L'auberge de Til'Sit de la ville d'Amaranthe :

Beaucoup de bruit, une sacrée ambiance, voilà ce qui caractérise cette auberge de villageois. Il y a forcément des buveurs, des joueurs de cartes, des dragueurs de serveuses et, évidemment, les trois serveuses elles-mêmes, qui ne sont pas forcément gâtées par la nature...

Il y a un comptoir au fond de la pièce principale et les serveuses se donnent le relais pour y accueillir les clients.

Un escalier mène aux étages, là où il y a quelques chambres meublées sommairement avec un lit, une table et une chaise.

En route vers Dahràm.1
Escale à Aramanthe.2

Amaranthe... Village d'éleveurs... Village jaune pour Takeshi, qui la première fois qu'il l'avait vu, était arrivé par des plateaux qui le surplombaient... Tous les toits étaient jaunes, reflétant la lumière du soleil de façon étrange, comme si les toits eux même étaient des morceaux du soleil...
La première fois il n'était pas entrer dans le village et était passé sans même prendre le temps de se reposer ou de faire connaissance avec le chef du village... Ce qui lui aurait peut-être fournit un contact dans la région...
Cette fois ci c'était différent... Il allait bientôt faire nuit, autant se reposer dans un vrai lit et reprendre la route le lendemain...

Takeshi était cette fois arrivé par le sud-est, par un chemin qui grimpait le long des plateaux pour déboucher sur le village. De cet angle là, le village pris toute son empleur à ses yeux. Les maisons, toutes semblables, se succédait les unes les autres pour rejoindre la plus grande, et la seule différente, trônant en aplomb tel un roi veillant sur ses sujet du haut de son siège surélevé.
Le jeune homme avança vers deux hommes armés, apparemment des gardes, qui lui sommèrent de s'arrêter.

" Bien le bonsoir voyageur! Qu'est-ce qui vous amène dans notre humble village? "

Takeshi préféra éviter de mentionner Dahràm, pour leur éviter de croire qu'il était pirate ou autre. Mais il lui fallait une raison à donné, pour justifier un voyage seul à travers ces montagnes et sans aucune denrée.

" Rien de bien intéressant, j'en ai peur... Je ne suis qu'un mercenaire en mal d'aventure et d'argent, parcourant ce continent dans l'espoir de trouver un travail... Ce village ne sera qu'une escale pour un vagabond de mon genre... "
" Et vos parents vous ont donné quel nom l'ami? "
" Takeshi est le plus simple... Mais mes géniteur, bien que paysans, se croyait suffisamment noble et riche pour m'offrir un nom à n'en plus finir et au syllabe indéfinissable, à tel point, que même moi ai du mal à les retenir... "

Les deux gardes lâchèrent un rire à la plaisanterie, et l'un d'eux, le plus vieux, tapota, ou plutôt essayât, mais faillit démettre l'épaule de Takeshi.

" Et bien sieur Takeshi, voila des parents fort amusant! Dans tout les cas si votre poignard est à la hauteur de votre humour, vous devez être un sacré mercenaire! "
" Je m'en vois flatté... Je suis heureux de rencontrer des gardes avec un sens de l'humour... Je n'ai que trop l'habitude d'être moqué... "
" Je vous le concède. En ces temps trouble, l'humour est une qualité qu'il faut apprécié! Dans tous les cas soyez le bienvenue à Amaranthe. L'auberge du village est un peu plus en haut, vous ne pouvez pas la manquez! "

Takeshi remercia les deux hommes, et monta la petite côte vers l'auberge...

En effet, celle-ci était immanquable, avec son énorme enseigne de boit où l'on pouvais lire auberge de TilSit. Et apparemment, il y avait de l'ambiance.
L'enfant de Wiehl poussa la lourde porte de bois et entrat dans une salle ou régnait un rafut de tous les diables. Personne ne prêta attention à son arrivé, trop occupé à boire ou a parier en jouant avec des cartes. D'autre tentait tant bien que mal de séduire la serveuse, qui n'était pas forcément attirante, mais l'alcool fait oublier bien des choses...
Takeshi s'approchat du comptoir au fond de la pièce et attendit que l'on vienne s'occuper de lui. Ce fut la serveuse qui vint le voir.

" Désolé mais le maître de maison est malade messire, je vais donc m'occuper de votre installation. "

Takeshi n'en avait que faire que cela soit elle ou un autre et lui fit signe de continuer.

" La nuit dans une chambre est de dix Yus, dans la chambre commune c'est à cinq, le dîner est quatre, et le petit-déjeuner à quatre également. Toutes les boissons sont à trois."
" Alors se sera une chambre et le dîner... "
" Donc quatorze Yus payable maintenant, quand au bain il est offert par la maison. Je vais vous conduire. "

Le jeune homme sorti l'argent de sa bourse qu'il prenait soin de fixer à l'intérieur de son pantalon, le posa sur le minuscule comptoir de bois et emboîta le pas à la serveuse dans les escaliers. Celle-ci le conduisit au premier étage de l'établissement et le fit entré dans une petite chambre meublé d'un lit simple en bois, d'une table et d'une chaise.

