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 Sujet du message: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Mar 28 Sep 2010 02:37 
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Comment décrire davantage une pièce toute blanche et vide, à part de dire qu’elle est blanche et vide ? On pourrait ici rajouter qu’elle est petite, qu’elle semble artificielle et qu’elle ne possède pour l’instant aucune sortie, enfin tant que la porte d’entrée n’est pas fermée.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Mar 28 Sep 2010 02:49 
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Vous devez vous dépêcher, car d’autres animaux semblent aussi vouloir quitter cet endroit. Vous pouvez voir un gros sanglier, une dizaine de petits marcassins, une couleuvre et même un renard traverser le passage.

Vous pouvez voir la pièce suivante qui est petite et toute blanche, vous avez intérêt à vous dépêcher, si vous ne voulez pas que la pièce ne se remplisse d’animaux hétéroclites et que la porte se referme sans vous, vous laissant dans cette forêt inquiétante.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Jeu 30 Sep 2010 07:10 
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La porte ouverte sans trop de difficulté mais avec beaucoup de délicatesse de la part de certains, Amaryliel se sentit doucereusement inefficace, inutile. Il avait joué le rôle du semeur de doutes. Arriviste, n’ayant que passablement peu endurer les épreuves – bien que cela soit à son avantage, même à son honneur -, il avait toujours tenter de sortir son épingle du jeu par la parole, l’adresse de la rhétorique et la force de la persuasion. Et d’un tour de magie et de clé, ses nouveaux camarades d’infortune firent bien plus. Un peu âpre, il s’avança le premier dans la nouvelle zone qui éclairait déjà ce beau monde d’une lumière artificielle.

« Je passe devant, maugréa-t-il nonchalamment, Zewen sait ce qu’il se cache derrière cette porte. »

Et, c’est sans pudeur, qu’on peut dire qu’il se moquait bien de Zewen ici. Par gentillesse, il voulait à tous la mésaventure ou la déception d’un « autre chose » encore plus âpre à passer. Il voulait être le premier à se pencher sur la question, à vouloir être utile.

Pendant le passage, l’esprit du jeune sorcier gela, de grandes neiges couvrirent les plaines de sa psyché ; et il vint surtout une chose incompréhensible pour l’appareil cognitif de cet être, qui trop habitué à avoir des données à traduire ou à penser ne comprit ce phénomène immensément singulier. Le vide. Cette fois se figea en lui dès l’arrivée dans la pièce et ce néant blanc, sans redoubler d’effort ni même s’amasser, proliférer sans fin devant lui. Dans tout les recoins, le pâle abîme se présentait à lui, il s’engouffrait, amplifiée par l’âme abasourdie du jeune elfe, et allait certainement résonnait dans celle des autres aventuriers. On ne pouvait qu’imaginer les faciès béants de ses collègues d’armes et de rhétoriques.

Vraiment, la zone dormait, anesthésiée par ce qui a pu se passer ici il y a fort longtemps de cela. Si le temps n’avait plus lieu de jouer sa comédie dans les autres salles ; ici, il ne devait, stricto sensu, plus exister du tout ! Pourtant, il existait des ténèbres en ces lieux, pour une fois que l’idée d’obscur aurait pu être rassurante dans ce blanc luminescent… eh bien, il ne l’était pas ! Ces sombres entités étaient des animaux voulant à tout prix quitter leur principale zone, celle du sentier et de la forêt maudite. A voir si c’était une bonne idée de passer le premier cette porte pour Amaryliel. Mais trop curieux il était, sa bonne volonté reprenait du dessus et cette attitude d’avancer en tête fut extrêmement dangereuse dans un univers rempli de pièges mortels. Et, parfois, la compassion qu’on a pour les pauvres bêtes peut se révéler funeste. Allait-il en faire les frais ? Vu les piètres capacités d’esquive du désavoué fanatique, c’était probable. Mais ne lui souhaitons pas la charge d’un terrible sanglier ou bien même la morsure d’une vilaine couleuvre car c’était ce qui arrivait ! Et les bêtes ne froufroutaient pas ! On pouvait discerner sans problèmes le tapage des bestioles qui affluaient en masse dans cette zone.


(Eh ! Si on n’arrive pas à sortir d’ici, nous aurons à manger pour un sacré bout de temps !) marmotta-t-il dans le chahut zoologique, esquissant un sourire cordial à ce mystérieux vide.

Il était, en effet, là, d’un blême naturel, dans un univers aussi coloré que sa peau et s’harmonisant avec la pièce – qui prenait quand même plus de teinte que lui grâce aux bêtes -, seul pour l’instant cette forme androgyne subsistait, ce jeune elfe d’à peine quatre vingt-dix ans, qui, emmitouflé sous sa longue veste noire et son chapeau à plume, commença à y réfléchir plus sérieusement, en considérant la chose de son mieux. Dans ses allures de comte arrogant à la cape flottante, au col à jabot bien frisé, à la rapière sombrement bien portée… on pourrait penser, de façon profane, que le sang-mêlé paradait ici bas. Sans doute aussi on pensait qu’il avait échoué là, comme les autres, après avoir longtemps battu et maugréer en équipe, tombant de lassitude car ne voyant point le résultat de ses savants calculs. Pour lui, c’était un bout d’artifice supplémentaire, plus personne ni plus rien que le désert phraséologique et ultime, l’abandon dernier, la faim du savoir final, la solution qui tuera certainement ; et, dans sa faiblesse, étouffé par le poids lourd de son courage, il commencera la lutte, il ne lui restera que le recul mental, l’instinct psychique de bien agir, de s’enfoncer dans l’action avec brio, lorsque le seigneur de ce monde grondera sa première amorce.

Mais las de spéculer sans connaissance du futur car les minutes tournaient quand même et les autres allaient probablement pas lanterner longtemps derrière. Les autres museaux déambuleront ici en clin d’œil. Et pour ce qui est d’yeux, ils n’allaient pas lorgner Amaryliel du bon ; pour être passer devant tous comme un goujat, en prétextant un potentiel risque et donc un sacrifice probable… Il n’était déjà pas forcement bien vu… peut-être ne le verront-ils plus maintenant !
Plus sérieusement, il n’y avait pas beaucoup à dire sur cette pièce. Sieur Il Alamitz en avait fait le tour dans sa petite tête et y inspecta la moindre parcelle de blanc chimérique grâce à ses lunettes en argent – enfin, ses yeux derrière lesdites lunettes -, conclusion :


« Impossible que cette pièce soit ainsi naturellement. » Sermonna-t-il en fixant le vide puis il persista dans sa sentence « Pas plus que les autres, c’est évident mais celle-ci, cache une ruse encore plus perverse que les autres. »

Juste. Mais comment le prouver et surtout, comment en sortir ? D’une foi naïve mais indubitable au sombre protagoniste, il faisait confiance aux autres compagnons mais aussi aux bestioles qui n’allaient pas tarder à submerger la zone. La première théorie de l’obscur penseur reflétait sa personnalité de façon très générale : l’ambigüité règne en maitre depuis le début de l’aventure et, ici, ce paradoxe y était à la fois subtil et clair.
Limpide pour la simple et bonne raison que s’il y avait une dualité depuis le commencement de l’aventure ; elle avance de façon à se montrer la plus visible possible. Y a-t-il plus visible qu’un fond blanc pour une trame aux ambitions noires ?
Habile aussi, pour cette ruée sauvage de bêtes en tout genre – tous, très probablement, anciennement humanoïde -, qui ternit l’univers et le rend chaotique, c’est-à-dire dans ce cas présent, originel.

De plus, comme il n’y avait pas la place pour tout le monde, les portes allaient se refermer, d’usage dans ce tournoi, pourrions-nous dire, alors le chaos sera dominant dans un fond blanc mais non-candide, loin de là. Et rien ne protégeraient l’escapade fantasque. Si une agressivité se fera sentir, le compagnon Selen ne certainement pas en mesure de calmer toute la populace à pelage. La blancheur de cet univers en était presque harcelante, accablante, surtout. C’était déjà une énigme en soi que de créer un monde lumineux pour « conclure le spectacle ». Mais derrière cette mascarade se cachait encore une sortie et peu importe comment, il y a toujours une.

L’imperceptible secret, autour de lui, se tapissait, comme tendue d’hermine, tout opalin hérissé de couleur bestiale, enserré de quatre murs si et si lisse, que pas une tache ne s’y accrochait. L’empire de la sainteté corrompue vêtu d’un voile perfide… c’était peut-être ce qui dominait en ces lieux. Ou alors était-ce l’avènement du prétendu mage blanc dont Epardo disait tant de bien. C’était fort peu possible.
Mais on pouvait espérer à ce sordide tableau une magnifique façade grisâtre où surplomberaient dans un maléfice désagréable à tout bon esprit les ante-saints, les apôtres du mal de Yuimen, tous vêtus d’atours noirs ; plus haut, on imaginerait aisément sur un tympan une macabre scène de sacrifice que les adeptes des Dieux fous et obscurs célébreraient avec délectation.

