L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Jeu 10 Déc 2009 00:39 
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Jets :
Léonid : maîtrise arme de jet : réussite (vive les bonus) – réussite.
Mathis : maîtrise corps à corps : réussite


La pagaille créée par ce tremblement de terre impromptu en a choqué plus d’un, mais certains semblent garder la tête sur les épaules, à l’instar de Léonid et de Mathis, qui redoublent d’effort pour mettre à bas – et c’est le mot – la Cornue démoniaque. Alors que le premier touche la démone de son arme sombre, la lame de son yari transperçant la carapace solide d’écailles de l’ennemie pour en laisser échapper un liquide noirâtre en un cri effroyable, l’autre saisit son arme courte pour frapper avec virulence le squelette menaçant Léonid. Son coup fait mouche, et l’arme noire entre en contact avec la colonne vertébrale du squelette. Les os se fendillent et elle finit pas céder sous le choc.

Hélas pour le voleur kendran, le squelette n’a pas donné son dernier coup, et même s’il se retrouve privé de la moitié inférieure de son corps réanimé, sa hargne ne l’a pas quitté. Il se retrouve certes privé de moyen de locomotion efficace, mais son trident d’argent est toujours aussi acéré, et il tente de frapper Mathis au visage, coup qu’il peut heureusement éviter de justesse…

De son côté, le soldat Oranien a brandi son arc et poursuit sa chasse à la démone : D’une flèche de cristal, il transperce la gorge de la démone. La flèche cède sous le choc, mais elle semble blessée, une fois de plus, à en juger par le liquide noirâtre qui s’écoule de sa gorge. Elle cède petit à petit, mais sa fureur est intacte, et sa puissance reste omniprésente, alors que toute la salle tremble toujours, menaçant de vous engloutir dans les fonds océans d’un instant à l’autre…

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Sam 12 Déc 2009 19:04 
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Bien ! Le temps nous était compté, maintenant que je maîtrisais plus ou moins sa trajectoire, il ne me restait plus qu'à m'amuser avec sa lance argentée. Peut-être qu'il possédait des pouvoirs de nécromant tout comme sa maîtresse ? Non, il était sans doute mort sur un champ de bataille en tant que valeureux guerrier... Enfin, bref ! Autant tenter de tuer un squelette, il y en avait partout autour de lui, un coup à droite et un adversaire disparaîtrait de la surface de la terre... Mais, avant que je n'ai pu faire quoique ce soit, la garce aux écailles leva ses bras vers un ciel rocheux qui nous emprisonnait dans cet amphithéâtre terrible. Elle fit vibrer les murs de sa puissance, ayant peut-être perdue tout espoir elle lança un dernier sortilège désespéré... Bon, il était vrai qu'elle avait toujours le dessus sur notre équipée, mais dans tous les cas, elle ne pourrait rivaliser contre sa propre arme squelettique !

(Elle va voir de quoi je suis capable !)

Tout à coup le sol se fendilla sous ses pieds et rapidement un rocher gigantesque l'éleva à quelques mètres du sol. À présent, il ne m'était plus possible de la toucher avec ma marionnette ! Quel idiot ! J'avais perdu tant de temps à essayer de comprendre comment contrôler ses gestes que maintenant elle était intouchable. Des roches tombaient du ciel, certains les évitaient avec une certaine dextérité d'autres ne pouvaient rien faire face à l'inévitable. J'étais si impuissant... Il fallait agir ! Je n'avais pas le choix, nous n'avions plus le choix ! Le Marionnettiste hurlait mentalement, dans quelques instants, la salle s'effondrerait sous la puissance de l'onde et de sa pression destructrice... Je faillis perdre le contrôle du squelette mais, je me ressaisis, oubliant bien vite ses mots désespérants. Ma musique gronda dans le fracas des rochers, je fis faire demi-tour à ma marionnette, je voyais clairement la présence d'un squelette près de lui.

(Ils vont voir qui je suis ! On va en finir avec cette histoire !)

Mes doigts glissaient sur les trous desquels une mélodie enchanteresse exerçait une emprise psychique sur l'esprit de cet être décomposé. Un son grave sortit de ma flûte et rapidement le squelette bifurqua sur la droite et accéléra tout comme la mélopée. Il ne me restait plus qu'à trouver un accord susceptible de le faire attaquer contre une de ces immondes créatures. Comment faire ? Je cherchais en moi la rage, la force destructrice qui me permettrait de voir quel était cet accord ! Qu'est-ce qui représentait la rage, l'envie meurtrière ? Où pouvais-je trouver ce ton acide et piquant qui ferait surgir la haine et le sang ? Non, ce n'était pas le chant que je devais changer, mais trouver la bonne note, l'unique qui serait efficace pour en finir avec cet être macabre. Je cherchais, m'activant, essayant de me calmer pour ne pas passer à côté du bon son. Je n'avais pas le temps de réfléchir et d'utiliser mon bon sens pour faire ce que je voulais;il fallait y aller à tâtons !

(Mais, c'est pas vrai ! Il faut que je trouve !)

Puis soudain, un son sifflant, une sorte de cri strident qui me transperça les tympans eut l'effet voulu. Le squelette leva son arme et la fit tournoyer dans l'air. Était-ce le son d'une lance qui déchirait l'air ? Était-ce la solution à mon problème ? De toute façon, je n'avais pas le temps d'y penser pour l'instant, il me fallait en finir avec cette chose lamentable qui était prête à attaquer quiconque se trouverait sur son chemin. Je fis avancer le squelette vers l'un de ses pairs, puis je repris ma mélodie et essayai de retrouver la note, la fréquence intrinsèque qui me permettrait d'en finir avec cet être machiavélique ! Et puis tout à coup, son arme se leva une nouvelle fois et s'abattit sur notre ennemi. Je ne comprenais toujours pas quel était ce mécanisme si mystérieux, pourtant cela était efficace et je ne m'en plaignais pas !

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Sam 12 Déc 2009 23:08 
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Si j'avais douté un instant de l'efficacité du pouvoir instillé par cette arme, le manque de réactivité du squelette en aurait balayé toutes les bases avec autant de brusquerie qu'un coup de vent déloge la poussière pour vous l'envoyer dans les yeux.

Son dernier bras ne se levait pas en signe de défense, son regard était vainement posé sur l'endroit d'où j'avais disparu ; et si la situation s'y avait prêtée j'aurais pris le temps de jouer de cela afin de tester à quel point ils étaient ou non des machines justes bonnes à tuer l'ennemi de leur créatrice.
Il s'agitait nerveusement au moment où je passais à coté, à moitié accroupie pour éviter d'être la cause d'une détection prématurée. Je me relevais dans son dos avec une lenteur que j'étais la seule à apprécier, à mon grand plaisir. Bien qu'à caractère maléfique, et de cela j'en étais convaincue depuis le début, ce poignard m'offrait enfin un avantage puissant ; avoir pleinement le dessus sur ma cible … dont la nervosité témoignait de sa conscience naissante qu'elle n'allait pas tarder à comprendre qu'elle n'était plus sur les marches du haut de la grande échelle du prédateur … en tout cas j'espérais que ces créatures aient assez de conscience pour sentir le coup arriver.
D'un coup sec, précis et préparé, je lui plantais le poignard entre les vertèbres, juste au dessus de son armure grossière qui l'aurait pourtant efficacement protégé dans un combat loyal. Je n'avais ni l'armure nécessaire à une bataille épique, ni les compétences de guerriers pour parer les coups diligemment et avec un savoir faire indiscutable, je n'avais aucune arme capable de l'emporter sur leur épées, haches et autre tridents … mais dans leur complot, ils m'avaient fourni le seul pouvoir capable de me donner l'avantage. Ils m'avaient donné l'invisibilité d'un poison s'insinuant entre les chairs solides pour s'attaquer au seul point sensible d'un corps sain et dominant.
Je sentis la lame s'enfoncer profondément dans les os, le craquement fatal me fit frissonner et je poussais un petit cri malgré moi. Le squelette tomba en avant sans autre son que le fracas de son armure et son arme sur le sol … et je décidais de tenter le destin au lieu de repartir dans les rangs alliés.
Dans mon dos se tenait un autre squelette, probablement plus avisé que jamais face au danger après avoir vu son comparse presque décapité par magie. Son arme était tout bonnement immense compte tenu de ma taille et de ce que je tenais en main. Il serrait son trident à deux mains, le manche contre sa hanche tandis qu'il pointait vers l'ennemi le trio de crocs argentés. Malgré l'étrange défaite de son prédécesseur, il n'en avait pas moins le champ libre à présent vers nos lignes arrière.
Je fis volte face, de nouveau accroupie pour éviter les moulinets qu'il effectuait fébrilement pour dissuader l'ennemi d'approcher ; mais la vision qui m'apparut derrière son dos coupa nette toute considération de combat. Par sa seule présence, elle réveillait une rage jusque là confinée, tout juste capable d'alimentait mes muscles et de m'empêcher de reculer face à la vague d'os enragés et armés placée sur notre chemin. Ses squelettes n'étaient là que pour nous occuper, ou nous détruire sans qu'elle n'ait à craindre pour sa vie ou user ses mains au combat. Ils n'étaient que l'arme de l'ennemie … et celui qui se tenait au dessus de moi n'était plus qu'un obstacle, un dernier rempart avant de poursuivre celle a qui l'on devait toutes ces manipulations.
J'attrapais des deux mains son bras tenant l'arrière de l'arme, et avant qu'il ne comprenne ce qu'était la pression sur son bras, je me redressais vivement. Me servant à la fois de mon élan et de l'appui renforcé en serrant mes doigts je le frappais avec mon genoux tout en appuyant de chaque coté de l'os de son avant-bras. Et à mon grand étonnement la main fut purement et simplement arrachée, ils étaient plus costauds qu'on le souhaitait, mais bien moins qu'on le craignait et si mes intentions n'avaient pas changées en apercevant la cornue plus loin, j'aurais continué ce combat avec plus de confiance quant à mes chances.

Et c'est peut être ce qui failli me perdre et qui entraina les conséquences désastreuses de la suite …

Cela n'avait duré au final que quelques minutes, mais je me rendais compte à quel point je m'étais laissée entraîner par l'adrénaline du moment, comme à chaque fois. Consciemment ou inconsciemment, j'avais occulté plus ou moins ce qui m'entourait et m'étais concentrée sur le danger proche, j'avais délaissé l'ensemble pour le particulier et je me réveillais à présent … oubliant les règles élémentaires d'observation et d'attention.
J'apercevais plus en avant le premier attaquant, me préparant mentalement à toute éventualité afin de profiter de l'ouverture créée par ce dernier pour fondre à mon tour sur la chose devenue plus reptilienne qu'humaine.

Mais la garce avait encore des atouts dans sa main, et lorsqu'il fut à quelques centimètres de l'atteindre … elle leva à nouveau les mains vers les cieux et mon monde se mit à trembler.
Comme sortant des entrailles de la terre, un dôme de pierre émergea sous elle, et l'emporta, hors de portée à nouveau, fuyant comme la première fois. Le sol continuait de trembler violemment, des morceaux de roches de détachait du dôme et venait s'écraser au sol autour de nous, et très vite ce fut une pluie de projectiles argileux qui nous recouvra.
Je glissais au sol, freinant ma course du mieux que je pus pour éviter un bloc qui s'écrasa juste devant moi et tentai de me relever, de faire marche arrière et m'éloigner le plus loin possible.
Le fracas des pierres se mêlait aux cris des aventuriers, certains de douleur et d'autre de peur, ou de fureur. Et dans cette scène de catastrophe naturelle je courais, sautais, esquivais autant que faire ce peut les blocs et éclats qui nous arrivaient maintenant de partout. Le séisme avait abîmé les fondations même de la salle qui voyait s'effondrer des pans entiers de colonnes.