" Voila Messire. Je vous fais préparer le bain. Le dîner sera servit jusque dix heures. "

La serveuse sortit et referma la porte derrière elle.
La chambre était pittoresque mais Takeshi n'avait plus dormit dans un lit depuis longtemps déjà. Il se ferait servir le dîner dans la chambre et se coucherait pour une longue nuit de sommeil.

Du moins, il le pensait...

Une fois dans le village, je regarde autour de moi pour trouver une taverne ou un abri pour la nuit. Je me guide au bruit, il semble y avoir de l’animation dans une des maisonnettes que je peux voir. Je me dirige vers elle et vois un écriteau dessus marqué :

« L'auberge de Til'Sit »

Je pousse la porte et vois une bonne équipe de joyeux lurons. Tout le village semble être réuni ici pour boire et rien d’autres. Ils ne se soucient même pas de l’inconnu qui vient d’entrer dans leur taverne, je pourrais être un monstre sanguinaire et pourtant ils ne bougent et continu de faire la fête normalement. Je m’approche du comptoir pour demander un verre et de quoi manger. Le gérant me demande :

« Que voulez-vous étranger ?

-Un bon verre de bière ainsi qu’un repas chaud.

- Installez-vous à cette table et je vous apporte tout ça. »

Je le remercie et je me dirige vers la table qu’il m’a indiquée. Tout autour de moi, des gens qui boivent et jouent aux cartes ainsi que le rituel habituel dans ce genre d’endroit, des hommes essayant de faire du charme aux serveuses. Qui selon moi ne sont pas de première fraicheur et non plus de premier âge, mais tout les gouts sont dans la nature.

Peu de temps après, le tavernier m’apporte mon repas avec une bonne bière. Il me demande s’il peut savoir avec moi pour discuter un peu. Je prends une gorgée de la bière, elle est bien fraiche et forte en gout comme en alcool. Puis le tavernier me demande :

« Pourquoi êtes-vous ici ?

-Je suis en route pour Kendra Kar et je n’ai pas envie de passer une nuit dehors.

-La route vers Kendra Kar est encore longue depuis ici et surtout elle est dangereuse.

-Oui peut être, je viens juste de sortir d’une guerre entre les anorfain et une armée Oaxienne. Nous avons bouté l’armée Oaxienne, mais mon matériel en a pris une claque. »

Le tavernier me regarde avec des yeux ébahis. Il semble impressionné par mes paroles et je remarque que le silence vient de se faire dans la pièce. Des chuchotements se font entendre à quelques endroits, mais rien de plus. Je me lève pour dire :

« Quoi ? Vous n’avez jamais vu un guerrier revenir de la guerre. Vous avez des soldats pour vous protéger non ? Vous n’avez jamais vu le sang couler dans les champs. Je ne suis pas un monstre, j’ai juste défendu la justice, la veuve et l’orphelin. Je me suis mis en face de l’armée Oaxienne et j’ai combattu avec rage, les garzok, les sekteg ainsi que des créatures de métal.

-Mais vous êtes Shaakt.

-Je fais parti de la minorité des rebelles. Mais n’oubliez jamais que mes frères et mes sœurs sont sous l’emprise des prêtresses de la déesse araignée. Je souhaite qu’un jour mon peuple vive en harmonie les autres races. Je veux prouver que nous sommes capables aussi d’être des individus bons et gentils. Je vous prie de reprendre vos activités, je ne suis qu’un simple guerrier de passage. »

Tout le monde reprend son occupation tranquillement sauf un homme qui vient s’assoir avec moi et le tavernier. Le tavernier me le présente comme étant le forgeron du village, avant que je ne dise quoi que se soit le gérant lui dit que je pensais acheter de l’équipement et il me répond tout de suite :

« J’ai entendu parler de boucliers de poignet avec un pouvoir plus qu’intéressant. Si vous voulez passer me voir demain matin et je vous donnerais un parchemin.
-Pourquoi faites vous ça ?

-Car j’ai confiance en vous et que vous avez un objectif noble. »

Je le remercie et demande ensuite où sont les chambres à l’aubergiste. Il me dit qu’elles sont à l’étage, que je n’ai qu’à choisir, il n’y a personne en ce moment. Je monte donc à l’étage et entre dans une chambre. Il n’y a rien de plus rustique que ce genre de pièce, un lit, une chaise et une table. Je referme la porte derrière moi et dépose mes affaires sur la chaise, mes armes sur la table et enfin je m’allonge dans le lit pour m’endormir rapidement.

Le réveil fut doux, une jeune femme est venue frapper à la porte me disant que j’étais convié à prendre un petit déjeuné en bas avec tout le monde. J’enfile mon pantalon et ouvre la porte, il s’agit d’une des serveuses, certainement la plus jeune et donc la moins marqué par les années de jambes en l’air. Son visage est souriant malgré la crasse que je peux voir, ses cheveux sont d’un roux crasseux, mais à nouveau je suis sûr que sous la poussière et la graisse, ils sont magnifiques. Je lui rends son sourire en acceptant son invitation, je lui demande de m’apporter une bassine d’eau avec un morceau de savon et je lui propose d’aller ce décrasser un peu pour qu’elle me guide jusqu’à la forge.

