Les interventions de Kenmare me confirment, s'il en était besoin, la présence d'Oaxaca sur Nirtim. A-t-elle répandu son venin sur les autres continents ? Je n'ai guère le temps de philosopher plus avant sur la question que Kenmare conclut notre dialogue d'un coup de poing retentissant. Sa phrase plus que son geste manque me faire tomber de mon tabouret !

"Vous connaissez ce temple ? ! Que Yuia soit mille fois remerciée, elle m'a mis sur la route de votre cousine à dessein."

Mes pensées vont un instant vers mon frère Tynong qui, malgré les circonstances, serait heureux d'être là avec moi. Il me manque, tout comme mon père et le reste de ma famille. Mais pour eux, je me dois de continuer à avancer... après une bonne nuit de repos.

"Je m'en voudrais de modérer votre ardeur Kenmare, mais le soir est bien avancé et je marche depuis plusieurs jours. Une nuit dans un bon lit ne serait pas de refus. Que dites-vous de partir demain à l'aube après nous être légèrement restaurés ?
Je ne sais pas à quelle distance se trouve le temple, mais si le même genre d'épreuve que pour l’Épée m'attend là-bas, j'ai besoin de me reposer."

Je souris à l'Amarais, espérant qu'il comprendra ma requête et pour ne pas le froisser je fais signe à Alyss afin qu'elle nous serve une seconde tournée à mes frais.

Kenmare n'avait pas réalisé l'heure qu'il était. C'est tout enjoué qu'il accepta la consommation que tu lui offras.

Il la but d'un trait puis te donna une claque amicale sur l'épaule et tout en se levant il te dit:

"Je serai ici à l'aube ! A demain ! "

Sur le point de quitter l'auberge, il se fit héler par des connaissances et après quelques hésitations, il accepta de jouer de nouveau aux dés.

Me retrouvant seul face à ma chope, je constate que mon assiette à disparue pendant ma conversation. Mais alors que je relève la tête pour interroger Alyss, la voilà qui revient avec la-dite assiette.

"Je me suis permise d'aller la faire quelque peu réchauffer, il faut que vous goûtiez ce plat comme il se doit !"

Je la remercie d'un sourire et m'attaque à ce fameux bœuf, pour le plus grand plaisir de mes papilles. Je souris parfois entre deux bouchées, autant pour la saveur du plat que pour ma dernière rencontre. Ma quête se déroule plutôt bien pour l'instant, espérons que Yuia continue de veiller sur moi.

Les yeux brûlants de fatigue, je repousse l'assiette vide et presque propre devant moi avant d'héler Alyss.

"C'était un délice ! Je me souviendrais des mets des Duchés.
- Bien contente que ça vous ai plu, vous dormez ici si j'ai bien entendu ?
- Oui, si vous avez une chambre de libre. Quoi que je pourrais dormir n'importe où !
- Vous n'en ferez rien, à l'étage la deuxième chambre à gauche est inoccupée et prête. Si vous voulez la régler avec vos consommations de ce soir."

J'allais oublier ce détail mais au-delà de sa sympathie, Alyss n'en est pas moins professionnelle. Elle m'annonce la somme que je lui remets en comptant les Yus, puis prend la clé qu'elle me tend en lui souhaitant la bonne nuit.
Ramassant mon paquetage je me dirige vers l'étage après un regard à Kenmare de nouveau plongé dans un jeu de dés. La porte de la chambre indiquée est ouverte, je m'y engouffre et referme derrière moi sans tourner la clé. Pas que je ne connaisse pas le fonctionnement de cette petite chose métallique mais elle n'est guère usitée par chez moi. Je me contente de la poser à côté d'un broc et d'une bassine, sur le plateau de la commode en bois brut qui siège à droite de la porte. Devant cette dernière, je laisse sur le plancher besace, bouclier et cape, avant d'observer la petite chambre.
Le décor est simple, un grand lit deux places trône au milieu sous l'unique fenêtre de la pièce. Une petite table et deux chaises se trouvent entre moi et mon repos.
Ôtant mon baudrier je dépose précautionneusement l'Epée des Glaces sur la table, pour pouvoir enlever ma tunique en cuir que je jette sur l'une des chaises où vont la rejoindre les autres pièces de cuir et celles de fourrure. Torse nu, je m'assois en tailleur à même le sol. Malgré ma fatigue, je reste ainsi de longues minutes, les yeux à demi-ouverts méditant sur mes dernières journées.

