Le Sanctuaire Perché

Au sommet des montagnes se trouve un lieu bien singulier. Un long chemin tortueux passe dans des gorges étroites. Si la neige et le froid règnent en maîtres incontestables à l’entrée du sentier, le climat au bout de cette voie est tout autre. Dans une enclave, encerclée par les parois rocheuses, vous découvrirez un autre monde. Le long des falaises, des arbres feuillus ont poussé, nul ne sait comment. La terre, généreuse, n’est pas glacée par l’hiver perpétuel qui sévit ici. Il y pousse même des fleurs… Oui, des fleurs, pourtant si sensibles et délicates…

Une source chaude et bénéfique réchauffe le sol de toute son âme. Elle jaillit au centre de ce paradis. Ses bulles sont des plus relaxantes. Elle est la mère de cet Eden. Mais quelque chose entache cet univers enchanteur: à quelques pas du point d’eau se dressent deux tertres de pierres, impérieux. Celui de gauche est dominé par un buisson. L’arbuste a poussé. Il a pris racine dans les cendres du premier défunt. C’est en y puisant les forces nécessaires qu’il a réussi à percer pour atteindre les cieux. Aujourd’hui, il se dresse et un jour, il ira caresser les nuages avant de rejoindre le soleil pour l’éternité.

Le tertre de droite est sous la protection du premier. Et, chose étonnante, il est recouvert d’une multitude d’orchidées aux couleurs flamboyantes. Pas une fleur n’est semblable à sa voisine. Et pas une ne nuit à l’autre. Toutes poussent à l’unisson en puisant leurs forces dans l’eau salvatrice. Dans cette tombe aux mille pétales repose une créature partie trop tôt… Une Elfe Blanche du nom de Lïnoä Erihana Maërnilh, feu compagne de Salmon El, le rôdeur qui parcourt le monde, et Sœur de Lornis, qui repose à ses côtés, veillant sur elle et la protégeant de toutes ses feuilles.

Au dessus de la source se dresse un abri, bâti lorsque sépulture fut donnée aux deux Âmes Gardiennes de ces lieux. La beauté de cet endroit soutirerait un sourire à la plus vile des créatures. Et, si personne ne contrôle le passage dans ce sanctuaire si reculé, sachez que le sang ne doit en aucun cas le souiller…
Et prudence, celui qui a fait de ce lieu un sanctuaire est possessif… car les siens logent ici à jamais…

Si la lumière était visible de loin, donnant l'impression d'une incroyable proximité, la réalité sembla bien différente. Il leur fallut plusieurs dizaines de minutes avant de réellement pouvoir ressentir une progression dans leur avancée. Les parcelles de glace, les stalactites, se faisaient plus rares. La buée qui sortait de leurs bouches respectives se faisait plus légère et moins opaque. Et enfin, la chaleur vint doucement les accueillir. C'était une sensation étrangement surnaturelle, que de ressentir une chaleur printanière dans un lieu incapable, pourtant, de créer la vie comme on la trouve aux pieds des Duchés. Hivann se surprit même à transpirer, avec l'épaisseur de son nouveau manteau et ce changement à la fois brusque et progressif de la température.
Les trois compères s’essoufflèrent un certain moment... Puis Rawf changea immédiatement de comportement. D'abord grave, probable suite au combat contre ceux qui avaient dévoré son "frère", il fut pris d'une exquise excitation et se mit immédiatement à quatre pattes pour aller se jeter dans la lumière du Sanctuaire Perché.

Goont voulut le rappeler, mais le vieux loup fut sourd à cette voix. Et Lür ne marqua pas vraiment la même inquiétude que son employeur.

"Ce lieu est béni, il ne risque rien. Si cet elfe a utilisé des trolls pour protéger son amour perdu, il a dû trouver un moyen pour qu'ils ne viennent pas profaner cet endroit. Je m'avance peut-être, mais je suis certain qu'on est en sécurité ici."

Hivann fit une certaine pause, avant de reprendre, sans complexes.

"Jusqu'à ce qu'on le profane nous-mêmes, j'imagine."