Elle revient rapidement avec ce que je lui ai demandé, elle m’indique qu’elle part à son tour se nettoyer. Je referme la porte et plonge mes mains à l’intérieur de la bassine pour me jeter l’eau sur le visage. Je me savonne la figure en insistant bien car la crasse doit aussi être incrustée dans ma peau depuis le temps que je ne me suis pas lavé. Mes bras ont le droit au même traitement de faveur, je fais ensuite ruisseler l’eau sur toutes les parties savonnées. Elle coule noire et marron, cela devait faire depuis plus d’un mois que je n’avais pas pu me laver.

Je tape un peu mes vêtements pour pouvoir enlever la poussière qui s’est déposé dessus, mais il semblerait qu’il n’y a rien. Je les refile et replace mon armure sans remettre mon masque. Je le laisse pendre à ma ceinture, mes armes sont replacées à leur place respective et je remets mes boucliers avant de descendre.

Dans la salle principale, il y avait quasiment tout ceux qui travaillent dans l’auberge, il ne manque que la jeune serveuse. Je m’installe à côté du patron qui m’a invité à prendre place à ses côtés. Sur la table, je peux sentir l’odeur alléchante du pain chaud, du jambon et du café. Je me sers et commence à manger tranquillement. Il n’y a pas un bruit, la taverne est calme, ce qui change bien d’hier soir où tout les joyeux lurons hurlaient et festoyaient.

Quand soudain, je m’arrête de manger, mon geste coupé dans son élan, le morceau de pain a porté de dents. La jeune serveuse vient d’entrée dans la pièce. Elle est habillé avec une simple robe verte comme l’émeraude, une robe sans décolleté et légèrement ouvert dans le dos. Sa peau est maintenant propre, elle est aussi blanche que la neige et semble être douce comme de la soie. Ses cheveux sont d’un roux pouvant faire pâlir un renard et ils sont attachés avec une simple lanière de cuir. J’entends le patron dire que cela ne servait à rien de s’habiller comme ceci et que cela n’allait pas lui permettre d’être considérer comme une femme, elle était une mêlée et qu’elle ne serait bon qu’à être une prostituée. C’est alors que je vois ses deux oreilles pointues d’elfe.

(Une semi-elfe anorfain, accepté dans aucun des deux mondes. Vivre est une calvaire, une croix pour elle.)

Je vois les yeux verts de la jeune femme s’emplir de larmes, elle baisse les yeux pour ne pas avoir à voir les autres. Personne ne prend sa défense, tout le monde reste stoïque devant les paroles du tavernier. J’attrape mon couteau et le plante entre les doigts de l’aubergiste. Il est apeuré, il ne dit plus rien, c’est alors que je décide de prendre la parole.

« Jamais vous ne parlez comme ça devant moi. Respecté la vie comme le plus beau cadeau qu’il soit. Je suis peut être un Shaakt qui n’est pas avec Oaxaca, mais je peux tout de même offrir la mort si quelqu’un se montre odieux. »

Je me lève et me dirige vers la jeune femme, lui prends la main afin de l’emmener dehors. J’entends une lame se dégainer derrière moi. Je me retourne et ne dégaine même pas une de mes lames, cela est inutile car je sais très bien que le tavernier n’est pas de poids face à moi. C’est alors qu’il me dit :

« Je vais te tuer chien de Shaakt. »

Je ne dis rien et attends qu’il vienne sur moi. Une fois à porté, je dégaine rapidement et effectue un simple coup pour le désarmer. Je lui donne ensuite un coup de pied dans les jambes pour le faire tomber à genoux. Je pose ma lame sur sa nuque et lui demande :

« Hier soir, vous étiez content de m’avoir parmi vous et pourtant ce matin, vous êtes prêt à me tuer pourquoi ?

-Je n’ai pas d’ordre à recevoir de quelqu’un sur ma façon de m’occuper de mes esclaves. »

Je ne préfère rien dire et je lui jette une bourse d’une centaine de Yus lui disant que j’achetais la liberté de cette semi-elfe. Il me répondit que je ne me faisais pas un cadeau car elle n’est bonne à rien sauf peut être à ce divertir la nuit. Je ne préfère pas redire quelque chose là dessus sinon je le tuerais sans hésiter. Je reprends la jeune femme par la main et l’emmène dehors. A peine la porte de passé, elle me remercie de tout son cœur et me dit qu’elle s’appelle Amilmathiel, mais pour moi Ami suffira. Je lui souris et lui réponds que je n’ai fait que mon devoir. Elle me guide donc chez le forgeron.

Il avait fallu un long, très long voyage avant d’apercevoir les côtes de l’Ile de Nirtim et le port de Caix Imoros. Du moment où Angelus-Le-Blanc avait quitté Nosvéris jusqu’à Nirtim des lunes étaient passées.

Marcher à travers de grandes étendues de pinèdes, évoluer sur un terrain abrupt , se camouflant lorsqu’il entendait le moindre bruit, se nourrir tant bien que mal, être aux aguets du moindre petit bruit, tel avait été son quotidien.

