Bogast te sourit également. Il semble soulagé lorsqu'il regarde la mer. Une légère brise lui parcourt les cheveux, et il tient près de lui son enfant.

" Nous allons pouvoir repartir. La colonisation se fera à l'Est. J'essairai d'informer le roi de ne pas nous étendre vers l'Ouest, à cause des marais, et de cette zone là de l'île... "

Alors que je fais demi-tour, je vois Seyra se lever, et j'entends sa voix qui s'adresse au dragon. Les dragons ne répondent pas de suite, laissant une chape de plomb s'abattre sur le groupe. L'inquiétude pointe dans le groupe quand s'élève la voix du dragon borgne.

Sans nous laisser le temps, Ello retourne vers le camp, nous doublant tandis que le dragon retourne dans le lac.
Les derniers mots du dragon résonne encore dans ma tête tandis que nous retournons au camp: "L'un de nous vous suivra." Parle-t-il d'Ello? ou de l'un de ces géants d'écailles et d'élément, je ne le sais. Retournant au camp, je double à nouveau Ello et va droit vers Bogast.
Je lui explique rapidement sur la situation sans m'étendre sur la discussion et sur ma curiosité naissante, nous avons une mission à finir au plus vite sous peine de graves ennuies. L'aéromancien ne semble pas au courant de nos informations quant aux dragons et paraît même supris.

Ello ne nous donne pas l'occassion de rester, partant déjà. Je récupère mon matériel et ressers ma cape autour de mon coup tandis que l'aube se lève à peine et que l'aurore nous couvre de son manteau glacial. Le petit être nous mène à l'opposé du campement et nous fait traverser quelques plantes qui dissimule habilement une petite, vraiment petite à mon égard grotte.

L'aube se finit, laissant place à la douce clarté du début de matinée tandis que nous rentrons dans l'obscurité. Fizold allume une branche, permettant à ceux qui n'ont pas notre vision de nuit d'avancer. Pour ma part, c'est moins un problème de lumière qu'un problème de taille qui me cause problème.

Je me retrouve à devoir marcher plier en deux pour éviter de heurter le plafond et les nombreuses stalagmites brillantes à la flamme. Nous marchons à la file indienne et seuls Ello et Seyra semble pouvoir avancer à leur aise. Mon dos commence à me faire souffrir d'être ainsi plié pour avancer. La largeur en vient à diminuer aussi. Mon esprit se concentre sur le passage le plus aisé, profitant de chaque écartement, même léger. Ce trou ne semble pas pouvoir se finir et je commence à soupçonner un piège. Il nous serait en effet totalement impossible de lutter dans ces conditions et même ma magie pourrait être un danger pour l'entierté du groupe.

Après un temps qui me semble être une éternité, le sol commence monter, contraînerment au plafond qui reste horizontal. Péniblement, je continue à me baisser, espérant ne pas être bloquée à un moment. Je finis par me résoudre à m'accroupir pour soulager mon dos et avance ainsi, difficilement et lentement. Je me retrouve à devoir passer à 4 pattes, mon sac en-dessous pour éviter de l'éventrer sur les nombreuses irrégularités du plafond.

(Lirelan, rassure-toi, y a moyen de s'en sortir?)
(Va falloir te faire très fine, mais y a moyen.)

Un temps plus tard, je comprends ce qu'elle veut dire, le plafond est tellement bas qu'il ne reste plus qu'une fente dans la roche, juste de quoi passer, et encore.

Poussant mon sac, j'y vais en rampant, mettant mes armes le plus à plat possible pour qu'elles me gènent au moins. Finalement nous sortons tous à l'air libre et frais de la montagne.
Nous admirons alors la vue. En contrebas un vaste plateau et au loin, la mer. Nous sommes enfin au bout de notre mission, il ne nous reste plus que les cartes à faire et à rejoindre le bâteau. Ello se retourne vers nous et nous indique 2 directions. Les cartographe s'éloigne. Silencieusemente, muette sous ce magnifique spectacle, je suis presque mécaniquement Cheylas, laissant les deux mâles ensemble.

Cheylas dessine calmement sa carte puis au moment de se relever, reste stupéfaite. Pour ma part j'assiste à une chose que je n'imaginais pas. Fizold, d'un bref coup du manche de son épée vient d'assomer Lelma.
"Il est temps que les cartes changent de camp."

Je reste aussi interdite que l'elfe grise et mes compagnons durant une poussière de seconde puis me jette sur l'enchanteur.
Sans même réaliser ce qui se passe et emplie d'une fureur peu commune chez moi, mes membres se couvrent de poils annonciateurs d'une montée de force.

