Hivann avait redouté ce moment où il devrait escalader l'arbre du druide, mais au moment où il attrapa la liane, un étrange sentiment de soulagement le prit. Soulagement, car la liane avait commencé à remonter elle-même, sans aucun doute nourrie par la magie d'Elrandil. Mais étrange, car d'autres paramètres entraient en compte : il était le seul à être monté, il n'avait qu'une prise discutable sur la chose qui le tractait et un vertige incontrôlable le força à ne regarder qu'en hauteur.

"Je reviens bientôt !" eut-il dit à ses compagnons, restés figés, en bas.

L'ascension dura un long moment. Objectivement, cela n'avait duré que plusieurs dizaines de secondes, mais pour Hivann, les risques de chute avaient tout à fait de quoi l'effrayer. D'autant que contrairement à sa seule expérience d'escalade qu'il avait eue sur les Duchés, il n'avait aucune sécurité. S'il lâchait prise là, à cet instant, la chute serait mortelle. Cette seule pensée avait de quoi le faire frémir et la peur du vide la prolongea à tel point qu'il lui avait semblé être suspendu pendant des heures. Aussi, le soulagement fut tout autre quand il vit qu'il pouvait enfin poser le pied sur une surface sécurisée.
A probablement une vingtaine de mètres de hauteur, peut-être un peu moins, il s'était approché du tronc et le sommet de la fente qui semblait avoir tant abîmé l'arbre s'ouvrait sur une nouvelle entrée intérieure. Au moment où il posa le pied, il se rendit compte alors que le sol avait été taillé comme s'il était sur du parquet, excepté que celui-ci n'était composé que d'un seul gigantesque disque plat et lisse. D'autres fentes permettaient à l'intérieur du tronc de briller comme au centre d'une véritable maison. Il y avait même une sorte de mobilier, taillé dans le bois lui-même, comme une table, une sorte d'établi (servant manifestement à des travaux alchimique vus les ingrédients et ustensiles présents ici), ou une étagère. Et justement, assis au bout de la table, rétractant la liane qui venait reprendre sa place un peu plus en hauteur, pendue à ce que l'on aurait pu identifier à un plafond.

"J'espère que vous ne me faites pas perdre mon temps." dit l'elfe, d'un ton acerbe.

"Quelque chose me dit que vous n'avez que cela."

Elrandil poussa un soupir de mécontentement. C'était inimaginable, pour Hivann, de voir un elfe qui soit "âgé". Il lui semblait que ce concept n'était généralement pas connu de ces êtres immortels. Il n'osait même pas imaginer à quel point celui qu'il avait en face de lui devait être vieux. En tout cas, il n'avait rien de ce qu'on pouvait imaginer d'un véritable "elfe". Il ne semblait pas particulièrement doué d'une grande sagesse, ni d'une patience exemplaire. Le pousser à accepter de lui dire où se trouve le barillet ne serait pas facile... Ou alors, ça le serait davantage.

"Soyez rapide, qu'avez-vous à me dire ? Qui êtes-vous ? Pourquoi vous voulez cette relique ?"

"Je suis Hivann Goont. J'étais maître magicien en Ynorie, puis j'ai été banni de ma république. On m'a privé de mes pouvoirs et j'essaie désormais de les récupérer. Malheureusement, je sais que je ne les récupèrerai jamais complètement... Puis j'ai découvert le pouvoir de la poudre. J'ai voulu apprendre à l'utiliser, puis on m'a parlé du Fusil de Mertar... Alors j'ai commencé à le chercher."

"Et pourquoi seriez-vous plus digne de l'utiliser qu'un autre ?"

"Personne n'est "digne" d'utiliser une relique. On en trouve une, on est chanceux -ou alors on a beaucoup travaillé pour la posséder- et c'est tout. Même les pires êtres du monde sont capables de trouver une relique pour l'utiliser pour faire le mal. D'autres peuvent la trouver pour faire le bien, et c'est tant mieux. En ce qui me concerne, je n'ai que mes intérêts à servir."

Elrandil se figea un instant (autant qu'il fut possible pour lui de se "figer", puisqu'il ne bougeait déjà presque pas). Un autre silence passa, puis il prit enfin la parole, levant seulement l'index.

