Apparemment, il aura suffi de quelques questions supplémentaires pour épuiser notre mine d'informations, le geôlier. S'il répond encore à peu près précisément aux questions de l'elfe noir, il délaisse complètement l'une des miennes et répond vaguement à l'autre. Cependant, la récolte n'est pas si mauvaise. Ainsi nous en apprenons plus au sujet du vénal Rick (tiens, ça me rappelle quelqu'un, ça!) (Oh, la ferme, toi.), au sujet du « boss » qui semble être celui dont la voix a résonné dans nos caboches au sortir de nos cellules, et à notre sujet : l'homme-bête affirme que nous avons été choisis pour être emprisonné, parce que nous serions plus forts que les autres...?
Je reste quelques instants songeur devant cette révélation. Si notre slogan, à Aurore et à moi, est effectivement « petits et puissants! », je ne me suis jamais vraiment considéré comme plus fort que les autres. D'autant plus que lorsqu'on mesure vingt centimètres et qu'on vit dans un monde de géants, on n'est pas vraiment incité à l'auto-appréciation. En particulier quand les susdits géants sont de la trempe de Kiana, Aëlwinn, Ergoth et j'en passe. Je note cependant cette information dans un coin de mon esprit ; une pensée réconfortante à laquelle je pourrai me raccrocher sur mon lit de mort. Hum, que cette prison me rend joyeux et optimiste.
Je reviens à la conversation lorsque mon compère elfe remercie poliment notre hôte pour son temps, mettant fin à notre entretien dans lui parfait respect des convenances. Léandre n'oublie cependant pas de me demander mon avis avant que nous partions. Je lui souris brièvement avant de répondre :
« Eh bien si nous voulons avancer, nous n'avons d'autre choix que de monter. »
Je m'adresse ensuite à l'homme-bête :
« Merci pour votre temps, maître geôlier. Mais j'aurais une dernière question. Deux en fait, ajouté-je après un court temps de réflexion. Savez-vous quelle est la taille de la prison ? Et y a-t-il un moyen de libérer les Oubliés et les Suppliciés ? »
Je ne peux m'empêcher de penser que les anciennes victimes du « boss » feraient des alliés de poids dans notre lutte contre les psychopathes qui nous ont enfermé ici, dans l'hypothèse où nous parviendrions à les libérer.
Soudain, Aurore intervient , alarmée :
(Sil', Sil', une autre Faera vient de me contacter. Je crois que c'est la Faera de l'elfe qui est brièvement passée dans ta cellule, il y a quelques heures.)
(Ah oui ? Et que dit-elle ?)
(« Bouh »)
(Et que lui as-tu répondu ?)
(« Je suis terrifiée. Que puis-je faire pour toi ? » J'attends encore sa réponse.)
(Eh bien attendons alors, pour savoir ce qu'elles nous veulent. Mais je t'avoue que je n'aime pas trop ça.)