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 Sujet du message: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Sam 3 Jan 2015 18:01 
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La guilde des tanneurs et armuriers


La guilde des tanneurs et armuriers est un haut lieu de la ville. Située au centre de Lebher, elle sert à alimenter la milice et procure aux habitants de quoi se protéger des assauts réguliers des troupes d'Oaxaca. Le savoir-faire Elfique transmis de génération en génération par les propriétaires est sans pareil, convoité par beaucoup mais exclusivement réservé aux habitants de Lebher. La production, bien qu'intensive, suffit à peine à subvenir aux besoins énormes des soldats en ces temps de guerre. De jour comme de nuit les travailleurs se relaient, s'affairent à produire des armes classiques et, parfois, quelques joyaux, des armes destinées aux présents diplomatiques ou offerts aux hauts noms de la ville. Cette guilde est le cœur d'acier qui bat au rythme de la ville, sans sa production extraordinaire les habitants n'auraient pas pu résister si farouchement aux assauts de la Reine noire.

Sa situation demande beaucoup de personnel, qu'il s'agisse des tanneurs ou d'apprentis, armuriers et forgerons, charrons et journaliers. Les dortoirs accueillent les employés nourris sur place. Une dépendance plus luxueuse sert aux propriétaires. Ces derniers sont très rarement vus, toute personne voulant y travailler aura plutôt à faire au gérant, un Elfe Bleu toujours attablé sur ses nombreux registres. C'est lui qui gère les commandes et les admissions de travailleurs, qu'ils soient forgerons, aides, apprentis ou journaliers.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Jeu 15 Jan 2015 18:42 
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Il était facile de trouver la guilde. Elle avait même pu entendre l'agitation au sein de celle-ci avant d'être à portée de vue. La guilde était un grand bâtiment qui comportait une maison centrale séparée d'une maison annexe par une cour. Sous la maison centrale on trouvait un entrepôt où était sans cesse acheminé du bois, des lingots de fer et des denrées alimentaire.

Hrist observa un instant sous un petit porche pour se protéger de la pluie l'activité. Elle remarqua sans problème les forgerons qui martelaient l'acier à s'en casser les tympans, ils travaillaient de jour comme de nuit, abrutis par la chaleur soporifique du foyer central. De l'autre côté, quelques jeunes elfes taillaient les flèches, art délicat s'il en est. Quelques enfants humains, nus et couverts de boue quant à eux se battaient non loin des porcheries et récupéraient les plus gros étrons qu'ils collectaient dans des seaux en bois poisseux.

« Hum... Quelle est cette fantaisie ? »
« Ce doit être pour les tanneurs. D'ordinaire on broie des écorces pour leur sève mais la forêt étant dangereuse, ils font avec les moyens présents. A savoir la fiente de porc. Elle sert à sécher le cuir dans un bain d'eau saumâtre. Au final, le rendu n'est pas si mal. »
« C'est aussi ce qui explique l'odeur. »

En effet, le quartier des tanneurs était situé derrière la maisonnée, les odeurs et relents étaient trop forts qu'ils soulevaient le cœur du plus hardi des guerriers. Hrist observa encore un instant avant de se diriger vers les ateliers. Une protection avait été dressée pour empêcher la pluie de s'abattre sur les travailleurs et avait, au fur et à mesure de ses renforcements, créée un porche qui attenait à la maison. Devant elle travaillaient les charrons et forgerons dans un vacarme ahurissant. Il y avait quelques hommes qui portaient à l'épaule des sacs de toile et de lin. Certains se servaient dans une casserole en fonte au dessus d'un feu ce qui semblait être une soupe bien épaisse et fumante. D'autres, elfes ou humains, fumaient mélancoliquement une pipe en bois tout en observant l'eau cribler la boue et couler le long des murs de chaux.

Hrist s'adressa à un elfe bleu, sans trop être certaine à qui elle devait faire affaire. Elle s'inclina poliment lorsque l'elfe remarqua son arrivée, elle dit d'une voix douce :

« Bon maître, de chaleureuses personnes me conduisent à vous. »

Visiblement, lorsqu'il sourit, Hrist compris vite qu'elle s'était adressée à l'un des préposés aux journaliers.

« Je me nomme Lys. J'ai par le passé appartenu à une cour de Baronnie et cherche un travail pour m'aider à passer l'hiver et à avoir un lit sec et un repas chaud. Les routes ne sont pas sûres et je veux me rendre utile à la bonne cause. »

L'agitation continuait, le fer martelé avait haché ses mots mais l'elfe avait compris la raison de sa venue.

« Lys ? On ne voit pas beaucoup de Sindel par ici. Pourquoi ne pas vous être rendue par chez vous ? »

Elle s'inclina encore poliment. « Je vois que vous êtes un homme sage. Une personne moins intelligente n'aurais pas posé la question mais je ne suis pas surprise que vous en ignorez la réponse. Je suis orpheline et j'ai passé le plus clair de mon temps avec des étrangers à mon sang. Depuis, je me suis plus chez moi chez les autres que les miens. »

Elle se redressa et pointa du doigt tous les travailleurs autour d'elle.
« Et il y a fort à faire ici pour que ma présence soit gâchée dans une vie plus oisive. »

L'elfe bleu lui adressa un sourire sincère et amusé. Il lui donna une tape sur l'épaule et dit :
« Ma petite, je ne crois pas que vous soyez aussi habiles que nos forgerons ou non maîtres cordonniers. Tout ce que je peux convenir pour vous est une place de servante pour la demi-saison. Vous avez de quoi vous loger ici ? »

Hrist ne bouda pas son plaisir et dit d'une moue coquette :
« Je viens juste d'arriver. Jugez en à ma tenue. »

L'Elfe sembla prendre conscience alors que la tenue de la jeune femme laissait cruellement à désirer. Ses bottes étaient crottées de boue jusqu'au mollet et sa robe sombre trempée avait encore des traces luisantes d'huile et la poussière incrustée dans les pans du tombant était si ancienne que même la pluie discontinue ne suffisait pas à la chasser.

Il réfléchit un court instant avant d'admettre :
« J'avais remarqué, certes. La Maîtresse est à cheval sur tout ce qui est bonne prestance. Commencez donc par vous rendre présentable, une servante va vous accompagner. »

Il se retourna et frappa sur le carreau de la fenêtre jaunie par les fumées. Il cria en s'adressant à une jeune femme à l'intérieur afin que sa voix porte par dessus le vacarme extérieur.

« Voici Adèle. Une jeune femme remarquable qui va vous conduire jusqu'au lavoir. Trouvez lui aussi des chaussures et une tenue mettable. »
Dit-il en présentant une jeune elfe blanche aux joues rougies. Il semblât que tous ici portaient une couleur particulière, le brun pour les forgerons, jaune âcre pour les tanneurs et le tissu bleuté pour les journaliers. Hrist avait remarqué qu'en effet, il y avait tant de travailleurs que c'était le meilleur moyen pour que les hommes tels que l'elfe bleu qu'elle venait de rencontrer fasse la différence et sachent à qui s'adresser lorsqu'ils en avaient besoin.

La jeune Hinione salua Lys en baissant doucement la tête puis, silencieuse, l'invita à la suivre en contournant la maisonnée. Derrière les tailleurs de flèche et cordeliers se trouvaient les écuries où étaient entreposés quelques chariots et des bourrins dans une atmosphère étouffante de chaleur aux relents suspects.

Dans un cagibi, c'était ainsi qu'on pouvait l'appeler, se trouvait une bassine avec un linge brun de crasse. A en juger la flaque de boue qui l'entourait, c'était ici que les employés se lavaient. Lys adressa un regard à la jeune elfe blanche toujours silencieuse, la petite récupérait de l'eau dans une bassine encastrée dans un petit muret, qui devait être autrefois une cheminée. Lys ne comprenait pas exactement comment le bâtiment avait été construit, il lui semblât que le sol sous ses pieds était en dur ce qui laisser supposer que la maison appartenait à des notables et qu'elle avait subit des travaux colossaux pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui.

« Depuis combien de temps travaillez-vous ici ? »

La jeune elfe blanche parût étonnée qu'on lui pose une question, elle se retourna les bras chargés d'un récipient en gré fêlé et haussa les épaules :
« Depuis le printemps passé. »

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Ven 16 Jan 2015 03:18 
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Adèle était retournée vaquer à ses occupations laissant à Hrist le temps de se dévêtir. Elle retira la vieille rengaine de sa botte avant d'entamer sa toilette. L'eau était tempérée et c'était plus que bienvenue pour elle qui avait la peau glacée. Elle entra dans la bassine de bois et fit couler l'eau le long de son corps et ses cheveux. La pluie qu'elle venait de traverser avait fait une partie du travail mais Hrist appréciait le moment. Lorsque la carafe de grès fut vide elle remarqua qu'elle n'avait rien pour essuyer et que remettre sa jupe trempée n'était pas une excellente idée.

« Patiente. Tu vas recevoir la même tenue que la petite Adèle si j'ai tout compris. »

Elle se rafraichissait. L'eau coulait le long de son échine et le froid extérieur ne tarda pas à venir la tourmenter. Adèle arriva enfin après un nombre incalculable de regard lancés vers l'entrée du porche. Fidèle à la première impression, la jeune Hinione ne dit rien et déposa simplement sur un enclos la robe de service et les chaussures. Elle ne lui adressa même pas l'ombre d'un sourire et comme un petit fantôme blanc s'empara des vêtements et des bottes trempées de Hrist en couinant « Je mettrais ça dans les dortoirs.» elle quitta de nouveau les lieux.