"Goont... J'ai déjà entendu parler de vous. Frans m'a parlé de votre exil. Ce fameux ynorien qui avait autorisé l'utilisation de sorts trop puissants, trop dangereux, maudits... Tout cela pour quelques sommes d'argent. Un être corruptible et égoïste... Et pourtant... Vous avez beau être un humain orgueilleux et insupportable, vous avez le mérite d'être honnête, soupira-t-il. Et honnêtement, je ne serais pas contre l'idée de voir Amaury se traîner à mes pieds en jurant n'importe quoi pour avoir ce foutu barillet. Mais je vais être franc avec vous..."

Un autre long silence arriva, puis fut rompu directement pas la voix cassée de l'elfe.

"Je ne vous aime pas. Je ne vous aime vraiment pas. Vous n'êtes pas une bonne personne et même en sachant qu'un jour, le Fusil sera assemblé de nouveau je ne vois pas pourquoi je vous faciliterai la tâche. Pourquoi vous, plus qu'un autre ? Vous n'avez que votre honnêtement pour vous faire honneur. Ne faites vous donc cela que vous pour vous ?"

Hivann réfléchit un instant. Oui, son désir de pouvoir primait. Mais ce désir là n'était pas né sans raison. Il avait besoin de force, pas seulement pour lui, mais aussi pour ses enfants. C'était la manière la plus égoïste de penser à ceux qu'il aimait, mais c'était sa manière de penser à ceux qu'il aimait, quoiqu'il arrive.

"En étant banni, certains de mes enfants ont dû me suivre. Si je dois retrouver de nouveau mes pouvoirs et une autre force à travers cette relique, c'est pour les protéger. Ils ne s'en sortiront pas seuls, dans ce monde."

A la surprise du mage, le druide pouffa. Un petit rire discret qu'il identifia au départ comme une moquerie, franchement insultante. Et pourtant, ce qu'il avait à dire eut de quoi étonner l'ynorien.

"Ah... Crocus... Si je croyais que je saurais m'identifier un jour à un imbécile d'humain..."

Hivann pouvait bien se demander qui pouvait être Crocus, il se devait de remercier cet homme. Quiconque était-il, il était manifestement la seule personne capable de faire changer d'avis de vieux dragon qu'était Elrandil.

"Bien, je vais vous aider."

Goont retint un grand soupir de soulagement et se contenta de sourire avec le plus de sobriété possible.

"Ah, tant mieux ! fit-il sans trop d'expansion. Alors vous pourrez me dire où se trouve la caverne des gobelins qui ont dérobé cette relique peut-être ?"

"La caverne des gobelins ?"

[i]"Maître Amaury m'a dit qu'il vous avait volé le barillet et que ce dernier lui avait ensuite été volé par un groupe des gobelins. Je suis venu ici pour avoir plus d'informations, et aussi parce qu'il est riche en fluides terrestres."[/i]

"Ah ah ! Vous ne pensez pas que j'aurais laissé une relique aussi exceptionnelle entre les pattes d'un gobelin qui l'aurait utilisé comme une couronne ?" éclata le vieil elfe, dans un élan de sarcasme.

Sans se lever même de la souche qui lui servait de chaise, il fit déplacer une longue liane du "plafond", encore une fois, et la fit farfouiller l'étagère remplie de différents outils et ingrédients de toutes sortes. Il en tira ensuite une espèce de gros cylindre composé lui-même de six tubes, le tout taillé dans un métal qu'il ne connaissait pas lui-même, fut-il géomancien et connaisseur des métaux magiques. En la voyant, il eut l'irrémédiable envie de la toucher et de voir si elle pouvait être complémentaire avec le Canon et le Percuteur qu'il avait dans son paquetage. Mais évidemment, il se retint.

"J'ai moi-même pris ce barillet des pattes des foutus sektegs. Ils ne sont pas prêts de revenir me voler quelque chose."

Toujours souriant, Hivann contenait son enthousiasme en se retenant de paraître trop insistant. Mais comme Elrandil semblait faire pendre l'objet devant ses yeux, comme l'on agiterait un os à moitié mâchouillé en face d'un chien trop petit pour l'attraper, il dût se résoudre à quémander.

"Alors... Je peux l'avoir ?"