D'un geste rapide de la main, l'humain enflamme son sabre mortel, visiblement bien décidé à lutter contre moi. D'un bond, je saute au-dessus de l'aventurier étalé au sol, me mettant ainsi entre son corps et Fizold. Mon diadème se met à briller dans le matin ainsi que ma cape jouant avec la lumière.
J'esquive sa lame de feu qui vient me roussir mon vêtement. Changeant mon bâton de main, je tire mon épée.
(Ne le tue pas!)
(Et pourquoi?)
(Il serait bon de savoir pour qui il travaille non?)
(T'as raison...)
(Comme d'habitude non?)

Changeant de technique, je me fais serpent, évitante, esquivante. Cherchant le moment idéal pour le désarmer, je lutte de mon mieux le laissant attaquer. Soudain le moment semble venu, d'un bond en arrière, j'évite une attaque traître. Puis sans attendre, je contre-attaque. Mon épée dessine une courbe rapide tout d'abord verticale pour trouver le poignet de mon adversaire puis horizontal, tranchant son pouce droit. Comme prévu il lâche son épée qui heurte le sol en un bruit métallique. Son visage se crispe, il ne veut pas attirer l'attention des autres je suppose.

Pour ma part, je n'hésite plus une seule seconde et fonce de toute ma force sur le traître, le jettant à terre, mon bâton et mon épée au sol. Il se débât et je sens une vive douleur jaillir de mon épaule droite, le feu magique venant me brûler.

Mais je retiens un cri et ne bouge pas cependant, le bloquant au sol. En appelant à tous mes pouvoirs, je tisse une cage de bois et de plante au sol, immobilisant Fizold quand soudain, une vive douleur me parcours la nuque, ma vue se trouble et je tombe sur le coté, distinguant juste une vague forme dans le brouillard qui se tisse entre ma conscience et moi...

Est-ce la mort qui vient m'englober et me réchauffer malgré le froid de mon corps. Je ne parviens plus à bouger, statue de chair ou statue de glace? Quelle mort idiote pour une Gardienne de Yuimen, quelle mort ridicule que de mourir pour une cause qui nous importe pas. Je me laisse aller, il est peut-être finalement temps pour moi d'arrêter et de passer le flambeau...

La noirceur de la mort semble se disloquer, se blanchir, m'aveugler. Une lumière perce violemment mes paupières tandis que la chaleur fait place à un froid intense. Ce froid vient me frapper par rafale tandis que je suis couchée.

(Où suis-je?)

Je me redresse difficilement, obligeant mon corps à se réveiller, comme mon esprit l'est, mais aussi pour me convaincre de ma vie. Je suis toujours sur le plateau, le corps de Lelma est là, affalé au sol, celui de Seldell et de Seyra plus loin.

(Que s'est-il passé?)
(Tu as été assomée, les autres aussi. Rassure-toi, ils sont en vie. Seyra a tout vu, elle leur racontera.)
(Et moi?)

Peu à peu la scène me revient. J'ai neutralisé Fizold, son pouce est là sur les cailloux, puis le noir.

(Il te faut les retrouver!)
(Ils vont croire que j'ai été enlevée aussi.)

Je ramasse mes armes, les rangeant à leur place puis prends quelques brins d'herbes. Doucement, je laisse ma magie y glisser, pénétrer les fines feuilles jusqu'à ce qu'elle brille. Formant un tout petit fagot, je les laisse sous un caillou, bien en évidence.

Cela fait, il me faut trouver une piste, au plus vite. Cherchant un indice tels des gouttes de sang, des empreintes ou autres, je tourne en regardant un maximum.

Lorsque tu regardes autour de toi, tu vois nettement une direction qui a été prise. Des herbes sont couchées, et du sang marque la zone. Aucun doute possible. Il te faudra néanmoins faire vite, le(s) fuyard(s) a une certaine avance non négligeable !

En un dernier regard à mes compagnons encore assomés, je m'aperçois qui manque Cheylas.
(Et si c'était elle qui m'avait assomé?)

Cherchant une piste, j'en vois une claire: des herbes couchées, du sang au sol,... Cependant, ils ont de l'avance, le sang étant seché sur les herbes.
(Combien de temps d'avance... 10 minutes, 1 heure, 2 heures, plus?)