« Tout à fait charmante cette petite. »
« En tout cas, ça va te faire tout drôle de te retrouver servante. Nostalgique ? »
Hrist commença à sortir et prit la petite robe qu'on venait de lui apporter.
« Et bien... Je dois dire que mes petites oies me manquent parfois. Il faudrait que j'en fasse venir quelques unes au palais d'Omyre. »

Cèles manqua de s'étouffer en entendant ça.
« T'as le cerveau gelé ? Ursula c'était son nom ? Elle était gourde comme un faisan et avait peur de son ombre. Omyre c'est pas un peu raide pour elle ? »

Hrist ne pu que reconnaître son tort concernant Ursula mais elle répondit :
« En réalité, je songeais plus à Katalina. Je me demande ce qu'elle devient. »
« Sortez les violons. Katalina est un serpent, elle s'en sort au moins aussi bien que toi, elle a sans doute trouvé un rôle qui lui correspond bien. »

Hrist enfila la robe de servante et remarqua que rien ne soutenait vraiment ses formes. La tenue était excessivement serrée à tel point qu'elle eut du mal à l'enfiler avec la peau humide. La matière grattait et lorsqu'elle essaya de nouer la cordelette en cuir qui refermait l'avant de sa nouvelle tenu, elle constata que sa poitrine offrait un décolleté très voyant.

« A un pigment près, toi et Adèle auraient pu être jumelles. »
« Hum ? Un quoi ? »
« Un pigment. C'est.. Laisse tomber, ça ne doit pas t'intéresser puisque ça ne mord pas et ça n'est pas non plus empoisonné. »

Hrist ne prêta pas attention à ce que venait de dire Cèles, elle leva un sourcil surpris en voyant les petites chaussures qu'on venait de lui apporter. De petites choses en cuir avec des motifs de fleur confectionné à partir d'une aiguille chauffée probablement, Hrist avait déjà vu ce genre d'accessoire mais elle avait toujours estimé que c'était bon pour les femmes qui restaient en intérieur ou pour des promenades de couloir, mais elle ne valaient rien en chaussure de marche, au premier pas dehors, elles seraient crottées de boue et s'useraient rapidement.

Elle essaya de contempler son reflet dans la flaque que sa toilette venait de former à terre et estima avoir encore l'air négligé. Les cheveux retombait partout sur le haut de sa robe et n'ayant rien pour les attacher, elle improvisa.

Il y avait bien des cordes épaisses qui servaient à tenir les barricades pour les chevaux entres elles mais rien de bien fin et discret. Elle retira sa dague de dessous un tas de foin pour essayer de la dissimuler sur elle mais la robe étant trop étroite, n'importe qui aurait pu remarquer que la femme cachait quelque chose. Hrist sortit alors de l'enclos où elle venait de faire sa toilette, à l'abri des regards.

« Qu'est ce que tu fous ? Tu vas te faire repérer avec ton coupe-gras ! »
Hrist tenait le manche dans la paume de sa main, la lame plaquée contre son bras de façon à ne pas se faire remarquer trop facilement.

« J'ai vu qu'il y avait des jeunes gens qui taillaient des flèches. Sur quoi ils les essaient à ton avis. »

La tueuse avait vu juste. De nombreux arcs en bois non chauffés étaient entreposés à proximité des forges de façons à ce que lorsque le feu faiblit on puisse l'employer à faire chauffer le bois et le rendre plus solide. Un travail de maître auquel Hrist n'entendait absolument rien, de plus, elle n'aimait pas les armes de jet.

La corde à arc était ce qu'il lui fallait et par chance, elle se trouvait en abondance disposée en gros sur les tonneaux. Après s'être assurée que personne ne la regardait, elle piocha à l'aveugle trois cordes et bien qu'à la base, elle n'en voulut que deux, elle s'éclipsa avec son butin vers le lavoir.

Hrist déposa devant elle les trois cordes grisâtre et réfléchi un instant. Après réflexion, elle estima nécessaire de découper deux d'entre elles. Une qu'elle utilisa pour attacher ses cheveux en arrière afin de ne pas être gênée. La seconde pour attacher la dague à sa cuisse après lui avoir enveloppée la lame dans un tissus qu'elle venait de découper pour ne pas s'empoisonner elle même. Il lui restait donc deux morceaux de corde de bonne taille. Elle commençait à affectionner la strangulation et préférait avoir une corde solide à portée de main si elle devait éliminer quelqu'un sans avoir à utiliser son arme tranchante.

Elle noua autour de son bras gauche un petit bracelet qu'elle plaça à mi-bras pour y glisser un morceau de corde suffisant pour étrangler quelqu'un.
« Il t'en reste un morceau. Tu devrais peut-être le cacher ailleurs, on ne sait jamais. »

Hrist savait qu'elle devait se montrer prudente et aussi, elle tressa grossièrement la dernière corde et la dissimula entre ses deux seins. Après une courte vérification pour s'assurer que rien ne lui manquait et que rien ne paraisse suspect dans l'accoutrement d'une servante, elle retourna vers les forgerons pour trouver l'homme qui venait de lui accorder un poste.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Jeu 22 Jan 2015 23:46 
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L'elfe bleu qui avait procédé à son accueil était toujours au pas de la porte. Adèle semblait être déjà rentrée. Hrist approcha en se frottant les mains pour se réchauffer les doigts et attendit qu'on lui fasse signe, ce qui ne tarda pas, en effet comme le dit le préposé, il y avait fort à faire et chacun des travailleurs de la guilde se voyait récompensé par un lit sec et un repas chaud.

Enfin, elle entra dans la maison, remplissant son premier objectif qu'était l'infiltration de la guilde des armuriers de Lebher.
L'intérieur était bien plus simple qu'il n'y paraissait. Les dortoirs étaient disposés derrière un petit panneau de bois qui faisait office de corridor pour les passages et empêchait les dormeurs d'être dérangés par les courants d'air.

" Vous verrez, ici, il y a beaucoup d'activité. " Dit simplement son guide. Tous deux, ils traversèrent le petit couloir sombre, les bougies étaient éteintes. Au bout de ce couloir descendait un escalier de pierre, un autre, derrière un renfoncement grimpait jusqu'au premier étage. Hrist avait compté de l'extérieur trois étages, le dernier étant sous les toits et elle estimait qu'il était fort probable que le colimaçon de pierre continue son ascension jusqu'au toit.

Lorsqu'on lui présenta le bâtiment, elle répondait toujours poliment et salua chaque personne qu'elle rencontrait au travers des couloirs et des escaliers. Ils descendirent jusqu'à ce que, éclairé par quelques torches, elle entra dans une grande salle à manger, le mobilier était modeste, certes, mais toutes ces tables de bois serrées les unes contre les autres face au foyer central avaient quelque chose de chaleureux et d'apaisant après ces heures à souffrir du froid. Une jeune servante s'occupait de remuer quelques braises, penchée au dessus de gouffre rougeoyant qui dégageait une agréable fumée de bois sec brûlé. Lorsqu'ils continuèrent en traversant la pièce, une nouvelle bûche fut offerte aux flammes qui en se réanimant éclairèrent la pièce d'un jaune clair.

" Êtes-vous lettrée, jeune fille ? "
Sa question ne l'étonnait guère. Après tout, Hrist savait qu'elle s'exprimait mieux que n'importe quelle bonniche. Elle acquiesça :

« J'ai eu un enseignement, je sais parler la langue commune, la lire et l'écrire. Les autres langues me sont inconnues. »
Il ne répondit rien, Hrist fut accompagnée dans une cuisine située encore en contrebas de la salle de repas. La cuisine était simple, toute de pierre, bien que sombre, elle disposait d'un éclairage naturel qui servait en réalité à envoyer de l'extérieur les denrées par une petite fenêtre qui, à en juger par les ombres des passants qui se dessinaient derrière, à peine plus haute que le niveau du sol. Au sein de la pièce, un foyer central à même le sol rouge de braise, des tables de bois grasse et un autre foyer renfoncé dans un mur derrière un homme qui dormait sur une de ces chaises à bascule en bois.

" Voici Norel. Il semble dormir, peut-être est-ce le cas, mais ne vous méprenez pas jeune fille, souvent il fait semblant pour vous surveiller et veille à ce que personne ne vole de nourriture ici, il y a tellement d'estomac à nourrir qu'elle est rationnée et l'hiver est rude, les récoltes ne sont pas fameuses cette année. Mais nous ne pouvons pas encore nous plaindre, chacun aura son repas chaud par jour, même vous. Mieux qu'une vie précaire sur les routes."

L'homme qui dormait était assez large pour déborder de chaque côté des accoudoirs de la chaise. A la fois muscle et graisse, il semblait dans la force de l'âge où le poids de ses excès se faisait sentir sur son corps. Quelques mèches s'échappaient d'un fichu de cuir qu'il portait sur la tête, sa barbe irrégulière laissait entrevoir quelques poils blancs naissant. Un gros nez retroussé, les lèvres pendantes et moites juchée sur son double menton ratatiné sur sa tenue crasseuse, Hrist conclu bien vite qu'il avait tout pour plaire. Ce qui retint surtout son attention c'était qu'il continuait à se basculer, comportement anormal pour quelqu'un supposé dormir, de fait, il provoquait le mouvement à l'aise d'un petit mouvement de jambe qui faisait grincer la chaise à chaque fois qu'elle allait et venait.

'" M'étonnerait qu'il dorme lui. ")

Hrist n'attendit pas que l'elfe bleu reprenne la parole. Elle demanda :
« Que dois-je faire ? J'ai quelques talents de cuisinière également. Je pourrais vous être utile pour beaucoup de choses. »

Un petit sourire carnassier lui tira la lèvre quand elle repensa à sa dernière fournée, quelques années plus tôt au mariage des infirmes quand elle avait offert à une famille leur propre fils à manger. Vu comment les invités s'étaient jetés sur la nourriture, c'est qu'elle ne devait pas être si mauvaise, bien que leur fils difforme était aussi repoussant que Norel.

