Un cadre sans toile ; plus loin, trois rouleaux de tissu, déchirés, du coton je crois ; quelques planchettes, ici ; dessous, en plus de la poussière, un fer à cheval et un panier en osier. Dans le panier, trois mouchoir, d’un rouge délavé ; un plat en terre cuite et un couteau rouillé. Abandonnant un instant mes recherches, je jauge la situation dans le grenier. Selen a compris mon idée et a fait disparaître le cheval ; Trà s’est occupé de la poule et se débat maintenant avec un bœuf. Je me demande quand même bien comment tout cela est possible… Une illusion ? Ou alors, un mage surpuissant ayant décidé d’animer à nos dépend la fin de sa vie. Peu importe, pour l’instant : nous semblons bien parti pour nous en sortir en suivant les règles… Du moins, je l’espère. Ou alors nous sommes en train de nous enfermer définitivement dans cette maison… Qui sait ? Mais qui ne risque rien n’a rien…
Un peu plus loin, un petit meuble en bois attire mon attention. Du sapin, à l’odeur ; et rempli de tiroir. Le premier contient un service à thé, en relativement bon état, en faïence ; le second que de la poussière, et un livre en lambeaux ; le troisième est manquant, quant au dernier une collection de pierre diverse, probablement très jolie mais totalement inutile. Cette recherche commence à me lasser… Et les notes que Flore tire de son instrument à m’agacer. La fatigue reprenant un instant ses droits, je m’assois à même le sol, et m’appuie contre ce qui semble être une ancre, faisant attention à garder les yeux ouverts et les pensées claires. Ce n’est pas le moment de s’endormir… Mais cela ne va pas être facile.
Peu à peu, mon énervement s’apaise ; et au contraire, j’en viens à apprécier la musique, suivant le rythme de mon esprit embrumé. La mélodie, entraînante, joyeuse, en vient à repousser doucement le sommeil. Et quand, finalement, j’entends le son d’une chute, puis l’éclat de rire de la ménestrelle, cela me réveille totalement. Profitant de ce temporaire regain de vigueur, et remerciant en silence la barde, je me relève et poursuit ma recherche. Cinq yus sous un tas de chaussettes, empochés ; deux coussins, quelques fioles vides ; une flûte en bois ; une broche en fer, en forme de fleur, deux brosses à cheveux, différents ustensiles de cuisine, de guerre, d’écriture ; quelques chutes de cuir, derrière une armoire éventrée ; des araignées, partout.
Mais, finalement, derrière une table renversée, dissimulé sous un tas de poignées de portes en cuivre, je découvre une bouteille en verre, trapue, contenant un fond d’eau, croupie depuis longtemps probablement. Mais cela me suffit. Repartant au travers du grenier, avançant laborieusement au travers du désordre qui sert de loi ici, j’atteins finalement à nouveau le félin ; et débouchant le récipient, je lui envoie l’eau dessus.
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Angèlique, Repentie. [lvl 8]
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