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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mar 26 Jan 2010 17:45 
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Après avoir parlé, la silhouette s’est retournée en quelques secondes. Je n’aperçois toujours rien de la personne encapuchonné, car les ténèbres le couvent entièrement mis à part un éclat terne qui est réfracté par la lumière des cierges; au premier abord, j’ai cru que c’est une dague comme celle de la salle piégé qui est sorti d’où je ne sais où, mais en fait c’est le sourire de l’inconnu qui a percé l’obscurité.

Il se dessine sadiquement sur le visage assombri de l’énergumène en laissant entrevoir des dents aiguisés semblable à celle d’un requin de haute mer, mais par contre l’hygiène buccale de l’individu doit laisser à désirer; je dis ça à cause de la couleur douteuse qui en ressort, saupoudré par une légère et désagréable odeur de décomposition comme s’il avait mangé des œufs pourris au petit-déjeuner. (Brrr! Il me fiche la frousse, son sourire. Et pouaaaah ! Quelle odeur infecte… ! J’espère qu’il ne va pas venir me mordre; je n’ai pas envie d’attraper la gangrène. Mais, s’il s’approche de moi, un peu de trop près; je lui refais toute la dentition à ma manière.)

Les minutes passent sans qu’aucun mot ne sorte de la capuche. Durant l’instant d’attente, je remarque juste que les bougies ont presque fondu leur cire. (Qu’est-ce-que je fais? Est-ce que j’attends qu’il m’intoxique ou quoi? Ha ha…! Je crois que l’infection ambulante va parler.)

Effectivement, la personne nauséabonde s’apprête à dire quelque chose parce que ses lèvres se sont mises à bouger. Le sourire carnassier s’est transformé en un rictus malfaisant qu’envierait tout bon méchant de contes pour enfants. En voyant cette horrible scène, l’anxiété s’empare de mon cerveau probablement pour me prévenir d’un danger potentiel.

« Une âme errante dites vous ? Je peux vous aider à trouver le chemin, si vous me dites ce que vous cherchez… » Dit-il d’une voix étrangement maléfique.

Malgré, que sa réponse paraisse fort aimable, je commence à douter de mon interlocuteur et me demande que si j’avais pu voir ses yeux, s’il en a bien sûr, une lueur aurait jailli en une fontaine de cruauté. (C’est bizarre! J’ai l’impression que ces mots ne sont pas sincères. On dirait qu’il s’est forcé de les dire en voulant dissimuler quelque chose.)
Suivant cette logique, je recule d’un pas et pose ma main tremblante sur la garde de l’épée, pour obtenir dans le besoin, un effet de surprise sur l’hypothétique ennemi. (Je suis prêt à dégainer. Il faut que je lui réponde, je ne veux pas être coincé dans cet endroit.)

« Bien, je recherche la sortie de ces tunnels! Si vous ne pouvez pas m'indiquer vous-même le chemin. Dès lors, avec tout mon respect, prêtez-moi un plan de ces lieux, je vous en serais reconnaissant et je ne vous importunerais plus.» Réponds-je en toute confiance.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 27 Jan 2010 21:27 
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L’abjecte créature ne peut que rire en t’entendant prononcer des paroles aussi sottes et niaises. Il n’avait pas pensé un instant que tu tomberais si grossièrement dans un piège aussi évident. Il n’avait absolument aucune intention de te servir de guide, ni même de te servir. Au contraire, il paraissait belliqueux à l’extrême.

En se tournant, il dit :

« Je vais vous guider jusqu’à mes protégées, soyez sûr que vous ne les importunerez pas, elles sont friandes de chair fraîche. »

Sur ces paroles, il étend les bras et découvre son affreux corps mutant. Tout d’abord, tu aperçois une face abominable qui te paraît être le mélange d’un visage vipérin et de celui d’un gobelin avec de grands yeux rouges de conjonctivite. Son corps est plus étrange encore car tu découvres que l’être à quatre bras d’une longueur assez inégale (deux grands, deux petits) et que ses mains sont en fait des appendices à trois branches très pointus.

Cependant, à ton avantage, il est frêle et petit, sa robustesse laissant donc sans doute à désirer.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Dim 31 Jan 2010 15:55 
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L’air avait un temps semblé plus frais, un léger courant faisait vaciller la poussière du sol, hésiter les graviers. Le coffre commençait à être lourd dans les bras de l’enfant, depuis combien de temps le portait-elle ainsi ? Une éternité, semblait-il. Pourtant ses membres las, tendus, courbatus n’auraient lâché pour rien au monde le mystérieux cube de bois sombre. Boitant toujours légèrement, Rose avançait d’un pas leste malgré l’obscurité qui se faisait de plus en plus opaque, ne pouvant distinguer que vaguement les parois du couloir qu’elle suivait ; cela ne s’élargissait ni ne s’enserrait, le chemin semblait constant. Son bras frôlait souvent la pierre du côté du ponant, tant qu’elle finit par confier la charge du coffre à son bas droit seul pour suivre de la main les incertains indices de l’évolution de cet inconnu de ténèbres qui s’ouvrait devant elle. Tâchant de marcher droit, elle heurtait encore le mur comme si elle eût sans cesse dévié dans la direction opposée.

(Non pourtant, je suis bien sûre de marcher droit. Du moins, je le crois… Peut-être ces couloirs ne sont-ils en vérité pas rectilignes du tout, après tout dans cette obscurité et sans repère aucun, je ne puis savoir. Mais, si l’on admet que mes pas tiennent la ligne droite, alors c’est le chemin qui se courbe vers le levant.)

Une vague réminiscence, pareille à celle qui l’avait violemment saisie un moment auparavant, tenta de l’envelopper à nouveau avec une force de pression supérieure encore. Rejetant impérieusement l’agression d’un brusque déplacement de fluides, l’elfe jeta hors de son esprit les intrusifs flux magiques. Elle fut malgré tout étourdie un instant, des images de couloirs, d’embranchements et de plafonds éclairés tournant devant ses yeux fatigués ; cela se dissipa immédiatement.

(Ah non, cela suffit. Je ne vois pas bien à quoi sert de se rappeler le chemin parcouru, mais cela aura sans doute son utilité en temps voulu… Mais ces fluides-là sont trop puissants, je n’aime pas qu’ils puissent prendre le contrôle. Mais tant que je peux le refuser… D’ailleurs, nous n’avons jamais tourné que vers le levant, depuis le début de cette… épopée furieuse. Tous les couloirs déviants nous ont menés dans cette direction, tant que tantôt nous aurons fait un tour complet. Enfin, je... j’aurai fait un tour complet.)

"Je suis toute seule, maintenant."

Heurtant encore une fois le mur de son coude, elle s’en éloigna avec une exaspération presque comique, et tituba. Elle ne marchait pas depuis longtemps. L’air n’était point aussi frais qu’elle l’avait pensé, de vagues relents commençaient à envahir l’atmosphère. Au fur de sa progression, elle sentit les vents invisibles s’imprégner de mauvaises choses, tant que la tête lui tourna. A un tournant du couloir où le levant fut à nouveau la direction possible, un courant d’air l’assaillit de front, parfaitement irrespirable. Ces odeurs nauséabondes passèrent même l’épaisse couche d’eau acidifiée dont l’enfant avait couvert son visage et ses bras

(Ah ! Déesse, qu’est-ce que cela ? Quelle horreur ! Jamais nature ne peut sentir aussi mauvais, je le sais bien, moi ! Moura des eaux, que ne demandes-tu pas à ta consœur des airs d’épargner à ton enfant les parfums de la mort ? Bientôt je ne pourrai même plus respirer, que faire alors ? Je ne vais quand même pas… revenir en arrière… Et je ne sais pas d’où cela vient ! De quelque chose pourrissant juste devant moi, à mes pieds peut-être ! Eh bien, ne respirons plus).


Pressant sa main libre contre sa bouche et son nez, l’enfant se mit à courir ; à présent, ses yeux même étaient agressés par les fumées violentes. Ses pas foulaient une sorte de poussière qui se levait à son passage, et trébuchaient souvent sur quelqu’objet inconnu, qui craquait sombrement.
Soudain, une bizarre lumière bleue, tamisée et comportant quelque chose de l’obscurité, enveloppa l’enfant qui cessa de courir. Les odeurs s’étaient faites plus fortes encore, mais contrairement aux craintes de l’elfe il était encore possible de respirer.

Mais c’était vraiment la seule bonne nouvelle. Tout autour, une grotte, haute et large, s’ouvrait en rond, comme une vaste tanière fermée d’un toit en dôme. Une sorte d’éclat gris tombait des courbes parois couvertes d’une drôle de claire matière. Mais ce qui attira le regard de Rose, ce ne furent ni l’antre arrondie ni la douce teinte des murs : ce furent plutôt les habitants de cette caverne aux relents mortels. Deux araignées, d’une taille tout à fait incomparable avec celles que Rose avait observées jusque là. La première faisait bien seize pieds, et encore n’était-elle pas dressée sur ses minces et solides pattes noires comme l’était au repos la belle rihanère, oiseau mystique et plein d’exotisme pour les enfants de Nirtim, qui accomplissaient dans les contes des anciens des voyages extraordinaires jusqu’aux îles lointaines et inconnues. Ses mandibules s’agitaient doucement, de frottant l’une contre l’autre, dans une mouvement qui rappelait celui des enfants à peine nés qui, durant le sommeil, font doucement glisser leurs poings fermés l’un contre l’autre. Les yeux de la créatures étaient clos et son lourd corps hérissé de crin noir pendait lourdement comme suspendu à ses fortes pattes ; peut-être dormait-elle. Quant à la seconde bête, elle était bien éveillée et fixait Rose de ses yeux sombres, sans cette zone blanche qui donne une apparence de vie et de faillible aux regards des elfes et d’autres créatures intelligentes. Elle était bien plus basse que sa compagne, et mesurait à peu près la même taille que Rose, n’atteignant sans doute pas cinq pieds. Une lueur vivante vacillait dans ses yeux immobiles, et à cela l’elfe comprit que ce n’était pas une bête privée de raison.