Et il n'y avait aucun abris possible, si ce n'est de s'éloigner de la zone proche du tremblement et donc du dôme où se tenait la catin maléfique.
Ce fut à ce moment que je compris le caractère aveuglant de mon enfermement. J'avais reconnu pendant ma course celle de Glenor, resté à distance mais décidé à me suivre même dans mes projets les plus suicidaires. Je me souviens avoir mis de coté toutes questions relative à ce choix, pour plus tard, "quand tout sera finit" … et en me retournant je le vis prendre de plein fouet un éclat de roche. Sa forme ou sa taille, je ne m'en souviens plus, je n'ai de cette seconde que le souvenir d'un nain, d'un allié, d'un compagnon chutant lourdement à terre, sonné et grièvement blessé à la gorge, et de mon cri. Cette sensation étrange qui me parcouru, comme si nous perdions un pilier important de notre groupe, je courus vers lui en hurlant son nom comme si cela avait un quelconque pouvoir pour le garder conscient … mais à peine avais-je fait trois pas qu'un coup me stoppa net. D'où il venait je ne saurais le dire, mais cela me fit l'effet d'un projectile lancé dans ma direction, délibérément même si cela est fort probable. Je tombais sur le coté, manquant de me cogner contre le mur d'enceinte et rejoins finalement Glenor à quatre pattes, me retenant d'une main sur le sol tandis que je tenais ma tête de l'autre pour faire cesser le bourdonnement du au choc.

Je sentais la chaleur de mon sang couler le long de ma tempe, maculant mes cheveux et mon cou, un violent vertige allait et venait à l'intérieur de mon crâne menaçant de me faire tomber dans les pommes ou vomir à chaque seconde qui passait. Mais ce n'était rien en comparaison de l'état de mon guérisseur borgne et renfrogné.
A genoux à ces cotés, je plaquais mes mains sur la plaie sous sa gorge pour freiner le flot de sang qui s'en échappait.

- Ça va allait, c'est moins grave que ça en a l'air, tentais-je de dire sur un ton positif comme si cela faisait la moindre différence. T'en fais pas, tu peux réparer ça en un clignement de paupières j'en suis sûre. T'as qu'à te concentrer sur mes mains et tu refermes en dessous, comme tu l'as fait pour moi … Glenor … t'as sauvé un papillon prêt à se jeter sur le premier lampion venu, alors fais pas l'idiot … t'es plus important que moi ici. Une idiote qui se prend pour un guerrier ça fait pas gagner une guerre, mais toi si.

C'est à ce moment que le marionnettiste fit irruption, hurlant tant physiquement que mentalement, si bien que la fureur contenue pour garder Glenor dans un climat stable pour se guérir explosa

(La ferme !! la ferme !!! C'était avant que tes sauveurs meurent qu'il fallait l'ouvrir. Tous ces mensonges, tout ce temps à nous prendre pour des abrutis sans rien nous apprendre sur le comment ou le pourquoi, et maintenant que t'as peur pour ton cul tu viens demander de l'aide.)

De l'aide, Glenor en avait plus besoin que ce fanfaron tout juste bon à soudoyer par la pensée des êtres faibles et influençables. Je levais les yeux à la recherche du guérisseur de bateau Kendran. Ils en avaient un, j'en étais certaine mais je peinais à me souvenir de son nom. Je le repérais, de l'autre coté du mur de squelettes et tentais d'attirer sur nous son attention ou de n'importe qui autour.

- HEY ! Le guérisseur … farfandir … ferandir … le môme ! Hurlais-je finalement en maudissant les cieux intérieurement de ne plus être capable de retrouver un nom. On a besoin d'aide !

(S'il meurt, tes amis y passeront aussi.) Laissais-je échapper sans vraiment savoir si le destinataire entendrait.

- On va y arriver, t'en fais pas. Murmurais-je finalement en me retournant sur Glenor. Je te porterais sur mes épaules s'il le faut, mais tu sortiras d'ici en respirant. Toute cette merde vaut pas le coup de perdre un talent comme le tien, hein.

De mon coté, la douleur ne faiblissait pas. Ma tête tournait et se retournait de l'intérieur mais le voile rouge qui masquait ma vue s'étiolait doucement, suffisamment pour garder un œil sur les alentours, surveillant une arrivée à la fois ennemie ou alliée.

(relecture quand j'aurais le temps)

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Madoka


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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Dim 13 Déc 2009 03:05 
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La souffrance, une souffrance telle que je ne me souviens pas en avoir jamais expérimentée une semblable, me mange la jambe, me suce le bras, me ronge les chairs, allume ça et là dans mon corps des étincelles de douleur dont le brasillement semble ne devoir qu’alimenter le foyer de ma détermination et ne faire que la pousser à brûler d’autant plus fougueusement. Comme une machine lancée à plein régime à rythme infernal dont l’instabilité s’accroît d’instant en instant et qui ne tient qu’en vertu de surcroîts d’ardeur toujours renouvelés, mon organisme entier m’a l’air lancé dans une sorte de charivari vengeur destiné à tenir tant que l’impératif de vengeance que je me suis imposé n’aura pas été mené à concrétisation. A chaque seconde, l’envie de m’affaisser et de cesser de tant en réclamer à mes pauvres forces se fait plus forte, mais plus forte encore est la désir de justice, de rétribution envers la Cornue que je me sens prêt à tuer en la noyant de mon propre sang, en étouffant de ma propre peau s’il le faut.
Ces propos pourront à bon droit paraître bien excessifs, mais Nom de Rana, cette salope mérite la mort à un tel point que je veux bien être damné jusqu’au fin fond des Enfers si je n’ai pas fait tout ce qui est en mon pouvoir pour les y envoyer promptement ainsi qu’elle le mérite ! Pour le début, mon entreprise a l’air d’avancer dûment en ce sens, car bien que d’une taille en rendant l’usage peu ergonomique, Bushido n’en a pas moins filé avec célérité et précision jusqu’à l’odieuse créature au sommet de son piédestal pour venir se planter dans son bas-ventre avec un cri de douleur à la fois effrayant et jouissif de la part de celle qui faisait jusqu'ici preuve d'une si haïssable morgue de tyran. En effet, la longue lance traverse distance, écailles et peau avec violence, mais, pour si douloureuse qu'une telle blessure soit, elle ne suffit malheureusement pas à déconcentrer la sorcière ni même à la faire reculer contrairement à ce que j’avais espéré de la part de cette attaque qui avait pourtant certainement de quoi faire tourner de l'œil un guerrier endurci. Rien de bien étonnant, car cette chose est dure à cuire (au sens propre, si l’on se souvient de l’effet moindre que lui a fait la magie d’Aëlwinn), mais cela n’empêchera pas que nous la vaincrons : dusse-je dépenser jusqu’à mes dernières forces pour cela, je la traînerai jusque dans les bras de Thimoros qu’elle vénère tant !

En tout cas, pour le moment, je n’en suis pas à une telle extrémité, et je peux donc avec un sang-froid bien relatif aligner sans trêve des flèches sur mon arc, celles-ci ayant prouvé leur efficacité lorsque la première tirée s’est plantée dans la gorge du monstre, laissant à cet endroit aussi le passage à ce sang si inhumainement noir. Bien évidemment, c’est toujours l’innommable, cacophonique et terrifiant tumulte autour de moi, l’immense salle sous-marine continuant de perdre de son intégrité avec grand fracas sous les coups de boutoir de l’eau qui se fraye rudement un passage maintenant qu’elle en a la possibilité, et la peur sourde et glacée de finir noyé ou déchiqueté par les flots doit gronder dans le ventre de chacun au même titre que dans le mien. Cependant, le blond, Silmeï et moi, consacrés à nos activités respectives, nous formons une sorte de noyau de résistance à nous trois, mes deux alliés se chargeant de massacrer les ennemis squelettiques auxquels ils sont confrontés –entreprise dans laquelle l’homme à la dague réussit admirablement bien puisqu'il casse carrément en deux son adversaire d'un brutal coup d'estoc au bas de la colonne vertébrale- afin de me couvrir tandis que je bombarde la Cornue en continu. Ainsi, ce sont deux autres projectiles à tête cristalline qui se retrouvent à toute vitesse sortis du carquois, bandés sur la corde de mon arc et décochés en direction de la démone, la bougresse n’ayant toutefois même pas l’air de broncher sous ces assauts répétés, si bien que, me rendant bien compte que je ne pourrai jamais régler le problème à moi tout seul, j’en appelle à l’aide des autres aventuriers, clamant :

« Aidez moi ! Nous pouvons la vaincre ! »

Oui, nous le pouvons, nous le devons, et nous le ferons, et pour cela, nous devons chacun mettre en œuvre tous les moyens dont nous disposons, toutes les ressources en notre possession, toutes les prouesses dont nous sommes capables ! Et par Rana dont je mériterais bien de recevoir la malédiction pour mon étourderie, en parlant de prouesse, je l’avais oublié dans le feu de l’action, mais Aïlayon m’a appris à augmenter significativement mon rythme de tir selon une méthode que je m’empresse de mettre à exécution sitôt qu’elle m’est revenue à l’esprit : saisissant deux flèches entre mon index, mon majeur et mon annulaire droits, je répète ensuite le même mouvement que précédemment avec dextérité, envoyant ensuite mes traits en réprimant un frisson de joie féroce lorsque j’imagine les pointes acérées transpercer les yeux noirs cruels, vicieux et sournois de la nécromancienne.

[Deux attaques simples, puis utilisation de la CC Double Tir]

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Dim 13 Déc 2009 04:10 
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Les roches continuent de se détacher de la paroi des murs et du plafond, la salle en tremble de plus belle menaçant de s’effondrer à tout instant. Sueur au front, chemise en lambeaux, respiration pénible et irrégulière, incommodé par une douleur lancinante au côté droit, je ne suis pas au mieux de ma forme. Pour rajouter à l’ambiance qui règne à présent dans cette pièce, un cri effroyable qui me glace le sang se fait alors entendre. En effet, la lance du jeune soldat téméraire a atteint sa cible. Ce yari dont la lame est de la longueur de mon avant-bras s’est enfoncé dans la carapace d’écailles et le sang de la redoutable capitaine du vaisseau noir coule de nouveau. L’intensité de son cri quoi qu'effroyable est tout de même rassurant, il me signifie que cette démone n’est pas invulnérable, et qu’il n’est peut-être pas impossible de la tuer sans l’aide du marionnettiste. Cependant, le temps nous est compté, l’eau commence à s’infiltrer par les fissures.

Ma fidèle, quoique récente, dague a quant à elle a rempli sa mission. Sa lame noire tranchante a sectionnée la colonne vertébrale du squelette avec une facilité déconcertante. Nous formons elle et moi une belle équipe, et je n’ai aucune envie de m’en séparer. Faisant fi de la bataille qui fait rage, je me perds à peine quelques instants dans la contemplation de Persévérance, cette arme qui s’est unie à moi après avoir murmurée mon nom et s’être parée d’une étrange pierre grisâtre tirant sur le vert.

Cette seconde de distraction auraient pu me coûter la vie, car voici que dans un ultime geste, le squelette se retourne dans ma direction comme s’il voulait voir son assaillant.

(Comment est-ce possible ?)

Surpris qu’il puisse encore bouger après avoir encaissé un tel coup, je n’ai pas le réflexe de me reculer ou même d’esquisser le moindre geste de défense, ce qui lui donne l’opportunité de tenter une riposte. L’espèce de tas d’os lève son hideux bras osseux et brandit sa fourche vers mon visage. Heureusement pour mes traits délicats, c’est à ce moment que le haut de son corps se détache de la partie inférieure. Perdant de la hauteur, l’impressionnant trident argenté manque ma face de justesse. Cette demi-portion ne faisant à présent guère plus d’un mètre doit lutter pour conserver son équilibre précaire. Ma hargne envers cet avorton est maintenant hors de contrôle. Je profite donc de sa faiblesse pour lui asséner un violent coup de pied dans sa mâchoire.

« Prends ça, tas dos »

Sitôt fait, je me désintéresse du sbire de la démone, j’ai repéré une dague courbée argentée non loin du squelette dans lequel le jeune soldat s’est emmêlé les pieds dans sa chute un peu plus tôt. Sans perdre une seconde de plus, je m’empare de l’arme convoitée. J’aurais pu prendre le trident, arme magnifique, mais sans intérêt pour moi. Seule une dague va pouvoir peut-être compenser pour la perte de Persévérance.

Paré maintenant pour filer vers le centre de la pièce, le poignard volé attaché à ma ceinture, ma dague noire unie à ma main droite laissant l'autre soutenir mes côtes encore douloureuses, j’entends le jeune au Yari s’écrier :

« Aidez moi ! Nous pouvons la vaincre ! »

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Dernière édition par Mathis le Dim 3 Jan 2010 19:49, édité 7 fois.