Il continua sa marche. A mesure qu’il progressait, la lumière l’éblouissait davantage, tournant la tête, comme si elle attentait à sa vie. C’était que le jeune elfe n’avait pas revu la lumière du soleil depuis environ… un certain temps. Il avait passé un moment bien long dans ces cavernes et l’intensité de cette lueur fut assez étourdissante pour lui. Il examina du mieux qu’il put le sol, les murs, le plafond, les animaux entrant ; puis, son regard fouilla avec plus de netteté sur l’une des premières bêtes qui était rentré dans la place. Il avait l’air d’un renard tout à fait normal, en tout cas aussi normal que le sanglier qui passa la porte en même temps que lui. Mais la vision de cet animal le fit penser tout haut à une chose :


« Si tout les animaux étaient des humanoïdes jadis, il doit en avoir qui sont nos alliés et d’autres qui… oh, misère ! Lesdits mauvais vont sans doute nous attaquer. Enfin… ils vont nous être d’une aide incontestable. »

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Valla-Meär Amaryliel Il Alamitz
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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Dim 3 Oct 2010 22:01 
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La douceur de l'animal qui, un instant auparavant craintif et circonspect, plissait les yeux d'agrément sous la flatterie de l'humain qui l'avait enchanté, jurait péniblement avec le comportement courant de cette noble espèce. Quoi, le cerf, le maître du sous-bois, l'empereur des profondeurs sylvestres, l'être capable de la plus haute fierté du règne animal après le Parlant et le félin, ce gentilhomme muet et digne au regard sérieux, acceptait aux yeux de tous la soumission que lui proposait un vulgaire Parlant. Je m'épouvantais de ce qui était synonyme de déchéance aux yeux de ce peuple de sages au long museau, mais lors je n'avais pas saisi ce qui venait de se passer. En considérant la scène qui se déroulait sous mes yeux, je compris : il n'y avait pas là rien de contraire à la nature, et cet animal avait fait ce qu'il avait voulu ; le sieur Selen avait envoyé jusques à lui un puissant appel, mais ce n'était rien de plus qu'une invitation, qu'une proposition à la paix, et le cervidé l'avait acceptée. Je tendis donc ma main vers lui et lorsque je vis qu'il ne s'animait pas même d'un mouvement de recul que j'aurais pourtant compris, j'effleurai son haut front, qu'il abaissa vers moi pour qui je l'atteigne. C'est alors que je le vis.
C'est alors que je vis ces yeux, que je croisai ce regard. Ce n'était pas là, j'aurais pu le jurer, un éclat de cerf, il n'y avait rien de commun avec ce que les prunelles que je m'attendais à rencontrer auraient pu contenir, exprimer et soustraire. Je n'aurais su dire ce que ces yeux me disaient et disaient au monde, impossible d'expliquer cet indéfinissable message. Je me tournai vers le sieur Selen pour l'interroger à ce propos, puis mon regard tombant sur l'impérieuse Gwaë resserrant la prise sur son arc encore baissé, je m'abstins de toute prolongation, et m'efforçai de dérober au fil de la flèche véhémente le maigre flanc de l'animal. Je tendis donc à nouveau mes deux mains vers le cerf et l'encourageai à approcher, ce qu'il fit avec grâce. Marchant en arrière, je l'invitais à mon tour à se diriger vers la porte, heureuse que tant de confiance imméritée me soit accordée, quoique je me doutât que la liberté laissée à l'esprit de l'être aux grands bois par le sortilège de Selen ne soit pas si grand que je l'avais d'abord cru. Mais c'était sans compter l'insupportable intervention du nain, qui cette fois ne se contenta pas d'être pénible, mais voulut y joindre la furie : m'envoyant presque voler au loin en se précipitant sur l'animal que je ne pouvais plus considérer comme tel sans pouvoir énoncer sa nature réelle, il embrassa son col et sans plus de cérémonie l'entraîna à sa suite, pour aller enfoncer ses bois dans les entailles de la porte. Le souffle coupé, non du choc mais de l'erreur qu'il faisait en étant si brusque, je ne sus que répondre ; mais dans le secret dans mon cœur je bâtissais contre cet imbécile une tenace rancœur.

À ce moment, Amaryliel prononça une parole qui rejoignait mes préoccupations. « Une race plus douée d'esprit auparavant »... Le lien avec mes sabots n'était désormais plus obscur à établir, bien que tous les coins dans cette réflexion mauvaise en forme de forêt, en forme de faux animaux, fussent couverts d'une noirceur effrayante. Songeant à ce jeune homme qui avait tant changé depuis mon départ, et qui pourtant restait obstinément le même et fidèle à sa propre tradition, dans ses erreurs comme dans la hauteur de son esprit, je ressentis soudain quelque chose comme de la crainte, quel était cet état bizarre dans lequel il semblait être? Je ne lisais plus ses pensées comme au temps de jadis, il y a avait combien de temps? Un jour, un mois? Un an, peut-être? Mais je savais que la direction que prenait sa folie en ce moment était dangereuse pour lui. Je n'aurais pas perdu plus que je n'aurais gagné en exposant mon corps et mon esprit à la transformation animale, j'aurais franchi le pas d'une conscience à l'autre, et la clarté que j'aurais laissée derrière moi, la clairvoyance l'aurait compensée. Mais lui, il semblait prêt à n'importe quel genre d'égarement, à la poursuite de ses chimères. Je souris un instant, songeant qu'autrefois je faisais partie de ces fantaisies et que je les partageais. Les temps ont passé.

L'effet de l'incantation de l'humain suivie de l'enlèvement du pauvre Bölin ne se fit pas attendre : de la porte jaillit soudain une véritable illumination, qui enveloppa chacun de nous d'un océan de rayons. Mes yeux accoutumés à l'obscurité des profondeurs aquatiques et aux plaines emprisonnées de brume de ma Luinwë, se fermèrent d'eux-mêmes. Tentant de leur faire violence pour observer malgré tout ce qui se passait à l'entour, je ne pus distinguer que les silhouettes de mes camarades, obstacles au rayonnement et environnées d'une telle aura de lumière qu'ils en semblaient grandis. Lorsque je pus enfin tourner mon regard vers la porte, je la constatai ouverte, et emplie des bêtes de la forêt qui s'y précipitaient. Le cerf, désormais départi de l'emblème de sa virilité et de son grand âge, s'engouffra dans l'ouverture et fut ainsi dérobé à ma vue. Hâtant d'instinct mon pas vers cette issue plus que suspecte, je lançai un regard ébloui et douloureux à chacun des autres. Le sieur Selen me devançait déjà et je vis Amaryliel entrer le premier et disparaître à son tour, tandis que le dernier personnage, dont je ne savais rien, se mettait en mouvement derrière moi. Malhabile sur mes nouveaux membres de bois, je manquai de marcher sur le corps huileux d'un curieuse couleuvre, que j'évitai tant bien que mal, et qui ondula justement vers les portes qui béaient, invites périlleuses peut-être, appel pernicieux et menteur auquel tous répondaient, parce qu'aucun n'avait le choix. Je ressentis pour la première fois cette idée qui semblait s'imposer pour bien des gens dans cette assemblée animale qui courait vers la chance, que beaucoup ici avaient été amenés par la peine et l'errance à souhaiter ce que les autres évitaient toujours, mourir et ainsi, échapper. Mais il n'était pas encore temps de faire mienne cette doctrine du désespoir, aussi je marchai. Réalisant enfin qu'Amaryliel s'était exposé, de par sa nouvelle logique, à l'inconnu qui s'ouvrait au-delà des portes, je me pressai jusques à courir, dans l'idée inavouable et refoulée pour d'autres temps qui m'offriraient une sûreté plus propice à l'introspection, au fond de moi-même : protéger le petit garçon que j'avais si bien connu, quoiqu'il fusse devenu et quoiqu'il devînt dorénavant, répondre de sa vie et de sa folie plutôt que des miennes. Il y avait là quelque chose qui entrait en résonance avec ce psychisme-miroir qui se donnait à lui-même son reflet, infiniment, pour mieux souffrir des détails de l'un découvert par l'autre, pour mieux utiliser ce tourment comme un savoir à mettre à profit dans l'instant même, une connaissance qui avait coûté cher en larmes jamais versées et jamais avouées et qui servirait en esclave une raison tyrannique. Cet être dans toute sa superficialité se heurtait à un obstacle qui brisait les deux reflets, les rendant infirmes et incomplets, chacun privé de son jumeau. Cette puissance originelle, antérieure même à l'existence de toute chose, et pourtant fondamentalement contre-nature, qu'était-elle, pour affecter à ce point tous les esprits? Une funeste impression au cœur, je passai à mon tour le seuil de la pièce.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Dim 3 Oct 2010 23:15 
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Le seuil franchit, je me retrouvai dans un monde immaculé.
Blanc, blanc, blanc… c’était partout le maître mot pour décrire le nouvel endroit. Un blanc oppressant tant il ne présentait pas la moindre altérité. Un monde de blanc.
Mais ce n’était que la moindre des choses qui m’accueillirent dans cette pièce, car, oui, j’avais eu raison de suivre mon instinct : A peine m’étais-je avancé de quelques mètre, me rapprochant du cerf, que s’amorça quelque chose d’indescriptible dans les tréfonds de mon être… L’entièreté de mon corps reptilien se mit à s’agiter, trembler violemment, et entre chacun de ces spasmes successifs s’ajoutait une explosion de chaleur qui me brulait les entrailles, m’arrachant des sifflements de douleur… mon corps semblait être martelé de toute part, comme si un immense et tout puissant forgeron cherchait à changer la structure de mon enveloppe, l’étirant et la compressant en alternance avant de régulièrement le passer dans une forge infernale…
Je sentais mon corps se modifier, tout doucement, comme si le responsable de cette transformation cherchait à me faire languir le plus possible dans la souffrance. Et si j’avais raison, que ce n’était pas une illusion de mon esprit dut à la douleur, et que mon corps se transformait bel et bien, qui pouvait garantir que je retrouverais mon corps tel qu’il l’était avant ? Et qui pouvait simplement m’affirmer que je retrouverais forme humaine ? Que le maitre des lieux, responsable d’après moi de ma première transformation, n’allait pas s’amuser à me changer en une autre créature inapte à la parole et à la continuité de la Voie ? Car oui, c’était ce dernier point qui me préoccupait le plus… Si je ne retrouvais pas forme humaine, je ne pourrais pas continuer à arpenter la Voie…
Mais trêve de penser me signala mon bourreau en montant encore l’intensité de mes tortures, il semblait vouloir que je souffre sans même avoir l’échappatoire de la pensée, de la réflexion…
Mon esprit succombait peu à peu à la douleur, même plus capable d’analyser les changements de ma charpente tant le blanc de la souffrance lui montait à la tête. Et soudain, je perdis conscience…

Lorsque je revins à moi, le mal était parti. J’haletais néanmoins, ressentant une telle fatigue que je suffoquais, et chaque goulée passant par ma trachée m’arrachait une grimace… Une grimace ? Ma trachée ? Mon corps ?! J’avais retrouvé mon corps !
J’ouvrai les yeux, que je refermai immédiatement, pas encore habitué à la trop forte luminosité, mais mon nez me signala que je puais tandis que je sentais que mes vêtements collaient à ma peau tant ils étaient imbibés de transpiration. La transformation avait été rude.
Tout doucement, je me tâtais mon visage, sentant mon nez, mes lèvres, malaxant mes yeux endoloris et plongeant mes doigts dans ma chevelure moite. C’était, malgré toute la douleur endurée et la fatigue reçue, exaltant de retrouver ce cher et bon vieux corps, lui avec qui j’avais tant vécu. Avec soin, je m’étirai sur le sol, vérifiant que tout fonctionnait, et c’est, bizarrement, quand je sentis que mes blessures des précédents combats étaient encore là que je fus totalement à l’aise.
Petit à petit, j’entrouvris mes paupières jusqu’à ce que voir normalement ne me pose plus de problème, puis j’essayai de me redresser avec précaution, exténué et respirant toujours avec difficulté.

