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 Sujet du message: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 7 Juil 2009 22:58 
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Le navire des elfes sort d’une nuit calme et sans heurt, une nuit étrange durant laquelle tous ont dormi, et cela malgré l’insensibilité de ce peuple à toute forme de sommeil. La capitaine Aëlwinn est penchée, près d’Ergoth, près de la proue, devant un coffre noirâtre ouvert. Elle reluque l’intérieur de ce coffre avec un air apeuré, et n’ose visiblement pas le toucher…
Ergoth, lui, fidèle à son habitude, regarde droit devant lui, vers le pont, imperturbable et immobile. Cet être est vraiment étrange, et la marque elfique de ses traits est réellement la seule chose l’apparentant à cette race.

Eleth et Maelan ont tous les deux l’air soucieux, et discutent à voix basse près de leur couche. Plus loin sur le pont, Valor est debout, reluquant de loin le ténébreux coffre, une lueur de convoitise dans le regard. Le nain, lui, est toujours avachi comme un tas de casseroles, bien que des mouvements de ses sourcils broussailleux indiquent bien qu’il est éveillé…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 8 Juil 2009 05:25 
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« Argh ! »

Cri bien peu glorieux que celui avec lequel je m’éveille en une inspiration étranglée, mais nom de Rana, vu ce que je viens de vivre niveau expérience onirique, on concevra facilement que je n’émerge pas de la manière la plus paisible qui soit avec ce visage terrible dont les traits sont encore incrustés dans ma mémoire. Ah, la noirceur de ce faciès, la façon dont ses redoutables yeux profondément incrustés dans leurs orbites brillaient, le ton formidable de sa voix… tout cela me reste en tête, à la lisière de ma conscience, de manière beaucoup plus insistante qu’un rêve ordinaire. De fait, j’aimerais bien que cela n’ait été qu’un simple rêve sur lequel je pourrais tirer un trait, mais il est des plus logique que ce n’est pas le cas, la façon dont nous avons tous sombré dans le sommeil ainsi que la mine soucieuse de l’ensemble de l’équipage ne l’indiquant que trop bien ; sans parler de cette tâche noire au milieu du bois immaculé du pont qui ne peut être que cette satanée caisse que la perfide entité de cauchemar mentionnait.
Ah, vraiment, si le scélérat qui nous tourmente de la sorte croit pouvoir tirer son épingle du jeu aussi facilement que ça, il va falloir que nous lui démontrions que nous ne sommes pas faits d’un bois aussi friable que nous puissions nous envoler au moindre coup de vent qui nous agite ! Pourtant, comme un chêne rongé par les termites, notre équipée commence déjà à montrer des signes de faiblesse : loin de s’être rassemblés pour former un tout uni, les uns et les autres s’en sont renfermés dans leur coin de manière à mener leurs petites discussions tranquillement, et bien que je ne puisse pas bien distinguer leurs expressions par le biais de ma vision encore embuée d’un reste d’onirisme, je crois voir dans chacun de leurs regards les ombres insidieuses de la sédition. Présence qui me réconforte plus que je ne l’aurais pu croire au milieu de ce climat de malaise, Silmeï est toujours lové au creux de mes paumes, son expression de dormeur placide l’apparentant plus que jamais à un enfant de la manière la plus attendrissante qui soit. Au sein de ce qui pourrait bien avoir de fortes chances de se muer en un panier de crabes, je crois pouvoir espérer à bon droit que l’aldryde ne cherchera pas à jouer les homards, et l’aide qu’il pourra peut-être m’apporter ne sera pas de refus.

C’est en bâillant que je me redresse et, les idées encore un peu confuses, je commence machinalement à m’équiper, gardant le petit être féerique sur mes genoux tandis que je sors mon kabuto de mon sac pour le sangler sur ma tête, mes gestes mus par une sorte d’instinct bizarre. Ce n’est qu’au moment où le poids de la protection crânienne est fermement ancré sur ma tête que je me rends compte que je n’ai pas de raison de me mettre de la sorte sur le pied de guerre, et me passe donc d’enfiler en prime mes kote, décidant toutefois de garder mon casque maintenant qu’il est bien placé. Reprenant le minuscule humanoïde ailé dans ma main gauche, je me mets maladroitement debout afin d’embrasser du regard la compagnie qui m’entoure, et ce que je vois autant que ce que je ressens me déplaît fortement : loin de l’altière capitaine que nous avions pour mener le Vaisseau-lune jusqu’ici, Aëlwinn paraît dépassée par les évènements, et son incertitude a l’air de se répercuter sur les autres membres de notre groupe.
Que l’on juge plutôt : à ma droite, voilà l’archer et le sylvain. Le premier, jusqu’à présent d’une indépendance discrète, s’entretient manifestement sans pudeur avec son homologue des forêts, lequel, d’habitude d’un allant jovial et entraînant, a vu son visage se creuser des rides de la perplexité et du souci. Mais le pire se voit sans doute du côté de l’autre arrogant de service qui darde sans s’en dédire son regard sur les protections dont nous sommes censés nous grimer pour montrer patte blanche à la ténébreuse entité qui nous en veut. Seul à rester égal à lui-même, prostré dans son immobilisme indifférent, Ergoth a gardé exactement la même posture que depuis que nous avons appareillé. En voilà au moins un qui ne pose pour le moment pas de problème… et on dirait qu’on peut porter ce chiffre à deux en voyant Gleol l’armuré affaissé sur le plancher, position qui l’apparente exactement à un service d’argenterie de vingt-sept pièces, complet avec saladier et soupière.

Tiens, justement, à propos de soupière, ça me fait penser que je n’ai pas mangé depuis hier matin, tout comme tous les autres très vraisemblablement. Hé oui, nous avons peut-être un funeste destin qui nous pend au nez, mais ce n’est pas une tête parlante qui va me dire comment je dois mener ma vie et m’empêcher de prendre un petit-déjeuner si j’ai faim. D’ailleurs, on pourra remarquer que je n’ai fait jusqu’ici aucune mention d’un traître, et c’est pour la simple et bonne raison que j’envoie à Thimoros les cauchemars prophétiques à la noix et leurs avertissements de fin du monde, de même que leurs directives sans rime ni raison ! D’accord, j’ai très peur de ce qui va nous arriver et je n’ai pas envie de mourir aussi jeune ; d’accord, si je devais avoir le choix entre me sacrifier ou sacrifier quelqu’un d’autre à bord, je ne suis pas du tout sûr que j’aurais le cran de porter un fardeau d’un tel poids, mais en attendant, nous sommes en vie tous autant que nous sommes, alors gardons la tête sur les épaules !

« Hep, Silmeï, réveille toi, on a du pain sur la planche ! » Avertis-je ma récente connaissance en ponctuant mes paroles de quelques poussées délicates du dos de l’index au niveau de la joue de cryomancien de manière à le rappeler parmi nous.

Ah ça, du pain sur la planche… c’est que la journée va être longue, je le sens, et si on ne veut pas qu’elle parte en eau de boudin à peine étrennée, il est préférable d’en prendre les rênes dès maintenant ! Qu’on ne se méprenne pas, je n’ai jamais dit que j’avais l’étoffe d’un chef ni que je devais être écouté comme tel, mais étant donné que la situation urge et que personne ne veut se bouger le train pour faire prendre une tournure plus constructive aux choses, il va falloir que je donne de ma personne une fois de plus afin d'instiller au moins une once de cœur à l’ouvrage à ces gens qui en ont bien besoin. Tout de même pas bien rassuré à l’idée de m’adresser à autant de personnes d’une telle importance, je prends une bonne inspiration, l’air salin mêlé de fragrances douces-amères boisées se frayant agréablement un chemin le long de ma gorge et de mes canaux nasaux, la splendeur de la nature océane contrastant agréablement avec la morosité ambiante :

« Héla capitaine ! » Hélé-je l’intéressée que j’espère voir réagir positivement à mon interpellation. « Je ne sais pas pour vous, mais je meurs de faim ! Pourquoi ne discuterions-nous pas tous ensemble de ce qui se passe autour d’un bon repas plutôt que de nous morfondre chacun dans notre coin ? Ne dit-on pas que l'union fait la force ? »

Un général m’aurait sûrement ri au nez avant de m’envoyer retourner chasser le bouloum en forêt, mais je ne trouve pas mes propos si ridicules qu’ils pourraient le sembler, car le message est assez sensé pour qui peut le décrypter : nous sommes une équipe, et nous avons jusqu’ici fait face à nos problèmes en les résolvant tous ensemble. Ainsi, il n’y a pas de raison que cela change parce que nous avons affaire à une crise de plus, quelle que soit son ampleur ; pas plus que nous ne devrions pour autant négliger les nécessités les plus vitales de nos corps.
A l’énonciation de mes propos, nulle effronterie, nulle esbroufe, nulle hâblerie ne pouvait se lire sur mon visage, celui-ci faisant simplement montre d’une résolution animée devant les dures épreuves auxquelles nous avons de nouveau à faire face. Je ne sais pas si mon discours aura un effet positif sur les autres, ou même un effet tout court, mais qui ne tente rien n’a rien, et si les graines de conciliation que j’envoie à l’équipage ont de l’effet, j’espère que cela initiera un cercle vertueux d’entraide dans le but de venir à bout de nos troubles actuels plutôt que de se focaliser sur la désignation de l’agneau sacrificiel que nous choisirons d’immoler sur l’autel d’une hypothétique survie !

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 8 Juil 2009 23:07 
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Les regards du navire – à l’exception de ceux d’Ergoth et de Gleol – bifurquent vers toi lorsque tu annonces vouloir un petit déjeuner. Les marins, contrairement aux aventuriers, semblent tout à fait dans leur état normal. La capitaine Aëlwinn, lorsqu’elle pose un regard surpris sur toi, consent à sourire légèrement, très légèrement, dans une mine compréhensive et bienveillante à ton égard. Tu as décidé de la jouer sincère, et pacifique, et visiblement elle aime ces deux qualités. Elle se détourne de son coffre sombre, refermant son couvercle morbide, avant de déclarer.