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Dim 13 Déc 2009 09:49 
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Rosie se courba soudainement, le regard perdu dans le vide, les deux mains enserrées autour de sa jambe. Elle avait la bouche grande ouverte et pourtant aucun sons ne parvenaient à en sortir comme étouffés dans la concentration que la jeune fille mettait à contenir cette douleur effroyable qui la déchirait. Elle, Mérové et le nain avec qui elle faisait équipe avaient pourtant réussit à complètement anéantir leur adversaire, l’aplatissant, le décapitant et le réduisant presque complètement en poussière, toutefois, ce monstre anormal avait trouvé juste assez de temps avant de rendre l’âme, si on considère que ce truc à une âme, d’abattre une dernière fois sa redoutable arme sur la jambe de l’adolescente de rouge vêtu. Dans l’état où la créature se trouvait dès lors, jamais Rosie n’aurait su prévoir un tel coup et encore moins le parer. C’est donc dans une terrible détresse qu’elle se trouva ainsi en prise avec une souffrance insoutenable. Elle voulait gémir, elle voulait jurer, elle voulait crier, mais la seule chose qui réussissait à franchir ses lèvres était un mince filet de salive qu’elle n’arrivait pas à contenir.

À ses côté, Mérové n’avait rien manqué de la scène et enragé il s’acharna rageusement sur la main squelettique et sans vie du monstre d’os et de métal, l’écrabouillant à plusieurs reprise sous ses pattes avant tout en poussant de terrible grondements. Hors de lui, il arracha même ce qui restait du bras du squelette l’envoyant valser plus loin comme s’il avait peur que celui qui avait fait du mal à son amie puisse le faire à nouveau. La bête continua à déchiqueter le restant de ce qui plus tôt ressemblait plus à un squelette que ce qui en restait. Il n’avait pas l’intention de s’arrêter pour autant.

Rosie elle, complètement aveuglée par les larmes qui engorgeaient ses yeux, se mit à chercher frénétiquement la plaie comme si le simple fait de la voir pouvait ne serait ce qu’apaiser moindrement cette douleur qui semblait la déchirer de l’intérieure. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque qu’elle constata que ce qu’elle croyait être une blessure immense et sanglante n’était en fait pas plus impressionnante qu’une simple égratignure. C’est à ce moment exactement qu’elle réussit à jeter enfin un cri témoignant plus de sa rage que de sa douleur, alors que ses yeux ne parvenaient plus à se détacher de cette blessure aussi banale mais tellement impitoyable. Comment cette petit chose pouvait-elle causer autant de mal? Malgré tout, la semi-elfe reprit contenance du moins juste assez pour sommer doucement l’ours de s’arrêter. Il n’en fallut pas plus pour que la bête cesse son massacre, délaissant sa colère pour céder à l’inquiétude.

Toutefois quelque chose de plus préoccupant encore que cette étrange blessure, se produisit faisant trembler la vaste salle dans un son caverneux et écho. Rosie tourna la tête juste à temps pour voir la maitresse de ces créatures maléfiques, s’élever sur un bloc de pierre alors que Mathis et les deux autres assaillants dont Rosie ignorait les noms, se faisaient repousser. Bien que cela compliquait terriblement la tâche, le pire était à venir. En effet, non seulement la cornue était désormais presque inatteignable, mais en plus, son petit tour de magie propulsa dans la salle des éclats meurtrier de pierres de toutes les tailles. Tout ce passa si vite qu’il était impossible de tenter d’éviter quoi que ce soit. La seule chose que la jeune fille ne put faire fut de baisser la tête les yeux fermés à leur plus dure, un bras levé devant son visage comptant presque juste sur la chance pour être épargnée. Tremblante sur ses jambes, elle entendit une série de bruits sourds causés par les blocs en pierres qui percutaient le sol. Elle attendit qu’une nouvelle douleur l’assaille, mais rien ne la toucha. Le seul mal qu’elle ressentait et persistait était toujours celui de la blessure qu’elle avait déjà. Elle ouvrit donc timidement les yeux et constata les dégâts. Beaucoup de gens avaient été touchés, certain même mortellement.


Non loin Mérové gémissait non pas de souffrance puisqu’il avait aussi été épargné, mais de tristesse alors qu’il poussait délicatement du museau la tête d’un nain assommé celui qui plus tôt combattait aux côtés de l’animal. L’ours poussa des gravats qui étaient demeurés sur le petit homme et continua de pleurnicher poussant toujours l’inconscient. Rosie s’approcha. Elle constata avec soulagement que le petit guerrier respirait toujours. Bien que cela la rassura, il ne fallait pas oublier que des squelettes rôdaient toujours menaçant de les attaquer.

« Non !! La structure de cette pièce est trop précise pour être altérée ! La pression de l’eau peut tout détruire d’un instant à l’autre, il faut faire vite ou nous allons tous périr ! Libérez-moi, tuons-la et fuyons d’ici !!! »

Entendre ainsi le prisonnier paniquer de la sorte ne fit qu’amplifier d’avantage l’angoisse qui persistant dans le cœur de l’adolescent. Cela ne faisait que démontrer à quel point le marionnettiste n’était plus du tout en contrôle de se qui arrivait. S’il fallait que tout s’écroule les chances de survie de chacun se calculaient à zéro pour cent.

« Il n’y pas de temps à perdre avec cette folle. »

Rosie passa ses bras sous les épaules du nain inconscient et entreprit de l’éloigner du combat alors que Mérové se chargeait des les protéger dans leur lente progression. Poussant des rugissements menaçants à l’égard des squelettes qui restaient, faisant parfois semblant de les charger sans jamais les toucher, seulement pour leur faire peur. Sa priorité était de veiller sur ses deux coéquipiers.

Les dents serrées, Rosie tirait le nain avec elle risquant à chaque instant de voir sa jambe tremblante céder sous son propre poids ainsi que sous celui de sa charge, mais malgré tout, il fallait à tout prix s’éloigner, il fallait survivre.

« Monsieur… s’il vous plait, revenez à vous. »


« Aidez-moi ! Nous pouvons la vaincre ! »

Rosie leva les yeux justes le temps de reconnaitre le jeune humain qui avait clamé cet appel à l’aide. Ne comprenait-il pas qu’il compliquait les choses à encore vouloir la vaincre ? La dernière attaque portée à la femme avait occasionné en fin de compte beaucoup de ravage. Parfois pour survivre il fallait fuir. Courage n’est pas toujours synonyme de sagesse ou de bon sens. Il ne servait à rien de la vaincre si c’était pour mourir par la suite. Rosie elle, n’avait pas ce genre d’orgueil. Ce jeune Ynorien courrait sûrement à sa perte.

« Tout va s’écrouler. »

Elle jura entre ses dents alors que les muscles de sa jambe atteinte se contractaient sous la douleur.

« On a plus de temps à perdre avec elle. »

( Il faut faire un choix. )

_________________
Rosie Skufita
Une Coureuse des plaines semi-elfique accompagnée par l'ours Mérové
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Lvl 12


Dernière édition par Rosie le Dim 13 Déc 2009 17:53, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Dim 13 Déc 2009 13:11 
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Inscription: Dim 23 Nov 2008 19:23
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Localisation: Quête 19
1) Premier sort => échec
2) Deuxième sort => réussite => touche le squelette le plus proche de Léonid et le fait s’étaler de tout son long. Malheureusement, Léonid se retrouve déséquilibré par l’apparition du pic sous la cornue et chute.
3) Douleur intense au niveau de l’épaule gauche, suivie d’un choc rude sur le sol => je mets quelques instants à revenir à moi, bien amochée et l’épaule engourdie mais pas trop douloureuse sous la montée d’adrénaline qui me pousse à me relever tant bien que mal pour ne pas sombrer ainsi que la voix maudite qui me vrille à cet instant la tête et les tympans.
4) S’occuper de la démone ou libérer le marionnettiste, si la salle risque réellement de s’effondrer d’une seconde à l’autre, je ne vois pas comment réussir aussi rapidement l’une ou l’autre de ces solutions. La fuite semblait effectivement être la seule possible pour nous en sortir vivants mais je doutais fort que le monstre qui venait de mettre l’équilibre de la citadelle en péril nous laisse simplement nous en aller.
5) Je resserre mon étreinte sur la garde de Volonté et je me concentre pour l’envoyer dans ce que j’espère être la place du cœur de la démone, guidant la lame grâce au lancé du vent.

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"Ne crains pas d'avancer lentement,
Crains seulement de t'arrêter."

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Angharad Larmanya, Humaine, Magicienne Niv.9


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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Dim 13 Déc 2009 14:08 
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Inscription: Sam 3 Jan 2009 13:20
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Localisation: Quête 26 - Cellule n°5
A peine ai-je le temps de semer mes poursuivants décharnés que je tombe derechef sur un os (plusieurs, en fait): un squelette armé d'un long bâton d'argent me barre le passage, et m'empêche de rejoindre les aventuriers à une dizaine de mètres devant moi, sur le point d'estourbir (du moins d'essayer) la diabolique Cornue. Flûte, je n'ai même pas le temps de m'attarder sur ma passe d'arme précédente, qui était, avouons-le , un vrai trésor de dextérité et de coordination. Le voilà qui me fait face, immobile. Nous nous affrontons du regard, figés, lui orbites vides, moi masque sans expression. Vengeance toujours serrée dans la main droite, je m'apprête à bondir sur mon adversaire pour lui porter l'estocade, visualisant soigneusement le trajet de ma dague effilée jusqu'à la nuque de la marionnette morte. Mes mains se resserrent sur les lanières.

Puis soudain, un énorme grondement retentit de tous côtés, vole dans l'immense salle, heurte nos tympans, ricoche contre les gradins pour nous meurtrir à nouveau. Au même moment, le sol se met à violemment trembler, me déstabilisant autant que mon adversaire. Je décide de saisir ma chance, et m'élance. Les questions sur l'origine du phénomène, je me les poserai plus tard. Trois pas, et me voici sur le squelette. D'un coup d'aile soigneusement ajusté, je tente de lui arracher son arme, à tout le moins de l'écarter, afin de me ménager une ouverture. Mobilisant toute la célérité dont mon corps peut faire preuve, j'envoie Vengeance filer droit vers la gorge inexistante de mon adversaire, escomptant lui sectionner proprement la nuque.

Tout à la fièvre du combat, je remarque à peine l'énorme stalagmite de pierre qui se dresse à présent à quelques mètres de moi. Je sursaute à peine lorsqu'une pluie de rochers pilonne la zone tout autour de nous. Je ne me rends même pas compte que si j'étais resté immobile un instant de plus, je serais mort écrasé sous un énorme éclat de pierre. Je ne vois pas non plus à quel point mon ami Léonid est blessé, ni à quel point tous les aventuriers autour de moi sont amochés. Et cela vaut peut-être mieux, car j'ai besoin de toute ma lucidité. Enfin, de toute ma détermination. Pour tuer la Cornue, et sortir d'ici.

Cependant, ce qui ne m'échappe pas, c'est l'exclamation apeurée du Marionnettiste qui me vrille les méninges et me fait pousser un glapissement de douleur.

(Foutu Visage de pacotille, tu veux que je te dise? Démerde-toi! Tout est de ta faute! Alors si je crève, toi aussi!)

J'ignore s'il peut m'entendre, mais je n'en ai absolument rien à faire. Si nous mourons tous ici et maintenant, alors Yuimen sera débarrassé de deux furoncles pour le prix d'un.

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Dim 13 Déc 2009 17:47 
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Jets :
Dôraliës : maîtrise arme : Réussite
Léonid : maîtrise jet : échec – réussite – réussite.
Mathis : maîtrise mains nues : réussite.
Angharad : maîtrise magie : maîtrise magique : réussite.
Silmeï : Maîtrise mains nues : échec – réussite.