Une longue marche l’avait mené dans ce petit village singulier à flanc de montagne au détour d’une colline. Cela n’avait rien à voir avec Henehar, son village d’origine. Chez lui tout était blanc, aride, froid. Les autochtones vivaient dans des huttes faites de peaux de bêtes. Ici un climat plus propice l’avait accueilli, un doux soleil avait accompagné son périple, un air doux, moins agressif que ce qu’il avait connu auparavant.
Aujourd’hui Dame Nature avait été moins clémente que les jours passés. Une pluie lourde et cinglante faisait rage depuis plus de deux heures, trempant Angelus jusqu’aux os. Pour couronner le tout il faisait nuit noire et il devait redoubler de vigilance pour ne pas tomber dans les ravins bordant les routes. A la vue de quelques lumières perçant les volets fermés des habitations, il fut soulagé. Il marchait depuis des jours, n’avait dormi que très peu et était affamé.

« Amaranthe… » , dit-il tout haut en apercevant un panneau indiquant au voyageur où il se trouvait.

La pluie battait toujours son plein . Angelus sentait de plus en plus la fatigue le gagner. Il devait trouver le plus vite possible un endroit où se reposer un peu. Arpentant la route qui n’était plus qu’un tapis boueux à cause des intempéries il entendit des bruits émanant d’une petite maisonnette d’où s’échappait de la cheminée une traînée blanchâtre. Ce n’est qu’arrivé à quelques mètres de l’échoppe qu’il réussit à lire ce qui était inscrit sur l’écriteau : AUBERGE DE TIL’SIT. Malgré la pluie battante Angelus pouvait ressentir la chaleur qui émanait de la petit bâtisse si singulière. Il prit une inspiration avant d’entrer… Si longtemps qu’il n’avait pas eu de relation avec autrui.

Prenant son courage à deux mains il décida d’entrer, la faim et la fatigue effaçant toute hésitation. L’arrivée d’un grand gaillard qui plus est Humoran sidéra l’assemblée. Les voix, les rires et les chants se turent, tous les regards se tournèrent vers lui. L’instant d’une seconde Angelus hésita à tourner les talons….mais les talons dans son estomac le rappelèrent à l’ordre. Pour accéder au comptoir il devait traverser la pièce dans sa totalité. A son passage les clients le suivaient du regard, un regard méfiant mélangé à de la curiosité. Qu’est-ce qu’un Humoran qui plus est Albinos pouvait bien faire en ces terres et à cette heure-ci ? Au bout de quelques secondes qui lui parurent des heures Angelus arriva au comptoir derrière lequel se tenait surement le propriétaire des lieux ainsi qu’une serveuse en apparence plus large que haute dont le sourire laissait place non pas à une dentition impeccable mais plutôt à une dent ça et là posée tant bien que mal sur des gencives ravagées. L’accueil ne se fit pas aussi chaleureux qu’Angelus s’y attendait :

"Il vient ici pour quoi l’homme-fourrure ????"

"Madame… Je viens simplement d’effectuer un très long voyage. Je désirerais juste une chambre ainsi qu’un repas chaud… J’ai de quoi payer…"

"A cette heure-ci on ne sert plus… et pour la chambre c’est complet ici… Mais regardez vous !!! vous faites peur à voir et peur à mes clients aussi !! Regardez, certains sont partis tellement vous les effrayez… Filez !!!! et de suite !!!!"

Angelus baissa la tête… Il lui avait fallu un immense courage pour entrer dans l’auberge et voilà qu’il se faisait refouler manu-militari par une serveuse de l’autre temps. Ne voulant pas causer le moindre ennui il décida de tourner les talon et sortit …

A peine dehors il n’eut pas le temps de sentir la première goute de pluie qu’une main femre s'abattit sur don épaule .

Angelus se retourna …

Une fois dans le village, j’évitai de retourner chez le berger qui m’avait hébergé la première fois avec Lallydir. On lui avait menti sur notre destination et un second passage paraitrait suspect. Et désormais, j’avais l’argent me permettant de m’offrir une bonne chambre dans l’auberge que cette bourgade ne devait pas manquer d’avoir.

Je ne tardai pas à localiser l’enseigne en fer forgé au nom mystérieux de Til’Sit surmonté de deux choppes s’entrechoquant. En entrant, je découvris un endroit ne payant pas de mine, avec peu de clients et des serveuses peu avenantes. Qu’importait pour moi, j’avais pour seul objectif un repos complet avant de rejoindre le temple. Je commandais un bon ragoût, premier plat cuisiné depuis trois jours.

Après cette dégustation modeste mais satisfaisante, je laissai quelques pièces à la jeune fille me débarrassant et loua une chambre dans laquelle je montai rapidement pour délacer mon armure et m’allonger sur le matelas.

(Ahhhhhh… Un peu de moelleux ne fait jamais de mal !)