« Léonid Archevent ne saurait avoir tort, sur ce fait : nous devons parler, en amis et gens de confiance. Déjeunons ensemble, et parlons, puisque tel est votre désir… »

Des marins, dociles et lestes, visiblement habitués à cette tâche matinale, amènent quelques vivres ainsi qu’une fine table assez longue, et repliable, autour de laquelle quelques sièges sont disposés, revêtant un confort tout elfique, assez rigide et naturel, épuré… Un à un, les aventuriers elfes viennent se joindre à la capitaine, en bout de table. D’abord Eleth, suivi de Maelan. Valor, lui, s’installe face à Eleth, aux côtés de la Capitaine. Le nain ne bouge toujours pas, si ce n’est sa barbe remuante et ses sourcils froncés, et Ergoth semble ne pas réagir à tout ce rapide remue-ménage, restant à côté du coffre fermé comme une statue de marbre…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 9 Juil 2009 16:54 
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Ce rire rempli de haine et de désirs lubriques résonnait dans mon esprit. Était-ce le simple écho d'une bataille qui s'annonçait comme perdue d'avance ou était-ce la pure réalité ? Mes yeux s'ouvrirent lentement comme si je tentais de tâter le terrain avant de me réveiller totalement. Les doutes m'envahirent, peut-être que cette sombre créature attendait à mes côtés pour me plonger dans une mer d'amertume et de songes pervers ? Non, je n'avais pas l'impression qu'un tel être se trouvait parmi nous... En tout cas pas pour l'instant vu que Maelan et Eleth partageaient de sombres sentiments à quelques pas de moi... Hé bien ! Je ne devais pas être l'unique personne à avoir eu droit à ce drôle de cauchemar car l'atmosphère matinale s'annonçait plus que tendue... Rapidement, je me remémorai ce que j'avais vécu en cette obscure soirée. Je me souvins difficilement qu'un étrange sommeil s'était abattu sur le Vaisseau-Lune nous faisant sombrer dans une extrême lassitude en un rien de temps !

(Cet événement n'avait rien de très naturel !)

Cependant, cela n'était pas ce que l'on pouvait considérer de «pire» étant donné que ma nuit fut très agitée par une tempête d'énergie macabre. Qui avait osé pénétrer à l'intérieur de mes songes pour m'effrayer de la sorte ? Qui était cet étrange personnage au visage crevassé et décoré par d'immondes tentacules grisâtres ? En tout cas, il me faisait encore froid dans le dos, comment avoir un faciès si laid et terrifiant ? On aurait pu croire qu'il n'avait rien de vivant, il semblait fait de roches et de ciment... Ce genre de créatures existaient-elles vraiment ? Si c'était le cas, jamais elle ne s'approcherait à plus de vingt mètres de moi, il en était hors de question ! Quelle horreur ! Saleté !

(Je ne peux pas rester terré dans ce lit de fortune alors que de grandes décisions vont certainement avoir lieux assez rapidement !)

Si tout ce que j'avais entendu cette nuit était vrai alors un coffre contenant des masques devait être présent sur le navire... Bref ! J'avais l'impression que nous allions faire des choix qui ne me plaisaient guère... Saborder l'ensemble de l'équipage pour pouvoir continuer notre chemin était plus qu'égoïste et cela ne m'intéressait pas... Si c'était bien le cas, je ne ferais pas un pas de plus à leur côté, détruire des vies pour partir à la recherche d'un quelconque trésor ne faisait pas partie de mes priorités, je préférais encore me trancher les veines devant cette chère Capitaine pour tenter de lui faire entendre raison ! Cela était inacceptable et abominable ! Jamais mes parents ne comprendraient un tel geste de ma part, personne ne m'avait éduqué de la sorte et cela me paraissait complètement immoral ! Je n'avais qu'une seule envie : vomir mon dégoût à tous ces êtres futiles qui croyaient avoir le choix entre plusieurs destins... pour moi, il n'y en avait qu'un seul : faire demi-tour et oublier tout ce que nous avions vécu !

(Inacceptable !)

Mais, la voix de la musique n'avait pas encore fait irruption au sein de ce navire à l'âme noircie par un égoïsme hors pair ! Avant de discuter de quoique ce soit avec eux, j'avais bien envie de leur faire un petit résumé chanté... Peut-être était-ce un moyen comme un autre de leur rappeler que nous n'avions pas à assassiner les membres de l'équipage pour notre profit personnel ! Néanmoins, la voix humaine de ce jeune Léonid arriva à mes oreilles et je faillis me laisser aller à la pure colère, laissant derrière moi la chansonnette ! De quel droit préférait-il écouter son estomac gargouiller alors qu'une crise majeure parcourrait l'équipage ? Était-il d'accord avec ce crâne de charbon ? Selon lui fallait-il noyer un être même s'il était sur notre bateau dans l'unique but de nous planter un couteau dans le dos ? Hé bien, il était clair que nous ne partagions pas les mêmes priorités !

Pestant intérieurement, je ne pouvais exploser devant l'équipage qui n'avait pas l'air de comprendre ce qui était en train de se passer ! Je trouvais tout ce petit manège révoltant, comment pouvaient-ils rester là les bras croisés, sans réagir ! Mais, ce fut en attrapant Santias que je pus trouver un peu de réconfort. Dans un élan de détresse intense, je lui chantai une petite chanson toute improvisée :

«Je ne suis peut-être pas le plus doué,
Mais ce monstre aux yeux de jais
Nous a tous fait frissonner
Dans un monde d'obscurité.

La voix du sage
Démasquera l'outrage.
Nous devons libérer la rage
contre celui qui créera tant de dommages.

Que le traître soit maudit !
Nous devons rompre la vie,
Continuer sur la route des péripéties
Afin d'abolir la mélancolie.

Portant le masque de la réalité,
Nous ignorerons toutes ces absurdités.
Dans un dernier râle empli de subtilités,
Nous ne regarderons pas le Navire coulé...


Et après tout ce qu'ils veulent c'est manger ! Je ne les laisserai pas faire Santias, je ne peux pas accepter que tant de vies soient détruites !»


J'avançai avec les autres aventuriers pour m'asseoir à la table improvisée qui venait d'apparaître sur le pont du navire... Il n'y avait pas à dire, le peuple elfe était imbattable en ce qui concernait les réceptions... Mais, je ne pouvais attendre plus longtemps, c'en était vraiment trop, personne ne semblait vouloir briser le silence et cela commençait à m'irriter !
«Hého ! Je n'ai pas l'impression que nous ayons tous rêvé de la même chose ! Je pense qu'il n'y a rien à dire de plus de ce qui a été dit au cours de la nuit et aucun choix à faire ! Aucun traître ne sera déclaré mort, ni personne ! Je trouve ça improbable de mettre la vie de quiconque en jeu ! Trouvez-vous ça raisonnable ? Non ! Et je doute de surcroît que l'ensemble des marins qui nous entourent veuillent mourir pour que nous puissions nous nourrir de notre égoïsme maladif...»

Il m'était complètement égal que les marins m'entendent, après tout leurs vies ne tenaient plus qu'à un fil...

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 9 Juil 2009 19:41 
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La capitaine soupire doucement à la phrase de Dôraliës, avant de lui adresser un pâle sourire compatissant, comme si elle avait une révélation inquiétante à faire. Elle regarda tour à tour tous les aventuriers avant de parler, d’une voix ne reflétant aucune joie…

« Amis, ce rêve est un message que nous ne pouvons ignorer. Il est trop tard pour cela. Laissez-moi apporter à cette assemblée la lumière de la vérité qui pèse sur mon cœur. Le visage qui nous est apparu en songe ce matin n’est autre que celui que j’aperçois régulièrement, dans mon esprit, depuis l’heure du départ de Kendra Kâr. C’est de par son fait que nous sommes ici, c’est pour lui, selon sa volonté et suivant ses ordres. Il est l’instigateur de la chasse au trésor, et lui seul dirige les fils qui nous mènent vers notre destin. Il m’a donné un cap, et nous l’avons suivi. Il nous a désormais donné à tous un cap différent : celui des profondeurs des mers. Nous nous devons donc de suivre son ordre afin de poursuivre cette quête. Si nous ne le faisons pas, il nous tuera tous autant que nous sommes… Cependant, vous avez raison sur un point, maitre musicien : Nous ne pouvons pas lui laisser savourer la mort de l’équipage et du soi-disant traître à bord. Trop de défunts sont déjà à déplorer, trop de sang a désormais coulé. Nous devons trouver une solution à cette situation. Huit masques de survie sont mis à notre disposition, pas un de plus… et sur ce navire, il y a un équipage, huit aventuriers, si on prend en compte le sire nain, et moi-même… »

Mais Valor décide d’intervenir d’un ton abrupt et dédaigneux :

« C’est hors de question ! Vous nous avez assez menés en bateau pour l’heure, Capitaine Aëlwinn. J’ai le pouvoir de vous relever de vos fonctions, et vous le savez. Nous respecterons à la lettre les recommandations de ce commanditaire cruel. Ça n’est pas la mort d’un équipage qui devra nous faire perdre pied dans cette chasse, puisque ça n’est qu’un pas pour remporter la victoire. Il faut trouver ce traître et le soumettre à la mort qui lui est due. »

Ergoth, à la proue du navire, darde son regard immobile sur l'elfe noble venu de Cuilnen, et resserre son étreinte sur sa masse redoutable...

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 10 Juil 2009 00:25 
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Mes paupières closes sont une toile sur laquelle se marque au fer rouge l'immonde visage. L'immonde visage de celui qui est venu hanter mes rêves. Je ne suis pas encore tout à fait réveillé, et je n'ai conscience que de ce regard improbable qui me fixe. Qui me cloue dans une terreur indicible. Qui me crucifie et m'écartèle, instillant peur et suspicion. Si avant de sombrer dans ce sommeil maléfique, j'ai eu l'impression d'être peu à peu enveloppé dans un réconfortant manteau de brouillard, l'apparition de cette entité noire m'a dépouillé brutalement de toute sérénité, et a transformé ma nuit en cauchemar vibrant. Ce visage, nom d'une Akrilla, ce visage! Ce visage explosant littéralement la puissance et la noirceur! Ce faciès cruel et amusé devant le spectacle de mon impuissance terrorisée. Cette voix... Cette voix, je ne l'oublierai jamais. Cette voix m'a crevé mille fois les tympans, m'a fait trembler à chaque nouvelle intonation. Mais dans cette apparition démoniaque, le pire n'est autre que le message qu'on m'a transmis.
La Mort a parlé, et sa faux compte s'abattre une nouvelle fois sur le Vaisseau-Lune.