"Merci Yuia."

Je ne crois pas que je serais arrivé jusqu'ici sans la force que me donne ma foi en la Déesse. Mais tout a une limite et mes yeux papillonnent de plus en plus. Retirant bottes et chausses pour me retrouver nu, je m'allonge de tout mon long en travers du lit et m'endors aussitôt.

Je m'éveille d'une nuit sans rêve, un sommeil court mais réparateur. Me redressant j'étire bras et jambes pour achever de me réveiller.

"Yuia, que cette journée soit un nouveau pas vers la paix !"

Debout, j'ouvre grand la fenêtre pour laisser entrer l'air glacial du petit jour et admire un instant le paysage qui s'étend devant moi, encore à demi caché par les brumes matinales. Le soleil n'est pas encore levé me laissant apprécier la fraîcheur et la beauté simple du village d'Amaranthe.

M'accordant quelques minutes, je fais une brève toilette dans la bassine mise à disposition, brossant mes cheveux avec ma vieille brosse en bois et poil de sangliers. Une fois propre, je remets un à un vêtement et équipement puis ramasse mes affaires. Fin prêt, je prends soin de refermer la fenêtre et laisse la chambre comme je l'ai trouvée.

La salle principale de l'auberge est vide et Alyss n'est plus là. Je m'assois au même endroit qu'hier et dépose la clé devant moi. J'entends du bruit dans la cuisine mais n'ose pas déranger la personne qui travaille, patientant simplement en attendant que Kenmare ou un employé du lieu arrive.

Après quelques minutes d'attentes, une employée vient à ta rencontre, plus âgée, plus rondelette que celle de la veille, elle semble du moins avoir un air de famille avec Alyss. Toujours est-il que c'est avec les mêmes yeux bruns aussi vifs qu'elle t'observa avant de s'enquérir de ce que tu prendrais pour ton petit-déjeuner.

" Bon matin, cher jeune homme, que puis-je vous servir ? "

Les clients commencèrent à entrer, mais aucune trace de Kenmare.

Le nez en l'air, tournant d'un air absent l'anneau de Mayako autour de mon annulaire droit, je suis égaré dans mes souvenirs et les images de mon village. J'entends sans voir quelqu'un marcher sur le bois du plancher derrière le comptoir. Baissant mes yeux rougeoyants, qui seront plus visibles dans l'air pur de ce matin, que celui enfumé d'hier soir, je croise une paire d'yeux fort semblables à ceux d'Alyss. Je souris à cette nouvelle rencontre avec une jeune femme de ce continent avant de lui répondre.

"Bien le bonjour à vous également damoiselle. J'attends quelqu'un et suis sur le départ, mais je mangerais bien quelques fruits s'il vous plait."

Au bruit de la porte derrière moi, je jette un coup d’œil à ces arrivants fort matinaux guettant la présence du grand Montagnois. Ne le voyant pas, je reporte mon attention sur la serveuse.

La serveuse, une dame d'âge mûre étant visiblement plus âgée qu'Alyss, rit de bon coeur lorsque tu l'appelles demoiselle.

"Je vous apporte ça tout de suite ! " Dit-elle avant de partir à la cuisine.

