consentira à quitter le bord que pieds et poings liés. Ainsi, pour l’un comme pour l’autre, me voilà fixé, et je peux me rendre compte que véritablement, mettre de côté l’un d’entre nous d’une manière qui soit dépourvue de coercition ne sera pas une mince affaire !
Au moins, la fin de la conversation se fait de manière favorable puisque l’elfe aux cheveux bruns se montre au bout du compte plus posé et perceptif que je ne l’aurais cru au premier abord, mettant en paroles ce à quoi j’avais justement réfléchi quelques secondes plus tôt et qui m’avait poussé à quérir sans tarder l’avis de mes compagnons. Ce n’est pas de gaieté de cœur, mais je suis bien forcé de me rendre à l’évidence : nul parmi nous ne consentira à être maintenu à l’écart de la suite des évènements, et un soupir de concession lasse s’extirpe de mes lèvres entrouvertes à cette réalisation que je ne peux désormais remettre en doute.

« Je suis bien conscient de tout ça… » Enchaîné-je par la suite, me retenant d’ajouter au passage « elfe dont je ne connais toujours pas le nom » histoire de lui faire remarquer que si je lui ai divulgué mon identité, l’inverse n’est pas vrai. « Hélas, l’un d’entre nous devra bien rester derrière, c’est un fait. »

Ahlala, qu’est-ce que tout ça peut me lasser : à peine réveillé (je ne peux même pas dire « sorti du lit » étant donné que j’ai dormi à la belle étoile), c’est un véritable tombereau de soucis divers qui s’impose à moi comme aux autres et qui n’a d’ailleurs pas cessé depuis le début de cette épopée décidément bien empreinte de tristes difficultés. Nos compétiteurs, l’Aigle des Océans, l’Echangeur et le Rubis Sanglant, ont-il à faire face à des difficultés du même acabit ou sommes nous les seuls à être victimes de ces crasses ? Impossible de le dire tant nous sommes à l’écart de tout, au beau milieu de l’océan sans rien à apercevoir à des kilomètres à la ronde, mais quelque chose me dit que nous nous en rendrons bien compte lorsque nous aurons atteint notre destination finale et approcherons de ce trésor pour lequel tant de monde a plié armes et bagages et a fait diligence pour lever l'ancre vers ces tentateurs horizons inconnus.
Tant de monde oui, tant de problèmes, de tumulte et de complots pour quelque chose qui pourrait bien au fond n’être que chimères… est-ce vraiment raisonnable ? Certainement pas, mais ce n’est pas cela qui a empêché cinq navires aux natures, aux provenances et aux motivations diverses de tenter leur chance, et maintenant que la machine est lancée, impossible de l’arrêter, aussi devons nous tous autant que nous sommes mettre tout ce que nous avons dans ce voyage afin que son issue ait le moins de chances possible d’être funeste. Tu parles d’une responsabilité ! Sans vouloir avoir l’air de me plaindre, je dois dire que je ne suis vraiment pas bâti pour des pressions pareilles, péchant autant par culture que par manque d’expérience, et le poids que cela fait peser sur mes épaules est fort douloureux et me donne bien envie de tirer un petit moment une parenthèse sur tout cela pour me ressourcer.

« Si vous voulez bien m’excuser, je vais prendre congé. Merci en tout cas de votre franchise, et ne vous inquiétez pas, je suis sûr que nous pourrons trouver un moyen pour que tout se passe bien ! »