(Oh… Me voilà chez des gens. La grande dort, j’en suis sûre, mais pas la petite. Enfant, j’ai observée ces créatures dans la Plainte, sous une forme nettement plus réduite. Cela mange des insectes, je crois. Mais le brachyu géant qui m’a attaqué a bien fait mine de vouloir me dévorer, or à sa taille normale ils ne mangent pas d’elfes. Alors, ces deux-là sont bien capables de se nourrir de n’importe quoi, je n’ai aucun information sur elles… Mais je ne leur ai rien fait de mal, et puis ??? à voir toutes les alcôves opaques qui sont suspendues à leur toile partout dans la grotte, elles ne doivent pas manquer de nourriture.)

Tentant d’oublier l’odeur insupportable, retenant les larmes que cela lui causait, Rose fit quelques pas vers la petite araignée. Elles s’observèrent un instant, en égales ; elles était exactement de la même taille, visage de la jeune fille était niveau de celui de l’enfant araignée. Du moins Rose supposa-t-elle que c’était un enfant, destiné à atteindre la taille de son parent endormi. L’elfe parla doucement, d’un voix faible mais posée.


« N’aies pas peur… Je ne veux pas vous faire de mal, ni vous déranger. Regarde, comme je suis faible par rapport à toi, tu n’as rien à craindre et… ton papa non plus. C’est celui qui t’a donné la vie, n’est-ce pas ? Je crois bien. Et celle que nous entendons, au loin dans la tanière, c’est celle qui t’a donné la vie ? Ou peut-être ton frère ou ta sœur ? Je ne sais pas quelle est ton intelligence, mais je ne vous veux aucun mal, cela je suis sûre que tu peux le comprendre. Je le vois dans tes yeux. Je m’appelle Ros,e je suis une elfe. Je me suis perdue, je ne sais pas par où il faut aller. Je ne sais pas, je vais peut-être retourner en arrière, vous laisser tranquilles, puisqu’il n’y a apparemment pas de sortie par ici. Si tu pouvais m’aider… mais déjà sois sûre, sœur araignée, que je ne peux pas vous faire le moindre mal. »

Reculant doucement, Rose leva les yeux vers les hautes parois de l’antre, cherchant un passage ; mais vraiment, elle n’en voyait pas. Elle fit quelques pas vers le passage d’où elle venait, paisible et lasse, sans quitter le regard la petite araignée. Effleurant de la main la paroi blanche, elle constata que la substance qui la couvrait était douce et qu'elle n'emprisonnait pas tout ce qu'elle atteignait, comme elle l'avait d'abord supposé. Il était aisé de s'en défaire, du moins en cet endroit loin des maîtres de la maison. Soudainement prise d'un lourd et impératif sommeil, Rose tituba, s'assit, la tête appuyée contre le mur, et souriant à la petite araignée, elle tomba dans une profonde léthargie contre laquelle elle ne pouvait plus lutter.

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Dernière édition par Rose le Mar 2 Fév 2010 20:23, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Lun 1 Fév 2010 17:53 
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Je ne perçois aucun geste de déplacer de la part de la capuche au sourire carnassier, juste un rire similaire à celui d’un couinement de rat, mais amplifiés par dix fois, me casse les tympans. Il résonne en écho dans tout le cloître assombri. Par ce phénomène, j’ai l’impression que ce n’est pas l’être maléfique qui ricane, mais que c’est toute la pièce qui fait les gorges chaudes. Malgré la frousse que j’éprouve, une colère noire s’empare de tout mon corps, car je n’aime pas que quoique ce soit se moque de moi impunément. (C’est quoi ce rire aigu? Grrr ! Je…Je vais te la faire boucler, tu… tu vas voir ce que tu vas voir!)

Je resserre la poigne, de plus en plus fort, sur mon épée. Je ne sais pas ce qui m’arrive, peut-être est-ce dû à l’ambiance malsaine, mais une idée de commettre un meurtre me trotte dans la tête. (Tuer, tuer, il faut…il faut que j’égorge quelqu’un! Calme…! Calme-toi et tout ira bien! Respire et reprends-toi.) Après quelques exercices de respiration, je reprends enfin mes esprits; l’envie de tuer s’est amoindrie, cependant elle reste en suspens jusqu’à qu’un autre effet déclencheur la réveille et là je ne répondrai plus de mes gestes.

Puis, un instant après que le rire effroyable et assommant s’est tut; l’être suspect s’est retourné. Son vêtement ample, moisi soit par les années ou par les mites, plane dans un mouvement disgracieux et loufoque; pour ma part, l’humanoïde a voulu faire un excès de zèle, mais il s’est complètement raté.

Après sa prestation ratée, la créature m’interloque par des phrases étranges que je peine à saisir. (Qu’est-ce qu’il a dit encore? Il a parlé de « ses protégées », qu’il allait me conduire vers « elles ». Allez! Je suis encore tombé sur un autre timbré! Mais, dans quel endroit suis-je? C’est un sanatorium pour fous, c’est cela! Bon! Ses protégées, je ne sais pas ce que ça désigne; ça m’est égal…! Néanmoins, je ne me fous pas de son histoire de « pour leur préférence de la chair fraîche», elle fait froid dans le dos. Heureusement, j’ai la sensation qu’elles ne sont pas là, mais il faut que je reste vigilant au cas où qu’il les cacherait sous son habit.)

Pendant, qu’il est exprimé son verbe qui m’est apparu assez agressif à mon goût, l’humanoïde a ouvert grand ses bras. Par ce geste, son habit à capuche est tombé en un éclair sur le sol. L’individu est découvert de la tête au pied. Une image cauchemardesque sur pattes est apparue. Son visage, écaillé par de grosses varices noires, ressemble à celui d’une créature reptilienne; néanmoins ses yeux qui sont boursouflés et infectés par du pus visqueux, peut-être est-ce dû à de la conjonctivite, sont semblables à ceux des sektegs, mais en plus gros et en plus menaçant.
Son corps, je dirais plutôt son squelette, colle à travers sa membrane fibreuse et huileuse qui lui sert de peau; je ne sais même pas comment ses quatre bras, deux longs et deux petits, ne sont pas tombés avant, car juste du tissu adipeux les rattachent au reste de l’anatomie de la bête. Ce qui m'a encore plus surpris sur ces bras: ce sont ces quatre pseudos-mains charnues qui finissent en trois larges griffes pointues. (C’est quoi cette… cette chose! Je n’ai rien jamais vu de tel. C’est … c’est un mutant!)

Tout ce j’ai vu de la créature abominable m’a fait dégurgiter tout le contenu que mon estomac peut tenir. Cependant, comme je n’ai rien mangé depuis un bon moment; au lieu que cela soit la nourriture qui sorte, ce sont les acides gastriques qui sont remonté. A cause de ça, j’ai le ventre et la gorge qui me brûle; c’est assez dérangeant. (Argh! Ça pique! Je souhaite que tout ce bordel va disparaître.)

Par la suite, les brûlures d’estomac se sont enfin arrêtées. Par l’heureuse Providence, le mutant n’a pas bougé du moindre millimètre. (Que faut-il que je fasse? Je sais qu’il est dangereux et m’a menacé si j’ai bien compris. Alors, il faut que je le tue ou le prenne vivant. Je vais essayer de le capturer pour l’interroger ou pour l’obliger à m’aider à sortir du labyrinthe, mais il faut que j’y aille rapidement et efficacement; sinon si ça ne marche pas, je le zigouille et improvise une fouille corporelle. Ici, je ne veux plus perdre du temps inutilement. Le plan est, je jette ça, puis coupe deux ou trois trucs si nécessaire, et hop…! L’affaire est dans la poche. Allez, je me lance! Resplendissante Sithi, guide mon bras!)

Respectant mon plan à la lettre, je décroche vite fait ma cape et l’envoie au-dessus de la créature pour qu’elle lui retombe sur sa tête et l'aveugle; puis j’enchaîne avec un coup d’épée, la pointe en avant, pour essayer de lui transpercer une de ses jambes.

(((Hrp: envoi de la cape + utilisation de la CCAA: Estoc droit sur la jambe gauche.)))

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 3 Fév 2010 21:18 
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Talion

Ta réactivité rapide surprend ton adversaire qui ne s’attendait surement pas à une telle réaction offensive après de telles paroles. Il est complètement pris au dépourvu lorsque tu lance parfaitement ta cape pour bloquer son champ de vision et il ne parvient à l’écarter d’un bras que pour voir arriver ta lame tranchante sur sa jambe.

Tu lui entailles sérieusement le quadriceps mais il parvient à esquiver l’embrochement complet. En riposte, il abat une à une ses mandibules sur ta garde qui est percée légèrement par deux fois : à l’épaule et au poignet.

Le premier contact s’arrête lorsqu’il s’écarte de toi et ouvre la bouche pour faire apparaître des dents en sifflant sinistrement. Le combat risquait d’être long et compliqué.


Rose

Ton interlocutrice ne semble pas comprendre tes paroles mais elle te regarde t’éloigner doucement sans aucun geste agressif. Lorsque tu t’endors, tu la vois à travers tes paupières aller se mettre au creux des pattes de sa mère.