Je suis complètement immobile. Seules mes entrailles sont contractées par la peur. Je suis à peine conscient de la paume chaude de Léonid sous moi, du soleil caressant mes pommettes, de l'air marin chatouillant mes narines. J'ai l'impression d'être gelé, une nouvelle fois. Et cette fois-ci, la glace n'y est pour rien. D'autant plus terrifiant. Puis une petite secousse m'agite. Puis une autre. Et une voix familière m'intime de me réveiller. Cette voix est comme une clé pour mes paupières, qui se descellent enfin, brutalement. Mes yeux éblouis hurlent leur terreur, ma bouche reste close. Un long frisson me secoue en tous sens, et une larme, unique, naît puis meurt sur ma joue. D'une pensée tremblotante, je contacte Aurore, à la recherche de réconfort:
(J'ai cru qu'il ne me lâcherait jamais... Jamais, Aurore. Je m'étais juré. Je m'étais juré de ne plus jamais être prisonnier... Mais je ne pouvais rien faire!!)
(Sil'...)
(Rien... Rien du tout. J'étais petit.)
(Sil'...)
(Aurore, dans quoi je me suis embarqué?!) Onde puissante de panique désespérée.
(Silmeï reprends-toi! Ce n'est pas parce qu'une ordure d'hurluberlu visiteur de songes est venu hanter ton sommeil que tu dois tout arrêter! On va retrouver cette ordure, et on va lui faire la peau! Suis-je claire?!)
Etincelle d'étonnement perçant la chape de peur:
(On va quoi? Lui faire quoi?)
(On va lui faire la peau!!! Le tuer! L'exécuter! Le dézinguer! Lui faire bouffer les entrailles! Lui trancher la jugulaire! L'étouffer! Le couper en deux! Le percer de part en part! Lui geler la cervelle! Lui crever les yeux! Lui planter des échardes sous les ongles, lui arracher les paupières et l'exposer en plein soleil! L'écarteler! L'empaler! Le donner en pâture à des bouloums affamés! Lui coller une pomme empoisonnée en pleine poire! Laisser Gleol lui péter dessus! L'enfermer dans la même pièce que la Galoche! Le placer sur la trajectoire d'Ergoth en pleine charge! T'as saisi l'idée?!)
Je reste perplexe devant un tel verbiage belliqueux. Je l'aime, cette Faera. Légèrement rassénéré, je lui réponds:
(J'ai saisi l'idée, Mme Psychopathe.)
(Attention à ce que tu dis l'Aldryde, tu ignores de quoi je suis capable... Hin hin.)

Constatant que mon porteur est en plein mouvement, je me redresse dans sa paume, sans oublier de m'accrocher fermement. Un rapide coup d'oeil aux alentours ne me révèle que des mines préoccupées, des silhouettes penchées les unes contre les autres dans un concert de chuchotis méfiants... Ainsi donc, je ne serais pas le seul à avoir rêver? Mh, logique après tout. Léonid ,lui (et donc moi de par le fait), se dirige à bon pas vers Aëlwinn, qui est penchée sur caisse sombre. Immédiatement, je sursaute, car les paroles de l'être de mon rêve résonnent macabrement à mes oreilles... Les masques... Le traître... L'équipage condamné... La cinquième édition du Vaisseau-Lune voué à sombrer... Nom d'une sacrée foutue Akrilla, mais comment allons-nous faire!?

Car tout d'abord, je ne doute pas de la puissance de ce personnage, qui à mon avis s'amuse avec nous depuis le début. Le massacre du port, la chaîne, le navire nain qui explose, et maintenant ce sommeil général et ce rêve. Nul doute à présent: nous ne sommes qu'une bande de pions. Et ça, c'est loin, très loin de la liberté. Si je n'avais pas peur des conséquences, je me tirerais vite fait bien fait de ce guêpier. Mais ce foutu personnage nous tient bien en laisse. Quand je le croiserai, je lui ferai la peau, cela est certain.
Ce qui voudrait dire, d'un côté, que nous nous exposons à une sacrée merde, pour ne pas être vulgaire, si nous ne suivons pas les consignes dudit personnage. Et il est hors de question que je meure. Tout bonnement hors de question.
Mais d'un autre côté, je ne peux m'empêcher de me dire que sacrifier tout l'équipage, et de désigner un aventurier pour le condamner à mort...! C'est carrément dingue quand même! Franchement, je nous vois mal nous asseoir autour d'une table pour dire: "Bon, qui veut mourir? ".

Ah tiens, l'équipage vient de monter d'une table au centre du pont. Fichtre, j'ai peut-être parlé trop vite.

Pendant que tous les aventuriers prennent place autour de la susnommée table, je prends la décision qui me paraît la plus adaptée au sac-de-noeud qu'est notre situation: ne sacrifier des vies qu'en dernier recours. Cependant, je n'hésiterai pas à me battre pour conserver la mienne.
(J'espère que t'as tes fluides prêts à être utilisés, Sil', parce qu'à mon avis, ça va bouger...)

Et justement en parlant de bouger, Léonid a pris place autour de la table, ce qui me permet de le soulager de mon poids un instant, et de descendre m'asseoir en tailleur sur la surface plane, à quelques centimètres devant lui. C'est à ce moment précis que la voix d'habitude mélodieuse de Dôraliës retentit avec force et indignation sur le pont silencieux. D'un discours enflammé, il exprime toute son hostilité à sacrifier de nouvelles vies. Sa conviction aurait réussi à convertir des foules, si le Capitaine n'avait pas prononcé un discours aussi funeste en réponse.

Oui nous sommes des foutus pions! Oui, la belle et intrépide Capitaine n'était qu'une marionnette dans les mains de ce démon! Oui, si nous essayons de nous dérober à ses ordres, nous mourrons! Cette fois-ci, au-delà de la terreur provoquée par ce salaud, c'est la rage qui me reprend les entrailles, et me les étreint amèrement. Il faut faire quelque chose, ne pas se laisser faire! C'est à nous de trouver une solution pour sauver le maximum de vies possible. Rien que pour faire la nique à cet empaffé de maître de quête!

La Galoche, drapée dans son drap mité de suffisance, choisit son moment pour laisser suinter bruyamment son caractère collaborationnaire. Tu m'étonnes... Pour un péteux pareil, voir crever la moitié de son entourage ne doit pas grandement l'émouvoir! Et en plus, il veut démettre de ses fonctions la capitaine (bon, il n'a peut-être pas tort, elle aurait dû jouer franc jeu avec nous dès le départ...)! Sa réaction ne fait que décupler ma rage, et je me lève d'un coup. Je gonfle ma poitrine en prenant mon souffle, et me lance d'une voix que j'espère forte et déterminée:... Tiens et puis non. Je me tourne vers la Galoche alias Valor Fein, plante un regard suspicieux dans le sien, et demande d'une voix insidieuse:

" Tiens, c'est drôle que vous vous montriez si déterminé à réussir, tout d'un coup... Vous n'étiez pourtant pas là, quand l'énorme chaîne menaçait de nous exploser contre le quai... Je trouve votre ardeur à vouloir trouver le traître étrange. Auriez-vous peur qu'on vous suspecte? Auriez-vous dans l'idée de vous ériger en chef de l'Inquisition pour éviter qu'on vienne fouiner de votre côté? "

Et toc, prends-toi ça dans la galoche (que tu as fort joli, d'ailleurs.). Ah tiens, j'aurais aussi pu dire "Vous voulez mourir, Valor?". Hé hé.

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Dernière édition par Silmeï le Dim 12 Juil 2009 10:57, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 10 Juil 2009 11:29 
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Aëlwinn semblait plus que résignée et ne paraissait pas vouloir lutter contre l'être des ténèbres en question ! Toute cette mascarade commençait à être révoltante, comment osait-il nous poser un ultimatum ? Personne n'avait jamais tenté de me bloquer de cette manière, mes sentiments n'étaient pas le terrain sur lequel il fallait semer déception, colère et amertume ! Cette affreuse tête aux extensions de chair ne ferait pas long feu, pour qui se prenait-elle pour venir nous insulter dans nos plus profonds sommeils ? Mais, apparemment, notre Capitaine avait choisi de suivre cette être maléfique dans le but de retrouver la trace du trésor perdu. C'était donc cette chose qui nous avait conduits jusqu'ici sans nous demander notre avis ! Pensait-elle manipuler nos destins encore longtemps car il était clair que je ne me laisserais pas faire par cet être sorti tout droit des puanteurs du monde ! Il était hors de question que je prenne ce tas de détritus au sérieux, il ne pouvait disposer de la force nécessaire pour tous nous faire flancher comme de vulgaires brindilles ! Non, je n'acceptais pas ce qui était en train de se passer, la tournure que prenaient les événements ne me plaisait pas du tout et je comptais bien me mettre en travers du chemin de ce monstre !
«Capitaine, si vous pensez que je me laisserai tuer par cet être bestial vous vous méprenez, la seule vue de son visage en rêve me force à le faire s'agenouiller devant la grandeur des elfes ! Je pense qu'il s'est trompé de Navire ! Préparons une stratégie digne de notre peuple afin de le renvoyer dans les abîmes du monde...»