Pas le temps de me poser des questions, je suis la trace sans attendre, courant à coté pour ne pas brouiller la piste au cas où je doive revenir en arrière. Je continue ma course, une seule piste, toujours aussi claire et du sang, sans aucun doute Fizold.

Je continue de courir, la piste semble s'orienter vers le sud, longeant la montagne. L'herbe est grasse sous mes pieds, rendant mon cheminement silencieux. Il me faut continuer à courir, encore et encore, retrouver au moins le voleur de carte, idéalement Cheylas et celui ou celle qui m'a assomée.

Cela ne doit pas faire plus d'un quart d'heure que je cours, quand mon regard est attiré vers un des arbres qui bordent ma piste.

C'est quelque chose de rouge qui a attiré ton regard vers l'arbre. A quelques mètres du sol, pendant au bout d'une corde solidement attachée à un tronc, gît Fizold, pendu par le cou.

Il porte encore les mains à son cou mais est figé, la langue sortie comme un chien abbatu. Les yeux sont rouges, les vaisseaux sanguins explosés, et presque exorbités. Il pend, se déplaçant en un léger mouvement de balancier, peut être dut au vent. Il est plus blanc que du lin.

Si tu reportes ton intention vers le sol, tu remarques quelques plantes couchées vers l'Est.

En m'approchant de l'arbre, je ne peux que pousser un cri. Cri de surprise ou cri d'horreur? Je ne sais. En face de moi se balance le pyromancien traître, mort. Que signifie sa mort? Qui l'a pendu et pourquoi? La seule fois où j'ai vu ce spectacle, j'étais sur la place de Cyniar et c'était un elfe gris qui pendait ainsi, on racontait qu'il avait tué. Mais lui, à part avoir assomé Lelma, qu'a-t-il fait?

Je reste ainsi plusieurs secondes, décomposées par cette vision. Puis, sans attendre plus que ça. Je m'élance vers Fizold et le soulève légèrement, pour soulager son cou puis tirant mon épée, tranche d'un coup de poignet la corde. Je ne veux pas que les enfants voient ce spectacle atroce à mon goût. L'épée toujours en main, je le pose au sol avant de défaire un peu le lien qui l'étouffe.
Gardant mon épée à la main, j'approche mon bracelet d'arc de sa bouche, idée de savoir s'il vit encore... ou pas.

Tu sens un léger souffle sortir du corps au cou meurtri. Les yeux se tournent très lentement vers toi, sans réaction du corps. Tu peux lire des remerciements dans ses yeux dont les pomettes se relèvent légèrement. Chose surprenante, compte tenu de l'individu. Son souffle redevient lentement un peu plus régulier, même s'il respire encore difficilement...

Une légère buée vient marqué le bracelet. Il n'est pas mort. Son regard vient me transpercer de bout en bout, moi qui comptait juste le dépendre avant de repartir suivre la piste, je reste là. Un sourire difficile vient perce ce visage si rigide et si froid d'habitude. J'ai dû mal à sentir sa magie, mais ce sourire me réchauffe bien plus qu'aurait pu le faire une flamme vive.

Sans attendre, je cueille plusieurs feuilles de l'arbre et lance rapidement mon sort dessus, donnant tout mon coeur dans ce soin comme si c'était le dernier.

(Destructrice ou protectrice n'est-ce pas?)
(En effet...)

La feuille se dore rapidement, je la tends au pyromancien avec un sourire aussi franc que le sien.

"Mange, ça t'aidera..."

Lentement, il ouvre la bouche et mâche la feuille que tu lui tends. Il est encore très pâle. Lorsqu'il avale, il tousse, gêné dans sa respiration déjà trop faible.

Il te fixe, puis, semblant être pris de vertige, ferme les yeux. De grosses gouttent de sueurs perlent sur son front blanc en contraste avec ses cheveux noirs.

Soudain, sa respiration se stabilise, plus régulière et plus forte sans pour autant être normale. Il rouvre les yeux, le regard vitreux d'un mort et te sourit légèrement, sans réussir à parler.

Il prend la feuille et la mâche difficilement. Il tousse en l'avalant, la respiration lui manque. J'espère que mon pouvoir agira assez vite. Il semble être pris de vertige et ferme les yeux avant de les réouvrir, le regard vitreux.

Un rapide regard sur mon tatouage m'apprends que j'ai déjà usé pas mal de magie aujourd'hui, trop peut-être s'il me faut combattre. Je soupire de ne rien pouvoir faire pour lui.

Le groupe a du retard sur moi, mais devrait arriver. Mais tiendra-t-il assez longtemps? J'en doute et j'aimerais pouvoir en savoir plus au plus vite. Mon sort devrait lui permettre de tenir encore un peu.