Malheureusement, malgré tout l’entrain et la conviction que je m’efforce de mettre dans cette parole, je me rends bien compte que le pauvre sourire qui lui fait suite dénote bien trop facilement la fatigue mentale qui m’accable, aussi c’est avec un léger empressement que je tourne les talons pour me diriger vers la proue du bateau, le pas pesant et la mine sombre. Maintenant qu’Ergoth est occupé à l’instar de l’équipage à la construction d’un énième Vaisseau-lune, son emplacement fétiche est libre, aussi j’en profite pour lui emprunter ce poste et m’accouder sur le bastingage avec une exhalaison fatiguée, fermant ensuite les yeux avec l’ombre d’un sourire reconnaissant en sentant aux premières loges le souffle vivifiant de Rana teinté de la fougue puissante de Moura dont la rumeur sifflante et grondante est autant de murmures encourageants dont j’ai bien besoin.
Penché en avant, les coudes ancrés dans la solide charpente fort proprement et fort joliment polie, c’est dans cet écrin de bois perlé que je me perds dans une des rêveries qui me sont –peut-être trop- coutumières, mon esprit s’égarant, s’envolant loin de ses entraves matérielles pour aller flotter vers d’autres cieux ; vers des royaumes peuplés de belles images réconfortantes faites de souvenirs rassérénants et de préceptes motivants. C’est ainsi que du navire, je m’en vais à Kendra-Kâr, puis de Kendra-Kâr à l’Ynorie, puis de l’Ynorie à Oranan, puis d’Oranan à Rana, et c’est à partir de ce moment que je commence à réellement divaguer sans même m’en apercevoir, m’abîmant sans heurt dans un terrain bien éloigné des réalités humaines consistant en de vagues volutes d’idées et de concepts d’une netteté fugace divinement marquante.

Oui, divinement, car sans que je puisse trop savoir s’il ne s’agit que de fantasmagories nées de mes espoirs que toute cette aventure se finisse bien ou si les images qui font jour dans ma tête sont réellement un message de la Déesses des Vents, il me vient une représentation dans laquelle je m’absorbe tout entier, ne prêtant à ce moment véritablement plus aucune attention à ce qui m’entoure. Ce que je vois, c’est l’Ongle de Rana, fièrement brandi au milieu de ténèbres indistinctes qu’il semble disperser comme un puissant, vif et irrésistible plumeau balaierait la poussière, faisant face à l'épouvantable Visage cauchemardesque dont les babines sont retroussées en une sorte de rictus de colère supérieur, renfermé dans une attitude de mépris qui n’empêche pas qu’une lueur de crainte puisse se discerner dans ses yeux farouches et mauvais.
Tels deux animaux se jaugeant l’un l’autre avec prudence, la lame azurée et le faciès félin se tournent autour, l’épée des vents émettant une sorte de petit chuintement mélodieux en glissant dans l’air avec une légèreté gracieuse tandis que son opposant se meut avec une lourdeur menaçante, ne quittant pas le dangereux métal tranchant du regard. Et pourtant, malgré sa vigilance méfiante, la tête bestiale ne peut esquiver l’arme divine lorsque celle-ci, d’un moulinet exécuté avec une fluidité parfaite, se précipite en direction de son adversaire pour lui asséner un beau coup de taille, son tranchant perçant la peau d’obsidienne en une griffure féroce pour faire gicler quelques gouttes d’un sang épais d’une noirceur inconcevable que l’attaqué encaisse avec un rugissement de douleur et de colère tandis que le responsable de la blessure bat précautionneusement en retraite pour se placer à distance respectable.

Offensé et furieux, le Machin darde un regard redoutable dans la direction de l’artefact qui est aussi ma direction car, sans que je n’aie pu m’en apercevoir avant le dernier moment, mon champ de vision s’est déplacé jusqu’à prendre son origine à l’emplacement exact du glaive que j’ai pu voir en action. D’aussi près, celui que j’ai vu il y a quelques minutes à peine est quelque chose d’absolument terrifiant à revoir, et un sentiment d’urgence craintive fait jour dans mon esprit alors que le grognement de bête de celui qui me fait face s’intensifie, se transmuant en un bourdonnement très désagréable à mes oreilles. Puis le moment est venu pour lui de riposter, et il bondit avec une souplesse de traqueur impitoyable vers moi, ouvrant grand une gueule garnie de crocs tranchants qui ne bée que sur un néant effrayant, laquelle emplit entièrement ma vue.