Mon petit discours fut interrompu par le blanc-bec au cœur de pierre... Alors lui, il était clair que je n'allais pas le rater, comment osait-il prononcer ces mots cousus d'atrocité perverse ? Où l'avais-je laisser croire que je le suivrais dans son entreprise de tous nous exterminer comme si nous étions de simples moustiques envahissants ? Ce sombre Crétin allait tomber de haut... de très haut et peut-être même que dans quelques instants, il ferait un vol plané par dessus la rambarde ! Par tous les Dieux, cet émissaire inutile se permettait même d'insulter Aëlwinn au noble sang ! Mais, que faisaient Eleth et Maelan ? Ces deux-là n'étaient pas les plus dégourdis de la création et ne savaient apparemment pas se mettre en rogne quand il le fallait... Seul Ergoth se mit à caresser sa masse... Cependant, donner un coup à cette saleté ne semblait pas être à l'ordre du jour... Néanmoins, dans une réplique incisive et acide, les mots enchantés par la magie du petit Silmeï s'abattirent sur Valor ! Ah ! Enfin, quelqu'un qui ne se souciait pas de la haute lignée de certaines personnes qui se trouvaient sur ce bateau ! Mais, dans un élan de colère charnelle, je ne pus retenir la violence qui apparut en moi et me levai, donnant grand coup de pied dans la chaise qui me soutenait précédemment ! Santias partit en courant se réfugier près de mon sac que j'avais laissé à côté de la rambarde... Je n'avais plus rien de réel, seule la violence motivait mon esprit, le soucis de sauver des vies était bien plus important que tout ce qui pouvait se passer autour de nous et si cela devait me coûter la mienne, hé bien je n'hésiterais pas une seconde !
«Écoutez-moi bien sale petit insecte peureux ! Peut-être que Aëlwinn est bloquée par les quelques chaînes qui portent le nom de «lois» et qu'elle refuse de vous répondre, mais sachez bien une chose, les seules règles auxquelles je me plie, je les instaure moi-même ! Ah oui ! J'oubliais, si l'envie vous prend de relever notre chère Capitaine de ses fonctions pour récupérer la barre faites-le, mais je doute sincèrement que quelqu'un vous écoutera, vos ordres ne sont que du vent, un vent à l'odeur de corps en putréfaction. Si vous ne voulez pas que ça soit le vôtre qui empeste à des lieux à la ronde, je vous conseille une bonne fois pour toute de vous taire car jamais je ne vous laisserai passer un autre manquement au respect de la vie ! Et puis, n'oubliez pas qu'un traître et parmi nous et comme l'a si bien fait remarquer Silmeï, vous êtes en train de vous condamner tout seul, vous êtes vraiment l'être le plus stupide que j'ai jamais vu, mais d'un autre côté cela ne m'étonne guère, ce genre de paroles ne peut venir que d'une personne aux poches et au gosier bien remplis !»

Je partis récupérer ma chaise qui avait glissé sur le pont du navire et la remis à sa place... Pourtant, il était clair que je n'avais pas envie de me rasseoir, si jamais ce Valor ouvrait la bouche ne serait-ce que pour bailler, je serais obligé de le remettre sur le droit chemin !

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Maître musicien pour vous servir...


Dernière édition par Dôraliës le Mar 14 Juil 2009 14:34, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 10 Juil 2009 18:42 
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Gloups, à peine ai-je fini de divulguer ma harangue, ou plutôt mon semblant de harangue sans doute, que tous les yeux elfiques se mettent à converger dans ma direction, faisant ainsi peser au bas mot un millénaire d’existences diverses sur mon insignifiante personne d’à peine dix-huit ans. Un moment, je me demande si je ne vais pas me faire méchamment rabrouer ou si la compagnie ne va pas tout simplement choisir de ne pas prêter attention à ce que je peux avoir à dire, mais, à mon grand soulagement, il s’avère rapidement qu’en tout cas, la plus haute sommité du bord ne voit pas que du vent dans les paroles de cet adorateur de la déesse qui en est pourtant la sublimation. D’abord étonnée d’être sortie de ses soucis par quelque chose d’aussi terre à terre que les préoccupations de la panse, ma tape verbale sur l’épaule semble dans un second temps la sortir de la stupeur dans laquelle elle était plongée, son visage ne tardant par bonheur pas à reprendre un peu de poil de la bête en s’ornant d’un infime mais bien présent sourire que je lui rends au centuple en signe d’encouragement.
Maintenant que la maîtresse à bord se reprend un peu, j’ose espérer que le reste de l’équipage suivra et que je n’aurai ainsi plus besoin de me mettre en avant, mais c’est tout de même sans trop me fier à cet espoir que j’attends avec une mise la plus placide possible que les marins aient fini d’installer l’ameublement du petit-déjeuner, ce qu’ils font avec une rapidité et une habileté que n’aurait sans doute pas renié le serviteur Oranien le plus zélé à la tâche. Pendant ce temps, Silmeï, toujours étendu sur ma paume maintenue à l’horizontale, commence à émerger de son sommeil qui a dû être aussi agité que le mien, l’air hagard, comme s’il était plongé dans la contemplation de quelque chose de complètement étranger et inaccessible au commun des mortels. Voilà qui est préoccupant, mais bon, étant donné qu’il est préférable de ne pas le secouer à hue et à dia à peine sorti des limbes du repos, je juge préférable de le laisser en paix pour le moment et de prendre place au sien de l’assemblée que j’espère raisonnable et avisée.

Malheureusement, il me paraît s’avérer bien vite que, loin d’avoir maintenu les tensions à l’écart par l’effet d’une chape de bon sens, notre réunion n’a fait que les catalyser, la preuve en est de la fougue dont la maître musicien du bord fait montre alors qu’il se met à vitupérer sans retenue contre le déroulement des choses. Mauvaise stratégie hélas, car si la teneur de ses paroles respire l’honnêteté et les bons sentiments, il s’y prend très mal pour les divulguer, son phrasé ayant plus de chances de mettre en colère les autres attablés que de les convaincre que nous devons œuvrer de concert de manière à ne pas céder devant l’adversité. De mon côté, je fais de mon mieux pour ne pas me laisser emporter par la nervosité ambiante, me contentant de me mordre la lèvre pour évacuer le stress qui n’a cessé de m’envahir avec une intensité croissante depuis mon réveil.
Toutefois, l’assurance dont je tâche de faire montre est sérieusement ébranlée par les révélations que nous assène soudain sans prévenir Aëlwinn : même s’il n’était effectivement que temps qu’elle passe aux aveux, et que ce qu’elle dit ne respire pas tant que ça la folie et l’invraisemblance, j’ai bien du mal à avaler ce qu’elle nous divulgue, les informations fournies menaçant fort de me rester en travers de la gorge. De fait, durant les premières secondes qui suivent son aveu, c’est un soupçon d’énervement et de déception qui pointe en moi et dans mes yeux que je darde un instant en direction de notre Capitaine, mais celui-ci s’envole dès que j’ai rencontré son regard qui aurait sans doute suffi à mettre au pas le butor le plus hargneux : quelle tristesse, quel poids, quelles complications peuvent se lire dans les prunelles vertes ! Rien qu’à voir ça, je peux avoir une idée du fardeau que supporter de telles épreuves a dû être pour elle, et vraiment, je me sentirais à ce point un salaud de lui en vouloir que je ne peux par conséquent qu’acquiescer sombrement avec commisération envers l’altière dame elfique en ce moment bien éprouvée.

Hélas, un triste sire parmi nous semble bien être pire encore que le butor le plus hargneux en la présence du plus dédaigneux et orgueilleux d’entre nous qui n’a jusqu’ici pas manqué d’ouvrir son vide-merde pour déverser ses amabilités, et ne se prive pour l’occasion pas de laisser échapper son lot de reproches envers la pyromancienne qui n’a pourtant jusqu’ici que fait de son mieux pour que le voyage se passe dans les meilleures conditions possibles. Rien qu’à l’entendre, et malgré le côté comique de l’expression « mener en bateau », je me sentirais bien l’envie de le passer par le fil de l’épée ou simplement de le gratifier d’une bonne bastonnade au bâton, et à voir l’expression que revêtent Silmeï qui s’est redressé ou Dôraliës manifestement toujours empli de fiel, je sais que mes sentiments sont partagés.
Et pourtant, dès que l’aldryde éclate, loin de le suivre dans sa manifestation de colère, je me prends à désapprouver de pareils égarements de sa part, non pas de la façon dont on pourrait tancer un enfant qui se conduit mal, mais de celle dont on pourrait faire le reproche de son ire à quelqu’un tout en n'éprouvant que compassion à son égard. Comme cela se produit souvent lorsque l’on voit chez les autres à quoi on peut ressembler par certains côtés déplaisants, l’ardeur et la vénénosité du petit être ailé m’aident à revenir au calme et à adopter une attitude plus mesurée. Oui, rien ne sert de se laisser aller à lancer les foudres de l’emportement tel Valyus en furie ; il suffit d’attendre que le gros de l’orage soit passé pour intervenir et faire en sorte que chacun puisse se rendre compte de ce à quoi il se laisse aller.

Ainsi, par contraste avec le tumulte de la « discussion » où diatribes, accusations et diffamations diverses s’ensuivent, je me contente de satisfaire mon appétit toujours aussi vivace en me versant dans une tasse finement ciselée le contenu d’une bouilloire de belle taille qui s’avère être un breuvage de couleur brunâtre aux fortes senteurs forestières dont l’odeur m’aide à me renfermer dans une sorte de bulle de tranquillité alors que les coups bas verbaux volent. Après une petite gorgée rassérénante de cette tisane aux âromes jusqu’ici inconnus à mon palet mais ma foi fort plaisants, je m’empare ensuite d’une sorte de gaufre dont une assiette offre une confortable pile élégamment présentée, et prends une bonne bouchée de cette pâtisserie elfique au goût à la fois suave, apaisant et revigorant : un vrai délice pour un affamé comme moi, et je n’arrive pas à comprendre comment tous les autres peuvent arriver à se soucier de leurs différends plutôt que d’aussi délicieux mets.
C’est donc jambes croisées, le visage serein que j’accueille le discours lapidaire du maître musicien qui nous chante un air bien différent des apaisantes mélodies dont il nous avait gratifiées jusqu’ici, se faisant un condamnateur frondeur à l’égard de la grande perche blanche qui, certes, mérite certainement un tel traitement, mais prendra de toute évidence très mal de pareilles accusations, ce qui ne va faire qu’empirer l’ambiance déjà des plus déplaisante. Même lorsque le fracas de la chaise renversée a retenti, j’ai sursauté, certes, manquant de lâcher le récipient que je tiens à la main, mais une gorgée du breuvage végétal plus tard, un calme certes relatif mais bien présent est revenu dans mon esprit, ce qui me permet de faire face au tohu-bohu environnant avec une attitude que l’on pourrait à bon droit nommer sérénité si on la comparait avec celle de mes compagnons pris de folie… c’est à se demander si le vil faquin qui nous trouble l’âme n’irait pas jusqu’à manipuler nos émotions de manière à semer le trouble et la discorde parmi nous alors que le moment est justement venu d’être unis.

