Ô, vénérée déesse au pellucide équipage d’évanescentes couleur ! Ô, trismégiste Lumière devant laquelle s’évanouit la Nuit, éphémère et docile créature sous l’empyrée qui t’est vêture ! Ô, si aimable Mère, toi qui te veux aimée et qui l’es de tes fidèles en grand nombre, voici que tes diaphanes voilages se posent encore sur les frêles épaules de cette Princesse aldryde, humble sous ton œil moiré d’or, invincible sous ton égide de roide ivoire.
Car ainsi point ne mourai-je entre les murs de cette éprouvante Cuisine, où étaient force menaces en apparence, et pourtant aucune en vérité ! Et ceci, seulement à la grâce de ce cœur qui jamais n’a défaut de commisération – le cœur de mon adorée Gaïa, cette Reine parmi les reines à qui je voue cent homélies, que les éclats du ciel soient d’ardent soleil ou d’argent sélénite.
Aussi voilà comme mon hôte, une fois m’avoir offert belle nourriture exempte de poison, m’ouvrit la porte qui m’était encore close. Il m’empêcha de grande force de rejoindre les Réserves, où je désirais achever mes recherches. Et moi d’obtempérer : que faire de mesurer ses muscles aux miens, quand je pourrais lutter d’industrieuse ruse ? N’aurais-je qu’à passer de nouveau le seuil en volant promptement, cependant qu’il mitonnerait à loisir,… et s’il me trouvait alors fouinant ? Je n’aurais qu’à prétendre grande peur au-dehors, et cachette trouvée hardiment, m’excuser mille fois, complimenter autant, et quémander encore ce petit ragoût qu’il me fit et qui lui fit tant de plaisir que je le trouvasse à mon goût.
Voilà comment je fléchis à son ordonnement, et tête basse de fausse honte je lui redis à nouveau combien il était bon Cuisinier, vidant en un tournemain ma gamelle. (C’est vrai que c’est rudement bon.) Je formulai le vœu qu’il laissât la porte ouverte, sous prétexte d’une faim subite à étancher dans un futur tout proche, et c’est ainsi que je me retrouve désormais dehors…
...
(Wow…)
Vaste place, grandiose eu égard à mes quelques pouces de haut. Céans s’étend large balcon, ceinture d’une Cour non moins large, et longue, encore ! Des portes, partout. Certaines closes comme paupières d’un livide défunt, d’autres béantes comme sa bouche, et toutes empruntes de cette même épouvante létale. Comment croire qu’un jour à nouveau les éthers verront mon envol ? D’autant que l’obscure face d’un effroyable monstre jaillit d’au-dessus de la balustrade, elle qui cache toute autre chose à mes yeux. Toute autre chose… si ce n’est cette armature étrange que jamais je n’eus à connaître, et qui semble instrument de Mort. Contre toute prudence, aiguillonnée que je suis par cette curiosité toute mienne et qui me rend si rompue aux expéditions diverses, je m’avance sur le surplomb sans user de mes ailes. Mes pieds nus caressent la pierre des escaliers, tout doucement, en toute discrétion, et moi d’espérer secrètement que ma petite taille saura jouer en mienne faveur. Difficile cependant s’avoue cette descente abrupte, car longues minutes sont chaque fois requises pour faire glisser mon échine au voluptueux délié sur l’arête des marches – et ces minutes m’offrent la seule vue d’un Géant tout de violet paré, qui ne peut m’inspirer que défiance sans que je puisse dire pour quelle raison… Ce n’est que lorsque je donne de l’œil à main droite qu’un autre de sa race m’apparaît : le cheveu blanc, le tégument de sombre couleur, lui pourtant peut m’être au cœur en confiance, sans que j’en sache plus le pourquoi du comment. Certainement cet air de grave mélancolie, alors que cet autre se vêt seulement d’ironie de mauvais augure, tant sur la figure que dans la voix. (Mais qu'est-ce qu'il dit, d'abord ? Hm.)
Mais soudain mon regard accroche autre chose – autre chose que ce que j’ai encore manqué de remarquer… Un épais tas de vêtures et d’objets qui m’appelle et m’attire. Aussi décidé-je d’y voleter à l’encontre, essayant tant bien que mal de ne point me faire voir de quiconque, même de cette créature considérable et terrifiante qui s’en vient de mon côté, même de ces créatures étranges qui sont auprès : Un squelette mu d’apparente vie, et un chat à fourrure de flammes…
...
(MAIS PUREE, C’EST QUOI ICIII ?!!! UN CIRQUE ?)
Mais qu’importe, mes yeux s’illuminent à la vue de toutes ces fioles que je tenterais bien de faire miennes, laissant de côté plutôt ces armes et armures qui me seraient embarras plus que secours.
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CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.
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