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Ma flèche atteint son but, sans trop de problème, malgré ma position de tir plus que bancale, puis s'en suivent deux coups d'épée meurtriers, portés par Ezak et l'humoran, qui achèvent la créature métallique, le broyant la boite crânienne et le réduisant au silence. Un combat expédié s'il en est, mais cela n'est pas pour me déplaire, nous avons déjà beaucoup luté sur cette île et nous luterons encore, sans aucun doute, mais s'il est possible d'éviter les combats trop long ou dangereux, nous n'allons pas nous en plaindre. Je me relève donc lentement et regarde autour de moi, lentement. La situation retrouve son calme, les lumières s'éteignent et le son insupportable qui retentissait pendant la crise de folie de notre adversaire se tait.
C'est alors qu'Eliss pointe quelque chose du doigt et instinctivement, mes yeux regarde dans cette direction. Cette chose s'approche de nous, a grande vitesse et nous laisse peu de temps pour réagir. J'ai tout juste le temps de bander mon arc pour me préparer à une éventuelle agression. Une fois la masse arrivée au niveau du sol, je ne peux m'empêcher d'ouvrir grand les yeux en voyant cet étrange spectacle. Une créature des plus étranges se tient devant nous, vautré sur un trône plus impressionnant encore que celui de Margh. Je n'ai jamais rien vu de semblable, même sur cette île. La chose semble être un mélange de plusieurs espèces existantes. Des oreilles pointues, comme celles des elfes bien que plus longue, un pelage violet me faisant penser à un Bouloum, des petites cornes ridicules, un peu comme les plus petites cornes sur la tête des sangliers que l'on a affronté, une face de Lutinora, le tout surmontant un corps dont la corpulence n'a d'égal dans le genre humain, que celle des riches marchand ventripotent. Voilà ce à quoi me fait penser la chose pour le moins atypique qui se tient devant nous, mais la surprise ne semble pas vouloir s'arrêter là. En plus d'avoir une apparence ridicule, cette chose s'exprime d'une manière étrange. Je n'ai pas vraiment de mal à comprendre ce qu'il dit, mais je n'ai jamais rien entendu de pareil. Il commence par nous poser un enchainement de question, sur notre état, mais encore plus étrange, sur notre famille, nos amis, nos possible propriétés immobilière, c'est à n'y rien comprendre. Alors que je m'apprête à lui répondre, il enchaine sans même m'en laisser le temps, ni à moi, ni à mes compagnons et je reste là, à le regarder bêtement alors qu'il entame son monologue.
Il se présente alors et sans surprise, la nom de cette chose est à l'image de son apparence et de sa manière de parler: parfaitement ridicule. Mais par pure politesse, je décide de ne pas l'interrompre et le laisse continuer, et de toute façon, je n'aurai probablement pas réussi à le faire taire. Il continue, affirme qu'il nous connait et qu'il sait dans quelle situation nous nous trouvons. Mon attention se fait alors plus importante et je bois chacun de ses mots. Il sait tout et il nous propose son aide. Que demander de mieux ?! Il fait mention de trois éléments dont nous avons besoin pour nous sortir du pétrin et nous indique, comme nous le savions déjà que Dame Guasina détient le premier. Il sort alors une petite sphère de je ne sais où et l'envoie à Messire Ezak. Comble de la chance pour une fois, nous apprenons par la même, que nous aurons pas à aller chercher le troisième, car il l'a fait pour nous. La remarque sur le fait que l'on aurait pas compris son ami des souterrains me fait sourire. J'ai déjà du mal à comprendre tout ce que cette chose dit, alors je vous avoue que j'ai du mal à imaginer. Toujours est-il que je n'ai pas vraiment le temps d'y penser. En effet, c'est à moi que la créature violette décide d'envoyer l'artefact. Je l'attrape d'une main et l'observe attentivement. Une petite sphère qui contient une longue veste en cuir. Je me demande bien comment nous allons pouvoir sauver l'île avec les frusques d'un inconnu, mais comme tout le monde s'accorde à le dire...
Je range délicatement la précieuse sphère dans mon fourreau et continue d'écouter attentivement ce qu'il se dit. Il nous demande de deviner à qui les vêtements appartiennent, de lui dire qui est derrière tout ce qui ne tourne pas rond sur cette île et, quelques secondes après, il nous propose encore son aide. Il semble être capable de faire apparaître pour nous, quelques objets pouvant nous être utile, mais il n'est pas encore temps d'y penser, nous verrons ça en temps voulu. Aenaria, la délicate elfe avec qui j'ai vécu moult combats sur cette île infernale, prend la parole la première. Ses questions, bien que pas très utiles au premier abord selon moi, nous apporte quelques petits détails, certes insignifiant, mais qui viennent s'ajouter à la masse d'information que j'ai en tête. Petit à petit, un plan se construit, une logique se met en place et j'ai de plus en plus le sentiment d'approcher de la solution, d'avoir la réponse, mais il est trop tôt pour prendre la parole et le clamer haut et fort. Alors que Gagatruc fait apparaître un magnifique bouclier pour l'elfe, c'est la petite lutine rousse qui se décide à parler. Les questions de Dame Guasina, ne font que confirmer quelques information. Une seule personne derrière tout ça, les dragons ne nous aiderons pas et nous devons faire vite. Alors que la lutine récupère une magnifique arbalète, je décide que je suis enfin prêt à prendre la parole. Je fais un pas en avant et je fixe la créature, plongeant mon regard dans ses petits yeux.