Elrandil aimait décidément jouer avec le silence, car il ne répondit encore pas. Mais cette fois-ci, il marqua encore plus Hivann dans son étonnement. L'elfe s'était levé et la souche qui était sous ses fesses s'était même affaissée pour ne faire plus qu'un avec le sol. Il se redressa jusqu'à courber son dos dans l'autre sens, faisant craquer bruyamment chacune de ses vertèbres, comme s'il avait gardé la posture du vieil homme qu'il semblait être pendant des mois et qu'il ne se mettait droit que pour la première fois. Et d'un coup, sa voix cassée trancha l'air comme un poignard qui aurait filé droit vers lui.

"Vous ne croyez pas que je vais vous la céder sans même savoir ce que vous avez dans le ventre ?"

D'un coup, alors, la liane qui avait tenu le barillet pendant tout ce temps fusa dans l'air et vint percuter le mage en plein plexus, ne se contentant pas seulement de lui infliger une douleur aiguë qui coupa sa respiration, mais le faisant chuter loin en arrière... Assez loin pour passer à travers la fente qui donnait sur le vide.
Il laissa échapper un cri grave de panique, appréhendant déjà ce qu'il craignait depuis le début : la réception de sa chute depuis le haut de ce gigantesque chêne. C'est dans la peur panique qu'il pointa les paumes vers le sol, trop lointain, mais dans l'espoir de sauver sa vie avec le peu de magie qu'il connaissait encore. Dans les airs, alors, sans même avoir de contact avec le sol, il réussit à projeter ses fluides à travers ses mains et non à travers ses pieds comme il le faisait à chaque fois. Ces derniers foncèrent droit vers le sol, presque à la vitesse d'un carreau d'arbalète, comme un jet de sable brun qui aurait décidé de rejoindre le sol pour en devenir le maître.
Et au moment où il pénétra la terre, d'immenses piliers générés par la géomancie naquirent, réceptionnant Goont sur le flanc avec une terre moyennement dure. La trentaine de petits piliers vinrent se créer sous lui, le forçant à dévaler un escalier de terre magique. Une expérience particulièrement douloureuse, d'où il se sortirait probablement avec beaucoup de blessures, mais qui lui aurait tout de même sauvée la vie.

La chute dura une bonne trentaine de secondes où Hivann tenta tant bien que mal de se réceptionner sur des parties molles de son corps. Mais une fois arrivé en bas, il se retrouva avec une coupure sur le front, beaucoup d’égratignures sur les jambes et les avants bras, un saignement de nez incontrôlé et un mal de dos particulièrement handicapant. Et pourtant... Malgré toutes ces blessures, il n'avait rien de cassé ou qui l'empêche de combattre.
Rawf et Lür s'étaient précipité sur lui, afin de savoir s'il allait bien. Mais trop fier, il leva la main tout en regardant au sommet des escaliers qu'il venait de créer magiquement pour la première fois.

"Arrêtez-vous, et regardez un vrai duel de géomanciens." Lança-t-il dans un ton de défi.

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Apprentissage d'un sort RP :
Escalier : Permet de dresser des morceaux de sol pour en faire des escaliers.

Elrandil apparut au sommet des marches artificielles. Même s'il était trop vieux pour voir distinctement avec ses yeux gris clairs, on pouvait deviner un air de condescendant, depuis la position d'Hivann, tout en bas. Il ne parla pas. Il avait simplement le barillet à sa main droite et il semblait déjà prêt à combattre, sans avoir pour autant pris une position de défi. Il s'était simplement posté sur la première marche, tout en haut. L'ynorien s'attendait à le voir descendre tranquillement l'escalier. Mais il n'en fut rien.
Dans un mouvement qui ne lui ressembla pas, il frappa violemment du pied la création qui venait de sauver maladroitement la vie de Goont. Et d'un coup, les marches semblèrent prendre une toute nouvelle forme, comme si elle n'étaient plus dénivelées une par une mais qu'elles s'étaient transformées en une pente lisse et glissante. Mais sous ses pieds à lui, il y avait une autre plateforme. Et en seulement quelques secondes, l'elfe fut emmené à Hivann dans un grondement rocheux.