Et c’est à ce moment que je me réveille en sursaut, ne réalisant qu’alors que je me suis mis à somnoler et à dormir debout au sens littéral du terme, affalé contre la rambarde entachée d’une trace de bave qui montre que je n’ai pas roupillé de main morte, faute qui j’impute au kabuto que je porte pour avoir été si confortablement rembourré ! C’est vrai quoi, pour des personnes qui partent en mission et qui doivent potentiellement se livrer à des moments de veille, on n’a pas idée de fabriquer des pièces d’armure de ce genre ! Enfin bon, foin de sornettes de cet acabit, car ce dont je viens d’être spectateur me marque encore d’une manière qui n’est pas prête de s’estomper, la preuve en est du coup d’œil automatique que je jette en direction de l’Ongle de Rana toujours sagement pendu à ma ceinture contre ma cuisse… est-ce que c’est moi ou est-ce qu’il n'était vraiment pas dans cette position avant ?
Préférant ne pas m’appesantir sur des idées un peu trop troublantes pour mon jeune esprit, je redresse la tête pour découvrir avec une inquiétude mêlée d’effroi la source du bruit qui m’a réveillé et qui n’était pas si irréalistement onirique que ça en fin de compte puisque de grosses nuées parsemées d’éclairs menaçants se font voir à l’horizon. Même si le grondement n’est pour le moment pas d’un volume très élevé du fait de l'éloignement, son son marquant a visiblement été un tapotement sur l’épaule suffisant pour me sortir de mon songe. Il ne fait aucun doute que cette catastrophe météorologique nous est destinée, envoyée par le vindicatif Machin ; j’en mettrais ma main à couper, et il faut que j’aille prévenir sur le champ Aëlwinn de ce qui va nous arriver si cela n’a pas déjà été fait par quelqu’un d’autre.

Et c’est en me tournant pour ce faire que je peux me rendre compte que même si relativement peu de temps s’est écoulé d’après la position du soleil, les marins aidés du géant elfique ont réellement accompli ce que l’on peut appeler un travail de titan, les travailleurs de la mer étant parvenus en ce temps record à bâtir le jumeau du Vaisseau-lune, lequel, tout de majesté tranquille, trône avec une paisible fierté aux côtés de son aîné, spectacle aussi admirablement ébouriffant qu’incroyable qui m’arrache un « Waouh… » éberlué.
C’est le nez rivé en direction de cette étonnante duplication au risque de me prendre les pieds dans quelque chose et de m’étaler comme un oiseau de malheur que je fais route en direction de la Capitaine en ce moment occupée à s’entretenir avec Silmeï qui doit certainement activer ses ailes à hue et à dia pour pouvoir se maintenir en l’air et rester relativement à la même place comme il le fait si l’on prend en compte la vitesse de l’élégant navire.
Un sourire compatissant aux lèvres, je presse un peu le pas pour rejoindre cet agréable duo, surpris de voir avec quel entrain je peux désormais aborder la suite des évènements, la teneur du rêve que je viens de faire, message d’espoir malgré ses consonances négatives, m’ayant fait un bien fou, me ragaillardissant bien agréablement le moral. Advienne que pourra, mais en ce qui me concerne, je ne partirai pas sans avoir lutté pied à pied pour maintenir l’intégrité de nos positions, et s’il faut que je sois mis à bas, ce sera au terme d’un combat dans lequel j’aurai mis jusqu’aux dernières forces de mon bras !