Enfin, lorsque je pus enfin lancer un regard circulaire et me rendre compte que je n’étais pas la seule créature pensante présente dans la pièce, je leur lançai à toutes et à tous d’une voix peu audible tant les forces me manquaient :

« Hum… Bonjour à vous tous, enchanter de faire votre connaissance… »
(‘Enchanter de faire votre connaissance’… t’aurais pas pus mieux trouver ?!... arf… enfin, au moins cette fois j’ai été poli…)


(((Je n'ai pas cherché à décrire qui se trouvait dans la pièce après ma transformation par soucis de laisser de la liberté à ceux qui arriveraient après mon poste et qui, d'un point de vue logique au niveau du rp, pourraient assister à mon éveil.)))

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-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Dim 3 Oct 2010 23:35 
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Ça fait beaucoup d’êtres vivants pour une si petite salle. Bolin entre rapidement en fixant les petits marcassins d’un regard affamé et son épée dégainée, Gwae entre à sa suite, sa flèche rangée dans son carquois et son arc sur son épaule, elle garde cependant sa main près de sa dague, méfiante pour être prête au cas où.
Epardo quand à lui, entre le dernier se tenant toujours la tête à deux mains, si vous le regardez, vous pourrez voir un filet de sang sortir de son oreille droite. Dès qu’il fut dans la pièce, il s’empresse de fermer la porte.

Pour Erow :
Epardo semble enfin ne plus ressentir de douleur, il s’adosse à un mur de disponible dans cette petite pièce et respire un bon coup avant de te répondre. Il ne ressent plus de douleur, mais il est tout de même affaibli.
Il se tourne enfin pour répondre à Erow. Bien qu’il s’adresse à ce dernier, la pièce est si petite que tous les occupants peuvent entendre et écouter, si rien d’autre n’occupe leur attention.

« Et bien, il y a eu une lutte entre le mage blanc et le maître de ces lieux. » Il baisse la tête découragée, puis il rajoute :

« Le mage blanc a perdu. Il a tout juste réussi à maintenir le sentier le temps que l’on traverse. »

D’un geste du menton, il indique l’endroit d’où vous venez et poursuis :

« Plus rien n’existe maintenant derrière cette porte. Cette salle, ce cube plutôt est artificiel. Après la mort du mage blanc, une petite voix féminine m’est parvenue, sans explication supplémentaire, elle m’a dit qu’elle tenterait de garder ce cube blanc là quelques moments. Puis le cube, cette prison blanche qui nous protège, n’existera plus et nous verrons l’endroit réel où nous nous trouvons. Je ne sais pas si on doit faire confiance ou non à cette femme, sa voix semblait hésitante, inexpérimentée. Et voilà, je n’en sais pas plus que vous maintenant. Seuls mes puissants bras pourront vous aider maintenant. »


Pour tous :
La petite salle blanche est assez grande pour que vous puissiez y tenir tous place sans vous bousculer, mais sans plus. Vous êtes tous à proximité les uns des autres.
Pendant que Epardo répondait à Erow, des choses se passent dans cette petit cube. Il y a tout d'abord Kal qui reprend sa forme humaine et juste à ses côtés, tout juste après que Kal se soit présenté, le cerf se transforme en homme, il s’agit d’Arhos. Celui-ci semble perdu, il vous regarde tous, puis il se tourne vers Kal :

"Que faisons-nous ici, qui sont tous ces gens ? "

Les petits marcassins restent tel quel sans subir de transformation, pour l’instant. Le gros sanglier quant à lui, devient un jeune gobelin effaré, surpris, les mains vides qui ne semble vraiment pas savoir ce qu’il fait ici. Au lieu de poser des questions vous serez plutôt appeler à y répondre.

« Je suis mort ? J’étais avec mon amie et on sortait des bois. J’ai ramassé une petite roche blanche et je me suis retrouvé ici ? Vous êtes mort vous aussi ? »

Gwae pour sa part ignore totalement le petit gobelin vert. Elle ne quitte plus le jeune homme, jadis cerf, des yeux. Ahurie, attristée, plein d’expressions passent sur son visage, mais on ne reconnait plus en elle un guerrier, mais une femme dépassée par les évènements.

Quant à Bölin, il regarde aussi avidement les petits marcassins guettant une transformation ou plutôt espérant le statu quo.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Lun 4 Oct 2010 12:02 
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Lorsque je pénétrai dans la nouvelle pièce, mes yeux furent meurtris par la blancheur immaculée et lumineuse de celle-ci. Les quatre murs, de dimensions identiques, m’oppressaient, comme si rien de tout ceci n’était réel, comme si nous étions arrivés dans une page blanche, un point d’interrogation, un monde encore non-construit. Et pourtant, ce n’est pas l’infinité éthérée qui s’offre à moi : le cube est réduit, restreint à une petite prison, un placard, si on le comparait aux pièces précédentes, toutes témoignant du gigantisme de leur créateur, cette âme maudite qui nous menait à la baguette, selon son bon désir.

Je fronçai les sourcils pour ne pas demeurer ébloui de la sorte par cette lumière artificielle, magique sans doute, que je déplorais au plus haut point, quand bien même ses parcelles habitaient mon corps et filtraient mon sang. Et alors que je m’avançai dans la pièce, mon regard se posa tout autour de moi. Les êtres qui y entraient formaient le seul décor visible et réellement concret, et n’en étaient que plus visibles, justement. Une famille de sanglier, le mâle et ses petits, débarquèrent, alors que le cerf paissait une herbe imaginaire, désormais débarrassé de sa couronne céleste de bois. Mes compagnons étaient aussi là. Erow, qui semblait soudainement porter un grand intérêt à l’orque, Epardo, qu’il soutenait dans ce qui semblait être une douloureuse épreuve pour lui. Son visage n’était que douleur, et introspection. À bien y regarder, on pouvait voir le liquide purpurin devant habiter ses veines s’écouler lentement de son oreille difforme. Le grand sage aux forces infinies se révélait finalement être un pauvre geignard faible et dépassé par les évènements. Cela m’arracha un sourire mesquin, et totalement interne, alors que mon regard vert tournait sur les autres membres de cette expédition soudainement réunie. Gwaë et Bolin. L’elfe et le nain. L’une était gracile, insouciante, mais la main posée négligemment sur la poignée de sa dague assurait une nervosité interne clairement exprimée. L’autre était rustre, épée tirée, traits envieux et braqués sur la portée de marcassin avec une lueur assassine et gourmande dans le regard torve et vide de toute intellect. Et pourtant, peut-être était-ce lui le plus clairvoyant de l’assemblée…

Combien de temps avions-nous passé sous terre, sans les repères habituels du temps qui passe ? Combien de repas avions-nous sauté, de nuits blanches écoulées ? Sous terre, le temps passait différemment. Sans que nous nous en rendions vraiment compte, en fait. Tous, nous nous savions fourbus de notre aventure souterraine. Et pourtant, nul ne pouvait affirmer qu’il s’agisse d’une fatigue endurante ou d’un effort vif de la pensée et du corps. La faim tenaillait les ventres, mais beaucoup, sans doute, remettaient ça sur le compte du stress et de l’oppression constante d’un maître invisible et diabolique. Toujours silencieux, et neutre, désespérément neutre extérieurement, je poursuivis mon tour de salle du regard.

Mes yeux touchèrent Rose, qui venait elle aussi d’entrer, jeune fille elfe au teint trop pâle et aux pensées trop sombres, trop soucieuses. Elle était suivie, ou précédée, de l’elfe à la peau pâle et au comportement aérien et prétentieux. Celui-ci commentait tout haut ses propres pensées, monologuant ses inquiétudes et doutes, qu’ils soient ou non fondés. Ainsi, il affirmait à tout vent que cette pièce n’avait rien de naturel, et qu’elle n’était que la preuve d’une nouvelle diablerie de ce marionnettiste qui nous entrainait malgré nous dans son repère maudit, nous faisant nous enfoncer de plus en plus profondément dans son antre… Il déplora également le fait que les animaux qui nous avaient accompagné étaient sans doute d’autres êtres pensants qui étaient tombés dans le piège du maître des lieux, et il craignait qu’il ne nous attaque… Une fois de plus, un sourire mesquin s’afficha dans mon esprit, sans passer la frontière de mon physique immobile, de mon faciès figé dans une expression sans sentiment.

Mes yeux allèrent alors vers le dernier être que je n’avais pas encore observé, de par sa taille réduite, très certainement, mais dont le trait tranchait amèrement avec le sol neigeux et sans sensation de cette salle hermétique. Un serpent. Un simple serpent, qui n’avait pas l’air d’être très en forme. Il s’agitait de soubresauts chaotiques, semblant souffrir atrocement. Et alors qu’il s’agitait, je vis le cerf commencer à remuer étrangement, à son tour. Mes yeux se posèrent à nouveau sur le reptile, qui pour ma plus grande surprise, se métamorphosa littéralement en humanoïde, confirmant la théorie délirante de l’elfe à lunettes. Le nouvel arrivant avait les cheveux blancs, la peau blanche, comme s’il se fondait dans le décor de la salle. Seuls ses yeux rouges et sanguins contrastaient avec cette pureté physique sans doute artificielle, ou ethnique. À moins qu’il fût albinos, tel le traître parjure qui s’était, depuis le début de l’aventure, glissé parmi les rangs de l’équipée du vent. Et cependant, il était différent. Sitôt retransformé, il salua l’assemblée de manière naturelle.