Cette descente fut si agressive que l'humain vit en elle le début d'un véritable combat. aussi, il n'attendit pas une seule seconde pour déployer de nouveau ses fluides. Aussi rapidement qu'il avait créé ces marches pour amortir sa précédente chute, il frappa du pied sur le sol de la même manière et fit jaillir trois stalactites de terre, qu'il fit tournoyer magiquement devant lui. Quand il les envoya vers sa cible afin de stopper ses ardeurs, l'elfe répondit aussi rapidement et de manière aussi intensive que lors de sa descente : il fit pivoter la plateforme qu'il avait créée lui-même sous ses pieds afin de la dresser devant lui comme un véritable bouclier. Les armes de l'ynorien ne s'écrasèrent alors pas seulement contre ce qui protégeait le druide : les débris qui en résultèrent se mêlèrent, agrandissant, alourdissant encore plus le mur. Et comme il était bien protégé, Elrandil prit enfin la parole.

"Vous êtes mal parti pour avoir votre relique, petit homme !"

Et en maître de la terre, impitoyable, il balança l'énorme mur de pierre de probablement plus de deux mètres de hauteur directement sur celui qu'il voulait tester. Il fut tourné à l'horizontale alors qu'il était lancé, prêt à l'écraser littéralement. C'est par pur instinct qu'il réussit à se sauver en faisant jaillir cette fois-ci un pilier de pierre, grâce à son sort de frappe du colosse. Il ne détruit pas le mur de roche, mais il réussit à le faire dévier de façon à pouvoir répliquer à nouveau.

Ce druide était fort, bien plus que lui. Il n'arriverait pas à le vaincre en frappant de manière brute. Il lui fallait réussir à avoir un instant le dessus sur lui, et d'une manière intelligente, qui ne draine pas tous ses fluides et qui lui permette de montrer ses capacités. Alors il remarqua que cet elfe avait une manie qui aurait raison de lui : il avait besoin de frapper du pied sur le sol pour réussir à manipuler la terre comme il le souhaitait.
Tout ce dont il avait besoin, c'était de l'empêcher d'avoir un véritable appui qui lui permette d'utiliser trop facilement ses fluides.

"On va voir ça, foutue perche !"

Il frappa lui-même du pied sur le sol afin d'en expulser les fluides qu'il concentrait en lui. Les "racines" qu'il déployait comme à son habitude pour manipuler la terre et les roches s'étendirent tout autour de lui, lui créant une petite plateforme indépendant où l'on ne pourrait l'atteindre l'atteindre de par des fluides adverses. Mais tout autour de lui, un autre disque bien différent se forma en modela progressivement le sol. En ayant étendu ses fluides, Hivann avait atteint les racines d'autres arbres et en avait absorbé l'eau. Cette même eau se mélangea à la terre autour de lui. Et ainsi, le disque autour de terre et de pierre changea de matière, au point qu'il devienne presque impossible de se tenir correctement dessus. Une boue épaisse se forma tout autour de lui... Et sous les pieds d'Elrandil, qui ne manqua pas de chuter en arrière, ostensiblement énervé par l'astuce du vieux magicien.

"Vous allez m'entendre, petit souillon boueux !"

"Je vous entends déjà trop, vieux dragon !"

Elrandil était piégé dans la boue, mais il n'était pas dénué de ses liens magiques. Et c'est autrement qu'il réussit alors à atteindre Hivann : une liane avait jailli d'un arbre adjacent, le frappant juste derrière les mollets et claquant violemment comme un fouet. Lui aussi tomba en arrière, sur son propre disque de terre qui le protégeait encore heureusement de son marais artificiel. Mais la peur le prit pour de bon quand la liane vint l'attraper à la gorge, serrant de plus en plus en plus fort.
C'est encore une fois par impulsion qu'il manipula le sol, utilisant la boue du marais pour modeler un carcan autour du vieil elfe. La boue le serra de plus en plus, à la manière d'un étau meurtrier, celui-là même qu'il avait créé pour se protéger d'Umordîl, dans les tréfonds de Mertar.
Les deux combattants se maîtrisaient alors tous les deux d'une manière qui n'aurait pourtant pas ressemblé à beaucoup de géomanciens : ils s'étouffaient l'un l'autre. Mais aucun ne voulait arrêter. Les deux vieux têtus se maintenaient ainsi, expirant le peu d'air qu'il leur restait en insultes.

"Lâche-moi donc, vieux bridé !"

"Toi d'abord, chauve-souris !"

"Je préfère avoir des oreilles pointues qu'un crâne en forme de ballon !"

"Ton jugement est stupide, t'es aussi chauve que moi !"

"Je le rase ! Quelle est ton excuse ?"

"Vieux croulant !"