" Je n'en doute pas ma petite Lys. Je n'en doute pas. " Il lui adressa une tape sur l'épaule et lui indiqua qu'elle pouvait commencer à éplucher quelques légumes à mettre dans la marmite du soir. Chacun y allait de sa petite contribution même si les servantes faisaient le plus gros du travail.

" Elle n'est jamais totalement vide. On y ajoute chaque jour de l'eau, des légumes, de l'ail sauvage, quelques fèves et céréales, du mouton de la veille doit encore être au fond. Regardez, les os sont tellement cuits qu'ils se cassent comme un rien. "

Il souleva une louche de bois au dessous de son nez, le brouet était épais et fumant, mais son odeur était agréable bien que le visuel ne le soit pas.

" Quelques garçons vont revenir de la chasse avant la nuit, vous préparez ce qu'ils apportent, en attendant vous découperez les légumes et vous assurerez que le foyer reste bien chaud. "

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Sam 24 Jan 2015 22:32 
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Norel avait cessé de bouger, il avait enfin succombé au sommeil qui devait le tirailler à force de rester les yeux clos, bercés par le mouvement de sa chaise à bascule et la chaleur soporifique du foyer.

Hrist, seule avait du se débrouiller pour trouver quelques bûches entreposées non loin dans un petit cagibi derrière un rideau gras. Elle alimenta le feu qui éclaira davantage la pièce et commença à éplucher de nombreuses carottes qui baignaient dans une bassine d'eau boueuse. Quelques ronflements virent interrompre le bruit régulier d'un petit couteau qui claquait sur une plaque de bois. Le travail était répétitif mais Hrist était surtout obnubilée par son plan.

(" Je pense avoir fait le bon choix. Personne ne va suspecter une bonniche dans une si grande maison. ")
(" J'espère que tu vois juste. Quel est le programme alors ? ")
(" Et bien... Le grand danger serait que la taupe trahisse ses compères à la milice et qu'ils se fassent exécuter. Mais il n'aurait aucun intérêt de le faire actuellement. Tant qu'il peut glaner des informations, il sera payé par ses employeurs et donc il ne vendra des noms que si sa vie venait à être en danger. D'où l'intérêt d'être discrète. Je ne sais pas qui ils sont ni même comment les reconnaître, mais je prendrais le temps. ")

Un temps passa. Hrist tomberait bientôt à court de carottes.

(" Et si tu n'as plus le temps ? S'il venait à être compté. ")
('' Alors il faudra forcer les choses. Mais ça risque de créer plus de problème que d'en résoudre, les infiltrés n'ont pas connaissance de mon existence, ils seraient donc plus à même de se croire découvert que la taupe de se sentir traquée. Ou alors, et en cas de dernier et extrême recours... ")

Quelqu'un ouvrit la porte du haut des escaliers et descendit les marches. Un jeune garçon en capuche de cuir avec une chaude houppelande de laine qui lui couvrait la moitié du corps. Les bottes crottées de boue et les vêtements trempés, il se tapait les flancs pour se réchauffer et se précipita vers le foyer, manquant de réveiller Norel qui émit un bruit de bouche pâteux avant d'enfoncer de nouveau son menton et de se rendormir.

" Bonjour ma petite. J'ai cru comprendre qu'on a une nouvelle tête, bienvenue. Vous verrez, z'allez vous plaire ici. Mon nom est Jofre. Je viens d'une petite partie de chasse et regardez moi ça ! "

Il tira d'un sac de toile deux gros canards qu'il jeta sur le plan de travail de Hrist.
" Ils sont beaux n'est-ce pas ? D'autres chasseurs vont vous apporter quelques gibiers, une fois rôtis, ça sera délicieux ! "

Hrist ne répondit rien, elle mima un sourire et souleva un des canards morts. Les plumes étaient douces et ses ailes encore raides et solides se déployaient lorsqu'elle manipulait l'animal. Du sang coulait de son bec et son cou était mou et faible, il avait probablement été tué par une fronde. Hrist ne voyait pas si le jeune homme en portait une à la ceinture à cause de sa houppelande. Il découvrit le bas de son visage dévoilant des traits assez fins et juvéniles. Ses vêtements commençaient à fumer et dégager une senteur de sous-bois et la douceur des feuilles d'automne.

Voyant que la nouvelle servante ne dit rien, il la salua poliment et retourna sur ses pas réchauffer ses membres au foyer supérieur où il trouverait un camarade de conversation.

(" Tu allais dire ? ")
(" En dernier recours, l'élimination totale et radicale de toute personne vivant et travaillant ici. Un gigantesque brasier dans lequel se noieraient les travailleurs et les servants. ")

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Mer 28 Jan 2015 16:27 
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Après avoir exposé ses plans apocalyptiques à sa Faera, Hrist avait découpé les carottes en de grossiers tronçons qu'elle avait jeté dans le brouet avec un demi-seau d'eau. Elle éplucha une dizaines d'oignons et les jeta aussi dans le chaudron fumant après les avoir coupés en quatre.

D'autres chasseurs arrivèrent et une autre servante vint vite la rejoindre pour l'aider à plumer et préparer les nombreuses têtes de gibier qui arrivaient.
Hrist rencontra trois autres hommes, Osmald, grand homme aux cheveux clairs et au visage carré qui parlait d'une voix étonnamment douce par rapport à sa carrure ainsi que Larzul, un elfe bleu très jeune qui l'accompagnait dans ses parties de chasse. A eux deux, ils avaient apportés quelques moineaux, un hérisson et deux étourneaux raides comme des bûches. Le dernier homme était plus énigmatique, il n'avait pas prononcé le moindre mot, étant venu se réchauffer et croquer dans une pomme au coin du feu, il se camouflait sous une capuche rapiécée maintenue à un vieux manteau hors d'âge usé jusqu'à la corde. Au départ, Hrist ne comprit pas pourquoi il conservait sa capuche sur la tête mais ce n'est que lorsque les flammes eurent éclairé son visage qu'elle vit un trou béant au niveau de son oeil et une profonde cicatrice qui lui marquait le visage, écrasant ce qui était autrefois son nez et sa bouche.

Lorsque la jeune servante qui s'était placée en face d'elle remarqua que Hrist observait silencieusement l'homme, elle lui donna un petit coup sur la main avec un légume. Son visage était pâle, les traits clairs bien qu'elle lui semblât fatiguée, elle fit un léger signe de tête à Hrist qu'elle comprit comme " Ne le regarde pas ".

Peu après, il s'en alla et Hrist demanda :
" Qui est-il ? "

La jeune servante répondit doucement :
" Un ancien voyageur. Un herboriste qui enseignait aux sage-femmes. La maîtresse du domaine est enceinte, son enfant viendra au monde dans quelques jours, puisse-t-il naître homme. "

Un grincement derrière Hrist interrompit la conversation. Norel se leva difficilement, transit par la chaleur des deux foyers qui se trouvaient devant et derrière lui. En se déplaçant, il envoya une odeur puissante de sueur que Hrist n'avait pas reconnu jusque là, trop occupée à découper des légumes.

Il marmonna quelque chose en voyant Hrist et s'en alla à l'étage, s'engouffrant dans l'escalier qu'il grimpa doucement.
" Il y a beaucoup d'humains par ici. Je croyais que Lebher était une ville qui appartenait aux elfes bleus. "
" Il y a de tout. Les attaques poussent les gens à s'installer dans la ville la plus proche, avec de préférence les murailles les plus hautes et solides. Il y a encore bon nombre de villages alentours qui restent sans défense face aux monstres qui se terrent dans la forêt. "

Hrist comprit ce que la jeune femme lui racontait, elle sentait quelque chose dans sa voix comme étant une gêne, peut-être elle même venait d'arriver et avait dû quitter son village dans l'espoir d'être protégée au sein de Lebher. Quoiqu'il en était, elle préféra se concentrer sur les quatre personnes qu'elle avait rencontré, Jofre, Osmald, Larzul et l'inconnu. Tous avaient quelque chose de particulier sauf le dernier, des chasseurs et à en juger le butin ramené, ils semblaient bons tireurs, les têtes étaient cassées à l'aide d'une fronde et les oiseaux eux, étaient touchés habilement à la tête. Par expérience, elle savait que chasser était un art difficile et que sans le pouvoir de sa Faera, elle aurait connu des jours difficiles tiraillée par la faim le long des routes.

Silencieusement, elles plumèrent les canards et les oiseaux, la jeune servante elle, s'occupait du hérisson, Hrist ne se pensait pas capable de le faire correctement. Elles accrochèrent les prises par les pattes à une poutre et coupèrent les gorges pour laisser le sang couler. Norel quant à lui revint les bras chargés de lourdes bûches de bois qu'il entreposa dans un vacarme assourdissant.

Il inspecta le travail des deux femmes en tournant autour d'elle comme un vieux vautour affamé, il donnait des frissons à Hrist qui avait un sale pressentiment vis-à-vis de cet homme.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Mer 28 Jan 2015 17:41 
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Les canards vidés et le restes des prises avaient été mis à cuire roulés dans de l'argile sur les braises de façons à ce que la chair reste tendre et succulente selon la jeune servante qui visiblement, avait de meilleurs compétences en matière de cuisine que Hrist.

La jeune femme, bien qu'en apparence timorée et silencieuse semblait ravie d'avoir une nouvelle connaissance avec qui travailler. Dans sa bonne humeur, elle proposa de confectionner pour le repas des rastons. De petits pains fourrés au miel et aux oignons qu'elles laissèrent cuire sur la pierre supérieure du foyer refroidissant. Les doigts collants de miel et de restes de pâte, la servante qui portait le nom de Belle lui tendit un des rastons encore fumant du bout des doigts. Hrist croqua dedans et se jura que rien n'était plus agréable qu'une pâtisserie chaude après de longues heures dans le froid.