A ton réveil, tu découvres l’esprit encore embrumé que tu commences à être peu à peu digérer par ce tissu blanc qui recouvre les murs et qu’il te faut partir au plus vite sous peine de finir sous forme de boulettes de viandes. De plus, tu distingue nettement les signes d’un réveil chez la mère de ton ex-amie.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Ven 5 Fév 2010 22:04 
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La douce chaleur qui régnait là, dans le petit nid sur lequel l’enfant s’était couchée, était en effet propice au sommeil. L’araignée de son âge remua ses huit pattes longues et fines à l’extrême, comme dans une petite danse lente et sérieuse, puis fit pivoter son corps vers la grande créature et alla se loger, les pattes recourbées sous son corps sombre, contre son père. Rose ne lutta plus, elle serra le coffre contre elle et s’abandonna à cet étrange instinct qu’elle avait déjà remarqué chez chaque personne qu’elle avait rencontrée, sous des formes extrêmement diverses : celui qui réclame la chaude sécurité d’un lieu clos et étroit, rond comme l’océan, rond comme le ventre de la mère qui regarde en souriant son enfant nouveau-né. Elle avait vu maintes fois Amaryliel se rouler en boule, dans ces moments où il laissait toutes portes ouvertes à ses pensées libres et qu’il se croyait seul, ou qu’il s’était tant habitué à sa présence guetteuse qu’il avait fini par l’oublier. Elle avait vu Sigdral lever vers Gwaënelle les yeux implorants de l’enfant qui cherche des repères, l’appui d’une confiance. Elle avait vu Raliak, le voleur acrobate, s’emparer vivement de la capuche parmi les autres instruments, vêtement qui protégerait ses yeux de la lumière et garderait son visage, s’il le voulait, des regards extérieurs. Elle avait vu l’elfe aux cheveux d ‘azur prendre pour cible l’ovale hydraulier.
Lorsqu’elle rouvrit doucement les yeux, Rose distingua une informe silhouette, fine et haute, qui se tenait à quelque distance devant elle. Se levant vivement pour mieux voir, elle courut vers l’être qui l’attendait là-bas, mettant sa main au-dessus de ses yeux pour mieux voir malgré la lumière trop vive. En approchant, elle reconnut la Reine de l’Anorfain, qui lui tendait les bras en souriant. Laissant éclater sa joie, Rose courut plus vite encore jusqu’à sauter dans ses bras.


« Il y avait longtemps ! »

La Reine, prenant dans ses bras l’elfe redevenue toute enfant et qui s’était tournée vers le reste du paysage, lui répondit doucement ; dans sa voix resplendissait un sourire :

« Oui, Rose, longtemps. Mais tu as grandi, tu n’es plus l’enfant qui doit se blottir dans les bras. Regarde, comme c’est dangereux quelquefois. Regarde donc, Rose, comme c’est dangereux. Regarde… »

Les cieux s’obscurcissent. Les bras de la Reine autour de la jeune fille se firent plus tièdes, moins consistants. Ouvrant grand les yeux, elle ne vit soudain plus qu’une lueur qui s’amincissait doucement, tout le reste n’était que ténèbres. Elle se trouvait allongée, empêtrée dans une substance étrange. Se relevant contre la pression du berceau qui était en train de la condamner, elle se débattit fiévreusement, tapant du pied et battant des bras au-dessus de sa tête pour faire fuir l’agresseur. Lorsqu’enfin elle fut libre de ses mouvements, elle considéra son nid : un amas de soie gluante et étirée gisait au sol. Chassant les dernières réminiscences de son fugace songe, elle se tourna vers l’araignée, furieuse, et ouvrit la bouche pour lui dire combien elle était déçue. Voyant que la petite bête ne la regardait plus et que sa réplique immense se secouait doucement sur la suspension de ses pattes, elle s’abstint de rien dire.

(Ces bêtes ne sont pas normales… Non, un animal m’aurait attaqué immédiatement ou montré des marques d’agressivité, ou du moins de mauvaise humeur lorsque je suis arrivée… du moins c’est comme cela que fonctionnent toutes les créatures animales que j’ai rencontré, terrestres comme aquatiques, et mêmes quelquefois ailées… Si elles ne montrent pas mauvais accueil la première fois, c’est qu’elles ne le feront pas… Mais ces araignées-là ne sont pas ainsi. Enfin, outre qu’elles sont… euh… absolument hors-norme par apport à leurs miniatures, elles… ont l’air plus intelligentes. Et donc, dans ce cas-là, plus fourbes… Oh oh, je ne me sens pas très bien, ici.)

Après avoir tiré des épais lambeaux de toile le pauvre coffret qui était sans cesse à demi-oublié, l’elfe fit quelques pas mal assurés vers les bêtes. Son boitillement était plus accentué que lorsqu’elle s’était assoupie. Puis elle se dirigea insensiblement vers le couloir d’où elle venait. Elle n’avait aucune envie d’y retourner, dans cette obscurité froide et incertaine, mais l’idée qu’elle avait peut-être dérangé cette famille et que les créatures allaient donc, comme de normal, réagir contre l’intruse, n’était pas non plus rassurante.
Elle entendit un bruit, au loin, comme un heurt métallique. Elle tendit son attention vers cet improbable claquement, mais il ne se reproduisit pas ; peut-être l’avait-elle imaginé.
Elle ne parvint pourtant pas jusqu’au couloir. Voulant vérifier quelque chose avant de s’en aller, la fille des eaux dirigea ses pas vers le fond de la caverne, dans la continuité du tunnel, aussi loin qu’elle pouvait aller sans entrer sur le véritable territoire arachnéen, marqué par un épais tapis grisâtre aux reflets bleutés, tissé là comme sur les parois de l’œuf que constituait la grotte. De là, elle se tourna à nouveau vers ses hôtes. Ce fut à cette occasion qu’elle constata que l’araignée géante était la réplique exacte son enfant qui, elle, était féminine, Rose n’en aurait su douter.


(Ah… C’est donc sa mère, et non son père. Le père est là-bas derrière ? On ne l’entend plus.)

L’enfant arachnée fixait à nouveau l’enfant elfe. Elles se dévisagèrent un instant tandis que la mère secouait ses pattes engourdies. L’image des créatures à moitié disséquées dont les derniers membres gisaient sur les froides tables de l’armurier fou, tendant vers elle leurs mains de squelettes, passèrent dans son esprit. Revenant au niveau de ses hôtesse, respectant un certaine distance, elle continua à regarder la jeune araignée. Elle vit dans ses yeux que ce n’était pas encore une adolescente : tout juste une enfant, qui bientôt grandirait rapidement jusqu’à l’âge adulte ; mais cela ne se ferait pas avant plusieurs semaines – voire plusieurs mois, si la croissance était proportionnelle à la taille finale. Il n’y avait, dans ces prunelles de charbon brillant d’un remarquable éclat, pas de trace d’agressivité.
Rose se tint devant elles, les considérant en silence. Dans ses pupilles à elle se lisait une détermination tranquille. Elle acceptait de s’en aller s’il le fallait, mais elle ne fuirait pas. Si elle faisait mine de s’enfuir, nul doute qu’elle serait rattrapée, la plupart des animaux ont ce réflexe. Elle ne voulait pas se battre, et n’avait aucune raison d’attaquer. Elle attendait, simplement, l’esprit assez serein légèrement ennuyé par ce que lui avait dit la Reine, qui était très juste et qu’elle devrait tâcher de suivre, elle restait là, immobile.




HRP/ Navrée pour ce post où il ne se passe, pour ainsi, exactement rien du tout... on s'en contentera pour cette fois./

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 6 Fév 2010 19:57 
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Je réussis par je ne sais quel prodige à prendre par surprise le mutant; le coup de la cape à peu près bien réussi, elle s’est envolée dans les airs telle un filet lancé par un pécheur sur le mutant. Elle a permis de lui bloquer sa vue temporairement, malgré cela la créature, avec un de ses bras ignobles, l’a détourné de sa trajectoire initiale. J’aurais bien voulu qu’elle lui atterrisse complètement sur sa tête et sur son corps pour l’enfermer à l’intérieur, mais heureusement le coup d’épée qui suivit l’a sévèrement coupé sur la face de la cuisse.

Sur le moment, j'ai senti la chair se délier sous le contact de la pointe de mon épée. Cependant, le mutant ne m'a pas laissé finir d'embrocher complètement sa jambe, étant donné qu'il s'est dérobé à l'attaque sans doute par une rapidité à laquelle je n'ai pas fait gaffe. La lame ne laisse juste qu'une profonde blessure en forme d'entonnoir sur le quadriceps du monstre; un peu de sang noir a jailli sur ma manche, par bonheur il n'est pas corrosif. (Flûte! Même, si je l'ai blessé; je me suis raté.)

Pour répliquer à cet élan meurtrier, la créature, sans gêne, lance ces dangereux appendices affûtés pour m'embrocher et elle réussit sans aucune difficulté. J'entends ces griffes qui sont en train de déchirer des pans de ma tunique à l'épaule et sur mon poignet, par la même occasion, je ressens ses immenses ongles déchirés ma peau comme un vulgaire tissu. Les douleurs des deux points touchés se rejoignent sur un noeud nerveux, un à-coup électrique est produit et longe tout mon bras. (Oh! Le pourri, il m'a touché. Ough...! Il m'a ouvert, ça...ça pique, c'est désagréable! J'ai vérifié. Ça va aller! Par chance, c'est superficiel!) Le mutant m'a eu probablement à cause de ma précipitation dans le combat; il ne faut pas que je renouvelle cette erreur.

Après cette première altercation, la créature maléfique recule. Cette fois-ci, l'épée en garde, je bloque ma position pour amortir le choc d'une seconde confrontation, mais le mutant sekteg-reptilien ne lance pas une autre offensive. Soudain, un sifflement strident, identique à un crissement d'une craie sur un tableau, provient d'entre les rangées de ses dents cariées; cela me détruit encore une fois les tympans. Déboussolé par le bruit, je recule tant bien que mal un de mes pieds et le cale de façon à rester debout pour éviter de tomber à la renverse. (Argh...! Mes oreilles! Le rire n'a pas suffi, maintenant, il faut qu'il siffle. Qu'est-qui lui prend? Est-ce dû à la blessure sur sa cuisse? A moins que... non, cela ne se peut; mais c'est... ça se pourrait qu'il l'appelle « ses bébés ». Je veux dire plutôt « ces protégées », il faut qu'il se taise et vite. Taiuuut!)