Mais puisque Dôraliës a fini de déverser sa hargne à la figure du pâle type qui en prend décidément plein la tronche pour ainsi dire, il me semble bien que le moment est venu de faire sonner la cloche de la raison au milieu d’un tel bourdonnement d’insanités variées. Après avoir avalé la dernière bouchée de mon gâteau décidément savoureux accompagnée d’une petite gorgée de liquide bien chaud, c’est avec une certaine assurance issue de l’absorption de ces nourritures terrestres que je me mets à tousser suffisamment fort pour attirer l’attention de l’attablée sans quitter des yeux ma tasse posée devant moi dont je suis pensivement les contours du doigt :

« Qui qu’il soit, notre « commanditaire cruel » doit être ravi que nous nous entredéchirions ainsi. »

C’est avec une sorte de demi-sourire avisé que j’ai parlé, mes dernières paroles de même que mon expression se ponctuant toutefois de quelque chose de dur et de catégorique alors que j’observe une petite seconde ou deux de pause le temps pour mes mots de faire leur effet avant de reprendre :

« C’est unis, et non opposés que nous vaincrons. Ensemble et non les uns contre les autres. »

Et en parlant d’être ensemble, il est manifeste qu’il y a deux absents au débat, et pourtant, ils sont loin d’être les plus insignifiants physiquement ! D’une part, il y a Ergoth, le géant à la carrure qui l’apparente davantage à une sorte de statue vantant les mérites de la force qu’à un elfe ; et d’autre part, il y a Gleol, le torkin au gabarit certes petit mais à la hache démesurée et à la grande gueule. Je ne sais pas si ces deux-là pourront apporter un bon grain à moudre à la discussion, mais il ne m’apparaît en tout cas pas juste de les en laisser à l’écart : qu’on le veuille ou non, ils font partie du groupe que nous constituons, aussi ont-ils autant droit à la parole que n’importe lequel d’entre nous ici présent.
Dans le but de les convier à l’assemblée, je me tourne dans leur direction, mais avant que je prenne la parole, j’observe un petit temps d’arrêt, interloqué par ce qui se présente à mes yeux. Tout d’abord, le massif humanoïde, au lieu de l’indifférence inébranlable dont il a fait jusqu’ici montre, même lorsqu’il s’agissait de rattraper un archer Oranien en plein vol plané, se laisse à ce qu’on dirait aller à une manifestation d’énervement, certes légère, mais bien discernable quand il serre plus étroitement son arme qui s’avère être une massue d’apparence suffisamment redoutable pour enfoncer la tête de quelqu’un entre ses épaules et la faire ressortir par le fondement. Ça peut paraître insignifiant, mais mazette, il a réagi à quelque chose sans qu’Aëwlinn lui en ait donné l’ordre ! Cela voudrait-il dire qu’il y ait des chances pour qu’il se décide enfin à ouvrir la bouche pour faire autre chose que respirer ? N’allons pas trop loin dans nos espoirs, mais j’avoue que je serais bien curieux d’entendre ce que quelqu’un de son tempérament peut bien avoir à dire, surtout dans une situation de crise comme celle-ci.

Du côté de Gleol, la situation est un chouïa plus préoccupante : le nain n’a pas quitté la position qu’il avait adoptée par la force des choses au moment où l’irrésistible chape de somnolence s’est abattue sur nous, et pourtant, ses mouvements faciaux indiquent sans possibilité de se méprendre que le sommeil l’a quitté. Qu’est-ce qui peut bien lui arriver à notre ami pourtant si indestructible ? La lourde carapace dont il est recouvert l’empêcherait-il donc d’adopter la station bipède qui convient si bien à un membre de sa race ? Pourtant il n’a eu aucun mal à se redresser quand il s’est agi de défoncer le thorax de l’elfe sylvain et d’envoyer balader Silmeï la nuit dernière… voilà qui est bien curieux ! Enfin bon, nous verrons bien ce qu’il en sera : quoi qu’il en soit, j’avais prévu de héler, alors hélons sans tarder avant que de se mettre à rester bêtement contorsionné à gober les mouches !

« Ergoth ! Gleol ! Pourquoi ne vous joignez-vous pas à nous ? »

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 11 Juil 2009 11:12 
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Le climat serein du navire elfe est en effet aigrement mis à mal par les suspicions et paroles de certains. Le Sieur Fein en prend pour son grade, dans les discours enflammés du musicien et de l’aldryde. L’elfe blanc jette des regards assassins à ses deux détracteurs, mais n’en abandonne pas moins son air empli de suffisance et de mépris.
L’intervention de Léonid ramène, fort heureusement, un peu de paix sur le pont en proie à une véritable joute verbale agressive et dénonciatrice. Dans cette pagaille orale, c’est Aëlwinn qui trouve alors la force d’intervenir à nouveau :

« Elfes, aldryde, écoutez donc la parole de ce jeune humain. Le but de cet être sombre est sans nul doute d’installer ici-même la zizanie accordée au chaos de Thimoros comme une arme de son culte. Ne nous laissons pas abattre par la haine et la suspicion… Sire Fein, si nous sommes ici émissaires des mêmes instances, vous n’avez pas plus de droit que quiconque sur ce navire qui est mien, et vos pouvoirs de me reléguer de mes fonctions ne peuvent prendre part qu’une fois que nous aurons mis le pied à terre. En attendant, je suis la meneuse de ce navire, et moi et mon équipage assurons toutes les décisions du point de vue maritime. Pour cette histoire inquiétante de message apporté par songe, je ne peux que me rendre votre égale… Il nous faut trouver une solution. Sire Archevent, Ergoth serait sans doute ravi de se prêter à la discussion, si sa langue n’avait pas été tranchée lors d’événements que je ne relaterai pas ici. Soyez cependant certain que sa fidélité à mon égard a presque noué nos consciences, et mes décisions sont aussi les siennes… »

Pour toute réponse, le colosse opine sèchement du chef, tout en restant dans son immobilité staturale légendaire. Gleol, lui, se relève soudain, comme si l’évocation de son nom l’avait tiré entièrement de son demi-sommeil. Il ne semble pas habité par la paix interne inhérente au discours d’Aëlwinn, bien au contraire. C’est avec hargne et violence qu’il vitupère :

« Et à quoi ça m’servirait d’prêcher avec vous vos conneries ? Moi j’garde mes forces pour le moment où vous aurez décidé que l’intrus à bord, ben c’est moi. Sachez juste, résidus de larves forestières, que Gleol Mirr’Brathass ne se laissera pas faire ! J’vous vois venir, avec vos histoires de traître ! »

Maelan intervient alors, dardant d’un regard sombre le nain éveillé.

« Peut-être aurions-nous raison… »

Mais Eleth intervient alors, tempérant au possible la situation qui s’envenime à nouveau.

« Allons, calmez-vous donc. Nous n’arriverons à rien avec de tels discours. Au lieu de se préoccuper de l’existence hypothétique d’un traître à bord, trouvons d’abord un moyen de préserver de la mort cet équipage ! »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 12 Juil 2009 05:41 
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Comme il sera facile de s’en douter, j’ai beau me montrer tout sucre tout miel et faire preuve d’une attitude aussi tranquille que si aucun détail de la situation ne m’échappait, tout cela n’est qu’une contenance que je me donne de manière à être le plus possible comme un point d’ancrage pour la stabilité relationnelle des différents membres de l’expédition du Vaisseau-Lune, et si je venais à être exposé à une pression trop forte pour mon esprit inexpérimenté, il ne fait aucun doute que j’aurais bien du mal à m’empêcher de sortir de mes gonds de manière fort disgracieuse comme trop d’entre nous s’y sont déjà laissés aller. C’est le cœur battant de crainte que je me retourne, et j’ai du mal à ne pas soupirer de soulagement en voyant que tout le monde n’a pas braqué son regard sur moi avec des poignards dans les yeux. De manière à sauvegarder les apparences, je prends une autre gaufre parmi la pile que j’entame avec un appétit non feint, croquant dans la pâte à la fois croustillante et fondante comme si tout ce qui nous arrivait n’était que le pain quotidien pour moi.
En espérant que ce ne soit pas qu’un effet de mon imagination optimiste, je peux remarquer que l’ambiance explosive a décru d’un ton, mais je sais que je ne dois pas me reposer sur mes lauriers pour autant. Ce que j’ai fait là n’a été qu’aplanir notre terrain de discussions de manière à ce qu’il soit le plus confortable et amène possible, et il reste encore à prendre le taureau du problème par les cornes pour avancer dans la résolution de nos soucis de taille.

Cette courageuse initiative, c’est encore une fois Aëlwinn qui a le cran de la prendre, mais l’expression que je lis sur son visage n’est pas sans me faire pincer les lèvres d’inquiétude : la dame elfique se montre toujours aussi vaillante et battante, le tout sans se départir de sa bienveillante fermeté habituelle, mais ses prunelles trop mobiles pour être celles d’un esprit calme et sa respiration anormalement hachée démontrent que sa résolution commence déjà à flancher sous le poids des responsabilités qui l’accablent impitoyablement depuis les prémices de cette quête qui prend des allures de cauchemar éveillé. Oui, la Capitaine a beau avoir sans l’ombre d’un doute l’habitude de mener des hommes ainsi que l’expérience et les compétences nécessaires pour cela, elle reste un être vivant comme n’importe lequel d’entre nous, avec ses faiblesses et ses limites ; et elle ne pourra pas parvenir à se sortir seule du guêpier dans lequel elle s’est bien malgré elle fourrée… d’où la nécessité que nous présentions un front commun face à la menace.
Tandis que la pyromancienne d’élite commence son discours en me présentant comme l’égide inspiratrice de notre équipée, je fais de mon mieux pour prendre une nouvelle gorgée de tisane avec détachement, mais je ne peux cependant empêcher une roseur de timidité de s’installer sur mes joues, et c’est sans regret que je laisse les propos de l’elfe porter sur d’autres que moi. En tout cas, la voilà qui remet les pendules à l’heure en faisant bien comprendre au sire Fein que ce n’est pas lui qui va nous dire sur quel pied danser, pas plus que quiconque d’autre à bord, ce qui n’est pas pour me déplaire : pourvu que les autres veuillent bien aller dans ce sens, cette assemblée pourra enfin prendre un tour plus constructif au lieu de n’être qu’un lavage de linge sale en famille fait d’impitoyables et mesquins tirs dans les pattes.

