Je vois Gilraen, un sourire enchanteur et mélancolique accroché au visage, je lui fais un petit signe de la main et je cours vers cette créature de rêve, mais je n’ai pas le sentiment d’avancer, je fais du surplace alors qu’une ombre, au contraire, fond sur elle avec une vitesse fulgurante, l’enveloppe et la fais disparaître avant de s’approcher de moi. Je peux voir son visage, il s’agit du mien ! Il est déformé par un rire muet. Je sens mes muscles se contracter sous la colère puis la rage et l’horreur laissent place aux rires et à la bonne humeur. Avec mon double maléfique, nous rions de bon cœur avant de nous prendre dans les bras, pour ne former plus qu’un. Mais des cris m’extirpent de ma rêverie.
(Quel rêve étrange…)
Aucun doute, il y a de l’animation autour de moi. Je me frotte les yeux, ils sont embués par le sommeil. Tout en me redressant, je vois des silhouettes noires sur lesquelles se reflète la lumière du feu de camp. Certains de mes compagnons, Tiniis, Raesha et le capitaine notamment se ruent sur eux avec férocité… sauf Rosbac évidemment. A priori, on a affaire à une attaque. Le combat a déjà commencé et moi, je suis là, à me remettre de mon réveil pour le moins brutal. Je pose une main sur le sol en baillant pour me mettre sur mes deux jambes lorsque Tiniis passe près de moi, et qu’il, à l’aide d’un puissant appui, m’envoie du sable au visage.
« Rhaaa… pouah ! »
Je me redresse en me frottant les yeux, des larmes commencent à couleur et je n’arrête pas de cligner de l’œil. Je rentre un bras sous ma veste pour récupérer mon katar, je le garde toujours sur moi, et je me lance dans le feu de l’action, après avoir mis Sidereus en sûreté, avec peu de vigueur, engourdi par la nuit et aveuglé par le sable.
Deux hommes s ‘approchent de moi, leurs yeux et leur peau sombre luisent à la lumière du feu. Ils sont musclés et secs, pas un poil de graisse. Ils ont de longs cheveux tressés, portent un simple pagne et ils combattent par le biais de lances plutôt rudimentaires. Leur regard est perçant, hostile et plein de bravoure, une chose est sûre, ils n’ont peur de rien. Celui qui se trouve à ma gauche est le premier à attaquer, d’un coup direct en direction de mon épaule. Aidé par un mouvement de hanches, j’effectue un pas d’esquive et repousse l’assaut avec ma targe, mais c’est une erreur, car cela ouvre complètement ma garde à mon second adversaire qui vient s’en prendre à ma cuisse droite. Je refais un pas un arrière, mais ce n’est pas suffisant et je me retrouve avec une belle entaille, je serre les dents pour oublier la douleur.
(Ils ont l’habitude de se battre ensemble, dès que j’en aurais neutralisé un, le combat touchera quasiment à sa fin, mais pour y arriver, je dois lancer un assaut.)
Mais attaquer s’avère plus compliqué que prévu, avec leur lance en avant, il ne me laisse pas approcher. Une lance aurait été facile à dévier, mais deux d’un coup, cela relève du miracle.
(Bon sang… Les enfoirés, ils ne laissent aucune ouverture.)
Je n’attaque pas, réfléchissant à un moyen de m’infiltrer, eux ne se font pas prier et attaque simultanément, ma surprise est grande, car ils n’avaient pas encore agis de la sorte d’autant plus qu’ils ne cherchent pas à me blesser directement, mais ils visant mes bras, plus précisément mes biceps. Un nerf est touché et j’ai ce maudit réflexe d’ouvrir les mains, lâchant mon arme et mon bouclier. S’en suit un double coup de manche de lance dans le menton. Je tombe à la renverse, et je vois les armes les deux autochtones fondent dangereusement vers ma personne. Je roule sur le côté évitant la première et quasiment la seconde qui m’effleure le dos. Dans mon mouvement, du sable vient dans ma plaie à la cuisse…
(Ça pique ! … Mais… c’est ça ! Le sable !)