Mais son salut passa aux oubliettes sitôt que le cervidé fut pris, à son tour, de métamorphose. Et puis le sanglier, à sa suite, qui se changea en un petit gobelin à l’air ahuri. Lui aussi, il prit la parole avec entrain, sitôt redevenu lui-même. Ses questions étaient puériles, et sans maturité. Sans doute ne méritaient-elles pas de réponses. Peut-être. La seule chose à laquelle Selen pensait était cette intuition qui ne l’avait pas quitté depuis le début de l’aventure : un seul devait quitter ces lieux vivants. Il n’y aurait qu’un vainqueur, à ce tournoi étrange et sans règle sinon l’obligation de survivre aux épreuves. Et le groupe venait de se renforcer de plusieurs inconnus, qui étaient autant d’ennemis potentiels pour le combat à venir. Mon masque hypocrite se crispa un instant, et je dus me résoudre à intervenir dans cette folie insensée. D’une voix sans ton, au teint sombre…

« Cessez ces questions. Un nouveau piège vient de se refermer sur nous, et nous n’en connaissons pas encore la saveur. Nous ferions mieux d’être prudents, et de guetter. Préparons-nous à tout, à parer ou à frapper, à réfléchir promptement, à résister à une tentation psychique. Armons-nous de solidarité face à l’ennemi qui bientôt, se dressera face à nous… »

Cet ennemi, je pensais qu’il s’agissait de la trahison, de la zizanie, du meurtre… Et l’horreur viendrait tant de l’extérieur que de l’intérieur de cette communauté. Je le pressentais…

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- Selen Adhenor -


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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Lun 4 Oct 2010 14:47 
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Au milieu de ce grand silence, et dans le désert nacré, une voix annonciatrice s’éleva, les muscles saillant, l’œil vif et le regard exténué, sa voix rythmée aux timbres du désespoir blanchâtre dont les échos résonnaient sûrement dans l’esprit de ce qui l’entendit. Le garzok, Epardo, narrait que son maître, le mage blanc, n’était plus. Qu’il avait perdu et qu’une mystérieuse voix féminine l’avait contacté… mais surtout que cette salle allait se révéler sous son véritable jour sous peu.

Les suppositions d’Amaryliel étaient justes. Ce cube n’était qu’un masque bénéfique qui cachait sous son voile blanchâtre une monstruosité inimaginable. Il y avait raison sur un autre sujet : les transformations. Les bêtes se changèrent une à une, la première fut la couleuvre blanc qui n’était qu’en réalité –qu’encore ?- une étrange créature, un homme à n’en point douter cette fois-ci. Il y en avait un autre encore, d’humain. Mais celui-ci était sous la forme du cerf que la demoiselle à l’arc voulait occire… plus normal celui-ci mais il s’empressa de chercher quelqu’un en le demandant tel un bébé qui, s’il aurait la faculté de parler, demanderait sa mère dès sa naissance.

La chose la plus étrange de tous, c’était la dernière petite chose, le gros sanglier qui se transforma en gobelin aux allures monacales. Icelui ne faisait pas peur du tout comparé aux autres gobelins qu’il avait combattu auparavant, celui-là semblait perdu, apeurée même. Ce n’était pas une raison de sympathiser ni même de parler avec lui. Les choses vertes sont le plus souvent d’un étrange…

Amaryliel resta concentrer sur le renard, qui n’avait pas encore l’air de reprendre forme. Cet animal en était-il un vrai ? Peut-être mais on pourrait difficilement expliquer sa venue ici. Il fallait attendre. Les autres étaient intrigués sur les marcassins, lui sur le renard. Chacun son truc, comme on dit.

Mais revenons à plus de sérieux. Si le jeune elfe tombait juste sur ses déductions, c’est une chose. Mais lesdites déductions ne vont pas lui faire comprendre facile ce qu’il se trame ici. Et pour ça, il fallait encore employer un subterfuge, un maléfice. Ce minuscule endroit blanc était aussi noir que le cœur d’un démon au fond ; si Amaryliel rentrait en résonance avec le monde obscur, il en dégagera certainement des informations plus utiles que des raisonnements semblant fantasque pour le profane. La magie comme la logique sont des exercices d’esprit long et rigoureux que l’homme prend souvent trop de temps à comprendre ; lui, préférant les inductions rapides et brèves plutôt qu’à une longue tirade folle de sens à son égard. Heureusement, Amaryliel n’était pas un homme ou un de ses apparentées. Il avait encore le temps et ce temps, il n’allait plus l’utiliser à débiter des mots creux ou obscurs.

Il se concentra un léger instant, en fouillant sa psyché pour y trouver son énergie sombre. Une mince dose de celle-ci suffira, le jeune sorcier le savait amplement.

(Fais comme la dernière fois, déchire les ombres autours de toi, force les à parler. Soutirent ce que tu veux savoir, ce que tu veux voir. )

Et, comme la dernière fois, une petite masse d’ombre quasi-invisible pour ce qui ne possède pas de fluides mais très présente et peut-être même désagréable pour ce qui en possède des lumineux était autour de lui ; ce monde n’était qu’une aire de jeu que le mage sombre n’avait presque pas utilisé, les ténèbres se sentaient à son côté. Ca ne le dérangeait vraiment plus, ses fluides noirs qui hantaient ses rêves durant un demi-siècle au moins. L’influence obscure l’embrassa doucement, la lueur grandissait un peu plus, comme une faible aura pointant le bout de son nez. Amaryliel semblait si serein, si sérieux, son visage ne trahissait plus aucune mesquinerie : il ne rigolait pas avec les ombres. On avait l’impression qu’il s’était isolé dans ce petit espace et qu’il discutait avec une chose ou plutôt des choses alors que les mots ne sortaient pas de sa bouche. Même ici, les ombres se plièrent à sa demande mais cette domination lente et douce ne faisait pas sans mal, l’elfe était à la merci de n’importe quoi, son corps ne répondait pas à son esprit ; il perdait le fil de la réalité pour rejoindre un autre espace en lien avec ce qui se passait dans la pièce.

Les ombres parlaient une langue bizarre, subtile, folâtre. Mesquines et fourbes, elles s’étaient laissé appréhender par l’âme du sang-mêlée mais leur dialogue demeurait encore une vague énigme pour lui. Il piochait quand même quelques mots, tentait d’en comprendre le sens, demandait à son tour autre choses dans la même langue.
Il n’avait pas le temps à ça…
Amaryliel amplifia doucement sa transe, forçant encore le destin. Il voulait découvrir ce qu’il y avait derrière ce cube mais les ombres, elles, ne voulaient pas céder l’information facilement.

(Ma question est posée : qu’est-ce que cette salle en réalité. Dites-moi ce qu’il y a à savoir, mon âme vous est ouverte pendant ce temps.)

Il pouvait penser de façon correcte alors que la première fois, cet exercice était impossible durant la concentration. Les réponses des sœurs noires étaient sincères mais toujours peu compréhensible. Pourtant, cette fois-ci, le sorcier avait l’impression de comprendre un peu mieux ce qu’il se disait, « une vague impression de… » Ou une chose de ce genre.

Les lucioles noires étaient là. Cette fois-ci, il les voyait sourire de façon malicieuse en regardant un peu partout. Le monde les gênait peut-être. Fugaces, volatiles, elles planaient entre deux mondes ; délicieuse illusion qui se projetait à ses yeux. Tout était comme la première fois mais en beaucoup plus doux, c’était beaucoup trop… doux même. Le doute, l’amertume, le calme et la raison ne faisait qu’un en lui, les quatre mots étaient identiques en quelque sorte pour Amaryliel. En voyant les autres « associé » du tournoi, son âme s’était accordé à une solution durable entre lui et sa magie.

(Les fluides… les fluides ne font l’humeur de l’homme pensa-t-il. D’ailleurs, si c’était le cas, les plus arrogants seraient les blancs ! Velendiel, ce Selen… bien sûr le contre-exemple parfait est bien notre très chère Lüntime… grâce à elle, j’ai l’impression d’en savoir autant voire plus qu’un mage blanc. Je dois lui parler à mon retour, la chante-mage… j’avais oublié que mon père a tout orchestré pour que je sois son apprenti… je travaille là-bas mais je ne lui ai jamais demandé quoi que ce soit concernant la magie. Son chant nous suffit à tous. )

C’était le moment de rompre le lien… cependant à ce moment là, une de ces petites choses d’un doux noir arriva à son oreille et…

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Valla-Meär Amaryliel Il Alamitz
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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Mar 5 Oct 2010 06:21 
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Cela faisait déjà plusieurs minutes que le renard se tenait là, scrutant d'étranges spécimens à travers les feuillages. Il ne fut d'ailleurs pas le seul, car il sentit la présence, de plus en plus importante, d'animaux de toutes espèces venus observer le spectacle. Il y avait là des cerfs, des lapins, des sangliers... Chaque espèce résidente de la forêt était représentée. Et tous attendaient, espéraient... Quoi ? Tout comme notre renard ils ne le savaient pas eux même.
Les silhouettes semblaient s'agiter autour d'une porte faite de bois dont l'aspect était fort simple (l'animal ne put, d'où il se trouvait apprécier l'étrange serrure dont elle était dotée) et comprit son importance à travers les gestes des protagonistes. Lui aussi sentait se dégager de l'ouvrage une aura particulière, attirante, presque hypnotique et, s'il n'y avait pas eut les étrangers sans doute se serait-il approché un peu plus. Leur vision était par ailleurs intrigante car aucun d'entre eux n'affichaient une quelconque ressemblance les uns des autres. Aussi disparates d'aspect que d'attitude (un être rustre de petite taille et particulièrement agité par exemple contrastait grandement avec l'un de ses compagnons, grand et fin, aux manières calmes et délicates. Ces deux personnages retinrent étrangement beaucoup plus l'attention du renard que les autres membres du groupe.) ils se réunissaient néanmoins dans un but commun. Si l'animal flaira une certaine hostilité, l'excitation parmi le groupe prédominait.
Soudain, un élément capta l'attention entière du groupe observé. Le renard ne sut dans un premier temps quel en fut la cause, mais ne tarda pas à le découvrir. Et si il eut été humain, il aurait haussé les sourcils en signe d'incompréhension. En effet, l'élément en question était un cerf. Un cerf somme toute parfaitement banal, attiré par ce lieu comme tant d'autres animaux présent. Mais les étrangers, qui quelques minutes plus tôt ne s'intéressaient en aucune manière à la faune de ce lieu semblèrent maintenant mettre le-dit cerf au centre de leur préoccupation, et l'excitation monta d'un cran. Les oreilles plus que jamais dressées, en signe d'extrême attention, le goupil attendit la suite. Celle-ci fut tout aussi surprenante. Le cervidé, farouche animal qui aurait dû s'enfuir au moindre geste d'un des individu, fit exactement le contraire. Il se laissa approcher il est vrai par l'un des plus serein de l'équipée, qui bientôt fut suivi par une frêle créature à la longue chevelure sombre et nullement effrayé le cerf alla jusqu'à se laisser guider. Même lorsque le plus fruste d'entre tous le prit à l'encolure il ne broncha, et fut amené sans trop de délicatesse devant la porte.

