Seldell a écrit:
Finalement, nous démarrons la marche, avec la poupée sur le dos. La petite se plaignant de ses douleurs plantaires, je lui propose de lui masser les pieds afin qu'elle cesse de me casser les oreilles...
Tandis que nous avançons, certains s'arrêtent devant, brusquement. Keynthara me crie de regarder devant lorsque j'aperçois d'immondes tarentules sortant de nulle part. Aussitôt, je dépose la petite et prépare mon arc. Je m'élance sur la scène de combat. Cromax et Andelys s'attaques à une araignée qui ne semble pas vouloir faiblir, je décide donc de les aider. Une flèche la touche, puis une seconde lui arrive droit dans l’œil. La créature affolée s'enfuit rapidement, et l'elfe gris nous cris de la suivre, ce que le barbare et moi faisons rapidement.
Nous arrivons dans une zone un peu plus dégagée, mais aucune trace de l'araignée. Nous tournons sur nous même, aux aguets. Andelys semble malade, il est très pâle, et respire plus fort d'habitude. Il n'hésite d'ailleurs pas à nous prévenir. Alors qu'il finit sa phrase, je sens une sensation étrange sur mon pied. Lorsque je baisse les yeux, j'aperçois avec effroi que de la terre sableuse me recouvre les pieds entièrement jusqu'aux mollets. Affolés, nous nous débattons, comme nous pouvons, mais le seul effet résultant de cette action est que nous nous enfonçons de plus en plus. Cromax et moi comprenons rapidement la situation, et nous commençons à nous mouvoir tout doucement jusqu'au bord, tandis que le barbare est enfoncé jusqu'à la taille. J'ai beau essayé de le raisonner, il gigote comme une mouche dans une toile...
Il tente alors une nouvelle technique, plantant sa hache à quelques mètres devant lui, et se tirant avec. Elle glisse assez régulièrement, et même s'il se retire lentement, il en a encore jusqu'au cuisse. Cromax sort le premier, et me tend un bras que j'attrape, toujours aussi affolé, le cœur bondissant dans ma poitrine. Je suis alors hors de la zone mouvante, soulagé, mais plein de sable. Andelys a beaucoup plus de mal que nous. Son armure lourde lui bloque une majorité de mouvement, et son poids ne fait que le tirer vers les profondeurs. Alors que nous cherchons une liane, ou quelque chose de long pour le tirer à nous, quelques bruits autours de nous se font entendre.
L'araignée nous saute alors dessus. Mon arc est au sol, impossible de le récupérer à temps. Dans un dernier réflexe, je me protège avec mes bras, mais torse-nu, impossible de résister à l'assaut. Un coup lourd s'abat alors près de moi, et je sens une giclée sur ma joue. Lorsque je rouvre les yeux, l'araignée est tranchée en deux partie, séparée chacune par la hache lourde du barbare. Je reste hébété quelques secondes, devant le liquide immonde coulant de la créature. Une patte bouge encore un instant, puis plus rien.
La hache ! Comment va-t-il revenir ?!
J'entends hurler Cromax de désespoir, et fais de même lorsque je vois notre ami, le corps complètement enseveli, seul sa tête dépassant à moitié. Nous sommes affolés, mais nous ne pouvons rien faire. Nous sommes incapables de le retenir en y retournant, et nous nous enfoncerions également. Nous restons impuissant, à le regarder rejoindre les tréfonds de la terre lorsque le reste du groupe arrive. Les larmes aux yeux, je les regarde. Bogast comprenant rapidement la situation, tentera dans un soulèvement d'air de dégager le barbare, et même avec l'aide de la géomancienne, nous ne retrouvons pas Andélys... Je regarde Keynthara pour me blottir contre elle... Keynthara ?!
Je fais un rapide tour d'horizon. Où est-elle ?! Je ramasse mon arc et mes flèches et repars à toute allure en arrière, sur le lieu du combat. Elle doit encore y être, perdue, seule, au milieu d'autres créatures peut être en train de lui faire du mal. Les larmes aux yeux, dans une rage démentielle, je me jetais à travers la forêt, lorsque j'entendis des gémissements qui me dirigèrent. La petite était en train de se faire recouvrir le corps par une substance sortant de l'abdomen d'une araignée. Elle semblait paniquée, mais ne pouvait rien faire.
Bandant mon arc avec une force rare, je relâchais la pression mais la flèche alla se planter avec une extrême puissance dans un arbre. A peine fait, je me jetais vers Keynthara et attaquais avec une pointe de flèche le maillage qui l'enroulait. Dès lors, l'arachnide s'avança vers moi, la flèche toujours solidement encrée. La petite alla se mettre à l'abri, tandis que j'attirais le monstre. Aussitôt, avant même qu'elle ne me charge, un autre pieux transperça l'air et se figea dans un oeil. Je prenais appuis rapidement sur un arbre pour esquiver la charge du monstre, et retombais derrière elle. Je prenais une flèche à mains nue, et la plantais vers la zone de l'abdomen qui sécrétait le liquide étrange. Elle se retourna vite tandis que je faisais quelques pas en arrière pour éviter un coup de mandibules.
Je bandais mon arc, dans une rage dingue. Pas un autre. Nous ne perdrons pas un autre compagnon aujourd'hui. Pas elle. Surtout pas elle. La pointe se planta à nouveau dans un oeil mais la créature chargea quand même, à l'aveuglette. Le coup m'éjectait et me sonnait quelques secondes. L'araignée de dos, j'en profitais pour lui sauter dessus, et avec les dernières flèches qu'il me restait, je la poignardais férocement à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elle s'effondre. Pendant de longues secondes qui suivirent sont trépas, je continuais de la transpercer violemment, furieux.
Finalement, je m'arrêtai, essoufflé. La petite était à quelques mètres, ne regardant pas le combat. Je m'avançai vers elle lorsqu'elle tourna la tête vers moi. Elle était heureuse que tout aille bien... Mais sûrement pas autant que moi. Je souriais difficilement, encore dans le combat pourtant terminé. Je ne relevais pas sa réflexion sur le liquide qu'elle avait sur ses jambes. Je la prenais dans mes bras.
Restant à sa hauteur, il fallait que je lui dise, pour Andelys, notre ami... Celui qui lui avait appris à nager, un des seuls amis qu'elle avait dû avoir... Elle ne sembla pas comprendre, ne réagissant pas immédiatement. Elle tomba à genoux et pleura à chaudes larmes. Je pleurais avec elle, impuissant...
Le reste de la journée fut presque banal, si on oubliait l'ambiance horrible qui dominait la marche. Tous étaient touchés, que ce soit Arévoès, Cheylas ou même Bogast, qui donnait pour la première fois une impression humaine... La zone de campement s'établit rapidement, puis nous dormions tant bien que mal, dans une atmosphère d'injustice et de tristesse...