A l'étage, l'animation commençait à battre son plein et les travailleurs s'installaient en même temps que les chasseurs et hommes et femmes de maison. Belle et Hrist remplissaient une marmite moins large que celle du foyer pour la monter et servir les affamés.

" Récupère aussi les os au fond. Ils sont tellement cuits que les hommes aiment bien en récupérer la moelle. "

Belle de son côté empila les quelques rastons sur une grande assiette de bois accompagnés de quelques grappes de raisin jaunes et brillants. Des rires et des exclamations joyeuses éclatèrent dans la salle commune et lorsqu'elles grimpèrent les escaliers, leur venue fut acclamée par des " Aaaah " de soulagement. Le brouet était difforme, épais et fumant mais un jeune barde avait apporté des tranches de lard fumé qui étaient disposées partout dans la pièce que les hommes laissaient tremper dans leur soupe pour la rendre plus consistante. De joyeux gaillards découpèrent de larges tranches de pain et le trempèrent dans le brouet en buvant de grandes rasades de bière.

Le jeune barde ne tarda pas à amuser l'assemblée d'un morceau de luth et les travailleurs satisfaits du divertissement tapèrent des mains sur la table pour donner le rythme au jeune homme puis ils chantèrent tandis que les premiers s'absentaient déjà pour passer une bonne nuit de sommeil dans un lit sec avec l'estomac plein.

Hrist mangea à peine si ce n'était qu'un maigre bout de canard et un cartilage qu'elle mordillait en silence en observant les flammes de la cheminée. Perdue dans ses pensées, le monde semblait ralentir autour d'elle, les voix se déformaient, les ombres s'étiraient sous la danse des flammes et son silence ne fut interrompu que lorsqu'une main se posa sur son épaule.

Hrist sursauta légèrement, Belle avait senti sa surprise et s'excusa non sans cacher un sourire amusé.
" Viens m'aider, on va ranger les assiettes et les cruches vides avant qu'il n'y ait de la casse. Norel déteste la casse. "

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Mer 28 Jan 2015 18:16 
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Les chanteurs étaient maintenant silencieux. Les deux servantes frottaient la table avec des chiffons pour retirer les traces et le gras avant de terminer d'empiler de hautes tours d'assiettes bancales pour les descendre à tremper dans un bain d'eau salée et les ranger.

Après le repas, le travail dura encore quelques heures, c'était le temps nécessaire pour tout ranger et nettoyer les locaux avant d'approvisionner les feux de façon à ce que cette pièce reste toujours chaude. Belle se frottait doucement les yeux et émit un baillement semblable à celui d'un petit chat. Hrist quant à elle, n'était pas fatiguée, elle était trop pensive quant au déroulement de la traque pour songer à dormir et bien qu'elle travaillait de façon distraite, Belle commençait à discuter avec sa nouvelle amie. Elles discutèrent un instant du passé, de la vie et à quoi elle ressemblait avant l'invasion de Pohélis quelques années plus tôt. Belle venait effectivement d'un petit village et ses parents l'avaient vendue comme servante au domaine de Lebher, tant pour la protéger que de subvenir à leurs besoins, elle était l'ainée d'une grande fratrie et n'avait depuis ce jour, ni revu, ni entendu de nouvelles de ses parents.

" Je pense qu'un jour, j'y retournerai, quand les routes seront moins dangereuses. "

La cuisine sentait bon le fumet de viande et la cendre tiède. Belle attisa quelques braises rouges et brillantes avant de s'emmitoufler les épaules dans un petit linge gris tout usé.

" Bon, on va pouvoir dormir aussi. On se lèvera au petit matin. "

Elle venait à peine de terminer ses mots qu'un hurlement au loin la fit tressaillir. Un hurlement perçant et animal qui venait de l'extérieur des murs de la ville. Belle jetait de petits coups d'oeils aux alentours et resta silencieuse, le visage de marbre et les yeux écarquillés. Malgré le vent qui frappait les carreaux et les volets et la pluie qui battait les murs, elles entendirent un autre hurlement. Plus proche et plus fort. Bien qu'elle souriait à Belle, Hrist sentit un léger frisson lui courir le long du dos.

" Ce n'est qu'un loup. Probablement solitaire puisqu'aucun ne répond à son appel. "

Belle fit un signe de tête et dit :
" Il... Il n'y a aucun loup par ici depuis des lustres. "

Hrist resta un instant silencieuse. Un autre hurlement défia le cri du vent et de la pluie.

" Jofre et Osmald doivent peut-être savoir quelque chose !"

S'écria-t-elle en passant si vite à côté de Hrist qu'elle manqua de lui donner un violent coup d'épaule. Les deux femmes grimpèrent les escaliers en vitesse pour accéder aux dortoirs et aux couloirs. Même tard le soir, il restait souvent quelques âmes qui restaient silencieuse à méditer non loin d'un feu.

Jofre visiblement avait eu la même idée que Belle et au détour d'une porte, vint à la rencontre des derniers éveillés dans la salle commune. En ouvrant la porte si vite, Jofre cogna Hrist au visage et elle tomba à la renverse, s'échouant sur son postérieur.

" Lys ! Vous allez bien ? Mon Dieu, vous saignez ? "

Légèrement sonnée, Hrist opina du chef et un léger filet de sang commença à couler le long de son front.

" Oh non, non je suis vraiment désolé, mille excuse Lys. Laissez moi voir ça ! "

Jofre se jeta sur elle, écartant doucement ses cheveux noirs pour mieux observer la blessure et estima que ce n'était rien de grave. Hrist ne dit rien, deux hommes bien aimables l'aidèrent à se relever tandis qu'elle jouait la jeune femmes désorientée. On lui offra un gobelet de vin chaud qu'elle bu sans se faire prier, écoutant ce que disaient les autres vis-à-vis du loup.

La réaction ne fit pas un pli, tout le monde l'avait entendu, il ne s'agissait pas que d'une erreur de la part des deux servantes. Jofre annonça sans détour qu'il n'avait jamais vu de loup ni même de traces lors de ses chasses. Il en allait de même pour Osmald et son assistant.

" Les orques utilisent des loups... "

La voix venait de derrière Hrist, pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait, la tueuse avait parfaitement compris qu'il s'agissait du vieux voyageur à la cicatrice.
Face au silence et aux regards effrayés Jofre dit :
" Allons. S'il s'agissait de loup et d'orques, la cloche d'alerte retentirait. Je crois que nous devrions nous reposer. Il est tard et demain, une autre rude journée nous attend. Il doit s'agir d'un loup commun et solitaire qui poussé par la faim s'est aventuré en dehors des bois. Demain je regarderais si je vois des traces du loup. "

Il fit une pirouette et salua l'assemblée, tapotant chaleureusement la main de Hrist au passage et lui murmurant un excuse supplémentaire avant de quitter la salle.

Hrist se retourna. Elle n'avait jusque là pas encore remarqué le vieil homme assis dans un coin sombre de la pièce, couvert de sa houppelande jusqu'au cou adossé aux pierres rendues chaudes par le foyer, il était difficile de voir où portait son unique oeil et s'il l'observait ou non.

En silence, Hrist fut conduite par Belle jusqu'au dortoir des servantes. Une pièce plus humide et froide que la salle commune, il y avait deux lits, celui de Belle et le sien, les autres servante dormaient dans un autre dortoir, toujours par deux, c'était ainsi qu'elles travaillaient.

" On doit veiller l'une sur l'autre, si quelque chose est trop lourd pour moi, alors tu viendras m'aider et il faut reconnaitre que c'est aussi plus confortable de ne pas travailler seule, parfois les travaux sont un peu ingrats mais nous sommes bien traitées. "

Un autre hurlement perça le ciel. Cette fois-ci, il semblât venir du mur de Lebher. Comme si l'animal était venu au plus près de la ville pour en tourmenter ses habitants.

Le reste de la nuit demeura silencieux, à la surprise de tout le monde.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Mer 28 Jan 2015 23:39 
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Une petite lueur traversa les persienne et illumina la petite pièce. Le vent avait malmené les volets et à force, n'étaient retenus en place que grâce aux charnières, laissant entrer plus de lumière qu'à l'origine. Belle dormait toujours, recroquevillée en position foetale. Hrist quant à elle n'avait pas connu de lit propre et sec depuis des semaines et bien qu'elle ne se sentait pas fatiguée, le sommeil est venu la cueillir dès les premiers instants.

Belle se leva douloureusement avec la mine de ceux qui venaient de passer une nuit trop courte. Elle se dirigea vers une petite assiette creuse qui contenait de l'eau et entama un semblant de toilette. Après s'être toutes deux préparées et dûment habillées, elle se dirigèrent vers la salle commune qui, contrairement à ce qu'elles pensaient, était complètement vide. Le foyer n'avait pas été alimenté et sous la cendre, les braises avaient l'aspect de petites veines qui émettaient une faible lueur.

Belle entendit quelque chose qui n'alerta pas immédiatement Hrist mais qui ne tarda pas à lui venir à l'esprit. Dehors, on n'entendait aucun bruit de forge ni même des ordres qu'un maître lançait à son apprenti, l'agitation s'entendait toujours, mais elle était différente. Poussées par un élan de curiosité, elles traversaient le couloir silencieusement jusqu'à s'être rendue dans la cour extérieure.

Les ouvriers et le personnel d'entretien étaient amassés à la sortie du porche, ils se protégeaient de la pluie et du froid serrés les uns contre les autres en observant quelque chose. Mais quoi ?

Il fallut à Belle et Hrist un instant avant de pouvoir traverser la foule qui s'était agglutinée dehors. Tous observaient un nouvel exode, des Elfes blancs et bleus entraient en ville, certains n'avaient rien, ne portant sur le dos que de petites chemises de lin, d'autres avaient pu embarquer sur des chariots quelques meubles, peu de provisions, quelques moutons perdus, deux trois poulets affolés et un veau loin de sa mère. Quelques chevaux étaient tirés sous la pluie par de pauvres hères blessés.