Je relance mon offensive pour la deuxième fois. N’entendant pas la fin de son sifflement, je balance, de toutes mes forces, un coup de pied latéral sur le côté de son genou gauche pour le désarticuler et déchirer encore plus la blessure déjà faîte sur le quadriceps. À la suite de ce mouvement, ce coup-ci, je prends mon épée à deux mains, vise et avec la seconde rage qui bouillonnait au fond de mon être, j’abats le côté de la lame bien tranchant sur le genou droit de mon adversaire.

(((Hrp: Coup de pied latérale sur le côté du genou gauche + coup d'épée avec prise à deux mains pour trancher le genou droit.)))

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Ven 12 Fév 2010 23:50 
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Le combat s’emballe et les passes se font de plus en plus vilaines mais tu parviens habilement à dominer le combat. Ton coup de pied est paré mais tu viens avec une étonnante facilité trancher une de ses quatre mandibules venues sauver le genou d’un coup mortel. Suite à la blessure, ton adversaire se fait furie et après un assaut très coriace, il t’entaille au côté avant de se reculer, visiblement excédé de ne pas t’avoir déjà fait rôtir…

Il siffle vilainement et tu dois t’en boucher les oreilles. L’horrible son retentit dans toute la grotte et te fait frémir les entrailles. Cependant, à cet appel, tu ne décèles aucun changement notable… Quel était donc la stratégie de cette créature ?

Rose de son côté est de plus en plus mal embarquée car lorsque la mère se réveille, elle est bien plus agressive que sa jeune enfant. Elle dévisage Rose comme si elle avait été le futur repas et commence à s’approcher dangereusement. De plus, tu entends que sur les toiles, la troisième des araignées fait route vers vous, comme si un message entre les deux adultes avait été transmis. La famille n’était pas si accueillante que ça…

Pourtant, alors que tu pensais qu’elles étaient sur le point d’attaquer, un sinistre sifflement se fait entendre et elles détournent toutes la tête. L’instant d’après, elles galopent les unes à la suite des autres vers le couloir déjà franchi par toi. Tu aperçois la dernière, une gigantesque arachnée rouge aux pattes acérées. Elles filent à toute allure.
Fallait il que tu les suives ?

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 27 Fév 2010 23:01 
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Dans l'élan du coup de pied, j'entends le frottement de l'air sur ma botte; il se rapproche progressivement du point d'impact. (Gnnn...! J'y suis presque. Vile créature, tu vas le sentir passer celui-ci!) Brusquement, bien que le coup de pied soit bien porté et bien ajusté, le mutant pare le geste pour protéger son genou; il a voulu sans doute éviter que je lui aggrave la blessure déjà présente. (Par Sithi, il a encore réussi!) Toutefois, l'abjecte créature s'est fait avoir tel une bleusaille. Comme, j'ai enchaîné une autre offensive avec ma fidèle bâtarde vers le jumeau articulaire; elle a eu juste le temps de défendre son genou droit en mettant entre la lame et l'élément ciblé, un de ses appendices meurtriers. (Là, je l'ai eu. Hé hé! Il peut dire au revoir à son articulation...Mais....mais, qu'est-ce qui s'est passée? Son... son genou, il n'a rien.)

Effectivement, l’articulation a été sauvée de la taille par sa satanée mandibule qui a dû ralentir l’attaque. Cependant, je n’en suis pas au moins déçu, car son appendice s’est fait, à sa place, trancher aussi facilement que du saucisson. (Bien fait! Tu n’as peut-être pas perdu ta jambe, mais ce bout de bras me satisfait.) En observant le moignon injecté de sang et la mandibule bougée nerveusement sur le sol, je suis atteint, involontairement, par un ricanement incontrôlable. (Pour... Pourquoi? J'ai cette réaction aussi puérile et effrayante face à un événement comme ça. Peut-être, est-ce dû à l'ambiance pesante de la pièce, même il se peut que ce soit juste le fait que la barbarie et la violence me lasse peu à peu, déjà que j'en avais vu trop durant la guerre. A moins que les méandres de la folie m'aient déjà atteint, ça ne me surprendrait pas. Que sais-je...? Tout cela, me fout la pétoche!)

Noyé sous mes pensées, je n'aperçois qu'à la dernière minute, le monstre m'a chargé tel un cerf en période de rut et a plongé une de ces longues et maudites griffes pour me laisser une empreinte de son passage dans la région de mes côtes. Par l'intensité de l'impact, je me replie convulsivement sur moi-même. Une nouvelle douleur plus agressive et expansive que les précédentes y naît. Le tiraillement provenant de la blessure m'empêche de respirer normalement.

Je tremble d'angoisse en voyant une tâche sombre qui se forme au travers de ma chemise. Profitant du recul de la créature, j'enlève le vêtement pour examiner la gravité de la plaie sanguinolente. Je me retrouve torse nu et du sang, mon propre sang, coule en fins filaments le long de mon flanc. Toute la partie gauche de mon corps est teintée par sa couleur rouge-rubis. Je place ma main sur la plaie pour le stopper temporairement. (Argh...! Ce n'est pas si profond, sinon, le sang serait plus foncé qu'à l'ordinaire et là j'aurais plus que quelques heures à vivre.)

Malgré la fébrilité qui me gagne, je profite du temps de pause pour arracher, avec les dents, un pan de tissu de ma chemise trouée et l'utilise pour recouvrir l'actuelle blessure. Quelques secondes après, le mutant émet le même sifflement que tout à l'heure et me force de nouveau à me boucher les oreilles. Cette fois-ci, cette stridence pénètre encore plus profondément mon être, elle fait même tressaillir mes entrailles. (Ouaaïe...Ouaaïe! Par pitié! Qu'il arrête, ma tête va finir par exploser.)

Un laps de temps passe, la créature continue à émettre ses horribles sons aigus, malgré-cela la situation ne change en aucun point. (Ouaaïe...Ouaaïe ! J'ai mal! Pourquoi fait-il cela? Probablement, pour une torture mentale, autrement je ne vois à quoi ça lui sert de siffler comme ça, même ses prétendues protégées ne sont pas venues.) Exaspéré par cette cacophonie, je prends mon épée avec la main recouverte par le sang pour mettre fin à ce calvaire.

« VERMINE! JE T'ORDONNE DE TE TAIRE ! TU VAS REJOINDRE PHAÏTOS SUR L'HEURE » hurle-je, furieusement, sur le ton plus grave que ma voix peut atteindre; après avoir dit ça, je sens la montée de l'adrénaline. Elle traverse tout mon corps et en particulier mes bras. (Whaouu! Drôle de sensation, je me sens un tantinet plus fort; si je tape le mutant, il va avoir plus mal qu'avant.)

Je prends mon courage à deux mains pour lutter contre l'assourdissement. J'ai décidé d'en finir une fois pour toute: je vais décapiter la tête du mutant. Tout d'abord, j'embraye par une estocade vigoureuse visant à trouer profondément sa gorge, ensuite je mouline rapidement et latéralement mon épée telle une tornade d'acier, en passant par le flanc du membre découpé de la bête, pour accomplir mon projet.


((Hrp: Utilisation de la CCAA: Estoc droit sur la gorge de la créature + un rapide coup d'épée en moulinet pour décapiter la tête.
P.S: Ne pas oublier que c'est mon troisième tour, je dis cela pour prendre en compte la spécificité de l'épée))

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 3 Mar 2010 22:52 
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Au loin, alors que ton adversaire s’est tu et que le combat reprend de plus belle, tu parviens à percevoir le bruit de pattes rapides se déplaçant sur le sol de marbre. C’était sans doute un mauvais signe pour toi…

Tu as bien compris cet état de fait et ton hurlement couvre un instant le boucan ambiant. Ce cri surprend ton adversaire et tu parviens à abattre ton épée selon ta volonté. Celle-ci tombe sur la trachée du corps désormais mort et décapité. En effet, ton épée tranche de manière nette la tête du mutant, envoyant voler cette dernière à quelques mètres de son propriétaire originel.

Désormais seul, tu peux visiter et fouiller à loisir l’espèce de petit confessionnal dans lequel tu te trouves. Pourtant, à l’extérieur, le bruit des pattes grattant le sol se fait de plus en plus pressant…

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 10 Mar 2010 19:37 
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La dame de la demeure se leva lentement, étendant les quatre pattes de gauche, puis de droite en un coulant mouvement, précis et sentencieux son corps oblong se retrouvant pendant un instant incliné vers le levant ; cette sordide instabilité ajouta à ses yeux froides et parfaitement fixes un incarnat éclat pervers. Rose ressentit l'intention bien plus qu'elle ne la vit, un tressaillement parcourut ses membres ; ainsi le frêle animal sent-il l’incontestable supériorité de la bête dont il a outré le territoire. Le regard plongé dans les écarlates pupilles dilatées de la Reine Mère, les lèvres entr’ouvertes, l’elfe s’était départie de la vaillante sérénité dont, un moment auparavant, elle avait couvert son visage tranquille. Lorsque la bête avança une de ses longues pattes à l’aiguillon meurtrier, la jeune fille resta pétrifiée ; il était terrifiant d’observer ces bras sombres et longs, plus fins que le jeune tronc du plus grêle des arbres, soulever et reposer sans un bruit, sans un souffle dans la poussière, leur propre poids sans qu’un indice de muscles ou de sang fussent perceptibles. Un pas après l’autre, la bête de rapprochait lentement, sans qu’aucun geste soit réellement agressif en lui-même ; la violence inhérente à cette froide marche ne se pouvait ressentir que par le regard et par l’air, qui vibrait de la future assaillante à sa potentielle proie. Derrière l’arachnée, sa fille était restée en retrait, fixant toujours Rose sans malveillance, comme une égale qui lui aurait dit

« Quel dommage, petite elfe, je n’avais rien contre toi, au contraire, tu m’aurais fait de la compagnie. Mais bon, tu vois bien. Et qu’est-ce que tu vas faire, maintenant, entre cet instant et celui où tu seras une nouvelle décoration de ma demeure, destinée à être dévorée sans plaisir quand ton corps sera prêt ? »

L’aquatique déglutit avec difficulté, rendant à la petite araignée un furtif regard sans espoir, puis revint à sa douce maman. Elle était si proche qu’elle devait renverser la tête en arrière pour fixer de nouveau ses yeux de braise figée dans la glace, et qu’en tendant les bras elle eût pu atteindre les membres avant de la monstrueuse.
Rose remarqua alors l’étrange rythme, étouffé et presqu’indiscernable, qui se faisait entendre sous la voûte de la grotte depuis un moment. C’était comme le bruit que ferait un araignée aussi lourde qu’un woger, s’amusant à rebondir sur sa toile gluante et solide comme le caoutchouc.


