Sans m'interrompre une seule seconde, j'appris le prénom de cette femme qui était aussi charmant qu'elle. Et d'après ses dires, Dame Firelia était la directrice de cette école, d'ailleurs elle en avait l'allure. Son port grâcieux indiquait qu'elle n'était pas du genre à se laisser faire, ni à fléchir face aux caprices de ses élèves. Elle m'inspirait à la fois du respect mais aussi une certaine crainte;après tout, je n'étais pas une jeune fille très douée de mes mains, il m'aurait été facile de faire des bêtises sans vraiment le vouloir. Dans ce cas, je ne désirais pas m'attirer les foudres de Dame Firelia, pour l'instant c'était la seule femme qui m'estimait un tant soit peu et je n'avais pas envie de retomber dans son estime. Mais, un petit homme apparut dans ce hall : il était à peu près de la taille d'un hobbit si mes souvenirs étaient bons et on pouvait dire que c'était un bon vivant étant donné son embonpoint. Mais une chose me fit dire que c'était une sorte de scientifique ou peut-être même un fabriquant de potions magiques. Deux verres étaient disposés devant ses yeux, peut-être était-ce un moyen de voir les choses que nous, simples mortels, n'étions pas en mesure d'observer.
(Olala ! Ça c'est de la technologie !)
Cet homme se prénommait Hector et Dame Firelia lui donna quelques ordres sans doute pour me mettre à l'aise. Elle m'invita à prendre un bain et j'étais même conviée au repas ! Mais le plus important était le fait qu'elle voulait que je change de vêtements, moi ?! Jamais encore on ne m'avait traitée de la sorte. J'avais l'impression d'être une petite princesse dans un monde merveilleux. Je savais pertinemment que mon père aurait aimé m'offrir les plus beaux habits, malheureusement, jamais il n'avait eu suffisamment d'argent pour ce genre de choses. Bien entendu je ne lui en voulais pas, il avait fait ce qu'il pouvait et je lui en serais toujours reconnaissante. Mais, pour l'instant je devais remercier cette si aimable personne, elle m'avait reconnue comme une personne «normale» et je ne pouvais que la remercier. «Oh ! Vous êtes si généreuse Madame. Je ferais tout ce que vous désirez : le ménage, la cuisine, des commissions, enfin ce dont vous aurez besoin !»
D'un signe de tête, elle alla se perdre dans un des nombreux couloirs, me laissant seule et démunie aux côtés de ce mystérieux Hector. Il m'intima de le suivre à travers les longs et sinueux passages de cet établissement. J'étais complètement perdue, jamais encore on s'était occupé de moi de cette manière et je craignais d'être grossière envers ces personnes si polies et délicates. En tout cas, si je l'avais été, Dame Firelia ne me le fit pas remarquer et je lui en étais reconnaissante... Ce genre de critiques sur ma condition sociale me faisait tant souffrir. De terribles souvenirs me revinrent à l'esprit et je préférai les chasser sur le champ. «Hé bien ! C'est une très agréable bâtisse.» lançai-je sur le ton de la badinerie.
Rapidement, nous arrivâmes devant une porte qu'il m'ouvrit gentillement pour me laisser entrer à l'intérieur. Je fus émerveillée lorsque j'aperçus une cuve en bois remplie d'eau chaude et parfumée. Je faillis sauter au plafond, mais préférai intérioriser ma fougue... du moins j'essayai... «Oh ! Mais c'est fantastiiiiiiiiiique !» criai-je tout en sautant sur place comme une gamine.
J'avais l'air complètement ridicule, cela était évident. Pourtant, une folie ardente m'incita à agir ainsi sans que je ne puisse y faire quoique ce soit. Après que Hector s'en soit allé, je me déshabillai rapidement avant de me mettre à l'intérieur de l'eau. La sensation était si agréable que je ne pus m'empêcher de pousser un nouveau cri jouissif. Je raclais la crasse que j'avais pu accumuler au cours de ces dernières années, rendant ma peau propre comme un yu neuf. Au fond de moi, j'avais l'impression de flotter dans un rêve : mon époux ne savait pas où j'étais, des personnes s'occupaient de moi et j'allais peut-être recevoir quelques cours pour parfaire mon art. De quoi de plus avais-je besoin ? À vrai dire pas grand chose... Je prenais plaisir à prendre ce bain, oubliant mes récents malheurs ? Lorsque j'eus terminé, j'aperçus des vêtements propres que je me permis de passer, laissant dans la pièce mes anciens haillons déchiquetés.
(Oh ! Mais ça me va bien ! Peut-être que le tissu n'est pas très épais, mais c'est toujours mieux que ces satanés haillons !)
Dès que je poussai la porte, je vis Hector qui m'attendait. Avait-il joué les voyeurs ? Je ne le saurais sans doute jamais, cependant, ça n'avait pas l'air d'être son penchant. Le petit homme m'amena dans une salle où des repas étaient servis. Je m'avançai et pris un morceau de pain avec du fromage, puis une assiette de bouillon qui dégageait une odeur follement attractive. Je mangeais un peu comme une cochonne, mais cela ne m'importait guère, après tout j'avais longtemps vécu dans la rue alors pourquoi oublier mes racines aussi rapidement ? Tout était merveilleusement bon ! J'étais repue, mais il me restait encore une petite place pour la pomme fraîche que l'on me donna. Pour une fois qu'elle n'était pas piquée par les vers, je la dégustais sans me soucier de manger plus de viande que de végétal.
(Il doit commencer à se faire tard.)
Après tout, j'étais longuement restée dans le bac de lavage, sans me soucier réellement du temps qui passait. D'après ce que j'avais compris, Dame Firelia attendait ma visite pour cinq heures. Je décidai donc de rester ici, attendant avec impatience que Hector vienne me chercher. Je me demandai comment je réussissais pour rester en place alors que je mourrais d'envie de savoir ce que l'on allait faire de moi. Au bout d'au moins une heure, Hector apparut et m'intima de le suivre une nouvelle fois à travers les nombreux couloirs qui serpentaient la bâtisse.
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Gabrielle ~ Mage ~ Dans l'espoir d'éteindre les flammes qui la consumment à petit feu
Dernière édition par Gabrielle le Jeu 3 Jan 2013 16:04, édité 2 fois.
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