Je prends une poignée de sable et tout en me relevant, je l’envoie au visage de mon adversaire de droite. Il crie de rage en se frottant les yeux. Il faut jouer serré maintenant… Je me jette directement sur le second sauvage, il tente de m’arrêter avec sa lance, mais son attaque est très approximative, il me suffit de modifier ma trajectoire pour esquiver. Encore un pas et je me trouve à quelques centimètres de lui. Je me saisis avec force de ses cheveux et pose une main sur son ventre. Je le baisse pour gagner en puissance afin de le soulever et de l’envoyer dans le feu. Il hurle et se tord de douleur, avant de ressortir rapidement de l’autre côté, fumant et roulant dans le sable pour éteindre les flammes qui commencent à brûler sa chevelure et son pagne.
« C’est un aperçu des enfers ! »
L’autre revient à la charge, il s’est à priori remis de mon attaque sablonneuse. Une bûche dépasse du feu, j’attrape donc la partie qui n’est pas consumée et me retourne vers mon assaillant il frappe avec un coup circulaire, ce qui est étonnant étant donné son arme toute désignée pour asséner des coups d’estoc. Je décide d’encaisser son assaut sur l’épaule gauche, le choc est rude, je vais sûrement avoir un bleu, mais une opportunité en or s’offre à moi. Je prends le manche de la lance pour immobiliser mon adversaire et je tente de le frapper avec la bûche Mais lui aussi est malin et il arrête mon bras de sa main libre. Nos mais sont prises à tous les deux, un sourire apparaît alors sur mon visage. Mon pied part rapidement en direction de ses valseuses et fait mouche… L’indigène écarquille les yeux et émet un petit gémissement suraigu. Il lâche sa lance et mon bras à genoux, les mains entre les jambes.
« C’est douloureux n’est-ce pas ? »
Sa position est idéale pour se prendre un coup de bûche incandescente dans la tronche. Je laisse tomber la lance et saisi le rondin à deux mains et ‘PAN’ le bout de mon arme explose en un nuage de cendres rouges et de braises. Le guerrier hurle de toutes ses forces, après un tel impact, ses yeux sont probablement brûlés. Il se tortille au sol. Je ris un instant jusqu ‘au moment où une douleur me déchire le mollet. Je me retourne vivement pour voir l’enfoiré qui m’attaque dans le dos, il faut vraiment être de la pire espèce pour faire un truc pareil. (((

))) Evidement, c’est notre grand brûlé qui n’a pas compris qu’il n’était pas de taille à s’en prendre à moi, qui se tient devant moi. Il affiche une grimace de haine et ses yeux lancent des éclairs tandis que la pointe de sa lance est rougie par mon sang.
(Merde, je l’avais oublié lui.)
Je me baisse pour ramasser la lance de son coéquipier et le fourbe en profite pour s’en prendre à moi, il vise ma gorge, apparemment décider à me tuer. Je me déporte rapidement sur le côté et n’encaisse qu’une blessure bénigne sur le côté du cou. Une fois de plus, même si la blessure est légère ça picote vachement… Bon, je pense que je dois lui montrer comment on tue quelqu’un, je choppe la lance qui traîne par terre, me relève et lui transperce, dans la continuité du mouvement, la gorge. La lance ressort de moitié par la nuque et du sang s’échappe par tous les trous.
« Pour réussir une attaque comme celle-ci, il faut être rapide et ne pas trembler… pas de chance ! »
L’indigène s’écroule en vomissant du sang, produisant des gargouillis et des hoquets très peu ragoûtants… Berk, dégueulasse. Je récupère la lance la plus propre des deux, c’est-à-dire, celle qui n’est pas coincé dans la gorge du mort. Je m’approche ensuite tranquillement du castré et le regarde avec pitié. Il ne s’est pas remis de mes assauts et il pleure comme un bébé, allongé dans le sable.
« C’est pathétique… »
Je pose la pointe de la lance sur sa poitrine et je prends appui dessus, l’enfonçant grâce à tout mon poids. Son cœur est atteint et le guerrier s’agite de soubresauts. Lui aussi il fait des bruits étranges… Je le regarde mourir lentement, sans éprouver la moindre compassion.
(Bon, il faut que je retrouve mes effets…)
Je regarde autour de moi, les autres ennemis semblent se faire décimer eux aussi… Je peux donc inspecter en toute tranquillité la plage. Près de l’endroit où mon combat à débuter, deux objets brillent grâce à la lumière du feu de camp, l’un des éclats est bleuté, l’autre est blanc et froid. Pas de doute, ce sont mes biens. Je ramasse et range ma targe et mon katar, puis je vais profiter du feu. La nuit est fraîche…