Tournant la tête en direction de mon lieu de méditation, je peux voir qu’à peine quittée, la place encore chaude a été reprise par son propriétaire légitime en la personne d’Ergoth, lequel est retourné se positionner droit comme un i devant l’orage qui se prépare comme pour le défier de venir lancer ses éclairs sur nous. Décidément, quelle étrange personne, même si l’on excepte son mutisme forcé, et je me demande quelles pensées invisibles derrière ce visage placide peuvent en ce moment même agiter l’intérieur de ce crâne manifestement bien épais ; quelle réaction il aura si la situation commence à partir hors de contrôle… en fait, je me demande ça pour tout le monde à bord, moi y compris, car nous constituons en réalité une équipée hétéroclite d’un bien étrange acabit faite de personnes d’horizons divers, et ce qui nous rapproche et nous familiarise les uns avec les autres est le danger auquel nous sommes exposés et auquel nous nous retrouvons de gré ou de force à devoir faire face de notre mieux.
Quoi qu’il en soit, rejoignant le couple des magiciens, je peux m’apercevoir que le même sujet que tout à l’heure est au goût du jour : toujours cette histoire de traître que tout le monde, même notre bonne dirigeante, ne peut s’empêcher de remuer comme un ragoût infâme aux senteurs emplies d'un vicieux pouvoir d’addiction dans lequel même les êtres les mieux pensants collent leur nez pour s’en embrumer l’esprit. Vraiment décevant, et alors que je rejoins leur position en me postant au niveau de l’aldryde pour que celui-ci puisse avoir le loisir de s’accorder un peu de repos avant de se rompre les ailes à force de les agiter avec une telle alacrité, je ne me retiens pas de faire irruption dans la conversation : tant pis si mon intervention me donne l’air d’un malpoli dénué de tout sentiment des convenances, je ne peux décemment pas laisser passer une telle manifestation de ce contre quoi je n’ai eu jusqu’ici de cesse de lutter !

« Tout le monde a des doutes sur tout le monde, mais ce n’est pas une raison pour faire de l’un d’entre nous le bouc émissaire de nos tensions. » Déclaré-je sans aucune animosité dans la voix, si convaincu de mentionner la plus exacte et pure vérité que mon ton ne dénote rien d’autre que la tranquille certitude que mon expérience toute récente m’a fait acquérir de façon si frappante. « Il est déjà clair que l’un d’entre nous devra par la force des choses être laissé de côté, alors raison de plus pour ne pas se casser du sucre sur le dos… d’ailleurs, à ce propos, comment allons-nous décider qui d’entre nous neuf devra rejoindre le second Vaisseau-Lune ? Il est évident qu’aucun d’entre nous ne voudra faire demi-tour maintenant, alors faudra-t-il avoir recours à la courte paille ? »

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 09:48 
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Ma proposition qui aurait pu être une très bonne idée pour démasquer la vile créature qui nous accompagnait ne fit pas l'unanimité. Je commençais à m'apercevoir que je voguais aux côtés de personnes plutôt sombres qui craignaient de divulguer leur passé à leurs coéquipiers. Qu'il en soit donc ainsi ! Si tout le monde préférait laisser la question du traître en suspend, ce n'était pas mon cas, la menace qui planait au dessus de nos têtes étaient ce que l'on pouvait qualifier de démoniaque et jamais au grand jamais je laisserais ma vie entre les mains d'un monstre invisible. La crainte de recevoir un couteau dans le dos ne me disait rien qui vaille et mieux valait prévenir que guérir. Je ne comprenais pas leurs idées, pourtant tout comme eux, je voulais sauver la vie de cet équipage qui était sur le point de mourir noyé... Bref ! Une chose était certaine, je ne pouvais faire confiance qu'en Santias, lui seul m'aiderait à passer cette épreuve ! Mais, avant tout, je comptais bien remettre en cause les accusations que l'on me lançait :
«Pénétrer les pensées pour le bien d'autrui n'est pas votre fort... Dommage, cela m'aurait évité bien des soucis, mais bon, que voulez-vous ? Ce sont les aléas de la vie. Mais, ne vous inquiétez pas, j'ai plein de petites idées pour trouver la trace de ce traître, s'il est ici c'est pour nous nuire dans notre recherche au trésor. Et vous n'avez pas l'air de comprendre ce que cela impliquerait si nous avions déjà quelques problèmes sur le dos. Un être démoniaque le reste et je n'ai pas envie qu'il nous cause de nouveaux problèmes... Néanmoins, cela n'a pas l'air de vous gêner, je vous laisse donc continuer sur votre chemin.» mon ton n'avait rien de froid, il était même plutôt chaleureux.