Puis, sorti de l'ombre, ce liykor prend place au comptoir tout juste sur le siège à ta droite, regardant droit devant lui, sans t'adresser le moindre regard, d'une voix rauque et peu amène, il te fait cet avertissement:

"N'attendez-plus Kenmare, il ne viendra pas. Il s'est mêlé de ce qui ne lui regarde pas et il en a payé le prix, je vous conseillerais de cesser vos recherches, si vous ne voulez pas qu'il vous arrive la même chose que lui."

Puis sans attendre ta réponse, il se leva et tourna les talons.

Le rire de la serveuse est un vrai régal au réveil, de quoi vous mettre de bonne humeur pour la journée. Je la remercie en l'observant disparaître dans les cuisines, mais mon attention se détourne aussitôt vers un nouveau venu. Je cache comme je peux ma surprise à la vue de ce... loup sur deux pattes. Bien que Miyash m'ait parlé un peu de ce qui pouvait m'attendre au-delà des terres connues, c'est autre chose que de se retrouver soudainement en présence d'une race si différente. Même des Garzoks ayant attaqués Pohélis, je n'ai entendu que des descriptions. Ma seule rencontre est celle avec les Shaakts lorsque j'ai embarqué à Gwadh.

D'ailleurs ma surprise passée, je constate qu'outre notre forme humanoïde nous avons toujours quelque chose en commun. Je suis plus grand que la plupart des Humains, tout comme semble l'être le loup, ses poils sont noirs comme l'est la peau des Shaakts et ces derniers ont des cheveux blancs comme moi. Je souris à cette constatation mais ma gaieté ne dure pas car les mots que m'adresse l'être à ma droite ne sont guère plaisants, malgré la noblesse et la beauté de ses traits.

Un loup peut-être une menace dans les montagnes, celui-là semble vouloir faire comme l'animal mais en usant de paroles. Peu habitué à ce genre de pratique, son discours m'intrigue plus qu'il ne m'effrait, car je suppose que c'est là ce qu'il souhaitait faire. L'évocation du sort de Kenmare ne me plait par contre pas du tout.

Ni une, ni deux, je quitte aussitôt mon siège à la suite de l'étranger, l'interpellant poliment.

"Pardonnez-moi messire, mais ne sachant pas ce qui est arrivé à Kenmare, je ne peux savoir si je veux qu'il m'arrive la même chose. Je n'ai de plus pas le plaisir de vous connaître."

Je me tiens droit à quelques pas du comptoir, dans une attitude passive et aimable, tout en restant sur mes gardes, ne sachant pas réellement quelles sont les intentions de l'inconnu.

Lorsque tu l'interpellas, le l'homme-loup, qui n'avait fait que quelques pas, s'arrêta. Sans se détourner, te sachant dans son dos, il te répondit de cette même voix peu aimable, mais dénuée de toute condescendance:

"Croyez-moi sur parole monsieur, vous n'avez aucune envie de rejoindre Kenmare. Quant à moi, nul ne peut rester longtemps en ma compagnie sans voir sa vie s'abréger. "

Ceci dit, il se remit à marcher vers la porte de l'auberge.

Ma réplique ne déclenche aucune attitude hostile chez mon interlocuteur, le faisant seulement s'arrêter. Mais ses intentions restent les mêmes et c'est encore une fois sans me regarder qu'il s'adresse à moi. Mes craintes semblent se confirmer quant au sort de Kenmare. Aurait-il été tué ? Mais ce qui m'inquiète le plus c'est que quel qu'ait été son destin, il y a de fortes probabilités pour que j'en sois responsable ! L'idée que le cousin de la douce Eldridge ait disparu à cause de moi ne m'est guère agréable et à la nouvelle menace du loup sur deux jambes, je réponds tout aussi calmement mais chargé d'une nouvelle détermination.

"Alors je vais prendre le risque. Je viens de trop loin pour retourner m'assoir sur mon siège comme si de rien n'était. Kenmare devait être mon guide, s'il n'est plus, cela fait de vous le seul lien avec ma quête. Quête dont vous semblez être au courant."