"Petit morveux !"

Un début de combat épique, des plus incroyables, pour une lutte finale des plus grotesques. Lür fut obligé d'intervenir, avec un Rawf penaud et silencieux pour leur faire entendre raison.

"Arrêtez, bande d'imbéciles ! Vous allez vous tuer par fierté !"

Elrandil, ce vieux fourbe, serra alors davantage la liane, faisant virer le visage d'Hivann au violet. Mais celui-ci répliqua en étendant l'étau de boue jusque sur les paupières de l'elfe, tout en serrant plus fort. Il fit même en sorte d'infiltrer les narines du druide avec sa mélasse. C'est finalement l'elfe qui dût arrêter... Non pas parce qu'il perdait ce duel de force, mais parce que la boue n'avait rien d'agréable au goût.

"Très bien ! Très bien ! J'arrête ! Mais je ne me dédis point de ce que j'ai dit !"

"Arrêtez !"

"Bien ! Bien ! Idiots !"

Les deux se lâchèrent enfin de leurs emprises respectives et le marais lui-même se matérialisa en un sol de terre alors que les deux reprenaient leur souffle. Ils souffraient tous les deux, surtout Hivann, mais pourtant il ne put s'empêcher de lâcher un rire nerveux. Il devait admettre que cette fois-ci, il était certain d'avoir réussi à convaincre cet insupportable elfe condescendant.

"Alors ? Enfin convaincu ?" fit-il en riant entre deux quintes de toux.

Il imagina d'abord une réaction typique de vieux grincheux, mais ce dernier lâcha un petit rire des plus étonnants.

"C'est pas mal, mais j'ai vu mieux !"

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Apprentissage de sort évolutif de combat :
Marais : Vous êtes au centre d'un disque non atteint par le sort, de [lvl/4]m de diamètre, entouré lui même par une bande de marécages de [lvl/2]m de largeur. maîtrises et esquives AA et SA-1/lvl pour ceux sur la bande, pendant [lvl/4] tours. Si le lanceur quitte le centre du marais, celui-ci est également affecté.

A la fin du combat, si les deux vieillards gardaient encore une certaine adversité, il y avait une étrange camaraderie qui s'était installée entre eux. Ils ne se privaient pas de s'insulter tous deux, mais à chaque fois un sourire complice se dessinait sur leurs lèvres.
Comme il était temps de passer à autre chose, Elrandil avait le plus simplement du monde tendu le barillet à Hivann. Ce dernier, après un instant d'admiration, l'avait tout aussi simplement pris, fourré dans son paquetage et s'était apprêté à partir du Mont Joyce. Mais il en était encore hors de question.

"Venez donc chez moi, vous trois, avait dit le druide. Vous ne croyez pas que je vais vous céder une relique et simplement vous laisser partir ?"

Ils étaient alors montés dans le "nid" du druide, après qu'il ait recréé lui-même l'escalier qui avait gentiment "descendre" Goont de ses appartements. Il y avait quelque chose d'ironique dans sa décision d'utiliser cette magie là pour remonter, mais c'était aussi plus rassurant. Il n'y avait peut-être pas de rampe, mais au moins, il ne risquait pas de lâcher prise et de chuter de le vide, comme auparavant.
Lür fut tout aussi surpris qu'Hivann au moment de la découverte de ce que l'on pouvait appeler "les appartements du druide". Mais Rawf, lui, se montra particulièrement ravi. Sans retenue, il avait commencé à faire le tour des parois en reniflant frénétiquement, notamment du côté de l'atelier d'alchimie.

"J'aime l'odeur, rawf... La sève est bonne, il y a plein de plantes et de la lumière. C'est sécuritaire ici."

"Sécuritaire." Hivann se rappela immédiatement à quel point Rawf aimait utiliser ce mot. La première fois qu'il l'avait rencontré, il n'avait cessé de le répéter. En l'entendant de nouveau, il se figura qu'il devait intérieurement exploser de joie à l'idée d'avoir l'opportunité d'utiliser ce mot dans un contexte qui convenait. Et encore, il convenait moyennement. Mais à l'inverse de l'ynorien qui appréciait cet aspect fragile du liykor, Elrandil ne se montra pas aussi empathique.

"Sécuritaire, sécuritaire, ça ne l'est que parce que je sais m'occuper de cet endroit ! Bah ! Asseyez-vous donc, je vais vous servir quelque chose avant votre départ !"