(Il te faut continuer pourtant.)
(Je peux pas le laisser là.)
(Prends-le avec toi!)

Suivant l'idée de ma faera, je me retourne vers le pyromancien.
"On va partir tous les deux à la recherche de ceux qui t'ont fait ça et t'ont assomé. Je doute que tu puisses marcher, tu vas donc venir sur mon dos, je vais t'y accrocher avec la corde pour avoir les mains libres. Mais je dois signaler aux autres que je t'ai retrouvé d'abord. Je vais donc prendre un bout de ton vêtement."

Rangeant mon épée, je sors mon petit couteau de cuisine et m'approche du pyromancien. Celui-ci s'avère trop amorphe et en train de lutter pour sa vie pour résister. Je coupe donc un carré de son vêtement et un bout du mieux. J'accroche les deux à l'arbre, plantant mon couteau de cuisine dans l'écorce. J'espère que les autres comprendront.

Pour ma part, je prends la corde et attache rapidement Fizold, les jambes à mes hanches et les bras sous mes aisselles de manière à me laisser un maximum de mouvement possible. Sa tête repose sur mon épaule, lui permettant de s'économiser au maximum.

Ainsi harnachée, je poursuis à la recherche de la piste nette à l'Est...

La réponse du dragon de glace ne semble pas convaincre Seyra qui hausse les épaules et ne dit plus rien. Nous devons repartir, Ello, cet enfant bizarre, prend les devant et nous ramène au camp. Seyra me retrouve caché et me prend la main pour venir.

"Allons voyons, si je n'ai pas peur pourquoi tu aurais peur toi ?" Elle semble de bonne humeur et ne semble avoir aucune crainte. Je me laisse entrainer, les autres devant ou derrière nous. Je suis honteux de la couardise que j'ai montré, mais personne ne semble m'en tenir rigueur, même Aakia me signifie que j'ai eu une réaction normale envers une situation anormale. J'aperçois, du coin de l'oeil, que le dragon d'eau s'en retourne dans son lac, comme fusionnant avec lui.

Nous rejoignons le camp, Lothindil explique ce qu'on a vu au chef qui reste étonné. Puis avant que l'aube ne vienne totalement nous repartons suivant le petit Ello qui nous conduit à une grotte.

(On doit aller la dedans ?)

(Bah s'il y va, autant y aller !)

Peu enclin à m'y engager, je suis quand même poussé par les suivants. Je ne vois pas grand chose, juste la lueur de la torche, et avance précautionneusement. Nombre de fois je faillis trébucher et autant encore me prendre la tête dans la paroi ou dans des stalactites. Le temps semble s'arrêter dans ce long boyau. Je ne vois presque personne, juste les silhouettes. On reste silencieux.

Courant, je suis la piste avec le pyromancien sur le dos. La piste est de moins en moins nette, mais je continue avec obstination. Fizold a beau être léger, mais courir avec mes armes n'est pas chose aisée malgré tout. Les traces en tout cas semblent claires: une seule personne suit cette trace. Et cette personne ne peut être que Cheylas. M'épuisant doucement, je continue, ralentissant. Un dilemme s'oppose alors dans mon esprit. Sauver le pyromancien ou retrouver la personne qui m'a assomée et me venger.

(Ca sert à rien... elle a trop d'avance.)

Je continue malgré tout, mais la piste n'est plus fraîche, tout en étant claire. Je finis par abandonner et par faire demi-tour, convaincue que je ne l'attraperais pas. Je remonte au campement, Fizold toujours à moitié inconscient sur mon épaule. Le choix est fait, ça sera la vie du pyromancien.
(Pourvu que les connaissances d'Avéroès serviront.)

Je remonte donc la piste suivie, n'oubliant pas de récupérer mon couteau à l'arbre du pendu. En regardant rapidement en haut de la piste, je vois l'ombre du groupe. Visiblement ils sont restés là-haut le temps de finir la carte, la dernière qu'il nous reste. La fatigue me prend alors, réalisant que je n'ai rien mangé depuis la veille au soir.
Je visualise alors dans ma tête un animal de charge, aux longs poils pour le confort de mon compagnon. Bientôt le sort entre en action, décuplant ma force pour me permettre de continuer et de rejoindre le groupe. Je finis ainsi par atteindre le groupe, couverte de poils, le pyromancien sur mes épaules.

"Rien à faire, je n'ai pas pu rattraper Cheylas..."