Quand elle en vient à la question du colosse à la masse qui n’a toujours pas pipé mot en expliquant justement la raison d’un tel silence, c’est avec une surprise que j’estime légitime que mes yeux s’agrandissent de stupeur et que j’avale un peu de travers alors qu’une grimace se forme irrésistiblement sur mon visage à la pensée de la douleur que doit causer une pareille ablation et des tourments que l’on doit ressentir à être ainsi incapable de former des phonèmes cohérents. Voilà qui est peut-être dénué de réelle pertinence pour l’affaire en cours, mais qui ne manque pour autant pas de m’intriguer ; rapport à l’origine et aux raisons de cette amputation. D’après ce que je sais par le biais d’histoires, légendes et contes divers, seuls les parjures, les traîtres et les infidèles passeraient par les affres d’une opération de ce genre… cela voudrait-il dire qu’Ergoth se serait rendu coupable de l’un de ces manquements ?
Impossible de le savoir, et de toute façon, telle n’est pas la question pour le moment. D’ailleurs, qui qu’il ait pu être, il restera quoi qu’il en soit la personne qui m’a soutenu pendant que j’étais allé barboter dans les eaux portuaires, et je ne vois pour cette raison ainsi que bien d’autres pas pourquoi il ne serait pas digne de ma confiance et de mon estime, aussi c’est avec une moue teintée de contrition confuse que je me tourne en direction du géant elfique pour hocher la tête d’un air entendu, remarquant au passage qu’il imite mon geste, sortant ainsi une fois de plus de son immobilité de pierre. Cela voudrait-il dire qu’il m’aurait répondu, se montrant ainsi diablement réactif à mon égard par rapport à l’attitude qu’il avait choisi d’adopter jusqu’ici ? C’est possible, mais pour la troisième et la dernière fois, telles préoccupations n’ont que peu lieu d’être, aussi mieux vaut-il que je choisisse d’en rester sagement là !

De toute façon, pour ce qui est d’attirer l’attention, le petit être trapu a vite fait de voler la vedette au grand être puissamment bâti, le torkin se redressant d’une traite pour nous faire face, les yeux luisants de colère, la barbe frémissante d’indignation et la posture teintée d’une méfiance logique. En effet, il est pour ainsi dire le mouton noir du blanc troupeau, et c’est bien légitimement qu’il nous jette la pierre d’être tentés de l’accuser et de le jeter en pâture à notre ennemi invisible et implacable pour nous laver les mains du pétrin dans lequel nous sommes plongés. Évidemment, il le fait avec son éloquence et sa finesse habituelle, aussi c’est sans surprise que je vois que ses éructations soulèvent d’autres crachats de venin parmi l’attablée, le cracheur en question s’avérant être l’archer qui ne se prive pas de persifler à l’égard de Gleol qui n’avait pourtant rien demandé à personne avant de se retrouver précipité parmi nous.
De manière à ne pas jeter de l’huile sur le feu, je fais de mon mieux pour ne pas relever la désagréable intervention du personnage aux yeux bleus et à la langue décidément trop souvent médisante, me contentant de prendre une grosse bouchée de nourriture pour évacuer mon agacement en d’amples mouvement maxillaires. Mais alors que je réfléchis à un moyen de lui faire comprendre le plus gentiment possible qu’il peut garder pour lui des initiatives pareilles, le forestier à la rapière prend sur ses épaules la responsabilité de pareilles remontrances. Faisant à mon grand soulagement à nouveau preuve d’allant et de sympathie diplomatique, le sylvain choisit de ne pas tancer son équipier trop ouvertement et de réorienter la conversation vers un sujet moins propice à la polémique et au cassage de sucre sur le dos, moment que je choisis pour reprendre part au débat après avoir expédié le contenu de ma tasse ainsi que ma gaufre, mon appétit s’en trouvant ainsi confortablement satisfait. C’est qu’on ne dirait pas à voir l’apparence frugale des mets que je viens d’ingurgiter, mais ces pâtisseries doivent être bourrées de nutriments pour avoir ainsi rassasié mon estomac par des quantités aussi réduites.

Mais revenons à nos moutons : c’est que pendant que tout le monde s’écharpait joyeusement, j’ai eu tout le loisir de réfléchir à notre dilemme, et il me semble avoir trouvé un moyen avisé de le contourner en nous jouant des directives de l’entité au visage infernal pour épargner tout le monde à bord. C’est peut-être une idée complètement stupide, mais à mon sens, elle ne manque pas d’astuce, aussi, ne serait-ce que parce que nous n’en avons aucune autre en réserve pour le moment, il ne me paraît pas idiot de la soumettre à l’appréciation de mes compagnons :

« J’ai une idée. » Interviens-je donc à haute et intelligible voix, m’assurant d’avoir l’oreille des autres avant que de poursuivre sur ma lancée. « Le Machin nous a dit de couler notre vaisseau, mais ça ne veut pas dire que nous devons spécifiquement saborder le Vaisseau-Lune. » Ayant apporté cette possibilité à l’attention des autres, je me rapproche un peu plus de la table, y ancrant mes coudes, avançant un peu le rostre en même temps que je le redresse, ma voix s’affermissant pour exposer le fruit de mes réflexions. « Voici mon plan : huit d’entre nous, munis des masques, prendront place dans un canot que nous coulerons pour satisfaire aux directives du Machin. La personne restante, n’importe laquelle, celle qui voudra, restera à bord du navire, et fera demi-tour pour rentrer en sûreté à Kendra Kâr avec l’équipage. » Ma péroraison finie, je me laisse aller contre le dossier de la chaise, quelque peu angoissé à l’idée d’essuyer le feu des critiques, m’efforçant toutefois de ne rien perdre de l’assurance amène dont je me suis efforcé de faire montre jusqu’ici, concluant par un rituel : « Qu’en pensez-vous ? »

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 12 Juil 2009 12:22 
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C'est avec une puérile satisfaction que je vois la Galoche s'offusquer d'être ainsi secoué par mes petites questions -restées sans réponses d'ailleurs...-, et par la furieuse diatribe de Dôraliës, que je découvre sous un nouveau jour; mais c'est sans surprise que l'elfe blanc s'enferme dans un silence drapé de suffisance. Cependant je passe bien vite à la confusion et à la honte lorsque Léonid intervient d'une voix posée pour nous faire remarquer que de telles dissensions doivent enchanter notre sadique bourreau. Je pique un léger fard et baisse les yeux quelques instants. C'est vrai, je l'avoue, je me suis laissé emporté dans un élan de colère. Mais ce fichu elfe est tellement horripilant! Je fais taire d'un grognement contrarié ma Faera qui me fait remarquer, moqueuse, que ce n'est pas une bonne raison.

Allons bon Silmeï, reprends-toi un peu! Tu ne vas pas être bougon en plus d'être agressif! On va te prendre pour le Teigneux après... Tiens, en parlant de lui, Léonid prend une nouvelle fois l'initiative en invitant ce dernier à participer aux débats, ainsi qu'Ergoth. Une fois encore, cet humain est la sagesse et la modération incarnée.

Pour ma part, mon attention est détournée quelques instants par les tonitruantes protestations de mon estomac, qui ne s'étaient pas faites entendre depuis quelques temps. Ce bruit incongru me ramène immédiatement dans la forêt de Cuilnen, lorsque je chassais le buisson, et lors des joyeux festins en compagnie de Kiana... Kiana, nom d'une Akrilla, je me suis juré de la revoir. Et je la reverrai. Pendant que la houleuse conversation s'intensifiait, les marins avaient apporté divers mets sur la longue table, complètement inconnus de mon système digestif. Mais étant un Aldryde très ouvert, et très porté sur la découverte, je m'érige derechef en courageux gourmet en quête de nouvelles saveurs, et avance d'un pas conquérant sur la table. Encore conscient d'être entouré d'une foule d'inconnus, je me contrôle pour éviter d'engloutir tout ce qui passe à ma portée, et jetant un coup d'oeil dans l'assiette de mon compère humain, je décide de goûter la même chose que lui, c'est-à-dire une sorte de grand rectangle de couleur jaune, percé de trous rectangulaires eux aussi. Je me charge donc du lourd fardeau qu'est cette petite gâterie encore toute chaude et au fumet appétissant, que je place dans mon assiette. J'en fais le tour, et avec un petit soupir de satisfaction, je m'assoie en tailleur, et arrache un petit bout de la pâtisserie que j'enfourne enfin dans mon gosier affamé. Mhhh, concert de délices doucereux qui se déroule entre mes dents!

La bouche pleine à exploser, j'écoute Aëlwinn, la courageuse capitaine, réaffirme son autorité sur ce fichu Vaisseau-Lune, rabattant elle aussi le caquet de Fein, même si dans son regard, il reste un sombre reflet d'incertitude. Et comment ne pas la comprendre! Nous sommes dans une situation apparemment inextricable...
(Justement l'Aldryde, maintenant que ton estomac est contenté, fais attention un peu à ce qui se dit!)
(Oui, chef!)

Je décide en effet de profiter de l'effet apaisant d'un bon repas pour démêler mes nerfs roulés en boule par cette fichue situation, et me calmer. Il n'a servi à rien de s'énerver, de toutes façons, et mieux vaut réfléchir ensemble désormais pour trouver la solution à notre problème. Enfin... Pour présenter le "front uni" préconisé par Léonid, encore faudrait-il que le nain dépasse sa méfiance envers les elfes, et se joigne à la conversation comme un aventurier du Vaisseau à part entière, ce qu'il est après tout!

Décidant que montrer un peu de sympathie envers celui avec qui j'ai eu un mauvais départ serait un bon exercice de diplomatie, je m'adresse à lui d'une voix forte que j'espère rassurante:

" Maître Gleol, désormais vous faîtes partie de cette équipage. Et un équipage est uni. Comme le propose Eleth, concentrons-nous sur une tâche plus noble que de chercher un traître fantôme, et trouvons comment sauver des vies. Joignez-vous à nous. "

Hum... Un bon début de diplomatie, je trouve. Reste à savoir si le Torkin acceptera ou non, cependant je suis sûr qu'il ne manque pas d'ingéniosité, cachée derrière des manières de rustre, et qu'il fera le bon choix.