Lür expira. Il ne se permit pas de contredire le mage, mais ce dernier perçut comme un désir de trouver un autre moyen de trouver le fameux canon du Fusil de Mertar. Qu'importe, il n'était pas là pour perdre davantage de temps, surtout avec Amaury qui lui mettrait bientôt des bâtons dans les roues.
Quand ils entrèrent enfin dans la lumière, tout sembla être en contraste avec l'extérieur de cette caverne. La délimitation entre le tunnel, vide de toute vie, et l'abondance des fleurs sous leurs pieds créait un véritable tapis qui ne semblait pas même se rompre sous leur poids. Le gros ventre de Goont, l'équipement de Lür... Même la présence de Rawf qui ne cessait désormais de courir en cercle dans les orchidées ne semblait pas défaire leur pousse. Derrière eux, accompagnant leurs pas, elles se redressaient alors qu'ils pouvaient découvrir l'endroit.

Le plus incroyable fut d'abord de voir cet arbre gigantesque qui avait poussé sur l'un des tertres. Même pour Hivann qui avait eu une connaissance respectable en botanique, bien avant l'apparition de sa Pierre d'Oubli, il fut bien incapable de dire de quel type d'arbre il s'agissait.
Quant au second, il était couvert des mêmes orchidées qui avaient envahi le sol de tout cet endroit. Excepté que si le sol ne comportait que des fleurs blanches, celles qui décoraient le tertre comportaient une quantité de couleurs incroyables, qui était difficile à croire en prenant compte de la nature de cet endroit.
Et enfin, il y avait une troisième tombe... Très différente des deux précédentes cependant. Dans ce paysage magnifique, elle semblait rappeler à ses rares visiteurs l'origine morbide de ces plantes. Entre les deux tertres, au fond de cette bulle dans la montagne, la roche avait été creusée pour laisser apparaître un creux rectangulaire, géométriquement parfait. Vue la place de cet endroit, il était impossible que des nains soient venus ici pour tailler la roche d'une telle manière. C'était l’œuvre d'un géomancien, ou alors d'un tailleur de pierre talentueux, seul, et extrêmement patient.

La précision de la taille était remarquable... Et pourtant, il n'y avait aucune décoration. Seulement, au milieu de cette tombe reposait un corps encore extrêmement bien conservé. Un corps d'elfe de sexe masculin, les bras en croix sur sa poitrine, habillé d'une légère bière blanche.

"Ce doit-être Salmon El. Il a dû sentir sa fin venir, il a creusé la tombe la plus simple pour reposer près de celles qu'il aimait et il s'est laissé mourir debout, ici."

"Vous aimez les romances, n'est-ce pas ? Mourir debout ?"

Lür ria un instant, puis il reprit, tout en gardant le regard sur le corps de l'elfe.

"Vous n'avez vécu à Darhàm qu'un petit moment, mais j'ai déjà vu des martyrs qui ont marqué mon esprit. Il y en avait un... Il ne suppliait pas. Il avait été arrêté on ne sait pourquoi par ces prêtres d'Oaxaca, et on l'avait torturé. D'ordinaire, ils se défendent tous, ils s'offrent presque pour espérer vivre quelques secondes de plus... Mais pas lui. Lui, il savait que quoiqu'il arrive, on ne le croirait pas, qu'on ne lui accorderait aucune confiance. Un jour, comme il était attaché et proche de mourir, après des centaines de coups de fouets, on l'a détaché. Les prêtres lui disaient qu'il pouvait toujours essayer de s'enfuir. Que c'était sa seule faible chance de vivre encore. Mais non, il est resté ici, debout, sans même chuter. A chaque coup de fouet, il retenait ses cris et restait debout, comme ça. Ils ont continué un moment... Et après une vingtaine de coups, il avait cessé de réagir. Mais sur la crispation, il était resté debout, simplement. C'est étrange mais... J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de beau en voyant ça..."

"Et pourtant, il est toujours mort et Darhàm est toujours prise par la catin de Thimoros. C'est une belle histoire, c'est vrai, mais n'oubliez pas de regarder sur le plan large. C'était un petit évènement miraculeux au milieu de vingtaines de tueries quotidiennes. J'ose espérer, cela dit, que le dénouement de notre petite expédition aura un ton aussi agréable que votre petit récit."

Lür fit une moue de déception, imperceptible de par la capuche qu'il portait encore, tandis qu'Hivann s'avançait plus près du cadavre. Un enchantement devait avoir permis la conservation du corps. Car si l'on ne pouvait pas discerner de véritable respiration, la peau était encore belle, manifestement flexible et ses longs cheveux noirs qui auraient rappelés ceux des ynoriens étaient encore propres.

"Rawf ? Viens ici, tu veux ?"