(Le bruit se fait de plus en plus clair et roche… Par Moura, aurais-je l’honneur de faire la connaissance du papa ? Ces bêtes ne sont pas normales, pas normales du tout… Les animaux ne sont pas cruels, seuls les êtres parlant le sont ! Ils tuent pour se défendre, pour défendre les leurs, et encore… et puis pour se nourrir, ils tuent les autres pour conserver leur propre vie et celles dont ils ont la charge. Et voilà que cette mère va me tuer sans raison vraiment valable. Je suis sur leur territoire mais sans agression, cela s’est déjà produit maintes fois avec des loups, même des chefs de meute, d’autres canins dans les forêts, et avec des animaux aquatiques dont j’avais enfreint les frontières du royaumes… Et aucune, aussi enragée qu’elle soit, n’a pour cela résolu de me tuer. J’ai été pourchassée, éjectée hors de l’espace du règne, quelquefois froidement raccompagnée, mais pas tuée, non.
Ces araignées ne sont pas normales, ce ne sont pas des animaux. La haine que cette mère me voue n’est pas instinctive. Si elle se mettait à parler, dans quelque langue que ce soit, je n’en serais qu’à moitié surprise. Quelle magie a fait cela ? Est-ce la même que celle qui a fait grandir le pauvre brachyu, et lui a donné ce courage inhabituel ? Je ne sais pas, mais si je devais vivre encore un peu, j’irais chercher ce qui manipule ainsi le règne animal pour créer de pareils monstres… Les symboles animaux ne marcheront pas sur la maman, inutile d’essayer. )


La monstruosité de son adversaire terrifiait Rose, à un point tel qu’elle ne l’avait encore jamais ressentit. Tout combat était inutile, contre une créature qui n’était ni elfe, ni parlante, ni animale ni végétale. Les lèvres sèches de l’elfe remuèrent vaguement dans une prière involontaire et inarticulée.

« Déesse, comme je voudrais retrouver l’eau, l’eau calme et jamais impérieuse, l’eau qui redevient calme après avoir été colère, qui n’a pas besoin de persécuter pour dominer les êtres… Comme je voudrais retrouver l’onde, déesse, l’onde minérale et qui n’en veut à personne, sauf ceux contre qui tu la déchaînes ! »

L’araignée était proche, le regard de la petite plus intéressé que jamais, le rythme de rebond plus rapide et plus proche. Incapable de dire un mot, de forcer ses membres à fuir – mais fuir par où ? Rose songeait à Amaryliel. Le doux mouvement des vagues régulières du port de la petite île de pierre tendre qui lui servait d’abri, au large du port de Luinwë résonnait dans son esprit éperdu.
C’est à cet instant que retentit un sifflet strident, quelque part, on ne savait où, insupportable aux oreilles. L’elfe sursauta violemment, manquant de tomber à la renverse, et les deux bêtes tournèrent vivement la tête vers l’origine supposée de l’appel ; selon elles cela semblait venir du sombre couloir que l’aquatique avait suivi. Sans plus se soucier de leur proie, mère et fille activèrent leurs longues jambes et coururent vers l’entrée du tunnel ; le jeu de leurs seize pattes noires s’agitant deux par deux et se soulevant haut, sans déranger un grain de poussière, était un étrange spectacle ; elles eurent disparu avant même que Rose se fût remise de la convulsive frayeur qu’avait provoqué le sifflement.
La jeune fille n’eut que le temps de courir vers le mur du fond, à moitié soustraite à la vue par un fragment rocheux couvert de toile mauve, avant que le père ne parvînt dans l’entrée de la grotte. Rose ouvrit de grands yeux ébahis lorsqu’elle vit la bête énorme, plus grande que sa compagne mais quatre fois plus épaisse, à la lourde carapace couleur de sang d’elfe gris – celui des aquatiques est bleu comme la mer sombre – , haussé sur d’énormes pattes s’alternant gracieusement dans la preste danse de sa course.

Lorsqu’elles furent toutes trois disparues dans le boyau, Rose s’adossa au mur et respira profondément. Ses pensées confuses ne lui permettait aucun avis, aucune idée, pas de projet ni de sens discernable dans cette situation quelque peu… imprévue.
C’est alors, l’esprit agité de mille visions mal comprises et de sensations terrifiantes, qu’elle entendit un cri. Une grande colère, mêlée d’une indicible tristesse lasse retentissaient dans ce mugissement articulé. C’était l’appel d’un parlant, cette fois, très différent du bizarre sifflet. Un parlant, un elfe, ou un humain… Les deux timbres de cette voix sentencieuse donna tout de suite à l’enfant l’indice dont elle avait besoin pour éclaircir ses idées.


(Un parlant… Humain et elfe… Ah !)

Sans réfléchir davantage – sans doute, elle n’était plus capable d’un raisonnement vraiment sensé – elle courut derrière les araignées. L’odeur, depuis longtemps, ne la dérangeait plus, pourtant lorsqu’elle passa dans l’obscur couloir elle la retrouva plus forte que dans la grotte même, sûrement mieux aérée et manqua de choir contre l’inégale paroi. A son grand étonnement, elle entendit tantôt le sourd concert des vingt-quatre pattes fines qui foulaient, rapides, le sol de pierre fracturée. Malgré leur taille ils ne devaient pas pouvoir filer si vite que l’on eût pu l’imaginer. Se hâtant de toutes les forces qui lui restaient, épuisée de trop de jours sans sommeil et affamée depuis ce soir étrange où elle avait goûté le terrible brouet de la vieille sorcière du port, elle cria :

« Sigdraaaaaaal ! »

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 20 Mar 2010 01:43 
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A la suite de ton cri, tu débarques essoufflée dans le salon noble précédemment décrit. Tu t’imprègnes de l’ambiance des lieux avant de remarquer l’échappatoire qui s’offre à toi, au fond à gauche.

En arrivant, tu aperçois la cohorte des araignées s’engager et disparaître dans une petite alcôve du mur. La suite est bien plus dramatique… Tu entends le cliquetis d’une épée et tu perçois distinctement le bruit d’un combat qui te paraît inégal. Toutes les araignées s’en prennent à un ennemi que tu connais bien : Sigdral.

Pourtant, à cette écoute, tu restes tétanisée par une force plus puissante que toi et tu finis par entendre avec dégoût la dernier râle d’agonie de ton ami, assassiné par des assassines aux longues pattes. Tu entends même avec une horreur sans nom les bruits de déchiquetage du corps qui te font comprendre que désormais, les arachnéens sont passé à table. Ton ami et dernier compagnon est mort, et d’une mort fort triste et cruelle. Tu es désormais toute seule dans ce souterrain infernal, livrée à toi-même et à tes pulsions mystiques.

Désormais, trois solutions s’offrent à toi. Tout d’abord, tu peux toujours essayer de revenir en arrière et rebrousser chemin vers les profondeurs que vous avez laissé inexplorée. Ensuite, tu as la possibilité bien suicidaire de rejoindre les araignées pour dépouiller ton ami, explorer la pièce, et chercher des trésors. Enfin, tu peux toujours continuer humblement par la porte qui logiquement semblait t’appeler vers l’avant.

A toi d’agir !

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 27 Mar 2010 01:21 
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"aaaaaaaaaaaaaaaal !"

Seul un juron étouffé répondit au très long cri de la jeune elfe, mais cela lui suffit ; un étrange sentiment l'envahit, qui semblait peu adapté aux circonstances : ce seul élément sonore quelque peu familier dans ce monde trop différent, où les bêtes étaient aussi basses et cruelles que les elfes et où les couloirs s'alignaient, l'un après l'autre sans fin, lui inspira une joie infinie. Le temps de cette course dans laquelle elle déployait des forces surprenantes, elle eut un sourire, un sourire de soulagement : tout n'était donc pas perdu, avec Sigdral ils trouveraient un chemin et rejoindraient, peut-être, Raliak et Gwaë, ou même directement la surface.
Une sourde lumière éclaira le couloir, les araignées bifurquèrent à l'angle où elle avait précédemment quitté le semi-elfe ; la petite négocia le virage avec une gracieuse habileté, tandis que sa mère trébuchait légèrement et devait poser les pattes sur les parois du mur pour tourner sans ralentir ; le père, en revanche, sanglant colosse, montra moins de souplesse et commença par heurter le mur, les pattes enchevêtrées renversant le braséro. Rose, nerveuse malgré tout, eut un rire étranglé.


(Quelle belle vengeance tu m'offres, malhabile, pour m'avoir fait si peur ! Non mais qu'il est lourd, a-t-on idée d'être aussi massif et maladroit, quand on fait croire qu'on est une araignée agile et entendue. Là où nous allons, c'est bien le chemin que Sigdral a suivi tout à l'heure. Le couloir est de plus en plus joli.)

Après avoir pouffé, l'héroïne accéléra subitement sa course, prit appel et bondit le plus haut qu'elle pouvait, danseuse malingre, gracieux tyroglon : elle sauta au-dessus du braséro qui, bouleversé par la bête, roulait vers elle en faisant jaillir de menaçantes braises étincelantes, menaçant monstre de tôle qui hurlait un sinistre cahotement de ferraille. Roulant à terre en un double pirouette, Rose se releva après avoir laissé échapper un petit rire cristallin.