Sur ces mots, il avait (encore une fois) tapé du pied pour faire jaillir trois petites souches de bois autour de la table centrale et s'était dirigé vers l'établi dont il se servait pour l'alchimie. A croire qu'il avait prévu son coup dès le début, une petite théière en fonte était déjà en train de chauffer, suspendue grâce à une liane au-dessus d'un petit feu de fortune entouré de pierres et dont le centre était rempli de charbon et de petit bois. Il attrapa des plantes qu'Hivann, honnêtement, ne reconnaissait absolument pas, si ce n'étaient trois baies de kimpfer que le druide écrasa dans ses mains pour les jeter grossièrement dans le récipient avec les autres herbes.
Très vite, l'odeur du thé remplit la pièce et Rawf remua même frénétiquement la queue. Quand enfin, le tout fut servi dans des petits pots en terre cuite, le loup ne put contenir un petit jappement de contentement qui eut de quoi faire sourire le vieux mage.

"Et bien ! J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi enjoué à l'idée de boire une telle infusion ! "

Elrandil prit enfin place, et cette fois-ci, bien que l'ambiance était moins austère que lors de leur première rencontre, le ton changea enfin. Il ne s'agissait pas de simplement donner ce barillet ou non, pour l'elfe.

"Dites-moi, comment comptez-vous utiliser ce Fusil ? Cela ne vous fera pas récupérer vos pouvoirs, il me semble."

"Non, c'est vrai. Mais comme je vous l'ai dit avant, j'ai découvert le pouvoir de la poudre. Et la poudre vient aussi de certains minéraux. C'est pour l'instant le meilleur moyen que j'ai pour retrouver la puissance que j'avais auparavant, moyennant quelques astuces et nouveaux apprentissages."

"Et donc... Protéger vos enfants avant tout, c'est bien cela ?"

"C'est cela, oui."

Elrandil resta sur sa souche, prit un temps pour siroter bruyamment son infusion et constata l'ynorien.

"Une priorité noble, j'imagine. Mais maintenant que je sais que vous allez avoir ce fusil, il vous faudra aussi une garantie que vous serez bien capable de l'assembler. Et vu celui qui se trouve sur votre chemin, Amaury, il va me falloir la garantie que vous saurez le vaincre..."

"Qu'est-ce que vous dit que je vais forcément avoir à me battre contre lui ? Il m'a lui-même guidé, il faut seulement que je puisse le convaincre de me donner le reste des pièces."

Évidemment, Hivann savait déjà très bien qu'un affrontement avec Amaury serait inévitable. Quant à sa nature, c'était autre chose. Maître Amaury était un nain puissant sur Mertar, la lutte serait difficile s'il s'agissait de parlementer, mais ce serait la chose la plus plausible, à condition que Porick ait réussi à trouver le corps d'Umordîl et à cacher les preuves de son assassinat. Goont se rapprochait toujours un peu plus de l'accomplissement de sa quête.
Mais à mesure que le temps passait, qu'il récupérait les pièces, il avait toujours un peu plus peur pour sa famille. Amaury était fort, mais il était aussi trop fou et cupide. Le risque d'un véritable affrontement était de plus en plus grand.

"Je pense que vous le savez vous-même, Ser Hivann Goont. Amaury ne s'est pas contenté de me dérober le barillet, vous savez... Il m'a combattu, il a essayé de me tuer pour l'avoir et je suis bien redevable à ces gobelins pour avoir réussi à lui reprendre mon bien. S'il ne vous avait pas envoyé, il aurait encore une fois tenté de me tuer et peut-être même y serait-il arrivé. Je ne doute pas qu'il essaie même de vous égorger quand vous reviendrez assembler les dernières pièces. Et puisqu'il en possède une, vous serez obligé de vous dresser contre lui."

"Mmh... Je me doutais que ce ne serait pas aussi facile que prévu, mais je ne l'imaginais pas capable de vouloir me tuer sans en avoir d'autres raisons."

La raison pour Amaury, évidemment, aurait été de venger l'assassinat de cher ami, Umordîl. Mais Goont devait bien se garder d'en dire davantage.