Après quelques instants de délassement, Je me redressai pour m’attardai un moment sur la carte que le berger avait pu me faire il y a un bon mois. Bien qu’il pensait nous indiquer la zone à éviter absolument à cause de monstres mangeurs d’homme, il nous avait donné de bonnes indications pour retrouver le temple et Lallydir, meilleure en cartographie que moi, les avaient reportées sur notre plan des montagnes de Nirtim. Je repérai le sentier qu’on avait emprunté, la clairière où nous avions fait un arrêt qui m’avait coûté un coma à l’époque. La suite était moins sûre pour moi. Heureusement, l’expédition sur Verloa m’a permis de connaitre les rudiments en orientation sur les cartes et je voyais la direction que j’allais devoir prendre. Un col entre deux pics, un chemin escarpé menant vers un glacier, puis continuer à l’ouest jusqu’à atteindre un pont… Rien de bien complexe en somme. Pour la suite, je devrais chercher par moi-même, mais j’étais confiant. Après avoir replié la carte pour la glisser dans mon sac, je retournai à mon lit pour dormir de bonne heure.


Le lendemain à l’aube, après un bol de gruau infâme et une pomme aux teintes pourpres, j’achetai des provisions pour les deux ou trois jours que durerait l’exploration et quittai les lieux sans m’attarder. Si je me débrouillais bien, je pourrai atteindre le temple d’ici le coucher du soleil. Avec les indications précises que j’avais pour une bonne partie de la route, je n’allais pas me perdre en chemin.

> Suite

Avec grand fracas, je poussai la porte de l’auberge, essoufflé et les joues rouges. J’avais sûrement un air ahuri, mais je ne m’en souciais guère. Sans attendre, j’allais questionner le tenancier.

« Bonjour. Je suis de retour pour un truc urgent. Je dois parler à quelqu’un de l’armée ou de la milice. »

D’un geste nonchalant, il m’indiqua une table dans un coin près de la cheminée. A la table se trouvaient deux soldats kendrans en armure, sirotant une bière et graillant un bout de pain, qui m’avaient entendu et s’étaient retournés pour me regarder. Je remerciai l’aubergiste avec un sourire gêné et allai voir les militaires.

« Bonjours à vous. Je viens de la route qui part dans les montagnes à l’ouest. Quand j’ai atteint un col de montagne à… à une heure et demi, peut-être deux heures de marche, j’ai vu une troupe garzok venant de l’ouest qui s’approche. »

L’un d’eux, un blond élancé qui avait l’air d’avoir vécu plusieurs batailles, prit alors la parole. Son ton alarmé me montrait que j’étais pris au sérieux.

« Alin Duont, lieutenant de l’armée kendrane en poste de surveillance à Amaranthe. Vous avez dit une troupe ? Combien d’hommes ? Ils étaient sur le flanc sud ou nord ? »

« Dur à dire, ils étaient loin. Sûrement une centaine. Par contre, c’est sur le flanc nord, j’en suis persuadé. »

Il soupira de soulagement et se leva.

« C’est déjà ça. S’ils étaient au sud, c’est qu’ils auraient réussi à passer nos défenses dans les passes. Il faut que je voie ça de moi-même. Vous pourriez m’y emmener ? Elmerick, tu restes ici et tu te mets en état d’alerte. Je t’enverrai un message. »

L’autre soldat acquiesça et termina sa chope d’un trait pour se lever par la suite. Alin embarqua un petit sac et se mit à l’épaule un arc magnifique et un carquois. Sans attendre ma réponse, il filait déjà vers la sortie. Je le suivis pour éviter de me faire distancer. Une fois la porte franchie, je pris les devants pour le guider.

« C’est par là. »

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Ma main se pose sur la poignée du lourd panneau de bois que j'entrouvre doucement après quelques secondes d'hésitation. Cette incertitude ne me ressemble pas, il y a à peine vingt jours je ne me serais posé aucune question, mais les quelques expériences glanées sur ces nouveaux continents font encore leur effet sur moi.

Secouant la tête pour chasser ces doutes, je décide d'être simplement moi-même et achève d'ouvrir la porte. Par réflexe je baisse la tête pour passer sous le chambranle et posant un pied botté sur le plancher, je m'empresse de refermer derrière moi. Mes yeux balayent la scène sans trop m'attarder et dans un même mouvement j'amorce un cheminement vers le fond de la pièce où j'ai déjà repéré ce qui doit être le comptoir.

Ton entrée passa plutôt inaperçue, l'auberge étant presque pleine et bruyante. Les serveuses se font taquiner par des clients ayant un peu trop bu, les uns parlent et rient forts sous l'effet de l'alcool sans doute, certains y vont même d'une petite chansonnette. D'autres dans un autre coin de la salle, attablés à une table ronde jouent aux dés de façon très sérieuse, comme si quelques yus étaient en jeu.

Mais au comptoir où tu te rends, il y a une serveuse qui t'attends, le sourire aux lèvres, elle t'accueille aimablement se présentant comme étant Alyss et te demandant ce qu'elle peut te servir. Elle n'est pas une beauté, pas plus qu'une laideur. De taille moyenne, ses cheveux blonds et sa peau trop blanche la rendent un peu fade. Ce qui lui donne un charme irrésistible , ce sont ses yeux bruns d'où l'on peut discerner joie de vivre et intelligence.