" Par Gaia, que s'est-il passé ? "

Un homme bâti comme un roc au tablier de forgeron répondit tout en faisant taper son marteau sur le plat de sa main :

" Des villages ont été attaqués cette nuit. Les loups et les orques. "

Quelques murmures paniqués s'élevèrent dans l'assemblée. Dans les rues, les réfugiés s'entassaient à même le sol sous le regard curieux des habitants qui ouvraient peu à peu leurs fenêtres, étonnés du spectacle de si bon matin.

" Et cette pluie qui n'en finit pas. Il gèle et il pleut en même temps. C'est pas normal. Quelque chose se trame. "

Un autre prit la parole :
" Gol a raison ! Ca doit être la magie noire des orques qui veulent ruiner nos récoltes ! Les champs sont inondés et les grains pourrissent. Regardez ! " Le petit homme tira d'un sac de lin autour de son cou une poignée de graines noircies et flétries.
" Elles sont pourries. Infectée du milou. Il y a quelques années, je n'en aurai pas donné à mes cochons mais aujourd'hui, je peine à trouver mieux. "

Jofre qui était dissimulé dans l'assemblée prit à son tour la parole.

" On a de quoi tenir avec la chasse et ce que l'on trouve à cueillir, mais s'il faut nourrir tous ces réfugiés... " Il observa désemparé le flot incessants de sinistrés silencieux qui entraient dans la ville. Les gardes étaient totalement désemparés.

Hrist se retira en silence.
" C'est assez surprenant. S'il y avait un informateur ici, il aurait probablement été au courant de l'attaque. Et à ma connaissance, la milice se trouve à deux pas et il n'aurait eu aucun mal à donner l'alerte. Et les veilleurs ? Qu'est-il advenu des veilleurs ? Ils auraient pu voir le loup et les soldats. "

Elle observa le ciel. D'épais nuages noirs venaient de recouvrir l'ensemble de la voûte et la pluie tomba plus fort encore. La ville était assez silencieuse, les réfugiés ne parlaient pas, ils avaient tous la mine basse, contemplaient l'étendue de leur désolation et soignaient au mieux les blessés.

Une autre personne sortit alors de la guilde. Une jeune femme, elfe et enceinte jusqu'aux oreilles, Hrist se souvint alors des dires de la petite Belle et compris vite qu'il s'agit là de la propriétaire de la guilde. Les autres se dispersèrent et commencèrent à travailler timidement mais aucun n'y mettais de cœur à l'ouvrage. La jeune elfe bleue observa ce qui se passait et avec un visage déconfit rentra après s'être brièvement adressée à son chambellan qui s'avérait être l'elfe qui avait validé son entrée dans la guilde la veille.

Hrist vit même Adèle, la jeune servante qui pleurait adossée à un poteau devant les sinistrés qui entraient, encore et encore jusqu'à ce que les rues de la ville en soient pleines. La boue montait jusqu'aux molles des marcheurs et les essieux s'embourbaient facilement et bloquaient parfois l'accès aux ruelles les plus étroites.

Les miliciens ne tardèrent pas à être déployés. Ils réquisitionnèrent les granges, les caves, les entrepôts qui de toutes façons, ne contenaient plus assez de réserves de farine ou de fèves. Le capitaine de milice avait même ordonné que les navires soient amarrés pour loger les derniers sinistrés ce qui avait valu une forte protestation des pêcheurs qui étaient le dernier rempart de Lebher contre la faim. La ville ne comptait pas assez de bons chasseurs comme Osmald et Jofre pour satisfaire tous les besoins.

Quelques cavaliers s'en allèrent aux différentes villes et villages alentours pour demander des vivres et de l'aide. Et soudain, elle le vit.

Hrist vit le milicien qui était à bord de l'engin volant elfique. Le même homme. La même voix et le même symbole à l'épaule qu'était le blason de Kendra Kâr. Même si elle estimait qu'il était impossible qu'il la découvre, elle tourna la tête et se hâta d'entrer dans la maison.

Belle était retournée dans le dortoir où elle sanglotait. Hrist n'osa pas entrer, il lui suffisait de passer devant la porte pour comprendre qu'elle s'inquiétait pour sa famille, elle n'avait pas reconnu les siens parmi les survivants et les blessures de certains avaient été choquantes pour une jeune femme si prude.

Norel bouscula Hrist en passant dans le couloir, il avait été assez furtif malgré sa carrure chose qui ne manqua pas de surprendre la tueuse. Elle ne dit rien et l'observa s'éloigner, elle passa le bout de ses doigts entre ses jambes pour vérifier que le fil qui tenait son arme était toujours bien tendu et qu'elle ne s'échapperait pas.

" Ca sent bon le chaos. Un plan génial ? "
" Je n'en ai aucune idée. Je devrais peut être essayer de trouver quelques informations à la milice, qu'en penses-tu ? "
" Pourquoi pas, ils ne vont pas ouvrir leurs portes aux réfugiés et les gardes auront fort à faire pour y rester. "

Hrist se trouva une tâche à faire, de préférence répétitive et qui ne lui demandait pas trop d'attention de manière à pouvoir continuer de penser. Elle commença par frotter les tables et nettoya le fond des cheminées éteintes pour empêcher les cendres d'étouffer les futures braises, découpa quelques carottes et s'aperçut avec effroi que le fond de la marmite était bien maigre et qu'avec les centaines de nouveaux estomacs en ville, il se pourrait que tous se mettent à souffrir de la faim.

Les dernières nouvelles tombèrent petit à petit. On apprit que le veilleur de nuit du haut de la tourelle en face de la guilde avait fait une mauvaise chute en glissant sur la boue et qu'il s'était cassé le cou sur un tonneau. Que les orques avaient attaqué un village situé beaucoup plus loin et que la présence du loup n'était pour certains qu'une coïncidence, pour d'autres un mauvais présage qui annonçait le malheur sur Lebher et pour les plus pragmatiques, un loup d'orque qui s'était perdu et était venu crier son désarroi aux portes de la ville. Quoiqu'il en était, les orques avaient dérobés chaque moulin et les fermes pour s'emparer de toute la nourriture trouvable.

Jofre, Osmald, Larzul, Norel et l'inconnu étaient à table en compagnie des forgerons et des apprentis chasseurs. Certains fumaient tandis que les autres ruminaient simplement leurs sombres pensées.

" Faudrait envoyer toute l'armée pour les déloger. " Dit le forgeron en tapant du poing sur la table. Face au silence des autres, il continua :
" On a fabriqué assez d'armes, chaque enfant mâle peut en porter une et aller leur flanquer une bonne correction ! "

" Les orques sont bien protégés... Même l'armée du roi peinerait à traverser les murs de Pohélis. Sinon ils ne se terreraient pas derrière. Et que faites-vous des treize et de leurs créations abjectes. On dit qu'il transforment les vivants et même les morts pour les asservir. Il en faudrait des gars hardis avec les tripes solides pour vaincre ce fléau. "

Larzul dit avec toute la philosophie que lui accordait son âge :
" T'façons, c'est toujours le menu fretin dans notre genre qui trinque."

Hrist de son côté, comprenait doucement.

Les orques n'avaient pas mis au point une magie pour faire pleuvoir sans arrêt et saccager les récoltes, même si l'idée était intéressante, le forgeron se trompait car les orques volaient la nourriture des paysans, c'était donc qu'eux aussi commençaient à éprouver des difficultés à se nourrir. Et si les chefs de meute étaient un rien intelligent, les assauts allaient continuer, profitant que les soldats et les gardes soient débordés par l'exode de façon à amasser davantage de nourriture.

Hrist quitta la pièce, laissant les hommes à leurs réflexions.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Jeu 29 Jan 2015 19:01 
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La journée avança lentement. C'est comme si l'arrivée des survivants avait réduit le moral de tous à néant. Et cette pluie qui n'en finissait pas. Hrist entendit que la plupart des réfugiés avaient été installés dans la ville basse, là où vivent les roturiers et les plus humbles. Adèle, Belle et Hrist reçurent pour consigne d'aller apporter du pain et des réserves de viande séchée aux sinistrés qui n'avaient plus rien. Les hommes quant à eux, chargeaient un chariot qui contenait des buches de bois afin de les réchauffer. La boue était tellement collante que les trois jeunes femmes durent s'entourer les chaussures de chiffons et de linge pour ne pas les abimer et elles avancèrent péniblement les bras chargés de victuailles. Les hommes derrière, beuglaient au cocher d'aller moins vite car l'essieu s'enfonçait dans la boue et qu'à force, ils se casseraient le dos à le dégager de là.

Hrist avait déjà beaucoup voyagé, entre Tulorim, Bouhen, Kendra Kâr, Omyre et Caix Imoros, elle savait que chaque ville avait une odeur particulière, mais si Lebher et ses alentours devaient sentir le poisson durant la belle saison, elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur la puanteur qui planait sur la ville.

Les maisons devenaient plus frêles, certaines avaient le toit effondrés et malgré ça, elle aperçut des vivants dans le taudis prêt à crouler. Des familles entières s'entassaient sous de minuscules porches et se rassemblaient autour des rares feux qu'ils avaient pu faire naître dans cette atmosphère moite. Les gardes apportaient des brasiers de fonte pour retenir les braises et faire que malgré la boue et les montées d'eau, ils puissent avoir de quoi se réchauffer.

Les égouts débordaient. Les plus mal lotis pataugeaient dans des flaques d'eau où flottaient des étrons des d'autres choses abjectes qui ressemblaient à des cadavres de rongeurs. Malgré l'élan de bonté qui venait de voir le jour, le butin offert aux réfugiés était bien maigre, les habitants restaient au port, à fixer le large en espérant voir venir des bateaux de pêcheurs les cales pleines à craquer.