Je ramasse rapidement ma besace et mon bouclier que j'ajuste dans mon dos et m'avance doucement, prêt à réagir, sur les pas de cet être mystérieux.

Le liykor ne répond rien, il recommence à marcher comme s'il ne t'avait pas entendu.

Il se rend jusqu'à la porte, l'ouvre et la franchit.

La serveuse, témoin de toute la scène, te supplie de laisser tomber:

"Quelque soit votre quête monsieur, laissez-la tomber, vous semblez bon, ce qui n'est pas le cas de celui-l'a" dit-elle en pointant du menton en direction de la porte.

À la table près de la porte, un nain barbu te regarde, il attend que ton regard croise le sien pour te faire signe de la tête de ne pas suivre celui qui vient de sortir et te montre du doigt une place libre à côté de lui.

(((Deux choix s'offrent à toi:

• conserver ton intention de suivre le liykor dehors,
  
  ou bien
• changer d'idée et rejoindre le nain

Quelque soit ton choix tu dois poster ci-dessous et selon le cas, je te ferai un lien pour te diriger dans le lieu approprié )))

Autant parler à de la glace, l'inconnu ne prend même plus la peine de me répondre et poursuit sa route vers la sortie comme s'il ne m'avait pas entendu. Bien décidé à ne pas le laisser s'évanouir dans la nature, je me hâte également vers la porte. A mi-parcours, la voix de la serveuse attire mon attention en arrière, étonné je me tourne vers celle qui semble avoir déjà vu celui que je veux suivre.

"Pardonnez-moi dame, mais quelle que soit son identité, je ne peux me permettre de laisser partir cette unique piste. Ne vous en faites pas pour moi."

Je la rassure d'un sourire chaleureux et ramène mon attention sur la porte de l'auberge. Mais alors que mon regard se reporte vers l'extérieur, un nouveau protagoniste entre en scène. Décidément tout le village d'Amaranthe semble s'être mis en tête de se mêler de mes recherches. Quel est donc cet étrange petit bonhomme à la barbe bien trop longue pour être dans ses jeunes années ?

"Je vous salue messire. Si vous avez des raisons de me retenir, soyez bref et convaincant, car sans cela je devrais poursuivre ma route."

J'ai fait quelques pas vers lui tout en parlant et jetant des coups d’œils répétitifs vers la sortie. Dehors la rue est dégagée, si je me dépêche je pourrais suivre l'étranger, mais chaque seconde compte.

La serveuse te rend un sourire contri, elle semble inquiète quelques secondes pour ton avenir, puis retourne à la cuisine puisque les clients commencent à entrer et elle a à faire.

Sans détour, le nain te répondit d'une voix posée comme s'il avait tout le temps devant lui :

"Je connais Kenmare, et je sais où et comment le retrouver, mais ça vous coûtera quelques yus ! Et vous avez plus de chance de succès avec moi qu'en suivant ce sale animal " dit-il en pointant le liykor.

Le liykor pour sa part laisse échapper un petit grognement de mécontentement et franchit la porte, la laissant se refermer par elle-même derrière lui.

Bien, me voilà entre un individu aux paroles menaçantes et un autre sûrement plus intéressé par les petites pièces que je transporte que par le sort de Kenmare. Relevant les derniers mots du petit être à l'encontre du loup, je lui réponds poliment.

"C'est quelque peu discourtois de parler d'une personne ainsi en sa présence. Vous m'excuserez mais pour l'instant je n'ai guère besoin d'intermédiaire dans cette histoire qui se complique déjà toute seule. Merci pour votre proposition."

Saluant le demi-humain, je m'empresse de pousser la porte de l'auberge pour ne pas perdre l'étranger de vue. Je pourrais toujours revenir sur mes pas pour retrouver ce bougre et son étrange proposition pécuniaire si l'autre continue de se taire.

>> Les ruelles de la ville d'Amaranthe

Le nain ne répondit point à ta salutation, mais ne te lâcha pas des yeux jusqu'à ta sortie de l'auberge.

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