Elrow a écrit:
Le sabre de Tiniis frappa contre le sable, fendant le curieux fruit en deux parties creuses. La dure carapace brune abritait une étrange chair blanche, et le jus du fruit, blanc lui aussi, remplissait les bols que formaient ces deux moitiés.
Tiniis me tendit les deux quartiers; en les prenant j'observai dans ses yeux la tristesse continue qui l'envahissait. Naral lui était complètement nocif. Je le remerciai d'un sourire, reconnaissante, avant d'approcher un bout de la noix de mes lèvres. Prudente, je trempai la langue dans le lait de coco. C'était très frais, au gout légèrement douçâtre, et avec une saveur subtile que je n'identifiais pas. Je posai l'autre moitié sur le sable, et me servant de la demi-noix comme d'un bol, j'en bus tout le jus. Je levai les yeux vers Tiniis, cherchant son regard derrière son masque:
« Tu avais raison, c'est très bon .. »
Je contemplai la chair blanche, et la touchai du doigt: elle était à peine moins dure que l'écorce qui l'entourait. Je sortis alors mon poignard, et tentai d'en couper une tranche fine. L'opération réussie, je portai à ma bouche la lamelle de chair ... Je croquai; même saveur que le lait, mais la chair dure ajoutait au gout.
(Peu nourrissant, sans doute, mais c'est vraiment bon...)
Je repartis à l'assaut du fruit, grignotant tranche par tranche mais à une vitesse non-négligeable .. L'appétit vient en mangeant.
Il venait aussi à mes compagnons qui se régalaient de la biche rôtie, hormis le druide gris qui s'en était aller balader par la jungle .. drôle d'idée.
Je finissais à peine mon repas quand Naral se leva pour nous annoncer la fin du repos. Nous partions enfin, enfin nous faisions quelque chose dans cette aventure qui nous rapprocherait sensiblement du trésor. Je souris, et me levai.
« Je me fais un habit, l'histoire de deux secondes et je suis prête. »
En un instant la fièvre du trésor était montée en moi.
(Plus vite nous partirons, plus vite nous y serons ! Allons-y z'y z'y ! .. )
J'en aurais chanté d'allégresse; mon esprit était terriblement frivole ces derniers jours, et j'en oubliais au loin les morts et disparitions de ce voyage d'aller. En quelques sauts je fus près de mon sac. J'y rangeai mon couteau, et en sortis la couverture que Naral m'avait donnée. Un peu hâtive, j'en ressortis en fait le poignard. Je m'installai là, accroupie et me demandant que faire de ce futur habit. C'était un grossier drap de lin brun, qui me fournirait facilement une tunique ou une pelisse. Me jetant à l'eau je commençai par découper un cercle presque égal au centre du tissu.
(Ca ne tourne pas rond tout ça ..)
Tout compte fait j'agrandis le cercle d'un col en V, puis, moitié déchirant moitié coupant, j'arrondis la base du tissu. Je fronçai les sourcils, puis enfilai mon oeuvre.
Le col était bien, à peine ridicule, et le lin me tombait jusqu'au ras des genoux. Un peu court, mais plus correct que les restes de ma tunique. L'inconvénient était toute fois évident: mes bras étaient comme camisolés. J'ôtai la petite cape et fit deux fentes au bas du tissu, au niveau des bras. Ainsi mes bras seraient libres mais le tissu couvrirait quand même mes épaules.
La pèlerine était prête: je l'enfilai, et gardai en dessous ma tunique en guise de sous-vêtements.
(Ce tissu est trop rêche .. enfin, je n'ai que ça..)
Je récupérai juste ma ceinture en lacet pour la serrer à ma taille. Cela devait même avoir une allure élégante à présent. Je pendis mon poignard à ce cordon, et passai ma besace à mon cou.
« Les amis, pour moi c'est bon. On y va ? »