Le chaos poursuivait son œuvre, dans cette immense salle en péril au plus profond d’un océan, qui désirait visiblement ardemment reprendre sa place de droit dans ses fonds. Le séisme provoqué par la Cornue ne se calme pas, toujours aussi vif et tremblant, faisant choir des morceaux entiers de murs, de colonnes, ébranlant la citadelle dans sa structure même. Et ce tremblement n’est plus du fait de la magie de la Démone : c’est une réaction en chaîne qui se produit là, et les mots du Marionnettiste se concrétise : dans quelques instants, la Citadelle des Profondeurs ne sera plus, écrasée sous le poids de l’eau… Des craquements sinistres augurent une faille prochaine dans le plafond…

Et pendant ce temps, au cœur de la salle d’Esprit, le combat se poursuit. Emmené par le vaillant Léonid, tous les possesseurs d’attaques à distance, mages comme archers, se tournent contre la Cornue. L’Oranien le premier : Son premier tir échoue contre la colonne de pierre, mais les trois flèches suivantes heurtent à nouveau de plein fouet la démone. Une se fiche dans son épaule, alors que les deux autres transpercent sa poitrine…
Un poignard à la lame sombre vient rapidement rejoindre ces flèches pour transpercer la poitrine de votre ennemie. Elle est en directe provenance d’Angharad… Les flèches de Maelan atteignent la démone au visage, alors que celles d’Aalys transpercent ses bras.
Aelwinn, terrifiante, les yeux en braise et la chevelure au vent, clame bien fort :

« Mages, en avant !! »

Aussitôt, une nouvelle boule de feu jaillit de ses mains tendues et de son bâton. Elle file exploser sur la Cornue. De son côté, Raek se lève et envoie un éclair puissant et rageur contre la démone terrible. Leena semble trop blessée pour pouvoir agir, ou peut-être ne lui reste-t-il plus suffisamment de fluides…

Près de Madoka, Glenor souffle dans un soupir d’agonie, qui l’espace d’un instant semble surpasser tout le bruit alentour pour la jeune femme :

« Madoka… ça… ça a été un honneur que de te suivre… Fais… fais en sorte que mon trépas ne soit pas vain, survis à cette aventure… C’est… c’est désormais tout ce que je désire… »

Ses mains se serrent un instant, et ses yeux s’entrouvrent en une crispation de douleur, avant que l’entièreté de son corps ne se relâche. Un marin qui meurt au cœur de la mer…

Et c’est à cet instant que Jena décide d’intervenir. So aura de lumière se fait soudainement beaucoup plus forte, plus intense, et bien vite, elle n’est plus supportable pour quiconque : Chacun se voit aveuglé pendant une dizaine de seconde par la lumière furieuse qui jaillit de la paladine.

Un blanc. Du silence…

Puis la réalité se soumet à vos sens. Les bruits sourds de chute de pierres se fixent à vos oreilles, et votre vue retrouve petit à petit sa conscience. Plus aucune douleur n’est perceptible, plus aucune plaie ne stigmate votre corps. Chacun est indemne, soigné, régénéré. Les mages peuvent sentir l’entièreté de leurs fluides parcourir à nouveau leurs veines…

En bas du piton rocheux élevé par la démone, le cadavre de la Cornue, défunte sans que personne n’ait vu sa mort, transpercée d’armes et de magie. Tout autour de vous, les squelettes sont désagrégés. Il ne reste plus d’eux que des ossements noirâtres sans forme, écroulés dans un état inerte qui leur convient bien mieux. Leurs armes reposent à leurs côtés, à votre portée…

Mais plusieurs compagnons ne se relèvent pas : Antariasi git, mort sous son rocher. Glenor reste inerte aux côtés de Madoka et… Valor Fein dévoile sa mort également, littéralement écrasé sous un pan de colonne grisâtre…

Tous les autres sont debout, éberlués, un peu perdus. Gleol, seul nain rescapé, s’exclame :

« Boup !»

Mais vous n’êtes pas encore loin de tout danger, bien au contraire. Et la voix du Marionnettiste vous le rappelle, lorsqu’il se fixe dans votre esprit pour vous communiquer ces paroles :

« Aventuriers, il vous faut vous hâter. Rejoignez le centre de la salle, vite ! »

Il lève alors les bras vers le plafond qui se fendille, et la plus grosse bulle sombre, celle qui contient le vaisseau noir, descend jusqu’au sol, devant la plaque tournante striée de lumière. Une passerelle descend du pont de celui-ci…

« Grimpez sur ce vaisseau, c’est désormais votre seule chance de survie. Je vous ferai quitter cet endroit… à jamais. »

Sa voix est impérieuse, forte et déterminée, bien qu’un arrière goût de fatalisme y pointe. Apparemment, il ne suggère plus de le sauver… Ce à quoi Raek réagit vivement :

« Non ! Je ne te permets pas ce sacrifice ! Tout ce chemin, nous l’avons fait pour une chose : ta libération, et toute cette aventure n’aura servi à rien si tu n’es pas libre ! »

D’un pas vif et furieux, il rejoint le centre de la pièce, descendant les étages en des bonds rageurs. Arrivé en bas, il contourne la bulle et plonge un poignard à la lame noire qu’il sort d’une manche de sa robe. Aussitôt, la lame est absorbée par la lumière…
Le mage électrique est vite rejoint par les « traîtres ». Aucun d’entre eux n’hésite à se débarrasser de sa lame maudite dans une crevasse de lumière : Maelan, Shrez, Leena.

Les autres aventuriers arrivent bientôt, à la suite de Jena. Elle ne possède pas d’arme noire, et après un regard énigmatique vers les hauteurs de la salle, vers le Marionnettiste, elle est la première à grimper sur le navire aux voiles noires, traversant la paroi de la bulle sombre… Chaque détenteur d’arme sombre semble hésiter. Car de ce choix dépendra la vie d’un être : le Marionnettiste. Chacun calcule les risques de sa libération ou le poids de son exécution…

Le marionnettiste, lui, est rentré dans un mutisme hermétique, son image ne vous apparaissant même plus…

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Mar 15 Déc 2009 16:02 
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Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
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Pendant un premier temps, le doute, l’angoisse, la crainte, la panique commencent à s’emparer de moi alors que je me demande non pas si mon choix est le bon, mais si ma ligne de conduite aura suffisamment d’écho auprès des autres personnes présentes dans la salle pour que je sois suivi dans ma résolution : certes, mes agissements sont pavés de bonnes intentions, mais je n’ai pour autant pas grand-chose d’un chef de bataille charismatique, aussi reste-t-il douteux que mes injonctions soient respectées. Bien sûr, seul ou accompagné, j’irai à l’assaut de la Cornue avec la même ardeur, mais il n’empêche que jusqu’à maintenant, il n’y a eu que moi pour attaquer directement notre ennemie depuis le séisme, et bien qu’il en soit que je ne peux pas blâmer à l’instar de mes deux protecteurs proches, je ne peux me retenir de me demander ce que les autres peuvent bien être en train de faire et pourquoi mes appels ont l’air de tomber dans des oreilles de sourds.
(Et s’ils avaient fui ?) Me demandé-je alors que mon second projectile se plante dans l’épaule de la femme monstrueuse, maigre succès en deux tirs puisque le premier s’est écrasé contre le considérable pilier rocheux. Pour tout dire, décocher les unes après les autres ces flèches, souvenirs de celle qui a tant compté et compte toujours pour moi, m’arrache à chaque fois un pincement au cœur, mais ce tiraillement n’est rien comparé au brasier de résolution haineuse qui me consume les entrailles et sans lequel je n’aurais probablement plus le courage de mobiliser mes énergies du désespoir. (Et s’ils avaient été tués ?) M’interrogé-je, tant il est vrai que si j’ai été si salement blessé par le tremblement de terre, il est logique que d’autres en aient pâti, peut-être même plus gravement encore, pensée qui me secoue d’un frisson glacé que vient piteusement réchauffer le réconfort de mon Double-tir. En effet, mes attaques font pour la plupart d’entre elles mouche, et cela pas en vain à en juger par les rigoles de sang noir qui s’écoulent des chairs crevées, mais pour autant, la nécromancienne n’a pas l’air plus déstabilisée que ça… mon œuvre serait-elle aussi vaine que de chercher à vider la mer en en buvant l’eau ?

Mais alors que, perclus d’incertitudes, je commence à flancher, un éclair de jais dont l’éclat est pour moi un véritable rayon de soleil vient éclaircir les ténèbres de mes doutes lorsqu’un poignard à la lame d’obsidienne qui ne peut appartenir qu’à un des aventuriers vient se ficher à quelques centimètres d’une de mes deux dernières munitions, ranimant en moi une motivation presque incrédule. Et ce n’est pas fini ! Comme si ce lancer de main de maître avait été le coup d’envoi de toute une offensive, ce sont ensuite des traits en myriade qui viennent se ficher dans la peau écailleuse de la sorcière, lui perçant la face et les bras de leurs pointes acérées dont la morsure déforme cette fois les traits hideux de la créature obscure d’une grimace de douleur. Littéralement émerveillé par le spectacle d’une coordination aussi belle à voir, par cette arrivée de cavalerie que je n’espérais presque plus, je ne peux m’empêcher de me tourner pour voir les instigateurs de cet assaut, découvrant sans surprise Maelan ainsi qu’une jeune femme rousse inconnue, tous les deux arc en main.
Mais ce n’est pas tout ce que je peux voir, et en vérité, ce que j’aperçois d’autre a vite fait d’occulter la vision des deux personnes susmentionnées : au faîte de sa puissance formidable, Aëlwinn, plus que jamais disciple du redoutable Meno, vibre de l’énergie ignée qu’elle dégage à la manière d’un inébranlable oriflamme, énergie se manifestant sous la forme d’une gigantesque orbe incandescente dont le souffle parvient cette fois à faire reculer la Cornue qui titube sous cette explosion titanesque dont je ressens la chaleur aux premières loges en même temps qu’une odeur de chair grillée nauséabonde qui n’en a pas moins le parfum de la victoire à mes narines. Accompagnant cette majestueuse démonstration de pyrotechnie, un grésillement électrique se fait entendre avant que, dans un arc électrique bleuté rugissant, une attaque foudroyante et fulgurante n’atteigne la démone, la noyant dans ce coup de tonnerre terrible.

Mais… que se passe-t-il ? Comme si mes yeux me brûlaient, j’ai de plus en plus de mal à ne pas fermer les paupières, et le plus inquiétant est que cela ne paraît pas venir de la foudre éblouissante mais d’une source extérieure, de quelque chose de transcendant et d’irrésistible qui semble m’entourer, me submerger, m’emplir irrévocablement. Se pourrait-il que je sois finalement arrivé à bout de forces, que mes blessures aient finalement eu raison de moi ? Si c’est le cas, je suppose qu’il faut bien finir par l’accepter plutôt que de chercher à échapper à son destin quand celui-ci frappe à la porte : je n’ai à renier aucun de mes agissements, j’ai agi en parfaite connaissance de cause, alors maintenant que mon heure est manifestement venue, pourquoi me débattrais-je contre l’irrévocable ? D’ailleurs, ce que l’on nomme métaphoriquement le grand saut n’est en aucun cas aussi désagréable que j’aurais pu m’y attendre : je n’ai même plus mal, toutes mes perceptions sont vagues, floues, pâteuses, comme noyées dans un océan de béatitude, et rien n’a plus l’air d’importer que ce moment final. Oui, même aveuglé, je le vois, le sens, je le sais, la Lumière est omniprésente autour de moi, Gaïa me nimbe d’un suaire mortuaire qui me servira d’enveloppe pour ce dernier voyage… je commence d’ailleurs déjà à entendre quelque chose, comme des fracas de pierres s’entrechoquant les unes contre les autres…

Quoi ?! Des fracas de pierres !? Nom de Rana, que se passe-t-il ? Je ne suis pas mort ? Mais je ne sens plus rien, ou plutôt, je ne ressens plus aucune douleur ; toutes mes plaies, toutes mes contusions, tous mes stigmates ne sont plus que des souvenirs, par la grâce de je ne sais quelle force supérieure ! Cependant, si éberlué, incrédule et rayonnant de soulagement que je sois, je reprends plutôt vite conscience de la réalité, et la première chose qui me saute aux yeux est une grosse masse humanoïde informe figée dans une posture grotesque de pantin désarticulé étalée à mes pieds. Piquée, percée, transpercée, les chairs de la chose sont à vif, comme si sa peau lui avait été arrachée d’un seul tenant, et son visage effroyable est déformée en une abominable grimace dont l’allure difforme exprime toute la souffrance et la rage du monde : le Cornue n’est plus.
Paralysée, ma langue l’est, mes pas mes autres muscles qui répondent avec une efficacité extraordinaire lorsque je me rends en à peine quelques pas jusqu’au cadavre que j’observe un instant avec une impression confuse mêlant un âcre dégoût, un relent de haine déjà lointain, et un sentiment du devoir accompli. Cependant, je sens qu’il me reste une sorte de formalité à remplir : Bushido, cette arme à la fois bénie et maudite, m’est toujours liée, et je dois en assumer le poids, en mal comme en bien, aussi, tendant la main et appuyant ma botte sur une des cuisses de l’infamie reptilienne, je retire la lame du yari noir du tas de chair moite dont je m’éloigne ensuite précipitamment, craignant presque de voir cette erreur de la nature s’animer à nouveau par-delà la mort.

