Je combattais cette horrible douleur que provoquait l’intégration de mon âme à mon corps physique. La réincarnation était exactement le contraire de la mort, qui malgré le fait qu’elle soit sanglante, ne durait pas plus de quelques secondes et laissait place à un réconfort que même une mère ne saurai donner, alors que réintégrer l’enveloppe charnel quitté prématurément causait des maux indescriptibles. Et cette souffrance je la bravais dans l’obscurité le plus complet, sans pouvoir hurler le mal, ni bouger. Rien n’y voir dans cet état d’âme n’était pas une grande perte, je préférais ne pas voir comment j’étais misérable en cet instant. L’obscurité en était presque réconfortant, si seulement cette absence de matérialité ne faisait pas tant de vide, me donnant une vision de ce que pouvait être le néant. J’avais déjà franchis un endroit semblable la seule différence était qu’au lieu d’être noir, l’espace vidée était blanche, mais n’avait rien de rassurant pour autant.
Bientôt la douleur s’estompait, me laissant seul dans cette obscurité, dans ce néant, ou l’esprit inconscient flotte doucement. À cet instant tout le mal disparut, je me sentais apaisé de tous ces tourments auxquels j’avais fait front. Le silence régnait autour de moi, comme si il n’y avait toujours rien aux alentours, mais contrairement à avant, je pouvais sentir la pierre froide sur laquelle je reposais, signe que j’avais réintégrer le monde matériel. Bouger me semblais pénible avec cette sensation d’avoir dormi pendant plusieurs années, je commençais donc par remuer les doigts et comme chaque articulation grouillait comme elle se le devait, je continuais jusqu’à ouvrir les yeux. Il me fallut quelques instants pour reprendre mes esprits et savoir où je me trouvais, ce lieu n’était pas celui dans lequel j’avais été froidement poignardé par cette femme, la simple pensée à son égard me faisait bouillir de haine, pour elle et pour ses semblables aux oreilles pointues.
Péniblement je me redressai sur cet autel de marbre noir strié de blanc, chaque muscle requis pour ce simple effort était douloureux, mais cela s’estompait peu à peu en contemplant le riche décor de la cathédrale. Une lueur existait par un ensemble gigantesque de bougies rouges et noires donnant à l’endroit un aspect de cérémonie lugubre. Il ne me restait plus rien, mis à part l’anneau toujours agrippée à mon doigt et mon sac, désormais vidé de son contenu. Mon seul regret était d’avoir perdu le couteau trouvé sur une dépouille d’ancien prisonnier, et peut-être mes bottes et l’armure donnée par l’elfe assassine, car je me retrouvais nu sur cet autel… Un bruit sourd retentit derrière moi, je me retournais vivement pour voir de quoi il s’agissait, mais je ne vis rien d’anormale. Seul Phaïtos érigé dans la pierre me regardait fixement. Je le remerciais d’ailleurs pour m’avoir accordé une seconde chance dans le monde des hommes.
Je sautai à terre, rester assis sur ce bloque noir ne servait à rien, sauf amasser la poussière et ce n’était pas en restant là que j’aurai ma vengeance. Une grande porte ce dressait à l’autre bout de la salle et semblait être la seule sortie possible. Mais alors que je marchais tranquillement vers elle, une pensée me traversa l’esprit, étais-je seul dans cette cathédrale? Personne pour accomplir un quel contre rituel de résurrection? Personne pour accueillir un revenant? Les adorateurs de la mort ne manqueraient pas un tel exploit… J’en fus déçu… je continuais de m’avancer lentement vers la porte, cette fois en appelant et regardant autour de moi. Ma voix résonnait en écho et semblait se perdre dans l’immensité des lieux. Mais, même si je paraissais être seul, je ne l’étais pas, la petite présence rassurante de ma faera me rassurais, bien qu’elle restait silencieuse, je savais son inquiétude et son soulagement de me savoir en vie.
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Eiko - Ynorien - Truand
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