Le chien fou cessa de courir partout dans les fleurs pour aller aux côtés du vieil homme, haletant. Son pelage était désormais couvert de tout un tas de pétales coincés dans ses poils.

"Fais bien attention à ta truffe : sommes-nous bien seuls ici ?"

"Il y a beaucoup d'odeurs ! Rawf ! Plein d'odeurs ! Mais que nous ici ! Et les corps ! Et l'arbre, c'est un corps aussi, rawf !"

"L'arbre est un corps ?"

"Il paraîtrait que l'arbre a pris racines dans les cendres de sa femme, à Salmon."

Hivann se contenta d'acquiescer. Il appréciait ce genre d'histoire, mais il n'avait aucune envie de se mettre en retard dans l'idée de simplement préserver la beauté de ce lieu. Ces défunts ne le regardaient pas. Il avait seulement besoin du canon, et il s'en irait, sans causer plus de dégâts qu'il n'en faut.
Alors, tout laissant son encensoir allumé et sa main sur l'arbalète, il décida de fouiller le corps du fameux elfe.

"Regardez-bien autour de vous. Je vais fouiller maintenant, alors n'allez pas vous faire happer par un quelconque maléfice."

Il fut assez facile pour Hivann de fouiller le cadavre et d'y trouver ce qu'il chercher. A croire que le défunt n'avait gardé qu'un objet précieux : le canon de Mertar. Il fut d'autant plus facile de s'en emparer.... mais un doute aurait dû lui traverser l'esprit. Comment cet elfe pensait-il protéger son cadavre de la profanation, si celle-ci s'avérait trop simple à effectuer.

Dans l'espace de quelques secondes de minuscules pousses émergèrent du sol, et devinrent rapidement de grandes fleurs, ou plutôt de gigantesque fleurs... carnivores.

Hivant avait bien le canon de Mertar, mais il était encerclé des végétaux et risquait d'y laisser sa peau.

(((Les directives sont données dans le sujet de coordination)))

De la main gauche, Hivann avait commencé à tâter doucement le corps du pauvre défunt, toujours prêt cependant à réagir à un quelconque piège. Mais même en ayant passé de longues secondes à parcourir la robe à la recherche d'une poche ou d'une excroissance métallique, rien ne se passa. Ce n'est qu'en passant la main derrière son dos, le décollant de sa "tombe", qu'il sentit enfin ce qu'il cherchait. Sous son corps, la roche avait été creusée plus profondément pour y placer le fameux canon, qui n'avait rien à voir avec ce qu'il imaginait.
Pour commencer, il était très long. Bien plus long que le mécanisme d'une arbalète. Et plus étonnant encore : il n'était pas simplement circulaire, comme il l'avait attendu. L'intérieur du canon pouvait, certes, accueillir un projectile circulaire, mais il semblait avoir été taillé de manière brute directement dans un bloc de métal, tant il était à la fois lourd et doté d'un esthétisme tout à fait particulier. Il s'agissait davantage d'un long rectangle en métal inconnu, légèrement recourbé à la base, sans doute pour pouvoir accueillir la main de son porteur.
En somme, cette relique n'avait rien d'un canon "classique". Mais pourtant, en la touchant, Hivann sut immédiatement qu'il s'agissait bien là d'une pièce du Fusil de Mertar. D'autant qu'Amaury semblait avoir eu raison à ce propos...

"J'ai l'honneur de vous annoncer que nous n'avons plus que deux pièces trouver, mes amis !"

Ainsi, il était en possession du percuteur, du canon et Amaury possédait la crosse. Il ne restait désormais plus qu'à trouver le barillet et la gâchette... Et enfin, il aurait l'opportunité de retrouver un pouvoir à la mesure de celui qu'il avait en lui, avant sa trépanation.
Mais même s'il aurait dû s'y attendre... Il n'y avait rien de si facile ici. Il venait de profaner un endroit sacré qui était né d'un amour dont il ne pouvait probablement pas avoir la musique, fut-il amoureux de sa défunte femme. Et une force surnaturelle les avait surveillés depuis qu'ils étaient arrivés ici.