Je suis alors confronté au spectacle qu’offre tout le groupe des aventuriers après cette sorte d’après-guerre : Zewen soit loué, la très grande majorité d’entre nous se sont sortis d’une lutte aussi acharnée, et ce ne sont pas les squelettes désormais réduits en miettes –au sens propre- qui pourront causer du tort aux survivants, éparpillés aux quatre coins de la salle qu’ils sont. Les seuls que la hargne de notre adversaire a emportés sont à ce que je peux apercevoir un torkin aux côtés duquel ma compatriote si brave et si prompte à se battre observe un deuil abattu, et le méprisable Fein dont le corps richement habillé dépasse d’un gros pan de roche qui lui a broyé le crâne… personne ne le regrettera. Presque rêveur, pénétré d’un sentiment d’irréalité aux accents d’extase, j’observe ce qui m’environne d’un air hébété, n’enregistrant pas encore très bien les grondements terrifiants qui se font de plus en plus forts, ravi que je suis de découvrir que nos sordides pérégrinations ont enfin l’air de toucher à leur fin, n’ayant même pas la présence d’esprit de me rendre compte que nous n’avons en fait littéralement aucun moyen de nous échapper.
D’ailleurs, alors que je déambule à petit pas, un reflet d’aspect lunaire capte mon attention au niveau de mon mollet, et, baissant les yeux sous l’effet d’une vague curiosité, je peux me rendre compte que celui-ci provient de la lame d’un katana planté dans le sol face à moi, probablement parvenu jusqu’ici sous l’effet du souffle de la gigantesque explosion de lumière que nous avons subi. Intrigué, je décroche de la main gauche cette arme au fil aiguisé d’une bonne soixantaine de centimètres dont l’aspect redoutable, la facture peu commune et surtout la lame argentée dévoilent qu’elle a dû appartenir à l’un de nos agresseurs squelettiques qui n’aura maintenant plus l’occasion de faire le mal avec à l’instar de sa défunte maîtresse. Malheur aux vaincus comme le veut l’adage qui illustre que le vainqueur a pleine jouissance sur les possessions de l’autre camp, et puisque je pourrai très logiquement faire un usage à la fois meilleur et plus bénéfique de cet outil de combat oranien que son ancien propriétaire, je suis loin de me faire un cas de conscience de le faire mien en le glissant à ma ceinture.

Pas le temps pour autant de m’attarder sur l’élégance que pourrait me donner cette nouvelle trouvaille, car un bruit incongru mais au combien rassurant de par son caractère familier vient vite rompre le presque-silence dans lequel nous sommes plongés lorsque Gleol, ce torkin décidément irréductible, pousse cette interjection qui lui est si propre. Retournant doucement à la réalité, je suis non pas heureux –tant le bonheur serait déplacé en la circonstance-, mais soulagé et satisfait de voir que les personnes auxquelles je me suis attaché vont bien : le blond à la dague qui a osé s’opposer directement à notre ennemie est pantois mais sain et sauf, Silmeï, ce cher aldryde si sage et si courageux, bien qu’encore sous le choc, est manifestement toujours aussi vaillant, et Aëlwinn, apparemment nullement amoindrie par son étalage de puissance passé, se tient droite et altière devant le résultat de cette lutte horrible mais inévitable que nous avons menée.
Mais alors que mes lèvres se fendent presque d’un sourire bienveillant, une voix aux accents si notoirement désagréables vient plutôt me faire froncer les sourcils de déplaisir alors que le Marionnettiste prend la parole selon le procédé intrusif si déstabilisant dont il a fait usage jusqu’ici. La déflagration lumineuse n’a donc pas eu raison de lui ? A tous les coups, ce félon va une fois encore nous mander de le libérer instamment, comme si nous n’avions été depuis le début de cette quête insensé que ses serviteurs, que des quantités négligeables envoyées à tout va dans l’espoir de quelque résultat, que de la chair à canon sacrifiable, corvéable à merci !

Et bien non, contre toute attente, il ne mentionne rien de tout cela, et bien qu’il nous donne pour commencer des ordres, il se montre étrangement peu impérieux, sa voix faisant entendre des accents de hâte et d’empressement plutôt que de commandement… s’agirait-il d’un piège ? Circonspect, ne sachant pas trop à quoi je peux m’attendre, je m’avance précautionneusement dans la direction qu’il nous intime de suivre, commençant à descendre les marches surdimensionnées alors que l’homme-félin lève les bras en un geste si lourd de sens, rapport à la catastrophe sismique provoquée par la Cornue. Sur le coup, je retiens mon souffle, mais contre toute attente, rien de violent, de brutal ou même de soudain ne se produit puisque c’est tout en douceur qu’en un spectacle digne d’un conte de légendes, le seul bateau rescapé d’entre tous ceux qui ont quitté Kendra Kâr, la Voile Noire, se pose devant nous à la manière d’un colossal aigle impassible avant de dérouler sa passerelle, invitation explicite à nous rendre à son bord.
Sur le coup, je ne sais trop quoi penser de ce soudain revirement, celui qui s’était jusqu’à maintenant donné tant de mal pour que nous le délivrions se proposant désormais de nous sauver la mise sans plus se soucier de son éventuelle sauvegarde. En tout cas, si je ne réagis pas sur le coup, d’autres s’en chargent pour moi, car l’un des agents du Marionnettiste a tôt fait d’attraper la balle au bond, s’insurgeant avec vindicte contre la résolution que son meneur a choisie, arguant plus que jamais la valeur de sa fidélité qui ne supporterait pas de voir tout le plan qu’ils ont orchestré contrarié de la sorte à la dernière minute. Avec une précipitation que je ne peux m’empêcher d’assimiler à celle d’un chien venant rejoindre son maître, il dévale alors littéralement la longue pente sans se soucier de son équilibre pour parvenir jusqu’aux côtés du magicien flottant, à proximité d’un des grands cercles lumineux dans lequel il plante ainsi qu’on pouvait s’y attendre une arme noire qui a tôt fait de disparaître, telle une clef à usage unique engloutie aussitôt plongée dans la serrure qui lui est associée.

Inspirés par l’exemple de leur complice, tous les autres serviteurs du nécromancien ont tôt fait de joindre leurs efforts à celui de leur compagnon, tous dévoilant la possession d’une lame couleur de nuit qu’ils envoient rejoindre la première expédiée avec cette promptitude d’action que l’on peut attribuer à ceux dont la foi est aveugle. Voilà qui donne de quoi réfléchir, et alors que la servante de Gaïa munie de sa grande lance à l’action éblouissante si décisive se démarque clairement des autres en allant monter à bord du vaisseau synonyme de retour promis, je prends quelques instants pour mesurer le pour et le contre d’une action telle que celle que la libération du tireur de ficelles impliquerait. Et en fait, il ne me faut pas longtemps pour me décider en faveur d’un non décisif : je n’ai pas cru à son innocence jusqu’ici, et puisque jusqu’à preuve du contraire, aucune preuve supplémentaire de celle-ci n’a été apportée, je ne changerai pas d’avis.
En effet, tous les arguments que moi et Silmeï avons exposés qui allaient en faveur de sa culpabilité n’ont toujours pas trouvé de démenti, alors quelle raison aurais-je de croire en la sincérité de celui qui se nomme, encore une fois, le Marionnettiste, nom synonyme de complot, de supercherie, de manipulation ? D’accord, il dit vouloir nous venir en aide, mais même en considérant que cette main tendue ne cache pas une dague empoisonnée dans sa manche, il pourrait tout simplement s’agir là de son dernier atout qu’il joue de manière désespérée : voyant sa dernière heure arriver, et sachant que notre mort ne lui apportera rien, il utilise les moyens qu’il a à disposition à l’effet d’une suprême bonne action de manière à nous disposer favorablement envers lui. Et rien que pour cela, nous devrions oublier tout ce qu’il nous a fait subir jusqu’à maintenant, tous ceux qui ont péri directement ou indirectement par sa faute ? A d’autres !

Je le dis clairement : Bushido restera en ma possession jusqu’à ce que je trouve un moyen de me défaire de cette arme suspecte, et ne servira certainement pas à la délivrance d’un être en qui on ne peut résolument pas avoir confiance, sans compter que si nous le libérons des chaînes qui le retiennent, la Lame des Profondeurs sera forgée d’après lui, et Rana, je tremble en pensant aux dangers que Yuimen entier pourrait courir si un instrument de guerre aussi dévastateur était mis à la portée du premier venu ! Non, non, vraiment non : autant il est des personnes à qui l’on peut accorder le bénéfice du doute et à qui l’on peut faire la grâce d’une seconde chance, autant le responsable de nos déconvenues est le centre de trop d’enjeux pour que des risques aussi considérables soient pris. Je le vois bien autour de moi, l’incertitude règne, chacun ayant l’air de réfléchir aux implications du parti qu’il pourrait prendre, aussi dirait-on bien que, bon gré mal gré, il va falloir que je prenne les devants, ne serait-ce que pour ne pas avoir de quoi me plaindre que les choses se soient passées différemment de ce que j’aurais pu souhaiter. Encore une fois, je me mets donc au premier rang de la scène, devant tous les aventuriers rassemblés en face de la Voile Noire, espérant ne pas avoir l’air aussi peu sûr de moi que je le suis lorsque j’entame un discours dans lequel chaque mot me paraît plus grotesque que le précédent mais qui a au moins le mérite d’être sincère :

« Le temps presse, et je ferai vite : nombreuses sont les zones d’ombres qui parsèment ce que nous pouvons savoir du Marionnettiste, et pour toutes celles qui ont été mentionnées, aucune n’a reçu de réponse. Réfléchissez à ce qu’il vous a fait subir, réfléchissez à ce que vous avez perdu et à ce qui aurait pu être évité si le Marionnettiste nous avait informés de ce qui se passerait au lieu de se montrer si… si cauteleux, et je crois que la réponse s’imposera d’elle-même : il n’est pas digne de confiance. » Je laisse un moment s’écouler, reprenant mon souffle en tremblant des conséquences de mon pamphlet sans pour autant fléchir devant l’adversité, puisant une certaine confiance dans l’idée que j’agis en mon âme et conscience pour le bien commun. « De plus, vous serez tous d’accord : s’il s’avère nous avoir tous trompés sur son innocence, les circonstances de sa libération seraient désastreuses. Pouvons-nous nous permettre de prendre de tels risques ? Non, nous ne le pouvons pas ! »

Sur la fin, je me suis enflammé d’une verve à laquelle je ne m’attendais pas mais qui a surgi tout à coup alors que j’imaginais le monde que je connais dévasté par les ravages, plongé dans les ténèbres par la faute de celui qui nous a manipulés jusqu’ici et dont la puissance lui donnerait bel et bien la capacité de changer la face de Yuimen. A ce propos, je n’en suis pas venu à aborder un des points les plus décisifs de mon argumentation, et au moment d’en venir à celui-ci, je m’avance en faisant de mon mieux pour faire abstraction des regards qui pèsent lourdement sur moi, m’acheminant d’une démarche raide mais droite en direction d’un des membres de l’assemblée afin de m’adresser particulièrement à lui tout en étant toujours entendu par les autres : surmontant mes craintes, bravant mon inexpérience et allant certainement hardiment à l’encontre des convenances hiérarchiques, je m’approche d’Aëlwinn, capitaine du Vaisseau-Lune si brave et si éprouvée, sur le bras de laquelle je pose ma main.