Bien que l'auberge n'ait pas tout à fait la même disposition et le décor de nos lieux communs, l'ambiance y est à peu près semblable et les occupants s'adonnent aux mêmes activités que nous : ils boivent, mangent, discutent et jouent. La seule différence que j'ai découvert depuis le départ de Faërlom c'est que les consommations de l'auberge ou d'une taverne sont payantes, les gens qui s'y trouvent ne se connaissent pas forcément tous et sont appelés des clients. Arrivant au fond de la salle, je tâte par réflexe la bourse qui pend à ma taille, je ne suis pas encore habitué à cette monnaie d'échange et bien qu'en ayant rapidement compris le fonctionnement, ces Yus m'intriguent encore.

Un sourire s'étale sur mon visage en réponse à l'accueil amical de la serveuse prénommée Alyss. Elle a le teint des femmes de chez moi et de très jolis yeux, son ton chaleureux me remplit de plaisir après cette longue journée de marche.

"Bonsoir damoiselle Alyss. Je suis Rurik. Quant à ce que vous pourriez me servir, un petit quelque chose pour me sustenter pour commencer, une spécialité de votre région peut-être ? Mes papilles sont toujours curieuses de nouvelles saveurs depuis que j'ai quitté mes terres. Me conseillerez-vous une boisson pour accompagner ?
- Alors bienvenue chez nous sire Rurik. Si vous n'êtes pas d'ici, il faut goûter le bœuf cuit à l'Akinos. Avec un bon verre de Pommaze, c'est de l'alcool de pomme... Il y a beaucoup de pommes par chez nous." Ajoute-t-elle dans un léger rire.

Je hoche la tête tout sourire, en repensant à Eldridge et son frère cultivateur de pommes.

"Je vous sers un verre tout de suite, en attendant votre plat. Voulez-vous vous installer à une table ? 
- Je vais rester ici si cela ne vous dérange pas. En bon étranger, j'aurai quelques questions si bien sûr vous avez le temps d'y répondre."

C'est au tour d'Alyss d'opiner du chef, mais elle s'éloigne d'abord pour aller annoncer ma commande au cuisinier de l'auberge. J'en profite pour poser ma besace et mon bouclier contre le comptoir, puis tirant un haut tabouret vers moi j'y pose ma cape, la chaleur de l'auberge étant bien plus que suffisante pour mon sang froid. Alyss revient rapidement et pose devant moi une assiette avec quelques morceaux de fromage dedans, puis me remplit un godet du fameux Pommaze.

"Tenez, pour patienter, goûtez donc l'Amaratha, c'est un fromage au lait de brebis.
- Merci Alyss. J'avais entendu parler d'Akinos et des pommes mais pas de ce fromage."

Le fromage est un peu salé et pique légèrement, mais la gorgée de Pommaze juste derrière, mélangeant les parfums, est un délice. Mon expression faciale suffit à montrer mon avis sur les spécialités des Duchés et Alyss reprend la parole.

"Ravie que ça vous plaise, alors messire Rurik, d'où venez-vous et que faites-vous dans nos montagnes ?
- Je viens des montagnes aussi, mais elles sont plus froides et sur un autre continent. Nosvéris si vous connaissez. Je sillonne des terres nouvelles pour moi depuis plusieurs jours à la recherche de réponses ou de solutions. La guerre fait rage chez moi, sous le règne de la terrible Oaxaca."

Le minois si souriant d'Alyss se rembrunit brutalement à l'entente de mes derniers mots. Étonné qu'elle fasse preuve de tant d'empathie, je m'excuse aussitôt pour mes paroles sinistres, mais la jeune fille secoue la tête de droite à gauche.

"Ce nom n'est pas inconnu chez nous messire Rurik. Sa malveillance s'étend au nord de Nirtim. Certains disent même qu'elle vit à Omyre..."

La voix d'Alyss se trouble et s'éteint, le sujet n'est pas des plus agréables. Assis sur mon tabouret, la chope en suspens, les idées se brouillent dans mon esprit. Oaxaca ici. Le nord de Nirtim sous sa domination. Je repose lentement mon verre et ferme mes yeux brûlant d'une fièvre nouvelle. Les frottant vigoureusement, je prends une grande inspiration pour garder mon calme.

"Que Yuia nous protège. Je suis navrée d'avoir amener de mauvaises pensées chez vous damoiselle Alyss. Je ne sais que dire... Je ne croyais pas que le funeste sort de mon peuple s'étendait à d'autres. Je ne sais pas grand chose de tout ça si ce n'est que le mal doit être repoussé et combattu partout. Mais ne parlons pas de tout ça, l'espoir existe encore."

Je me force à sourire, voulant éloigner les noirs sentiments que je vois couvrir le blanc front d'Alyss. Elle sourit aussi, un peu tristement, mais l'appel du cuisinier la ramène à l'instant présent. Attablé devant cette belle assiette de légumes et de viande, mais l'appétit quelque peu coupé, je décide d'entrer dans le vif du sujet.

"Alyss, je suis à la recherche de reliques qui j'espère pourront peut-être peser dans la balance en notre faveur. J'ai croisé sur la route une famille en route pour Akinos. La dame, Eldridge, m'a parlé de l'un de ses cousins : Kenmare, vivant ici et connaissant bien la montagne. Ce sire Kenmare pourrait m'aider dans ma quête."