Autour de lui, à ses pieds, des pousses minuscules avaient commencé à jaillir du parterre d'orchidées sur lesquelles il avait marché. Mais bien qu'il ait vite perçu la menace, il n'eut pas le temps de réagir avant qu'elles ne deviennent gigantesques. En quelques secondes seulement, ces petites plantes avaient pris la taille d'un véritable être humain... et même un peu plus, comme l'une d'entre elle avait commencé à atteindre l'ynorien à la tête, seulement avec les feuilles de sa tige. Et à la tête de ces grandes tiges, d'énormes gueules baveuses pourvues de pointes presque similaires à des dents avaient jailli des petites glandes qui s'y trouvaient auparavant.
Le premier réflexe du vieux mage fut alors tout particulier. Plutôt que d'attaquer les plantes ou de s'en protéger à l'aide de ses sorts, il attrapa le corps de l'elfe et, comme une poupée de chiffon, le balança jusque devant lui afin de se protéger des morsures à venir.

"Venez m'aider ! Ils n'attaqueront pas l'elfe !"

Ce qu'avait dit Rawf à propos de l'arbre géant lui était bien resté dans la tête. Sous leurs pieds, c'était probablement toute la conscience de sa bien aimée qui animait les plantes. Ils allaient devoir très vite s'écarter de cet endroit avant d'être happé par tout ce qui se trouvait ici.
Lür avait été très réactif et avait déjà commencé à découper les tiges pour ouvrir le chemin au mage, tandis que Rawf n'avait fait que se mettre en position animale, à grogner face à cet évènement qu'il n'avait probablement jamais vu. Quant à Goont, il n'eut qu'un seul moyen de se frayer une sortie au milieu de toutes ces créatures qui s'apprêtaient à le dévorer. Concentrant une grande partie de ses fluides, il les avait utilisés de la manière la plus impulsive possible pour faire jaillir une grande colonne de roche qui sut déraciner une des plantes pour, au même passage, assommer la plus grande et la plus menaçante à la "tête". Elle vacilla alors violemment en arrière, pendant que l'ynorien essayait de s'extirper du lieu, tout en trimbalant le corps de Salmon derrière lui.

"Laissez-le ! sommait Lür. Vous ne faites que la mettre en colère !"

"J'ai déjà profané ce lieu ! Si on veut s'en sortir, il faut utiliser tous les moyens possibles !"

Il lança alors le canon à Rawf qui, heureusement, réagit promptement cette fois-ci et l'attrapa au vol. Il le consulta un instant, sans savoir quoi faire, puis en voyant son "maître", il décida de le ranger dans son paquetage, dans dos. Après quoi, Hivann s'exprima pendant son court moment de répit sur la marche à suivre.

"On part vers la sortie ! Je vais mettre le feu à cet endroit !"

Hivann n'avait rien de combustible, mais il avait toujours la broche élémentaire que Sujima lui avait offerte. Grâce à elle, il serait capable d'utiliser le feu pour réduire la menace à néant, tout aussi "sacré" qu'était cet endroit.

"Vous êtes fou, Hivann ! Cet endroit est trop pur pour être détruit ! Il n'y a rien d'aussi beau, vous ne pouvez pas faire ça ! Quels endroits ont pour origine un amour aussi pur ?"

A ces mots, une colère incontrôlable prit l'ynorien, qui serra les poings pour se contenir. Il ne l'avait pas encore réalisé, mais son manque d'empathie vis à vis de cet endroit n'était pas simplement dû à son ambition et son envie de retrouver son pouvoir d'antan. Il y avait de la jalousie derrière ses actes. Il détestait l'idée qu'une force divine ait pu permettre à des elfes de reposer pour l'éternité dans un lieu baigné par la lumière et une énergie sacrée, quand Zewen avait simplement décidé de tuer sa femme d'une maladie incurable.

"J'en ai à souper de votre "amour" et de votre "pureté". Inoka n'avait jamais mérité d'être traité de la sorte, même par les dieux. Je n'ai aucune raison de laisser cet endroit en paix alors qu'il essaie de nous tuer."

Mais c'était déjà trop de discussion. Hivann n'avait fait que s'écarter d'une menace première pour voir encore d'autres pousses jaillir du sol, de manière encore plus rapide et violente que la première fois. Utiliser les flammes maintenant était trop dangereux, puisqu'il risquait de se mettre lui-même avec ses compagnons dans une situation des plus précaires. Alors il lança encore un nouveau sort de géomancie, de façon à se donner le temps de partir.