L'arachnéenne famille était à présent loin devant. Le rythme de leur course s'était arrêté ; et pour cause, l'elfe pénétra bientôt dans une sorte de salon, assez peu vaste pour être intime, mais dans laquelle de nombreux convives pouvaient être accueillis. Là, comme dans les élégants couloirs qu'elle avait parcouru, de grandes torches se consumaient sereinement, éclairant les lieux d'une lumière douce, ne laissant pas d'ombre mais n'aveuglant pas non plus les yeux de la pauvre créature qui revenait d'un séjour dans l'obscurité de la grotte – et cela ne devait pas advenir souvent ; de mémoire de fauteuil gris faisant face à la porte, il n'en était jamais passé de tel. Les bêtes avaient disparu dans une sorte de renfoncement de la pièce, peut-être une autre salle attenante au petit salon.


« Mais qu'est-ce qu'elles font? Monsieur le semi-elfe? Sigdral! »

Dans une pièce aussi vaniteuse, l'on n'a pas le courage de crier. Rose haussa timidement la voix, craignant de réveiller les meubles. Dans la seconde pièce, d'étranges bruits se firent entendre : l'incessant cliquetis des pattes des araignées, mais également un grincement, celui d'une arme que l'on tire de son fourreau.
Puis le combat commença. Rose comprit immédiatement de quoi il s'agissait : les monstrueuses bestioles s'en prenaient à Sigdral. Celui-ci devait combattre avec sa seule épée, s'il n'avait pas de torche. L'alcôve semblait obscure, de là où de tenait la jeune fille. Elle allait se précipiter vers eux pour aider le semi-elfe, mais quelqu'un était entré derrière elle et l'avait attrapée par les épaules, emprisonnant ses bras.


« Hé! Lâchez-moi! Bon sang, qui êtes-vous, lâchez-moi, venez m'aider plutôt, ne voyez-vous pas ce qui arrive? Répondez, enfin... »

L'inconnu ne la laissait pas. Au contraire, il resserrait son emprise, mettant des obstacles devant ses jambes. L'elfe tourna la tête vers l'arrière, seul mouvement qu'elle pouvait encore faire.

(Ah! Ah! Ce qui m'entrave est invisible!)

Du moment où elle vit ce qu'il y avait derrière elle, l'aquatique se débattit tant qu'elle put, mais la force qui la maintenait immobile, les bras écartés et face à la l'alcôve, était inflexible. Ce n'était pas une lutte ordinaire, l'adversaire inconnu ne faisait aucun mouvement, comme lorsque l'on doit retenir dans sa main une créature de petite taille et aux membres sans vigueur ; il semblait bloquer absolument son corps tout entier sans aucun effort. La faible proie, enfermée dans cet incompréhensible carcan, cria à l'adresse de celui qu'elle était en train d'abandonner :

« Sigdral, écoutez! Il y a quelque chose qui règne en ces lieux, et c'est mauvais. Plus que mauvais, c'est... c'est funeste, tragique, c'est malveillant! Je... je ne peux pas bouger. Visez la plus épaisse partie des pattes! »

Les échos qui venaient de la seconde pièce étaient étouffés, peu distincts. Rose crut entendre un grognement, quelque chose comme « Malveillant? Sans blague » immédiatement suivi d'un hurlement strident. Le semi-elfe devait avoir réussi à atteindre l'un des araignées ; lui avait-il coupé une patte? Était-elle morte enfin? Laquelle était-ce? Dans n'importe quelle autre circonstance, l'elfe n'aurait pas pris parti, ou avec bien moins d'ardeur ; après tout, si l'un défendait sa vie, les autres luttaient pour se nourrir. Chacun voulait survivre. Mais ici, les valeurs étaient renversées. Sigdral seul défendait une cause juste, et il n'avait de secours que son arme lourde et rouillée pour repousser les assauts de trois ennemis rapides, immenses et acharnés.
La jeune fille, tirant contre la puissance qui l'empêchait d'aller s'opposer aux araignées, ne pouvait qu'écouter, impuissante, et deviner ce qui se passait là-bas, à quelques mètres derrière le tournant du mur. Ce n'était, hélas! pas difficile. Les heurts de l'épée contre les crochets, les gémissements et soupirs du l'assailli, en disaient long sur l'issue probable de l'inégal affrontement. La petite elfe ponctuait ce concert, inquiète, d'appels et de conjurations, de vains encouragements et d'inutiles malédictions. Tentant toujours de se dégager de l'emprise que la maintenant au loin sans pouvoir, à présent, faire le moindre geste même vers l'avant, elle se retournait quelquefois, la colère et l'effroi inondant en grande crue, en marée acide, le pers liquide qui coulait dans ses veines.


« Ah, toi, espèce de chose, qui es-tu donc? Qu'est-ce que tu me veux? Je dois aller là-bas, laisse-moi... Je ne te vois pas, je ne vois rien, il n'y a rien derrière moi, mais je sais que tu es là, chose, et tu m'empêches... »

Elle perdit le contrôle de ses doigts, de son cou. Désespérée, l'elfe ne pouvait qu'ouvrir les yeux, essayer d'entendre, et espérer. Quelques mots d'une prière à Moura s'envolèrent sans suite, elle n'était plus capable de recueillement. Après un second grincement qui indiquait qu'une araignée avait encore été touchée, sinon blessée, l'on entendit un cri, de la voix d'un parlant, suivi d'un long gémissement entrecoupé de haut-le-coeur. Un choc sourd, et l'on n'entendit plus rien. Rose, éperdue, tirait encore pour se dégager.

Sur les deux pièces régna longtemps un lourd silence. L'elfe, dont une partie du corps avait été relâchée, laissait sa tête pendre, tout juste soutenue par l'entité criminelle qui entravait encore ses bras. Plongée dans de profondes et douloureuses rêveries, elle avait quitté le boudoir, quitté le souterrain, quitté Yuimen, et flottait n'importe où. Elle se redressa , les yeux vides et la bouche tordue d'une moue résignée, en sentant un renforcement de son invisible prison ; elle fut soudain prise, emportée violemment, et se retrouva dans la cathédrale. La vision, cette fois, courut avec une vitesse extrême, si bien que si elle n'eût pas connu la succession des lieux par coeur pour se l'être mainte fois répétée, elle n'eût rien reconnu de ce qui passait, fugitif, devant ses yeux. La crypte, le dôme boueux, les couloirs et l'antre du shaak aux cadavres vivants, rien ne manqua, dans l'ordre et dans le temps. Lorsque Rose arriva, volante, fulgurante, à la place où elle se trouvait effectivement, tout ralentit considérablement, et elle se vit avancer – ou du mois, elle vit ce qu'elle aurait vu si elle avait pu s'avancer – vers l'alcôve. La vision, instable et comme fouineuse, fit le tour de la pièce, c'était une sorte de vaste renfoncement pierreux, sombre et sec. Rose put tourner autour des araignées, et constata que la mère et la fille avaient chacune une patte coupée juste au-dessus du crochet venimeux. La petite était recroquevillée sur elle-même, et ne formait plus qu'une sombre boule, hérissée de chaque côté des saillances de ses pattes repliées. Puis, cela tourna autour du sol ; Sigdral, étendu sur une sorte de grande marche taillée dans le roc, reposait les yeux clos, le bras contracté et replié sur son coeur. Lors que la vision s'éteignait après avoir détaillé d'autres recoins vides de la pièce, Rose put voir approcher du mâle du semi-elfe gisant ses mandibules géantes.
Puis le sort s'estompa, et peu à peu ce fut le noir. Recouvrer la conscience du salon et d'elle-même mit un certain temps ; au fait, elle n'était plus vraiment pressée. Les araignées, dans l'alcôve, devaient être tout juste en train de dévorer leur proie, Rose ne voulait pas entendre cela. L'emprise qui la maintenait commençait à se relâcher, comme une force qui meurt lentement plutôt que comme un ennemi qui s'en va ; les bras et les épaules étaient encore immobilisés, tandis que le reste du corps été libre. L'entrave était à présent tuteur de la fleur inclinée, soutien de l'animal blessé.

L'elfe respira, aspirant l'air tant qu'elle pouvait. Sa voix résonna, grave et au timbre étouffé par ce salon hermétique dont tous les murs étaient couverts d'épaisses soieries.


« Ô, déesse! Par l'étrange vie que tu m'as donnée, par l'existence sans racines, sans pays, sans raison que tu as voulu faire incomber à mes épaules trop fragiles, ne permets pas qu'une telle chose arrive! Maîtresse! Toi qui contrôles tous les corps de par la grande quantité d'eau qu'ils renferment en eux, rassemble celui qui est déchiré, sans vie là-bas, et que je ne peux pas voir... Contracte, condense, assemble enfin, et que je puisse aider le semi-elfe à se relever et à reprendre la route. »

La volonté lui manqua, et elle ne voulut plus prononcer un mot. Puis, relevant la tête vers le plafond, vers un ciel muet qui l'écoutait, touché de sa grande douleur, elle continua.[/i]

