>>>Précédemment<<<36. Le plus sauvage des Gobelins.Les deux Liykors chargés de garder l'une des portes du village de Jarvron sortirent de leurs léthargies quand ils perçurent le bruit caractéristique de sabots frappant le sol d'un cheval lancé au galop.
Ils virent alors une jeune femme blonde juchée sur une belle jument couleur cerise arrivée à toute allure vers eux.
Quand elle parvint à leur hauteur, ils s'aperçurent qu'elle était légèrement blessée au visage et qu'elle avait devant elle, entre ses bras qui tenaient les rênes, un Gobelin qui avait l'air en piteux état.
D'une voix forte et quelque peu nerveuse, la jeune femme leur lança :
"Écoutez ! Je suis une milicienne de Dehant chargée de l'affaire de l'aventurier qui a disparu il y a peu dans la Ferme Abandonnée, là-bas. Un milicien est actuellement coincé dans cette dernière et je vais devoir aller chercher du renfort en ville pour le sortir de là. En attendant, soignez ce Gobelin et mettez-le en sécurité !"
Elle porta le Sekteg et le donna à un des Liykors de deux mètres de hauteur qui lui faisaient face et qui semblaient aussi ébahis et bouche bée l'un que l'autre.
La milicienne alla repartir a galop quand elle ajouta, plus calmement :
"Et dites-lui aussi que sa peine est purgée et donc qu'il peut partir où bon lui semble continuer sa vie."
Puis, elle éperonna rageusement sa monture et repartit à toute vitesse.
Le Liykor à qui elle avait donné le Sekteg baissa les yeux sur ce dernier, dont le sang sang tâchait sa fourrure grise foncée.
"Bon sang...c'est Peau-verte ?"
***
Sump se réveilla dans un sursaut. Les dernières images qu'il avait vues avant de perdre connaissance apparaissant directement dans son esprit. Il se redressa et regarda dans toutes les directions, affolé.
Il se trouvait dans une sorte de hutte arrondie ne comportant apparemment qu'une seule pièce, sur un lit confortable. Il n'y avait personne. Un feu brûlait dans l'âtre de la cheminée, chose étrange vue la température, chaude et humide. Les murs étaient richement décorés de sculptures en bois et de plantes placées dans des pots. L'une d'elles donnait de magnifiques fleurs roses et blanches.
(Où est-ce que je suis ?)Le Gobelin, nerveux de par sa claustrophobie et son incapacité à déterminer où est-ce qu'il se trouvait, se releva et chercha nerveusement son sac des yeux. Il le trouva à côté de sa couche. Il l'ouvrit pour voir si quelque chose manquait quand une voix douce et très calme le fit farouchement se retourner :
"On ne t'as rien volé, mon jeune ami."Sump haussa les sourcils en voyant le nouveau venu, à l'entrée de la hutte, qui était en fait un large bout de fourrure brunne. Il ne l'avait même pas entendu entrer mais c'était normal, il s'agissait de l'Ancien du village de Jarvron, un personnage important dans ce village pour ce qu'il en savait. Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas vu mais il n'avait pas changé d'un poil :
C'était un Liykor Fujonien s'il se rappelait bien et sa la fourrure touffue et dense était d'un blanc immaculée.
Il était vêtu d'une robe beige et dorée qui accompagnait parfaitement son pelage.
Il avait le faciès d'un canidé, toutefois, dans son regard noir et brillant, luisait une grande sagesse ainsi qu'une certaine malice.
"Je suis à Jarvron ?" grogna Sump en se détendant un peu.
"En effet. Cela faisait longtemps que nous n'avons plus eu de tes nouvelles, Sump. On se demandait tous ce que tu étais devenu, et aujourd'hui, tu réapparais subitement grièvement blessé après une mission de milice qui a mal tourner... D'ailleurs, je n'ai rien pu faire pour ton oreille puisque tu n'as pas le morceau qui manque...Quant à ta main, je ne comprends pas ce qui lui est arrivé mais impossible de lui faire retrouver une couleur normale... Désires-tu t'assoir pour m'expliquer ?"Le Gobelin tâta son oreille sanctionnée et eut la surprise de sentir la texture rugueuse d'une croute déjà bien dure. Toutefois, il savait que l'Ancien avait des pouvoirs magiques incroyables. Il avait entendu dire en tout cas et la guérison quasi complète de toutes ses autres blessures, le réconcilia un peu avec la magie.
Il ne jeta qu'un bref regard à sa main noircie avant de secouer la tête rapidement et de lâcher :
"Je veux sortir."L'Ancien sourit, amusé :
"Ah, oui. J'avais oublié que j'étais en présence du plus sauvage des Gobelins."Puis il se décala sur le côté.
Sans plus de paroles, le Gobelin se dirigea d'un pas rapide vers cette dernière pour écarter le pan de fourrure de la hutte. Il lui semblait ne pas avoir respiré du bon air depuis une semaine.
La suite.