Mais le vent seul venait à décourager les plus téméraires. Il était glacé et projetait la pluie sur les visages comme des gifles et irritait la peau déjà malmenée par le froid.

" C'est surprenant qu'avec ce froid, il ne neige pas. Je vais finir par croire que la ville subit quelques mauvais sorts. " Dit Belle, probablement pour elle même d'ailleurs, elle n'avait regardé personne en prononçant ces mots. Les trois femmes arrivèrent bien avant le chariot de bois. Elles donnèrent les vivres si précieuses aux gardes qui se chargeaient d'entasser les victimes au mieux dans les baraques trop étroites, de s'assurer qu'aucun voleur ne vienne arracher les dernières possessions des réfugiés et, hélas, le plus souvent, évacuer ceux dont la vie venait de s'éteindre.

Elles furent remerciées en vitesse, les gardes avaient trop à faire et chacun d'eux était trop important sur le terrain pour entamer de longues conversations avec les habitants, même les plus généreux. Certains autres venaient et offraient de quoi tenir un repas, offrant une couverture ou du foin puis repartaient aussi vite.

" Il faut croire que personne n'a envie de quitter la chaleur de son âtre pour un tel spectacle. " Se dit Hrist en observant les misérables et les blessés. Femmes, vieillards, anciens et vénérables, il y avait bien peu d'hommes, ils avaient sans doute essayé de contenir les orques pour permettre aux femmes et enfants de quitter les lieux, la plupart étaient restés gisants au loin dans les décombres qu'on devinait encore fumant et dispersés par la force des troupes d'Oaxaca.

Adèle pleurait encore, visiblement elle avait autant de peine que Belle, bien que cette dernière fasse preuve de grande pudeur, Hrist devina que la jeune femme avait aussi de la famille ou un héritage dans les villages alentours. Bien entendu, la milice et les soldats ne pouvaient pas se disperser, accueillir les derniers survivants était trop important et de toutes façons, qu'y avait-il à sauver ?

Le récit des survivants était le même, à quelques sanglots près.

La nuit tombée, un hurlement de loup a percé le ciel noir et chargé de gros nuages, puis, des ombres montées sur des loups silencieux ont écrasées les palissades et très vite, faute d'être prêt, ils avaient tous été submergés par l'assaut. Les petites maisons les plus éloignées ayant été réveillées par les cris ont eu juste assez de temps pour se préparer un petit paquet et de mettre les voiles avant de subir le même sort. Les orques n'avaient pas pourchassés les victimes, comme s'ils savaient que les réfugiés envahissant la ville de Lebher serait un terrible fardeau, bien plus cruel que de les égorger jusqu'au dernier.

Hrist regarda encore autour d'elle, remontant un peu son écharpe pour se camoufler le nez, Belle et Adèle avaient déjà de l'avance et s'éloignaient. Le ciel était sombre, les gens pleuraient, l'eau montait et les richesses s'amenuisaient.

Les orques avaient eu raison.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Jeu 29 Jan 2015 22:56 
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Le soir ne tarda pas à tomber. Tous étaient rentrés s'abriter du déluge et les hommes avaient lancé mille jurons abjectes tant la tâche s'avérait difficile, les rues débordaient de boue et d'eau. Il n'était pas difficile d'imaginer que les cours d'eau allaient sous peu se transformer en rivières et les étangs en petits lacs si le temps ne s'améliorait pas.

Nombreux étaient ceux qui prétendaient que les saisons étaient plus clémentes par le passé, mais Hrist s'en moquait éperdument. Certes il était difficile pour ces gens et ces travailleurs de vivre dans une situation aussi précaire, elle qui n'était pas si différente d'eux il n'y avait que quelques années de ça.

La tueuse resta dans la cuisine, Belle lui avait demandé la faveur de pouvoir se reposer un peu, chose que la meurtrière avait accepté sans hésiter, mettant ça sur le compte de la compassion, Belle ne s'était pas posée de question, en réalité, Hrist voulait rester seule, Norel n'était pas là non plus. Il n'y avait presque personne. Les travailleurs mangeaient silencieusement à l'étage, il n'y avait pas de chant ni de jolies chansons, pas aujourd'hui, les gens n'avaient pas le coeur à ça.

Un pêcheur descendit avec un colis trempé enveloppé sur l'épaule.

" Tenez, demoiselle, voici une compagnie peu enviable pour une aussi jolie fleur, mais ne vous en faites pas. " Il laissa choir son colis funèbre sur le plan de travail, faisant sursauter tout le matériel et rouler les oignons que Hrist épluchait. Le jeune pêcheur retira l'enveloppe de cuir de sa prise, dévoilant un énorme poisson tout en longueur. Hrist n'en avait jamais vu de semblable à ce jour.

" Humph. C'est lourd tout ça. Je disais, ne vous en faites pas, elle est bien morte mais prenez garde, ne touchez pas à ses dents, elles sont nocives, on dit que chacune des morsures de la bête s'infecte et cause de violentes douleurs. Rien d'enviable. " Il la salua et s'en alla se remettre au chaud. La Sindel avait délibérément laissé le froid s'installer en entretenant que faiblement les foyers pour dissuader toute visite.

Elle caressa la créature moite échouée sur sa table et timidement, du bout du doigt dévoila sa mâchoire. De petites dents fines, claires et pointues dont la longueur était impressionnante composait un sourire repoussant sur l'animal.

" Elles sont très fines. Si elle venait à mordre quelqu'un, il est fort possible que certaines se brisent et restent dans la blessure. "

Elle caressa encore l'animal. La gencive de la bête était ensanglantée et une coupure laissait entendre qu'elle avait succombé en mordant l'appât d'un pêcheur.

" C'est une murène. C'est pourtant assez commun, tous les pêcheurs et les gens de la mer connaisse ça. Faut juste se méfier de ses dents, un vrai nid à germes et à saleté qui s'infectent. On peut en mourir, pas de la morsure mais des... Enfin, voilà. Vous avez des choses en commun. "

Hrist caressa l'animal.

" Je n'ai pas vraiment le coeur à la découper... Mais je vais essayer quelque chose. "

Hrist avait vu quelque fioles vides sur les étagères, de temps en temps, elles étaient remplies d'huile ou de jus ou encore d'épices sèches, mais par les temps qui courent, il n'y avait rien de bien intéressant à conserver. Elle cassa avec une louche des dents de l'animal. Le bruit était repoussant, un craquement cartilagineux et de nombreux éclats maculaient le plan de bois dans une flaque de sang et d'eau salée. Elle conserva quelques dents de la murène dans un fond de fiole qu'elle compléta avec de l'eau de pluie récoltée plus tôt pour la marmite.

Elle observa son travail, dans le liquide flottaient les aiguilles blanches de la murène, elle espérait que ça mène à quelque chose, comme de conserver le venin d'un serpent.
Quant au reste, ça relevait plus de l'expérimentation. Elle laissa la tête de côté et essaya de la vider à pleine main, entreposant ses entrailles bourrées de cadavres de poissons dans des seaux. Les arrêtes étaient rares sur la surface du corps mais nombreuses et pointues au niveau de la queue. Après s'être piquée de nombreuses fois, elle décida de couper au hachoir la queue de l'animal pour la conserver dans un bouillon chaud dans le but d'une soupe de poisson. Les filets, elle les sala et les enveloppa dans un linge huilé pour les conserver au dessus de la cheminée. Le lendemain, elle les ajouterai au repas.

Puis elle passa un temps à observer le feu.

Une heure.

Et encore une autre. Elle avait retiré sa dague presque machinalement sans s'en rendre compte, peut-être que ça l'aidait à réfléchir, elle en avait besoin pour se sentir entière, se rappeler son allégeance. Le manche de la vieille rengaine était encore croûté du sang de sa dernière victime.

" Je ne crois pas que rester ici soit la meilleure solution. Je vais m'introduire dans la milice pour essayer de trouver un document écrit de la main de la taupe ou autre. N'importe quoi. Un indice. "

Hrist attendit encore un instant et ajouta des bûches dans le brasier. Reconnaissantes, les braises dévorèrent le bois et rongèrent son écorce avec un appétit égal, envoyant dans la pièce une lumière hypnotique et une douce chaleur.

La Sindel grimpa les marches en silence, à l'étage, il n'y avait personne, les dormeurs ronflaient et seuls quelques houppelandes moites séchaient face au foyer. Hrist en récupéra une brune, assez large et épaisse qui permettait de dissimuler à la fois sa forme et son visage. Ses cheveux maintenus en queue de cheval rangés sous le col de sa tenue de servante, elle ouvrit doucement la porte et jeta un oeil à l'extérieur. Personne, aucun travailleurs.

Son heure sonna.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Dim 1 Fév 2015 21:57 
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Hrist ne dormit que d'un œil. Elle savait qu'au petit matin, l'agitation serait assez grande pour justifier qu'elle ne se réveille, tandis qu'elle ouvrait les yeux pour jauger à la clarté du jour si son heure était venue, Belle dormait encore. Ce ne fut qu'une heure d'attente plus tard que la milice cria le haro.

Comme à chaque fois, le cri et la cloche alerta quelques curieux qui se rassemblaient autour de la milice. Hrist se leva et réveilla Belle en lui secouant doucement l'épaule. Alors que la jeune femme gémissait encore endormie, Hrist lui murmura doucement à l'oreille : " Quelqu'un vient de crier Haro. Il y a eu un accident en ville, j'espère que ce n'est pas une victime du loup, ça n'aurait aucun sens. "

A ces mots, Belle se raidit et se redressa, la mine à la fois effarée et encore endormie. Toutes deux se préparaient avec hâte, Hrist restant discrète quant à la marque violette qu'elle portait à la cuisse, fort heureusement pour elle, la robe dissimulait le bleu et Belle ne vit rien. De toutes façons, il y avait fort à parier pour qu'elle soit trop obnubilée par les bruits qu'on pouvait entendre de la fenêtre, même si ces derniers étaient couverts par le fracas des goutes sur le carreau.