"Vous êtes peut-être un imbécile orgueilleux, mais je ne pense pas que vous soyez naïf. Vous devrez être prêt pour le moment où vous devrez vous battre. Je sais déjà au moins que vous êtes géomancien tal... correct. Vos fluides sont déjà assez développé, mais vous auriez bien besoin de quelques bricoles pour développer vos pouvoirs."

Hivann contint un sourire. Il était lui aussi cupide, orgueilleux et certainement un peu mégalomane. Aussi, l'idée d'avoir quelques présents qui lui permettraient de développer un peu plus son arsenal ou ses pouvoirs n'était pas repoussante...
Elrandil garda la place qu'il avait prise à table, mais utilisant toujours le moins de mouvements possible, il envoya une de ses fameuses lianes sur la grande étagère qui contenait nombre de broutilles, ainsi qu'une autre pour tirer le tiroir d'une de ses petites commodes. De ce dernier meuble, il tira des espèces de morceaux de cuir dont Hivann n'avait pas à identifier l'utilité. Impossible de dire s'il s'agissait de gros bracelets ou de simples attaches... Pourtant, il était particulièrement travaillé. Des petites attaches, manifestement en argent, ornaient les extrémités des bandes qui elles-mêmes étaient taillées de décorations abstraites mais d'inspiration certainement elfique.

"Ce ne sont pas des bracelets, ni des bottes... Pourtant, ce sont des choses qui se portent aux pieds. Je les ai appelés "Liens-de-Roche". Nouez donc cela autour de vos chevilles, et vous ne ferez plus qu'un avec la terre. C'est le genre d'accessoire qu'il faut pour un géomancien aussi... correct. Cela vaut bien plus que le cuir de n'importe quelle chaussure : avec cet enchantement, vos pieds pourrons parcourir tous les obstacles possibles en plus de faciliter l'usage de vos fluides."

Hivann avait de quoi émettre certains doutes en voyant un tel genre d'équipement. Mais quand il mit la main sur ces "chausses", il sentit bien que les fluides terrestres parcouraient tout cet artefact. Il ne put s'empêcher alors de quitter ses propres bottes pour essayer immédiatement ce tout nouvel objet. Déjà, quand il colla le cuir contre ses chevilles, il sentit ses fluides s'agiter. Mais quand il rabattit la languette contre son tibia et le haut de son pied (ces chausses protégeaient donc au moins ses pieds et ses jambes tout en laissant la plante de ses pieds à l'air libre), il sentit bien qu'il y avait une affinité différente avec le sol... fut-il composé de bois à l'heure actuelle. Quand il frotta ses orteils contre le dit-bois, il eut alors une sensation indescriptible... Il sentait à la fois la matière comme s'il était pieds nus, mais aussi comme une fine couche qui le protégeait à la manière d'une véritable chaussure.
Cela n'avait encore rien à voir avec les gants de géomancien que Sujima lui avait offerts.

"Fermez la bouche, vous allez avaler une mouche ! Enfin, voilà un dernier présent qui me regarde davantage..."

De l'étagère, Elrandil avait tiré une petite plaque de métal qu'Hivann ne reconnaissait franchement pas. Comme il ne savait pas de quoi il s'agissait, il imagina d'abord qu'il s'agissait d'un métal élémentaire. Mais à le voir plus près, toujours sans savoir ce que c'était, il reconnut une facture bien particulière. Des finitions brutes, sans être grossières, une géométrie bien caractéristique... Il s'agissait d'un métal travaillé par un nain.

"Quand Amaury a essayé de me tuer, je l'ai combattu lui et plusieurs nains. En les faisant fuir, l'un d'entre eux a perdu cette épaulière... Et regardez bien... J'ai beau avoir plus d'affinité avec les plantes qu'avec la terre, je sais reconnaître du mithril. C'est une plaque large, faite pour l'épaule d'un nain et vous ne pourrez pas l'utiliser telle qu'elle... Mais vous pourriez bien la faire travailler pour la porter ou en faire des projectiles... Je ne sais pas vraiment quoi."

"Oui... admit Goont. Je ne connais pas tellement le mithril, mais je sais que c'est l'un des métaux les plus durs qu'ils soient et les moins conducteurs, en matière de chaleur ou de magie... J'ai déjà quelques idées pour la manière dont je pourrais utiliser cela... Mais dites-moi, pourquoi me donner cette plaque au lieu de la travailler vous-même ? Je crains d'ailleurs de ne pas avoir encore la capacité nécessaire pour modeler un tel métal."