Puis Léonid prend à nouveau la parole devant la tablée qui est de plus de plus attentive à chacun de ses mots, reconnaissant leur valeur et leur sagesse. Je constate d'ailleurs légèrement amusé que le jeune homme semble gêné devant tant d'attention et d'écoute. Il verra, il s'habituera vite à être exceptionnel. Parole d'être exceptionnel. Je prête une attention soutenue à l'exposé de son idée, qui pourrait peut-être berner notre commanditaire démoniaque. Cependant, je dis bien "peut-être". Car si sa ruse me semble bien pensée, j'ai le pressentiment qu'un tel stratagème risque d'attirer le courroux du Visage, et de précipiter notre mort plus ou moins brutale et douloureuse. Aussi lorsque l'humain nous invite à exprimer notre opinion, je prends la parole:

" C'est une idée ingénieuse, et je pense qu'elle pourrait fonctionner." Je baisse d'un ton pour la suite: "Cependant, j'émets des doutes sur la "sécurité" du retour pour les passagers du Vaisseau-Lune. J'ai bien peur que notre cher ami commanditaire ne les laisse pas s'en tirer à si bon compte... " Je hoche la tête, puis reprends, avec un sourire forcé: " Mais après tout, peut-être qu'il est bon joueur! "

Je me tourne ensuite vers Aëlwinn, lui posant la question qui me trotte dans la tête depuis quelques minutes déjà:

" Dîtes-moi Capitaine, savez-vous comment fonctionnent ces masques? Vous avez dit tout à l'heure que notre prochaine destination était les profondeurs. Vont-ils nous permettre de respirer sous l'eau? "

Je déglutis en attendant la réponse: rien que de songer à plonger dans cette immensité bleutée qu'est l'océan, j'ai le vertige!

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 15 Juil 2009 11:17 
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Les paroles fusaient autour de moi, mais, cela ne m'apaisait en rien étant donné les mots de cet abruti de Valor qui m'avaient mis dans une rage incontrôlable. Je ne comptais pas en rester là avec ce résidu de l'humanité, son intelligence restreinte ne me donnait guère envie de courir à son secours. Pour l'instant, une seule idée volait dans mes pensées : ligoter ce blanc-bec à l'avant du Vaisseau-Lune pour le faire goûter aux délices de la terreur. Ce misérable se savait à l'abri à cause de son haut rang, cependant, ce statut n'avait aucune réalité à mes yeux, sa simple allusion à la Reine ne me faisait ni chaud, ni froid. Néanmoins, cela n'était rien par rapport à la grossièreté lancée par ce jeune humain insouciant ! Comptait-il réellement que je m'associe à Valor ? Après qu'il ait dévoilé ostensiblement son sombre côté ? Tout ceci était écœurant et il me semblait bien que ces aventuriers ne se souciaient pas du danger que représentait cet être vil !
«Je préfère que l'on soit désuni plutôt que de me lier à cette chose sans cœur. Jamais, je dis bien jamais je ne ferais équipe avec une créature aussi bête.»

Puis, ce fut au tour de notre chère Capitaine de se mettre à parler pour tenter de nous rallier à une cause certainement perdue d'avance... Si cela l'amusait, elle pouvait toujours essayer, mais, dès que l'occasion se présenterait, je planterai un couteau dans le dos de cet Elfe à l'esprit étriqué. Pensait-il vraiment qu'un musicien ne pouvait pas faire preuve de violence ? Ma famille m'avait toujours enseigné de laisser parler mon cœur lorsque l'occasion se présenterait, même si je devais me mettre à dos une grande partie de mes amis. Cependant, pour l'instant ce n'était pas vraiment un gros problème étant donné que je n'avais aucune réelle connaissance sur ce Navire à part mon fidèle Santias en qui je faisais une confiance absolue. En attendant, Aëlwinn venait de clouer le bec à l'unique traître du bateau et le remit gentillement à la place qu'il méritait. Toutefois, j'aurais bien aimé un peu plus de violence dans ses phrases, ce genre de grosses claques l'aurait peut-être remis sur l'hypothétique droit chemin qui s'offrait à lui en cet instant... Mais, rien, aucune excuse, tout ce qui l'importait c'était notre destination et surtout le trésor que l'on pourrait trouver !

(Par tous les Dieux ! Cette histoire tourne vraiment au vinaigre...)

Et pour compléter la situation de carnage, l'humain se mit à inciter le Nain à nous rejoindre dans notre conversation... Il ne manquait plus que ça ! On n'avait jamais appris à cet humanoïde que les petites personnes et les elfes n'avaient strictement rien en commun ? Quel manque de savoir vivre ! Cependant, Gleol le hideux n'était peut-être pas aussi intelligent que le grand Peuple aux longues oreilles, mais, il eut la lueur d'esprit de décliner l'invitation... Enfin ! Au moins quelqu'un faisait preuve de réalisme, il était clair que ce Nain possédait une énorme pancarte collée sur le front sur laquelle il était noté : «Traître !!!». Pourtant, je ne pouvais pas ignorer les modalités de notre rencontre, il avait atterri sur le Vaisseau-Lune par inadvertance et à mes yeux cela le discréditait de toute trahison...
«Gleol, restez dans votre coin ! Mais, dans tous les cas, sachez que même si je vous hais, l'unique traître de ce bateau porte le nom de Valor Fein.»

Dans le feu de l'action Maelan révéla au groupe ses obscures pensées concernant le Nain... Pour lui, ce n'était qu'un être revêche qui tenterait de nous assassiner dès qu'il en aurait l'occasion... Cela n'était pas faux, mais pour le moment, nous devions faire avec, il était sur le navire à nos côtés et même si l'envie de l'étriper était intense, il ne nous avait pas encore attaqués... Puis, ce fut au tour de Léonid de nous faire part de son idée... Elle n'était pas si mal, pourtant quelque chose manquait selon moi : il n'y avait pas de canot... Enfin ! Après tout c'était une simple observation et je n'avais pas regardé le navire en long, en large et en travers, et puis, les elfes possédaient une ressource inégalée ! Selon moi, la meilleure défense restait encore l'attaque, pourquoi ne pas provoquer la créature onirique et l'affronter ? Cela aurait sans doute été plus efficace, mais bon, je doutais de nos compétences, elle s'était quand même immiscée dans nos rêves et cela n'était pas rien ! Enfin... en ce qui concernait la question de l'Humain, je préférai y répondre de manière plutôt indirecte :
«Belle stratégie si nous avons tout le matériel nécessaire... Tout ce que j'espère, c'est que l'équipage ne sera pas victime d'une pluie diluvienne lorsqu'elle rentrera sans nous...»

Nous étions en train de jouer avec le feu, rien ne montrait que le monstre ne se ferait pas un plaisir de couler lui-même le Vaisseau-lune dès que nous aurions le dos tourné. Non ! Pour l'instant, je devais faire tout mon possible pour ne pas penser au pire...

(Attendons de voir comment se goupille notre petite entreprise !)

Toutefois, l'intervention de Silmeï me rappela à l'ordre, toutes ces questions sur les masques ensorcelés me mirent presque en transe. Selon lui, peut-être que la magie enfermée à l'intérieur du coffre nous permettrait de nager dans les profondeurs de l'océan sans se noyer ! Cela était à la fois fou et génial ! Comment se faisait-il qu'aucun maître magicien n'ait déjà réalisé un tel objet ? Rien que l'un de ces masques était un trésor à mes yeux, je ne préférais pas imaginer la puissance de celui que nous étions censés trouver ! Ce devait être une arme fantastique destinée à anéantir les forces ennemis qui se seraient aventurées dans les bois de l'Anorfain ! Même si ce voyage avait quelques désagréments, je ne pouvais nier que notre but ultime était fort alléchant !

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 15 Juil 2009 20:42 
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Suite à l’énonciation du plan de Léonid, une chape de silence s’abat sur le pont, seulement troublée par l’aldryde et le musicien, dans des registres fort différents, l’un prônant l’union, et l’autre s’opposant à deux êtres à bord. Le nain, pour toute réaction, reste contre sa rambarde, sa lourde hache à la main, calme, mais prêt à en découdre… Une fois encore, c’est à Aëlwinn d’ouvrir la parole :

« Ce plan, Sire Archevent, est digne de la sagesse qui semble vous habiter, mais comporte quelques défaut, si je puis me permettre. Le visage terrible a demandé de couler notre vaisseau, et c’est donc le vaisseau-lune, et nul autre, qui devra couler… Il est fort à parier que nous devrons naviguer sous les flots, aussi saugrenue cette idée puisse paraître. Nous aurons donc besoin d’un bateau avec lequel nous puissions avancer plus vite qu’avec une barque… Quant aux canots, vous oubliez que nous sommes sur un navire elfe : nous n’en avons pas… mais ne paniquez pas, car nous avons mieux. Ce Vaisseau est équipé de sorte que l’on puisse aisément en construire une copie exacte. Mes marins ont suivi une formation pour copier à l’identique un second Vaisseau-Lune, si nous nous passons du rare confort de ce navire, cela va de soi… Les marins abandonnés pourraient ainsi rejoindre tout en sûreté les rives… Quant aux masques, Sire aldryde, j'ignore tout d'eux, mais ils ont certainement la fonction que vous leur prêtez... J'ai pourtant quelques appréhensions à porter un masque contenant très certainement de la magie d'ombre. »

Eleth semble enthousiasmé, tout comme Maelan, mais Valor intervient, opposant ferme à la capitaine.

« Cela ne se peut ! Le traître doit mourir, et il est clair que le seul semeur de zizanie ici, c’est ce musicien de pacotille. Vous qui arguez vouloir respecter les paroles du songe, tuez ce parjure insultant à sa patrie et à sa reine : car voyez-vous, ignorant Taurion, en m’insultant, c’est la Reine que vous insultez ! »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 18 Juil 2009 15:14 
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Je l'ai certainement déjà dit, mais ça ne sent pas bon, mais alors pas bon du tout. Tout d'abord Dôraliës, qui juste après mes paroles qui se veulent apaisantes, crache littéralement haine et fureur à la face de ses interlocuteurs, faisant preuve d'une agressivité troublante pour un elfe, maître musicien qui plus est. Fichu elfe, c'est bien la peine d'essayer de calmer les esprits quand une furie passe derrière vous pour raviver les rancoeurs de tous! Pire encore, il va jusqu'à clairement accuser Valor Fein de traîtrise, lui envoyant un punch oral direct dans sa galoche frémissante. Et ça, c'est loin, très loin de ma petite insinuation de tout à l'heure. Pour une personne censée être sensible et délicate, Dôraliës fait preuve d'une brutalité et d'une impétuosité proprement stupéfiantes... et navrantes à la fois, car à l'écoute de cette accusation, les yeux de l'elfe blanc sortent pratiquement de leurs orbites, tandis qu'on entend presque ses pensées outrées. Au risque de me répéter: ça ne sent vraiment pas bon. Et pourtant, Gleol et son haleine sont à l'autre bout du pont.