Quelques travailleurs martelaient l'acier et les apprentis s'occupaient de garder le bois bien au sec en l'entreposant toujours plus haut à mesure que l'eau gagnait du terrain.

" On en aura bientôt jusqu'aux mollets. Je n'ai encore jamais vu ça. Quel déluge. Les pauvres réfugiés... Ils doivent dormir à même la boue pour certains. "
" Pourtant, Lebher n'accueille-t-elle pas les victimes de raid régulièrement ? " Demanda Hrist avec une curiosité sincère.
" Si. Si bien sûr. Mais les vivres viennent bientôt à manquer. Bientôt on ne vivra plus que de la pêche, et il faudrait des pêches bénies par les Dieux pour satisfaire tout le monde. "

Le forgeron se mêla à la conversation, lui aussi avait été attiré par le haro mais il n'avait pas pour autant cessé son travail, lui qui était déjà aux premières loges, à l'abri sous son porche.

" On est tous conviés à se rendre au temple. Expier et implorer. C'est l'ordre du jour. " Il frappa encore le métal rouge qu'il maintenait à l'aide de grosses pinces, Hrist n'avait pas vu beaucoup de forgerons à l'oeuvre, mais il lui semblât que le métal n'était pas assez chaud et qu'il frappait plus pour passer ses nerfs que pour modeler quelque chose.

Elle ignora les propos du mastodonte et se concentra sur la foule réunie autour de Jofre et de la milice. Un soldat aux emblèmes de la ville s'adressait vigoureusement au jeune chasseur tout en pointant son doigt vers lui, l'air mauvais. Le jeune homme se défendait comme il le pouvait et des éclats de voix ne tardèrent pas.

" Pourquoi le capitaine vocifère sur le pauvre Jofre ? "

Osmald et Larzul faisaient partie de la foule. Hrist ne les remarqua que plus tard. Les passants s'étaient arrêtés et colportaient les nouveaux ragots.

Le forgeron grimaça d'un air étonné et dit :
" Des témoins auraient reconnu sa tenue hier dans la nuit, mais il prétexte être resté dormir. "
" Attendez... " Paniqua Belle comme si elle venait de réaliser quelque chose d'horrible. " Si on crie Haro et qu'on accuse quelqu'un... Ca voudrait dire que Jofre serait responsable d'un meurtre ? "

Le forgeron lâcha ses pinces. Il s'approcha des deux femmes, à l'extrémité du porche et lança un regard noir sur l'assemblée qui débattait et se lançait des clins d'oeils entendus.

" Un garde a été tué hier. Pas de doute possible. Entre celui qui est mort avant hier en glissant et se rompant le cou et celui-ci, la milice va prendre les devants. J'suis sûr que c'est à cause de ces étrangers qui ont profité qu'on fasse rentrer nos citoyens victimes des orques pour s'insinuer dans la ville." Il cracha à terre. " Vermine. "

Hrist lui adressa un regard presque amusé, il avait beau être humain, il estimait toujours être un légitime héritier de cette terre tandis que les autres non-elfes n'en étaient pas. Selon la tueuse, l'ironie n'avait pas de limite.

La pluie dispersa bien assez vite les curieux, les dits-témoins devaient rester sur le seuil de la milice pour se confronter à Jofre. Hrist entendit que c'était sa houppelande qui déclencha le doute, mais ce qu'ils ne savaient pas, c'était que ce n'était pas Jofre qui portaient la dites houppelande, mais elle, d'ailleurs, elle ignorait jusqu'à maintenant que cela puisse incriminer Jofre dans cette histoire de meurtre mais la milice avait de puissants amis dans la ville, Jofre ne fut pas inquiété longtemps.

Le Coroner vint quelques heures après le début du Haro. Il arriva sur un petit canasson suivit de près par un jeune elfe blanc qui lui servait de script. Ensembles, ils recueillirent les déclarations des passants avant de les convier à descendre dans la salle d'arme afin qu'ils ne fasse le jury et qu'ensembles, ils déterminent la cause exacte de la mort. Ce qui était chose aisée en ce genre de situation.

Il remonta suivi du cortège très peu de temps après. Hrist tendit l'oreille et cru entendre des propos affirmant qu'une profonde entaille aurait causé la mort, mais que dans tous les cas, les différentes coupures profondes située sur les membres auraient suffit à faire perdre assez de sang à l'homme, qui bien que fort et sain, aurait périt dans la nuit. Le petit homme qui semblait bien pressé de remonter sur le cheval ironisa en prétextant que le dernier coup avait permis au malheureux d'écoper de longues minutes de souffrance.

Jofre quitta à son tour la milice, il avait l'air moins irrité qu'à son entrée, il arriva même d'un petit pas dansant et embrassa la main de Hrist en guise de salutation.

" Lys, comment allez-vous après ce vilain coup ? " Annonça-t-il de but en blanc.

Hrist senti une piquée d'adrénaline lui traverser le corps et vit déjà démasquée mais ne comprit pas comment.

" Allons, ne prenez pas cet air étonné, vous n'avez pas oublié ma maladresse d'hier avec la porte ? " Il posa une main attentionnée sous la mèche de cheveux de la tueuse et observa avec attention la petite coupure encore rouge et boursouflée à la lisière de ses cheveux.
" Il aurait été cruel d'abîmer un si plaisant minois. " Puis il détourna son attention vers Belle qu'il complimenta d'un air mielleux alors qu'elle n'était pas plus fraiche ni réveillée que Hrist.

Tapis dans l'ombre, Hrist vit une forme singulière. Larzul, la silhouette était conforme à ce qu'il portait comme accoutrement lorsqu'elle le vit plus tôt dans la rue. Larzul les observait et glissa dans l'angle mort jusqu'à ce que la femme ne le perde totalement de vue.

Hrist songea :

" Je me demande si quelqu'un est au courant de ma présence. " Elle continua de réfléchir à cette probabilité et estima que non. Elle avait été prudente et il était improbable que quelqu'un n'ait vent de son existence même.

De la milice, on sortit un corps enveloppé dans un ligne, les soldats y avaient ajoutés quelques peaux de moutons pour rendre la forme difficile à reconnaître pour un oeil non averti.

" Il y a au moins quelqu'un qui savait... Et il ne fait plus partie de ce monde. "

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Mar 3 Fév 2015 17:29 
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" Lys. La Maîtresse désire vous voir. "

Un elfe bleu posa sa main sur l'épaule de la jeune femme pour capter son attention, sa poigne rappela la jeune femme l'ordre, elle qui rêvassait.

" Notre chambellan affirme que vous venez de Nirtim où vous serviez dans une cour. C'est à ce sujet que nous voulions vous parler. Suivez moi. "

Il tourna des talons et avança. Hrist n'était jusqu'à présent, encore jamais allée dans la résidence principale, et même si c'était le cas, elle savait parfaitement que c'était là qu'elle était conviée. Elle n'avait rencontré la maitresse que par une seule et unique occasion, le fait qu'elle soit enceinte faisait qu'elle ne pouvait pas se déplacer confortablement et restait probablement dans ses quartiers.

Situés au premier étage, le petit couloir sans fenêtre qui menait à la maison principale était facilement accessible, même aux travailleurs qui, d'après ce que Belle disait, pouvaient se rendre et exposer leurs doléances un jour par semaine. Traitement que seule une poignée de guildes accordait à ses sujets.

L'elfe bleu ouvrit une porte qui menait à une anti-chambre agréablement chauffée. Du mobilier plus savamment décoré qui n'avait rien à voir avec celui qui était exploité par les travailleurs. Les teintures et les drapés avaient des couleurs chaudes et plus profondes, de même, quelques fleurs fanées étaient disposées au dessus de la cheminée pour dégager quelques doux parfums dans la pièce.

Sans faire attendre la jeune servante dans l'anti-chambre, l'elfe ouvrit immédiatement la porte suivante et conduit Hrist jusque devant la maitresse de maison. Elle était allongée dans son lit, un linge humide sur le front et des pierres chauffées enroulées dans du linge à ses pieds. D'ordinaire, Hrist jugeait l'état des gens à leur teint, mais celui de la femme était d'un bleu des plus communs, il était délicat de savoir si elle souffrait car son expérience en matière d'elfes bleus était risibles.
Le mâle salua la maîtresse et ferma la porte silencieusement.

" Ainsi, tu es Lys ? "

Hrist mima une révérence et sentit sa dague glisser le long de sa cuisse et se redressa.

" Mon chambellan affirme que tu es lettrée. Que tu as fait partie d'une cour. Je peux me fier à son jugement ? "

Hrist opina du chef silencieusement, visiblement elle attendait le fin mot de l'histoire. Quelqu'un avait-il fait un lien avec Keresztur ? Devait-elle se sentir en danger ? La Maîtresse essaya de se redresser tout en maintenant le gros ventre à la peau tendue qui dépassait de sa tunique de lin.

" As-tu déjà assisté à un accouchement Lys ? La sage-femme qui devait s'occuper de mon état ne pourra plus être là depuis les récents événements, la guerre, les récoltes, la pluie et ce loup qui m'empêche de dormir... "

Elle semblait avoir les nerfs à vif. Hrist savait que les femmes une fois enceinte étaient chamboulées par de nombreux maux. Elle mentit :

" J'ai assisté à un accouchement, une humaine qui quelques années plus tôt a offert au monde un beau petit garçon. "

L'elfe bleu sonda les yeux de Hrist. Les siens étaient envahis de larmes, non pas des larmes de tristesse, ça pouvait être des larmes de fatigues, d'irritation ou de peur. C'était ça. Hrist sentit de nouveau la peur dans le regard d'un vivant. Elle sentit une douce sensation de chaleur lui envahir la poitrine.