« Dieux, tous, écoutez-moi.
Lumineuse Gaïa, tu as donné à cet être la vie, précieux cadeau, comment t'en remercier? Allons, ne laisse pas ainsi périr ton enfant, tu ne le dois pas, et sais-tu pour quoi? Eh bien, je vais te dire pourquoi.
Grand Yuimen, maître de notre terre, qu'as-tu fait de ta mission? N'es-tu pas censé conduire Sigdral depuis son plus petit âge d'enfant, jusqu'au moment où il rencontrera la mort dans la nature? Tu as failli, ô maître, et si tu as cru ta mission menée à bien, tu t'es trompé, l'on t'a aveuglé, puissant doyen. Et je vais te dire pourquoi.
Phaïtos! Oh, Phaïtos, celui qui prend la vie qui est terminée, je ne veux pas rentrer dans les querelles qui animent le monde. De ces dissensions mêmes, je ne sais rien, mais si cela se reflète encore parmi les calmes elfes de ma cité, c'est que les continents doivent en être terriblement déchirés. Je respecte tous les dieux, et toi parmi tous. Je n'ai pas peur de ta mort, pas plus que je n'ai peur de la naissance. Je préfèrerait même... ma mort à ma naissance, du moins périrai-je sans doute avec un nom, quelqu'un pour dire « Ce corps sans lumière, c'est Rose », moi qui suis née anonyme. Mais, allons! Que fais-tu là? Tu accueillerais dans tes beaux Enfers un être qui n'y a pas sa place? Compte tes morts, Céleste, tu verras que l'un d'entre eux est un intrus, renvoie-le donc vite. Il n'a pas reçu le droit de mourir, et tu te demandes pourquoi je parle ainsi? Tu veux savoir pourquoi tu pourrais faire périr les êtres et les animaux, mais pas Sigdral? Eh bien, je vais te le dire, moi. »


A présent, Rose hurlait. L'intonation de sa voix était souvent monotone, ponctuée régulièrement d'envolées nerveuses, qui montraient à quel point elle croyait ce qu'elle disait. Sa parole, intense et forte, devait s'élever jusqu'aux dieux à qui elle s'adressait, malgré qu'elle ne soit qu'une jeune elfe quelconque, malgré ces plafond et cette terre qui la séparait de l'air pur, facteur des plus ferventes prières. Elle se leva, étendit ses bras blancs vers le haut, puis comprit la vanité de ce geste et ramena ses mains vers son cœur.

« Je vais vous dire, dieux, pourquoi ce semi-elfe à la fumée infernale n'est pas mort. Les êtres, même les elfes, se font tuer par les bêtes, et c'est quelque chose de bon, même de fantastique. Cela leur enlève un peu de ce grand pouvoir dont ils se croient investis, cela leur rappelle que leur chair, si elle semble plus précieuse, n'en est que plus fragile. Ah, souverains dieux! Moura, abaisse jusqu'à moi tes yeux, entends ce que je dis, vous vous êtes trompés. Alerte donc tes augustes compagnons, constatez tous la méprise et ayez donc hâte de la réparer!
Voilà un semi-elfe, déesse, ma mère, qui a été mis à mal par des forces qui ne devraient pas exister. Ces araignées ne sont pas des animaux, vous devez bien le savoir! Ce sont des machines, des machines à tuer, je l'ai vu dans leurs yeux, et je vous parie que si, de deux siècles, personne ne venait plus, elles ne s'en trouveraient pas mal. Elles n'ont pas tué pour se nourrir. Voyez la cruauté! L'on dit que les plus mauvais des êtres parlant finissent par trouver leur punition. Je n'y ai jamais cru, bons et méchants tous souffrent, ils suffit de regarder autour pour le savoir. Mais chez les animaux, du moins, la volonté de faire souffrir ne devrait pas exister.
Aaaah! Puissants! Ne permettez pas que cela advienne sur votre terre! Moura, assemble donc, d'un geste, ces membres épars que je ne suis pas capable d'aller contempler. Allons, allons! Je vous ai dit pourquoi, mes chers amis, venez donc... montrez-vous, un à un, et allez admirer ce que votre la cruauté de choses créées par d'autres que vous a provoqué... Assemblez-vous.. Assemblez-le... »


Perdant fatalement de sa force, l'elfe se recroquevilla lentement sur elle-même. Son visage plongea vers le sol dans un mouvement suspendu, tandis que ses genoux fléchissaient. Ses yeux, grands ouverts sur le vide, ne voyaient plus. L'on eût dit, à s'y méprendre, un pantin dont le manieur lâchait les fils, un à un, pour le poser délicatement sur le sol tiède et avouer à tous son inanimation. Ce qu'elle ressentait, qui pourrait le dire? Point de la tristesse, elle n'était pas de ces humains qui s'accablent à la moindre rencontre de la dame Mort ; pas les doléances de la Justice bafouée non plus, car elle ne voyait là que nature, et la nature ne se soucie pas le moins du monde d'équité, elle s'établit au-dessus de cette norme établie par les parlants. Le chaos qui s'était emparé son esprit était indéfinissable, résultat de mille pensées ; peu à peu, ce chaos ferait place au néant et, de cet état de non-existence, elle pourrait renaître.
Quand le pantin fut étendu sur le fastueux tapis écarlate du silencieux salon, toute vie sembla s'être évaporée des lieux. Si quelqu'un fût passé par là en ce moment, il n'eût guère trouvé une marionnette d'Earion aux yeux clos, mal peinte sans doute par la main d'un artiste fort douteux. Ses épars cheveux de fil de soie noire formaient autour de son visage de bois une sombre nimbe. Les yeux aux paupières clauses, tracés d'un rapide trait de pinceau sur la face sculptée teinte d'une improbable couleur pâle, bleutée, ne la faisaient pas ressembler à un être vivant. Les vêtements, une lourde robe couleur d'océan aux ourlés nacrés et une paire de bas usés, figés par l'eau et le sel, étaient de toile grossière, et l'on pouvait reconnaître là l'œuvre d'un piteux marionnettiste sans talent. D'ailleurs, personne ne se souciait de cette poupée de seconde facture, étendue là dans la quiétude d'un salon bourgeois solitaire, destinée à brûler dans l'âtre d'une modeste famille lors des grands froids de l'hiver plutôt qu'à agiter ses membres sans vie sur la scène d'un petit théâtre pour enfants.

Le temps passa, un temps, les temps passèrent, qui sait combien? Les meurtriers dans l'alcôve se repassaient sauvagement de leur banquet, en silence. Le pantin retrouva l'air, inspira longuement, puis papillonna des yeux. Se redressant, il regarda à l'entour. Les flambeaux se consumaient toujours, l'un d'eux s'était éteint. Le Fauteuil la regardait en silence, l'air indifférent, et tout le reste dormait profondément, de ce somme sans rêve dont on ne doit pas se réveiller avant que n'arrivent d'autres temps.

Elle secoua doucement la tête de droite à gauche, longtemps. Puis elle se leva, tituba en proie l'instabilité qui lui avait infligé ce mouvement, et regarda encore.


« Une porte. »

La jeune elfe se dirigea vers le fond de l'intime boudoir et, sans y songer davantage, posa la main sur la poignée de la petite porte qu'elle venait de remarquer.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Lun 5 Avr 2010 23:17 
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Localisation: Entre le voile de la réalité et votre vie, prête à corriger vos erreurs...
Lorsque tu t’approches de la porte, tu finis par entendre les derniers bruits des araignées qui se repaissent du dernier repas de ton ami le semi-elfe. Lui-même! Pourtant, ton attention dérive vite lorsque tu sens que la poignée dans ta main est chaude. Elle va même jusqu’à contraster avec l’endroit et tu remarques qu’autour de la porte, la peinture du mur s’écaille sous l’effet d’une chaleur qui redouble.

Lorsque tu ouvres la porte, un vent chaud te prend et tu découvres un petit couloir sombre qui mène à une grande lumière. Tu y reconnais un immense brasero sans doute à l’origine de la chaleur épouvantable qu’il fait désormais. Par contre, grâce aux jeux d’ombres, tu peux voir qu’il y a une certaine activité dans ces lieux. Sans doute deux personnages…

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Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Lun 12 Avr 2010 22:29 
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Rose retira vivement sa main de la poignée de la porte, surprise. L'argent était tiède, chaud pour une créature à sang froid. Dans le salon ne brûlait aucun feu, aucun âtre n’était visible et l’air ambiant était… étrange, sans température, sans air, sans nul mouvement ; tout donnait l’impression du sommeil immobile. L’elfe eut du mal à croire qu’un moment auparavant, il y avait eu là vie et agitation, qu’elle avait accouru et lutté, que s'était tramé ce mortel combat, tant était opaque dans la nuit de ces lieux. Posant ses mains sèches à plat contre le mur, palmes déployées, elle approuva la même chaleur. Soulevant passivement les tapisseries tissées de beau fil, douces au toucher et au regard, elle dévoila un mur en briques de terre cinabre, dont l’épaisse peinture rosée s’écaillait sur toute la façade. Derrière cette muraille, derrière cette porte il devait y avoir quelque chose de très chaud. S’éloignant sensiblement de ce nouveau danger, aussi impersonnel et puissant que l’être qui l’avait empêchée d’aller se battre, elle alla toucher le bois des guéridons, le marbre des buffets laqués, la porcelaine des vases ouvragés, la délicate étoffe des autres parois ; tout était tiède, tout correspondait à sa propre température.
Faisant ce tour, Rose en profita pour fouiller le boudoir, hésitant encore à partir, surtout si c’était pour s’exposer à une grande fournaise. Les tiroirs des meubles étaient verrouillés, rien ne céda à ses recherches ; la pièce resta insensible à son exploration. Tout ce qu’elle trouva fut un parchemin enroulé, serré d’un vieux ruban de soie. S’adossant à nouveau à la porte ardente, elle défit le paquet et lut.