Mais, dans un nouveau souffle rageur, notre puissante Capitaine levée, coupa l'herbe sous les pieds du noble petit Aldryde qui aurait bien aimé jeter un œil aux masques magiques... Était-ce pour les ensorceler d'une magie peinte du Dieu Sombre ? Était-il le traître que l'on recherchait ? Pourtant, il nous avait aidés lorsque le bateau allait s'écraser contre le port... Ce ne pouvait pas être lui, cependant, sa persévérance à vouloir examiner tout ce qui possédait des capacités païennes faisaient de lui une cible parfaite pour l'ensemble de mes soupçons... Enfin, je me devais de continuer d'écouter Aëlwinn qui tentait d'apaiser nos esprits afin que l'on ne s'acharne pas à retrouver la malédiction sur pattes. Foutaises... Si elle désirait que l'on reste tous assis à contempler le merveilleux travail de l'équipage qui faisait son possible pour recréer le Vaisseau-lune, hé bien elle se mettait le doigt dans l'œil ! Nous étions dans une période de crise et même si je n'étais pas un fouineur, j'allais bien devoir me résoudre à partir à la recherche d'indices !

(Par où commencer...)

Mais, avant que je n'aie pu commencer mes recherches, le Nain fit une remarque plus que censée ! Et si le traître était Aëlwinn ? Dans son envie de vouloir toujours tout contrôler, elle aurait très bien pu rentrer en contact avec la sombre créature et déposer le coffre contenant les masques ! De plus, elle avait l'air de prendre un malin plaisir à le protéger de tous les aventuriers présents... Cela ne sentait pas bon, même pas bon du tout ! Tout le monde semblait être le traître idéal ! Que faire ? Mais, ce fut alors que j'entendis la douce voix de ma chère Ysswa qui résonnait dans mon esprit. Elle m'avait bien dit que des difficultés sèmeraient ma route et que dans ces moments tragiques, je devais écouter mon cœur ou penser à des agréables instants qui me permettraient de venir à bout de ce chaos terrifiant... Que me disait mon cœur ? Jamais, il n'avait encore était confronté à ce genre de situations et malgré toute ma bonne volonté, je ne savais pas comment résoudre cette énigme monstrueuse. Tout ceci était bien trop compliqué à mon goût et le monde qui m'entourait se révélait plus que douteux. Moi qui croyais que tout était beau, que la nature était le berceau de mon existence, que la vie m'était apparue comme le fil conducteur de mes émotions, je devais faire face au comportement de chacun ! Certains étaient gnangnans comme cet humain, d'autres cherchaient à s'imposer comme Silmeï, quant à Maelan, lui, il faisait son possible pour rester dans l'ombre... Où était le bonheur mélancolique de la Cité ? L'aventure se présentait à moi d'une manière plutôt insolite, apparemment, mon but ultime était de comprendre l'étendue de ces personnes. Hé bien, ce n'était pas gagné !

(Bon pendant que les ouvriers se mettent à l'œuvre, je vais tenter de trouver des indices pour déterminer qui est le vilain petit canard !)

Pendant, ce temps l'Humain discutait avec Eleth et Maelan, essayant de trouver qui voudrait bien retourner sur la terre ferme... Il pouvait toujours me poser la question, mais, je me devrais de refuser car je ne pouvais me permettre de passer à côté d'une telle chasse au trésor ! Même si l'aventure prenait un tournant inattendu, je n'avais pas le droit de jouer les couards et de retourner auprès de mes parents... Il en était hors de question ! Bon ! Pour l'instant, j'avançai vers la porte dans laquelle je m'étais infiltré avec Eleth au moment où le gros Nain s'était malencontreusement échoué sur le pont du Navire. Valor y était, mais que faisait-il à l'intérieur ? Cette question était restée en suspend et je devais bien me résoudre à y trouver des réponses ! Je pris bien soin de refermer précautionneusement la porte derrière moi, j'espérais ne pas avoir été trop voyant... Bref ! D'un autre côté, cela ne changerait rien à la donne, pour l'instant tout le monde connaissait mon obsession pour ce traître caché... Enfin... Une obsession s'était vite dit, la seule chose qui m'importait était la sécurité, mais apparemment ça passait au-dessus de la tête de beaucoup de personnes.