Le regard auburn de la serveuse m'observe un instant en silence. Bien que simple servante dans cet établissement, je sens que cette femme comprend beaucoup de choses. Je ne suis qu'un homme inconnu, mais la sincérité de notre brève conversation semble lui suffire pour m'indiquer du doigt la table où se trouvent les joueurs de dés. Cinq personnes y sont attablées, lançant le même nombre de dés à tour de rôle.

"Gardez mon assiette au chaud Alyss s'il vous plait, je vais aller l'inviter.
- Celui à la barbe et aux cheveux longs."

La remerciant d'un sourire chaleureux je m'avance vers la table, observant le petit groupe. Trois me font face : un petit fluet à la chevelure noire et deux grands à la carrure raisonnable, l'un blond à la peau diaphane et l'autre brun au teint halé. Malgré ces différences, ils ont la même coupe de cheveux, taillés à ras, ainsi qu'une barbe de quelques jours et se ressemblent fortement comme s'ils étaient frères. Le petit porte également les cheveux courts sur une tête de grande taille comparée à son corps. Les deux dont je ne vois pas le visage ont les cheveux longs et une corpulence digne de la mienne, l'un d'eux doit être le cousin d'Eldridge.

M'arrêtant près de leur table, je jette un coup d’œil au cinq visages, trois paires d'yeux marrons et deux bleus se tournent vers moi. Un bouc roux, des yeux azurs perçants dans un visage un peu rouge, le cousin a un faciès plutôt agréable, espérons qu'il l'est aussi.

"Bonsoir messires, pardonnez-moi d'interrompre votre partie. Je m'appelle Rurik et viens d'arriver dans votre village sur les indications d'une dame nommée Eldridge. Elle m'a gentiment conseillé de trouver ici son cousin Kenmare, est-ce l'un de vous ?"

Si tu doutais de l'identité du cousin, ce ne fut que de courte durée, puisque lorsque tu le nommas, ses collègues de jeux se tournèrent tous vers lui. Ce dernier, dont la barbe et les cheveux ne laissaient qu'une toute partie de visage à découvert, pris une expression inquiète:

"Est-il arrivé un ennui à Eldridge ? Pourquoi vous a-t-elle référé à moi ?

Passablement inquiet, il plonge son regard dans le tien, attendant impatiemment ta réponse. Ses amis de jeu, conservèrent le silence à l'affut de ragots à raconter plus tard.

La description d'Alyss s'avère être la bonne et le repérage est facilité par les barbes des compagnons de Kenmare, quasi inexistantes. Adressant un sourire chaleureux au montagnard qui vient de me répondre, je m'empresse de le rassurer sur la santé de sa cousine.

"Eldridge se porte comme un charme, tout comme son mari et vos deux petites cousines qui sont de véritables sources de joie. Votre tante est peut-être souffrante, car c'est vers sa demeure d'Akinos que se rendait la famille. J'ai voyagé avec eux sur la route entre Kendra-Kâr et le pied des montagnes."

Observant la réaction de Kenmare, j'attends un bref instant avant de poursuivre indiquant le comptoir derrière moi.

"Je suis installé là-bas, l'aimable serveuse Alyss m'a conseillé le bœuf d'Akinos et ce dernier m'attend dans l'assiette. Puis-je vous inviter à boire ou manger quelque chose, afin que nous puissions discuter ?"

Rassurée par la santé de sa cousine, Kenmare poussa un soupir de soulagement.

" Il n'est pas poli de faire attendre un boeuf d'Akinos ! " dit-il tout en riant de bon coeur.

"Retournez à votre table, je vous rejoint à l'instant. "

Ceci dit, il se retourna vers ses compagnons, ramassa ses yus et ses dés et revint te trouver tel que promis.

Après s'être assis à tes côtés et après avoir commander un breuvage alcoolisé à la serveuse, il te fixa un petit moment avant de te déclarer:

"Que me vaut votre visite ? Qu'attendez-vous de moi ? "

Rassuré, Kenmare change aussitôt d'attitude et rit gaiement en m'assurant qu'il ne faut pas faire attendre un bœuf d'Akinos. Je me joins avec plaisir au rire du Montagnois, appréciant déjà sa bonhomie et son humour. Hochant la tête à ses directives, je salue poliment l'ensemble de ses camarades en leur souhaitant une bonne soirée et reviens sur mes pas. M'installant sur le haut siège où trône encore ma cape, j'en attire un autre près de moi pour que Kenmare puisse s'y installer.

A peine suis-je revenu devant mon assiette que la jeune serveuse s'approche pour connaître le dénouement de mon entretien avec le cousin.

"Merci Alyss, Kenmare va venir discuter avec moi. Pourrez-vous mettre ce qu'il commande sur ce que je vous dois s'il vous plait ?"

Alyss confirme ma demande d'un signe de la tête et salue un Kenmare arrivant, qu'elle connait manifestement. Je n'ai pas vu grand chose d'Amaranthe en y parvenant à la nuit tombée mais la bourgade ne doit pas s'étendre sur des lieues et ses habitants se connaissent peut-être tous à l'image de mon village natal.