« Aëlwinn, je me souviens très clairement de la discussion que nous avons eue à bord du Vaisseau-Lune, vous, Silmeï et moi : nous avons convenu que l’arme maléfique qui était le but de la chasse au trésor était trop dangereuse pour seulement envisager de la confier à qui que ce soit. Je me souviens aussi que Silmeï a mentionné qu’il espérait nous voir aussi résolus le moment venu. » Ourlé d’incertitude mais débordant d’une confiance non feinte que je souhaite ardemment ne pas voir trahie par ces deux personnes dont l’avis sera si important, mon regard se porte avec gravité sur le visage de l’aldryde caparaçonné puis sur celui de l’hiniön pyromancienne avant que je ne conclue. « Le moment est venu. »

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Mer 16 Déc 2009 05:32 
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Malgré tout le bruit qui sévit dans cette immense pièce, je perçois tout de même le son métallique du trident qui fait écho sur le sol. L'affreux squelette privé maintenant de sa tête l’a laissé choir après avoir reçu mon violent coup de pied. Je laisse cette arme là où il est, trop imposant et lourd, il m’encombrerait inutilement et puis, je ne sais me servir d’un tel instrument.

Je me prépare à partir lorsque le jeune homme à la chemise verte réclame de l’aide auprès de l’ensemble des aventuriers. À la hâte, c’est que le temps presse, je lui balance ma réponse :

« D’où elle est juchée, je ne peux l’atteindre, je m’en vais là où je peux aider »

Cette phrase, je l'ai prononcé d'un ton neutre presqu'aimable et sûr de moi. En vérité, je songe plus à sauver ma peau qu’à venir en aide aux autres, cette salle est sur le point de s’effondrer et je ne tiens nullement à ce qu’elle devienne mon tombeau. Ce n’est guère plus le temps d’entretenir des pourparlers avec le nécromant, je ne vois à présent qu’une façon de faire: on le libère, il tue la démone puis il nous sort de cette citadelle. Je sais bien que ce n'est pas la meilleure solution, mais je ne vois pas d'autres alternatives, vaut mieux un mauvais plan que de ne pas en avoir du tout.

Alors que je m’apprête à descendre le premier palier, j’entends les flèches sifflées; tous ceux qui savent se servir d’un arc ou lancer des sorts ont répondu à l’appel qui leur a été lancé. Je ne peux m’empêcher de regarder derrière moi, ne serait-ce que pour le plaisir de voir souffrir cette diablesse : atteinte plusieurs fois à l’épaule ainsi qu’à la poitrine, son règne achève. Derrière elle, un autre spectacle capte mon intérêt : le mur, il se fendille et se fissure, l’eau est en effet sur le point de pénétrer dans cette enceinte.

(Il me faut rejoindre le cercle de lumière au plus vite !)

Et voilà que la jolie femme, qui pleurait l’homme à ses pieds, celle-là même qui nous a parlé de prophétie, entre en action. L’auréole de lumière qui entourait ce petit ange, s’amplifie au point de nous aveugler. Et puis plus rien, aucune image, aucun son, le néant.

(Je ne vois et n’entends plus rien, suis-je le seul à être ébloui par cet aura de lumière ? Suis-je mort ? Cette femme était vraiment un ange venu me chercher ?)

Cette état persiste depuis quelques secondes déjà, quelques secondes curieusement réconfortantes, un moment de répit où je me sens bien, ne percevant plus de douleur à mes côtes meurtries, mais pendant lequel je ressens cependant une pointe d’inquiétude.

(Ma vie aurait pris fin si abruptement, je ne peux y croire !)

Maman, Angélie, la vieille marchande, l’ancêtre responsable de la bibliothèque et puis Syllie, tous ces gens dont j’avais espoir de revoir un jour, sont à jamais perdu pour moi. C'est ici, loin d'eux, sans espoir de retour que je réalise dans quelle mesure ils me manquent tous.

C’est à ce point de mes pensées, que lentement, progressivement, je retrouve la vue, découvrant une scène qui me réjouit en partie. Il n’y a plus de squelettes menaçants, seuls des os épars s’étendent un peu partout sur le sol. Là-haut sur le podium, il n’y a plus que du sang noir salissant la pierre. En baissant les yeux, je constate avec soulagement que la cornue ne s’est pas enfuie, son cadavre portant de nombreuses blessures gisant sur le sol nous apporte la preuve qu’elle est enfin morte. Si mon réconfort n'est pas total, c'est parce que je crains pour la survie de mes compagnons de route.

(J’ai la vie sauve mais qu’en est-il des autres ?)

Immobile, je scrute la salle afin de m’enquérir de l’état de mes amis. Je repère facilement le gros ours brun qui est heureusement accompagné de la semi-elfe encapuchonnée de rouge, un peu plus loin j’aperçois l’aigle royal ainsi que sa compagne, et près d’elle se tient l’autre archer, le parfait Ruméus. J’ai beau chercher du regard, je ne vois ni Anarazel, ni cet intempestif Shrez. Je me répéte que leur perte ne peut me chagriner, que je n’aurais plus à endurer ces deux êtres insupportables, j’abandonne tout de même mon immobilité pour tenter de les retrouver.

Le sol est instable et je me déplace difficilement, à une courte distance de moi, la femme pirate aux yeux amandes s’attarde près d’un nain mourant. Mais plus loin, je vois un bras, le reste du corps étant camouflé par cet énorme rocher qui l’a écrasé. Je m’approche davantage et j’examine le sale morceau de tissu noir habillant tant que faire se peut un bras meurtri. J’en conclus rapidement que ce membre amoché n’appartient à aucun de mes deux compagnons de l’équipe de l’Échangeur. La vue de l’arme à ses côtés confirme ma présomption. En fait, Anarazel a hérité de griffes tranchantes et acérées et Shrez s’est vu attribué un sabre courbe alors que l’arme qui me fait face est un poignard muni d’un onyx noir. Rassuré que cette victime me soit étrangère, avec conviction, je m’empare de sa lame, elle doit elle aussi retourner dans le cercle de lumière et son propriétaire n’est malheureusement plus apte à le faire.

La voix du marionnettiste se fait entendre par toute l’assemblée et non seulement dans ma tête cette fois.

« Aventuriers, il vous faut vous hâter. Rejoignez le centre de la salle, vite ! »

Sans hésiter, j’obéis. Une dague à chaque main, je saute du premier palier, sans m’arrêter je saute le deuxième puis le troisième. La réception à cette étage ne se fait pas comme prévu, mes genoux fléchissent pour amortir le choc, mais ma position n’étant pas stable, je suis emporté par mon élan et je fais malgré moi quelques pas précipités vers l’avant. Je tombe ainsi du troisième palier. J’ai à peine le temps de me rouler en boule avant de percuter le sol de nouveau. Cette fois, je ne contrôle plus rien et je culbute encore et me retrouve tout en bas de l’estrade géant. Aussitôt arrêté, je m’empresse de me remettre sur pied pour constater que le vaisseau noir est descendu de son perchoir et nous est à présent accessible.

C’est alors que j’entends une fois le plus le marionnettiste s’adresser à nous, il nous prie de grimper dans le navire afin d’assurer notre survie, sans pour autant faire allusion à la sienne. Ce qui est suffisant pour me convaincre de son honnêteté, pourquoi ferait-il un tel sacrifice s’il était foncièrement méchant ? Son geste généreux me suffit pour me convaincre de son innocence. Moi, Mathis bien qu’étant une bonne personne n’aurait jamais posé ce geste altruiste. La générosité n’est pas une si bonne chose, on ne devrait pas en faire tant de louanges.

Les traîtres qui l’accompagnent n’abandonnent pas pour autant le projet de libérer leur maître. Un après l’autre, ils enfoncent leur lame noire dans le cercle de lumière. Pour leur faire suite, je me dirige à mon tour vers ce disque lumineux.

C’est alors que le jeune homme intrépide se prononce contre la libération du marionnettiste, son éloquence est étonnante pour un humain de cet âge, par contre, ma décision est déjà prise et je n’ai aucunement l’intention de la changer.
Arrivé à destination, je m’adresse à l’homme-chat :

(Pardonne-moi d’avoir douté de toi et de t’avoir manqué de respect. Nécromant, tu mérites ta libération !)

Suite à cette brève pensée, j’enfonce d’abord la dague trouvée près de l’aventurier mort, puis je fais de même avec ma propre lame, d’un seul coup résolu, mes adieux ayant déjà été faits.

Je m’approche ensuite de Shrez et lui murmure ces paroles de façon à ce qu’il soit le seul à les entendre :

« Ton maître doit être libéré, venez avec moi près du bateau, toi et tes compagnons et assurons-nous que les personnes qui franchiront la passerelle auront d’abord disposé de la lame noire comme il se doit. »

Je ne peux deviner ce que vont faire les autres, mais pour Shrez j’ai la quasi-certitude qu’il va me suivre. Enfin, c'est ce que j'espère, car je m'imagine mal affronter seul des guerriers de la trempe de Ruméus. Je compte donc sur la témérité de cet elfe gris et sa loyauté envers son maître. Je m’approche donc de la passerelle, mais au lieu de la franchir, je me positionne devant et d’une voix que je veux forte, je déclare :

« L’heure n’est plus au choix, mais à notre survie. Si vous désirez une place à bord de ce bateau, vous devrez d’abord glisser votre lame noire dans les fissures de lumière. »

La salle sera engloutie bientôt, mais je n’ai plus peur ou si peu, ou du moins j'essaie de m'en convaincre. Je suis à proximité de la passerelle, je n'aurai pas long à franchir si le besoin est. Ce noir vaisseau appartenant à notre pire ennemie sera notre délivrance.

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Dernière édition par Mathis le Dim 3 Jan 2010 20:01, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Jeu 17 Déc 2009 23:39 
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Shrez est emporté par Mathis près de la passerelle du vaisseau noir, sans avoir vraiment le temps de réagir à ses propos fort arrêtés. Après que le voleur kendran se soit exprimé, il lui attrape la manche et le tourne vers lui sans aucune brutalité (pour changer), le toisant avec un air curieux, un peu accablé, tout de colère contenue, mais n’étant pas destinée à l’humain blond… Ses mots sont eux aussi contenus, juste pour Mathis…

« Ce que tu fais est courageux et noble, Mathis. Mais on peut pas s’permettre de s’foutre sur la gueule alors que tout va s’effondrer. Le Marionnettiste veut être libéré, mais pas en prenant nos vies. Par contre compte sur moi pour tanner la gueule des lâches qui préfèreront le laisser crever ici, prisonnier et sans autre chance de survie que nos propres actes… »

Ce disant, il crache sur le sol devant la passerelle, dardant Jena du regard. La paladine, toujours silencieuse, ayant perdu sa hargne d’avant le combat, comme si sa méditation silencieuse l’avait calmée, baisse vers le drow un regard grave et inquiet…

De son côté, Aëlwinn répond à Léonid d’une voix franche, ayant retrouvé son assurance d’antan, même si ses propos révèlent un doute…

« Je me rappelle de nos discussions, jeune humain. Et je comprends votre méfiance vis-à-vis de cet être. Pourtant, je ne peux me résoudre à le laisser périr sans que le fin fond de cette histoire ne soit révélé. Ni vous ni moi ne sommes aptes à juger cet être et à lui accorder une sentence, qu’il la mérite ou non… Si nous le libérons pour en faire notre prisonnier, il pourrait être placé sous le jugement des elfes et des hommes, et son jugement ne serait pas hâtif comme ici. Et pourtant le risque existe… je ne sais que penser… Pourquoi des entités du mal le retiendraient ici, s’il était leur allié ? Et je ne décèle pas de méchanceté dans le cœur de ses compagnons si fidèles… Nous avons pour devoir de nous méfier, mais devons-nous pour autant laisser mourir un être qui ne nous a pas attaqués ? »

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Ven 18 Déc 2009 20:00 
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Alors que je disserte avec conviction sur le sort du Marionnettiste en m’efforçant d’afficher confiance et assurance, je ne suis pas sans remarquer que d’autres ont pris leurs propres initiatives de leur côté, et cela pas de la façon la plus honnête qui soit, loin de là ! En effet, le jeune homme blond aux côtés duquel je viens de combattre s’avère d’un tempérament plus sournois que je ne l’aurais cru de sa part puisque sans aucunement rendre compte au préalable de sa décision, le voilà qui se glisse à son tour jusqu’au cercle pour donner en offrande non pas une mais deux armes noires. Je ne peux m’empêcher d’être encore plus déçu que je ne l’étais jusqu’ici en voyant que les partisans de celui qui est le sujet de notre débat actuel sont décidément par bien des aspects loin d’être les gens les plus honnêtes qui soient, comme si le contact de cette entité avait quelque chose de corrupteur, transmettant une insidieuse tendance à la fomentation à ses adeptes. Toutefois, je ne laisse pas le ressentiment où la colère m’envahir à cette pensée ; seulement une tristesse de plus en plus prononcée, car la situation précédente face aux coffres m’a confirmé que s’il est bien une manière juste de procéder en matière de délibération, c’est celle d’une discussion juste et raisonnée et non d’une brutalité contraignante.
Et pourtant, Rana sait que j’aurais de quoi me sentir légitimement pénétré d’un juste courroux en voyant la mesure que prend cet homme que je ne peux m’empêcher de laisser descendre dans mon estime en dépit de ce qu’il a fait pour me protéger, et donc pour nous aider tous. Oui, une boule de glace bouillie se forme dans le creux de mon estomac quand je vois qu’au lieu de laisser à chacun son libre-arbitre pour prendre sa décision en son âme et conscience, il se pique d’être notre directeur de conscience sur un mode des plus indignant étant donné que c’est purement et simplement la voie de l’intimidation qu’il choisit, très certainement fort du soutien qu’il est certain d’avoir de la part des acolytes avoués du Marionnettiste.