A la seconde même où le nain plaça les bois de la bête dans l'emplacement qui leur était réservé, une première vague de désir violent submergea le renard, et il devait en être de même pour les animaux à proximité. Comme une révélation qui emplissait tout entier ce petit être, elle lui commandait d'avancer, de courir vers l'ouverture sans tarder. Celle-ci lui paraissait incommensurablement plus désirable et sécuritaire que son propre terrier. C'est une force irrésistible qui ne peut être ignorée et contre quoi on ne peut lutter, au delà même de l'instinct. Une force magique.
Une deuxième vague vint ensuite, violente également mais d'une autre manière. Un sentiment d'urgence s'installa, pressant, comparable à une sonnerie impérieuse et stridente. Il fallait agir vite. Cela les animaux l'eurent bien compris, si bien que notre renard ne fut pas le seul à s'élancer, oubliant la méfiance encore présente quelques secondes plus tôt envers les étrangers de la forêt. De ce qui l'entourait le renard ne s'en soucia guère, concentrant tout ses efforts sur sa course effrénée, car la sonnerie dans son crâne se fit de plus en plus insistante, de plus en plus stridente. Il avait la certitude que si il n'arrivait pas à atteindre ce qu'il y avait derrière le seuil de la porte, il serait condamné à tout jamais. Condamné à quoi ? Il ne le savait pas, et ne cherchait à comprendre l'illogique de la chose.
Plus il se rapprochait et plus la lumière violente que dégageait l'ouverture l'aveuglait, rendant sa course incertaine. C'était la deuxième de la journée et les forces du petit animal menaçaient sérieusement de le quitter. Pourtant, que ce fut un exploit ou une volonté supérieure, il sentit soudain que ses pattes quittèrent le contact de l'herbe et se posèrent sur...autre chose. Épuisé, il sut qu'il avait réussi, qu'il était passé. Déjà le sentiment combiné de désir et d'urgence s'estompa, laissant place à une grande quiétude. Le renard s'écroula sur le côté, la langue pendante et à demi inconscient.

Décrire une métamorphose est une chose difficile, surtout lorsqu'on est à demi conscient. Cornélius ne vit pas ses pattes se transformer en bras et en jambes humaines, ni sentir ses oreilles rétrécir et ses poils roux disparaître au profit d'éparses poils noir. Pour dire, il ne se vit même pas passer de la stature d'un renard à celle d'un homme. Tout fut beaucoup plus brouillon que cela. Il y eut de la douleur certes, mais ce ne fut prégnant car elle s'effaçait devant une sensation beaucoup plus évidente, difficile à décrire car propre à ce phénomène de transformation. L'humain se sentit comme une pièce d'argile que l'ont façonnerait, une entité difforme malaxée par des mains invisibles selon leur bon vouloir. Pendant ces quelques secondes, qui parurent durer une infinité, il n'exista plus, il fut... en suspens, ou bien en transit.
Quand finalement il reprit pleinement conscience, le jeune enodien fut de nouveau humain, et ne gardait qu'un souvenir vague de sa forme précédente. Comme un songe. Et il n'eut pas vraiment le temps de reprendre ses esprits qu'il fut frappé de stupeur. Au lieu de la sordide arène dans laquelle il s'attendait à se trouver allongé, un blanc d'une perfection surnaturelle agressa sa rétine, où qu'il posa son regard. Ses yeux éblouit ne virent que dans un second temps les détails de la pièce, et surtout les gens qui s'y trouvèrent ! Si Cornélius ne reconnut la plupart des visages, son cœur bondit à la vu de deux bien familiers.
Amaryliel ! Bölin ! Par quel miracle sommes-nous de nouveau réunis. S'exclama-t-il intérieurement.
La vue de ses compagnons, dont il ne savait pourtant que très peu de chose, lui insuffla une vigueur nouvelle. C'était la renaissance d'un espoir au fond, et bien qu'une foule de questions le pressait, il remit toutes ces interrogations à plus tard pour apprécier ces retrouvailles, si tout cela était toutefois bien réel.
Savourons un peu l'instant présent...

Bölin étant un peu plus loin de lui et le regard fixé sur une bande de marcassins, le jeune homme voulut s'adresser à Amaryliel, plus proche sous plusieurs angles. Mais celui-ci semblait...ailleurs et il jugea bon de ne pas l'importuner. Cependant à l'assemblée présente dans cet étroit cube blanc, il cru devoir dire quelque chose, même n'importe quoi... Alors d'une voix pas plus audible que nécessaire il prononça ces mots :

« Je... Je n'ai aucune explication à ce qui vient de m'arriver, je ne sais comment je suis arrivé ici ni, pour la plupart, qui vous êtes... »

Cela sonnait comme une justification et une foule de questions voulurent sortir de sa bouche, mais il préféra garder le silence. Il se sentait déjà bien assez stupide comme ca. L'énodien ajouta à l'intention de Bölin et Amaryliel, bien qu'il ne fut pas sûr que ce dernier l'entende :

« Amis d'infortune... Je n'aurai cru être un jour aussi heureux de voir des visages familliers... »

_________________
Cornélius, Humain, Guerrier

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"I must not fear.
Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration.
I will face my fear. I will permit it to pass over me and through me.
And when it has gone past I will turn the inner eye to see its path.
Where the fear has gone there will be nothing.
Only I will remain."


The Fear Litany, F.H.


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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Mar 5 Oct 2010 21:13 
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Localisation: J't'en pose des questions?
La lumière vive qui s’était déversée hors de la serrure quelques instants plus tôt n’était rien face à ce qui nous attendait à l’intérieur ; une blancheur inaltérable sur laquelle la lumière semblait ricocher à l’infini recouvrait tout, si bien qu’il était presque impossible d’évaluer les dimensions de l’endroit. L’œil ne pouvant se référer à aucun élément familier, les distances et les volumes apparaissaient comme flous, pour ne pas dire qu’ils étaient presque impossibles à déterminer ; cette difficulté à se situer dans l’espace était déconcertante, et je dus plisser étroitement les yeux pour les garder ouverts. Ainsi, après avoir, pièce après pièce, créé et reconstitué de façon subtile des environnements artificiels reproduisant de minuscules détails, le maître du jeu nous confrontait à présent à l’absence totale de tout décor, de tout ornement, de toute parure. C’était presque comme si, dépassé par notre avancée dans ces boyaux, il avait omis la possibilité que nous atterrissions ici, et en avait ainsi négligé le décor, ou du moins ne l’avait pas encore engendré; cette pièce si vide, si lactescente, semblait en gestation, comme pleine d’un espace de possibles presque infini. Bien évidemment, c’était un vœu pieux, bien que je ne sois pas un modèle de ferveur.

Les sourcils froncés et arqués, légèrement aveuglé par cette lumière soudainement si vive –que serait-ce quand, en admettant que je sortisse un jour de ces souterrains sombres, je verrais à nouveau la lumière bien réelle du soleil !-, je me tournai en direction d’Epardo qui, après avoir soigneusement refermé la porte, de crainte que la totalité de la faune de la forêt ne se précipite dans la pièce, s’était adossé au mur, haletant. De ses oreilles, dont je pouvais apercevoir, par transparence, les ramifications innombrables des veinules, comme des jaspes sombres sur une pierre grise, coulait un peu de sang, sang roulant sur sa peau rocailleuse pour goutter doucement sur ses épaules. D’un air accablé, il répondit enfin à ma question ; le mage blanc aurait été vaincu par le sombre maître de céans, tandis qu’une nouvelle alliée providentielle, apparemment « inexpérimentée », veillerait sur nous, nous créant cet abri, qui, à terme, disparaitrait. Ainsi, à en croire ces paroles, ce cocon opalescent était une chrysalide qui nous protégeait un moment des périls ; à l’instant même où me vint cette image de la métamorphose de ces étranges insectes, l’agitation de certains des animaux qui s’étaient précipités à notre suite me fit tourner le regard. Voilà qu’eux aussi brisaient leurs chrysalides : en se tordant étrangement, de la couleuvre blanchâtre accoucha un homme au teint et à la chevelure tout aussi pâles, tandis que le renard maigre, sans un glapissement, laissait place à un homme dont les caractéristiques physiques m’étaient aisément reconnaissables ; c’était sans hésitation un Wielhenois, avec tout ce que cela présageait. Pour avoir côtoyé une bonne partie des dockers de Tulorim, j’espérais que ce nouvel arrivant n’hériterait pas de leur caractère irascible et farouche. De son côté, le gros sanglier s’était mué en une ridicule petite créature au teint terreux si semblable à celui d’Epardo, tandis que le cerf majestueux avait été remplacé par un jeune homme aux yeux égarés, dont l’apparition sembla provoquer chez l’elfe un peu fauve aux cheveux marins une réaction immense ; bien vite, je m’aperçus que ces nouveaux arrivants étaient connus des naufragés de la forêt artificielle. Seule la petite créature verte ne semblait reconnaitre personne, et babillait avec étonnement dans une certaine indifférence.

Je regardai la troupe de marcassins avec crainte ; s’ils décidaient tous à leur tour de prendre forme humaine, nous manquerions bientôt de place. Plus inquiétant encore, ce regroupement de ce qui semblait être les restes des anciennes équipes risquait de provoquer des tensions et des déchirures au sein du groupement hétéroclite. Puisque nous étions des naufragés, nous étions à présent suffisamment nombreux pour former un équipage, et partir à l’assaut des vagues et des tempêtes ; cependant, je savais par l’expérience que maintenir l’unité d’un équipage n’était pas chose aisé, que sans chef, il se disloquerait bientôt, et que si un capitaine apparaissait, se formeraient bientôt troubles et mutineries. Ce regroupement soudain n’était qu’une nouvelle épreuve, qu’une nouvelle difficulté que le maître du jeu mettait en travers de notre chemin.