Laissant le temps à Kenmare de passer commande et d'être servi, j'attrape mon verre de Pommaze et le lève vers lui dans un geste amical et respectueux.

"Sire Kenmare, en premier lieu, je vous remercie de prendre sur votre temps pour écouter ce qu'un étranger a à vous dire. En fait d'étranger, je ne suis ni de votre village, ni même de votre continent. Je suis originaire de Nosvéris que j'ai quitté il y a de ça une vingtaine de jours."

A chaque fois que je me remémore le temps passé en dehors de mes terres, cela me semble irréaliste, vingt jours seulement ! Il s'est sûrement passé plus de choses durant ces dernières heures que dans ma vie entière... ou presque ! Recentrant mes pensées, j'observe les réactions de Kenmare tout en poursuivant mon explication. Le décor est planté, il me faut maintenant aborder un sujet que je sais être délicat depuis que j'ai vu la réaction de la serveuse.

"Une grande partie du continent est annexée par les Garzoks et leur maîtresse. Jusqu'à il y a peu je pensais que ce mal ne sévissait que sur ces lointaines terres. Hélas, Alyss vient de m'apprendre que la menace existe ici aussi. Le nom d'Oaxaca ne vous sera sûrement pas inconnu."

Je fais une nouvelle pause, laissant à mon interlocuteur le temps de digérer ce que je lui raconte. Mais il me faut désormais en venir à l'essentiel, la raison de ma présence dans ce duché de Nirtim.

"Bien que vivant haut dans les montagnes, la neige et la glace, mon peuple ne peut laisser ce massacre se perpétrer. J'ai décidé d'agir à ma manière lorsque l'un de nos chefs m'a conté une légende. Celle de reliques construites par la déesse de la Glace et de la Beauté. Je ne sais si ce set d'armes pourra changer quelque chose dans l'actuel conflit, mais une chose est sûre aujourd'hui, ce n'est pas qu'une légende."

Ma main se porte à ma taille et mes doigts enserrent la fusée de l’Épée de Glace. J'hésite à peine avant de faire glisser l'arme en dehors de son fourreau. La froide lame apparaît sous nos yeux, semblable à la dernière fois où je l'ai tirée pour la contempler. Je la laisse un instant dénudée pour que Kenmare puisse la voir puis la remets à l'abri de son écrin.

"Je ne sais quelle puissance peuvent amener ces armes mais quelle qu'elle soit, elle fréquente de près la folie. Son ancien propriétaire avait perdu toute raison..."

Évoquer l'étrange voyage au milieu du paysage surnaturel du temple de Kendra-Kâr n'est pas agréable. La démence du pauvre possédé, son visage, ses paroles, tout me revient en mémoire. Sombres souvenirs que j'essaye vainement de noyer d'une brusque gorgée de Pommaze.

"Par voie posthume, je suis devenu l'héritier de ses biens en présence d'un prêtre de Yuia. Ce parchemin faisait parti de ses possessions."

Je descend du tabouret le temps de fourrager dans ma besace pour en extraire le-dit parchemin que je tends à Kenmare.

"Je deviens de plus en plus fou. Croire l'épée mienne a été une énorme erreur, mais maintenant, il est trop tard pour reculer : mon destin est scellé, et cette démence trop rarement interrompue ne prendra sans doute fin qu'avec ma mort. Tel est mon châtiment.

Vous qui trouvez ceci, soyez béni ! Prenez tout ce que j'ai : mon or, ma cape, mais surtout l'épée, et allez aux Duchés ! Là, au Temple sont les bracelets ! Poursuivez là où j'ai échoué !

Yuia, je me repends !"

Je laisse le temps à l'homme pour prendre connaissance du manuscrit puis conclus mon exposé quant à ma présence ici.

"J'ai raconté tout ceci à votre cousine et son mari, elle m'a dit que si un homme pouvait m'aider à trouver ce temple c'était vous."

Mes yeux rouges sont fixés sur ceux céruléens de mon vis-à-vis, sachant qu'un espoir insensé doit se lire en moi. L'activité de l'auberge en arrière-plan m'est égale, j'en ai même oublié le pauvre bœuf d'Akinos qui doit maintenant être tiède, mais j'ai vu du coin de l’œil qu'Alyss avait suivi mon monologue.

Kenmare t'écoute avec attention.

"Nosvéris mais dites-donc, vous en avez faits du chemin ! Oaxaca, qui ne connait pas, cette mauvaise démone ? "

Au fur et à mesure que tu expliques ta quête, les yeux de Kenmare s'arrondissent, sa bouche demeure ouverte. Il est collé sur son banc et est suspendu à tes lèvres. Il siffla d'admiration devant la dite épée puis continua à écouter la suite de ton récit.

Lorsque tu eus terminé, il prit une gorgée de son breuvage et s'essuya du revers de la main.

"Et bien soit ! Dès que vous aurez terminé votre repas, je vous conduirai à ce temple et vous trouverez ces bracelets. "

Très déterminé à t'aider, c'est avec enthousiasme qu'il avait terminé sa phrase par un coup de poing sur le comptoir, ce qui fit légèrement sursauter Alyss qui mine de rien poursuivit sa besogne.