Déçu, oui, je suis déçu de voir que des individus puissent croire à ce point que leur cause est la bonne qu’ils n’hésitent pas à faire pression sur leurs pairs pour à les rallier à eux plutôt que de laisser à chacun le droit de faire ce qui lui semblerait bon. Comment ne peuvent-ils pas comprendre que ce n’est pas ainsi que doit se comporter une personne sensée et raisonnable, que convaincre par la force n’est jamais une bonne idée car cela ne peut qu’amener une situation à dégénérer à plus ou moins long terme ? Je crois que l’on peut mettre cela sur le compte de la légitime précipitation à laquelle notre houleuse situation actuelle nous incite tous, et ce n’est de toute façon pas le moment de raisonner en matière de politique mais de faire en sorte de prendre la meilleure décision possible ! Voilà une charge de grande ampleur pour un garçon comme moi à peine entré dans sa majorité, mais c’est un poids que je suis prêt à assumer avec toute la dignité qui conviendra : je manque d’expérience, assurément, mais je ne crois pas manquer de jugeote, aussi mettrai-je en œuvre tout mon bon sens pour que la conclusion de ce débat soit aussi satisfaisante que possible pour toutes les parties impliquées.
A ce propos, la réponse d’Aëlwinn me donne de quoi songer, car bien que l’heure ne soit guère favorable à la réflexion, il est indéniable que la décision dont il est question requiert de peser mûrement le pour et contre de chaque éventualité pour prendre une décision, ce dont personne ne semble être hélas capable tant les autres restent silencieux d’une manière des plus déconcertante, depuis le folâtre et verbeux Dôraliës jusqu’au braillard Gleol en passant par l’autrefois si loquace Logan que je vois en cet instant même se garder de toute intervention… lui serait-il arrivé quelque chose, aurait-il une raison de se taire, me laisserait-il me débrouiller pour voir ce dont je suis capable, préfère-t-il se tenir pour l’heure à l’écart du débat ? Tant de possibilités que je suis en réalité bien sot de remuer avec une insistance confinant d’aussi près au masochisme : celui dont je dois me soucier est le Marionnettiste, et mes pensées doivent donc se tourner vers le Marionnettiste uniquement.

A cet égard, il convient d’examiner les objections justifiées de l’hiniön, et pour commencer, il n’est en effet pas un poids moindre que d’assumer la mise à mort, directe ou non, d’un être vivant, et sur le coup, j’admets que la pyromancienne renforce en moi des appréhensions que je ne saurais pas surpasser sans difficultés, c’est le moins que l’on puisse dire ! En effet, le maintenir sous bonne garde jusqu’à ce que nous l’ayons conduit jusqu’à des autorités compétentes qui sauraient bien mieux juger de son sort que nous est une éventualité des plus sensée, mais comme la Capitaine en est elle-même consciente, elle présente le risque que le prévenu nous file entre les doigts, risque non négligeable étant donné la puissance vraisemblable de l’intéressé ! Ainsi, je reste perplexe, et ce d’autant plus que la voix douce et dépourvue de vénénosité de l’altière dame n’est pas pour déchaîner en moi de grands élans de vindicte : qu’elle a raison en précisant qu’après tout, il existe potentiellement autant d’inconnues allant dans le sens de l’innocence de notre commanditaire que dans celui de sa culpabilité ! Quant à ses acolytes, je tiens tout de même à objecter intérieurement qu’ils pourraient très bien avoir été roulés dans la farine, justement de par leur tendance à vouloir bien faire, mais cela, il va falloir que je me retienne de le mentionner à haute voix de crainte de m’attirer les foudres de l’un ou l’autre de ses serviteurs, particulièrement ce shaakt qui tient conciliabule avec l’homme blond et dont le regard brillant d’une colère mal refoulée ne me dit rien qui vaille ! Mais alors que je suis pris dans une telle indécision, une idée me vient à l’esprit qui me paraît à elle seule venir à bout de toute cette fâcheuse indétermination, et elle me semble si pétrie de bon sens que je dois presque me retenir de ne pas sourire de soulagement tandis que, plus confiant, je réponds à Aëlwinn avec le sérieux qui convient à notre situation qui ne reste tout de même pas peu dramatique avec la menace d’ensevelissement sous-marin qui nous pend au nez !

« Aëlwinn, je comprends vos hésitations, mais suivez ce raisonnement : si nous ne le libérons pas, et qu’il s’avère ne pas avoir menti, nous courons le risque de laisser un innocent mourir, et si nous le libérons, et qu’il nous a trompés, nous courons le risque de faire s’abattre une nouvelle calamité sur tout Yuimen. » A ce moment, je me recule légèrement de manière à ne plus faire face qu’à la magicienne mais aussi à chaque personne présente dans l’amphithéâtre géant pour poursuivre d’une voix aussi forte que posée : « Demandez-vous tous, en toute objectivité, quel est le risque que nous pouvons le moins nous permettre de prendre ? »

Voilà qui est dit, mais avant d’aller plus loin dans mon raisonnement, je tiens à préciser que ce n’était pas là mon plan génial, et je me dépêche d’ailleurs de troquer mon air potentiellement accusateur contre un autre plus conciliant et d’exposer mes intentions avant que je ne croule sous les objections, autant verbales que physiques ; déjà que l’elfe noir paraît sur le point de vouloir me déchirer en morceaux à mains nues, il ne s’agit pas de tenter Thimoros :

« Toutefois, j’ai une idée qui pourrait tous nous mettre d’accord : si le Marionnettiste a survécu tout ce temps, il pourrait continuer à le faire, et si le manque d’air est un problème, nous avons bien évidemment le moyen d’y remédier. » Ce disant, je sors de mon sac le masque dont je connais l’efficacité pour l’avoir moi-même expérimentée, sûr de l’efficience d’un tel moyen puisque, comme l’a prouvé Silmeï lorsqu’il l’a enfilé, ces systèmes respiratoires s’adaptent sans problème à tout visage sur lequel ils sont posés. « Voici ce que je propose : nous partons d’ici en y laissant le Marionnettiste en sursis, nous allons rendre état de son cas à des personnes plus aptes à juger qui délibéreront sur son sort, et quand une décision mûrement réfléchie aura été prise, nous reviendrons ici pour l’appliquer. Car s’il a pu faire venir cinq bateaux jusqu’à lui, il pourra bien en faire venir au moins un autre. »

Tout ce que j’ai dit me paraît tout à fait logique et sensé, et même si tout cela aurait pu être exposé d’une meilleure façon, je crois l’avoir fait avec suffisamment de clarté pour que mon point de vue soit divulgué de façon à ce que mon propos paraisse aussi honnête, sincère et sage que je le suis, ou tout du moins que je m’efforce de l’être. Encore une fois, c’est ce court moment d’attente ou chacun paraît peser avec une impitoyable circonspection les moindres de vos paroles, et pour cette fois, j’espère et redoute à la fois que plus de trois autres personnes se manifesteront : d’un côté, cela permettrait de pouvoir se faire un avis plus abouti sur le sentiment général au sujet du sort du Marionnettiste, mais d’un autre côté, je crains au fond de moi de voir mon idée ne rencontrer que les huées de la désapprobation. Mais allons, il faut avoir le courage de ses opinions ! Je ne peux pas me prétendre garant des libertés de tout un chacun à s’exprimer et vouloir en même temps que tout le monde soit comme par enchantement de mon avis… d’ailleurs, à propos de coercition, voilà qui me rappelle un certain sire qui mériterait une remontrance que je ne dois pas hésiter à lui faire, si diplomatiquement que ce soit : comme en un addendum à mon nouveau discours, je me tourne momentanément vers le duo humain shaakt pour poser particulièrement au premier la question rhétorique suivante qui ne devrait normalement pas manquer d’avoir quelque effet sur sa conscience, ou au moins son bon sens, votre serviteur s’efforçant d’afficher un calme que j’espère communicatif en cet instant troublé et agité :

« Ne serait-il pas mieux que vous cherchiez à vous mettre d’accord avec les autres et que vous cessiez d’essayer de les obliger à faire comme vous le voudriez ? »

Evidemment, je suppose que dans une situation de lutte d’influences digne de ce nom, il aurait été plus avisé de mettre l’accent sur ce que la manière de faire des partisans adverses a de cauteleux, de déshonorable et de déplaisant afin de les décrédibiliser autant que possible. En l’occurrence, au lieu de cela, je leur ai fait remarquer leur erreur de la manière la plus courtoise et polie possible, mais bon, je ne le regrette nullement puisque, loin de vouloir les écraser par tous les moyens, je cherche avant tout à ce que tout le monde –ou au moins autant de personnes que possible- soit d’accord. Je ne sais pas si mes bons sentiments trouveront un écho dans cette atmosphère rendue pesante par l’urgence, encore imprégnée de légers relents de conspiration et de manigances dont l’odeur ne me plaît guère, mais décidément, je suis tout sauf un homme à intrigues, et j’espère bien d’ailleurs ne jamais en devenir un ou ne jamais avoir à en devenir un tant orchestrer dans le secret l’une ou l’autre manœuvre me mettrait mal à l’aise de par le caractère fourbe d’une telle activité. Rien que de tâcher de démêler l’écheveau d’informations que nous avons au sujet de notre accusé présent est assez éprouvant comme cela ; qu’est-ce que ce serait si je devais moi-même élaborer un pareil sac de nœuds !

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Sam 19 Déc 2009 00:04 
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Dès que j’ai terminé mon petit laïus privé et que je tente de me rendre à la passerelle, Shrez m’attrape par la manche et me retourne vers lui. J’ai cru un instant, sans comprendre la raison, qu’il allait m’envoyer un coup de poing sur la gueule. Il n’en fit rien. Après m’avoir regardé intensément sans aucune hargne dans le regard et d’un ton contenu sans colère apparente envers ma personne, il me répond :

« Ce que tu fais est courageux et noble, Mathis. Mais on peut pas s’permettre de s’foutre sur la gueule alors que tout va s’effondrer. Le Marionnettiste veut être libéré, mais pas en prenant nos vies. Par contre compte sur moi pour tanner la gueule des lâches qui préfèreront le laisser crever ici, prisonnier et sans autre chance de survie que nos propres actes… »

Je n’en crois pas mes oreilles, Shrez, ce drow impulsif, rageur, violent, qui semble depuis le début de l’aventure éprouver du dédain envers ma personne, s’adresse à moi de manière contenu et va même jusqu’à me louanger en quelque sorte. J’ouvre la bouche pour lui expliquer mon raisonnement et la laisse ainsi quelques instants, puis la referme sans dire un mot. S’il s’est aperçu de ma valeur et qu’il a enfin un peu d’estime à mon égard, je serais bien niais de l’en dissuader.