" Alors tu pourras mettre mon enfant au monde si aucune sage femme ne vient à se présenter ? "
Hrist s'inclina légèrement et dit d'une voix chantante :
" Je le ferais, mais avant ceci, vous aurez besoin de quelques plantes pour soulager les douleurs de l'accouchement. A combien estimez-vous votre terme ? "

La Maîtresse avait l'air plus rassurée, elle s'enfonça doucement dans son lit et une fois qu'elle fut complètement allongée, elle lui répondit que l'enfant arriverait avant la prochaine lune, à savoir avant une semaine.

Hrist continua :
" Aussi, je recommande de ne pas perdre trop de temps, si vous devez commencer à sentir des douleurs, il faut les apaiser pour que votre esprit soit clair et que votre force soit au beau fixe le jour venu. "

" Ermu, l'homme qui t'as accompagnée jusqu'ici te donnera de quoi te fournir chez l'apothicaire. "

Elles se saluèrent et Hrist ouvrit la porte, se rendant compte qu'elle n'était pas complètement fermée et que derrière, ledit " Ermu " écoutait probablement la conversation. La tueuse fronça légèrement les sourcils et tendit la main vers le mâle en disant :

" On dirait que vous savez déjà tout ce qu'il vous faut savoir. Je vais acheter des plantes pour apaiser la Dame. "

Face à son regard incrédule, elle enchaîna :
" Elle en aura besoin pour mener son travail à bien. "

Enfin, il se décida et plongea sa main dans la bourse pour en tirer quelques pièces et les tendit à Hrist.

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Mer 4 Fév 2015 22:51 
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Hrist savait que Larzul l'avait suivie, mais elle ne comprit pas pourquoi. Peut-être était-il l'un des faucons de Xenair, qui l'espionnait pour mieux interpréter et savoir si elle représentait une menace ou non. Quoiqu'il en fut, la tueuse déduisit que dans sa précipitation Larzul avait eu le malheur de bousculer le forgeron et avait eu de la chance de ne pas se prendre un coup de marteau.

Osmald et Larzul parlaient dans l'ombre et cessèrent lorsque Hrist passa. Souriante, elle leur adressa un petit sourire et inclina la tête en guise de salut. Elle songea :

" Il faut vite que je trouve une solution avant de suspecter tout le monde, bientôt, la seule façon de tuer la taupe sera un gigantesque brasier. "

" Si le carnage est ta solution principale, tu vas finir par être envoyée au camp de déportation remplacer le Falek. "

Hrist ne saisit pas tout de suite la référence, elle était trop occupée à grimper les marches tout en dé-serrant le nœud de cuir autour du paquet. Le Chambellan était là, à attendre sagement que sa maîtresse fasse un signe. Il se leva de son confortable fauteuil et accueillit Hrist en lui prenant le paquet des mains.

" Ça sera tout. Merci ma petite Lys. Je me charge du reste. "

Face au regard étonné de la jeune femme, il continua :

" Ça ne doit pas être si compliqué que ça. Non ? "
Hrist fit une légère révérence et dit d'une voix chantante :
" Bien sûr que non, un homme aussi intelligent que vous saura confectionner l'essence avec beaucoup de diligence. "

Elle se redressa et avant qu'il ne se soit retourné, elle dit :
" Prenez juste garde, maître. La moindre confusion dans les quantités déclencher une fausse-couche et la mort du petit. " Ces derniers mots avaient sonnés comme la promesse d'une terrible menace le tout lancé d'un ton enchanteur et ravi.

Il se retourna et fit mine de réfléchir.
" Tout compte fait, je viens de me souvenir de quelque chose à faire, quelque chose d'urgent. Vous allez confectionner... L'essence. Comme vous le soulignez, prenez garde. Pas d'erreur dans les quantités. "

Il balbutiait un petit propos confus avant de se diriger vers les escaliers et demanda encore une fois :

" Lys, vous avez été herboriste pour connaître les poisons ? "

Hrist recommença une révérence :
" J'ai fait partie d'une Cour. "

Il s'esclaffa et descendit lourdement les escaliers en bois.

La porte de la chambre était entre'ouverte. L'air sentait bon la fleur fanée et la cendre tiède. Le lit avait été refait et la future mère était assise sur un large fauteuil face au foyer éteint.

" Maîtresse, j'ai pu me fournir chez l'apothicaire. Laissez moi s'il vous plait confectionner l'essence, ça ne prendra pas longtemps. " Lança-t-elle pour alerter de sa présence, elle qui avait eu le pas si léger comme si elle entrait dans la chambre pour trancher une gorge au lieu de sauver une vie.

Hrist ouvrit et exposa les feuilles séchées sur une table libre. Elle n'avait pas besoin d'un long traitement et de matériel pour compléter son travail, tout ce qui était nécessaire, c'était de l'eau et les autres servantes avait bien fait leur travail, il y avait de l'eau en chaudron au dessus de la cheminée ainsi que dans divers pichets situés un peu partout de façon à ce que la maitresse les ai à portée de main.

Hrist froissa les feuilles dans sa main ce qui ne tarda pas à dégager un doux parfum mentholé, plus frais et rafraichissant que celui des autres fleurs.
Dans un des pichets, elle laissa les feuilles qui suaient leurs huiles à la surface de l'eau et mélangea du bout du doigt.

" Ça remonte à quand, la dernière fois que tu n'as pas fait quelque chose de toxique ? "

Elle glissa sa main dans le pichet et écrasa les feuilles dans l'eau et façon à en faire une boulette verte et poisseuse.

" A chacune des douleurs, vous accompagnerez ces feuilles avec une gorgée de cette eau. Petit à petit, mais attendez tout de même que la boulette ne soit séchée. "

Elle glissa la petite boulette sur le linge qui l'enveloppait et la déposa sur la cheminée où elle pourrait sécher plus rapidement.
La maîtresse semblait faible, de la sueur perlait à son front et elle serrait entre ses doigts le chiffon qu'on utilisait pour l'éponger. Hrist s'approcha et de sa voix la plus douce dit :
" Je ferais le nécessaire pour que votre premier enfant rime avec bénédiction et non pas avec malheur. "

Elle glissa ses doigts pales entre les doigts bleutés de la femme et saisi le chiffon pour éponger son front et son cou. Elle respirait doucement et ses yeux fixaient le vide, elle avait toujours peur. Hrist sentait la peur comme les bêtes sauvages, elle s'en nourrissait. Celle-ci était différente, généralement les gens craignent leur dernier instant, cette elfe bleue semblait voir son dernier instant partout, la nouvelle de l'essence ne la rassurait même pas.

A son tour, la maitresse prit entre ses doigts la main de Hrist et baissa les yeux.
" Merci Lys. Votre venue doit être la volonté de Moura. "

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 Sujet du message: Re: La guilde des tanneurs et armuriers
MessagePosté: Sam 7 Fév 2015 00:30 
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Hrist laissa la maîtresse se reposer. Elle ferma doucement la porte et traversa l'anti-chambre jusqu'à ce qu'une main lui attrape l'épaule et une autre ne vienne lui écraser la bouche, l'empêchant de crier.

" Je peux savoir ce que vous faites, Lys ? Ne savez-vous pas que je suis sensé m'occuper de la maîtresse, petite sotte. Je n'ai pas besoin que vous veniez mettre vos sales doigts dans mes affaires ! "

Elle reconnut le timbre profond et grave de la personne qui lui tenait fermement l'épaule, lui écrasant les os et provoqua un léger cri de douleur. Hrist se retint de lui envoyer un coup de coude au travers de l'estomac, elle savait qu'une servante qui porterait atteinte à un membre de guilde se verrait exclue, voire châtiée. Elle n'avait d'autre choix que d'endurer les coups s'il souhaitait la battre, face à cette pensée, elle se mordit fermement la lèvre.

L'inconnu rapprocha sa bouche et son souffle chaud caressa la gorge de Hrist qui en eut des frissons d'angoisse.
" Alors... Qu'est-ce que tu cherches ? Tu veux me doubler c'est ça ? Ici, il n'y a qu'une personne pour s'occuper des soins, c'est moi. "

Hrist gesticula et pu enfin se détacher de l'emprise de l'homme. Faisant volte-face, elle vit enfin l'homme qui s'était dissimulé dans l'ombre pour guetter sa sortie. Avait-il était celui qui l'espionnait et non le petit elfe bleu, ce Larzul ? Hrist ne pensa pas, il était trop vieux et boitait légèrement, il n'aurait pas pu se déplacer si facilement dans la boue, pas assez en tout cas pour échapper à sa surveillance et il aurait du se montrer plus rapide qu'elle pour être rentré avant son retour, ce qui lui semblât impossible.

Tous deux s'observaient en chien de faïence, il était difficile pour Hrist d'analyser l'oeil unique de cet inconnu qui semblait la menacer. Les traits déformés par ce qui aurait pu être un coup de pelle ne rendait pas l'analyse facile.

Hrist fit une petite moue et un sourire.

" Malheureusement, étranger, vous connaissez la rumeur. On dit que les femmes enceintes ne veulent pas regarder les défigurés de peur que leur enfant n'attrape le mal. "

Il eut du mal à contenir sa colère. Il savait que Hrist venait d'entrer dans les bonnes grâces de la maitresse de la guilde aussi, il ne pouvait rien faire, surtout pas dans l'anti-chambre de la dite Dame. Il s'en alla, envoyant un coup d'épaule sec à la jeune femme qui manqua de perdre l'équilibre.

Lorsqu'il fut éloigné et qu'elle entendit la porte du dehors claquer, elle estima :
" Encore un que je dois garder à l'oeil... "
" Ca te donne un gros avantage !"
" Lequel ? "
" Lui n'en a plus qu'un. "
" ... "
" Ris !"

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