Me tournant vers les nouveaux personnages fraîchement métamorphosés, je les saluai chacun d’un signe de la tête, pensif ; je regrettai à nouveau d’être à court de tabac, j’assez la sensation de ne pas réussir à me concentrer. Ma main, errante, tomba sur l’étrange globe que j’avais récupéré ce qui me semblait une éternité auparavant ; je la caressais machinalement, attendant plus ou moins patiemment la suite des évènements.

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Erow.


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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Mar 5 Oct 2010 22:32 
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Je ne compris que confusément le sentiment qui s'était emparé d'Amaryliel, et dont je vis également le reflet au fond des yeux de l'humain à la cape d'obscurité, mais aussi dans les prunelles fendues de certains des animaux qui s'étaient précipités dans la pièce ; il y avait là divers animaux, tous terrestre, aucun aérien n'était présent céans, et parmi eux j'étais la seule aquatique. La terre est un élément honorable, j'en suis convaincue, mais... pourquoi devait-il exister, dans ce monde, à l'exclusion de tous les autres? Je voyais s'aggrouper autour de moi des bêtes parmi les plus terrestres, le seigneur des forêts, les cochons sauvages et leur horde de descendants, le serpent qui suit la courbe des sols jusqu'à ne plus de distinguer de l'élément lui-même... un petit renard, qui gisait au centre de la pièce, faisait exception. Son pelage, qui avait dû être roux, était couvert de poussière ; tout en lui, ses yeux clos, ses oreilles couchées contre sa tête, sa gueule ouverte laissant apercevoir de petits crocs tremblants, tout exprimait la fatigue la plus harassante qui l'avait terrassé. Je n'avais pas, et n'ai jamais eu, besoin de regarder Amaryliel pour ressentir les grandes lignes de ses énigmatiques états ; aussi j'allais venir au secours du malingre goupil lorsqu'un bruit insolite, comme je n'en avais jamais entendu, et je me retournai : la couleuvre que j'avais déjà remarquée était prise de contorsions impressionnantes, si vives qu'une insupportable tension monta en moi, celle qui naît de la perception évidente d'une souffrance aiguë et extrême. Mais cela ne dura pas. Sous mes yeux attentifs et terrifiés, le reptile sembla battre de l'intérieur, comme si un corps plus grand eût voulu en sortir, et c'est ce qui arriva : l'animal se transforma progressivement dans la violence de ses sursauts, et progressivement évolua ; je retrouvai devant moi une forme humaine, et non elfique, mais du moins il semblait que ce fût un Parlant. Je le regardai un instant, sidérée de ce que je venais de voir, mais mes yeux troubles ne s'attardèrent pas longtemps sur cet être nouveau. Si le serpent qui semblait souffrir était devenu humain, qu'en était-il du petit renard? La même chose advint alors : tandis que j'allais me précipiter vers le félin dont les pattes battaient mollement l'air comme s'il eût voulu se débattre contre un invisible ennemi, sa propre métamorphose commença. Le roux animal devint à son tour humanoïde, un autre humain – les elfes étaient-ils donc minoritaires sur la surface de la planète entière? – aux cheveux longs comme ceux d'Amaryliel, au regard d'émeraude comme celui du sieur Selen, mais plus clair et plus ouvert. Je gardai mon regard fixé sur ce curieux arrivant, incapable de prononcer une parole. J'observai les deux humains de race double, et sentis que la confusion et l'incohérence prenaient possession jusque de mes pensées, car je me demandai : Ont-il un jour été plante, aussi?
Je secouai la tête pour m'interdire le délire d'hypothèses qui menaçait d'emporter au loin le raison qui me restait. Il se passait quelque chose parmi les autres, dont la plupart s'étaient à présent tournés vers l'autre côté du cube dans lequel nous étions enfermés, mais je ne m'en souciais pas, après tout ce que je venais de voir et tout ce que j'avais vécu ne m'avait pas rendue curieuse de connaître toutes les déclinaisons possibles de l'incohérent, du fou et du mystérieux combinés qui régnaient en chacun et par tous, dissous dans l'air, implantés dans les esprits. M'adressant aux deux transformés, j'articulai vaguement un presque inaudible


« Bonjour... Soyez... euh, les bienvenus tous deux.
Enchantée de même, je m'appelle Rose. Pardon de vous brusquer mais... préparez-vous à ce qui va suivre, soyez sur vos gardes.»


Les mots du renard me dévoilèrent qui il était. Je fixai à nouveau mon attention sur lui, le dévisageai.

"Alors c'est vous, le lien? Ravie de vous connaître, vous à qui j'ai confié le relais. Accrochez-vous bien à ces visages, c'est tout ce qu'il nous reste. Qu'Elle vous protège."

Je réalisai alors que d'autres métamorphoses avaient eu lieu, et qu'en place du cerf déboisé et du cochon noir étaient apparus deux êtres anthropomorphes, un petit être vert à l'air parfaitement ahuri qui me rappela le moine Karzik, et un autre humain de grande taille à l'air mauvais, auxquels je n'accordai pas encore beaucoup d'attention, car une idée m'était venue. Souriant encore vaguement aux deux nouveaux qui, de petits animaux avaient tant grandi qu'ils me surplombaient tous deux de beaucoup, je me réfugiai dans un coin de la pièce et baissai la tête. C'est alors que la voix d'Epardo s'éleva parmi nous, une voix lasse et qui renfermait un accent difficilement réprimé d'une grande tristesse. J'écoutai, je crois que tout le monde écoutait attentivement, sauf peut-être le petit Karzik fluet aux yeux grands ouverts comme pour la première fois, et qui ne semblait pas capable d'une longue attention. La mort du mage blanc, de l'existence duquel personne n'était certain, ne m'affligeait pas, mais j'entendis dans le discours de l'orc une information qui me fit sursauter. Rien n'existait plus en-dehors du cube? Je ne pus réprimer un soupir et m'affessais davantage contre le mur.

« Sigdral... »

Je levai la tête. La pièce était si exiguë qu'il avait suffi à Gwaë de reculer de quelques pas pour me heurter. Mon corps avait dû ressentir la nécessité de se faire plus grands au travers de toutes les épreuves, car j'étais à présent aussi haute que l'elfe.

« Gwaë, que s'est-il passé là-haut? Par où êtes-vous passé tous les deux pour parvenir jusqu'ici? Si j'arrive à m'imaginer avec assez de précision les chemins de ce lieu, peut-être que je pourrais... Gwaë? »

La jeune dame au regard perçant ne m'écoutait visiblement pas, ne me regardait même pas. Elle fixait quelque chose droit devant elle, qu'en suivant son regard je pus identifier comme le plus grand des êtres nouvellement humains, l'homme aux cheveux blonds dont je n'avais pas vu la métamorphose. En observant le visage de l'elfe, je pus y voir une expression que je ne lui avais jamais vu ; des sentiments contraires semblaient s'opposer en elle et se combattre avec une férocité telle, que ses traits fins et auparavant si assurés semblaient avoir laissé place au doute, à l'égarement, à beaucoup d'autres choses encore que je ne sus reconnaître tant c'était complexe. Tout ce que je pouvais dire, c'est qu'elle paraissait, en un instant, avoir pris cinquante ans.
Je fis violence à ma mémoire peu performante de nature, qu'avait-elle donc dit au début? Un écho revint à mes oreilles, d'une voix arrogante et conquérante qui n'avait plus rien de commun avec ce visage féminin qui reflétait une extrême mélancolie.


« Mademoiselle... C'est lui que vous étiez venue chercher? »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Mer 6 Oct 2010 00:18 
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Ma question posée, je promenai un regard épuisé sur chacun des êtres présents dans la pièce, bien plus exiguë d’ailleurs qu’elle ne me le paraissait sous ma forme animale, et elle se trouvait désormais fermée. Ainsi, je reconnu en premier les personnages qui devaient constituer le groupe vu sous mon regard reptilien : En premier, le plus reconnaissable, un immense colosse verdâtre à l’air las mais farouche, un orc vraisemblablement. Ensuite, se trouvant tout proche de l’orc, un homme à l’air anxieux se tenait, silencieux. Après, je m’aperçus de la présence de deux elfes, que j’identifiai immédiatement comme tels au souvenir de Meredith… cette écervelée qui m’avait sauvé la vie… Enfin, je n’étais pas en position de m’apitoyer sur le devenir le passé, l’avenir semblait prêt à me conduire dans une aventure bien plus incroyable que je ne l’aurais pensé. La seule constitution de cet incroyable rassemblement en était un indice pour mon instinct.
Et incroyable était bien le terme car je n’avais pas fini de les décrire : il y avait un homme sombre au regard méfiant et calculateur, une humaine sur ses gardes, et un nain qui semblait bien peu tendu par rapport à la situation présente.
Qui était donc tout ces gens ? Des alliés, des ennemis ? D’autres personnages dont les destins avaient été, tout comme pour moi, déviés de leur orbite première ? Ou bien des serviteurs voir des acolytes du mystérieux maitre des lieux ?
Tant de questions qui resteraient sans réponse, du moins pour le temps à venir, car, si j’avais décris la populace humanoïde de la petite pièce, j’avais omis de citer les animaux, nombreux eux aussi : Nous avions donc le cerf, tout proche de moi, et un sanglier accompagné de ses petits, ainsi qu’un renard au poil roux. Et c’est donc le dit cerf qui coupa court à mes interrogations en se transformant sous mes yeux en une grande forme familière. Un être rompu au combat dont la chevelure blonde ne manquait de me rappeler intensément mes dernières mésaventures : Arhos.
Ainsi, il avait donc survécu, et à l’expression qu’il fit en me voyant, je devinai qu’il était aussi perdu que moi. Il me demanda d’ailleurs si je savais quelque chose à propos du comment nous avions atterri ici et de l’identité des personnes présentes. Evidemment, je répondis par la négation, puis, alors que je voulais le questionner à mon tour, je fus à nouveau distrait par une nouvelle transformation : c’était au tour du sanglier de retrouver une enveloppe corporelle humaine, ou du moins humanoïde, car, en effet, c’était un gobelin qui se fit de l’animal. Un gobelin sans le moindre self contrôle qui montra sa surprise dans un élan machinales de questions auxquelles, à pas une seule d’entre elles, je ne pouvais répondre.
De toute manière, au vu de la situation, j’aurai sans doute bien plus de réponse en m’abstenant de participer aux échanges, et d’un regard, j’intimai Arhos – dont je connaissais bien la tendance aux déclarations fougueuse – au silence. Et je pourrai aussi reprendre un peu de force, préservant mon esprit d’un combat oral éprouvant psychiquement.