« Pour qui veut n’être plus vu, l’eau est le meilleur des voiles.
Que glace et flot n’espèrent pas être cette fois de la partie.
Fermez les yeux et imaginez la chose, et qu'ainsi il soit. »


Les derniers mots, sorte d’Amen d’une conscience neutre, avaient visiblement été rajoutés, d’une écriture plus fruste et rapide que le reste, l'encre en était plus foncée.
En d’autres temps et lieux, Rose eût éclaté de rire. Elle se contenta pourtant de songer :


(Le magicien qui a écrit cela ne s’est pas donné beaucoup de peine. Il doit être très puissant, s’il est capable de déposer dans ce simple papier une velléité magique assez forte pour être déclenchée par quelqu’un d’autre. Peut-être n’est-ce qu’une plaisanterie, je ne suis même pas sûre qu’il y ait quoi que ce soit de magique là-dedans. Que glace ni flot n’espèrent être de la partie, donc il s’agit de vapeur. Cela propose de faire naître le brouillard, à ce qu’il semble. Il n’a pas fait l’effort de développer un peu l’énoncé de son sort, ni même de le rendre mystérieux. Ah, je vous jure, cela donnera bonne réputation aux magiciens…)

Elle le rangea dans la poche de sa robe et s’apprêta à quitter le salon. Quand elle eut posé une seconde fois la main sur la ronde poignée, Rose perçut le bruit des araignées, dont les pattes se disputaient et les mandibules s’entrechoquaient. Un vague relent de colère crût en elle, des profonds lieux de son esprit où elle l’avait enfouie. S’adossant à la porte, elle se saisit du parchemin, l’ouvrit devant elle et le tint ferme. Obéissant aux quelques lignes qu’un magicien négligent y avait jetées, elle garda les yeux clos et se laissa envahir par le Sommeil qui, depuis qu’elle était entrée, n’avait cessé de l’assaillir, tentant désespérément d’acquérir pour son infinie demeure incolore, indolore, cet élément rebelle qui résistait à son empire et agitait les choses. Il avait déjà perdu le Fauteuil qui, dos à la porte, écoutait et attendait de voir ce qui se passerait à présent, bien éveillé, tout aux aguets ; il serait furieux, dans son apathie, de voir une seconde créature lui échapper. Lorsqu’il comprit qu’il allait gagner la partie et faire de cette trouble-fête l’un de ses prisonniers et protégés, il exulta. Il ne comprenait pas, cet empereur aveugle, cet aède qui chante ses auditeurs sans qu’ils se puissent reconnaître dans ses histoires, il ne voulait pas comprendre que certaines proies sont faites pour s’enfuir.
Rose ne dormait pas. Dans son esprit, chassant sans ménagement les suggestions que l’égocentrique Monarque lui soufflait, elle construisit une autre scène, nébuleuse image : partout, dans chaque méandre de son esprit, elle établit la brume, une brume non pas grise comme l’est souvent celle qui s’abat sur Luinwë à l’aube, mais pâle, couleur de l’écume et du reflet sur l’onde paisible de l’astre lunaire. Rose voyait le port de la ville sous le ciel d’encre, couvert de cet opaque brouillard, dans lequel on pouvait bien se débattre indéfiniment sans parvenir à n’en dissiper ne serait-ce qu’assez pour voir le bout de son nez. Tournant la tête vers le nord comme si vraiment elle était au-dehors, dans Luinwë sans vent, elle aperçut les maisons des pêcheurs, encore bien visibles, épargnée par le nuages qui ne s’étendait pas au-delà d’un étroit périmètre autour de la jeune elfe. Concentrant son effort, cette dernière tenta de mesurer le brouillard, d’estimer sa largeur pour la maîtriser. Lors, baissant de nouveau les paupières – elle ne les avait, en vérité, pas ouvertes sur le salon, mais dans une dimension différente ; ainsi quelqu’un qui l’eût observée, le Fauteuil par exemple, ne l’eût pas vu ouvrir les yeux – lors donc, baissant de nouveau les paupières, elle étendit, par vagues successives, la brume, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle couvre un très large cercle autour de la blonde mage. La terre était couverte, l’air confus et nuageux, les eaux même de l’Océan se voilaient.

Lorsque tout fut gris, occulté, Rose souffla doucement et rouvrit les yeux. Le boudoir était toujours là, chaque chose à sa place, tranquille, immobile. Le Sommeil, dans son royaume, se saisit d’un édredon et le jeta à terre, de rage. Le Fauteuil se permit un sourire.
Les araignées étaient à présent silencieuses. Au-dessus du sol s’élevait un imperceptible nuage, une vapeur blanche que l’on voyait à peine ; cela flottait passivement au-dessus des luxueux tapis, et la même nuée enveloppait les mains de Rose et auréolait son front – mais cela, elle ne le voyait pas. Concentrant son attention sur ces vagues fumées comme elle l’avait fait dans ses douces représentations un instant auparavant, elle se récita quelques fois les formules hâtives du parchemin, insistant sur le bannissement de l’élément glacé et de l’élément liquide et s’imprégnant de la force impérative des derniers mots, ainsi soit-il.
Tendant les mains vers le sol, elle invoqua un dieu nouveau, un dieu sans genre, sans visage et, jusqu’à ce qu’un Parlant lui en désigne un, sans nom. Cousin de Moura et de Rana, c’était le dieu de la brume, le maître des vapeurs. L’elfe se concentrait sur la seule idée de blancheur et d’immatérialité, et voulait en encouvrir l’Espace tout entier. Docile à sa volonté, la nuée montait doucement, inexorablement, suivant les exhortations des mouvements de l’elfe ; elle l’enveloppa toute entière, emportant dans son univers d’invisibilité les bas tabourets de velours d’émeraude, puis les fauteuils laiteux, vieux aristocrates oubliés de la jeune Cour mais encor dignes et fiers, les hauts guéridons qui gardaient leur vaisselle d’argent comme de secrets trésors. Rose se concentrait, se perdait corps et âme dans une abstraction de plus en plus absolue, une incertitude troublée. Elle se demanda, Blanche de blanc de vêtu, qui elle était, et quel repère elle trouverait encore. Incapable de toute définition de soi et du monde, oubliée de tous et oublieuse de beaucoup, elle laissait la neutralité l'envahir, insidieuse mais bienvenue. Dans le salon, la nuée avait atteint les plafonds blancs, bordés de moulures et d'angelots ailés. La brume n'était pas épaisse, une simple fumée claire, mais elle envahissait tout.
La dame au nuage posa le regard sur son sortilège, sereine et placide. Exécutant méthodiquement, l'esprit incapable de toute émotion quelle qu'elle soit, le projet qu'elle avait formé depuis le début du processus, elle se remit à faire monter la brume, y mêlant cette fois son propre corps : formant de ses mains de nouvelles volutes, elle puisa tout l'acide qu'elle était capable de produire et le lança dans l'air. Lorsqu'elle eut répandu toute l'acidité qu'elle portait, elle repoussa doucement toute la nuée loin d'elle, vers l'alcôve aux monstres repus, et coupa net le lien fumeux avec la magie.


« Si ces monstres n’appartiennent pas à l’animalité, il est fort possible qu’elles n’aient pas d’instinct, ou alors moindre que celui des bêtes honorables. Et une araignée, sans ses yeux, ne peut plus faire grand-chose. Alors si elles ne sont pas douées d’intelligence, elles ne pourront pas lutter.
Et pour le semi-elfe… eh bien que cette brume soit son linceul, voilà. »


Puis, jetant un dernier regard sur l’épais brouillard qui tiendrait, elle le savait, un bon moment encore, elle ouvrit la porte, passa le seuil referma silencieusement derrière elle l’infernal battant et courut en avant. La prudence lui eût conseillé d’avancer précautionneusement, au contraire ; mais l’impérieux besoin de mouvement, d’agitation, de vie enfin, hâta ses pas. Elle traversa un petit couloir plus éclairé que le salon, puis déboucha contre toute attente sur un grand espace, dont elle ne pouvait voir les limites, rayonnant d’une lumière jaune, terriblement vive. Retournant promptement à l’abri dans le couloir, elle défit le léger châle qui gisait sur ses épaules et le noua autour de son visage ; cette dérisoire protection n’était pas bien convaincante mais, hâtive de voir où elle était arrivée, elle sortir du passage et s’exposa à nouveau à la puissante et tiède illumination.
Une tiède bourrasque l’enveloppa immédiatement. Tenant contre elle ses bras tendus pour éviter l’impudique envolement des corolles de sa robe, dont l’étoffe pourtant fort lourde valsait dans un incompréhensible courant d’air, l’elfe dut protéger ses yeux et son visage de la grande chaleur qui régnait céans, et qu’elle avait sous-estimée. Lorsque le souffle se fût apaisé, elle put couvrir ses yeux et les laisser s’habituer, oublier l’ombre des tunnels infinis et obscurs.
Lorsqu’enfin elle put lever le regard sans douleur, Rose distingua, en face d’elle et comme au centre de la plaine, une grande ombre indistincte. Avisant le mur qui s’allongeait derrière elle, l’elfe vit du mouvement dans les silhouettes projetées. La source du grand éclat était un brasier, ardant dans un énorme baril, comme…


(Un brasero. Encore ? Il doit être gigantesque pour donner une chaleur aussi agressive. Du moins maintenant je vois les murs alentours. Mais que se passe-t-il… il doit y avoir des êtres vivants, le feu mouvant ne ferait une telle agitation dans le sombres. Il faudrait… se cacher.)

Se faisait inutilement aussi petite qu’elle le pouvait, sombre adossée à la claire paroi, Rose dardait son regard sur les pénombres projetées sur les murs. Après quelques instants d’observation, elle put établir qu’il y avait là deux silhouettes, du moins deux silhouettes mouvantes. Elle eut une pensée pour ses compagnons, ces êtres bizarres qu’elle avait rencontré pour des raisons inconnues et très vite perdus, dans ce monde incertain et dangereux.

(Raliak, Gwaë, Sigdral. Je crois que… je n’ai pas envie de connaître qui que ce soit d’autre. Allez donc au diable, vous les ombres. Je veux rentrer chez moi. Ne m’arrêtez pas.)

Par précaution, Rose tira son fidèle lance-pierre, glissa au sol pour y chercher un projectile, mais en vain. Fouillant ses poches, elle ne trouva que les merveilleuses pierres d’eau, de vapeur et de glace qu’elle avait conservées, il y avait déjà… si longtemps. Combien d’heures ?
La jeune fille, rabattant le châle sur ses yeux de façon à pouvoir voir sans être vue, lança la gemme de glace en direction du brasier, puis arma l’engin de la stupéfiante sphère de vapeur.
Et attendit.

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