De manière toute aussi impulsive que sa première attaque, il concentra ses fluides pour ensuite les faire circuler dans le sol, à la manière de longues racines partant de ses pieds. Mais si au départ il s'était contenté d'attaquer un troll pour l'immobiliser, il allait devoir utiliser sa magie de façon plus intelligente : il fallait priver ces plantes de ce qui leur donnait une telle vivacité.
Il étendit ses "racines de fluides" jusque sous trois des cinq plantes qui avaient poussé autour d'eux et déclencha alors le sort. Ce qu'il avait visualisé comme des racines devint alors une fissure rocheuse qui s'ouvrit sous chacune de ses cibles pour ensuite, en une petite fraction de seconde, devenir une véritable gueule de terre qui avala les plantes. Le sol trembla encore un instant, donnant l'impression qu'une mâchoire de géant dévorait les fameuses plantes carnivores... Puis des mêmes gueules, les cibles furent recrachées, broyées à la base, sans plus de vie pour les animer.

Mais utiliser ce sort inconnu eut aussi ses inconvénients. Dans sa concentration, Hivann avait baissé sa garde et avait aussi laissé Salmon sans surveillance. Ainsi, l'une des plantes avait récupéré doucement le corps de l'elfe tandis que l'autre avait attrapé l'ynorien à l'épaule, y plantant ses pointes acérées. Son manteau, pourvu d'épaulières épaisses, sut le protéger partiellement d'une blessure qui s'annonçait grave, mais un cri lui échappa malgré tout et résonna dans la caverne, mais cela ne dura heureusement pas longtemps : Rawf s'était jeté sur elle pour en arracher la tête de la tige, avec la seule force de ses bras et de ses griffes.

Haletant, Hivann vit encore une fois l'opportunité de s'en aller.

"On part !" dit-il tout en se dirigeant avec peine vers la sortie, tout en tenant son épaule.

Il aurait voulu utiliser son sort de flammes, mais la situation ne lui laissait guère plus de temps. Déjà, ici, il avait dû utiliser davantage de fluides pour réaliser des sorts qu'il ne connaissait pas encore, que ce soit avec le troll ou avec ces plantes carnivores. Il leur fallait se protéger de cet endroit d'une autre manière.

"Lür, donnez-moi l'huile avec laquelle vous avez fait exploser ces piliers."

"Bon sang, Hivann, vous ne pouvez pas faire ça ! Nous sommes déjà vers la sortie !"

"Ces plantes s'étendent, se déplacent et nous avons un mur de pierres derrière nous ! Je ne vais pas attendre pour vérifier leurs limites. On brûle ce foutu sanctuaire, pour de bon !"

Lür resta droit pendant un moment. Il ne comptait pas donner à Hivann l'opportunité de détruire cet endroit sacré. Il avait même mis la main sur sa dague, prêt à contester physiquement. Voyant cela, Goont comprit qu'il allait devoir paraître moins véhément... et se rendre indispensable.

"Lür, vous avez besoin de moi pour sortir. Sans moi, soit ces plantes vous tueront, soit vous serez bloqué pour l'éternité derrière ces débris."

Le jeune professeur d'Hivann hésita encore un moment... Mais très vite, dans un soupir, il céda. De son grand sac, il sortit la fiole d'huile, ainsi que sa boîte d'amadou.

"Vous faites le bon choix, Lür. Vous le réaliserez plus tard."

Hivann versa alors simplement l'huile sur les orchidées qui lui étaient proches, puis il alluma une petite flamme qu'il jeta sur le combustible. D'un coup, les fleurs prirent feu et les plantes carnivores qui avait commencé à pousser, légèrement plus loin, poussaient un cri organique aigu caractéristique de leur origine surnaturelle.
Lür s'était détourné du spectacle en voyant les flammes commencer à envahir les tertres profanés. Même Rawf avait commencé à gémir mélancoliquement aux côtés d'Hivann.
Le mage avançait dans sa quête, au prix de la profanation d'un lieu sacré et d'une confiance amoindrie de la part d'un de ses compagnons.

Doucement, les flammes projetant leurs ombres devant eux, ils s'avancèrent jusqu'aux débris, où Hivann utilisa ses dernier fluides pour dégager le passage.

Aucun n'avait osé élever la voix, en quittant ce lieu. Et plus Hivann creusait la roche, plus il se demandait si cela avait vraiment valu la peine.

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Apprentissage de sort évolutif de combat :
Rejet du sol : Le sol s'ouvre, et emporte [lvl/4] ennemis avant de les recracher. Ils sont sonnés. (mag+1/lvl, maîtrises et esquives-0,5/lvl pour les cibles durant le tour suivant. Si l'action de la cible devait avoir lieu après ce sort dans le tour, cette action est annulée)