Pendant que l'elfe bleu parle, je continue de manger cette chose sucrée dont j'ignore encore le nom. Après tout, ce n'est pas une petite crise comme celle-ci qui va couper l'appétit d'un Aldryde!! Il faudra que je pense à demander le nom de ce mets divin à Léonid tiens. Et la recette.

Mais revenons à notre situation ô combien tendue et ô combien apparemment insoluble. Lorsque Aëlwinn commence à répondre à l'humain, je sens une chape glacée de désespoir s'abattre sur mes petites épaules: ainsi donc, il n'y aurait pas d'embarcation de secours?? Mais comment berner le Visage alors?! J'essaie de faire tourner à plein régime mon esprit à la recherche d'une quelconque idée, mais rien n'y fait: une abrutissante litanie ("On est foutus, on est foutus...") tourne en boucle dans mes fichues pensées, et je suis bien incapable d'avoir une brillante initiative. Puis la petite voix de ma Faera retentit dans mon esprit, chassant mes vilaines élucubrations:
(Sil', tu as écouté la fin du discours du Capitaine?)
(Pourquoi faire? Nous sommes perdus...) Bon d'accord, j'ai une légère inclination pour le mélodrame.
(Si tu avais écouté jusqu'au bout, tu aurais su qu'on va avoir encore mieux qu'une vulgaire barque!)
Je sursaute, et mes fesses cognent durement contre le bois de la table.
(Ah ??)
(Apparemment, ils ont assez de matos là-dessous pour construire une réplique du Vaisseau-Lune!! L'illusion n'en sera que plus élaborée!)
(Sans rire?! Mais c'est génial!)

Bon ben finalement, l'affliction n'est pas pour tout de suite. Il nous reste une porte de sortie. Le problème du navire et du sauvetage de l'équipage est réglé, grâce à la brillante idée de Léonid. Reste l'histoire de ce traître, qui échauffe tous les esprits...

(Aurore, que doit-on faire à ton avis?? Tu crois qu'on doit renoncer à chercher un éventuel traître?)m'enquiers-je auprès de ma géniale compagne.
(Mh... Je ne sais pas. Le problème, c'est que chacun d'entre vous peut être un traître. Ce serait une perte de temps, à mon humble avis...)
(Tu as raison. Après tout, on peut toujours trouver des arguments tordus pour accuser quelqu'un.)

Et justement en parlant d'arguments tordus, la Galoche choisit ce moment pour l'ouvrir, et cracher une accusation de traîtrise: et comme par hasard, le traître, selon lui, c'est Dôraliës! Mais quel foutoir! Ils commencent à sérieusement me rebattre les oreilles, ces crétins excités et boursouflés de suffisance. C'est pourquoi avant même que quelqu'un ne réagisse, je me relève brusquement, et mobilise toute la puissance de ma voix (priant pour ne pas couiner):

" ASSEZ. Fein, si Dôraliës vous insulte, c'est simplement parce vous êtes un insupportable crétin gonflé de pédance. Certainement pas parce que vous représentez la Reine des elfes. Et ne montez pas sur vos grands chevaux, vous avez le même statut d'aventurier que nous tous ici. "
Je reprends une longue respiration pour poursuivre:
" Je vous l'annonce clairement: selon moi, il est inutile de perdre du temps à chercher un traître parmi nous. Parce que le traître, c'est moi. En effet, je suis tellement petit que personne ne fait attention à moi, ce qui me permettrait de mieux frapper."
Bref silence. Je risque ma peau, quand même. La tension dramatique est à son comble. Brrrr.
" Parce que le traître, c'est Dôraliës. En effet, sa musique serait capable de nous berner tous. Parce que le traître, c'est Léonid. En effet, il est tellement sage et utile que personne ne le soupçonnerait. Parce que le traître, c'est Eleth. En effet, sa bienveillance pourrait cacher une hypocrisie calculatrice. Parce que le traître, c'est Maelan. En effet, sa discrétion pourrait mieux dissimuler sa traîtrise. Parce que le traître, c'est Gleol. En effet, il pourrait avoir déjà fait exploser son navire, et s'arranger pour atterrir ici. Parce que le traître, c'est Valor Fein. En effet, personne ne soupçonnerait un envoyé de la Reine en personne. "

A chaque nouvelle accusation, je me tourne vers le désigné, le fixant intensément. Finalement, je me retourne vers les deux irrités de la table, pour conclure:
" Dois-je continuer, ou vous avez compris? Chercher un traître reviendrait à nous planter nous-même un couteau dans la jambe. Je propose plutôt de nous concentrer sur la construction de la réplique du Vaisseau-Lune, si tout le monde est d'accord..."
Je toussote légèrement. J'ai parlé longtemps. Enfin, plus crié que parlé. Je me tourne enfin vers notre Capitaine, afin de lui répondre à propos des masques:

" Je comprends, je n'ai guère envie de côtoyer des fluides sombres non plus. Les avez-vous examinés? Peut-être cachent-ils un mauvais tour de notre cher commanditaire... "

Cette journée est à peine commencée, et je suis déjà las. Ca promet.

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Dernière édition par Silmeï le Sam 18 Juil 2009 19:50, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 3: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 18 Juil 2009 17:19 
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Commençant à laisser les mauvais souvenirs de la dispute avec le Blanc-bec, je sentais couler dans mes veines la douce étreinte de la relaxation. D'ailleurs, Aëlwinn nous expliqua calmement comment nous pourrions hypothétiquement mettre en œuvre le plan ingénieux de l'Humain. Comme je l'avais bien vu, il n'y avait aucun canot de sauvetage sur le Vaisseau-Lune ce qui n'était pas très fin de leur part... Et si jamais le bateau heurtait un énorme rocher ? La seule option qui nous restait était la mort ? Quand même je ne pouvais m'y résoudre ! Les Elfes étaient quand même plus intelligents que ça, ils devaient bien avoir un plan de secours...

(Enfin... Espérons-le !)

La Capitaine continua sur sa lancée, exposant toutes les nombreuses ressources que possédait le Vaisseau pour combler le petit oubli des canots... Apparemment, les membres de l'équipage étaient entraînés pour reproduire le Navire assez rapidement... Nous n'avions donc pas de temps à perdre ! Il fallait se mettre au travail sur le champ, je doutais de la patience de notre cher et tendre commanditaire. Son visage rempli de haine et de terreur ne me disait vraiment rien de bon, il émanait de ses traits une sorte de violence incontrôlable qui aurait très bien pu nous frapper à la figure sans crier gare ! Même si son apparence monstrueuse me faisait frissonner, une éventuelle confrontation n'était pas pour me déplaire, j'aurais bien aimé lui jouer un petit air relaxant pour purger de son cerveau toutes les mauvaises pensées qu'il avait eu à notre égard. Son petit jeu macabre avait quand même était créé par un esprit embrumé par des forces obscures dépourvues de toute conscience...

(Il ne me reste plus qu'à prier les Dieux pour ne pas que je devienne comme ça !)

Puis, Aëlwinn répondit à la question de Silmeï à propos des masques qui étaient apparus miraculeusement sur le bateau. D'après elle, les faux visages avaient été créés par la magie noire ce qui ne m'étonnait pas trop, après tout le dominateur des songes ne semblait pas être le disciple de Gaïa... Bref ! Si les masques avaient le pouvoir de nous aider à traverser ce moment difficile, je n'allais pas leur cracher dessus ! De plus, ils avaient l'air de permettre de respirer sous l'eau et bien entendu, ce n'était pas une chose qui arrivait deux fois dans la vie ! Non ! C'était une expérience unique nous ne pouvions passer à côté de ce moment de pur bonheur au fond de l'océan. Mais tout à coup, la voix sèche du Blanc-bec retentit, irritant mes fines oreilles par un flot d'inepties qui finiraient par lui rester en travers de la gorge... À moins que ce ne soit une flèche... Dans les deux cas, me traiter de traître ne le ferait pas remonter dans mon estime... Je n'avais pas vraiment envie de le laisser déblatérer ses menaces, le bougre avait bien l'intention de me couler avec le bateau...
«B...»

Mais avant que je n'aie pu répliquer violemment, Silmeï m'interrompit, la patience de l'Aldryde avait l'air d'avoir atteint ses limites... Oups ! Notre petite joute était peut-être allée trop loin... ou pas assez... L'être ailé exposa sa théorie du traître, à ses yeux, chacun de nous pouvait être accusé de trahison pour diverses raisons qui se tenaient... Mais, nous ne pouvions ignorer qu'un être vil s'était glissé sur le bateau pour nous planter un poignard dans le dos le moment venu... Bien que cela soit moins important que la sauvegarde des membres de l'équipage, nous allions devoir déterminer qui était cette personne avant qu'un drame ne se produise. Je comprenais les motivations de l'Aldryde, mais, la traîtrise était une maladie virulente qui aurait pu toucher notre personne à n'importe quel moment. Chacun sur ce bateau cachait peut-être une âme noircie par des maléfices sanguinaires.
«Silmeï vous dites vrai, cependant, nous ne pouvons nier les paroles de ce monstre... Pour l'instant, nous suivons son commandement, je ne vois pas pourquoi nous nierons ses paroles. Un traître est parmi nous et je pense qu'il serait plus sûr de déterminer son identité, je ne tiens pas à être manipulé par cette sombre personne, mais je ne veux pas non plus le tuer. Tout ce qui m'intéresse c'est de savoir qui il est. Imaginez-vous être la cible constante d'un adversaire masqué, nous allons devenir fou à force de nous méfier des uns des autres et cela risque d'être un frein à notre aventure. Je crois que nous devons aussi nous soucier de ce problème et le résoudre avant qu'il ne soit trop tard. Ne pouvez-vous pas utiliser votre magie pour vous immiscer dans l'esprit de tous les aventuriers pour déceler leurs pensées et leurs objectifs ?»

Ce pouvoir semblait très utile, mais le possédaient-ils ?

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