Je continuai ma lente progression dans l'antre elfique, la peur de tomber nez-à-nez avec un membre de l'équipage un peu rude me fit frissonner... Je devrais bien inventer une histoire si jamais on me trouvait là par hasard ! Mais, rapidement Santias se mit à miauler à quelques mètres de moi :
«Mais que fais-tu ici ?! Tu n'étais pas sur le pont du navire ? Bon, ben, ne te fais pas remarquer !»

Cet imbécile avait dû s'immiscer lorsque j'avais ouvert la porte subrepticement, ce chat ne craignait vraiment rien ! Enfin, j'étais bien content d'avoir une conscience amie près de moi.

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 14:15 
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Dôraliës :

À peine as-tu fait quelques pas à l’intérieur du Vaisseau-Lune, pur et bien rangé, tonneaux et caisses disposés afin de prendre le moins de place possible, et solidement arrimés afin d’éviter tout désordre, la porte que tu viens d’emprunter s’ouvre doucement, puis se referme. Dans l’intervalle de temps, un elfe est entré, et sa présence ici n’est peut-être pas une surprise pour toi : Valor Fein et ses airs de pédante suffisance t’ont suivi dans tes investigations secrètes… Lorsque tu le remarques, il te jette un regard glacial avant de t’annoncer avec froideur :

« Que venez-vous faire ici, scélérat indigne ? Saboter quelques planches pour nous faire courir à notre perte ? Votre petit jeu ne trompe que vous, musicien. Votre musique mensongère ne m’envoutera pas, je sais que vous êtes le traître, et vous allez mourir pour ça… »

À peine a-t-il fini sa phrase qu’il dégaine de sous ses larges et nobles habits une dague torsadée à la lame claire. Il s’avance lentement vers toi, l’air sévère et prudent, comme s’il redoutait que tu te défendes…


(Léonid, j’attends que Silmeï réponde pour faire intervenir Aëlwinn)

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 17:58 
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Inscription: Sam 3 Jan 2009 13:20
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Malheureusement, la première réponse de l'elfe à la crinière de feu confirme mes craintes: cette tempête est bien une énième saloperie que cette saleté de Visage nous envoie au coin du nez pour nous voir nous débattre en geignant, tandis que lui doit siroter tranquillement du sang tout frais avec un sourire pervers et satisfait. Mais je m'égare. Et d'ailleurs, pour me détourner promptement des mes sombres pensées, Aëlwinn m'annonce que le jumeau du Vaisseau-Lune est fin prêt. Prêt à naviguer fièrement sur les flots aux rutilants côtés de son grand frère. Prêt à fendre l'océan pour voguer majestueusement vers d'autres aventures. Ou prêt à être réduit en charpie par le cataclysme ambulant, c'est selon.

Toujours est-il que j'ai un instant l'impression d'avoir la vue dédoublée, lors que je tourne la tête dans la direction indiquée par le capitaine. Car comme par magie (et au-delà de l'entraînement et du talent, je doute que la magie soit étrangère à la construction si prompte d'un navire aussi gigantesque), un nouveau Vaisseau-Lune, dans toute sa grâce immaculée, flotte paisiblement de l'autre côté du bastingage de notre propre pont, et avance à notre rythme. Sur l'autre pont, une bonne partie des marins s'activent, toujours avec l'efficacité gracieuse qui les caractérise, et bientôt de claquantes voiles sont hissées à des mètres au dessus de nos têtes, qui ondulent avec force sous les impulsions du vent. Je remets en place mon cou qui s'est dévissé malgré moi, mon regard emporté par les cordes filant dans les cieux, afin de me reconcentrer sur les propos tenus par mon interlocutrice.

