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Un à un, les aventuriers grimpèrent sur le majestueux, bien que glauque, vaisseau aux voiles noires, seul échappatoire possible dans cette histoire mémorable et rude en émotions… Des lames furent libérées, leur ombre désintégrée dans la lumière tournoyante du sol de la Salle d’Esprit, d’autres furent préservées, si bien que nulle arme ténébreuse, nulle Lame des Profondeurs n’eut pu être forgée, ou détruite. Instinctivement, les participants de cette quête se regroupèrent par équipage, mis à part quelques exceptions qui désiraient s’écarter, rester à l’écart, ainsi qu’une nouvelle classe, un nouveau groupe : les soi-disant traîtres désavoués et désœuvrés devant l’échec cuisant de leur entreprise. Eux avaient les mines les plus affligées : Raek, sinistre et sévère, maintenait une Leena qui venait d’éclater en sanglots rageurs, alors que Maelan, les yeux tournés vers le Marionnettiste, versait des larmes de réelle tristesse, laissant de temps à autre échapper un sanglot sonore. Shrez, quant à lui, avait préféré rester auprès de Rosie. Ses mâchoires étaient crispées, et ses muscles bandés comme la corde d’un arc… comme s’il était prêt, d’un moment à l’autre, à laisser éclater sa colère… Mais pas tout de suite, pas devant les yeux d’un être qu’il respectait et qui allait mourir sans que personne n’y puisse plus rien. Et s’il ne répondit pas à la phrase de soutien de la semi-elfe en rouge, ce n’était pas pour autant qu’il n’apprécia pas sa présence, son soutien… Peut-être était-ce aussi pour elle, qu’il n’éclatait pas de violence…
Hallena reste silencieuse à côté de Mathis, mais il peut sentir son regard compatissant. D'un geste presque surprenant venant de sa part, elle pose une main délicate sur l'épaule du kendran, alors que son aigle pousse un léger piaillement...
Aëlwinn, elle, se rendit près de l’elfe bleu musicien, s’asseyant à son côté pour l’apaiser. Elle posa sa main sur l’épaule de l’Earion, et sa voix se fit douce et chaleureuse, comme si la tension de la situation n’avait pas, ou plus, d’impact sur elle, comme si elle était désormais plus sans crainte ni remords, juste avec la satisfaction d’être encore vivante…
« Allons, vaillant compagnon. Toute colère doit maintenant quitter votre cœur. Chacun a ici fait ce qu’il a jugé le mieux, et nul ne doit tenir rigueur de cela à quiconque. Il est impossible de revenir en arrière, il faut donc aller de l’avant, et désormais prôner la bonté et le courage plutôt que de s’enfermer dans la haine et la rancœur, qui ne sont que des valeurs du mal… Je comprends votre tristesse, et je crois qu’elle ne devrait pas être entachée de hargne pour rester pure et respectueuse… Vous êtes proche de Maelan, je crois… Il pourrait avoir besoin de votre soutien dans sa détresse, et une épreuve difficile est moins rude quand on la vit ensemble… »
Les derniers aventuriers du Vaisseau-Lune étaient eux-aussi regroupés : Léonid, Silmeï et Gleol. Les trios membres non-elfiques du navire elfe, les trois membres qui n’avaient pas détruit leur arme… Le nain était visiblement mal à l’aise des larmes de l’humain, ne pouvant que se joindre à l’aldryde de son accent bourru.
« Allons allons, mon ami. La bataille est terminée, et nous en sommes sortis victorieux. La Démone a payé pour ses crimes odieux, tout comme ce mariole lecteur de pensées. Honorons nos morts en respectant les valeurs qu’ils prônaient, la vaillance d’Ergoth, l’altruisme d’Eleth, et même la fidélité de c’te ruffian d’Valor. Et honorons-les en vivant bien, boudiou ! »
C’était maladroit, mais sincère. La peine de l’Ynorien le touchait réellement. Le seul qui l’avait accepté automatiquement et sans préjugé sur le pont du Vaisseau-Lune…
En ce qui concerne les aventuriers de l’Aigle des Océans, c’est comme s’ils ne s’étaient jamais quittés qu’ils se regroupent presque intuitivement. Logan et Aalys viennent se placer près de Jena et Erfandir. Le marin blond a déposé sentencieusement le corps défunt d’Antariasi sur la proue du navire. Aalys semble complètement perdue, et ne sait si elle doit pleurer ou paniquer, prostrée dans un mélange explosif de sentiments. Après l’action du combat, elle semble perdue, même si elle a mené de main de maître le petit groupe des archers l’instant juste avant. Le beau gaillard blond, lui, a la mine grave. Il regarde tour à tour chaque aventurier décousu, défait, démonté par cette déconvenue.
Pragatt, lui, s’est isolé près de la poupe, caressant le gouvernail du sombre navire… Visiblement, le vieux loup de mer semble croire qu’il a gagné plus qu’une arme, dans cette histoire… Si l’on en croit le sourire carnassier bardé de dents dorées qu’il arbore, pleinement satisfait de se retrouver à ce poste qu’il affectionne tant…
Et soudain, la passerelle remonte d’elle-même sur le navire, alors que la bulle sombre, dirigée de main de maître par le marionnettiste, s’élève doucement dans les airs de la salle qui s’effondre petit à petit, comme au ralenti…
Jena rompt alors son mutisme pour répondre à Erfandir d’une voix claire et audible, pendant tout le trajet de la bulle vers cet énorme tourbillon du fond de la pièce…
« Ce qui s’est passé… Je ne sais si j’ai la force de vous l’expliquer. Nous… nous l’avons vaincue, cette entité maléfique servante de Thimoros, suivante Oaxienne. Mais ce n’est pas moi qui ai mis fin à ce terrible combat. Pas moi seule… »
Elle semble assez confuse, mais se reprend, décidée…
« Il est venu en moi. Nous avons longuement discuté, de lui, de sa situation, de ses pensées, de ce qui s’est passé durant ces nombreuses années d’enfermement. Et j’ai fini par lui ouvrir la porte de mon corps, de mon esprit. Il est entré en moi et dès lors, nous ne faisions plus qu’un. L’union que nous formions était puissante et dangereuse, et en même temps complémentaire et symbiotique. Nos deux esprits auraient pu se détruire, mon corps aurait pu lâcher… Mais nous avons tenu bon. Nous avons mêlé nos deux puissances, nos deux magies, l’Ombre et la Lumière, en une seule et même source, destructrice et en même temps pacificatrice… Les ennemis sont morts et les blessés se sont relevés. La Cornue, rudement affaiblie par vos assauts incessants n’a pas pu résister, et elle a trépassé. »
Un moment de silence complet, tous les aventuriers de tous bords sont pendus à ses lèvres, hésitantes et tremblantes.
« Je n’aurais pu y arriver seule… Il nous a tous sauvés. »
Et à ce moment précis, la bulle sombre traverse le maelstrom tournoyant, alors que la pièce finit par céder définitivement, des tonnes d’eau et de pierre se déversant sur le seul être resté sur place, le Marionnettiste…
[La suite dans un autre sujet. Plus rien ne doit être posté ici, j’ouvre le dernier sujet de la quête pour finir en beauté pour un dernier moment de Rp]
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