Ainsi, je me contentai d’écouter et d’observant.
C’est l’homme en noir qui se rompu le silence par une réponse, non pas aux questions du gobelin, mais par une rhétorique empli d’hypothèses quand à la suite du tournoi, si tournoi était toujours la manière donc nous pouvions désigner cet événement, et cela confirma mon impression de lui.
Ensuite, oh surprise, mais surprise est moindre quand on y a déjà assisté, un autre des représentant du règne animal, le renard, se transforma en un homme qui, comme moi, balbutia quelques formules de politesses.
Enfin, la femelle elfe nous adressa, elle aussi, quelques salutations.
Mais la discussions n’avançait guère dans l’optique que je lui espérais, aussi, je rassemblai mes forces pour me relever à grands maux, puis, lorsque je fus debout, je déclarai de ma voix la plus forte possible dans mon état :

« S’il vous plait, écoutez moi tous, s’il vous plait… l’homme en noir a raison dans un certaine mesure et, à défaut d’être solidaire, je propose que l’on se présente tous quelque peu pour que puissions nous parler plus simplement les uns aux autres. Je m’appelle Kal… je viens de Tulorim et je n’ai pas la moindre idée du comment et du pourquoi par rapport à notre venu jusqu’ici. J’ai, avec Arhos ici présent, traversé un certain nombre d’épreuves pour parvenir à la forêt et c’est là que mes souvenirs s’évanouissent.
Et vous ? »

Comme durant la première rencontre avec mon groupe de la lune, je cherchai à poser un nom sur chacune de ces personnes , cela permettant d’instiller une certaine confiance en autrui et laissant la place à une forme de solidarité.
Et je repartis aux cotés d'Arhos, sur le sol reposant, pour observer de là les effets de ma tirade.


(((Fait a la va vite, je suis épuisé, j'ai une nuit blanche derrière moi et mes yeux se sont fermé durant la seconde moitié du post. Je l'arrangerai plus tard, désolé s'il n'est pas très détaillé ou précis.)))

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-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2010 04:36 
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Jets de dés Amaryliel : lancement du sort connaissance obscure : 79 réussite

Étant tous confinés dans un petit endroit, vous pouvez facilement entendre toutes les conversations, à moins qu’elles soient chuchotées.
Ainsi, le nain qui avait été très attentif au discours de Selen apporta son appui à ce dernier:

« J’chu bien d’accord avec vous, jeune homme, soyons solidaire. Oublions ces clans et restons unis contre l’ennemi. »

Aussitôt ces paroles prononcées, il reporta son attention sur les petits phacochères :

« Si nos ventres étaient remplis, c’serait plus facile de réfléchir. »

Amaryliel pour sa part reçut une réponse à sa question :

« Petit cube blanc flottant dans une salle plus vaste où se mêlent poussière, boue, roche, obscurité partielle »

Alors que Amaryliel porte attention à ce que lui répondent les ombres, un des petits sangliers se détache du clan et va se frotter sur une de ses jambes. On ne peut savoir ce qui a attiré ce petit animal, mais ce qui est certain, c’est qu’il est bien décidé à coller aux basques de ce cher Amaryliel.

Au questionnement de Cornélius, l’orque répond :

« Je suis Epardo. Bien content que vous soyez vivant vous aussi. On ne sera pas de trop pour vaincre le mal et sortir d’ici. »

L’immense orque se porte mieux, malgré la douleur qui l’assiégeait plus tôt. Toujours adossé à un mur, il tient dans sa main droite, quelques chapeaux à grelots, qu’il avait ramassés un peu plus tôt suite au combat.

Gwae cesse un bref instant de fixer Arhos pour se tourner vers Rose. D’une voix désemparée, elle chuchota à celle-ci:

« Celui-là même que j’ai tenté de tuer avec mon arc et mes flèches. »

Arhos aurait continué son interrogation si Kal ne lui avait intimé de garder le silence. Il se contente alors d’examiner un à un les divers occupants de la salle. Lorsqu’il remarque Gwae, il fronce légèrement les sourcils, mais sans s’attarder poursuit son examen visuel.
A la requête de Kal de se présenter le nain répondit :

« Je suis Bölin et j’ai faim. Je laisse mon ami Amaryliel vous résumer nos aventures. »

Fenouil répondit au signe de tête de Erow en faisant de même.

Il fit un sourire naïf, retira le gros sac qu’il avait sur l’épaule, ne conservant qu’un petit sac en bandoulière :

« On m’a toujours appelé Fenouil. Et puisque je suis mort, je n’ai plus besoin de tout ce bric à brac. »

Ce disant, il vide son sac sur le sol jadis blancs. Il est assez surprenant de constater tout ce que pouvait porter sur son dos un si petit être.

Sur le sol, gît maintenant des armes ( 2 épées, 1 dague, 2 bâtons de marche) des fioles diverses(2 fioles contenant des liquides sombres et 3 autres contenant des liquides clairs), des pièces de protection ( 2 casques, 2 paires de brassards, 1 paires de longs gants de cuir se rendant jusqu'au coude, 2 paires de bottes), bijoux ( 3 bagues), 2 capes (une de couleur sombre et l'autre claire) et pleins d’objets hétéroclites (un bonnet de diablotins, 2 parchemins roulés,
((( Et voilà, le contenu de ce sac c’est un petit cadeau de ma part, pour vous féliciter d’avoir répondu si rapidement… Attention, une fois n’est pas coutume et vous n’aurez pas de telles récompenses la prochaine fois…)))

EDIT: J'ai retiré de la liste, les objets qui avaient été choisis.

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Lun 11 Oct 2010 18:47 
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Chacun y allait de son petit commentaire sur la situation, se présentant ou non aux nouveaux venus de l’aventure, qui n’avaient pas l’air belliqueux outre mesure. Le Renard n’y comprenait rien, le Serpent acquiesçait mes dires et proposait que nous nous présentions tous l’un à l’autre pour favoriser cette cohésion solidaire que j’avais abordée. Le cerf restait silencieux et suspicieux. Gwaë semblait le connaître, ou tout du moins le reconnaître, et en parut surprise. Bolin, bravache et gaillard, répondait aussi à ma demande d’entraide par une invitation au massacre des petits marcassins qui étaient restés animaux. L’orque imposant, lui, se remettant doucement de ses émotions avec le secours altruiste de l’homme à la pipe, consentit à se présenter, et à faire espérer les troupes sur une survie intégrale du groupe face au mal qui résidait ici. Était-ce de la manipulation, ou de la bêtise ? Était-ce pour le bien de tous, ou pour la mort de chacun ? Je ne pouvais le déterminer. Mes soupçons le concernant étaient toujours bien réels, mais je ne savais plus sous quel degré les placer.

Le gobelin, lui, se croyait mort, entouré d’autres macchabées à l’âme errante dans un au-delà vierge de tout objet, de tout décor. Je ne pouvais m’empêcher de penser que ses dires étaient peut-être plus réalistes que ceux d’Epardo, mais de telles paroles ne franchirent pas mes lèvres. La mauvaise augure ne serait sûrement pas appréciée par cette bande d’insouciants lurons qui, malgré mes recommandations, ne s’apprêtaient pas du tout au combat, ou à recevoir un nouveau coup terrible du destin. Le dénommé Fenouil, au lieu de s’équiper, venait même de vider sur le sol l’intégralité de son baluchon, offrant le tout au groupe que nous formions.

Sans me faire prier, j’analysai le contenu de ses affaires en m’approchant de lui avec curiosité. Il y avait là beaucoup de matériel, et il était certain que chacun des avides aventuriers présents dans la pièce réclamerait sa part. Des armes, des fioles pleines, des pièces d’armure, des habits et d’autres objets divers et variés… Mon regard s’attarda un instant sur les liquides clairs de deux fioles, mais je m’en détournai assez rapidement, ne sachant pas s’il s’agissait de fluides… Mon corps était à jeun. L’alcool du Purgatoire commençait à creuser son sillon de manque en moi. Et j’avais trouvé un réconfort en absorbant ce fluide, récemment. Mais le manque était de nouveau présent, et tant le fluide que l’alcool me manquaient.

Mais ces pensées furent mises de côté par la vision d’un pendentif élégant : une fine chaîne d’argent à laquelle pendait une pierre sombre intrigante. Elle contenait certainement des pouvoirs cachés, car elle n’était en rien un bijou d’apparat. La pierre n’était pas taillée, ce qui expliquait sans doute sa présence dans le sac de cet aventureux gobelin à la tonsure de moine. Dégainant mon sabre, j’en fis glisser la lame sur la chaine, et je la levai du sol pour l’attraper. Je la passai autour de mon cou en précisant, pour les autres.

« Je me contenterai de ceci, si vous le voulez bien. »

Je ne leur laissais pas vraiment le choix, à vrai dire… Et je poursuivis mon mouvement en attrapant du bout des doigts le bonnet de diablotin similaire à ceux qui ornaient la tête des petits tas de cendre de l’autre pièce forestière. Je précisai aux autres, au cas où ils me prendraient pour un grippe-sou :

« Pas d’inquiétude, ce n’est pas pour moi… »

Je m’approchai alors des petits marcassins, et déposai le bonnet sur la tête de celui qui oserait s’approcher de moi. Ces créatures portaient des bonnets, et ne se changeaient pas en animal… Peut-être que s’ils en étaient dépourvus, ils se métamorphosaient. En marcassins, par exemple. Cette hypothèse allait vite être vérifiée : si le bonnet faisait effet, ce serait un diablotin qui se tiendrait bientôt devant nous… Sabre toujours dégainé, j’attendis l’effet escompté, silencieux.