Celle-ci m'explique justement que, à mon grand désarroi, si par prudence elle ne se fie réellement qu'à son fidèle compagnon Ergoth, elle n'a pour autant pas de soupçons particuliers envers l'un d'entre nous... Décidément, ce satané traître ne doit être qu'une invention du Visage! Et au moment où j'allais à mon tour lui répondre que je n'avais guère de soupçons non plus, Léonid fait son apparition pour évoquer là nouveau le problème qui reste pour l'instant insoluble: qui donc allions-nous laisser en arrière? Cependant je ne manque pas de repérer le reproche à demi-voilé de l'humain: il n'apprécie pas que nous spéculions sur l'hypothétique traître. Avant de répondre -car je compte lui répondre!-, j'accepte sa tacite invitation à me poser sur son épaule, histoire de reposer un peu mes pauvres ailes. Lorsque je peux enfin laisser pendre derrière moi mes membres emplumés, je ne peux retenir un soupir de soulagement, tandis qu'une onde de fatigue me traverse. Reconnaissant, je commence ma réplique par un "Merci, Léonid." chaleureux.

Mais il ne va pas s'en tirer à si bon compte, car il a mal compris ma démarche auprès du capitaine, aussi me chargé-je promptement de lui répondre, sans pour autant céder à l'agacement. J'apprécie bien trop cet humain pour me disputer avec lui, surtout que ça n'avancerait strictement à rien. C'est donc d'un voix calme que je précise:

" Pour ma part, je n'ai guère de soupçons, si ce n'est le soupçon que le traître n'existe probablement pas. Je voulais simplement consulter le capitaine à propos du problème que vous venez à peine de formuler: de qui allons-nous nous séparer? "
Courte pause pour toussoter. Je suis vraiment crevé. Dire qu'on n'est même pas à la moitié de la journée... Coup d'oeil morne vers la mort chevauchant les nuages filant à notre rencontre. Je reprends:
" Puisque nous devons nous séparer de quelqu'un, autant que ce quelqu'un soit une personne n'inspirant pas confiance, car je nous vois mal nous baser sur un autre critère. Après tout, si nous sommes tous sur ce bateau, c'est que tous nos talents peuvent être utiles." Je pousse un petit soupir et me frotte les yeux. J'adresse un pauvre sourire à mon compère humain, et conclus: " Cependant, je suppose que l'option du hasard serait une solution acceptable, si personne ne se désiste... Même si ça ne plaît guère personnellement. Je ne suis pas particulièrement chanceux, voyez-vous. Enfin bref."

Je détourne un regard endurci et obscurci par le poids des souffrances causées par un siècle de captivité.
(Ca, c'est sûr que c'est pas de bol.)
(Merci, Aurore.)

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 20:08 
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Aëlwinn laisse le petit mage répondre à l’humain sur la méprise qu’il commet en interrompant sans l’avoir écoutée une conversation sur le sujet phare du moment : le largage d’un aventurier en compagnie de l’équipage, sur la version ‘bis’ du Vaisseau-Lune. Elle confirme silencieusement les paroles de l’aldryde en opinant lentement du chef, les yeux clos. Elle les rouvre ensuite pour poursuivre le débat.

« Faites-vous encore confiance au hasard, dans cette chasse où tout semble contrôlé par un être démoniaque ? Je préfère nettement me sacrifier à tenter de ramener mon équipage à bon port que de confier le sort d’un innocent à un hasard, bien que mon cœur serait déchiré d’abandonner une version du Vaisseau-Lune de plus aux tréfonds des océans sans que je l’y accompagne cette fois… Pensez-vous que nous puissions rassembler à nouveau les aventuriers, afin qu’une décision pacifique soit prise ? »

À cet instant, Eleth et Maelan arrivent à votre niveau, s’immisçant dans la conversation à leur tour. C’est Eleth qui déclare :

« Je pense que nous n’ayons plus le choix, désormais, le temps ne semble pas jouer en notre faveur… »

Il se tourne vers le pont, et hèle les aventuriers présents, les conviant dans une conversation moins solennelle qu’un déjeuner au milieu d’un pont…

« Seigneur Mirr’Brathass, compagnon Ergoth, venez donc vous joindre à nous, je vous prie. »

Et à cet instant, Maelan intervient, scrutant les alentours avec nervosité :

« Mais… où sont Fein et Dôraliës ? »

Étonnamment, le nain et l’elfe colossal se déplacent avec calme vers le lieu de la discussion, même si le torkin jette à tous des regards courroucés et méfiants.

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