« Si vous me le permettez, je vais vous dire qui je pense être derrière tout ça. Tout d'abord, si je comprends bien, ses étranges artefacts, les fringues du barge qui est derrière tout ça, nous sont nécessaire pour enrayer la destruction de l'île. Celui qui l'a donc provoqué avait donc tout intérêt à ce que nous ne mettions pas le main dessus n'est-ce pas ? Il se devait de nous retarder le plus possible. Or, j'ai en mémoire quelques discussions auxquelles je n'ai pas assisté mais que mes compagnons m'ont relaté. J'ai en tête la majeure partie des paroles qui ont été échangées entre les uns et les autres sur cette île et en recoupant tout ceci, une seule personne sort du lot, une seule personne a voulu nous empêcher d'avancer, une seule personne a, je m'en rends compte maintenant, essayé de nous tromper . Et cette personne n'est autre que...»
Je m'arrête pour laisser monter une sorte de suspens, c'est plus fort que moi. Je me sens l'âme d'un enquêteur qui aide la milice à résoudre une affaire difficile et je ne peux m'empêcher de jouer le jeu, de donner le ton, de rendre mon plaidoyer le plus intéressant possible. Au bout de quelques secondes, je me décide enfin à sortir le nom que j'ai en tête.
« Donald Mâk, le gérant de l'auberge. Une chose ou deux m'ont mis la puce à l'oreille en premier lieu. Tout d'abord, il a essayé de nous convaincre de ne pas quitter l'auberge la nuit de notre arrivée, prétextant que de terribles créatures, les Autres, sortaient la nuit et que c'était dangereux. Certes, quelques unes des personnes ici présentes me diront qu'il a eu raison, moi le premier, car j'ai failli perdre la vie contre ces gargouilles. Vous me direz donc que ce n'était pas dans l'intérêt de Mâk, s'il est le coupable, de nous prévenir du danger, qu'il aurait pu au contraire, nous envoyer à la mort et c'est une pensée logique, mais erronée. Pourquoi ? Car nous avons survécu, et s'il nous avait sciemment envoyé dans la gueule du loup, nous aurions compris qu'il ne nous voulait pas du bien. Il se devait d'endormir notre vigilance. A ceci, je vais ajouter un autre détail qui m'a troublé. Dans cette auberge, il y avait cet étrange gobelin aveugle dont le nom m'échappe. Il a été pris d'une étrange transe et s'est mis à tenir des propos obscurs, nous parlant de trois points important. Par la suite et en réfléchissant, nous pouvons aisément comprendre que ces trois points sont les artefacts. Pourtant, à ce moment, une personne et une seule a essayé de discrédité le gobelin. Qui était-ce ? Je vous le donne en mille: Donald Mâk! Il ne voulait pas que l'on sache quoi que ce soit à propos des artefacts et pourquoi ? Parce que cela mettait en danger son abominable plan. Ce sont là mes deux arguments principaux, mais il y en a d'autres. Par exemple, celui qui a mis la pagaille ici a pris un malin plaisir à tout inverser, à tout retourner et dans l'auberge, une scène étrange s'est produite, car l'un de nos compagnons s'est retrouvé les pieds au plafond, à cause de Mâk. Je ne sais pas vous, mais c'est pas quelque chose que j'ai l'habitude de voir. Ensuite, et je pense que je vais m'arrêter ici, vous avez dis à ma camarade ici présente, que l'homme derrière tout ça n'était pas le plus discret de l'île et vous ne pouvez niez, si vous le connaissez comme je le pense que Mâk est quelqu'un d'extravagant, que l'on remarque facilement, autant par sa tenue que par sa manière énigmatique de s'exprimer. »
Je garde le silence un instant, reprenant mon souffle après ce long monologue. Je suis content de moi et je pense vraiment tenir la réponse, même si en ces lieux, tout est étrange et rien n'est sûr. Pourtant, bien que je sois fier de moi, je me pose encore quelques questions.
« Malgré tout ça et malgré le fait que mon temps de parole a déjà été bien long, j'ai quelques questions à vous poser. Tout d'abord sur les entités que vous appelez les « Autres ». Sont-ce les gargouilles que nous avons combattu ? Ensuite, j'aimerais savoir....Pourquoi nous ? Savez-vous pourquoi notre aynore a été pris pour cible et pourquoi nous avons été emmenés de force sur cette île, pour vivre un chapitre d'une histoire qui n'est pas la notre, du moins qui ne l'étais pas ? La suivante, quelle est le rôle de la pièce qu'à découvert Aenaria dans les sous-sol de la citadelle de Margh ? Et pour finir, une dernière question et pas des moindres, comment en êtes vous arrivez ici ? Comment les choses ont-elles mal tourné pour vous et les autres habitants de cette île ? »
Il me semble que j'ai tout dit. Je continue de fixer Gagachose et mes yeux se posent sur la sphère à son collier, avant d'aller sur le bouclier d'Aenaria et l'arbalète de Guasina. Après tout, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas en profiter moi aussi.
« Et comme mes compagnons je vais solliciter votre aide et faire une demande à votre collier. J'aimerais un objets qui me permette de protéger plus efficacement mes compagnons, de me rendre plus utile en combat. Je pourrais sans doute, à l'instar de ma camarade lutine ici présente, vous demander une puissante arme, mais j'ai une toute autre idée. Quoi de plus inutile qu'un archer qui meurt au premier coup de lame, qui ne peut se débrouiller et que ses camarades doivent protéger sans cesse. Je vais donc vous demander, si vous le permettez, une paire de jambière pour m'offrir une meilleure protection que mon mince pantalon de toile, si possible, et sans vouloir abuser de votre bonté, quelque chose qui n'entrave pas trop mes mouvements. Je vous en saurai gré . »
Cette fois, c'est bon, je n'ai plus rien à dire et je reste en avant, attendant les réponses de mon interlocuteur.
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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare
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