En fait, mon action repose davantage sur la logique, le bon sens et ma survie que sur le courage. Supposons d’abord que le marionnettiste est bon, alors on n’a rien à craindre : si on le libère, tout est pour le mieux, et si on ne le libère pas, il nous aidera quand même à partir et se sacrifiera pour nous. Imaginons ensuite qu’il soit mauvais : si on le libère, il sème le chaos à travers Yuimen, mais si on le laisse prisonnier, on n’est pas plus avancé. Ayant le contrôle du navire noir, il peut remonter ce dernier dans la bulle une fois que nous sommes tous à bord et nous laisser là jusqu'à la fin des temps, emprisonnés à notre tour. On gagne, je crois, à lui redonner sa liberté surtout s’il est mauvais.

S’il avait été mauvais, il aurait agi autrement, il nous aurait menacé et ne tenterait pas de sauver nos vies au détriment de la sienne.

Si le seul moyen de survivre est de m’embarquer dans un navire contrôlé par le marionnettiste et de mettre ainsi ma vie entre ses mains, il est alors préférable qu’il présume que je crois en son innocence. Et puis, est-ce mon instinct, mon esprit de déduction, ma sensibilité ? Je ne saurais dire, mais après l’avoir observé, écouté et analysé, je ne peux me résoudre à le considérer mauvais.

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Dernière édition par Mathis le Dim 3 Jan 2010 20:11, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Citadelle des Profondeurs: La Salle d'Esprit
MessagePosté: Sam 19 Déc 2009 01:05 
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Immobile, les mains sur la gorge de Glenor, j'essayais de suivre les événements autour. Le séisme provoqué par la cornue ne se calmait pas, les roches continuaient de tomber ça et là, menaçant la troupe en dessous. La grande salle et la citadelle sous-marine étaient sur le point de s'éteindre comme elle fut surement bâtie, pierres par pierres.
Les vertiges résultant du coup à la tête devenaient peu à peu une simple nausée plus facilement contrôlable, le masque rouge sang qui voilait mon regard avait laissé sa place à cette scène de fin de tout où chaque survivant se relevait avec plus ou moins d'aplomb. Très vite, la voix du combattant Ynorien retentit, déterminé, résolu à ne pas donner plus de seconde de répit à notre ennemie commune toujours juchée sur son rocher inaccessible comme un corbeau sur une branche. Je le regardais préparer deux flèches qu'il enverrait ensemble avec toute l'adresse nécessaire ; et je maudissais le sort de ne pouvoir me joindre à lui.
Mais le groupe portait en son sein des combattants capable de frapper de loin, puissants mages guidés par le cri détonnant de l'une d'elle. Accroupie comme je l'étais je ne pouvais déterminer l'identité de cette dernière, mais qu'elle importance pouvait avoir un nom quand enfin une force commune prenait vie pour en finir avec ce serpent assoiffé de sombres pouvoirs.

Sous mes doigts je sentis Glenor tenter de reprendre son souffle, si faiblement que sa poitrine ne se souleva finalement pas, et une toux douloureuse le fit tressauter. Une agonie silencieuse mais qui à cet instant constituait mon monde … implacable, douloureux, sauvagement résigné à ne nous permettre aucun espoir.
Comme un linceul de lumière, les sorts alliés illuminaient son combat contre la mort. Magies et flèches filaient au dessus de nos têtes mais la vitalité dont les autres firent preuve dans ce dernier assaut était loin de moi. Je me sentais impuissante, plus encore que mon impossibilité à poursuivre l'attaque. Doucement, l'incertitude avait fait place à ma hargne et je sentais sans vouloir l'accepter que personne ne viendrait aider Glenor. Luttant contre des sentiments contraires et inhabituels j'enlevais une main de sa gorge pour la poser sur son cœur alors qu'il tentait de parler.
Je me penchais sur lui, joue contre front mais ses mots réveillèrent en moi une profonde blessure que je masquais sous un pâle sourire pour l'accompagner de ma promesse silencieuse dans la mort. Je sentis sous ma peau le léger mouvement de ses paupières avant que toute vie ne quitte son corps. Le relâchement soudain de toute la tension nécessaire à la survie fut plus violent qu'un coup de masse sur la tête, ce fut pendant une seconde comme si mon corps s'était raidi en écho.
Je me redressai sans même jeter un coup d'œil au monde autour, alliés ou ennemis étaient comme invisibles, je n'avais plus que son corps comme seul compagnon. Lui et ma malédiction. Je ne trouvais que cela pour expliquer pourquoi les personnes qui prenaient soin de moi finissaient par mourir, me demandant de survivre en retour. Toute la sagesse du monde ne pouvait suffire à adoucir le tremblement qui me traversait, mélange d'incompréhension, de souffrance, de colère et de rage ; mais ce fut une douce folie qui naquit. Lorsque l'on se surprend à rire sans contrôle alors que tout autour n'est qu'accablement et tristesse.

- Survivre ? Tu es le troisième mourant à me demander ça, tu le savais ? Si ma présence doit tuer toutes les personnes qui m'offre leur soutien, peut être que je devrais changer de camp … qu'au moins la mort ne soit pas un profond gâchis.

J'étais là, accroupie au milieu d'un champ de bataille en plein séisme, tenant dans mes bras le corps sans vie d'un nain en lui parlant comme s'il pouvait m'entendre, et s'amuser de mes mots. Mais une vive lueur blanche me rappelle à la réalité … pour m'en défaire à nouveau.

Tout devint blanc, douloureusement blanc. Je me penchais sur le corps de Glenor, le protégeant par réflexe de cette vague aveuglante. Et pendant ce qui me sembla durer une éternité, je fus projetée dans un monde de silence où seule une aura blanche existait. J'étais debout, enfin le pensais-je au milieu de rien, aveugle et sourde mais comme consciente de l'irréalité du moment ; à tout instant je verrais Glenor se tenir face à moi, la mine renfrognée et une grimace habillement cachée derrière sa moustache, me montrant du doigt. Je l'entendais déjà grogner devant ma présence … impossible … ici avec lui. Impossible … cela ne pouvait pas être aussi indolore.
Quelque part près de moi, un bruit particulier et reconnaissable retentit. Un rocher rejeté d'un pilier qui se fracassait au sol ; mais de ces deux choses, aucune n'existait dans le nouveau monde de Glenor. Un nouveau fracas. Je relevais la tête, ouvrant les yeux avec précaution pour épier les alentours.

La salle était là, tremblante, s'abîmant plus à chaque minute qui passait. Au pied du dôme se tenait le cadavre de la cornue, et ce fut comme si une onde électrique me traversait le cerveau. Ma tête, mon bras, mon corps tout entier ne hurlait plus sa douleur, de ma blessure à la tête il ne restait plus que des mèches de cheveux ensanglantés. Et partout autour, seuls les aventuriers étaient debout, sains et saufs, au milieu d'un tapis d'ossements noirs.
Et dans cette ambiance de victoire quasi inconcevable je ne pus m'empêcher de croire réellement au miracle …
Mais celui ou celle qui nous avait sauvé tous, l'avait fait une seconde trop tard. Il n'avait pas bougé et ne bougerait définitivement plus. Nous étions tous guéris, plus rétablis qu'il était permit de l'espérer ; mais pas lui, s'il avait gardé ses forces au lieu de parler, alors peut être qu'il serait en train de cligner des yeux et de vivre l'incroyable rétablissement qui m'envahissait. Au lieu de cela, il décédait une nouvelle fois, plus violemment encore … mais je ne pleurais pas ; nous ne pleurons nos morts que dans l'intimité. Il n'était ni de ma famille, ni de mon peuple mais je lui ferais honneur.

C'est à ce moment que le nécromancien refit surface lui aussi, malheureusement rescapé du souffle bienfaiteur qui nous avait inondés. Comme quoi, même le plus pur des parfums ne pouvait effacer l'odeur des déchets les plus immondes.
Mais ses mots eurent tout de même le privilège de me faire douter. L'absence de noirceur dans sa voix et l'abnégation dont il faisait preuve gâchèrent l'animosité qui voulait éclater pour résorber un peu de cette colère, alimentait maintenant par la mort de Glenor.

- Capitaine !! Hurlais-je en direction de Pragatt' avant de lui faire signe d'approcher. Au centre de la pièce, le bateau noir descendait lentement des entrailles du plafond, toujours protégé dans sa bulle sombre, sans doute dès le départ prévu comme moyen de transport de retour de la cornue.
On doit l'emmener, ajoutais-je plus faiblement en me relevant, que son cercueil soit l'océan et pas cette citadelle maudite. Pouvez-vous le porter jusqu'au bateau noir ? Demandais-je avec le semblant de fermeté que permet l'espoir, ne pouvant le porter moi-même.

Les alliés du marionnettiste ne tardèrent pas à réagir, me permettant par là de rejoindre les premières marches afin d'avoir une vue d'ensemble de ce qui se passait. Les quatre fidèles plongèrent leurs armes noires dans les crevasses de lumière qui entouraient leur maître, m'étonnant au passage de voir Leena posséder une telle arme alors que la cornue n'en avait laissée qu'une à l'équipage du Rubis.
Mon compatriote Ynorien se révéla un allié à la fois de patrie et d'idéaux. Il s'adressa à tous, parlant sans bagage mielleux pour réveiller à chacun l'indiscutable tromperie dont a fait preuve le nécromancien.
Mais ce fut le reflet argenté de l'arme à sa ceinture qui attira le plus mon attention ; ne pouvant être plus décidée sur le sort que je destinais au marionnettiste.
Tout n'avait pas était détruit durant la vague de magie blanche, les squelettes nous avaient offert en mourant un panel d'armes argentées, plus solides et aiguisées les unes que les autres. Aussi, et malgré l'urgence de la situation, n'hésitais-je pas à ramasser un sabre d'abordage que je me hâtais de placer dans la ceinture de Pragatt', lui offrant pour toute justification qu'un haussement d'épaule avant de rejoindre l'étage suivant, ramassant le saï d'argent que j'avais remarqué. Si je devais malgré tout me défaire de la beauté sans pareil de Menimienai, au moins pourrais-je faire bon usage dans le futur d'une arme crée pour le mal.

Plus mes pas me rapprochaient du centre, et plus la vision du clan d'aventuriers que nous étions me donnait la nausée. Non content d'avoir offert plus d'une arme noire, le jeune homme du navire Tulorain se jouait les maître-chanteurs, si sur de ne pouvoir convaincre du bien fondé de son choix qu'il se mit à monnayer "une place pour une vie"

- Pathétique, lâchais-je pour moi-même devant la scène misérable que le duo fidèle au maître offrait. Avant de m'adresser directement au nécromancien, dans l'intimité de nos pensées.

"Par ton entêtement à ne voir en tes sauveurs que des bêtes de sommes tout juste bonnes à avancer sans penser, tu as gâché des vies qui valaient au moins autant que la tienne. Et tes compagnons sont plus coupables que toi encore, soit disant prisonnier et surveillé par cette démone qu'on a détruit. Eux nous on regardé traverser toutes ces épreuves en sachant ce que l'on risquait à cause de tes propres fautes passées … et l'un d'eux ose même nous traiter de lâche ! lui qui s'est replié derrière tes mensonges pour ne pas avoir à assumer les siens.
Il n'y a rien de plus lâche et égoïste que d'amener d'autres à risquer et perdre leur vie pour sa liberté personnelle, tu n'offres rien, tu ne fais que quémander … et le seul moment où l'on pourrait percevoir un soupçon de courage et de détermination à assumer tes actes, tes compagnons et nouveaux alliés menacent encore de faire plus de blessés … uniquement pour toi, qui n'a rien fait à part te jouer d'êtres vivants dans le présent et semer chaos dans le passé."


J'entendais à demi mot la réponse d'une elfe à l'encontre de l'Ynorien, qui à défaut de ma convaincre d'utiliser mon arme pour le sauver, me laisser entrevoir une idée nouvelle, ni blanche ni noire, ni une mort méritée, ni une libération injustifiée.
Je m'approchais finalement d'eux, toisant l'assassin plus loin avec une haine et un mépris qui n'avaient d'égale que la rancœur que je ressentais pour toute cette aventure.

( Ce sont SES propres actes qui ont fait de lui leur prisonniers … chien aveugle. Trop aveugle pour voir le nombre de morts que sa libération a déjà prise)

- Pourra-il seulement accepter le départ de cette prison pour une autre, dis-je sur un ton moins corrosif que la pensée qui venait de me traverser l'esprit. Et un jugement moins arbitraire que celui de ceux dont il s'est servi sans regret.

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Madoka


Dernière édition par Madoka le Lun 21 Déc 2009 13:28, édité 1 fois.

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