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- Selen Adhenor -


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 Sujet du message: Re: Chapitre 5: Un cube tout blanc mais pas pour longtemps.
MessagePosté: Lun 11 Oct 2010 22:47 
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Inscription: Sam 27 Juin 2009 15:20
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Amaryliel allait répondre à Cornélius, ensuite il hésita. Depuis un temps fou, tous vivaient dans un cauchemar, parmi une violente succession de choses vagues, qui ne lui laissaient aucun sentiment précis. Sans doute, il croyait bien avoir vu ce renard se transformer en Cornélius qu’il avait cru mort, assassiner par de terribles gobelins ; mais il ne pouvait plus l’affirmer ; et à quoi bon pleurer, quand on n’est pas sûr de pourquoi on se lamente ? Zewen témoin, cet être était bien son ex-défunt-mais-en-réalité-non-mort-mais-transformé-en-renard ami Cornélius !

« L’infortune, c’est de se retrouver ici et non devant un bon thé à nous narrer le pourquoi du comment nous en sommes là, maintenant à nous préparer pour l’avènement final… Nous vous croyons mort, nous nous sommes retenus de pleurer cette perte et vous revoilà… présent devant nous. Par quelle magie et par quel Dieu de la métamorphose étiez-vous un renard puis vous-même, Cornélius ! »

La joie était sous quelques points, de retour. Ce genre de moment unique n’arrive pas deux fois. Ils le pensaient vraiment mort physiquement car un esprit ardent ne peut cesser de briller dans le cœur des autres soleils mais nous y reviendront… Pour l’instant Amaryliel était en proie à une curieuse créature…

(Il est… mignon. Enfin, pour ce que c’est. Un sanglier en devenir. Ou un humain en perspective. )

L’interminable périple suivait gentiment son lent et long trajet vers une destinée où la bataille pointait plus que surement le bout de son museau. Museau aussi présent sous les pieds d’Amaryliel comme le reflétait bien sa pensée. Les impressions de salon de thé recommencèrent. Avec des présentations, des révélations, des retrouvailles et même… son mouton noir. Son mouton noir ? Non, plutôt deux ! L’un grincheux et l’autre généreux se partageait la vedette. Le premier, Selen, avait mis en garde toute l’équipée de funestes présages quant à ce qui arrivera après le cube. Il avait raison mais il ne distinguait pas une trame plus psychique se jouait au dessus de la tête de tous ces gens. Certains s’aimaient et d’autres se voyaient changer littéralement à cause ou grâce à cette aventure. Ce n’était pas un mal de ne pas voir cela ; sans être terre à terre, il avait diablement raison de prévenir l’assemblée. Mais honnêtement qui ne se souciait pas de ce qui allait se passer ? Ils voulaient juste décompresser, oublier un instant pour reprendre la dernière ligne droite. Se réfugier vers une bonne pensée avant peut-être… la fin. Phaïtos allait peut-être en embrasser plus d’un… et ses baisers sont d’un mortel pour l’âme des vivants. Le second se faisait nommer Fenouil, drôle de nom pour un gobelin. Un nom qui le rendait plus tendre encore qu’il ne pouvait l’être de son visage bien drôle et de ses expressions angoissantes. Le pauvre se croyait dans une sorte d’endroit originel où les vivants se retrouvent pour recevoir une sentence, un purgatoire. Son inquiétude n’avait été rassasiée par aucune personne dans la petite et blanchâtre salle. Inquiétude, accrue par l’impossibilité d’un retour ni d’avoir eu des réponses exactes ; aussi bien qu’après cette ignorance voulu ou non de ses nouveaux compagnons, il déposa un stock d’objet, tous aussi intéressant les uns que les autres. De ce stock, Selen s’était servi le premier. Ayant lorgné un collier savamment raffiné et orné d’une sombre pièce, il le prit et l’attacha presqu’immédiatement à son cou. Il y en avait assez pour tout le monde mais est-ce que tout le monde aura ce qu’il veut. C’était déjà bien généreux de la part de ce gobelin d’offrir – dans un désespoir de situation -, sa marchandise !

La nacre pièce ternissait dans l’esprit du sorcier, elle avait perdu de sa blancheur depuis les révélations des ombres. Il fallait s’armer de courage et commencer un long et périlleux combat vers l’inconnu, des averses d’incertitudes tombèrent en lui, qui attristait son visage d’un sourire livide. Tourmenté par ce qui lui avait dit les ombres, il retourna un bref instant dans un mutisme voulu, ne pensant guère à ses retrouvailles ou même à Rose, mais anxieux de savoir comment la calamité des lieux allait tourner pour lui et les autres, il était sur une sorte de nuage à voir venir les événements, lorsqu’il dénota son manque de courage et de tact depuis le grossissement du groupe. Le soleil était restitué, Bölin était présent et prêt à en découdre. Cornélius à nouveau parmi eux, tout ouïe et heureux de revoir ses compagnons. Il était tout trois des formes d’esprit, des transformations complémentaires et nécessaires à l’unité. Le nain plus prompt à la vitesse mais agissant toujours avec une certaine idée, l’humain avec un juste milieu perturbant et ô combien appréciable et l’elfe qui tendait plus à une réflexion qu’à une action. Les trois s’étaient toujours complétés et il fallait que ce Soleil brille sans brûler les autres éléments présents dans la pièce. Amaryliel avait changé, il respirait un air plus jovial, plus sain, il voulait aller de l’avant comme cet être dans son rêve qui transpirait d’un charisme rayonnant. Le jeune magicien sombre hocha de la tête en direction du gobelin pour le remercier du legs qui prodiguait à tous puis, se pencha vers l’étalage et y observa de plus près les articles qui s’y tenaient. Il y avait une main-gauche qui se mariait parfaitement avec la rapière que Cornélius lui avait offerte au début de l’aventure ; Amaryliel était subjugué par la beauté de la pièce sans pour autant en afficher des tonnes : la garde était blanchâtre, presque aussi albâtre que la lame de sa rapière et semblait être forgé dans un métal blanc-gris, les quillons étaient timidement présents rendant la forme générale de l’arme encore plus féminin qu’il ne l’était déjà, les courbes et les volutes étaient nombreuses sur la garde cependant le créateur de l’arme a bien pris soin d’ajuster un petit panier pour éviter qu’une lame ne blesse la main de son porteur. Le ricasso confirmait les soupçons d’Amaryliel : (Il est long, très long, cette arme a été spécialement conçu pour parer les attaques bien que la lame…) La lame était comme à l’habitude des constructeurs de rapière et de main-gauche, c’est-à-dire, faite par un autre artisan. La lame, à l’instar de la garde, était plus sombre et fade. Sa couleur allait d’un gris terne à un noir tiède, le métal et l’artisan était non seulement différent mais terriblement opposé. Il fallait être fou pour parer avec un objet qui ne répondait pas à une harmonie précise. Pour porter ce genre d’arme, il faut être double. Cela expliquerait peut-être pourquoi ce gobelin possède une arme à la fois d’un raffinement excellent mais d’une prise en main presque impossible pour un jouteur habile. C’était une lame parfaite pour Amaryliel, ambiguë jusqu’au bout des ongles. La rapière et la main-gauche s’alliait parfaitement, elle était faite pour se rencontrer. Elles n’avaient pas l’air d’être des apparats de nobliaux mais plus les œuvres ratés d’artistes torturés par un mal ou une inspiration incompréhensible. Ce sont tout de même des armes qui sont tombés aux pieds des Enfers !

Amaryliel prit l’arme et s’inclina devant le segtek en guise de remerciement. Puis d’un geste lent, il agita les mains, avec une petite articulation, comme pour essayer rapidement la lame.

(Je ne sais pas quoi en penser, elle doit faire des ravages en défense mais pour ce qui est de l’attaque… elle semble aussi très envoutante, presque enchanteresse, la garde et ses fresques sont assez encourageante mais pas sa lame qui contrairement à ma rapière ne demande qu’à croiser le fer avec une autre lame pour proliférer en elle sa tristesse. Quel duo inspirant… enfin, j’ai mieux à dire ! )

C’était vrai. Amaryliel avait pour ambition de rallier tout le monde et de faire part de ce qu’il avait vu à tous. Il voulait préparer l’équipe à ce qui arrivera. C’est ainsi qu’il prit la parole en s’écriant vivement :

« Tout d’abord, étant à étranger à la majorité ici présente que… mes paroles peuvent parfois sembler d’un fantasque et d’une longueur folle mais j’ai appris que la rhétorique pure ne permet qu’une manipulation de l’esprit ce que je ne veux absolument pas. »
Il reprit un peu de son souffle puis commença :
« J’ai été en contact avec les esprits de ses lieux : les ombres. Et je n’ai plus honte de dire qu’elles sont mes sœurs de bataille, mes meilleurs alliés même dans des moments aussi cruciaux que celui là. Elles dissent que ce cube est effectivement un artifice qui ne tardera pas à disparaitre. Qu’après ce cube, il y aura un monde sale et obscur où la pénombre aura raison de nous si nous ne prêtons suffisamment attention ; un univers aux couleurs de ce grotesque tournoi nous attend. »

En toisant tout ce consortium hétéroclite, il avait tout de même un peu peur qu’on le foudroie d’un ridicule ou qu’on l’ignore pour la simple et bonne raison qu’il n’avait pas à avoir la prétention de parler à tous de cette manière.

« Rose, Cornélius, Bölin même. Vous me connaissez assez pour savoir que ce que je dis ou interprète n’est pas faux. Nous devons nous rallier pour nous opposer à ce qui va surgir de ce néant digne d’une grande tragédie. Certains sont ici pour la ruine du malin qui se terre ici, d’autres pour leur propre survie… et même encore pour une liberté future. Peu importe, peu importe ! Ce qui compte, c’est que si nous nous allions tous ensemble et peu importe les promesses qu’on vous a fait en arrivant ici… il faut les oublier. Nous avons été dupés, floués et notre unique ambition maintenant c’est de sortir d’ici. Cela passera surement par la lutte contre le seigneur de ces lieux. »

Après un long soupir, il regarda l’assemblée en terminant par un :

« Beaucoup rumineront que ce que je dis est faux ou intéressé mais… nous n’avons pas le choix. S’il y a des traîtres, ils se montreront. S’il y a des usurpateurs ou des fous qui pensent pouvoir mener cette bataille par eux-mêmes, nous les verrons. Mais ne perdons plus espoir ! Rallions-nous ! Nous allons y arriver ! »

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Valla-Meär Amaryliel Il Alamitz
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