"Bah, trouvez un forgeron, je ne sais pas, débrouillez-vous ! La seule chose que je trouverais sincèrement exquise, ce serait que cet Amaury se retrouve avec son précieux métal au fond de son c... corps."

Un métal précieux et extrêmement utile sur tous les points... En projectile, il pourrait traverser bien des armures sans risquer d'exploser sous la chaleur... En protection supplémentaire sur son manteau, il saurait se protéger bien plus des déflagrations de son arme à venir. Et s'il développait sa maîtrise des fluides de terre, peut-être même pourrait-il en faire une arme constante qu'il manipulerait à sa guise... Il imagina une frappe colossale : un pilier de mithril capable de détruire la mâchoire d'un dragon...
Enfin, c'était pousser son imagination très loin, évidemment. Il était loin d'être capable de maîtriser le métal comme il maîtrise la terre. L'éventualité, simplement, de créer les minéraux qu'il souhaite en lançant des sorts offensifs. Un marais de xhiul, des pics d'olath... Actuellement, le seul métal qu'il était susceptible de maîtriser de la sorte pouvait être le gravilay, mais ces idées le firent sourire... et cela réussit à nourrir son envie de pouvoir.

"Merci infiniment, Elrandil. Je n'en attendais pas tant."

"Bah ! Ce sera à vous d'apprendre à utiliser ces choses et je ne sais pas encore si vous saurez vaincre Amaury. Enfin, partez donc de chez moi, vieux fou. Vous avez peu de temps et au moins une autre pièce à récupérer... Deux avec celle de votre cher ami ! Allez, cessez donc de traîner avec votre gros ventre et vos petites jambes ! Roulez en bas des marches !"

Il tapa du pied, et d'un coup, les souches sous les fesses de ses convives se rabaissèrent les laissant chuter en renversant leur thé (devenu tiède, heureusement) sur eux. Hivann rit, Lür pesta et Rawf jappa plaintivement en voyant son thé se déverser sur son pelage. Comme ils étaient jetés de chez l'elfe, ils prirent l'escalier, mais l'ynorien ne se priva pas pour se moquer encore une fois de lui.

"Je tâcherai de réussir, chauve-souris !"

"Bah !" conclut le vieil acariâtre.

Et ainsi, le trio descendit les marches de terre afin de rejoindre la caravane qu'il avaient laissée en lisière. Hivann était ressorti victorieux d'une confrontation qui ne l'avait regardé finalement que lui, et c'était tant mieux. Il n'avait dépendu de personne, avait appris instinctivement de nouveaux pouvoirs et il s'était un "ami". Ou alors, cet elfe l'avait jeté de chez lui pour le laisser découvrir que ce mithril n'était rien qu'une pierre brillante sans valeur... Dans tous les cas, il l'appréciait tout en le détestant. Au moins, il n'était pas un véritable ennemi.
Mais plus que tout, alors qu'il descendait les marches et quittait l'activité du "nid", il sentait une certaine mélancolie l'envahir. Il avait eu la confirmation qu'Amaury était dangereux... Et si c'était le cas, peut-être bien que même le fait d'avoir envoyé Porick cacher les preuves de l'assassinat d'Umordîl n'aurait été que trop inutile. Que ses enfants payaient déjà le prix d'une mauvaise alliance. Et pourtant, il ne pouvait pas s'arrêter à Mertar.

"Je m'inquiète pour mes enfants."

"Ce qu'a dit ce vieux fou avait du sens, vu ce qui est arrivé."

"Je pense qu'il va me falloir aller seul à Oranan. Lür, je veux que tu ailles à Mertar et que tu t'occupes de mes filles et de mon fils. S'ils sont bien à la maison, reste avec Karl. Autrement, trouve-les et mets-les en sécurité."

"Je veux bien, mais vous ne pourrez pas entrer à Oranan sans moi. Rawf n'est pas la personne la plus discrète pour vous aider là dessus."

"Je le veux en sécurité avec moi, il ne s'en sortirait pas seul à Mertar, même si Amaury ne l'a encore jamais vu. Je me débrouillerai pour l'Ynorie, la priorité, c'est la sécurité de ma famille. Prenons la charrette et partons. Dès que nous serons près de Mertar, tu descendras. Nous parlerons en attendant de comment je vais "rentrer chez moi"."